1 Jan, 2016
Texte tiré de l’ouvrage : PROTAIS LUMBU 4. «Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ »
Dès l’annonce de la programmation du vol, la sous région se préoccupa de la réservation de ma place. Le jour du voyage, le Commissaire de Sous Région Assistant qui faisait l’intérim m’accompagna jusqu’abord de l’appareil.
A Lubumbashi je fus reçu par le protocole de la région qui m’installa dans une villa de la Gécamines sur l’avenue Kamanyola ; la même villa dans laquelle était logé le fondateur Joseph Ngalula lors de mon passage à Gbadolite en mars 1987. Mon séjour était complètement à la charge du gouvernorat. Une voiture de la brasserie Simba avait été mise à ma disposition. Elle m’avait permis à visiter facilement mes enfants au Bel air pendant que leur mère se trouvait encore abord du train courrier Kalemie-Lubumbashi.
Le lendemain il m’avait été demandé de rencontrer le Gouverneur qui après m’avoir souhaité un bon séjour à Lubumbashi me dit qu’il n’était pas rancunier au sujet de tout ce qui nous avait opposé au nom de l’Etat et me pria de ne pas non plus l’être. Il m’informa que je devais attendre à Lubumbashi jusqu’au moment où il lui sera fait part de me rendre à Kinshasa pour rencontrer le Président Fondateur.
S’informant sur ma santé, je lui appris les mauvaises conditions dans lesquelles étaient mes yeux et immédiatement il donna l’ordre que je sois mis en contact avec le cabinet de l’ophtalmologue Iye qui après m’avoir examiné me prescrit le port de lunettes. Le service du Gouverneur m’accompagna dans les maisons appropriées ou je fis le choix de la monture. La déficience de ma vue ayant été avancée, j’avais porté les lunettes aussitôt qu’elles avaient été prêtes. L’apprentissage avait été suffisamment difficile étant donné que j’avais régulièrement impression que j’allais placer mon pied à un endroit incliné et craignais de tomber.
Dès le retour de mon épouse à Lubumbashi, mes enfants et certains membres de la famille venaient me rendre visite à cette maison de passage. Le service du protocole se mettait à leur disposition en leur servant de la boisson à leur grande satisfaction.
Les rumeurs sur ma présence à Lubumbashi ayant commencé à courir, certains curieux se mirent à s’intéresser de mon nouveau statut. Annie Kibassa vint me visiter et me donna les informations du Président Kibassa qui était encore en détention au T2. A elle, tout comme à Déo Lugoma qui me tenait compagnie ce jour, je leur avais raconté l’anecdote de la lettre et de l’enveloppe. En effet, considérant la lutte pour la démocratie comme un message à faire parvenir au peuple et le parti politique comme une enveloppe. Souhaitant glisser mon message dans une enveloppe par avion que malheureusement je ne savais pas me procurer à cause du coût élevé, je me trouvais obligé à l’envoyer dans une enveloppe kaki au lieu de me retrancher derrière le manque d’enveloppe par avion.
Par cette anecdote, je voulais rassurer ceux qui pensaient que j’avais cessé le combat pour la démocratisation de notre pays qu’il n’en été pas ainsi mais plutôt que j’allais continuer la lutte pour la démocratie et le progrès social en dehors de l’UDPS. En ayant écrit au Président Mobutu une note par laquelle je me ralliais à sa proposition du 21 mars 1987 lorsqu’il nous avait reçus à Gbadolite, je voulais recouvrir ma liberté pour concilier mes obligations familiales à celles de l’Etat.
Après quelques jours, le Protocole de Région vint me chercher pour m’amener auprès du Gouverneur qui me fit savoir que j’étais invité par le Président Mobutu à Kinshasa. La veille de ce jour, mon épouse qui venait de rentrer à Lubumbashi était admise à l’hôpital du personnel Gécamines avec notre enfant Lumbu Muyenga, alias UDPS qui n’avait pas supporté les mauvaises conditions de voyage par train, dont l’état de santé me fit dire au Gouverneur que je n’étais pas prêt à voyager. Ne voulant pas entendre cela, le citoyen Koyagialo téléphona à l’hôpital pour s’en informer et m’invita malgré tout à voyager. Je me rappelais que je n’avais pas encore recouvré ma liberté et que par conséquent toute résistance était vaine.
Embarqué dans un gros porteur, je fus accueilli à Kinshasa dès ma descente d’avion par l’Assistant du Conseiller Spécial du Chef de l’Etat, le citoyen Banyaku. De l’aéroport, je fus amené directement aux bureaux du Conseil National de Sécurité(CNS) près du palais de Marbres, où, j’avais été reçu par le citoyen Nkema qui m’informa que ses services allaient me loger en attendant l’appel du chef de l’Etat qui allait me recevoir. Je lui expliquai la situation dans laquelle j’avais laissé mon épouse et l’enfant à l’hôpital de GCM à Lubumbashi et lui demandai s’il ne pouvait pas me permettre d’attendre cet appel à Lubumbashi.
Autorisé de rentrer le lendemain à Lubumbashi, je fus quelques emplettes aux magasins Sedec, grâce à une enveloppe qui m’avait été remise, puis je visitai à Ngiringiri la famille de mon oncle paternel Symphorien Ilonda ya Mbundu (Iyams) avant d’occuper une chambre à l’hôtel Diplomate.
