24 Juin, 2014
La Portugaise Helena Costa, qui a renoncé à entraîner Clermont et à devenir ainsi la première femme en France aux commandes d’une équipe pro, a réglé ses comptes mardi avec le club auvergnat, accusant le directeur sportif d’avoir refusé de communiquer avec elle.
Peu loquace lors de sa conférence de presse mardi matin à Clermont-Ferrand, au lendemain de l’annonce fracassante de sa défection, Helena Costa s’est davantage livrée mardi en début de soirée via un communiqué publié sur sa page Facebook, cité par l’agence Lusa.
Elle y explique que sa décision de quitter son poste « n’était pas précipitée et inattendue, mais intervient après une série d’épisodes qui se sont déroulés au fil du temps ».
« Mon départ est surtout dû au fait que le directeur sportif », Olivier Chavagnon, « recrutait des joueurs sans mon accord, pour une équipe que je devais mener et dont je devais être responsable, sans me mettre au courant », a-t-elle écrit.
Elle « considère inadmissible que, dans une structure de football professionnel, un entraîneur apprenne le recrutement de joueurs par le secrétariat du club, à travers une liste de joueurs soumis à des tests médicaux », s’est-elle encore insurgée.
Helena Costa a donné sa démission lundi et repartira sans indemnité vers le Portugal. « Jusqu’ici, j’ai honoré mes engagements à 100%, mais après une discussion avec le président, j’ai décidé de partir, et c’est ma propre décision », avait-t-elle expliqué lors de sa conférence de presse au stade du club.
– Mine défaite –
La mine défaite, laconique dans ses réponses, Helena Costa n’avait pas souhaité en dire plus face aux nombreux journalistes à Clermont. « C’est une question de respect », a-t-elle indiqué. À plusieurs reprises, elle a répété que « seul le président connaissait [ses] raisons » et qu’il n’y avait « qu’à lui » qu’elle devait « rendre des comptes ».
L’intéressé, Claude Michy, a qualifié sa décision d’étonnante, irrationnelle, incompréhensible ». « Elle a simplement dit +je m’en vais+. Elle part avec son secret », a-t-il affirmé.
Pour lui, aucun élément dans leur discussion de la veille ne justifiait une démission. « C’est une femme, elles sont capables de nous faire croire un certain nombre de choses », a-t-il lâché.
« Elle a un problème de confiance qui s’est installé, mais je ne sais pas par quoi elle a été déstabilisée. (…) Maintenant, c’est la suite qui compte. Le club est structuré, il y a un staff pour entraîner les joueurs. On trouvera un autre entraîneur, ou une entraîneuse », a assuré le président de Clermont, où l’entraînement a néanmoins repris mardi.
– ‘Une décision égoïste’ –
Annoncée en mai à Clermont-Ferrand, l’arrivée d’Helena Costa, en remplacement de Régis Brouard, avait fait l’effet d’une bombe et donné une aura internationale à ce club auvergnat de 2e division, jusqu’aux pages du New York Times.
Agée de 36 ans, surnommée la « Mourinho en jupons« , Helena Costa avait assuré le 22 mai, lors de sa présentation à la presse, qu’elle n’avait « pas peur » d’entraîner l’équipe clermontoise.
La nouvelle de sa défection a conduit 45 entraîneurs à postuler à sa place depuis lundi, dont aucune femme: « Par contre j’en ai appelé une! », a lancé Claude Michy.
Sonia Souid, l’agent qui avait repéré Helena Costa et avait suggéré à la direction du club de l’embaucher, n’a pas eu plus d’explications à donner sur le coup de théâtre de lundi.
« Je ne reconnais pas l’Helena Costa qui s’est présentée devant nous il y a un mois (…) On a essayé de la faire changer d’avis mais on s’est retrouvé face à un mur, elle avait déjà pris sa décision. Je suis en colère et triste, pour toutes les autres femmes qui auraient voulu être à sa place. C’est une décision égoïste« , a-t-elle asséné.
Lisbonne (AFP)