Protais LUMBU 2: Yeux, oreilles et bouche de la population de Tanganika (1975 – 1977) (suite Chapitre 3)

Protais LUMBU 2: Yeux, oreilles et bouche de la population de Tanganika (1975 – 1977) (suite Chapitre 3)

16 Juin, 2014

Protais-LUMBU3

Dans cet ouvrage aussi autobiographique que le précédent est retracé en cinq chapitres, la personnalisation de l’auteur en « yeux, oreille et bouche de la population » tant pendant ses vacances parlementaires de décembre 1975 et janvier 1976, qu’en sa défense de la jeunesse lors de l’audience accordé par le Président de la République à la JMPR/CVK le 05/02/1976 et enfin en l’exigence avec ses collègues parlementaire du bon comportement des autorités des forces armées dans le district de Tanganyika.

  Sous Section 7. MA VISITE DANS LA COLLECTIVITE DE YAMBULA.

 

Paragraphe 1er   TRAJET EFFECTUE GRACE AU CONCOURS DE  MUYUMBA MANGILI (JEEF)

             La journée du 12 janvier 1976 était dans mon programme réservée à la collectivité de Yambula et de Muhona car des rassemblements devaient avoir lieu respectivement à Keba et à Nonge.

 La zone dont le service de l’agriculture possédait un véhicule manquait  du carburant. Je constatai qu’en comptant sur la zone je risquais de ne pas réaliser mon programme. Entre temps, on m’informa que déjà tôt le matin la population mobilisée m’attendait d’où ma décision de rejoindre Keba à pied. Le Commissaire de zone me suivit pour me supplier de rentrer et attendre la suite que pourrait  réserver certains commerçants à qu’il avait formulé une demande. Je contractai le Citoyen Muyumba Mangili alias Jeef, commerçant transporteur qui m’adressa la note dont le contenu ci-dessous et 2O litres de carburant :

 

Kongolo, le 12 janvier 1976.

 Citoyen Commissaire du Peuple,

Recevez fraternellement ma petite note. Je voudrais vraiment vous aider. Mais vous connaissez vous-même notre situation actuelle. Je vous envois une petite quantité d’essence (20 litres) pour vous aider. La semaine passée j’avais acheté des fûts d’essence mais j’ai rendu de grandes quantités à ceux qui m’en empruntaient surtout les prêtres. Ensuite mon véhicule manque l’huile du moteur, c’est pourquoi je n’ai pas pu me déplacer pour Mbulula.

            Excusez-moi cher frère, si je commets une faute envers vous dans cette note. Nous causerons davantage le jour que nous nous verrons.

                                                                                  Votre frère,

                                                                       Sé/MUYUMBA MANGI

 

            Il était déjà  13 heures, lorsque nous rejoignîmes Keba.

La population qui  nous attendait devenait de plus en plus impatiente, certaines femmes qui s’étaient mis à boire le Lumay-may ne se contrôlaient plus.

 

Paragraphe 2.   RASSEMBLEMENT POPULAIRE.

             Le programme se présentait de  la manière suivante :

1°) Présentation du Commissaire du Peuple par le Chef de collectivité ad intérim TOPE wa LUZA et mot de salutations du commissaire du Peuple.

2°) Séance du travail avec les notables et les proches collaborateurs du chef.

3°) Visite de l’école primaire et du cycle d’orientation.

4°) visite du bureau de la collectivité et du camp des policiers et de la prison.

5°) Visite du champ du parti.

 

a)  MON ADRESSE A LA POPULATION..