Rentré à Lubumbashi, je rejoignis ma famille au Bel air au lieu de réoccuper le guest house de la Gécamines. L’hospitalisation de l’enfant se poursuivait et régulièrement je le visitai. Papa Symphorien qui séjournait cette fois-ci à Lubumbashi et qui avait pris l’initiative d’amener l’enfant à l’hôpital avait déjà pris en charge les frais de transfusion. Je complétai quant à moi les frais d’hospitalisation.
Il ne se passa pas beaucoup de jours que le Conseiller Spécial vint à Lubumbashi accompagné de son assistant Banyaku Epotu que le Citoyen de Bongo m’amena à la maison parce qu’il avait un message à me donner de la part du Conseiller Spécial.
Ayant rejoint la résidence GCM de Shangelele où était logé le Conseiller Spécial, j’y avais rencontré les fondateurs Kibassa, Ngalula, Tshisekedi et Mpindu Bwabwa qui s’y réunissaient. Le citoyen Nkema me rappela l’audience qu’allait m’accorder le chef de l’Etat.
Les fondateurs Tshisekedi, Mpindu, Ngalula et Kibassa rendirent visite à ma famille sur l’avenue des Eucalyptus au Bel air. Papa Symphorien les accueillit avec beaucoup de joie et Bibi, mon épouse avait fait face à toute circonstance. A cette occasion, mes collègues m’avaient informé du résultat de la réunion qu’ils venaient de tenir, réunion qui était sanctionnée par la signature d’un document dont le contenu ci-dessous avait été par après, publié dans beaucoup de journaux dont le mensuel « LA VERITE » dans son édition du 8 janvier 1991 :
Mbujimay, le 17 Juin 1987
Objet : Réintégration au MPR
Au Citoyen Président-Fondateur du MPR, Président de la République
A KINSHASA/NGALIEMA
Citoyen Président- Fondateur
Nous soussignés KIBASSA MALIBA, NGALULA MPANDANJILA, TSHISEKEDI wa MULUMBA et MPINDU MBWABWA, avons examiné librement et consciencieusement l’ensemble des problèmes qui se posent à notre groupe.
De nos débats, il s’en suit que le groupe a adhéré aux principes suivants :
- L’oubli du passé ;
- L’affirmation et le respect de la diversité d’opinions de même que la nécessité de la mise en œuvre de l’exercice de cette liberté et de sa libre expression, mais au sein du Mouvement Populaire de la Révolution ;
- Le respect du chef et de l’Unité nationale.
Ainsi donc, le groupe accepte de se mettre sous l’empire de l’article 33 de la Constitution pour œuvrer dignement et librement dans le sens du renforcement de la pratique démocratique et de l’Unité nationale.
Veuillez agréer, Citoyen Président-Fondateur du MPR, l’expression de nos sentiments patriotiques.
Les Signataires :
Signé/ NGALULA MPANDANJILA Signé /KIBASSA MALIBA
Signé/ MPINDU MBWABWA Signé /TSHISEKEDI wa MULUMBA
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Le vin, les bières et le whisky coulèrent à flot pour ces retrouvailles.
Après la signature du document adressé au chef de l’Etat, le fondateur Kibassa fut logé au guest house “S.N.E.L ” pendant que les autres fondateurs rentrèrent à Mbuji Mayi. Je tins compagnie au Président Kibassa lors de sa visite auprès de sa maman qui habitait dans sa ferme située près de la zone Ruashi.
Alors qu’il m’avait été demandé d’attendre l’appel du chef de l’Etat pour le rencontrer, je me décidai à rentrer dans mon village de Kayanza. Convaincu que si le chef de l’Etat voulait me recevoir, il pouvait m’atteindre à n’importe quel coin de la République. Je pris un vol Fokker pour Kongolo et étonnai le public à mon arrivée. Invité à la fouille à l’aéroport, je refusai de me soumettre à un ordre illégal et provocateur que le service de l’AND avait expressément donné à mon encontre. Il avait fallu l’intervention du Commissaire de zone pour calmer l’incident.
Vers la fin de l’après midi, le Commissaire de zone me retrouva à mon immeuble déjà remis à mon gérant Ilunga Mukubo. Il me dit qu’un message en provenance du Gouverneur annonçait l’arrivée d’un avion qui me prendrait pour Gbadolite. En effet, dès après mon départ de Lubumbashi, j’y avais été cherché pour être signifié de ce voyage. Le service de sécurité s’était même énervé du fait que j’étais parti de Lubumbashi sans avoir avisé. Il fut décidé que l’avion me prendrait à Kongolo pour répondre à l’appel du Chef de l’Etat à Gbadolite. J’avais manifesté mon mécontentement auprès du Commissaire de zone étant donné que je n’étais pas encore arrivé à Kayanza et que si j’étais repris le lendemain pour Gbadolite, l’impression auprès de ma famille et de la population serait que j’étais toujours prisonnier.
Le Commissaire de zone Mashako réquisitionna un véhicule qui m’amena à Kayanza, où, la population se ressembla en un rien de temps à ma résidence. Je lui informai de ma vie en prison et des souffrances rencontrées. Parti sans lunettes, je me trouvai obligé maintenant de porter les lunettes. Au sujet de la lutte politique, je lui appris de toutes les péripéties de la rencontre de Gbadolite en mars 1987, de mon voyage à Kinshasa en juin et des réunions tenues à Lubumbashi. Enfin je parlai du voyage pour Gbadolite que je devais effectuer le lendemain dans la matinée et promettais d’apporter toute l’information sur ce que le Président Mobutu allait nous dire. Après cette adresse je repris le chemin de retour toujours en passant par Mbulula où je rencontrai ma mère et mon oncle paternel Sixte.
A suivre