CHAPITRE 11 : De mon transfert à la prison de Luiza/Kamayi via Kananga 

CHAPITRE 11 : De mon transfert à la prison de Luiza/Kamayi via Kananga 

4 Nov, 2015

Protais-Lumbu

Texte tiré de l’ouvrage : PROTAIS LUMBU 4. «Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ »

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Protais LUMBU MALOBA NDIBA, Président de l’UDPS. Ph. « femmefortes.com »

 

Les citoyens Birindwa et Sambwe qui avaient été adoptés fondateurs s’intégrèrent complètement à notre groupe. De temps à autre cependant on pouvait apercevoir un peu de tristesse chez Sambwe. Haut cadre de la SNCZ qui devait rentrer en Europe à cette période là pour raisons de soins médicaux. En plus il risquait de perdre son emploi sans contrepartie ! Le groupe l’éleva, gouverneur de pavillon 8, en remplacement de citoyen Kyoni.

L’homme qui était tout malheureux et maudissait le Président Kibassa était le Président de Sampa, le citoyen Kabule : commerçant de son état et sans famille à Kinshasa. Il disait s’être vu condamné avec les politiciens auprès desquels il n’était pas sûr de tirer un quelconque bénéfice.

 

La préparation de colis en vue de notre éloignement de Kinshasa se poursuivit. On nous fit parvenir des biens et même de l’argent en prison par les personnes de bonne volonté. J’achetai personnellement un post de radio et une mousse facile à transporter.

 

Les bruits de notre dispersion à travers les différentes prisons de la République étaient fondés et notre préparation à cette séparation s’était justifiée. En effet, une semaine après le jugement nous

fûmes informés de différents centres qui devraient nous accueillir.

 

Etienne Tshisekedi devait réellement être emprisonné à Belingo dans le Bandundu. Kasala, dans la même région de Bandundu mais à Feshi. Kanana, Kibassa, Ngalula, Makanda, Kapita furent envoyés au Haut Zaïre, respectivement pour les deux premiers à la prison d’Osio et à Buta, Djungu et  Dungu pour Ngalula, Makanda et Kapita. Dia Onken fut envoyé à la prison de Buluo au Shaba et moi-même à la prison de Luiza au Kasaï occidental.

Ngoy,  Mukendi et Lusanga avaient été amenés au Bas Zaïre à Luzumu, tandis que Kabule, Sambwe et Birindwa étaient gardés à la prison centrale de Makala.

 

Je fis le constat qu’il avait fallu une tournée au Shaba pour que l’UDPS existe, autrement il serait un mort né comme l’avaient été le MNC/KIWEWA, le MNUR de MBEKA ou d’autres partis qui avaient été crées par les citoyens KAPWASA, MBWAKIEM et LIHAU en vertu de l’article 4 de la Constitution de 1967. En effet, à Kinshasa, les intimidations de la police politique obligeaient aux forces politiques autres que le MPR, à ne se produire que dans la clandestinité et voilà que la vulgarisation de l’UDPS au Shaba par ses quatre fondateurs qu’étaient un de deux Commissaire Politique élus au Shaba et membre du Comité Central, le citoyen KIBASSA MALIBA et les Commissaires du Peuple KYUNGU wa ku MWANZA, élu de la ville de Lubumbashi, LUSANGA NGIELE, élu de la ville de Likasi et moi-même LUMBU MALOBA NDIBA, élu de district de Tanganika avait été une surprise pour le pouvoir et un débarras de la peur pour la population.

L’arrestation au Shaba et le transfert à Kinshasa qui s’en suivit, d’abord de quatre fondateurs,des parents de ces fondateurs, certains cadres du MPR, des commerçants, cadres des sociétés, universitaires et autres sympathisants, puis l’arrestation des autres fondateurs à Kinshasa, la poursuite et la condamnation de tous les fondateurs et leurs complices et enfin le transfert de condamnés vers diverses prisons du Pays avait été qui avaient consacré l’existence de fait de l’UDPS, devenu un FAIT SOCIAL

 

Extrait le 8 juillet de la prison centrale de Makala, je m’étais trouvé avec plusieurs de mes collègues dans le véhicule qui nous avait amenés à l’aéroport. Il n’y avait pas d’escorte avec sirène et l’atmosphère était morne.

