PROTAIS LUMBU 4 « Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ » (Chap. 12 à 18)

PROTAIS LUMBU 4 « Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ » (Chap. 12 à 18)

5 Sep, 2014

Dans cet ouvrage autobiographique sont décrits en trente cinq chapitres des privations et sacrifices physiques, matériels et financiers endurés pour faire triompher de 1981 à 1990  d’abord des pratiques démocratiques au sein du MPR, Parti- Etat-Nation puis la démocratie multipartiste.

En effet, détenu auparavant avec mes douze collègues signataires de la lettre ouverte au Président Mobutu à la Cité de l’OUA et poursuivi par le  parquet près la Cour Suprême de Justice dans l’affaire Ministère public contre NGALULA et consort, l’action publique ayant été abandonnée au profit d’une amnistie, l’action disciplinaire exercée par le Comité Central du MPR aboutit par mon  assignation à résidence d’abord à Lubumbashi puis à Kongolo.

Après la levée de cette mesure administrative à la fin de l’année 1981, je  rejoignis Kinshasa via Lubumbashi.

Ayant retrouvé mes infortunés collègues à Kinshasa, je m’étais de nouveau réuni avec eux  et avions décidé de continuer notre lutte pour la démocratisation du pays dans le cadre d’un  second parti politique, que nous avions crée le 15 février 1982 et l’avions dénommé Union Pour la Démocratie et le Progrès Social en sigle « UDPS ».

Pour vulgariser ce nouveau parti, j’avais regagné la région du Shaba aux côtés du Président Kibassa où en compagnie de nos deux collègues Kyungu wa ku Mwanza et Lusanga Ngiele nous avions tenu des meetings à Lubumbashi, Likasi et Kipushi.

Arrêtés le soir du 8 mars 1982 par la région militaire, nous avions passé la nuit au cachot de T2 et avions été libérés le lendemain peu après que j’aie été personnellement torturé. Réarrêtés le 12 mars par le centre national de renseignements et intelligence (CNRI) et transférés à ses cachots de la direction générale à Kinshasa, nous avions été mis à la disposition du Parquet près la Cour de Surêté de l’Etat le 27 mars. Celui-ci  nous avait placés en détention préventive à la Prison Centrale de Makala en nous  accusant d’avoir ourdi un complot contre l’ordre public. Condamnés à 15 ans de servitude pénale principale, j’avais été  transféré  en juillet à la prison de Luiza via celle de Kananga et ne retrouvai ma liberté qu’à l’occasion de l’amnistie de mai 1983.

Rentré à Kinshasa pour m’y installer, j’avais rendu visite un jour d’octobre 1983  au fondateur Tshisekedi et avais été enlevé à la sortie de sa maison et placé en détention pendant près de deux semaines au cachot du CNRI, situé à ses bureaux de l’avenue de la justice près la Cour Suprême de la Justice. Libéré, je n’avais pas tardé en novembre 1983 à être détenu par la Brigade Spéciale Présidentielle (BSP) avec toute ma famille, dans ma résidence de la Commune de Lemba, avenue Lufira, n° 28 pour y être extrait quelques jours après  et être conduit moi-même, mon épouse et notre bébé à l’aéroport de Ndolo, mes autres enfants à l’aéroport de Njili pour rejoindre mon village d’origine de Kayanza où, j’avais été assigné à  résidence via Lubumbashi, Kongolo et Mbulula.

Je n’avais quitté Kayanza qu’à la veille du 25ème anniversaire de l’indépendance, parce que le Roi des Belges, Baudoin 1èr ayant été invité aux festivités, le Parlement belge avait exigé la libération des parlementaires. Du reste, dès le passage de Sa Saintété, le Pape Jean Paul II. En août 1985, les arrestations avaient recommencé et malgré mon retour dans ma collectivité d’origine, j’y avais été arrêté à Mbulula à la maison de mon père qui avait piqué une crise, le 14 novembre 1985, pour être tranféré au cachot du CNRI/Lubumbashi via Kongolo et Kalemie, malgré le décès de mon père intervenu le 16 novembre.  Ma libération ayant eu lieu en avril 1986, j’avais regagné mon village pour m’incliner à la tombe de mo père et y fus arrêté,  le 11 juillet 1986 et emporté à Kalemie pour y être détenu jusqu’au 4 janvier 1987 au  CNRI puis à la 13ème Brigade des FAZ, à son cachot de l’état major situé sous les escaliers de la résidence Isabella jusqu’au 20 mai 1987.

Cette dernière détention avait été entrecoupée par un séjour à Gbadolite via Lubumbashi et Mbujimay, où, en compagnie de mes collègues Ngalula, Tshisekedi, Kibassa, Lusanga et Kanana, nous avions eu des entretiens avec le Président Mobutu qui malheureusement n’ayant pas abouti selon ses souhaits, il avait été ordonné  notre retour  d’où nous étions venus et le renforcement de conditions de detention en ce qui me concernait.

A l’approche de la fête anniversaire du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR), j’avais écrit au Président Mobutu pour lui demander ma libération afin que je puisse m’occuper de mes devoirs envers ma famille, devoirs que je ne parvenais pas à remplir à cause de mon emprisonnement prolongé dû à ma volonté de remplir mon devoir envers le pays.

Evacué du cachot de l’état major de la 13ème Brigade des FAZ, le 20 mai 1987, j’avais atteint Gbadolite via Lubumbashi, Kinshasa, Kayanza et Kongolo et aux côtés de mes collègues Kibassa, Ngalula, Lusanga, Tshisekedi, Kanana, Bossasse, Mpindu Bwabwa et Birindwa nous nous étions entretenu avec le Président Mobutu qui était entouré de ses collaborateurs Nkema Lilo, Mpambia, Koyagialo, Banyaku et Katende pour confirmer la lettre signée à Lubumbashi le   juin 1987 par les fondateurs Kibassa, Ngalula, Tshisekedi et Mpindu Bwabwa contenant ce qu’on avait baptisé au nom des accords de Gbadolite.

La mise en pratique de ces accords avait divisé les fondateurs. Il s’en suivit des nominations de certains fondateurs en qualité de membres du Comité Central du MPR ou des dirigeants des entreprises publiques. Je devins quant à moi, Administrateur Délegué Général Adjoint à la Société Nationale d’Assurances, (SONAS). La volonté du pouvoir de ne plus reconnaitre les accords passés consacra le retour à la clandestinité de l’UDPS dont les activités avaient de plus en plus leur impact sur la population informée de la perestroïka et de l’exécution du couple Coecesku.  Le discours du Président Mobutu du 24 avril 1990  proclamant le multipartisme avait marqué le triomphe de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social.

 

Chapitre 12. De  mon accueil à Kananga et Kinshasa et de la  naissance de lumbu maloba ndiba protais junior  victoire

 

Mon Déplacement de Luiza à Kinshasa via Kananga avait été caractérisé par la chaleur de l’accueil me réservé. A Kananga le pasteur Tshimanga avait logé ma famille et m’avait accompagné au dîner offert par le professeur Kalala tandis que la communauté shabienne de Kananga  m’avait accordée une aide financière pour l’achat de mes billets d’avion pendant que le pouvoir hésitait encore sur ma destination. A Kinshasa, Maître Nyembo avait logé ma famille et avait accepté ma collaboration dans un cabinet d’avocat qu’il tenait avec Maître Lukamba au moment où l’UDPS par ses fondateurs et les membres du groupe de 8 avait contribué à faciliter les conditions de la maternité de mon épouse et m’avait attribué un logement  sur avenue Lufira à Lemba/Foire.

 Chargé d’organiser mon voyage vers Kananga, le Commissaire de zone de Luiza  m’apprit que le Gouverneur lui avait demandé de m’amener auprès de lui. Le jour du voyage, il m’offrit une place dans la cabine et demanda à mon épouse de prendre place derrière. Je lui proposai de rester pour que mon épouse ait une place dans la cabine ou alors de conduire lui-même le véhicule et ainsi libérer le chauffeur. Le Commissaire de zone ne l’entendait pas de cette oreille et nous renvoyant chacun à prendre place derrière, nous ne nous étions pas entendus. Je refusai de voyager dans ces conditions et me mis à chercher d’autres moyens de locomotion.

Le docteur Bongeli qui voyageait le même jour pour Kananga abord du véhicule de l’office des routes ayant appris ce qui nous était arrivé proposa sa place dans la cabine à mon épouse et se mit derrière. Je laissai partir mon épouse et mes enfants et me mis à l’attente du véhicule de l’evêque programmé pour la  même semaine.

Le jour venu, je quittai la maison,  après avoir encouragé Joseph et Pacifique à bien terminer l’année scolaire. Monseigneur pria le “ Notre Père ” avant de donner l’ordre à son chauffeur de démarrer.

A notre arrivée à la mission de Nguena, il était midi. Nous entrâmes au couvent des sœurs où nous déjeunâmes. Il faisait déjà noir lorsque nous atteignîmes Kananga. Après l’avoir déposé, le véhicule me conduisit chez le pasteur Tshimanga où je rejoignis mon épouse. Avec le pasteur j’entrepris les démarches pour rencontrer les autorités régionales.

 Le Gouverneur me reçut en présence de plusieurs notabilités de Kananga dont le citoyen Kabongo, membre du comité central qui y séjournait,

Il m’avait été dit que la région allait prendre en charge les frais de mon voyage de Kananga vers ma région d’origine le Shaba et plus précisément comme j’avais ma famille, ce voyage j’allais le faire par train. Je répondis que je comptais plutôt rejoindre Kinshasa avec ma famille et comme le pouvoir n’était pas en mesure de m’octroyer les billets de transport par avion, je demanderais à mon épouse de vendre ses bijoux et ses pagnes pour nous en  procurer.

 Le vice-Gouverneur SWANA  me confia que “ la région allait finalement me procurer des billets par avion pour moi-même et ma famille pour rejoindre Lubumbashi mon chef lieu de région. Comme il n’y avait pas de vol direct, c’est via Kinshasa que je devais passer ! ”  En outre, ordre fut donné au protocole pour me faire loger dans un hôtel et me nourrir. J’acceptais d’être logé dans un hôtel autre que l’Atlanta où les bruits selon lesquels quelqu’un avait reçu mission de m’empoisonner m’étaient parvenus.

Le pasteur Tshimanga continua à veiller sur ma nourriture et m’accompagnait répondre aux invitations. Je fus reçu par le professeur Kalala Constantin, mon ancien professeur des mathématiques à la propédeutique de l’université officielle du Congo à Luluabourg en 1969-1970 et homme très acquis au changement. Il s’entretint longuement avec moi sur le parti et ses dirigeants dont ceux originaires du Kasaï occidental. Il chercha à s’assurer sur l’appartenance du citoyen Lwakabwanga dans le parti, étant donné que chaque fois qu’il avait tenté d’aborder les sujets du parti avec ce dernier, il semblait remarquer qu’il n’était pas intéressé.

La communauté shabienne de Kananga m’avait rencontré. Elle m’avait offert son aide financière dans mes difficultés de transport. Son Président, le citoyen Kitenge, un Yashi de la zone de Kongolo m’apprit que le vice-Gouverneur était originaire du shaba et se joignait à la communauté pour me souhaiter un bon retour au Shaba.

Le jour anniversaire de mon épouse, le 5/06/1983, qui était la veille de notre départ de Kananga toute ma famille déjeuna à l’hôtel Atlanta.

A l’aéroport j’avais été accompagné par le pasteur Tshimanga et  par le dirigeant régional de la JMPR, le citoyen Mulimbi Tshikontwe Esrom.

 Je choisis à mon arrivée à Kinshasa, de rejoindre la résidence de Nicostrate. Ayant été mon avocat, je considérais qu’il serait plus compréhensif de m’accueillir sous son toit par rapport à d’autres dont ma qualité d’opposant leur effrayait.

Effectivement Me Nyembo Nicostrate me logea chez lui à Lemba/Terminus, juste derrière le marché. Il y vivait avec son amie Astrid, leur fille Karin et son petit frère Polycarpe.

 Deux préoccupations auxquelles je devais trouver solutions dès mon arrivée furent ma survie par l’exercice de profession d’avocat et la santé de mon épouse qui était à terme.

En ce qui concernait ma situation professionnelle, le Cabinet Lukamba et Nyembo me réouvrit ses portes et sans tarder, je me mis en contact avec l’ordre, d’abord avec le bâtonnier et ensuite avec le conseiller chargé des finances à qui j’écrivis en date du 14 juin 1983, la lettre dont le contenu suit :

 

Maîtres                                                                    Kinshasa, le 14 juin 1983.

– NYEMBO

– LUKAMBA

Avocats près la Cour d’Appel                      Au conseiller de l’ordre Chargé

B.P. 177 Kinshasa/Limete                            des finances et cher confrère

Résidence Rwindi                                         Kinshasa/Gombe.

Rez de chaussée Kinshasa/Gombe

 

Réf : CAB/00235/NYA/NS/83

 

Concerne : cotisation.                                 Mon Cher confrère,

 

                                                     Revenu à Kinshasa le 6 juin 1983, je me suis rendu compte que mon nom ne figurait pas au tableau de l’ordre du barreau de Kinshasa pour l’année judiciaire 1982-1983.

 Ayant pris rendez-vous avec le bâtonnier pour savoir la cause, il m’a été informé ce 13/06/1983 que c’est parce que je n’avais pas versé la cotisation pour l’année en question et aussitôt que je le ferai mon dossier sera remis en ordre.

 En effet, faisant partie du groupe de 13 parlementaires condamnés en juin 1982 pour atteinte à la sûreté de l’Etat, j’avais été placé dans l’impossibilité de verser ma cotisation et c’est par suite de l’amnistie décrétée le 19 juin 1983 que je me retrouve libre. (voir en annexe la photocopie de la fiche de libération)

 Je vous prierais dès lors de recevoir ma cotisation (750 zaïres) pour l’année judiciaire 1982-1983 et vous informe par ailleurs que je suis au Cabinet NYEMBO AMUMBA et LUKAMBA OM’OKOKO.

Dans l’attente d’une suite favorable, je vous prie d’agréer, cher confrère, l’expression de mes sentiments distingués.

 

                                                                                   Maître LUMBU MALOBA NDIBA

                                                                                  Avocat près la Cour d’Appel.

                                                                                                Signé

 

Le Trésorier de l’ordre me répondit dès le 14 juin 1983 par la note suivante :

 

ORDRE DES AVOCATS                                                          Kinshasa, le 15/06/1983.

PRES LA COUR D’APPEL

Barreau de Kinshasa

Secrétariat

 

N/Réf : 83/D.ORDRE/1.767/KN/MM                                 Maître LUMBU MALOBA

                                                                                                             Avocat à la Cour

Objet : votre cotisation.                                                            Kinshasa/Gombe

 

Mon cher confrère,

J’ai reçu votre lettre du 14 juin 1983 ainsi que la somme de Z 750 en règlement de votre cotisation et votre participation à la caisse de solidarité pour l’année 1982-1983.

Je vous informe qu’en sus de Z 750 vous devez verser Z 250 de droit de réinscription étant donné que vous ne figurer plus sur la liste des stagiaires.

Votre bien dévoué.

                                                     

                                                                                               Le Trésorier de l’Ordre

                                                                                               KISIMBA NGOY

signé

Une quittance me fut délivrée.

 

N° 35                                                                                      BP Z……750………

Reçu de Maître LUMBU MALOBA

                                                            La somme de sept cent cinquante zaïres, pour cotisation et participation à la caisse de solidarité pour l’année judiciaire 1982-1983.