             Après ma présentation par le Chef de Collectivité ad interim, je m’adressai à la population en ces mots : Mes chers frères, le chef vient de vous informer pourquoi au lieu de vous arriver le matin, je viens le soir. Je m’étais rendu compte moi-même de mon retard et commençai à venir à pied jusqu’au moment où les autorités de zone m’avaient supplié de rentrer. Comme vous m’attendez malgré la faim, je m’étais décidé de ne pas dîner. Le chef dit que vous exigez les photos de vos candidats comme auparavant avant de voter. Cette fois la procédure n’a pas été celle-là. Vous avez acclamé les listes des candidats du M.P.R. et pour notre Sous/Région du Tanganika je fais partie des élus. Me voilà venu vous rencontrer pour que nous nous connaissions. Je voudrais que vous m’exposiez vos problèmes afin que je les connaisse et fasse un rapport à qui de droit. Je suis les yeux, les oreilles et la bouche de vous tous. Je n’ai pas un policier avec moi, par conséquent, n’ayez pas peur de m’aborder car je n’arrête personne. Que celui qui a une bonne suggestion pour faire avancer notre pays vienne me la signifier, que celui qui a une difficulté vienne m’en exposer clairement.

 

b) LA SEANCE DU TRAVAIL AVEC LES NOTABLES ET LES PROCHES   COLLABORATEURS DU CHEF DE COLLECTIVITE.

             Evitant le désordre de la foule, nous nous retirions dans une case et le chef demanda aux intéressés d’y entrer à tour de rôle. Mais d’abord il me présenta ses collaborateurs :

–         Receveur Comptable : LUHEMBWE WA MAYENZE, Secrétaire MPR KAYUMBA MALANGA, Dirigeant KIZOKA MASIMANGO, Greffier KONGOLO MULOKO, 3 juges NGONGO LUHEMBWE, KABEMBA MWANAKAHENGA, BULONGO IMBWA.

 CHEF DE COL         : Citoyen Commissaire du Peuple, je vous expose un problème de la collectivité, c’est la hausse de prix. C’est intenable. La vie sociale est un peu bien. Mais le prix on ne sait quoi faire. C’est pourquoi le peuple essaie aussi de vendre plus cher ses produits agricoles pour équilibrer. La population souffre beaucoup. Elle cultive beaucoup mais elle vend tout afin d’avoir l’argent suffisant pour couvrir ses besoins.

Pour le problème du foyer social, c’est pour l’année prochaine. En ce qui concerne l’école maternelle ; j’en ai 2 dans le chef-lieu et 15 à l’intérieur de la collectivité. Mais les instituteurs sont découragés et commencent à abandonner. On ne sait pas si c’est le Gouvernement ou la collectivité qui se chargera de leur payement. Depuis qu’ils ont commencé ces instituteurs demeurent impayés. Il y a un C.O. à Keba et 3 écoles primaires dans ma collectivité dont 2 à l’intérieur à Mukoko et Nkulula.

COMPEUPLE : On m’a exposé un problème concernant un conflit à Mukoko. Puis-je savoir de quel genre de conflit il s’agit ?

 LUHEMBWE : Oui, il s’agit là d’une affaire très vieille entre Mukoko et Muhanda. Le dossier traîne à la zone. Ce sont des frères de Muhanda qui avaient  leur terre, mais à la chasse ils se sont disputés leurs fruits. L’un des deux frères vint inviter Mukoko pour aller combattre l’autre et promit la terre en cas de victoire. Mukoko remporta et on lui donna la terre. Mais après des années et des années ceux de Muhanda enviaient la terre mais ils n’ont pas réussi dans le temps colonial.

Lors de groupement des villages, on les a donné un espace près de la route mais au lieu de construire sur cet espace, eux ont profité de l’occasion pour récupérer leur terre.

 CHEF DE COL         : C’est un grand problème, si le Commissaire de Zone ne réfléchit pas, ça fera couler le sang.

LUHEMBWE : Nous avons des limites de nos collectivités, nous avons dans notre collectivité les gens de l’autre collectivité (BALUBA) mais ils ne sont pas contrôlés par nous. C.P.M. etc. ces gens cultivent chez-nous, dans notre collectivité.

Quand il y a le salongo ici chez-nous, ils nous disent que nous ne faisons pas partie de votre collectivité. Ces gens doivent être sous l’autorité de notre collectivité.

