Protais Lumbu appelle E.Tshisekedi à saisir la main tendue

Protais Lumbu appelle E.Tshisekedi à saisir la main tendue

1 Juil, 2015

Pour une UDPS unie et victorieuse en 2016

Protais Lumbu appelle E.Tshisekedi à saisir la main tendue

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* L’un des 13 célèbres parlementaires estime, par ailleurs, que les années passent et l’UDPS n’arrive pas à la conquête du pouvoir parce que le parti néglige des portions.

Il faut être deux pour danser le tango, dit-on. Et à l’unisson. Protais Lumbu Maloba Ndiba, l’un des fondateurs de l’UDPS et président de l’UDPS/Kibassa, connaît assez bien le sens à donner à cette jolie expression tirée d’une chanson américaine des années 1950. Pour gagner les prochaines élections, Protais Lumbu appelle à la fusion de toutes les ailes de l’UDPS. Selon lui, le processus de réunification est en cours, tous les autres ténors auraient déjà donné leur accord. Reste, cependant, celui d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Pour faire adhérer le « lider maximo » à son projet, Protais Lumbu est même prêt à effectuer le déplacement à Bruxelles où il est sûr d’être reçu par Tshisekedi qui n’a pas rencontré d’autres émissaires. Convaincu que leur passé commun de combattants pour la liberté ferait le reste.
Quant au dialogue en gestation, il dit craindre. C’est même une diversion. A l’instar des Accords de Gbadolite en 1985 entre Mobutu et les fondateurs de l’UDPS.  » On va encore dialoguer pour se dire quoi « , se demande-t-il. Réponse tout aussi simple du vieil opposant :  » C’est tout simplement une façon d’échapper au respect de notre Constitution.  » Ci-dessous, l’interview qu’il a accordée à « Forum des As ».

On n’entendait plus parler de vous depuis un bon bout de temps. Etait-ce un repli du genre  » reculer pour mieux sauter  » ?
Comment pouvais-je encore parler, étant allié à la Majorité présidentielle (MP) où il y avait un porte-parole. Quand l’UDPS s’était dédoublée, l’aile Kibassa a soutenu l’AFDL parce que nous n’étions pas en mesure de chasser Mobutu. Mais, en contre partie, nous pensions qu’ils allaient appliquer ce que nous avions comme programme. Ils se sont distribué des postes, sans nous associer. Quatorze ans plus tard, je ne pense pas que ceux qui ont lu la lettre ouverte des 13 parlementaires vont constater qu’il y a une différence par rapport à ce qu’on avait reproché à Mobutu. Nous avons cherché à rencontrer le Secrétaire général de la MP, en vain. Donc, nous étions devenus pratiquement un alibi. On déteste l’UDPS, mais on fait semblant de nous faire croire qu’on est de la Majorité. Voila pourquoi, il y a eu désunion. Nous avions préféré être avec notre famille naturelle. Nous pensons maintenant que l’UDPS va gagner les élections parce qu’à sa création, en 1982, notre objectif était de conquérir le pouvoir et appliquer notre programme, et donc asseoir la démocratie. Or, nous ne pouvons le faire tout en restant dans la MP. Et si nous y restons, avec Joseph Kabila qui veut briguer un 3ème mandat, nous violons la Constitution.

Confirmez-vous les rumeurs sur la réunification des ailes de l’UDPS ? Si, oui, où en êtes-vous ?

Effectivement, je confirme la réunification parce que nous étions en train d’évoluer dans des familles différentes. Bien que ce soit un processus, nous sommes très avancés à telle enseigne que sur le plan théorique, cette réunification est déjà prononcée. Tous les membres qui évoluent en Europe, aux Etats-Unis et partout ailleurs, se sont réunis le 20 juin 2015 et ont décidé d’accepter le mot d’ordre de la réunification que nous avions lancé à partir de Kinshasa, à l’issue du conclave qui a regroupé tous les membres co-fondateurs, fondateurs et les 13 parlementaires. Mais, il faut reconnaitre que le dernier à venir n’a pas encore fait le pas vers nous. Mais nous tenons à ça, pour qu’avant les élections, nous puissions nous retrouver ensemble afin de les gagner parce l’UDPS est un parti des masses. Comme l’union fait la force, nous voulons traduire en acte notre programme. Un programme sur la démocratie, le progrès social que nous avions en son temps, promis à notre peuple. Nous ne voulons plus de dictature, de violation des droits de l’homme. Notre devise est fondée sur le respect de la Constitution.

L’UDPS réunifiée, avec qui comme leader ?
Parce que c’est la démocratie. La démocratisation voudrait que dans quelques mois, nous puissions organiser un congrès extraordinaire qui devra statuer. C’est à l’issue de cette rencontre que nous allons connaître le nouveau leadership. Celui qui sera accepté par le peuple, nos combattants, lors de nos primaires sera désigné pour représenter le parti comme candidat de la République aux prochaines échéances présidentielles.