                                                                                               Kinshasa, le 14 juin 1983.            

                                                                                              Signé.

    

A la lettre du Trésorier de l’Ordre, je réservais la réponse suivante en date du 21 juin 1983.

 

           Après le règlement de ma cotisation et participation à la caisse de solidarité pour l’année 1982-1983, vous m’informez par votre lettre du 15 juin que je dois verser encore 250 zaïres de droit de réinscription.

J’aimerais bien vous faire savoir que ce problème de payement d’une amende en vue de ma réinscription avait été abordé lors de l’audience que m’avait accordée le Bâtonnier en date du 13 juin 1983 et des assurances m’avaient été faites par lui, pour sa participation en ma faveur sur ce point. Je vous prierai donc de le contacter.

 Le Cabinet Nyembo et Lukamba m’apporta tout l’encadrement nécessaire. Je mis à sa disposition le signataire que j’avais acheté en 1979 lors de mon passage à Paris et une table que je m’étais procurée auprès de FNMA et que j’utilisai dans le bureau de Me Nyembo.

L’Ordre des avocats ayant organisé une série des conférences auxquelles avaient participé plusieurs invités dont un avocat sénégalais de renom. Je me fis remarquer auprès des confrères tant à l’hôtel Invest, qu’à la salle Internationale des affaires étrangères ou à Matadi Mayo, à la résidence du Bâtonnier Mukendi Wa Mulumba.

J’avais eu aussi l’occasion de m’entretenir avec Mme PINGS de l’ambassade des Etats-Unis, ce qui ne plut pas au pouvoir, qui mit en collimateur le cabinet dont je faisais partie et se mit à faire pression sur Me Lukamba afin qu’il mette fin à notre collaboration.

Je posai au Bâtonnier mon problème d’inscription au tableau par ma lettre du 28/10/1983 dont le contenu suit :

Me référant à l’entretien que j’ai eu avec vous le 13/06/1983 au sujet de la régularisation de ma situation d’Avocat après la loi d’amnistie du 21/05/1983 dont j’ai été bénéficiaire, vous m’avez répondu en ce qui concerne ma réclamation d’inscription au tableau que je devais subir d’abord un test.

En effet, ayant prêté serment le 16/06/1978, j’ai eu, Me Yoka Mangonocomme patron de stage et vous ai indiqué par ma lettre n° CAB/0031/LM/MS/82 dont copie en annexe, de quelle manière j’ai passé mes deux années de stage.

Si l’ordonnance n° 68/247 du 10 juillet 1968 créant le barreau tout comme celle en vigueur exigent l’accomplissement de deux années de stage, le conseil de l’Ordre des avocats près la Cour d’appel de Kinshasa recommande aussi le passage d’un test avant d’être inscrit au tableau.

Ayant effectué régulièrement mon stage pendant deux ans soit du 16 juin 1978 au 16 juin 1980, je serais déjà inscrit si mon patron de stage s’était soucié de moi.

 Je vous prierais dès lors d’appliquer la proposition que vous m’aviez faite le 13/06/1983, qui était de me faire subir un test sans attendre l’organisation des cours et une session qui se fait attendre.

 Dans l’attente d’une suite favorable, je vous prie de croire, citoyen Bâtonnier, l’expression de mes sentiments distingués.

 

LUMBU MALOBA NDIBA

Avocat près la Cour d’appel.


Comme mon épouse était à terme, je ne tardai pas à me présenter avec elle aux cliniques universitaires où elle fut immédiatement admise en observation.

En effet, après ce trop long voyage de Luiza-Kinshasa via Kananga, sa tension était élevée et ses pieds gonflés ! Elle y séjourna jusqu’après qu’elle ait mis au monde un garçon en date du 16 juin 1983. Pendant son hospitalisation, elle avait bénéficié de l’encadrement de mesdames Mbayo et Mulefu qui avaient leurs résidences au Plateau de Professeurs.

Le nouveau né reçut les noms de LUMBU MALOBA NDIBA Protais. Il était mon homonyme et devint Junior à cause de ma crainte d’innombrables risques qui m’exposaient à un éventuel décès. Le surnom de Victoire lui avait été attribué  en souvenir de mon emprisonnement à 15 ans auquel je n’étais pas arrivé à terme,  parce que la dictature avait échoué de s’imposer sur les idées de la promotion de la démocratie. C’était donc la victoire de l’UDPS.

 

Protais Lumbu1

Protais Lumbu3   Protais Lumbu4  Protais Lumbu2

Protais Lumbu5

Protais Lumbu6

 Les fondateurs Kibassa, Tshisekedi et Makanda venaient me visiter régulièrement. Le Groupe des huit « G 8 » constitué de Léon MUNTUNTU, EN FAVEUR DE QUI, MPAY etc…proche du fondateur Makanda m’avait apporté une demi-douzaine de couches pendant que le citoyen MPINDU BWABWA qui faisait le trésorier du parti m’avait versé des arriérés des dons.


Chapitre 13. De            mon  voyage à  Kayanza via  Lubumbashi, Kongolo et Mbulula et la visite des parlementaires americains à Kinshasa,

 

Ayant décidé à rejoindre mon village d’origine de Kayanza pour visiter la famille et la population après la dure épreuve d’emprisonnement endurée, je pris avec moi mes deux premiers enfants Baby et Maman afin d’éviter à mon épouse le dérangement de nombreux enfants.

A Lubumbashi, je logeai comme d’habitude à la résidence de mon oncle paternel Ilonda ya Mbundu au Bel air. Comme il n’y avait pas un vol  programmé dans l’immédiat, je pris le train. Lors de mon attente de la correspondance à Kabalo , j’avais logé chez le Commissaire du peuple Kakudji et visitai l’hôpital général pour reconforter mon oncle paternel Kachoma qui y était soigné et eus l’honneur de rencontrer le docteur Mwilambwe Blaise, un de mes anciens collègues du Collège Saint François de Sales à Elisabethville, actuel Lubumbashi. Celui-ci qui avait été son docteur m’apprit la nouvelle de son décès récent. Je partis m’incliner à sa tombe.  A mon arrivée à Kongolo la population qui était informée, me transporta en tipoy jusqu’à ma résidence.

Gilbert Ilunga, le gérant du guest house offrit un verre à l’assistance et mit tout en œuvre pour mon accueil à Mbulula. Jean Mali ya Butoto accepta de mettre son véhicule à ma disposition pendant que le danseur « Mulubwilo » Katumbwe décida de m’accompagner.

A la veille de mon départ, le membre du Comité Central du MPR Nyembo Mwana Ngongo qui séjournait à Kongolo intimida les Ets Mali ya Butoto en soutenant que je n’étais pas autorisé de quitter Kongolo. Je pris malgré tout ce véhicule comme tout autre voyageur sur la route principale alors qu’il devait venir me chercher en toute dignité à ma résidence.

 Avant d’arriver au sommet de la montagne “ Mbombo Sumba, ” lieu ou généralement on accueille les hôtes de marque, la population de Mbulula  m’attendait avec le tipoy.

Je priais le chauffeur Mwenda de continuer la route jusqu’à l’endroit où je vis mon père, son petit frère Sixte et mon oncle Mayani.

Je descendis du véhicule pour les saluer et acceptai de monter sur le tipoy pendant que “ le mulimba de Babanzi ” le tam tam tonnait.

Au fur et à mesure que nous nous approchions des magasins, la population devenait de plus en plus dense. C’est en triomphe que je descendis du tipoy à la résidence de mon père, ce 03/08/1983.

Le lendemain le 4 août 1983, la population de Kayanza me réserva un accueil haut en couleurs. En effet, cette fois-ci, dès après Lubovya je vis les footballeurs. Peu avant le sommet du mont Kagela, je trouvai les anciens de la famille Mbundu entourés de leurs enfants. Papa Sixte qui m’avait accompagné me présenta à eux. Papa Charles prit la parole pour me demander de monter sur le tipoy. J’hésitai un peu en jetant mes regards vers papa Sixte qui disait qu’il souhaitait que je marche avec les autres. Papa Charles insista et je montai sur le tipoy. Le danseur mulubwila Katumbwe monta quant à lui au dessus de la carrosserie du gros véhicule.

A l’entrée du village je trouvai les danseurs mbuli qui prirent la charge de me transporter. Ils battaient leurs tambours et mulimba en chantant.

 Un vent violent souffla lorsque je me trouvai au centre du village. Les danseurs mbuli continuèrent à me transporter majestueusement jusqu’au moment où ils me déposèrent à la résidence de Michel Bulongomoto dans le quartier de la famille mbundu et directement il se mit à pleuvoir.

Le 5 août 1983, je passai mon temps au deuil du papa Kachoma et expliquai les circonstances de sa mort par cirrhose de foie tel que le docteur me l’avait dit. C’est là que je vis venir Lipu Kanyoge qui m’avait tendu un message télégraphique par lequel, il m’était prié de rejoindre Kinshasa d’urgence.

Quittant Kayanza je passais la nuit à Mbulula avant de repartir le matin à Kongolo d’où je pris le vol programmé de la semaine en compagnie de mes deux enfants et mon petit frère Martin.

De l’aéroport de la Luano à Lubumbashi  je rejoignis la résidence du citoyen Kyungu wa ku Mwanza qui venait de rentrer de Kinshasa où il s’était rendu à l’occasion de la visite des congressistes américains. Il me mit au courant de graves incidents qui avaient lieu après l’entretien à l’hôtel Intercontinental entre les congressistes et les dirigeants de l’UDPS.

La garde présidentielle s’était attaqué aux dirigeants de l’UDPS et en avait blessé plusieurs dont les fondateurs Kibassa, Tshisekedi, Lusanga et Birindwa.

Voulant utiliser son téléphone, pour entrer en contact avec d’autres membres de l’UDPS/Lubumbashi, le collègue Kyungu ne m’autorisa pas et ne semblait plus se réjouir de ma présence chez lui. Je quittai sa résidence pour le Bel air à mon endroit habituel.

Je profitai de ma présence à Lubumbashi pour relancer le dossier de l’achat de l’immeuble m’attribué à Kongolo. Aussi faisant confiance des informations obtenues du collègue Kyungu sur le montant d’argent dont les fondateurs s’étaient partagés à Kinshasa, croyant à ce que ma part allait m’être donnée, j’avançai à Etienne l’argent que la famille Lusanga m’avait remis pour le lui apporter à Kinshasa.

Je n’arrivai pas à quitter facilement Lubumbashi par manque de place dans les avions air-zaïre. Une fois, malgré mon insistance, je ne fus pas retenu par le commissaire de l’air zaïre et restai bredouille à l’aéroport de Luano.

 Le jour que j’avais eu des places avec ma suite, j’avais regagné Kinshasa et ne remis l’argent de Lusanga que tard, parce qu’il m’avait été dit que c’était auprès du fondateur Birindwa que je devais retirer ma part. Ce dernier après avoir vendu sa maison située à Gombe près du fleuve parce que menacé par la famille présidentielle qui n’en voulait pas d’un voisin opposant, avait partagé le fruit de cette vente à mes collègues pour acheter le costume à porter lors de l’acccueil de la délégation des congressistes américains à l’aéroport de Ndjili tout comme  à l’audience à l’hôtel intercontinental. Birindwa ne me remit rien du tout, il avait prétendu que l’événement avait déjà passé,  que le costume  qu’il avait acheté était mis en lambeaux par la police politique à l’hôtel intercontinental et qu’il en avait été de même de ceux des fondateurs  Lusanga et Kapita.

En effet, dès mon arrivée à Kinshasa, tout le monde m’apprenait la grande nouvelle. D’aucuns disaient que ma barbe allait m’être enlevée.

A l’occasion de l’arrivée des congressistes américains, le programme avait retenu qu’ils allaient s’entretenir avec les leaders de l’UDPS. Pour cela ces derniers s’étaient préparés en conséquence. Un document avait été préparé pour leur être remis et l’habillement à porter était le costume avec cravate.

Si le jour de leur arrivée, les leaders les accueillirent à l’aéroport de Ndjili sans qu’il n’y ait eu un grave incident, c’est plutôt après l’entretien qui leur avait été accordé, que la garde présidentielle les avait brutalisés.

C’est de  9 h à 15 h que ce 12 août 1983, les congressistes américains, après avoir reçu brièvement le citoyen Kalume Mwana Kahambwe, 2è Vice-Président du Conseil Législatif accompagné de quelques Commissaires du peuple, avaient discuté avec les Dirigeants de l’UDPS à l’hôtel Intercontinental. Après avoir entendu les exposés du Président Kibassa et du 1er vice président Ngalula ils avaient apprehendés que les déclarations du Président Mobutu selon lesquelles l’UDPS était un parti communiste des Balubas du Kasai n’étaient pas fondées !

Le doyen Ngalula ne venait-t-il pas de leur parler de son passé de journaliste du « Courrier africain » qui était proche du milieu capitaliste pendant que l’autre journaliste, Mobutu, écrivait dans le journal « Avenir » ? Qui était alors communiste ? D’autre part les congressistes américains étaient très étonnés de constater que le Président de l’UDPS était shabien et qu’il y avait parmi les fondateurs les originaires d’autres régions du Zaïre et non pas seulement les baluba du Kasai.

Dans le hall de l’hôtel Intercontinental, les combattants de l’UDPS avaient étalées des banderoles qui réclamaient la démocratie au Zaïre. La garde présidentielle ne voyant pas cela sous un bon œil se mit à les traquer. Le directeur du bureau d’étude Bossassi avait été arrêté dans les ascenseurs et les documents qu’il détenait avaient été arrachés.

A la sortie de l’hôtel Intercontinental les fondateurs furent agressés. La voiture Mercedes de Birindwa fut endommagée et la carcasse transportée dans la cour de l’AND située sur l’avenue 3 Z à Gombe afin qu’elle ne soit pas photographiéé ou filmée pendant que lui-même se retrouva agonisant dans le cachot du camp Tshatshi en compagnie de Lusanga. En effet, conduis aussi à l’AND, celle-ci n’avait pas accepté de les garder chez-elle.

 

Protais Lumbu7

 

Les fondateurs Tshisekedi, Kibassa et Kapita reçurent aussi des coups de matraques et des cordelettes.

Il avait fallu l’intervention du Département d’Etat américain mis rapidement au courant de la situation, étant donné qu’un congressiste noir avait été confondu et avait été maltraité, pour que la libération des leaders de l’UDPS intervienne la nuit même.

Reçus le lendemain par le Président Mobutu, les congressistes épinglèrent cet incident et ne quittèrent le pays qu’après s’être rassurés de la santé des leaders de l’UDPS qu’ils avaient reçus de nouveau.

Témoins privilégiés de la violation par le Zaïre des droits de l’homme, les congressistes parmi lesquels se trouvaient monsieur WOLPY et le sénateur SOLARTZ devinrent des véritables ambassadeurs de l’UDPS.

Si les fondateurs parlementaires de l’UDPS avaient été tous libérés, il n’en avait pas été de même de fondateurs non parlementaires, des cadres et combattants. Ainsi le fondateur Bossassi avait continué à être détenu à l’AND/Gombe.

