Chapitre 23. De l’échec des négociations de Gbadolite,

Chapitre 23. De l’échec des négociations de Gbadolite,

25 Déc, 2015

Protais-Lumbu

Texte tiré de l’ouvrage : PROTAIS LUMBU 4. «Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ »

Protais-Lumbu21

Protais LUMBU MALOBA NDIBA, Président de l’UDPS. Ph. « femmefortes.com »

 

  A Gbadolite, dès la descente de l’avion nous fûmes frappés par le niveau élevé de la chaleur. Il faisait certainement plus de 40° C. Un bus nous amena à une résidence que nous découvrîmes être celle de Moleka à la vue de ses portraits qui pendaient aux murs. Un rafraîchissement nous fit servi avant le repas qui nous avait été apporté du palais présidentiel. L’air conditionné nous fit préférer de rester dans la villa.

Le soir nous fûmes amenés à une villa qu’on disait appartenir à Nguz Karl-Ibond dans laquelle nous avions été installés pour attendre le Président Mobutu.  Quand ce dernier arriva sans protocole, je ne le reconnaissais pas, sans doute à cause de la déficience de ma vue et ne me levai que quand mes collègues l’avaient déjà fait.

Le Président nous avait reçus hors de tout son monde. Ainsi donc, le Gouverneur Mpambia, le Conseiller Spécial NKema et le citoyen BANYAKU, assistant du Conseiller Spécial ne participèrent pas à la séance du travail. Voulant s’enquérir de mon goût, il m’appela “ le barbu ”, ce qui fit rire tous mes collègues habitués à me voir avec une longue barbe et une chevelure touffue, que je n’avais plus  parce que coupées régulièrement par mes geôliers.

Je dis au Président que j’avais appris qu’il avait donné l’ordre que ma barbe et ma chevelure soient enlevées régulièrement. Cela fit rire davantage mes collègues pendant que le Président Mobutu s’écriait, qu’il était accusé de tout. Tout le monde semblait se tracasser de la santé du fondateur Kibassa qui était tout maigre et portait même une barbiche.

Nous nous mîmes à parler de la pluie et du beau temps en attendant qu’il nous dise la raison de la rencontre pendant qu’il attendait aussi notre message.  La stratégie du Doyen Ngalula et le Conseiller Spécial Nkema ne semblait pas tenir car personne de nos collègues du Kasai Oriental qui avaient été aux rencontres du lac Mukamba avec le Gouverneur Mpambia ne dit mot au sujet des conclusions auxquelles ils avaient abouti.

Pour plusieurs sujets abordés par le fondateur Tshisekedi, le Président s’énervait alors qu’il était à l’aise sur ce que disait le doyen Ngalula quoique non différent. S’inspirant du nouveau testament, je l’avais entendu même s’exclamer « qu’Etienne était le premier martyr », quand le fondateur Birindwa avait cité ce nom.

Finalement, le Président Mobutu, s’inspirant de l’exemple du Parti socialiste français dit accepter que l’UDPS s’organise en tant qu’une tendance au sein du MPR, qu’il pouvait même amener  à changer et qu’en sa qualité de garant de la constitution, il était obligé de la défendre afin qu’elle ne soit pas violée. Comme la constitution proclamait que le MPR était un parti Etat, nous ne pouvions donc pas nous trouver hors du MPR et être zaïrois, avait-il conclu.

Ayant enregistré son message, très déçus, nous lui avions promis de discuter d’abord entre nous-mêmes avant de lui donner notre point de vue et  rentrâmes à la villa Moleka.

Après une séance de travail entre nous fondateurs : Ngalula, Kibassa, Tshisekedi, Kanana, Birindwa, Lusanga et moi-même Lumbu, au cours de laquelle la majorité rejeta la recommandation de diluer l’UDPS dans le MPR, intervint une autre séance à laquelle avait été associé lescitoyens Nkema, Mpambia et Banyaku. Cette fois-ci nous signifiâmes notre position négative et avions fait remarquer n’avoir pas été mandatés par notre base pour prendre une telle décision et que comme fondateurs nous étions une minorité.

Toute la nuit le Gouverneur Mpambia nous fit pression prétendant que notre position contrariait son mandat et la vie de ses enfants, ce dont le fondateur Tshisekedi lui répondit expressément que nous aussi, nous avions des enfants et que notre préoccupation avait trait aux problèmes du pays et non à la vie des enfants soient-ils les nôtres.