 COMPEUPLE : Que vous a dit le commissaire de zone ?

LUHEMBWE : Il n’est pas encore au courant, ses prédécesseurs savent…

LAGILWA    : (Un responsable de la collectivité). Moi depuis que les belges nous ont laissé, je n’ai pas des difficultés avec mes amis. Kongolo chef Muluba reste dans ma terre, il ne fait rien, il emprisonne mes sujets, ses profits sont à Kasea, moi je demande que ses sujets et lui-même aussi longtemps qu’ils sont dans nos terres, qu’ils payent l’impôt à la collectivité de BENA-YAMBULA. S’ils ne veulent pas qu’ils regagnent leurs terres en dehors des limites.

Ensuite, il y a le problème de prix qui ne fait que croître. Les commerçants cultivent aussi, qui achètera les produits de culture ; qu’on interdise aux commerçants de cultiver.

 MASAHANI : (Catéchiste kimbanguiste). A suivre ce que Keba a dit, nous avons des difficultés pour la viande. Et puis nous les habitants pour aller vendre du riz ou l’huile, nous devons avoir des papiers nous autorisant à le faire et ces papiers nous devons les acheter. On nous refuse de manger la viande en ne nous permettant pas de chasser ou de commercer la viande. Qu’allons-nous manger maintenant ? Depuis la période coloniale, l’agronome travaille au bureau, ici chez-nous l’agronome nous suit à nos maisons pour nous arracher la viande, la boisson, etc. L’interdiction était pour 3 ans, et c’est d’ailleurs la chasse organisée collective et non individuelle qui était interdite mais voilà qu’ici cela perdure. En ce qui concerne l’achat de nos fibres textiles le retard est considérable, qu’allons-nous faire Ceux qui achètent préfèrent leurs frères, en tout, nous voyons comme si nous n’étions pas indépendants.

 

CHEF DE COL. : Cela est vrai, pour qu’un agent réceptionne le coton, il faut qu’on lui donne une femme, une chèvre, un endroit convenable pour dormir, alors il pourra acheter le coton le lendemain.

Cette faute provient du Directeur Régional de l’ONAFITEX. Un autre regret des gens de Keba  c’est au sujet du travail manuel de nos enfants, ils cultivent beaucoup et grâce à leur travail on a pu construire l’école. Et maintenant on leur exige le minerval malgré le fruit de leur travail ; cela n’est-il pas anormal ?

 COMPEUPLE : Je pense que ce problème du minerval est réel. Le gouvernement recommande à chaque enfant de payer 35 K par trimestre. Le Directeur ne garde pas cet argent car il doit le verser auprès du comptable. Dans notre pays, c’est le gouvernement qui paye les enseignants alors que dans certains pays, les parents contribuent eux-mêmes pour l’éducation de leurs enfants et ils payent cher.

 MASAHANI : Les gens souffrent beaucoup à cause de l’agriculture, n’y a-t-il pas moyen d’avoir des tracteurs ?

 MOTE M. : (Enseignant 36 ans de service). J’étais pensionné l’année passée et suis resté neuf mois sans être payé, tous mes enfants ont été renvoyés de l’école. Je suis allé à Kalemie où on m’a dit que mon argent a été bloqué là-bas en attendant l’autorisation de Kinshasa. Je reçus alors une note m’enjoignant de reprendre le travail. J’ai travaillé pendant trois mois et j’ai été payé, au 4ème mois on m’a encore informé que j’étais à nouveau pensionné, 490 Zaïres m’ont été versés à cette occasion, trois mois sont passés et je retombe dans l’impaiement.

 CHEF DE COL. : Citoyen Commissaire du Peuple, je vous prie d’être notre interprète auprès de nos autorités de la Zone, sous/région et région.