 

Comme en 1982 après la résidence surveillée de 1981, plusieurs manifestations avaient été organisées en faveur de certains collègues par leurs parents, connaissances ou sympathisants et j’y avais été invité. Invité à mon tour par Odéric Nyembo et la Mifa représentée par Modeste MWEHU MAHUNDU et Félicien KITUNGWA (mutuelle familiale des jeunes hemba), j’acceptai d’y répondre sous condition d’être accompagné par mes collègues fondateurs. La Mifa n’ayant trouvé d’incovénient, me reçut avec certains de mes collègues tels que Kibassa et Tshisekedi qui étaient habillés en costume avec cravate, à la résidence de Justin SANGO, située à la zone de Kintambo.

Du côté de la famille, le docteur Nyembo et son épouse Christine nous avaient invités à dîner à leur résidence située au camp Mimosa à Ngaliema pendant que mamans Feza et Euphrose nous avaient apportés des cadeaux.

Je n’avais pas traîné encore chez Nicostrate et rejoignis la maison que le fondateur Anaclet Makanda avait mise à ma disposition sur le numéro 263 de l’avenue Lufira à Lemba-Foire.

Mon empressement se justifiait par les bruits qui me parvenaient selon lesquels, les proches parents de Me Nyembo avaient peur de visites que me rendaient les fondateurs Tshisekedi, Kibassa, Makanda et autres cadres de l’UDPS qui pouvaient occasionner des difficultés à leur frère !  Ils se plaignaient du fait que j’étais mwina nyembo et que j’avais laissé tranquillement les autres Bena nyembo pour exposer Nicostrate.

A une fête, où je l’avais accompagné chez Ifutu, je fus humilié par Kalunga Zola pourtant un de mes collègues d’enfance au collège Saint François de Sales qui disait que s’il était Mobutu il allait me tuer alors que quelqu’un d’autre se mit à reprimander son épouse parce qu’elle m’avait salué.

D’autre part le fondateur Ngoy Moukendi avait commencé à envier la maison qui m’était proposée.

Le jour de mon déménagement, ma fille Tantine contemplait la lumière de la bougie dans notre nouvelle résidence lorsque les flammes attaquèrent sa robe et son corps avant que je n’intervienne en compagnie de Nico.

Mon appartement avait trois chambres et une salle de bain en haut. En bas, il y avait le salon, la cuisine, un bureau et une toilette.

Je recommençai la vie à Kinshasa étant donné que mes biens d’avant mon arrestation étaient soit pris par mon oncle et autres connaissances soit vendus. Il fallait acquérir d’urgence les matelas, les ustensils de la cuisine, une plaque, un frigo et un téléviseur.

Ma source de revenu par excellence fut une fois de plus le guest house de Kongolo. Ainsi, je me rendais régulièrement à la procure des missions à Sainte Anne pour entrer en communication avec Kongolo.

Mon salon reçut les meubles en provenance d’une de mes vieilles connaissances et ami d’enfance, le citoyen Mwenge Mulaya.

J’inscrivis mes enfants Baby et Maman à l’école Malula respectivement en 2è et en 1 ère, grâce au concours des jeunes cadres, membres du bureau d’études de l’UDPS qu’étaient entre autres les Omer KAMBA, MULAJA Matthieu et KANKONDE Gilbert.

Pour aller à l’école le matin, leur maman les faisait traverser la route et autant elle allait les chercher à midi de l’autre côté de la route.

Quant à mon petit frère Martin, avec le concours du Commissaie du Peuple Nyembo Kakazi, il prit son inscription à une école kimbanguiste de Matete appelée  “ Institut Ngilima. ”  

 

Mon père m’écrivit une lettre dans laquelle, il me demanda les raisons pour lesquelles j’étais venu avec Martin à Kinshasa. Il insinua même que c’est peut être pour qu’il me serve comme domestique. Je lui répondis fermement que sa manière de s’ingérer entre moi et mon petit frère n’était pas de nature à solidifier nos liens dans la famille mais plutôt de les affaiblir.

Martin connut régulièrement des problèmes avec ses enseignants ou des autorités religieuses. Des sanctions allant jusqu’au renvoi lui furent signifiées. Il se mit à sortir régulièrement la nuit pour boire principalement à Matonge dans le bar Mayaza en compagnie de Jean Mali ya Butoto qui était venu de Kongolo dans le cadre de son commerce et qui logeait chez nous.

 Mon voisin de gauche avait un projecteur qui effrayait beaucoup certains de mes visiteurs qui prétendaient qu’il y avait une caméra qui filmait tous ceux qui entraient chez moi.

 

Chapitre 14. De mon intimidation par le pouvoir,

 

Après avoir un soir rendu visite au fondateur Etienne Tshisekedi à sa résidence du boulevard de 30 juin, j’avais traversé cette avenue et me dirigeai vers l’avenue du 24 novembre losque je me fis interpeller par une personne qui avait un talky walkie dans ses mains, signe en ce moment d’être un agent de sécurité.

Ayant refusé de répondre à son appel et préoccupé à trouver une voiture taxi à la station proche de la Fina, je vis s’arrêter près de moi un véhicule Kombi duquel surgirent des malabars qui se saisirent de moi pendant que d’une voiture  quelqu’un donnait l’ordre qu’on m’amène sans me brutaliser.

Transporté dans l’enceinte de la parcelle de l’AND/avenue de la Justice, j’avais été reçu dans le bureau de quelqu’un qu’on appelait 05 et fus fouillé. Les documents qui se trouvaient dans ma mallette furent saisis dont une lettre adressée au Président Mobutu par les fondateurs qui  n’avait pas encore été remise. J’avais apporté cette lettre auprès du citoyen Tshisekedi sur ordre du Président Kibassa pour avoir son avis sur l’importance ou non de l’expédier après ce qui venait de se passer à l’occasion du passage des congressistes américains.

Cette lettre n’avait pas été expédiée à son temps malgré le fait que plusieurs fondateurs dont le doyen Ngalula en avait été rassurés.  Le temps s’était encore plus écoulé parce qu’elle avait été emportée par le fondateur Kyungu à Lubumbashi, le soir de la bastonnade de quelques fondateurs, cadres et combattants de l’UDPS à l’hôtel intercontinental.

Interrogé jusqu’au-delà de minuit, l’inspecteur FAN fut chargé de me remettre à la maison et de me reprendre le matin.  Nous longions l’avenue des Sports presque en face de l’immeuble de Fezafa lorsque d’une voiture venant dans le sens opposé, deux grands bruits semblables à ceux de coup de feu se firent entendre. L’inspecteur arrêta sa voiture pour constater les dégâts.

Ce n’était pas un accident de voiture, ça devait être quelqu’un qui avait tiré sur nous.

Pour moi, le Pouvoir voulait m’assassiner ! L’inspecteur pensait quant à lui que j’avais alerté les gens de mon groupe qui avaient tenté de me soustraire.

Placé dans une pièce à la guérite, j’y suis resté jusque le lendemain sans être entendu. Je me rendis compte que j’étais placé en détention lorsqu’il me fut demandé d’adresser un mot à ma famille pour demander le trousseau et les repas.

Conduit un jour à ma résidence pour participer à la perquisition, plusieurs de mes ouvrages furent saisis dont celui de “ Mein KEMPT.” 

Un autre jour, je fus extrait de mon cachot pour être amené à l’AND/avenue 3 Z où je passais toute la journée devant le bureau du lieutenant chef de poste avec mon matelas et mon trousseau et ne fus remis à l’AND/avenue de la Justice que la nuit.

J’appris par après que mon collègue Makanda avait été interné ce jour là dans mon cachot mais fut par après libéré. Il avait été  aussi intercepté à la sortie de la résidence du citoyen Tshisekedi.

Une fois par semaine, je fus autorisé de recevoir de la visite. Je m’entretenais avec mes visiteurs dont mon épouse devant l’inspecteur au quartier général de l’AND sur l’avenue de trois Z. Annic Kibassa vint un jour avec mon épouse. Elle reçut de l’inspecteur une chaise avec laquelle elle fut une chute  alors qu’elle était à terme. Quelques jours après elle fit une fausse couche.

 Mes collègues s’étaient tous mobilisés pour réclamer ma libération. Ils menacaient de se constituer prisonniers. Ils avaient encadré mon épouse. Le Président Kibassa et son épouse l’avaient un jour accompagné avec de la nourriture. Le fondateur Tshisekedi et son épouse l’avaient prié de passer prendre de temps à autre mon repas à leur maison.

De mon cachot, je voyais comment les dimanches des fortes mobilisations des indicateurs étaient organisées. La mission était d’aller dans les églises entendre les sermons des prêtres et aussi pourchasser tous ceux qui dans leurs réunions soutenaient le deuxième parti.

L’Administrateur Général de l’AND, Jacques Atenda me reçut enfin dans son bureau de 3 Z. Après m’avoir menacé avec mon groupe en disant qu’avant que les américains n’interviennent en notre faveur, si le pouvoir voudrait nous faire du mal, il l’aurait fait déjà, il me dit que j’étais libéré,.

L’inspecteur FAN me recommanda de me présenter deux fois par semaine à son bureau. Je le fis deux fois et me plaignis des frais que cela m’occasionnait. Gentillement il mit à ma disposition de l’argent de transport.

Je demandai que les livres et documents saisis à ma résidence me soient restitués. L’inspecteur promit de le faire chaque fois à ma prochaine visite. Je mis un terme à toutes ces visites pour éviter de me faire distraire.

 Un soir je reçus chez moi mes collègues Edmond Ngoy et Paul Kapita qui vinrent me rendre visite en compagnie du citoyen BOLAMBA, représentant de NZIMBI, patron de la Brigade spéciale présidentielle.

Mon étonnement qui était grand se changea en énervement lorsqu’ils me mirent au courant de l’objet de leur visite.

“ Le pouvoir se préparait à nous frapper ” me disaient-ils. “ Il ne nous est plus permis de nous réunir et il est question qu’un hélicoptère nous prenne à l’endroit où nous nous réunirions pour nous amener directement dans une prison.”

Mes collègues me demandèrent de signer avec eux une lettre dans laquelle nous allions nous dissocier du groupe Ngalula, Tshisekedi, Makanda et Kibassa, car selon eux, ceux-ci se sont déjà préparés à quitter le pays et qu’au moment venu, ils se sauveraient pendant que nous autres nous subirons la rigueur de la loi.

Lorsque Bolamba se mit aussi à prononcer des mots intimidants pour acquérir mon adhésion à leur projet, je les invitai de quitter chez moi parce que plus rien ne nous unissait. Ils s’en allèrent mécontents.

 Nous étions encore quelques fondateurs dont  Tshisekedi, Ngalula, Kibassa, Makanda, Kanana et moi-même Lumbu qui nous réunissions régulièrement à la résidence du Président Kibassa. J’informai mes collègues sur les nouvelles intimidations dont j’avais été victime. Nous ne nous émûmes pas outre mesure mais avions regretté de la manière dont notre collègue Kapita paniquait à chaque occasion. A la veille de la signature de la lettre de création du 2è parti, n’avait-il pas trouvé la famille Makanda en l’absence de ce dernier pour donner l’information d’une éventuelle arrestation à telle enseigne que ce dernier trouva tout un deuil à sa maison ?

Au procès de l’Assanef, alors que les fondateurs refusaient d’entrer dans la salle, lui Kapita ne s’y était-il pas introduit pour répondre présent à l’appel de son nom, croyant que son cas allait être dissocié  à celui du groupe ?

Peu avant cela, le collègue Biringanine n’était-il pas venu nous dire à la prison que de sources sûres, il avait appris que Kapita s’apprêtait d’aller en exil ? Raison pour laquelle lui-même Biringanine pris de panique s’exila le premier ?

Le doyen Ngalula avait exprimé son étonnement et exigé les explications qu’il avait obtenues au sujet de la lettre qui avait été saisie lors de mon arrestation alors qu’il avait eu des assurances que cette lettre avait été remise au Président Mobutu.

 L’organisation du parti à l’intérieur et à l’extérieur du pays meublait nos entretiens. Si à l’intérieur, nous recevions nos différents cadres capables de s’occuper du parti pendant nos emprisonnements, il n’était pas encore pareil à Kinshasa. Nous nous attardâmes sur le cas de la ville de Kinshasa que nous confiâmes à des gens dynamiques sous la présidence du citoyen KIBONGO, originaire de Bandundu et BIJANU, originaire du Kasaï Oriental.

Nous regrettions aussi de l’absence prolongée du collègue Dia aux réunions du parti tout en ayant appris que de sa sortie de la prison à Buluo, le Gouverneur du Shaba, le citoyen Mandungu l’avait pris en charge et s’était organisé avec le pouvoir pour le faire voyager en Europe à la recherche du citoyen Mungul Diaka.

A l’extérieur, le professeur Dikonda, Représentant de l’UDPS continuait à vulgariser les actions du parti. Il s’était déjà émancipé de Marie Claire Ngalula, de Mungul Diaka et de Jean Nguz qui l’avaient suffisamment encadré à ses débuts. Il nous avait appris que l’UDPS était membre d’un cartel dirigé par Nguz et où se trouvait aussi le parti de Kabila Laurent … 

Mungul Diaka ayant voulu aussi se trouver à la présidence mais sans succès, s’était désolidarisé et oeuvrait pour son retour à Kinshasa.

Nous avions aussi à cette période admis que le citoyen Corneille MULUMBA, assiste le professeur Dikonda dans les activités du parti. Corneille écrivait très régulièrement au Président Kibassa pour mettre les fondateurs au courant de l’évolution des activités du parti de telle sorte qu’il avait arraché la confiance du collège des fondateurs.

Unanimement nous reconnaissions depuis la création du parti la qualité de Président au fondateur Kibassa, celle du vice Président d’office au doyen Ngalula tandis que les relations extérieures, l’organisation, l’information et la justice, les finances, la jeunesse et la présidence du Shaba revenaient respectivement aux fondateurs Makanda, Tshisekedi, moi-même Lumbu,  Lusanga, Kanana et Kyungu.

 

A cours d’une réunion, nous abordâmes le problème de nos relations avec le citoyn Nguz qui se disait être un tronc et l’UDPS les branches. Le président Kibassa détenait un livre que Nguz venait de publier dont le titre était “ Mobutu, incarnation du mal.”  Je pris ce livre pour aller continuer ma lecture chez moi.

De la résidence du président Kibassa à la mienne, je me déplacais souvent à pieds et ce fut le cas ce soir là.

 

Chapitre 15. De mon assignation à  residence à Kayanza via Lubumbashi/ cachot de l’AND et cité GCM et  Kongolo,

 

Après avoir reçu quelques visiteurs à l’extérieur, j’entrai dans la maison pour mieux lire à l’abri des regards suspects le livre que j’avais amené. Connaissant ma parcelle surveillée, j’étais très méfiant et suspectais mes voisins tout comme le coke du bateau qui se trouvait dans la voie publique devant ma parcelle comme un endroit pouvant abriter les indicateurs.

La nuit vers deux heures du matin, j’entendis un bruit en provenance de la chambre qu’occupait mon visiteur Jean Mali ya Butoto. Celui-ci dialoguait avec quelques personnes qui se trouvaient sur la voie publique et qui lui demandaient d’ouvrir la grille.

Trouvant cela bizarre, je pris le livre et le cachai, car pour moi, les indicateurs du pouvoir devraient être informés de la présence de ce livre chez moi et qu’ils voulaient de nouveau m’arrêter.

A peine que j’étais rentré dans ma chambre, les soldats sautèrent de la clôture de la parcelle au balcon de la porte de ma chambre à l’étage qu’ils se mirent à forcer. Je criais à tue tête pour alerter le quartier, que j’étais agressé par les bandits. Je demandai à ma famille de faire autant. Les soldats envahirent mes chambres qu’ils se mirent à perquisitionner avant de me demander de descendre au salon avec toute ma famille.