A l’aéroport de Ndjili, seuls les collègues en partance pour Kisangani furent embarqués dans un avion spécial pendant que le collègue Dia et moi-même fûmes amenés à bord d’une jeep qui nous avait conduit d’abord à l’aéroport de Ndolo puis nous ramena à la prison de Makala pour nous reprendre le lendemain.

A Ndolo, j’avais été embarqué dans un petit porteur qui m’amena à Kananga. L’adjudant Bomalo et le sergent Sido de troupes mobiles m’avaient escorté jusqu’à l’aéroport de Kananga.

Le Procureur Général près la Cour d’Appel de Kananga m’accueillit lui-même à l’aéroport et m’amena à la prison centrale de Kananga.

 

Le directeur de la prison me logea dans un local où il y avait un seul détenu. Il consigna ma malle sans m’avoir mis au courant. Au moment où je m’apprêtais à prendre mon repas, je cherchai ma malle pour y retirer les boites de conserve mais hélas, j’appris que la malle était consignée au bureau du directeur et que ce dernier n’était pas là.

Le lendemain, je pris soin d’informer la famille de mon collègue Ngoy Mukendi de ma présence à Kananga. Sa petite sœur et son épouse vinrent me voir et se chargèrent dès ce jour de mon alimentation.

La petite sœur de maman Modestine Mukendi vint ainsi chaque jour m’apporter le repas.

Un incident survint lorsque j’exigeai ma malle auprès du directeur et qu’il ne voulait pas me la donner. Je conclus qu’il était chargé de la lâche mission de m’assassiner en refusant de me permettre de retirer la nourriture que j’avais dans ma malle alors qu’il n’était pas capable de me nourrir. Pris de peur il s’adressa à sa hiérarchie qui l’autorisa de me remettre la malle et de m’informer de mon voyage pour Luiza. Le jour même, un détenu décéda par suite de manque de nourriture.

 

Le seul dimanche que j’avais passé à la prison de Kananga, j’assistai avec les codétenus à une messe célébrée par l’évêque de Kole, Mgr Kibundu et profitai à remettre à ce dernier un message phonique adressé à mon épouse via la phonie du diocèse de Kongolo.

 

L’après midi du 13 juillet 1982, le Procureur Général près la Cour d’Appel de Kananga, le chef de division de justice, citoyen Minga et le greffier près la Cour d’Appel de Kananga m’embarquèrent dans un véhicule 4 x 4 pour m’amener à Luiza. Ils furent quelques achats en ma faveur à la zone de Ndesha. En cours de route, le Procureur Général brisait de temps à autre le silence en me posant certaines questions !

C’est la nuit que nous arrivâmes à Luiza. Le Procureur Général me confiant au directeur de la prison me plaça lui-même dans un local de la prison où était logé avant moi l’ancien commissaire d’Etat à l’agriculture, le citoyen Tepa Tondele.

 

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Mon emprisonnement à Luiza avait été marqué par mon exigence du respect de mes droits et conditions de détention, l’installation à Luiza de mon épouse et mes enfants, mon soutien par le diocèse, par le docteur Bongeli, des infirmières suissesses et le directeur adjoint de la prison, le citoyen Mutombo, les visites auprès de moi du gérant du guest-house de mon épouse en provenance de Kongolo, de ma petite sœur Marie en provenance de Likasi, du pasteur Tshimanga en provenance de Kananga et de la Croix Rouge Internationale en provenance de Genève, ma correspondance avec les Organisations de Droits de l’homme,   et enfin par ma libération.

 

Luiza est le chef lieu de la zone du même nom dans la région du Kasaï occidental. Peuplée des tribus Kete, Lulua, Basalampasu, elle est limitrophe de la zone de Kapanga se trouvant au Shaba.

Par route Luiza est à 200 km de Kananga. La messagerie automobile de Sankuru « M.A.S. » servait la ligne Kananga-Kapanga via Luiza.

 

Dans la prison, j’y avais rencontré une dizaine de condamnés à longue durée en provenance de la prison de Kananga qui occupaient un pavillon pendant que l’autre pavillon était réservé aux condamnés du tribunal de zone, du tribunal de la police et même de la police politique.

La cellule qui m’était attribuée se trouvait du côté du pavillon des condamnés à courte durée ; c’est-à-dire des originaires de la zone de Luiza.