Il y a une grande anarchie. Quand il y a un litige entre deux personnes de la même collectivité, le plaignant touche directement la zone, la gendarmerie ou les F.A.Z. et de là on vient arrêter les personnes dans la collectivité pour les juger ! Cela amène un grand désordre, la gendarmerie et les F.A.Z. exagèrent. Nous souhaiterions que ces responsables passent par des services compétents de collectivité ou de localité avant d’arrêter un habitant.

 KIZIOKA : Nous avons des enfants, mais nous sommes payés forfaitairement et pourtant nous payons le  minerval des enfants.

Nous souhaiterions que le salaire du personnel des collectivités s’adapte au salaire du personnel administratif. En ce qui concerne la collaboration entre le personnel de la collectivité et le chef de collectivité, il n’y a rien à reprocher.

             Après cette séance du travail, je reçus l’information que la population de localités Keba, Kanye, Tshala, Katongola, Ngeleza et Rond-Point est celle qui m’avait accueilli.

Ma suite se dirigea alors à l’école primaire où je fus accueilli par le Directeur de l’école primaire Keba.

 

Paragraphe 3. LA VISITE DES ECOLES, CHAMP DU PARTI ET DES INFRASTRUCTURES DE LA COLLECTIVITE

 a)  LA VISITE DE L’ECOLE PRIMAIRE ET DU CYCLE D’ORIENTATION

 

            Prenant la parole, je m’adressai au Citoyen TSHITETE BRIKI, directeur d’école en ces termes : « Citoyen Directeur, nous sommes les yeux, les oreilles et la bouche de la population. Comme le Chef de collectivité a prévu dans son programme la visite de votre école, nous avons accepté de venir voir cet endroit où se forme la jeunesse qui est le Zaïre de demain ».

DIRECTEUR : Citoyen Commissaire du Peuple, nous sommes très contents de vous recevoir, nous avons d’ailleurs un document à vous remettre.

 Comme le Chef vous avez dit, notre école n’était qu’une succursale mais aujourd’hui nous avons une grande école. J’ai commencé en 1969 avec 7 enseignants maintenant nous construisons par notre propre force, nous n’avons aucune aide de l’Etat et pourtant nous avons énormément des difficultés pour la construction.

 COMPEUPLE : La population scolaire se chiffre à combien ?

DIRECTEUR : Notre école primaire a un chiffre de 1.446 élèves. Nous avons ouvert cette année-ci la première année du cycle d’orientation.

L’année prochaine, nous ouvrirons une deuxième et cela se suivra jusqu’à la sixième année secondaire. Les bâtiments vont donc nous manquer, car l’école primaire est appelée à céder une à une ses locaux. C’est pour cela que nous avons besoin d’une aide au Gouvernement pour construire (il présente son document).

 COMPEUPLE : Je vous remercie de tout ce que vous êtes en train de faire et vous prie de continuer dans cette voie. Il n’y avait rien ici et voilà qu’il y a une grande école. Cela démontre donc que vous n’avez rien attendu et je pense que l’expression « aide-toi et le ciel t’aidera » pourra être concrétisée dans ce cas. Je ne manquerai donc pas de soumettre votre problème de construction à qui de droit.

DIRECTEUR : (Présentant le livre d’or de l’école primaire KEBA).

Le Commissaire du Peuple écrit les mots suivants : « La jeunesse étant la relève du pays, notre devoir en tant que cadres supérieurs du parti et de la préparer afin qu’un jour elle puisse assumer les responsabilités qui seront siennes dans la dignité ».

 COMPEUPLE : Quand est-ce que vous comptez terminer cette construction ?

DIRECTEUR : Sans aide, d’ici deux ans je vais terminer.

CHEF LOC. : Notre Directeur est un homme d’action. Avec le concours de la population il pouvait terminer dans quelques jours.

 Un bâtiment de l’école était en pailles. Composé de 4 classes,  les pierres servaient de bancs.

COMPEUPLE : De notre temps les élèves étaient obligés de placer leurs bancs, d’en fabriquer.