Mon visiteur, Jean Mali ya Butoto, qui avait déjà acheté ses marchandises et n’attendait que le vol d’avion pour Kindu se fit spécialement agresser.  Pris de panique, il remit diverses marchandises aux soldats qui les plaçaient directement chez mes voisins.

En outre, les soldats se mirent à vider le congélateur dans lequel se trouvait de la boisson que mon épouse vendait, mais aussi des poulets et poissons appartenant à mon voisin Mwenge Mulaya Célestin.

Devenus ivres, les soldats se mirent à tabasser Jean Mali Ya Butoto et Martin et m’empêchèrent de me déplacer hors du salon. Je n’avais plus droit d’écouter la radio ou de voir la télévision. Toute personne qui entrait chez moi était aussi retenue et maltraitée. Il en avait été ainsi même de la citoyenne Commissaire de zone de Lemba, venue s’enquérir de la situation qui se passait à ma maison.

Excédé, je demandai aux militaires de m’exhiber les ordres de mission leur permettant de me réserver un tel traitement. Je menaçais de me plaindre auprès de leurs chefs pour tous les vols qu’ils venaient d’opérer dans ma maison.

L’épouse du collègue Lusanga, Marie Nkongolo, l’épouse de mon oncle Prosper venue visiter ses enfants, le photographe de Kalemie Mecho Haya, Mateso, Nicolas le fils de ma tante Suzane, Jacques Kilongozi, Astuke et même Jean Mali ya Butoto ne quittèrent ma parcelle qu’après avoir donné de l’argent aux soldats !

Je refusai à Jean Mali ya Butoto de prendre sa valise de peur que les soldats ne la vident. Je me chargeai de la lui apporter moi-même au village étant donné qu’il m’était apporté l’information selon laquelle, j’allais être relégué dans mon village.

Après trois jours de siège de ma résidence par les soldats de la garde présidentielle, mes enfants furent amenés à l’aéroport de Ndjili pour prendre le Boeing se rendant à Lubumbashi.

Je fis ce jour connaissance avec le citoyen Bossassi qui avait été amené à ma résidence. Il prit avec moi-même et mon épouse le véhicule qui nous conduisit à l’aéroport de Ndolo.

Avant de quitter Kinshasa, je fis parvenir une note à Mwenge Mulaya pour lui demander de prendre possession de ma résidence. L’épouse de mon oncle Prosper m’empêcha de partir avec ses enfants qui se trouvaient chez moi depuis l’arrestation à l’AND de son mari. Elle avait prétexté que mon oncle aurait encore plus de soucis dans son cachot s’il apprenait que ses enfants n’étaient plus à Kinshasa.

A l’aéroport de Ndolo, je vis le Président Kibassa et son épouse mais aussi le professeur Lihau.

Il fut demandé aux citoyens Lihau et Bossassi de prendre place abord d’un petit porteur pendant qu’avec mon épouse, mon bébé, le Président Kibassa et son épouse avions occupé l’autre petit porteur.

A la montée dans l’avion, mon épouse et celle de Kibassa se débrouillèrent pendant la fouille pour cacher le livre “ Mobutu, Incarnation du mal ”. Le frigo, quelques poulets, poissons et boissons que j’avais pris pour voyager avec ne furent pas embarqués dans l’avion ni remis à ma résidence.Il m’avait été dit qu’ils seraient transportés par le boeing mais ne nous rejoignirent plus jamais.

A notre arrivée à l’aéroport de Luano, le véhicule nous prit pour nous déposer au cachot de l’AND/Lubumbashi où nous fûmes rejoints par nos enfants. Le frigidaire et autres biens abandonnés à l’aéroport de Ndolo et qui devaient être expédiés par Boeing n’étaient pas là.

Le Commissaire Urbain Koyagialo nous rendit visite et promis le lendemain de s ‘occuper de notre voyage à la destination indiquée.

Le lendemain, les épouses de nos collègues Kyungu et Sambwa vinrent nous visiter et c’est en vain que nous attendions la visite de leurs maris.

Mes sœurs Elisabeth et Eudoxie et mes frères Faustin et Etienne vinrent aussi  me voir. Etienne fut interpellé par le Président Kibassa au sujet du dossier de ma maison de Kongolo pour lequel, je lui avais laissé de l’argent en août passé et qu’il n’avait pas envoyé des documents comme prévu !

Après une seconde nuit au cachot de l’AND/Lubumbashi, le Commissaire urbain Koyagialo me permit avec ma famille de rejoindre la résidence de ma sœur Elisabeth à la cité Gécamines « GCM » en attendant de voyager par train à Kongolo. Le fondateur Kibassa et sa famille restèrent à l’AND, d’où ils devraient prendre le véhicule qui les amenèrait à leur destination.

Officiellement logée à la résidence de ma sœur Elisabeth à la cité GCM, c’est pourtant à la résidence d’Eudoxie que ma famille passait ses nuits.

Le Commissaire urbain prit l’habitude de venir me visiter en compagnie du Commissaire de zone de Kenia, le citoyen Mastaki Nyembo ya Bazila Mpuku, qui était originaire de la même tribu que moi.

Je me rendis quelques jours après à l’AND et y trouvai encore le citoyen Kibassa avec sa famille toujours en train d’attendre le véhicule. D’autre part, moi-même et ma famille nous ne prîmes pas le train le jour programmé parce que nous n’avions pas reçu les titres de transport.

Je profitai de ce temps pour interroger Etienne sur le problème de ma maison de Kongolo.

Il me rassura qu’il allait continuer à poursuivre les démarches pour l’obtention du certificat d’enregistrement et m’offrit un mouton.

Je constatai cependant qu’il se posait un problème d’argent, le montant que je lui avais laissé pour ce faire avait dû été utilisé par lui à d’autres fins. Le problème  était prioritaire pour moi étant donné mon statut d’opposant. J’étais exposé aussi longtemps que je n’avais pas de certificat d’enregistrement à être déchu de mon attribution.

Du côté du pouvoir quelques tentatives de ma récupération furent entreprises par le citoyen Koyagialo. Il me demanda d’écrire une note au Président de la République pour qu’il me permette de rester à Lubumbashi au lieu de rejoindre mon village d’origine. Je ne répondis pas directement mais lui demandai de me laisser réfléchir pendant un temps et me rendis compte que je continuais à résider à Lubumbashi malgré les départs des trains à Kongolo.

Invité à l’hôtel de ville pour lui remettre la note me recommandée, je refusais de m’y rendre et lui fis parvenir l’information selon laquelle assigné à résidence à Kayanza, je ne voyais pas comment le Président Mobutu qui avait pris cette décision pouvait me demander de lui écrire pour rester à Lubumbashi. Cette réponse convainquit le Commissaire urbain Koyagialo à organiser mon voyage, mais hélas les émissaires qu’il avait envoyés tôt le matin pour m’annoncer la nouvelle de mon départ trouvèrent les cadenas aux portes de la maison d’Elisabeth et crurent à mon éventuelle fuite.

L’alerte pour me rechercher fut donnée et le Commissaire de zone Mastaki réputé pour ces genres des missions prit toutes ces précautions. Quelle ne fut sa satisfaction lorsqu’il se rendit compte que je n’avais pas quitté Lubumbashi pour m’enfuir mais plutôt que je dormais à proximité dans une résidence autre que celle qu’ils connaissaient !

Embarqué avec ma famille et mon escorte composée de deux gendarmes en 3è classe du train ordinaire reliant Lubumbashi à Kindu, j’eus l’occasion de trouver à la gare de Likasi ma petite sœur Marie, son époux, leurs enfants mais aussi le citoyen Kitenge bin Makengo, cofondateur de l’UDPS. Mon entretien avec eux était suivi non seulement par les gendarmes mais aussi par les indicateurs de la police politique chargés.

Parmi les cadres de la SNCZ, j’aperçus mon ami d’enfance du collège Saint François de Sales, Zacharie Kambulu. Il me visitait de temps à autre chez mon oncle Ilonda au Bel air lors de mon bannissement à Lubumbashi en 1981. Zacharie me dit qu’il avait demandé au personnel du restaurant abord du train de me servir chaque fois que j’aurais besoin de quelque chose et cela à ses frais. Je ne le vis plus au-delà de Likasi et n’obtins aucun service du restaurant.

A la gare de Kamina, je rencontrai mon grand frère Athanase avec lequel je m’entretins aussi malgré la présence à proximité du Responsable de l’AND du lieu. J’appris après qu’il l’avait interpellé dès le départ du train.

Le train atteignit enfin Kongolo au début du mois de décembre 1983. Je partis m’installer chez Jean Mali ya Butoto à qui je remis directement sa valise remplie des articles de traite que je lui avais gardée à Kinshasa.

Les militaires qui m’avaient escorté entrèrent en contact avec les autorités de Kongolo. Je posai le problème des frais de loyers non honorés des chambres de mon guest house qui étaient occupées par le citoyen Yuma, le responsable de l’AND du lieu.

J’exigeai son déguerpissement avant de quitter Kongolo. Le Commissaire de zone Mupatshi wa Kambol usa de toute son autorité pour le convaincre à  déguerpir.

Je profitais aussi de ma présence à Kongolo pour charger le gérant Ilunga Mukubo d’effectuer un voyage à Lubumbashi en vue d’apporter de l’argent à  Etienne pour qui traînait à régler le cas du certificat d’enregistrement.

Mon petit frère Lumbu Maloba Kichwanyoka resta à Kongolo pour continuer ses études et gérer le guest house pendant l’absence du gérant.

Le Commissaire de zone de Kongolo instruisit à mon escorte de Lubumbashi de rester à Kongolo et prit avec lui les gendarmes de la zone pour m’accompagner à ma destination.

Le véhicule s’arrêta à Mbulula d’abord à la résidence de mes parents où je rencontrai mon père, ma mère, mes frères et la famille de papa Sixte.

Informés de mon passage pour Kayanza où je devais être banni. Il n’en était pas question pour mes parents “ Comme la décision était celle de rentrer chez ses parents, c’est auprès d’eux que je devais rester et non à Kayanza où ils n’y vivaient pas,”repetaient-ils.

Le Commissaire de zone insista. Je dis à mes parents de ne pas trop s’inquiéter et de me laisser partir. Ma mère décida de m’accompagner. Le véhicule nous conduisit à la maison du chef de collectivité ad intérim, le citoyen MAFUTA à qui le le chef de zone pria de prendre place abord du véhicule pour partir ensemble à Kayanza.

 

Chapitre 16. Ma vie quotidienne à Kayanza.

 

Mon séjour forcé dans mon village d’origine de Kayanza avait été caractérisé par mon logement dans la maison de Muyumba Adrien, l’accueil remarquable par les différentes familles du village, les fêtes de Noêl 1983 et de nouvel an 1984, l’adaptation difficile de mes enfants dans ce milieu rural, les travaux de champs, la construction de notre propre maison, la violation de nos droits aux soins médicaux, mes visites dans le village et l’accueil de mes visiteurs, les fêtes de Noêl 1984 et de nouvel an 1985, mon occupation de ma nouvelle maison, l’incident avec ma mère au sujet de l’affaire Martin contre Buya, le baptême et la première communion des enfants et efin mon apport dans la réorganisation d football.

En effet, arrivés à Kayanza, le véhicule s’arrêta devant la maison du chef de localité, le citoyen MUKALAMUSI à qu’il fut aussi demandé de monter dans le véhicule  pour le quartier des Bagana Mbele, où, il s’arrêta devant la maison de citoyen KALUNGA Simon, le chef de la famille élargie, surnommé MBUNDU KABANGILA.

S’adressant à lui, le citoyen MUPATSH lui informa qu’il m’avait ramené à Kayanza avec ma famille sur recommandation des hautes autorités de Kinshasa.

Ordre fut donné aux jeunes du quartier de retirer mes malles du véhicule pour  les entreposer dans la maison que la famille Mbundu m’avait attribuée et dans laquelle, j’avais occupé trois de quatre pièces, la quatrième avec porte donnant à l’extérieur étant restée à la disposition du jeune propriétaire de la maison, le citoyen MUYUMBA Adrien, marié et père d’un bébé.

La famille Mbundu telle que je l’avais trouvée était composée des enfants de KAHINGA plus précisément de Simon Kalunga, le chef en exercice, ses petits frères Mwehu et Kahozi, des enfants de ses frères décedés MBUNDU MWEMEDI à qu’il avait succédé et Sunzu, de sa sœur Nyota, de Kachoma et Ilonda fils de MBUNDU LUKONZOLA qui avait succédé à MBUNDU PILIPILI LUMBU et avait précédé Mbundu Mwemeli, des enfants de NYEMBO ya MUTEBA, qu’étaient Félix, Chalo Chupa et Ngeleza, de l’enfant de LUSONI, Faustin Ambogobogo et de l’enfant d’ABULU MBWIZYA, Tengeneza.

 Mwehu et Kahozi vivaient avec leur maman répondant au nom de Muswa Bandu tandis que l’épouse de Mbundu qui s’appelait Chungu ya Mbwizya Makili était avec sa maman répondant au nom de Ngeleya. La sœur jumelle de mama Tchungu qui habitait à Mazyombo et sa petite sœur Kiuna  mère de Maangaiko Kipete qui résidait aussi à Kayanza venaient régulièrement visiter leur maman Ngeleya.  Sous le toit  de Simon et Chungu vivaient aussi leur fille Salima, mariée à Ilunga Mwenge dont le mari était en voyage depuis des années et ses enfants, leurs enfants en bas âge dont Jeunesse et  Munyanya, l’enfant du feu Mwalimu Seba, petit frère de mama Chungu.

 Fidèle Sangwa Kahinga et Pacifique Yogo étaient les enfants mariés respectivement à Sido et…… Papa Mwehu avait son épouse qui s’appelait Bimuloko Muneme. Ses enfants Godefroid Pataule surnommé Kapipi, Michel Bulongomoto et Muyumba Adrien étaient mariés respectivement à Tupende, Christine et Agathé. Ils avaient encore sous leur toit les enfants mineurs Bienvenu et Olivier.

Papa Kahozi avait son épouse répondant au nom de Tubyangalie. Ses enfants majeurs Jamais et Kamulete étaient mariés respectivement à Sikuzani et à Twikaze tandis que Mashauri, Taratibu et leur sœur Maganga encore mineurs vivaient sous son toit. Sa fille Amnaso était mariée à Ramazani de la famille de Bagana Kitungwa toujours à Kayanza

Les enfants de frères décedés de Mbundu étaient  Léandre Nyembo Kanyunya, marié à Tupende Chantal ; fils de Mwemeli, fils aîné de Kahinga. C’est lui qui exerçait le rôle administratif de Mbundu. Mbayo Espérance, Bienfait, Kichele et Nyota mariés respectivement à Tubiache,…. , Musangu et Kahenga étaient les fils majeurs de Sunzu, fils cadet de Kahinga. Leur mama Nzaina auprès de laquelle étaient les enfants mineurs Sagali et Lumbu ha entre les maisons de papa Chalo et papa Félixbitait. Il y avait aussi dans le quartier Nyota, la fille de Kahinga et Abezya, grande sœur de Sunzu, demi-sœur de Mbundu en exercice et mère de Roger fils de Katanda Ngoy.