Si les condamnés à longue durée étaient tous des hommes adultes, les autres détenus dont le nombre dépassait rarement la dizaine étaient un mélange des hommes et femmes de divers âges. Ils étaient astreints à des travaux manuels en prison ou hors de la prison. La nuit, ils dormaient tous dans un local autour du feu et sous la surveillance de deux gendarmes.

 

Aussitôt arrivé à la prison, j’avais réclamé le respect strict de mes droits en tant que prisonnier politique, dont notamment : le droit à une alimentation, le droit à la visite familiale, le droit aux soins et santé, le droit d’assister à la messe et le droit à la correspondance.

Le directeur de la prison s’occupait lui-même de mon alimentation qui était différente de celle des autres prisonniers. J’avais appris que la délégation qui m’avait accompagné avait donné de l’argent au directeur afin qu’il puisse faire face à mes besoins.

Cette subvention n’ayant pas été régulière, il arrivait des moments où je me querellais avec le directeur de la prison : un vieil asthmatique qui s’appelait Tshiamala Mukala Mubemba, réputé par sa méchanceté.

Je réclamais la viande et le riz comme plat principal. Deux codétenus étaient régulièrement mis à ma disposition pour s’occuper de la cuisine et autres travaux ménagers, tel qu’aller à la source me chercher de l’eau.

 

Je demandai au diocèse de Luiza de répercuter sur le diocèse de Kongolo le message que j’avais donné à l’évêque de Kole, lors de mon séjour à la prison de Kananga invitant mon épouse à me rejoindre.

En effet, lors de mon arrestation en mars 1982 à Lubumbashi, j’avais demandé à mon épouse de s’occuper de nos enfants au lieu de me rejoindre. Maintenant que j’étais condamné à longue durée, j’exigeai sa présence à mes côtés, d’autant plus qu’à mon départ de Kinshasa, je remarquai que toutes les épouses de mes collègues se préparaient à les suivre partout où ils allaient être déporté
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Une semaine ne s’était pas encore passée, quand je fus extrait de la prison pour le bureau du Commissaire de zone où je rencontrais mon épouse qui avait dans ses bras notre enfant Pichou. Elle n’avait pas reçu mon message phonique et  ne venait pas de Kongolo mais plutôt de Kinshasa, où, elle s’était rendue dès qu’à Kongolo, elle avait apprise la décision à la radio la nouvelle de ma condamnation à 15 ans de spp.

Partie de Kongolo pour Kinshasa, elle avait rencontré à Kinshasa, mon avocat, Me Nyembo, qui l’avait amené à la prison centrale de Makala, d’où elle avait appris de collègues Birindwa et Sambwe que j’étais déporté à Luiza.

 

Ayant rencontré les épouses de mes collègues qui faisaient les démarches auprès du pouvoir afin d’être autorisées de visiter leurs époux, elle s’était jointe à elles et ayant obtenu cette autorisation, elle s’était décidé à me rejoindre à Luiza via Kananga.

A Kananga, la famille du collègue Ngoy Moukendi mit le pasteur Tshimanga à sa disposition. Ce dernier chargea un jeune homme à l’accompagner à Luiza à bord d’un véhicule M.A.S.  Présentée à Luiza auprès du dirigeant de la JMPR, le citoyen Kaway, ce dernier la présenta chez le Commissaire de zone.

Je demandai au Commissaire de zone auquel mon épouse avait exhibé toutes ses autorisations de me visiter à faciliter son installation et à veiller à sa protection.

Après quelques jours mon épouse repartit à Kongolo à la recherche de nos enfants avec lesquels près d’un mois après elle revint à Luiza en compagnie de mon petit frère Joseph et son petit frère Pacifique qui avaient la mission de l’assister.

 

Ayant trouvé un logement auprès d’un commerçant de Luiza nommé Muyaka, elle fit inscrire nos petits frères et nos enfants dans les écoles où ils devaient aussi faire leur apprentissage de Tshiluba !

Ma fille surnommée maman apprit même le Kisalampasu et le Kiluala.

Au début, mon épouse m’amenait chaque jour le repas de midi mais après, je m’entendis avec elle afin que nos petits frères la secourent quelques jours de la semaine.

Chaque dimanche mes enfants venaient me visiter dès le matin et leur maman faisait ce jour, la cuisine à la prison et ensemble nous mangions en famille !

