Chapitre 14. De mon arrestation à la sortie de la résidence du fondateur Tshisekedi et la visite d’intimidation de mes collègues Kapita et Ngoy Moukendi,

Chapitre 14. De mon arrestation à la sortie de la résidence du fondateur Tshisekedi et la visite d’intimidation de mes collègues Kapita et Ngoy Moukendi,

13 Nov, 2015

Protais-Lumbu

Texte tiré de l’ouvrage : PROTAIS LUMBU 4. «Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ »

Protais-Lumbu21

Protais LUMBU MALOBA NDIBA, Président de l’UDPS. Ph. « femmefortes.com »

L’année scolaire avait à peine repris lorsqu’après avoir un soir rendu visite au fondateur Etienne Tshisekedi à sa résidence du boulevard de 30 juin, j’avais traversé cette avenue et me dirigeai vers l’avenue du 24 novembre lorsque je me fis interpeller par une personne qui avait un talkie walkie dans ses mains, signe en ce moment d’être un agent de sécurité.

Ayant refusé de répondre à son appel et préoccupé à trouver une voiture taxi, je vis s’arrêter près de moi un véhicule Kombi duquel surgirent des malabars qui se saisirent de moi pendant que d’une voiture  quelqu’un donnait l’ordre qu’on m’amène sans me brutaliser.

Transporté dans l’enceinte de la parcelle de l’And/avenue de la Justice, j’avais été introduit dans le bureau de quelqu’un qu’on appelait 05 et fus fouillé. Les documents qui se trouvaient dans ma mallette dont une lettre adressée au Président Mobutu par les fondateurs furent saisis.

Cette lettre qui n’avait pas encore été expédiée malgré le fait que le doyen Ngalula en avait été rassuré avait été emportée par le fondateur Kyungu à Lubumbashi, le soir de la bastonnade de quelques fondateurs, cadres et combattants de l’UDPS à l’hôtel intercontinental. Je l’avais apporté auprès du citoyen Tshisekedi pour avoir son avis sur l’importance ou non de l’expédier après ce qui venait de se passer.

Interrogé jusqu’au-delà de minuit, l’inspecteur FAN fut chargé de me remettre à la maison pour me reprendre le matin.  Effectivement, le matin, nous longions l’avenue des Sports presqu’en face de l’immeuble de Fezafa lorsque croisant une voiture, j’entendis deux détonations. L’inspecteur arrêta sa voiture et constata n’avoir pas fait un accident et conclut que quelqu’un avait tiré.

Pour moi, le Pouvoir voulait m’assassiner, alors que l’inspecteur soutenait que j’avais alerté les gens de mon groupe qui avaient tenté de me soustraire.

Placé dans une pièce à la guérite, j’y suis resté jusque le lendemain sans être entendu. Je réalisai que j’étais placé en détention lorsqu’il me fut demandé d’adresser un mot à ma famille pour demander le trousseau et les repas.

Conduit quelques jours après à ma résidence, je participai à la perquisition et à l’enlèvement de plusieurs de mes ouvrages tel que “ Mein KEMPT.”

Un autre jour, je fus extrait de mon cachot pour être amené sur l’avenue 3 Z où j’avais passé toute la journée devant le bureau du lieutenant chef de poste avec mon matelas et mon trousseau et ne fus remis à l’avenue de la Justice que la nuit.

J’appris que mon collègue Makanda avait été interné ce jour là dans mon cachot  après avoir été  aussi intercepté à la sortie de la résidence du citoyen Tshisekedi et qu’il avait été libéré.

Je ne pouvais recevoir mes visiteurs dont mon épouse que devant l’inspecteur Fan au quartier général de l’AND sur l’avenue de trois Z. Mon épouse vint un jour avec  ma sœur Annie Kibassa  qui reçut de l’inspecteur une mauvaise chaise avec laquelle elle avait fait une chute  alors qu’elle était à terme. Quelques jours après elle fit une fausse couche.

Mes collègues s’étaient tous mobilisés pour réclamer ma libération. Ils menaçaient de se constituer prisonniers et avaient encadré mon épouse. Le Président Kibassa et son épouse l’accompagnaient avec de la nourriture pendant que le fondateur Tshisekedi et son épouse l’avaient invité de passer prendre de temps à autre à leur maison le repas à m’amener.

De mon cachot, je suivais les dimanches des mobilisations des indicateurs qui avaient la mission d’aller dans les églises entendre les sermons des prêtres et de pourchasser tous ceux qui dans leurs réunions soutenaient le deuxième parti.

Après quelques semaines l’Administrateur Général de l’AND, Jacques Atenda me reçut dans son bureau de 3 Z. Après m’avoir menacé en disant qu’avant que les américains n’interviennent en ma faveur et mon groupe, si le pouvoir voudrait nous faire du mal, il l’aurait fait déjà, il dit que j’étais libéré.

Ce soir même, mes collègues fondateurs et plusieurs cadres du parti passèrent à ma résidence pour m’encourager.

L’inspecteur FAN m’avait recommandé de me présenter deux fois par semaine à son bureau. Je le fis deux fois et me plaignis des frais que cela m’occasionnait. Gentiment il se mit à me remettre de l’argent de transport.

Je demandai que les livres et documents saisis à ma résidence me soient restitués. L’inspecteur promit de le faire et à chaque  autre visite je devais en vain le lui rappeler. Je décidai enfin de mettre un terme à ces rendez-vous.