Kachoma, père de Romain Sheria était marié à Nzaina, mère d’Elize et Mbundu. Il était fils de Mutondo Bongo, frère de Mbundu Lukonzola, tandis que  Kilonda était le fils de Lumbu Kilikili Kitambala, le petit frère de Mbundu Lukonzola décedé à la même période avec Mbundu Mwemeli et enterré à Magunda près de Bigobo.

Félix, marié à Faila vivait avec ses enfants Fransisca, Benezeth, Prosper, Sidonie, Benoît, Donat Lumbu Pilipili, Jean. Chalo mariée à Faila vivaient avec ses filles jumelles Kaya et Chungu et leur fils Kayumba tandis que Ngelezya n’avait ni femme ni enfant et se distinguait par le port de culotte. Faustin Ambogobogo avait grandi sous la garde de Lusoni, père de Norbert Kiteba, son papa biologique s’appelait……

Tengeneza, l’enfant d’Abulu Mbuizya était marié à Salima et Sumbukeni. Olivier, Martin et Emerance étaint leurs enfants. Kalunga Mbundu veillait aussi sur Apendaki, la maman de Kahozi- a- Mulonda alis capabule et Kitumaini le mari de Siyaona, fils de Mbuya ya Kilamb, le muzila nyoka ayant ses palmiers à Ifufu mais proche parent de Kahinga.  

Toute la famille Mbundu m’avait accueilli dans la joie et m’entoura de tous les soins possibles, pendant mes premiers jours de séjour à Kayanza ils m’apportaient les produits de leurs champs.

Mon épouse étant aussi originaire de Kayanza, sa famille de Kilumba dont Honoré Kilonda était le grand frère de son papa veilla sur nous. Notre arrivée à Kayanza fut précédée de près, du décès de son grand-père paternel Sindano Kayumba.

Tout le village était sensible à notre sort. Nous reçûmes beaucoup de visites d’autres familles de Kayanza venues nous encourager ! Il avait été ainsi de la famille Tuliwa, dirigée par l’enseignant pensionné Philippe Nyembo, des enfants Tchubula qu’étaient Bonaventure Mabenga, Zacharie Ndambwe et Amedée Sakania, tout comme tant d’autres.

Je fis inscrire mes enfants Baby et Maman à l’école du village. J’avais tenté de m’occuper personnellement de Baby à qui je complétais la formation avec les livres de l’école Malula.

L’enseignement au village étant dispensé en kiswhili alors que la vie commune se fait en langue kinanyembo, mes enfants connurent des difficultés énormes d’adaptation.

Il m’arrivait de m’énerver et à me mettre à taper Baby. Papa Mwehu venait intervenir et me demandait si mon père me tapait autant pour les raisons d’études. Baby pleurait aussi beaucoup quand sa maman lui enlevait les chiques innombrables à ses orteils.

Ma fille, maman, au lieu de se trouver en classe, faisait souvent l’école buissonnière avec les autres enfants de son âge non scolarisés.

Il m’arrivait de la voir venir avec les feuilles de manioc à la tête alors que je pensais qu’elle était à l’école ! Que des frissons n’avais-je eu lorsqu’un jour, une de ses collègues fut mordue par un serpent alors qu’elle cueillait les feuilles de manioc.

Toutes mes interventions pour l’en empêcher étaient cependant vaines parce qu’au village, il m’était difficile d’influer moi-même sur mes enfants qui vivaient sous l’influence de tout le groupe et de tout le monde.

La journée de droits de l’homme, j’avais adressé une note à l’amnesty international et à la fédération internationale des droits de l’homme pour dénoncer les conditions dans lesquelles le pouvoir m’avait placé avec mon épuse et mes enfants.

A l’occasion des fêtes de Noêl 1983 et nouvel an 1984, je participai en famille élargie aux repas et boissons et plus particulièrement le jour de bonne année, je partageai la viande de mouton que j’avais fait égorger, avec ma famille celle de mon épouse et celle de mon grand père maternel qui se trouvait à Kalwamba, à près de Cinq kilomètres de Kayanza. Mon épouse se chargea elle-même le matin de cette journée d’apporter ces cadeaux en se servant du vélo que nous venions de nous procurer.

J’avais mangé ce jour avec les autres membres de la famille autour de Mbundu et puis nous nous mîmes à prendre le lumay may dans la maison de Munyanya.

Dans la grande joie, les différents groupes du village passèrent exprimer leur joie et réclamer la bonne année. De temps à autre  il pleuvait mais la pluie et la boue n’empêchèrent pas la fête.

Alors que je m’étais retiré à un moment dans ma case, j’entendis d’abord des chansons puis un grand bruit à la case de Mbundu. Curieux, je sortis et vis la citoyenne Séraphine Ngunda qui tentait de renverser Kichele.  Les deux étaient complètement couverts de la boue ! Oui, ils fêtaient la bonne année de leur manière.

Dès après le nouvel an 1984, je me décidai à mes donner aux travaux des champs et de construire une habitation personnelle.

Pour cela j’avais acheté un champ de maïs auprès de citoyen Metraque. Il avait été question de récolter ce maïs et l’amener à la maison. Nous fûmes appel au concours de la famille puis des écoles primaire et secondaire et finalement avec mon épouse, nous nous mêlâmes à ce travail pour le parachever.

En dehors de ce champ de maïs, nous fîmes cultiver un autre champ dans lequel nous plantâmes les arachides.

Nous avions bien voulu avoir des vastes champs mais hélas, tous ceux qui venaient travailler moyennant un paiement étaient objet de raillerie. Partout les gens les considéraient comme nos travailleurs. Tout ce qu’ils achètaient était considéré comme résultant de l’argent gagné chez nous, ce qui les découragait.

Nous nous décidâmes à sarcler nous-mêmes notre champ d’arachides. Tôt le matin, mon épouse habillée en super wax mettait notre bébé Victoire au dos et portait un bassin à la tête. Je m’habillais moi-même en bleu jeans et nous nous rendions à notre champ dans la plaine de Kihonga. La rosée avait vite déchiré nos habits. Mon épouse mettait le bébé dans le bassin et ensemble nous sarclions notre champ d’arachides. A un moment de la journée, beaucoup d’insectes nous envahissaient mais surtout le soleil nous invitait à recourir vers le bidon d’eau.

L’eau était chaude comme le bidon lui-même et n’étanchait pas notre soif !

Avant de retourner au village, mon épouse rassemblait le bois et cueillait les feuilles de manioc qu’elle portait dans son bassin. De temps à autre, nous nous arrêtions pour nous reposer et extenués nous regagnions notre case.

Pendant que je commençai mon repos, mon épouse se débattait pour préparer à manger et au cas où elle n’avait pas d’eau c’est en ce moment qu’elle allait d’abord à la rivière ! Quelle corvée, la vie du village !

De temps à autre certaines filles des environs nous aidaient. Il en avait été ainsi de Bonve ou de Mbombo qui berçaient l’enfant, pilaient le maïs ou le sombe et puisaient de l’eau. Il nous est arrivé aussi de prendre en service des filles telles que Kaya, Kyungu, Clotilde et enfin une fille de papa Tengeneza qui s’appelait Emérence.

En dehors des travaux des champs, nous nous décidâmes aussi de construire une maison. Le concours de la population de notre village avait été appréciable.

Je choisis comme emplacement, le lieu où mon grand-père Lumbu Pilipili Bwana Muyenga avait sa maison et où d’ailleurs la maison de mon père venait à peine de s’écrouler. Ce lieu était progressivement occupé par la famille Tulilwa dont  les enfants de papa Philippe, papa Casmir et papa Théophile étaient à la recherche de l’espace.  Pour que Kichele y construise sa maison, il avait fallu que toute la famille Mbundu convainque la famille Tulilwa.  Il n’en était pas ainsi pour moi car la famille Tulilwa me facilita cette occupation.

La fabrication des briques pendant la saison des pluies ne fut pas aisée. Alors que les élèves de l’école primaire fabriquaient des briques le matin, les pluies des après midi en détruisaient près de la moitié.

Ayant commencé la construction et ne voulant pas arrêter les travaux à cause du manque des briques, je me mis à acheter les constructions inhabitées pour y récupérer les briques.

Les maçons du village, Fidèle Sangwa, Kumbi, Mamba, Emmanuel, Delphin et Philippe avaient été mobilisés pour ce travail.

Il arrivait que des fortes pluies détruisent les murs à peine élevés. Sans découragement, les maçons recommençaient le travail. Pour les motiver, il fallait toujours acheter pour eux, le vin du palme le matin et le lutuku les après midi.

Après l’élévation des murs, je fis venir de Kongolo les “ miama ”, troncs d’arbre du genre de famille des palmiers, pour la fabrication de la charpente. Travail que Philippe fit avec deux charpentiers de renom qui s’appelaient Théophile et Kineme. Il en avait été de même de tôlage.

Michel Bulongomoto s’était rendu à Nyunzu pour acheter les tôles. Il les déposa à Mbulula, étant donné qu’il n’y avait pas de véhicule pour les amener à Kayanza, la population se décida à se déplacer elle-même de Kayanza à Mbulula pour chercher ces tôles. Je garde encore en souvenir mon beau-père Munganga avec ses trois tôles.

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Philippe se chargea entièrement de placer les bétons de proprété. L’école primaire et certaines femmes du village rémunérées à cet effet se chargèrent de la recherche de la caillasse dans la rivière Kayanza. On chercha aussi du sable dans les champs pour le crépissage des murs. D’abord celles qui se donnaient à ce travail avaient peur des critiques, mais après nous eûmes difficile à faire entendre à Marie Luvunga et ses collègues que nous n’avions plus besoin du sable.

Le Père Antoine qui avait besoin du sable pour ses constructions au couvent des sœurs en manqua à ce moment tout simplement parce que nous étions plus remunérateurs.

C’est à Mbumbuluila, de son vrai nom Mukalamusi que nous fûmes appel pour le travail de fabrication des portes, fenêtres et leur pose. Coleman de Lwenye fit des chaises et même des statuettes appelées “ Bihuna ” pendant que Georges Mambenga à qui nous avions confié le travail de fabrication des lits ne s’en sortit pas comme il fallait. Nous achetâmes deux lits en fer auprès de Mbayo ya Ndakala. Il avait fallu toute une année pour achever les travaux et nous permettre l’occupation de la maison qui intervint peu après le nouvel an 1985.

En avril 1984, mon épouse regagna Kongolo avec les enfants pour les faire soigner pendant les vacances de Pâques.

Dès que la nouvelle de sa présence à Kongolo fut connue ! Le Commissaire de zone dépêcha une équipe des militaires pour la prendre avec ses enfants et les ramener à Kayanza.

Je me trouvais dans la maison, pendant que se déroulait la messe des Pâques à l’église. J’avais entendu le vrombissement du moteur d’un véhicule en provenance de l’église et vis mon épouse descendre de ce véhicule avec ses enfants pendant que les militaires l’entouraient.

Mon épouse me fit signe qu’elle était escortée par les militaires et que leur chef voulait me rencontrer. Je refusais de recevoir ce major.

Peu après la population chrétienne vida l’église et s’approcha de notre résidence pour contempler les militaires pour les uns et pour veiller sur notre sécurité pour les autres.

Le major tenta en vain de me rencontrer. Je n’avais aucune intention de m’entretenir avec lui alors que mon épouse était refoulée de Kongolo en violation à nos droits aux soins médicaux.

En juillet, notre le corps de notre bébé Victoire était couvert des symptômes de varicelle. J’envoyai mon épouse à Mbulula pour les soins médicaux. Sa famille l’ayant retenu à Kilumba, je décidai de la rejoindre et l’accompagner moi-même à Mbulula chez mes parents afin que de là elle se consacre aux soins médicaux à l’hôpital. C’est aux côtés des malades   qui faisaient la diarhée sanguinolante, qu’avaient été exposés mon épouse et l’enfant.

Ayant trouvé la citoyenne Véronique Mutumbe en congé chez ses parents, je profitai de ses connaissances en secrétariat pour la dactylographie de ma lettre de protestation que j’avais adressée aux organismes humanitaires sous le surnom de KIRONGOZI KOWINE.

Le Commissaire de zone ayant appris la nouvelle de mon séjour à Mbulula vint me rencontrer et me fit retourner Kayanza. Le chef de collectivité a.i. Bwanachui, Président du Conseil de collectivité eut la charge de me convoyer. Il était en compagnie de Nyembo Fernand, diplômé en sciences d’assainissement et Professeur à une Université de Rwanda. Originaire de la collectivité, il avait séjourné longtemps en Europe. Je m’entretiens avec lui de l’UDPS, sur son séjour en Europe et sur ses relations avec Jean Nguz Karl I-bond.

De Mbulula, mon père, son petit frère et ma mère étaient venus me rendre visite à plusieurs reprises. Mon grand-oncle maternel Mayani m’avait apporté une chèvre.

De Kalwamba, mes grands-parents maternels vinrent nous visiter en compagnie de l’oncle maternel Lukalanga Kibaya qui avait comme deuxième épouse, ma cousine Lalia, fille de Mbundu Kabangila.

De Zimba, nous reçûmes la visite d’Athanase et sa sœur. Ils étaient des petits enfants de Zimba Kibakuma, frère de ma grand-mère paternelle Mwayuma Mutowe Gwa Mugambwa et neveux de papa Tengeneza.

De Kiyombo, les tantes de mon épouse nous rendaient aussi visite. Nous avions vécu en un moment à la maison avec sa cousine Tufanyaye. Ses oncles Kaya et Katagwa et son cousin Matthieu passaient à la maison chaque fois qu’ils en avaient l’occasion.

D’Ambundu, je reçus la visite d’Adrien Mwanavita, alias “ Salongo ” avec lequel je passais en revue la situation politique, économique et sociale dans la partie de la collectivité de Nyembo où il vivait avec sa famille.

J’appris en juin 1984 qu’Agathe Mulimbi et Gabrieline Muzinga (épouse du collègue Kyungu) logeaient à mon guest house. Elles étaient venues participer à la campagne de maïs. Je les avais envoyé des salutations et au retour j’avais reçu en copie une note de Kyungu wa ku Mwanza adressée à Kibassa, note dans laquelle il le prenait à partie. Il se déclarait complètement indépendant et non capable de jouer le suiveur de qui que ce soit. J’appris ainsi qu’il séjournait aussi à Kongolo.

De Kongolo, Georges Lwamba vint me dire qu’il allait voyager au Rwanda avec sa famille tandis que Dieudonné Muyumba et Lipu Kanyoge me voyaient  chaque fois qu’ils veaient à Ilunga et Mazyombo.

 Martin venait me voir à la fin de chaque mois pour me faire le rapport des activités du guest house et répondre à mes demandes en argent ou fourniture quelconque. Souvent il atteignait Kayanza en état d’ébriété.

Après lui avoir adressé beaucoup des remarques sans qu’il n’ait changé de comportement, il fut remplacé à la gestion du guest house par Michel Bulongomoto peu après son retour de Lubumbashi. Son dernier voyage comme gérant fut celui pendant lequel il était venu avec quelques tôles dans le véhicule des prêtres en compagnie de Regina Mamy.

De temps à autre, je me déplacai  dans le village. Il m’arrivait ainsi de visiter la famille de mon épouse et plus particulièrement le papa Kilonda Honoré, le grand frère de son père,  celui-là même qui avait reçu ma dot et Emmanuel, l’enfant de Katuluzi dont ses filles Kusema et Kufwata venaient de temps à autre  aider mon épouse.