Le directeur de prison profita un jour de l’information qu’il avait eu d’une dispute entre moi et elle pour supprimer son droit de me visiter. Il avait fallu une intervention du diocèse faite par l’abbé Binene qui avait amené lui-même mon épouse à la porte de la prison pour que le directeur Tshamala cède.

 

Etant de la religion catholique romaine, j’exigeai ma participation à la messe. Un prêtre expatrié s’appelant “ Tatu Jean ” venait de temps à autre célébrer la messe à la prison. Il fut peu après empêché par la police politique au profit de l’abbé Kalamba. Ce dernier venait chaque samedi et après la messe il s’entretenait avec moi. Un jour il m’avait apporté un livre sur la condamnation du Zaïre au Tribunal international de Rotterdam avec un mot d’encouragement de son père spirituel, monsieur l’abbé Mulumba, petit frère de mon collègue Tshisekedi.

Après lecture je remis ce livre à cet abbé qui m’avait dit qu’il devait le remettre à l’expéditeur, malheureusement j’appris de l’expéditeur qu’il ne l’avait plus réceptionné.

Je connus un dimanche la visite du vicaire Mgr Pius de Mbuji Mayi qui célébra une messe à l’intention des prisonniers. A son départ il écrivit dans la Bible que m’avait offerte Etienne Tshisekedi lors de notre séparation à la prison centrale de Makala, quelques versets qu’il me recommanda de lire.

 

Mon épouse et mes enfants bénéficiaient du soutien tant matériel que moral du diocèse de Luiza. Pour entrer en contact avec le gérant de notre guest house à Kongolo, c’est le citoyen Tshibangu qui transmettait les messages par la phonie de diocèse.

Notre hôtel de Kongolo créditait notre compte au diocèse de  Kongolo; Mon épouse retirait des liquidités au diocèse de Luiza. Celle-ci entrait en contact avec le diocèse de  Kongolo. La caisse centrale de la procure des missions à la paroisse Sainte Anne de Kinshasa régularisait les écritures comptables.

L’abbé Binene, économe du diocèse de Luiza avançait à mon épouse de l’argent chaque fois qu’elle en avait besoin.

 

La zone de Luiza était équipée d’un hôpital général dans le chef lieu même de la zone et d’un centre hospitalier important à Maswika.

L’hôpital général était tenu par le Docteur Bongeli mais le diocèse faisait les démarches pour l’avoir sous sa gestion.

Le diocèse animait des petits centres ruraux de santé par un personnel expatrié composé des demoiselles suissesses Monique, Monica Scherer et Ottilia Egger.

Le Docteur Bongeli, était un ancien du campus de Kinshasa. Il avait étudié à la faculté de médecine au moment où je faisais le droit. Il me connaissait parfaitement bien et me rappelait les hauts faits posés pendant les années 73 – 74  par mon comité en faveur des étudiants.

Me connaissant très révolutionnaire et soutenant lui-même la lutte pour le changement, il ne manquait pas à discuter avec moi sur divers sujets politiques. Je profitai de lui parler du martyr des fondateurs de l’UDPS et de leur détermination pour faire respecter les droits de l’homme, l’acceptation du pluralisme, bref, l’application de la démocratie multipartiste au Zaïre.

Le Directeur de la prison refusa un jour au docteur d’entrer à la prison. Ce dernier s’imposa et insista sur le fait qu’il avait lui aussi le devoir de remplir ses obligations de médecin en soignant les malades sans tenir compte de leur tendance politique.

Attaqué plus souvent par la malaria, le docteur me soignait et me donnait gratuitement les médicaments. Un jour m’ayant administré la quinine mon corps réagit. Il s’étonna beaucoup car selon lui normalement la réaction se fait contre d’autres dérivées telles que le flavoquine, nivaquine, chloroquine … et non à la quinine même. Il inscrivit sur ma fiche médicale : “ réagit à tout traitement à la quinine ”. J’étais soigné depuis lors, normalement au fansidar.

Des fois le docteur m’obligeait de le rejoindre à l’hôpital pour passer certains examens pour lesquels il ne pouvait pas apporter avec lui les appareils à la prison. C’est chaque fois à contrecœur que le directeur de la prison me laissait sortir après avoir pris d’énormes précautions.