Le résultat de notre délibération avait abattu le doyen Ngalula qui se préoccupait  de notre survie et s’étonnait que tout en me plaignant de ma vie matérielle et financière, j’avais soutenu par une intervention fracassante la continuation de cet état là. Les concertations se poursuivirent par groupe dans les chambres nous attribuées au Motel Nzekele. J’avais fait part à mes collègues de la nécessité de l’entraide entre nous-mêmes en soulignant plus particulièrement qu’en ce qui me concernait, l’acharnement du pouvoir contre ma subsistance par la fermeture de mon immeuble, dont la conséquence était la vive préoccupation de mon épouse au sujet de la sous alimentation et les maladies de nos enfants encore mineurs et exposés à la perte éventuelle de la vie.

Plusieurs collègues étaient indifférents à mes plaintes alors qu’apparemment certains avaient sur eux de l’argent, beaucoup d’argent. Cette indifférence m’avait troublé. Je sentais comme si une flèche s’enfonçait dans mon cœur et m’adressai plus particulièrement au fondateur Lusanga avec lequel j’avais beaucoup de familiarité pour le supplier de recommander à son gérant qui de temps à autre posait quelques  gestes en faveur de ma famille d’élever leur hauteur et de les rendre plus réguliers. Mon collègue me remit une note par laquelle il ordonnait la régularité mais ne céda pas pour la hauteur.

Me taquinant sur l’effet de mon intervention auprès des proches du Président, il  insinua que j’étais la cause de la maladie du doyen Ngalula qui gardait son lit parce que sa tension marquait  23°. Je me rendis au chevet de ce dernier et lui  présentai mes excuses sur le radicalisme de mon intervention qui devait lui avoir fait mal. Le doyen me rassura qu’il ne regrettait pas et que je ne pouvais pas me tracasser sur cela car l’intervention était bonne.

Alors qu’il était prévu une autre rencontre avec le Président de la République, celle-ci se faisait attendre. Tout le programme des visites qui nous avait été soumis à notre arrivée n’était plus exécuté par contre, il nous avait été rapporté que le Président Mobutu n’allait plus nous recevoir et qu’il était tout furieux parce qu’informé par ses collaborateurs du résultat négatif de notre délibération,

On ne parlait plus de notre libération mais plutôt du retour d’où nous venions. Moi qui devais me trouver à Kayanza en bannissement mais qui venait directement du cachot de l’Etat major des FAZ/Kalemie, je ne connaissais pas mon sort ! La journée était morne et la nuit encore plus.

Tôt le matin il fut demandé à Birindwa, Kibassa et moi-même de prendre place abord du véhicule pour être embarqués dans l’avion qui devait nous remettre d’où nous venions. Le Fokker de Scibe piqua avec nous sur Bukavu pour y laisser le fondateur Birindwa. Celui-ci ayant regagné son hôtel estima qu’il n’avait plus besoin de l’argent qu’il avait dans ses poches et en remit au Président Kibassa. Je lui demandai de me donner aussi quelque chose étant donné que je regagnais un cachot et obtins après insistance une somme insignifiante.

Le Fokker n’ayant pas continué ce même jour sur Lubumbashi, nous avions été embarqués dans un véhicule qui nous conduisit d’abord au  bureau du Gouverneur puis à sa résidence sans le trouver. Sur demande de l’épouse de notre collègue Birindwa nous prîmes notre repas à leur hôtel “ Hôtel Riviera ”, où le service de l’AND avait pris les précautions de renvoyer tous les clients.

Pour dormir, il ne nous avait pas été permis à moi et Kibassa alors que les chambres nous avaient été préparées  de loger à cet hôtel. Nous avions été conduits dans une maison de service de sécurité par le Redoc de Bukavu, le citoyen Musenge, qu’était un shabien que j’avais connu à la faculté de droit et qui se trouvait aussi être cousin de l’épouse du citoyen Kibassa. Le Gouverneur était un muluba du Shaba qui s’appelait KILOLO MUSAMBA. Il semblait être très gêné par notre présence dans sa juridiction.

Le lendemain le Fokker nous reprit et longea les lacs Kivu, Tanganika et Moero pour nous débarquer à  Lubumbashi alors qu’il pouvait bien me déposer à Kalemie.