Dans la famille Kilumba, mon épouse est du groupe des Bagana Ayibi dirigé en ce moment là par Mutembezi. Les deux autres groupes sont les bagana makobo et bagana Ajeba dirigés respectivement par Kihongola et Musema Kweli.

En dehors de mon clan des Bagana Mbele et celui de mon épouse des Baganakilumba, je rendais visite aussi aux autres clans de Kayanza qui sont les Bazila nyoka de Tulilwa et de Chenge, les Bagangoy, les Bazilakoni et les Baganakitungwa.

Il était connu que je recevais beaucoup de gens à qui je faisais boire. Ainsi les personnes qui étaient très intéressées par la boisson improvisaient les visites chez moi.

Parfois, je me déplacai pour prendre le lutuku chez les Siaona de Mazuri ou de Kitumaini, chez la fille d’Agostino Sanduku, chez Monica, la fille de papa Kazyumba, chez maîtresse Safi, chez Biadunia de Lamulo, chez Désiré de papa Gaspard et chez Marcelline.

Après avoir beaucoup bu mon groupe se mettait à entonner les slogans de l’UDPS.

Peu avant les fêtes de fin d’année, je me décidai à occuper ma maison et libérer ainsi la maison de Muyumba. Malheureusement ce qu’allait devenir ma salle à manger n’avait pas encore ses fenêtres.  Impatient et surtout déterminé à vite occuper la maison, je dépêchais Sinatra à Mbulula  chez mes parents pour prendre deux tôles.

Ce dernier vint me faire le rapport qu’il lui était dit qu’il n’y avait pas de tôles. Pourtant lors de mon séjour du mois de juillet à Mbulula, j’avais vu ces tôles. Martin en justifiant certaines dépenses m’avait affirmé qu’elles avaient servi à acheter ces tôles.

J’écrivis à mon père pour lui dire que j’avais un besoin urgent de ces tôles. Il me répondit que je devais régler ce problème avec Joseph. Il faisait déjà noir quand je me décidai à rejoindre moi-même Mbulula. Le citoyen Nyembo Malengela, alias Sinatra m’accompagna.

Très indigné, je protestai auprès de mes parents pour leur manque d’emprise sur leurs enfants. Joseph continua à résister en me disant que les tôles ne m’appartenaient pas.

Notre discussion devenait de plus en plus chaude. Papa Sixte et maman Valériane tentèrent en vain de nous calmer. Mon frère cadet Sixte ayant soutenu Joseph, je me mis à le chasser alors que ma mère prenait sa défense. L’atmosphère était totalement confuse. Furieux, j’entrai dans la maison et pris moi-même deux tôles que je tendis à Sinatra qui apparemment ne voulait pas s’ingérer dans les problèmes de ma famille.

Maman Valériane m’accompagna jusqu’à la route de Kayanza. Je vis Joseph nous suivre. Il nous aida à pousser le vélo et nous souhaita bonne route. Plus loin nous marchâmes côte à côte avec Sinatra qui poussait le vélo jusqu’à Ndubula Ilunga où très fatigués, nous nous arrêtâmes pour nous reposer avant d’atteindre Kayanza dans la nuit profonde.

Après la pose de ces tôles aux fenêtres j’occupai la maison dès après sa bénédiction. Mon grand-père maternel vint de Kalwamba expressément pour visiter la nouvelle maison.

Alors que j’avais déjà écarté mon petit frère Martin de la gestion du guest house pour la confier à Michel Bulongomoto un incident au sujet de Buya, la cousine de mon épouse éclata.

Buya était la fille de mon beau-père Munganga. S’étant rendue à Kongolo, où elle était arrivée la nuit, elle avait cherché refuge au guest house où Michel l’avait logée dans la chambre n° 7.

 Martin s’introduisit dans la chambre et eu des rapports intimes avec elle.

Devenue enceinte, sa famille décida de l’amener chez mes parents à Mbulula. Ils avaient été chassés par papa Sixte et ma mère soutint qu’elle avait menti. Mon épouse et moi même connaissant bien Martin n’avions pa douté de cette dénonciation.

Lorsque Martin vint à Kayanza me poser le problème de sa préparation aux examens d’Etat, je ne voulais pas aborder ce cas malgré le désir ardent de mon épouse de le poser. Ils eurent à deux une discussion très animée à laquelle je ne pris pas part parce que voulant laisser Martin dans des meilleures dispositions pour préparer ses examens d’Etat.

Michel perdit à cette occasion sa qualité de gérant en faveur de Gilbert Ilunga qui vint à Kayanza me rencontrer pour obtenir mes recommandations.

Entre-temps Martin devint malade et alla habiter chez Marthe.

A l’occasion du séjour du prêtre à Kayanza le 03/02/1985, le baptême fut organisé. Nos enfants Lumbu Mbombo Béatrice, Lumbu Tagamanga Patrice et Lumbu Maloba Ndiba Protais Victoire Junior furent baptisés. Leurs livrets délivrés par la Paroisse de Mbulula portent les n° 12655, 12656 et 12657.

Béatrice eut Mme Lugoma Jacqueline Nyange en qualité de marraine tandis que Patrice et Victoire eurent comme parrains les citoyens Philippe Nyembo et Pacifique Yogo.

Pour la circonstance j’avais organisé une réception à laquelle avaient pris part plusieurs invités.

Chrétiens catholiques pratiquants nous assisstions aux messes et enseignements.

Mon épouse était lectrice. Une chanson pendant l’offrande attirait toute mon attention. Il était chanté qu’il fallait qu’on offre et que l’offrande était recuellie au ciel, Elle n’appartenait pas aux prêtres. « Toa sadaka, toa sadaka……Zaka zote zaenda mbinguni, zaka si za ma padri »

Lors d’un voyage du Pasteur Alexis à Kinshasa en formation il nous apporta l’information selon laquelle, il lui avait été demandé à la paroisse des missions à Sainte Anne si l’aide en provenance des organisations internationales nous arrivait. S’étant présentée à la procure du diocèse de Kongolo en déclinant notre identité de KIRONGOZI KOWINE, l’abbé Pierre remit à mon épouse ce qu’il considérait comme un bien sans maître.

Dès le début de la nouvelle année je m’étais donné à la réorganisation de la jeunesse par le football. Kayanza possédait des structures dirigées  par papa Zacharie Ndambwe. Les maillots et même les ballons faisaient défaut et aucun mécène ne se présentait.

Après que les jeunes aient remis en bon état leur terrain, j’achetai une machine à coudre, deux ballons et des tissus. Daniel Nzuzi cousit des maillots.

Trois équipes de football avaient été constituées. Elles reçurent les noms de :

1° Bouger et Faire Bouger  sous ma direction

2° Pamba   sous la direction de “ capable ” Mawazo, l’agronome du lieu.

3° Vijana sous la direction du Préfet de l’institut Muungano

Les matches étaient programmés chaque dimanche et de ce fait le terrain de football devint un lieu de grande attraction. Le match entre Bouger et faire bouger contre Pamba connut la victoire de Bouger et Faire Bouger.

Pour la circnstance quelques fibres de coton furent brûlés sous les acclamations. Cela avait irrité “ Capable ” qui menaça de se retirer.

Le match Bouger et Faire Bouger contre l’institut Muungano connut le score de parité mais il y eut divers incidents.

Mes petits frères Joseph et Prophil qui étaient venus ce jour là à Kayanza donnèrent des coups au Préfet de l’école et Président de l’équipe Vijana pendant que mon cousin Bienvenu qui soutenait l’équipe de l’institut m’avait énervé. Je menaçai de quitter Kayanza ce jour là. Joseph et Prophil partirent la nuit à Mb ulula avec les enfants.

Le lendemain, je vis le Préfet auquel j’offris du vin de palme. Nous le prîmes ensemble avec d’autres personnalités en guise de la réconciliation.

Quelques jours avant le 30 juin 1985, le nouveau Commissaire de zone de Kongolo, le citoyen MUTSHIPAY KAMBULU vint à Kayanza. Le but de sa visite était de me prendre pour m’amener à Kongolo où un avion devait me conduire à  Kinshasa via Lubumbashi.

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Chapitre 17. De mon voyage à Kinshasa à l’occasion de la visite du roi des belges et la poursuite de la consolidation de l’UDPS,

 

Il était décidé par le pouvoir que j’arrive à Kinshasa avant le 30 juin soit donc avant la visite du roi Baudouin 1er.

Le véhicule s’arrêta à Mbulula à la résidence de mes parents pour prendre nos enfants qui y habitaient depuis l’incident de Kayanza.

A Kongolo le véhicule nous déposa d’abord à la résidence du Commissaire de zone où nous prîmes ensemble un verre avant de nous amener à notre résidence au guest house Bouger et Faire Bouger.

Le lendemain, le petit porteur dépeché à Kongolo me déposa à Lubumbashi où je fus logé à l’hôtel Mbabu non loin du Centre National de Recherches et intelligence. (CNRI)   Peu de temps après, le fondateur Frédéric Kibassa Maliba en provenance de Kyenge me rejoignit à cet hôtel.

C’est abord du jet de la Gécamines que le 29 juin 1985 nous nous rendîmes à Kinshasa tous les quatre fondateurs, à savoir Kibassa et moi-même Lumbu en provenance de nos villages respectifs de Kyenge et Kayanza et Kyungu et Lusanga que les services de sécurité avaient pris à leurs résidences respectives de Lubumbashi et de Likasi.

Je fus logé avec le collègue Kyungu à l’hôtel Phénix où je rencontrai aussi le collègue Kanana tandis que les citoyens Kibassa et Lusanga regagnèrent leurs domiciles respectifs.

C’est avec mon collègue Kanana que je partageais la vie à l’hôtel Phénix où sa chambre n’était pas située non loin de la mienne.

Autorisés de manger au restaurant de l’hôtel, nous y descendions ensemble pour prendre nos repas.

Lorsque les visiteurs venaient le voir, il ne manquait pas de les envoyer aussi me dire bonjour et je faisais autant. Une fois il me reprocha de dire trop de vérités à nos militants. A son avis les vérités pouvaient refroidir les militants. Il fallait pour mieux les entretenir leur adresser un langage qui leur donne l’espoir.

Nos visites auprès de nos familles et connaissances kinoises nous les faisions ensemble. Une soirée nous étions reçus à Ndjili par son cousin Mutombo qui travaillait à la Banque du Zaïre. Aux invitations à dîner lancées en ma faveur par Célestin Mwenge Mulaya et Nyembo Nicostrate il m’avait lui aussi tenu compagnie.

A la résidence de Me Nyembo,  nous y avions rencontré son visiteur Kyungu Ildesbad qui critiquait l’opposition, cela irrita beaucoup le collègue Kanana qui rétorqua avec force.

Avec lui j’avais assisté à la permanence à une manifetation organisée par le Parti.

 

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Après la fête anniversaire du 30 juin et le retour du Roi en Belgique, les fondateurs qui étaient encore dans l’opposition furent reçus au siège du CNRI, situé sur l’avenue de la Justice par l’Administrateur Général de la Sécurité Intérieur, le citoyen Ngbanda.

Etaient présents du côté de l’UDPS ; les fondateurs Ngalula, Makanda, Kibassa, Tshisekedi, Kanana, Lusanga et moi-même Lumbu.

Chargé par mes collègues de faire le procès verbal de la réunion, je fus retenu à la sortie de la réunion par son directeur de cabinet qui n’était autre que le citoyen Eboma, mon ancien collègue à la faculté de droit, pour être dépouillé de toutes les notes que j’avais prises.

Au cours de cette réunion nous avions affiché notre détermination à continuer la lutte pour la démocratisation et avions fustigé le pouvoir de son comportement violent à notre égard.

Le collègue Kyungu ne participa pas à cette réunion tout en étant présent à Kinshasa. Il confirma par-là ses distances vis-à-vis de l’UDPS et obtint un traitement de faveur auprès du pouvoir.

N’ayant pas été en Belgique dans la suite présidentielle avec les collègues Dia, Kapita, Ngoy Mukendi et Kasala le doute planait encore à son sujet. Le pouvoir démontra à cette occasion à l’opinion tant nationale qu’internationale que le fondateur Kyungu n’était plus dans l’opposition.

 Les réunions des fondateurs reprirent à la résidence du Président Kibassa. Aux fondateurs Tshisekedi, Lusanga, Kibassa, Ngalula, Kanana, Makanda et moi-même Lumbu s’étaient joints les fondateurs Bossasse, Lihau et Mbwankiem.

La repartition des foctions entre fondateurs fut le suivant :

Président                                        : KIBASSA

1er Vice Président                            : NGALULA

2è Vice Président                            : LIHAU

3èVice Président                             : MBWANKIEM

Secrétaire à l’Organisation              : TSHISEKEDI

Secrétaire aux Relations Extérieures : MAKANDA

Secrétaire aux Finances                    : BIRINDWA

Secrétaire chargé de l’Intendance       : LUSANGA

Secrétaire à l’Information                 : LUMBU

Secrétaire à la Justice et Droits de l’hô :BOSSASI

Secrétaire à la Jeunesse                      : KANANA

Secrétaire chargé de l’idéologie          : DIKONDA

      Il était fait appel aussi à ceux qui étaient nommés pour diriger le parti pendant les absences des membres du groupe des 13. C’est ainsi que les co-fondateurs BELENGANAY, KENGELE, KAKULU, MUKOKA, DIAYIKWA, KWEDI, MPASSI, SIMBA et autres furent leur apparition.

Des discussions se portaient notamment sur l’organisation du parti en ce qui concerne les textes de base. En effet, le citoyen Dikonda avait déjà envoyé d’innombrables plis contenant le Projet de société de l’UDPS. Le collège de fondateurs avait remarqué l’introduction dans ces textes de certaines notions qu’il n’avait pas lui-même énoncées et de ce fait certaines corrections s’imposaient.

Le collège des fondateurs avait aussi reçu pendant ce temps, des accusations contre son représentant à l’extérieur sur les malversations financières. Les accusateurs n’étaient autres que les collaborateurs même du Professeur Dikonda qu’étaient : Marie Claire Ngalula, Corneille Mulumba et le représentant de l’UDPS au Congo, le citoyen Musampa Raphaël.

La radio nationale se mit à annoncer l’arrestation de Van den Bogaert à l’aéroport de Ndjili alors qu’il venait de Bruxelles, porteur des coupures des journaux, des cassettes et divers documents en faveur de l’UDPS.

Monsieur Van den Bogaert était un sujet belge, très introduit dans les milieux de l’opposition en Belgique. A plusieurs reprises nous avions eu de ses nouvelles sur le service rendu en faveur de l’UDPS. Il avait donné sa collaboration à Marie-Claire Ngalula d’abord puis à Dikonda, dès la nomination de ce dernier en qualité de représentant de l’UDPS à l’extérieur.

Cette arrestation avait été une surprise pour plusieurs fondateurs parce qu’ils n’avaient pas l’information sur son voyage au Zaïre ! Les documents dont il était accusé de détenir devaient être un prétexte pour le pouvoir pour nous violenter à nouveau.

Il ne se passa pas beaucoup de jours que  la Direction de l’hôtel Phénix m’apprit en compagnie de mon collègue Kanana que le pouvoir avait clôturé sa facture auprès de leur hôtel. En d’autres termes nous étions invités de quitter l’hôtel, ce que nous fûmes sans tarder.

La première nuit, nous la passâmes à Bandalungwa dans un petit hôtel d’une connaissance du collègue Kanana. Le lendemain nous posâmes notre problème aux fondateurs Ngalula, Tshisekedi, Makanda et Kibassa qui avaient chacun une propriété et qui tous acceptèrent de nous loger à leurs résidences respectives.