Je ne manquais pas à lui dire que si je me trouvais en prison, c’est parce que je le voulais moi-même, en sachant que seul le sacrifice de certaines personnes pourrait délivrer le peuple zaïrois. Je ne pouvais donc pas fuir de la prison. Le long de la route de l’hôpital, plusieurs personnes accouraient vers moi pour me saluer et me contempler.

Le gendarme qui m’escortait lors de mes sorties recevait souvent des cadeaux de personnes qui voulaient m’entendre dire quelque chose. Des fois, je profitais sur la route de retour pour visiter ma famille.

 

Monique, Monica et Ottilia étaient les trois demoiselles suissesses qui me visitaient à la prison. Elles venaient souvent les vendredis après midi.

Je  ne m’empêchais pas à leur offrir du nescafé lorsque je m’entretenais avec elles. Elles me parlaient de leurs occupations au Zaïre mais aussi de leur pays. Je leur entretenais longuement de la nécessité de la lutte pour le changement, lutte que je menais avec mes collègues dans l’objectif de permettre le développement de notre pays.

Il arrivait des fois qu’elles étaient empêchées de me voir. Le Commissaire de zone se plaignait du fait qu’elles me visitaient trop alors que jamais il ne les voyait chez lui. Ces demoiselles étaient accompagnées de temps à autre par les infirmières zaïroises telle que la citoyenne José Mbombo Kansel.

Le docteur Bongeli et les infirmières suissesses Monica Sherer et Ottilia visitaient aussi mon épouse et nos enfants. Ils leur apportaient le soutien nécessaire tant matériel que moral.

Ottilia Egger ne manquait pas souvent à me dire que “ mon épouse était une mine d’or.”

Par le canal du sous directeur de la prison, le citoyen Mutombo, je fis connaissance des enseignements de Branham qu’il m’amenait sur cassettes ou par des brochures. Ce responsable m’apporta un soutien moral remarquable. Lors d’un de ses voyages à Kinshasa, il rencontra la famille Lusanga à qu’il remit ma note recommandant la vente de notre lit et de nous apporter le produit de vente. Ce qu’il fit à notre grande satisfaction.

Le citoyen Ilunga Mukubu, gérant de notre guest house à Kongolo avait effectué le déplacement de Kongolo pour Luiza pour nous visiter et nous apporter des liquidités. Il en avait été aussi ainsi de ma petite sœur Marie qui de Likasi avait reçu une aide de la part de l’hôtel Dodo de la famille Lusanga pour me l’apporter.

Pendant les paies mensuelles des enseignants, un recommandé de mon collègue Ngoy Mukendi à m’assister s’appelant  pasteur Tshimanga, comptable subordonné m’entourait de toute sa sollicitude pendant ses séjours à Luiza. Il m’apportait quelques cadeaux. Le directeur de la prison finit par l’interdire de me visiter jusqu’à le menacer d’emprisonnement. Il en avait été de même de nombreux curieux du milieu intellectuel.

Je connus enfin la visite de la Croix rouge Internationale. Cette visite avait connu un impact certain car, il avait été dépêché à cette occasion à la prison de Luiza plusieurs responsables de la magistrature, police politique et des services pénitentiaires tant du chef lieu de région du Kasai Occidental que de la sous région de Tshimbulu.

La veille de cette visite une personne qui se disait être le chef hiérarchique du directeur Tshamala mais en réalité un inspecteur de l’AND vint de Tshimbulu me rencontrer pour s’informer de mes soucis. Il fit changer mon lit en bambou et nettoyer le mur de mon local. Il s’intéressa aussi à ma nourriture par la fourniture du riz et farine. Le lendemain un envoyé de CICR Genève était venu me rencontrer.

Il avait amené avec lui des médicaments et couvertures qu’il offrit à l’hôpital général. Après la visite de la prison, il demanda d’avoir un entretien avec moi sans la présence de témoin. Cela gêna beaucoup la police politique qui plaça son agent de zone derrière la porte. Le délégué de CICR protesta énergiquement et moi-même je réagis autant. Mon visiteur fit don à ma famille de quelques médicaments, couvertures et un peu d’argent avant de reprendre son petit porteur.

Après le passage du représentant de la croix rouge, mes conditions de détention étaient renforcées. En dehors de mon épouse, d’autres visiteurs n’étaient plus autorisés tout comme  toute sortie de la prison pour l’hôpital.

