Protais Lumbu Maloba Ndiba se souvient des temps difficiles qu’il avait passés aux côtés de son aîné et collègue du groupe des 13 Parlementaires et Fondateurs de l’UDPS, Kyungu wa ku Mwanza (partie 4)

Protais Lumbu Maloba Ndiba se souvient des temps difficiles qu’il avait passés aux côtés de son aîné et collègue du groupe des 13 Parlementaires et Fondateurs de l’UDPS, Kyungu wa ku Mwanza (partie 4)

13 Sep, 2021

Chapitre 13. De mon  voyage à  Kayanza via  Lubumbashi, Kongolo et Mbulula et de la visite des parlementaires américains à Kinshasa,

Le 5 août 1983, je passai mon temps au deuil du papa Kachoma et expliquai les circonstances de sa mort par cirrhose de foie tel que le docteur me l’avait dit. C’est là que je vis venir Lipu Kanyoge qui m’avait tendu un message télégraphique par lequel, il m’était prié de rejoindre Kinshasa d’urgence.

Quittant Kayanza, je passais la nuit à Mbulula avant de repartir le matin à Kongolo d’où je pris le vol programmé de la semaine en compagnie de mes deux enfants et mon petit frère Martin.

De l’aéroport de la Luano à Lubumbashi  je rejoignis la résidence du citoyen Kyungu wa ku Mwanza qui venait de rentrer de Kinshasa où il s’était rendu à l’occasion de la visite des congressistes américains. Il me mit au courant de graves incidents qui avaient eu  lieu après l’entretien à l’hôtel Intercontinental entre les congressistes et les dirigeants de l’UDPS.

La garde présidentielle s’était attaqué aux dirigeants de l’UDPS et en avait blessé plusieurs dont les fondateurs Kibassa, Tshisekedi, Kapita, Lusanga et Birindwa.

Voulant utiliser son téléphone, pour entrer en contact avec d’autres membres de l’UDPS/Lubumbashi, le collègue Kyungu ne m’autorisa pas et ne semblait plus se réjouir de ma présence chez lui. Je quittai sa résidence pour le Bel air à mon endroit habituel………………..

Dès mon arrivée à Kinshasa, tout le monde m’apprenait la grande nouvelle. D’aucuns disaient que ma barbe allait m’être enlevée.

A l’occasion de l’arrivée des congressistes américains, le programme avait retenu qu’ils allaient s’entretenir avec les leaders de l’UDPS. Pour cela ces derniers s’étaient préparés en conséquence. Un document avait été préparé pour leur être remis et l’habillement à porter était le costume avec cravate.

Si le jour de leur arrivée, les leaders les accueillirent à l’aéroport de Ndjili sans qu’il n’y ait eu un grave incident, c’est plutôt après l’entretien qui leur avait été accordé, que la garde présidentielle les avait brutalisés.

C’est de  9 h à 15 h que ce 12 août 1983, les congressistes américains, après avoir reçu brièvement le citoyen Kalume Mwana Kahambwe, 2è Vice-Président du Conseil Législatif accompagné de quelques Commissaires du peuple, avaient discuté avec les Dirigeants de l’UDPS à l’hôtel Intercontinental. Après avoir entendu les exposés du Président Kibassa et du 1er vice-président Ngalula, ils avaient appréhendés que les déclarations du Président Mobutu selon lesquelles l’UDPS était un parti communiste des Balubas du Kasai n’étaient pas fondées !

Le doyen Ngalula ne venait-t-il pas de leur parler de son passé de journaliste du « Courrier africain » qui était proche du milieu capitaliste pendant que l’autre journaliste, Mobutu, écrivait dans le journal « Avenir » ? Qui était alors communiste ? D’autre part les congressistes américains étaient très étonnés de constater que le Président de l’UDPS était shabien et qu’il y avait parmi les fondateurs les originaires d’autres régions du Zaïre et non pas seulement les baluba du Kasai.

Dans le hall de l’hôtel Intercontinental, les combattants de l’UDPS avaient étalées des banderoles qui réclamaient la démocratie au Zaïre. La garde présidentielle ne voyant pas cela sous un bon œil se mit à les traquer. Le directeur du bureau d’étude Bossassi avait été arrêté dans les ascenseurs et les documents qu’il détenait avaient été arrachés.

A la sortie de l’hôtel Intercontinental les fondateurs furent agressés. La voiture Mercedes de Birindwa fut endommagée et la carcasse transportée dans la cour de l’AND située sur l’avenue 3 Z à Gombe afin qu’elle ne soit pas photographiée ou filmée pendant que lui-même se retrouva agonisant dans le cachot du camp Tshatshi en compagnie de Lusanga. En effet, conduis aussi à l’AND, celle-ci n’avait pas accepté de les garder chez-elle.

Les fondateurs Tshisekedi, Kibassa et Kapita reçurent aussi des coups de matraques et des cordelettes.

Il avait fallu l’intervention du Département d’Etat américain mis rapidement au courant de la situation, étant donné qu’un congressiste noir avait été confondu et avait été maltraité, pour que la libération des leaders de l’UDPS intervienne la nuit même.

Reçus le lendemain par le Président Mobutu, les congressistes épinglèrent cet incident et ne quittèrent le pays qu’après s’être rassurés de la santé des leaders de l’UDPS qu’ils avaient reçus de nouveau.

Témoins privilégiés de la violation par le Zaïre des droits de l’homme, les congressistes parmi lesquels se trouvaient monsieur WOLPY et le sénateur SOLARTZ devinrent des véritables ambassadeurs de l’UDPS.

Si les fondateurs parlementaires de l’UDPS avaient été tous libérés, il n’en avait pas été de même de fondateurs non parlementaires, des cadres et combattants. Ainsi le fondateur Bossassi avait continué à être détenu à l’AND/Gombe.

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(Textes tirés de l’ouvrage ou www.femmefortes.com               Protais LUMBU IV. Chap. 13)