 Afin d’être proche du lieu de la réunion et éviter d’être exposé au problème de transport, je logeai chez Kibassa pendant que  Kanana alla chez Tshisekedi.

Le Président Kibassa n’avait pas encore sa famille à Kinshasa ; celle-ci était à Lubumbashi. Il y avait à sa résidence, ses petites sœurs Annie et Louise.

J’accompagnais le Président dans ses déplacements auprès de membres de sa famille tout comme auprès des collègues fondateurs et membres du parti. Ainsi je participai à mont Ngafula, à la réception organisée en sa faveur par son cousin Kafwaya qui était Procureur Général et à la réception organisée chez Bijanu, vice-président de l’UDPS dans la ville de Kinshasa.

La réception organisée chez le vice président de la ville de Kinshasa connut aussi la présence des fondateurs Tshisekedi, Makanda et quelques notables  shabiens tels que les citoyens Kafitwe wa Paboa Kahozi Munyaga et Mwalimu Ngongo Joseph. Ces deux derniers se distinguèrent tellement par leur conviction au parti qu’ils furent proposés cofondateurs.

L’évolution du dossier Van den Bogaert connut des ramifications qui servirent des prétextes au pouvoir pour ordonner l’arrestation des collègues Tshisekedi et Kanana.

Il était clair que l’intermède avait pris fin dès après le passage de sa Sainteté Jean Paul II au Zaïre et que l’opposition devait de nouveau reprendre sa place dans les geôles. Le tour de chacun de nous pour se faire arrêter devant venir je me décidais à rejoindre ma famille à Kongolo pour éviter mon sort de mars 1982 qui m’avait vu détenu loin de ma résidence et de ma famille.

Ayant posé le problème de retour auprès de mes collègues, le doyen Ngalula trouva auprès de ses connaissances un billet Kinshasa-Lubumbashi, auquel le Président Kibassa compléta le tronçon Lubumbashi-Kongolo.

Le Président Kibassa me chargea de prendre contact avec son épouse à Lubumbashi pour lui remettre un colis qui devait lui permettre d’organiser son retour à Kinshasa avec les enfants.

Le vice président de l’UDPS/Kinshasa Bijanu prit soin de me déposer à l’aéroport abord de son véhicule et aussitôt que je rejoignis Lubumbashi, je pris contact avec maman Euphrasie à la zone Katuba, où elle logeait chez son beau-frère Raphaël Kibassa.

De Lubumbashi, je regagnai Kongolo, où j’organisai la rentrée scolaire de mes enfants dans les écoles de Kongolo, lieu que nous avions choisi comme notre nouveau domicile.

Attendu à Kayanza, lieu d’où j’étais parti pour rendre compte de mon séjour à Kinshasa, je me décidai à m’y rendre pour y séjourner pendant un temps avant de revenir m’installer à Kongolo. Avant de quitter Kongolo je fis face aux tracasseries administratives expressément entretenues par le pouvoir pour masquer leur objectif politique.

 

Chapitre 18. De tracasseries administratives pour masquer ma persecution politique et du decès de Kana Kange et de Mwalimu Martino Lumbu Maloba Kichwanyoka.

 

Pendant mon séjour à Kongolo des responsables sous régionaux de l’environnement étaient venus expressément pour fermer mon hôtel Bouger et faire bouger dans le seul objectif de me priver de moyens de nourrir ma famille.

Avant que ne me soit signifiée officiellement la décision, je m’arrangeai d’empêcher l’exécution de la mesure en payant les frais qui m’étaient imputés et en effectuant les travaux recommandés.

a) Le Payement des frais fut fait par le chèque Cadeza libellé de la manière ci-dessous :

 

B 0281775

Date  10/09/1985

Ordre  MOMA

LUMBU MALOBA

Montant  4038 zaïres  Quatre mille trente huit

Objet : Taxe fonds de tourisme et taxes rémunératoires.

 

Après l’exécution des travaux de réfection un procès verbal de constat fut dressé et transmis au Commissaire de zone afin de suspendre la décision.

 

b) Procès verbal de constat

MPR

REPUBLIQUE DU ZAIRE

REGION DU SHABA

 

 PROCES VERBAL DE CONSTAT DES TRAVAUX DE REFECTION DE     L’HOTEL “ BOUGER ET FAIRE BOUGER” SITUE SUR L’AVENUE VICTIMES DE LA REBELLION ZONE DE KONGOLO

 

L’an mil neuf cent quatre vingt cinq, le vingt-cinquième jour du mois de septembre, Nous, membres de la commission d’enquête sanitaire composée de citoyens : – Monga Munga : Superviseur de zone à l’environnement de et à Kongolo

– Bilari Kimpemba :                               Chef de Brigade d’assainissement.

– Ilunga Kafite       :                               Chargé de l’hôtellerie.

– Kongolo Mwana Kyope :                      Inspecteur parcellaire.

 

Suivant la décision n° 5072/010/85 du 12/09/1985 portant mesure de la fermeture de l’hôtel “Bouger et faire bouger ”, décidée par le Président du comité populaire de la révolution et Commissaire de zone de Kongolo sur proposition du coordinateur sous régional de Tanganyika à l’environnement conservation de la nature et tourisme.

Au vu de l’état d’insalubrité et incommodité constatée par les techniciens s/régionaux du Tanganika et moi-même.

Après deux semaines avons procédé à l’enquête sanitaire de l’hôtel et avons constaté une amélioration de ce qui suit :

–  Etat des locaux                         :               Bon

–  Etat de chambres                      :               Bon

–  Etat des installations sanitaires :              Bon

–  Etat des salles de bain               :              Très bien

–  Etat de salon                             :               Bon avec

–  Etat de parcelle                         :              Très bon

–  Matériel de nettoyage                :              Existe

 

Que l’acquittement de toutes les taxes dus sur licence d’exploitation, taxes rémunératoires annuelles et les fonds de promotion sur le tourisme II trimestre ont été régularisés.

 

Que l’hôtel “ Bouger et faire bouger ” peut ouvrir ses portes.

 

Fait à Kongolo, le 25 septembre 1985.

 

                   Les Membres de la Commission d’Enquête Sanitaire

 

MOMA MUNGA         BILAURI KIMPEMBA     ILUNGA KAFITE           KONGOLO WA KYOPE

    Signé.                                  Signé.                             Signé.                                  Signé.

 

Copie :

– Commissaire Sous Régional

Coordinateur SIR ECNT

Commissaire de zone

Commandant GDN

Superviseur ECNT

Intéressé.

 

Ce Procès-verbal avait été transmis par la note dont le contenu ci-dessous.

 

c) Décision autorisant l’ouverture de l’hôtel Bouger et Faire Bouger

 

Kongolo, le 25 septembre 1985.

Transmis copie pour information aux citoyens :

 

      -Président S/rég.du MPR et commissaire S/R de Tanganika à Kalemie

                      – Coordinateur S/régional du Tanganika à l’Environnement    

                             Conservation de la Nature et Tourisme B.P. 435 Kalemie

              -Commandant de la Gendarmerie Nationale à Kongolo

 

 Au citoyen Président du Comité Populaire

 et Commissaire de zone de Kongolo

à Kongolo

 

Citoyen Président,

 

Suite à votre décision n° 5072/010/85 du 12 septembre 1985 portant fermeture de l’hôtel “ Bouger et Faire Bouger ”, j’ai l’honneur de vous transmettre le procès verbal de constat des travaux de réfection de cet hôtel.

Avons procédé à l ‘enquête sanitaire et avons constaté une grande amélioration ; que cet hôtel peut ouvrir ses portes.

Veuillez agréer, citoyen Président du comité Populaire et Commissaire de zone, ma considération très distinguée.

 

Le Superviseur de l’Environnement

Conservation de la Nature et Tourisme

 

MOMA MUNGA

 

De Kongolo, je rejoignis Mbulula où je restai quelques jours chez mes parents. A toutes les personnes qui venaient me rencontrer, je leur expliquai les performances réalisées par l’UDPS dans son organisation.

Le soir, je sortais de la maison pour aller me promener à travers les différents quartiers. De temps à autre, je m’arrêtai dans des lieux des boissons. Une fois, j’étais en compagnie d’Alphonse Muteba, étudiant à l’Université de Lubumbashi et un des professeurs de l’institut Muungano, le citoyen Kasongo alias Madjebele. Ayant bu ensemble le lutuku chez Marcelline Katuba, le groupe se mit à entonner les slogans de l’UDPS.

Le lendemain tout le monde en parlait et les parents d’Alphonse Muteba paniqués, organisèrent rapidement le retour à Lubumbashi de leur fils. Mon oncle Mayani commentait partout l’événement dans des termes menaçants à l’égard de Muteba, l’enfant de César !

Plusieurs jeunes commerçants avaient accepté de faire partie des comités.

Avant de rejoindre Kayanza, j’acquis une ancienne batterie auprès du Projet Nord Shaba pour m’en servir à alimenter la radio cassette.

Il faisait déjà noir lorsque je fus accueilli à Kayanza. Ayant mis en marche la radio cassette, les jeunes de Kayanza dansèrent la musique moderne jusque tard dans la nuit. Ils avaient à leur disposition le lutuku. Séraphine Ngunda, une femme bien introduite me dit le matin qu’elle avait fait des mauvais songes à mon sujet.

 Je mis à la disposition de la population les divers documents du parti que j’avais amené de Kinshasa et notamment le projet de société. Il ne se passa pas beaucoup des jours que tout le village et puis les villages des environs virent des inscriptions “ UDPS ” sur les murs de maisons, routes menant aux champs et rivières et même grattées aux arbres.

L’agronome “ CAPABLE ” de son vrai nom Kahozi-a-Mulonda, prit la charge de chef de cellule pendant que Nyembo Kanyunya Léandre, Nyembo Kasamba Léopold, Nyembo Shaka Malengela Bertin alias Sinatra, Mbayo Ndakala Mashangao, Patrice, Munganga et Vincent l’épaulèrent en représentant respectivement les sous-cellules de Bagana Mbele, de Bazilanyoka, de Baganakilumba, de Bazilakoni de Baganakitungwa, de Kiyombo de Lwenye et de Kalwamba.

Nyembo Jean se confirma en qualité de secrétaire administratif et reproduisit grâce à la machine à écrire le projet de société de l’UDPS qui avait été remis aux responsables des cellules et sous cellules lors d’une manifestation.

 Tenant à illustrer que le Président Mobutu ressemblait à un coupeur de regime de noix de palme qui avait grimpé au palmier, où, il se mit à manger seul les noix de palme et qu’il fallait que quelqu’un d’autre grimpe à ce palmier afin qu’il ceuille les noix de palme qu’il distribuerait aussi aux autres, j’avais été photographié en train de grimper à un palmier

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Convaincu de l’efficacité du travail effectué, je quittai Kayanza et me rendit visiter mon gand père maternel à Kalwamba avant de regagner Mbulula.

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A Mbulula, invité par le chef de collectivité Muloko à sa résidence, il me supplia de faire régler le litige qui l’opposait à mon père et m’offrit une chèvre. J’intervins auprès de mon père afin qu’il puisse passer l’éponge sur ce passé douloureux.

Le matin du 14 novembre 1985, le Commissaire de zone Mutshipay qui se rendait à Kayanza pour procéder à mon arrestation vint me trouver chez mes parents.

J’étais encore dans mon lit quand j’entendis quelqu’un dire à mon père qu’il y avait deux véhicules remplis des militaires qui étaient arrivés à Mbulula.

Les militaires allaient à Kayanza pour procèder à l’arrestation de Lumbu Maloba, mais ils venaient d’être mis au courant que Lumbu Maloba se trouverait ici à Mb ulula chez son père. Peu de temps après, quelqu’un d’autre arriva pour dire que le village était dans une totale panique parce que les militaires s’apprêtaient à lancer un assaut contre la maison de mon père pour m’arrêter et sans doute il allait y avoir beaucoup de victimes.

Mon père m’en parla et je me mis à me préparer pour me mettre à leur disposition.

Lorsque le Commissaire de zone Mutshipay Kambulu investit la maison de mon père, c’est encore ce dernier qui le reçut et qui engagea une discussion avec lui.

Me rendant compte de l’évolution des éclats de voix, je sortis au salon pour dire au Commissaire de zone que j’étais prêt. Continuant à terroriser mes parents, il demanda à ma mère de prier pour moi. J’entends encore dans mes oreilles la voix de mon père qui lui faisait observer que “ mon combat politique avait été caractérisé par la défense des faibles et par la proclamation de l’amour envers le prochain et que par conséquent celui qui voulait verser mon sang le paiera à son tour ”.

Mon père m’offrit un bouc avant mon embarquement dans le véhicule du projet Nord Shaba qui était réquisitionné et le cortège se dirigea à Kongolo. Le véhicule déposa le Commissaire de zone à sa résidence. Je m’entretiens avec lui pour rejoindre mon guest house en attendant mon acheminement par avion à Lubumbashi.

 A peine installé à ma résidence, papa LIPU vint me voir pour me faire savoir que depuis la veille, le train de voyageurs avait amené à Kongolo un cadre de l’UDPS nommé KANA KANGE. Très malade il tenait à me rencontrer.

Kana Kange était un proche de Kibassa. Il avait été arrêté à la résidence de ce dernier lorsque la police politique y avait fait une incursion et avait maltraité tout le mende qui s’y trouvait y compris maman Euphrasie Kibassa qui avait été hôspitalisée. Torturé, Kana Kange avait été expédié à l’AND/Lubumbashi puis à Kalemie et enfin à Kongolo, d’où, il devait être conduit à Kaseya, chef lieu du secteur des Balubas pour y être assigné dans sa localité d’origine.

Dans la soirée, Lipu vint encore me voir pour me dire cette fois là que Kana Kange était mort. Je me rendis dans sa famille à la cité Kangoy pour m’incliner devant la dépouille mortelle et exigeai que son enterrement ait lieu à Kongolo aux cimetières de la Mission au lieu d’amener le corps au village ou de l’enterrer à Kikotokoto. J’assistai le lendemain 15 novembre 1985 à l’enterrement et prononçai l’oraison funèbre.

Entretemps j’avais reçus une note en provenance de diocèse de Kongolo m’informant que leur phonie avait capté un message de la mission de Mbulula m’informant du mauvais état de santé de mon père. J’informai mon petit frère Martin, qui se décida de se rendre à Mbulula afin de mieux s’enquérir de la situation.

La nuit, je venais à peine de dormir quand j’entendis quelqu’un toquer à la porte. Mon petit frère Joseph m’annonça que le véhicule de la Paroisse de Mbulula venait de passer à l’hôpital avec mon père. Le Curé Musuyu s‘était chargé lui-même d’alerter le frère Christian, le seul docteur présent à ce moment à Kongolo.

 Je me rendis à l’hôpital et trouvai mon père étendu à même le sol. Il ne savait plus se tenir débout. J’entrai voir le docteur dans son cabinet. Celui-ci après l’avoir reçu le jugea dans une situation grave ! Il prescrivit une ordonnance. Je courus d’une pharmacie à une autre pour chercher cette nuit là les médicaments prescrits.

Le docteur me dit que la tension de mon père était trop basse et que compte tenu de son âge qui avait déjà dépassé la cinquantaine, il était impossible de remonter la tension à la situation normale ! Pourtant il fallait une intervention chirurgicale impossible de faire dans cet état là.