Le prêtre et les demoiselles expatriées étaient menacés par la police politique. Ces suissesses avaient été soupçonnées d’avoir été mes intermédiaires avec le siège de la croix rouge internationale à Genève qui avait ordonné cette mission à la prison centrale de Luiza.

Le Directeur de la prison et même sa hiérarchie entreprirent des démarches auprès du pouvoir afin de m’éloigner de limites du Shaba et de frontières angolaises.

Ils avançaient comme argument qu’il était très difficile de me contrôler étant donné que j’étais originaire du Shaba, que la zone de Luiza était limitrophe du Shaba et que les gendarmes étaient en grande partie originaires du Shaba.

Les bruits qui couraient sur le séjour de l’exilé Nguz-a-Karl-Ibond à Kapanga en passant par l’Angola et la zone de Luiza avaient fait prendre la décision de mon transfert pour Dekese.

En attendant ce déplacement, il me fut proposé de rejoindre le pavillon des condamnés à longue durée. J’exigeais  un mot du Procureur Général qui m’avait lui-même placé dans la cellule que j’occupais.

Je n’irais cependant pas à la prison de Dekese, parce que dans son discours du 20 mai 1983, le Président Mobutu amnistia les prisonniers politiques et principalement les fondateurs de l’UDPS.

En dehors de ma correspondance au siège de la croix rouge internationale qui avait engendré la mission à la prison ; j’adressais diverses autres notes aux organisations internationales de droit de l’homme. D’autre part au nom de l’amnistie internationale, le directeur de la prison recevait beaucoup de copies des lettres envoyées au Président Mobutu pour exiger ma libération.

Il y avait en Angleterre, France, Belgique, Allemagne et Suisse des sections qui se préoccupaient de mon cas. Les lettres de Mme Pat Irving  Hampshire, Mr. Vallée, Mme Jacqueline Cuignon, Irmigard Wolter, Nollen Monika me parvinrent d’une manière que je considérais miraculeuse étant donné que la police politique saisissait la grande partie.

A l’occasion du port de son habit de maréchal, le 20 mai 1983, le Président Mobutu réagissant aux pressions internationales  proposa une loi d’amnistie. Dès le lendemain le 21 mai 1983, le parlement vota cette loi qui fut promulgué sans tarder.

Lorsque j’entendis à la presse internationale la nouvelle de ma libération, je remerciai le SEIGNEUR. Comme une traînée de poudre la nouvelle se répandit ! Mon épouse vint me rencontrer. Les épouses des militaires qui habitaient dans un camp à proximité de la prison se joignirent à elle. Elles manifestèrent leur joie, en exigeant ma sortie immédiate de la prison.

Le Directeur de la prison s’opposa  parce qu’il attendait que sa hiérarchie lui fasse un message exprès. Celui-ci vint après toute une semaine de tiraillements entre lui et moi. Il envisageait de me faire prendre directement de la prison pour m’amener à Kananga, alors que mon épouse vivait depuis presque une année à Luiza. Personnellement je tenais à remercier de vive voix les différentes connaissances qui avaient assisté ma famille.

A ma sortie de la prison, le Directeur me livra la fiche de libération dont le contenu suit :

Prison de LUIZA

 

FICHE DE LIBERATION

 

Le nommé LUMBU MALOBA RMP n° 3805  RE n° 58/82, condamné le 13-3-82 par le tribunal Cour de SURETE de l’ETAT de Kinshasa à 15 ans de SPP du chef de Atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat et offense                                                                  

A   —      de SPS et a      —          de CPL   est libéré ce jour par Amnistie générale du 19-5-1983.

Voir message officiel de Kananga du 24-5-83

 

Luiza, le 25-5-1983

 

Le gardien de la prison de Luiza

        Mod. 113-11 TSHIAMALA-MUKALA-MUBEMBA

 

Signé.         

 

Une manifestation de joie m’accompagna de la prison jusqu’à la résidence de mon épouse. Les femmes et les jeunes brandissaient des rameaux et chantaient. A la réception d’adieux qu’organisa mon épouse plusieurs personnalités de la place étaient  présentes.

Avant de quitter Luiza nous fûmes reçus par M. Tshibangu du diocèse et le Dr Bongeli. Nous chargeâmes Mr. Tshibangu de veiller sur nos jeunes frères Lumbu Sinyembo Joseph  et Ngunda Pacifique restés à Luiza pour terminer l’année scolaire.

A suivre