Dans certains milieux, on fait état d’une possible rencontre entre Etienne Tshisekedi et vous à Bruxelles. Rumeur ou réalité ?
Mais oui. Nous ne pouvons pas faire une bonne unité si nous ne nous retrouvons pas aussi avec Tshisekedi. Il y a d’autres personnes que nous avons approchées qui ont dit qu’elles ne pourront répondre positivement que si elles ont le mot d’ordre de Tshisekedi. Or, ceux qui ont fait le déplacement de l’Europe n’arrivent pas à le rencontrer jusqu’à ce jour. Mais, moi, en tant que membre des 13 parlementaires, nous avons mené un même combat, en 1977 quand nous étions au Parlement, nous nous disions que nous devrions nous soutenir mutuellement. J’ai la conviction que Tshisekedi va me recevoir.
Moi, qui suis le président de l’autre aile (Kibassa), je m’ouvre. Je dis à mon aîné que les années passent et on n’arrive pas à la conquête du pouvoir parce qu’on néglige des portions. Je suis de l’Est, combien de gens de cette partie du territoire national, membre de l’UDPS, ne votent pas aujourd’hui pour l’UDPS parce que, pour eux, c’est seulement Tshisekedi. Une raison de plus pour qu’on mette sur les rails notre UDPS de manière que toutes les personnes soutiennent une candidature de l’UDPS. C’est à cette condition qu’on pourra gagner les élections.

Que représente Protais Lumbu pour la jeunesse congolaise ?
J’étais meneur depuis mon jeune âge. J’ai eu la chance de fréquenter les écoles, primaire et secondaire, mixtes. Au secondaire, à Saint François de Salles, j’avais des amis blancs qui, à l’époque, disaient que le Katangais était un béni oui, oui. Devant défendre la dignité de l’homme noir, j’ai donné une gifle à un blanc. J’ai toujours été au front pour défendre les droits de la jeunesse. Pour moi, la jeunesse ne doit pas être étouffée. Il faut l’écouter. Et pour cela, j’ai eu à payer souvent beaucoup de prix. A 32 ans, j’ai été relégué au village avec toute ma famille. On m’a retiré mon mandat de parlementaire parce que tout simplement j’ai défendu les annuaires. J’ai interpellé vers les années 80 le ministre de l’Education nationale parce qu’il y avait grabuge à l’Université et à l’Institut supérieur. Même si on dit que cette jeunesse a reculé ? Il faut se poser la question pourquoi elle a reculé au niveau de la formation. C’est à cause de la mauvaise politique, de la mauvaise gouvernance. Est-ce qu’on la met dans des conditions qui permettent son épanouissement. A mon temps, si je suis passé secrétaire dirigeant, c’est en discutant sur ce qu’un étudiant peut avoir comme minimum vital. 
Quelle est la position de votre parti sur le dialogue en gestation ?
Je crains ce dialogue. Vous vous souvenez de ce qu’on a appelé les Accords de Gbadolite en 1985 entre Mobutu et les fondateurs de l’UDPS. J’étais en prison à Kalemie en ce moment là. On a affrété un avion pour que j’aille prendre part à ce dialogue. Quand on ne s’est pas mis d’accord, on m’a retourné en prison. Mobutu renforce même les conditions. Makanda Mpinga (Fondateur UDPS, Ndlr) a trouvé la mort avant même ce dialogue, vers les années 87. Après trop de souffrances, nous nous sommes dit qu’il faut retrouver notre liberté. Dans l’entre-temps, la Communauté internationale avait déjà fait beaucoup de pressions avec Lihau qui était président à l’époque à partir du Congrès de Boston. Et Mobutu s’est servi de la rencontre qu’on venait d’avoir pour montrer à la face du monde que je me suis mis d’accord avec les gens avec lesquels on me demandait de négocier. Voilà jusqu’où, cela nous a amenés. Et le dialogue auquel on veut convier le peuple congolais aujourd’hui est une diversion. On va encore dialoguer pour se dire quoi ? C’est tout simplement une façon d’échapper au respect de notre Constitution. Notre président a déjà fait deux mandats comme le stipule la Constitution. Heureusement pour lui aussi parce qu’il avait déjà été président avant ses deux mandats. Nous voulons l’alternance qui est la base même de la confiance. A l’actuel président, sa sécurité physique et celle de ses biens sera garantie.

Avez-vous un message particulier ?
Mon message c’est à l’endroit de l’UDPS. Il faut que la réunification soit effective et totale si nous voulons réellement conquérir le pouvoir parce que ceux qui se disent forts ne le prendront pas. La démocratie c’est la loi du nombre. Il faut une majorité. Nous avons des milliers des gens qui gardent silence, qui observent ce que nous faisons pendant cette période. Pourtant, ils sont membres du parti. En nous voyant reprendre le flambeau pour le combat, ils nous feront confiance. Donc, il faut absolument que mon aîné Tshisekedi accepte la main tendue. 

Propos recueillis par Dina BUHAKE.

FORUM DES AS