La lutte pour obtenir une tension normale fut ma préoccupation malgré le diagnostic du médecin.

Après avoir obtenu une chambre à la clinique et arrangé le lit, la famille se  rassembla autour du lit. Nous nous mîmes à prier, moi-même, ma mère, mon oncle paternel Sixte, ma petite sœur Marthe, mes petits frères Martin et Joseph et  Chungukuni, le mari de Marthe.

Une fois la nuit l’infirmier de garde nous dit que la tension avait commencé de monter. Cette information suscita notre ardeur à la prière, mais hélas le matin au lieu de confirmer cela, la prise de tension attesta une poursuite de la baisse.

Le docteur me fit appeler pour me dire que mon père ne guérira pas. Il dit cela aussi au curé Simon Kabezya qui était venu le voir. Avant son départ, le curé confessa mon père.

D’autres personnes dont Lipu, Evariste Mali ya Butoto, l’abbé Mashini nous avaient  rejoints.

Toute la matinée du 16 novembre, nous nous mîmes à interroger plusieurs personnes pour savoir comment nous pouvions sauver notre père.

Ilunga Lubambula était aussi au chevet de sa petite sœur Zambiyabo dans la chambre voisine. Celle-ci n’était pas dans un état grave. De temps à autre je m’installais dans cette chambre pour méditer puis j’envoyai le message au Commissaire de zone pour lui dire que je ne pouvais plus voyager en laissant mon père dans cet état là.

Le docteur Christian m’appela peu après midi pour me demander s’il pouvait administrer à mon père des médicaments contre la douleur ! Je lui demandai d’attendre. Il me donna quelques pillules à utiliser au moment opportun.  J’informai les autres que l’état de mon père était mauvais et qu’il allait mourir !

 Je ne voulais pas que mon père que je voyais lutter courageusement contre la douleur et la mort décède sans nous dire ses dernières volontés.

M’adressant à lui je lui dis ceci :  “ Papa, l’état de maladie dans lequel vous êtes est un état dans lequel on guérit tout comme on peut mourir ! Avez-vous quelque chose à nous dire ? ”

Papa me regarda silencieux pendant que son petit frère Mwalimu Sixte enchaîna “ Avez-vous entendu ce que vous a dit l’enfant ? ”

Papa dit : “ C’est ça donc la mort ! ”  Puis il se mit à nous parler entre autre de ceci : “ Modesta est là.  J’ai fait quarante trois ans avec elle, Marie et Elise sont chez leurs époux. Martin va à Kindu dans ses affaires. Il ne faut pas l’abandonner.”   Puis regardant mon épouse, il dit “ vous êtes la mère de tous ces enfants. ”   Il dit aussi comment il était membre d’une coopérative et qu’il n’avait pas d’argent.

Voulant tenter le tout pour le tout, Papa Sixte invita encore mon père pour le lavement dans un local à côté. Je fus appelé moi-même à aider papa Sixte à transporter mon père étant donné que Martin et Joseph n’étaient pas là.

Le résultat n’était pas du tout positif, parce que papa n’allait toujours pas aux selles ! Il suait beaucoup. Ma petite sœur se servait de l’essuie-main pour ventiler en sa direction.

A un moment ma sœur me me dit que papa souhaitait qu’on l’amène à ma résidence comme on n’était plus capable de faire quoi que ça soit à l’hôpital !  Je lui répondis que papa ne me l’avait pas dit. Entre temps, je me rendis auprès du médecin pour lui demander l’autorisation de quitter l’hôpital avec mon père !

Docteur Roberti refusa. Il me dit que j’allais donner un mauvais exemple en faisant sortir de l’hôpital quelqu’un qui passait ses derniers moments avec tous les risques qu’il décède en cours de route.

Sentant certainement son dernier moment arrivé, mon père demanda qu’il soit placé dans le barza  de la clinique. Ce qui fut fait.

Ayant demandé la venue d’un prêtre pour avoir le dernier sacrement ; Joseph s’y dépêcha sans succès.  Docteur Roberti apparut de nouveau. Il regarda mon père et adressa les paroles suivantes à ma mère “ mama pole ” mes condoléances maman. Je brisais le silence en disant au docteur d’une voix tranchante qu’il devait laisser ma mère voir elle-même l’évolution de l’état de mon père.

Mon père ouvrit les yeux et me dit “ ni nini ” ; qu’est-ce qu’il y a, je lui répondis qu’il n’y avait rien ! Le docteur s’exclama ! “ Tiens, il est encore conscient ! ”  Mon père fit quelques renvois et s’endormit pour l’éternité.

 Il était 16 heures cinq minutes soit quatorze heures cinq temps universel du samedi 16 novembre 1985.

Après avoir placé le corps dans le blancard nous quittâmes la clinique. Ma mère très émue fut une chute. Je demandai qu’on la tienne à la main.

 Longeant la route qui de la poste va à l’école Mapema nous atteignîmes l’hôtel bouger et faire bouger. Ayant tenté sans succès de monter le corps  à l’étage par la porte de devant, c’est par la porte de derrière que la dépouille mortelle accéda à l’étage. Il avait fallu que la porte de l’office soit ouverte étant donné que le blancard ne passait pas non plus par le couloir.

 C’est au salon que nous installâmes le corps sur un lit. Les visiteurs y pénétraient  pour prier ou pour pleurer. Tous mes enfants étaient là. Je me mis à adresser les lettres à tous mes parents, mes frères et sœurs se trouvant à Lubumbashi, Kolwezi, Likasi et Kamina pour leur annoncer la mauvaise nouvelle  “ Papa est mort de blocage des intestins ” en terme médical ; de l’occlusion intestinale.

Un train des voyageurs qui devait passer ce soir ou le lendemain allait emporter mes lettres à leur destination.

Dans mon entendement le transport de la dépouille mortelle pour Mbulula allait avoir lieu  le lendemain en attendant que je réunisse le nécessaire pour louer le véhicule. Martin venait quant à lui de prendre contact avec Jean Mali ya Butoto dont le véhicule était disponible dès ce soir.

J’acceptai et ordonnai le voyage. Mon épouse prit son bébé Victoire et entra avec moi-même derrière le véhicule alors que papa Sixte était aux côtés du chauffeur. Il y avait énormément du monde qui était venu  nous présenter les condoléances.

A Keba, le véhicule s’arrêta pour prendre Michel Kamwanga et le groupe des enfants de ma grand-tante Musoga et de ma tante Malamu qui étaient prêts. La maman Anzilani s’occupa de la dépouille le long du voyage.

Marthe ma petite sœur ne se fatiguait pas à entonner le  “ Je vous salue Marie. ”  Elle se disputa à un moment avec maman Sikumbuke qui pleurait en poussant des cris.

Le véhicule s’arrêta près de Mwanangoy. Le mécanicien s’acharnait à le réparer alors qu’il faisait déjà sombre. Entre-temps le curé nous dépassa à cet endroit et alerta le village de Mbulula de cette triste nouvelle.

 

A notre arrivée à Mbulula il y avait déjà énormément du monde à la maison.

Descendant du véhicule mon petit frère Prophil me demandait, où, était papa, où avions-nous laissé papa. La nouvelle de ma présencese repandit rapidement !

La dépouille mortelle fut placée dans le salon. Avec d’autres hommes, je m’assis dehors pendant que les femmes étaient dans la maison. Toute la nuit du 16 au 17, nous la passâmes en chantant et en priant. Quelqu’un me rapporta l’information selon laquelle, une chèvre gémissait dans l’étable exactement comme mon père le faisait avant son évacuation ! Cette chèvre mourut cette nuit. Il est à noter que les chèvres étaient enfermées sans eau ni nourriture lors de l’évacuation de mon père à Kongolo le 15.

La même nuit connut l’arrivée de nos frères de Kayanza. Ils voulaient prendre la dépouille mortelle pour partir avec à Kayanza dès cette nuit. Conformément à nos coutumes ils furent tranquillisés.

Nous avions passé ainsi toute la nuit à Mbulula, la dernière pour mon père dans sa maison.

Tôt le matin nos frères de Kayanza nous avaient précedés.

Le menuisier Théophile retira les deux planches que mon père gardait dans son salon en vue de fabrication de son cercueil. L’enseignant retraité Théodose, son compagnon de longue date à Mahundu s’occupa de la toilette mortuaire.

J’interdis les entrées dans le salon en attendant la mise en bière du corps. Un jeune commerçant remit à papa Sixte un pantalon et un pull-over. Martin sortit de ses marchandises d’autres vêtements. La famille de mon épouse représentée par Barthelemy me remit le linceuil.

Quelques enseignants voulaient amener à l’église à la première messe le corps non encore mis en bière. Je m’opposai et demandai au Curé d’accueillir le corps de mon père dans la messe dominicale.

Après la mise en bière du corps, j’exigeai que le cercueil soit amené à l’église dans la dignité en suivant la voie officielle passant devant le bâtiment de la paroisse au lieu de traverser le terrain de football.

Mon ami Donat Mbayo suggéra que le cercueil soit transporté par les enseignants retraités, mais il n’en fut pas ainsi. Le Prêtre adressa beaucoup de prières à l’intention de la famille, la petite sœur Marthe fit autant.

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Après la messe, le Curé prit le cercueil dans son véhicule. Moi-même, ma mère, mes petits frères, mon épouse,  mon fils Baby, Papa Sixte et Margueritte Tambwe avions pris place dans ce véhicule. Le véhicule de Mali ya Butoto prit d’autres personnes.

A l’entrée du village Kayanza, nous entonnions les chansons réligieuses.

A ma résidence de Kayanza nous y trouvâmes  ma grand-mère maternelle ainsi que d’autres parents de Kalwamba. La population de Kayanza rendit ses derniers hommages au défunt.

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Le corps était placé sur la table dans l’antichambre entre les deux salons.

Je pensai que les gens allaient s’incliner devant le corps et prendraient ensuite place dans les salons mais hélas tout le monde se mettait aux côtés du corps.

Pendant ce temps arrivèrent nos autres parents issus de grand-tante Musoga et de tante Malamu qui la veille n’avaient pas pu prendre place abord du véhicule à Keba, c ‘est le cas de Stambili et son grand frère Victor.

Lorsque le Curé nous fit rappeler qu’il avait des obligations à Mbulula et qu’il voulait rentrer nous nous rendîmes à l’enterrement dans la forêt familiale de  Mbundu

Le prêtre avait déjà récité les prières funèbres et que le cercueil allait être descendu dans la tombe lorsqu’un émissaire vint nous dire que Chekanabo, la fille de la tante Malamu et nièce influente de mon père était à quelques kilomètres et nous demandait de ne pas enterrer son oncle avant son arrivée.

 Plusieurs personnes impatientes ne voulaient pas attendre prétextant que la pluie menaçait. Je n’autorisai pas la descente du cercueil dans la tombe avant l’arrivée de maman Chekanabo.

Après la descente du cercueil je restai jusqu’à la pose de la croix et invitai mon fils Baby à déposer une gerbe de fleurs avant de répartir au village.

Il se posa le problème de transport des personnes de Kayanza à Mbulula. Jean Mali ya Butoto voyant son véhicule surchargé se mit à faire descendre brutalement certaines personnes dont le neveu de mon père, Victor Cheko Muyumbwila. Il y eut une altercation que nous nous chargeâmes à maîtriser.

Je passai un peu de temps en train de m’entretenir avec les membres de famille de Kayanza. Ils avaient préparé pour la circonstance un peu de lumay may.

Papa Sixte leur expliqua que le deuil devra être organisé à Mbulula, à la maison du défunt.

Il faisait déjà sombre lorsque nous rentrâmes à Mbulula pour nous occuper de l’organisation de deuil.

Si moi même et mes frères et sœurs logions à côté de notre maman dans la maison du défunt tous les autres visiteurs étaient chez papa Sixte.

Il était convenu que le deuil chrétien fasse trois jours. Je demandai cependant qu’au niveau de famille le deuil aille jusqu’au samedi soit une semaine.

Les avant midi nous nous préoccupions de l’alimentation de la journée et pour cela le gérant du guest house Ilunga devait m’envoyer régulièrement de l’argent qu’il récoltait. Plusieurs personnes venant des divers villages vinrent nous consoler.

Les Baganambele de Muzyunda nous réprimandèrent pour ne leur avoir pas envoyé un message officiel leur annonçant la nouvelle du décès.

En guise de la préparation de la journée du retrait du deuil, je ne partageai pas le point de vue de ma petite sœur Marthe qui n’acceptait pas que son mari amène une chèvre. J’insistai auprès de ce dernier sur le respect de cette obligation.

A la fin de trois jours du deuil chrétien, moi-même comme plusieurs membres de la famille nous nous fîmes raser la tête et c’est le samedi 23/11/1985 que nous organisâmes les cérémonies de retrait de deuil.

En plein deuil le Commissaire de zone de Kongolo accompagné du capitaine commandant du camp et l’inspecteur du CNRI vinrent à Mbulula.

Ils prétendirent d’abord qu’ils étaient venus nous présenter leurs condoléances et posèrent même un geste d’assistance auprès de papa Sixte.

A un moment donné le Commissaire de zone voulut prendre la parole pour s’adresser à l’assistance. Il entonna le slogan du MPR. La réaction ne se fit pas attendre au sein de l’assistance irritée. Pour calmer les gens j’exigais au Commissaire de zone de renoncer à son adresse et au capitaine de se retirer de la foule car mon petit frère Prophil l’avait déjà tenu pour le bousculer.

Le Commissaire de zone exprima le but de son voyage, c.-à-d. celui de m’amener. Certains sages le convainquirent de s’en aller pour me laisser poursuivre le deuil de mon père jusqu’à son retrait.

Le vendredi 22 novembre 1985 je fus informé qu’un véhicule qui venait de Kongolo pour Nyunzu avait à son bord Papa Lipu. Ce dernier lors du passage du véhicule à Mbulula demandait à ceux qui l’ont vu de m’apporter l’information de son enlèvement.

Effectivement de Kongolo, plusieurs personnes confirmèrent la nouvelle de l’enlèvement  de Papa Lipu. Il était assis devant son magasin lorsqu’une personne abord d’un véhicule qui avait stationné l’avait appelé. S’étant approché il fut saisi et placé abord du véhicule qui démarra en trombe.

Le samedi connut une arrivée massive de gens de différents coins de la collectivité. Presque chaque délégation nous avait apportée de la boisson. Il y en avait ainsi en stock chez papa Sixte et autant sous ma garde.

La délégation de l’UDPS Kayanza était déjà présente lorsque l’inspecteur du CNRI/Kalemie vint. C’est chez papa Emile que tous les contacts pour mon arrestation eurent lieu pour ne pas effrayer l’assistance.

Les bruits selon lesquels les militaires allaient tirer sur les gens qui viendraient assister aux manifestations du retrait de deuil étaient répandus. Voulant m’adresser à la population, il me fut déconseillé. Certains sages ne voulaient même pas que je dise au revoir à mes proches parents ce qui me révolta.

Un de mes collaborateurs chargé de sécurité le citoyen Nyembo Malengela alias Sinatra tenta d’obtenir de ma part l’ordre de s’opposer à mon déplacement ce jour. Il s’adressa avec témérité à l’inspecteur du CNRI pour protester contre l’enlèvement de Lipu qu’il disait être son père.

L’inspecteur du CNRI qui niait d’abord le fait d’avoir enlevé papa Lipu me promit  de le libérer le plus tôt possible.

A suivre