Un soir  de mois d’octobre, je reçus  mes collègues Edmond Ngoy et Paul Kapita qui vinrent me rendre visite en compagnie du citoyen BOLAMBA, représentant de NZIMBI, patron de la Brigade spéciale présidentielle.

Mon étonnement qui était grand se changea en énervement lorsqu’ils me mirent au courant de l’objet de leur visite.

“ Le pouvoir se préparait à nous frapper ” me disaient-ils. “ Il ne nous est plus permis de nous réunir et il est question qu’un hélicoptère nous prenne à l’endroit où nous nous réunirions pour nous amener directement dans une prison.”

Mes collègues me demandèrent de signer avec eux une lettre dans laquelle nous allions nous dissocier du groupe Ngalula, Tshisekedi, Makanda et Kibassa, car selon eux, ceux-ci se sont déjà préparés à quitter le pays et qu’au moment venu, ils se sauveraient pendant que nous autres nous subirions la rigueur de la loi.

Lorsque Bolamba se mit aussi à prononcer des mots intimidants pour acquérir mon adhésion à leur projet, je les avais invité de quitter ma résidence parce que plus rien ne nous unissait. Ils s’en allèrent mécontents.

Le lendemain, j’informai les fondateurs  Tshisekedi, Ngalula, Kibassa, Makanda, Kanana avec lesquels nous nous réunissions encore, régulièrement, à la résidence du Président Kibassa des nouvelles intimidations dont j’avais été victime.

Nous ne nous émûmes pas outre mesure, mais avions souligné tous et avions énuméré  et regretté de la manière dont notre collègue Kapita paniquait à chaque occasion.

«  A la veille de la signature de la lettre de création du 2è parti, n’avait-il pas trouvé la famille Makanda en l’absence de ce dernier pour donner l’information d’une éventuelle arrestation à telle enseigne que ce dernier trouva tout un deuil à sa maison ?

Au procès de l’Assanef, alors que les fondateurs refusaient d’entrer dans la salle, lui Kapita ne s’y était-il pas introduit pour répondre présent à l’appel de son nom, croyant que son cas allait être dissocié  à celui du groupe ?

Peu avant cela, le collègue Biringanine n’était-il pas venu nous dire à la prison que de sources sûres, il avait appris que Kapita s’apprêtait d’aller en exil ? Raison pour laquelle lui-même Biringanine, pris de panique s’exila le premier ? »

Pour sa part, le doyen Ngalula avait exprimé son étonnement et exigé les explications qu’il avait obtenues au sujet de la lettre qui avait été saisie lors de mon arrestation alors qu’il avait eu des assurances que cette lettre avait été remise au Président Mobutu.

L’organisation du parti à l’intérieur et à l’extérieur du pays nous préoccupa principalement par la suite. Si dans nos régions respectives, nous recevions nos différents cadres capables de s’occuper du parti pendant nos emprisonnements, il n’était pas encore pareil à Kinshasa. Nous nous attardâmes ainsi sur le cas de la ville de Kinshasa que nous confiâmes à des gens dynamiques sous la présidence du citoyen KIBONGO, originaire de Bandundu et BIJANU, originaire du Kasaï Oriental.

Regrettant de l’absence aux réunions de plusieurs fondateurs et plus particulièrement l’absence prolongée du collègue Dia pour lequel il nous avait été rapporté que dès sa sortie de la prison à Buluo, le Gouverneur du Shaba, le citoyen Mandungu l’avait pris en charge et s’était organisé avec le pouvoir pour le faire voyager en Europe à la recherche du citoyen Mungul Diaka !.

A l’extérieur, le professeur Dikonda, Représentant de l’UDPS continuait à vulgariser les actions du parti. Il s’était déjà émancipé de Marie Claire Ngalula, de Mungul Diaka et de Jean Nguz qui l’avaient suffisamment encadré à ses débuts. Il nous avait appris que l’UDPS était membre d’un cartel dirigé par Nguz et où se trouvait aussi le parti de Kabila Laurent …  que Mungul Diaka ayant voulu aussi se trouver à la présidence mais sans succès, s’était désolidarisé et œuvrait pour son retour à Kinshasa.

Nous avions aussi à cette période admis que le citoyen Corneille MULUMBA, assiste le professeur Dikonda dans les activités du parti. Corneille écrivait très régulièrement au Président Kibassa pour mettre les fondateurs au courant de l’évolution des activités du parti, de telle sorte qu’il avait arraché la confiance du collège des fondateurs.

Unanimement nous reconnaissions depuis la création du parti la qualité de Président au fondateur Kibassa, celle du vice Président d’office au doyen Ngalula tandis que les relations extérieures, l’idéologie,l’organisation, l’information et la justice, les finances, la jeunesse et la présidence du Shaba revenaient respectivement aux fondateurs Makanda, Dikonda, Tshisekedi, moi-même Lumbu,  Lusanga et Birindwa, Kanana et Kyungu.

Ayant  en novembre, abordé un jour le problème de nos relations avec le citoyen Nguz qui se disait être un tronc et l’UDPS les branches le président Kibassa nous avait présenté un livre que Nguz venait de publier dont le titre était “ Mobutu, incarnation du mal.”  Je pris ce livre pour aller continuer ma lecture chez moi, tout en prenant toutes mes précautions étant donné que de la résidence du président Kibassa à la mienne, je me déplaçais souvent à pieds et que c’était le cas ce soir là.