Il y avait aussi un ancien bâtiment de 3 classes (5ème A, 5ème B et 5ème C) et un nouveau bâtiment construit par les élèves eux-mêmes (6ème A, 6ème B et 6ème C) dont les bancs étaient trop bas. Un autre nouveau bâtiment dont le local était  cimenté servait de classe de Cycle d’orientation.

 

b)    LA VISITE DU CHAMP DU PARTI

             380 m sur 100 m. On y avai planté les maïs dans une partie pendant que l’autre était réservée pour le coton.

 

c)   LA VISITE DES INFRASTRUCTURES DE LA COLLECTIVITE.

 Le chef de collectivité ad interim nous avait présenté le Tribunal, 2locaux servant de prison et 3 bureaux de la collectivité  dans un bâtiment en paille. Vous voyez, avait-il dit les recettes ne sont pas suffisantes pour permettre de payer le personnel par le fait que je vous ai dit, les affaires passent de la localité à la Gendarmerie ou F.A.Z. Nous, nous n’encaissons rien.

COMPEUPLE : A part le dispensaire du  Curé il y a un dispensaire de la collectivité ?

CHEF COL. : Non.

 COMPEUPLE : A qui appartient le moulin ?

CHEF COL : Il appartient aux Sœurs et non aux particuliers.

 Rien ne se fait pour l’entretien de route par l’Office des Routes.

COMPEUPLE : Ils ne viennent pas pour des visites de routes ?

CHEF COL. : Non, une fois sur les motos c’est fini.

 

Sous Section 8.  L’ETAT DE ROUTE M’EMPECHE D’ATTEINDRE NONGE   CHEF LIEU  DE LA COLLECTIVITE DE MUHONA.

             Mon programme prévoyait que je passe ma nuit ce jour-là à Nonge, chef-lieu de la collectivité de Muhona. Il était question que je prenne la route passant par Tshala, mais malheureusement, près de Tshala un ruisseau n’avait pas son pont. Je me décidais de rejoindre directement Sola pour éviter que le problème du carburant ne se pose de nouveau le lendemain.


Sous Section 9. MA VISITE DANS LA COLLECTIVITE DE N’KUVU (du  12  au 15 janvier 1976).

             Il était 18 heures lorsque nous arrivâmes à Kilubi, chef-lieu de la collectivité. Le chef de collectivité ad interim était absent de sa résidence, on nous apprit qu’il était allé faire une enquête à l’internat des filles où quelques élèves étaient en difficulté avec leurs professeurs. Le Dirigeant de la JMPR/Collectivité se trouverait à Kongolo où il serait engagé à l’ONACER. Le Secrétaire permanent du M.P.R. était absent.

             Lorsque le chef arriva, il s’excusa car surpris de notre arrivée plutôt que prévue. Il nous pria de regagner la mission car c’est là que nous devrions être logés. Comme à Keba, ma suite était composée de mon Secrétaire particulier ILUNGA MUKUBO, le Dirigeant titulaire de JMPR/Zone KITENTA et le chauffeur KITEBA.

 

Paragraphe 1er.    MON SEJOUR A SOLA (LUFUANDO)

 a)       MA CONVERSATION AVEC LE PERE HUGO.

             Une conversation s’engagea entre moi et le père HUGO en présence de ma suite et du Père ANTONIO :

 PERE              : Vous allez être surpris par Sola où vous découvrirez des bonnes choses.

COMPEUPLE : Je suis ancien de Sola (1957/61). J’aimerais visiter tous les endroits qui me rappelleront mon enfance. Mon directeur était Père VAN DAMME. J’étais même au collège ex-St. Joseph sous la direction  du Père MARTENS. Ce collège qui avait été fermé au moment des troubles, a-t-il réouvert ses portes.

 PERE              : Oui, il est réouvert depuis 1968, il est dirigé par le Citoyen MATESO.

COMPEUPLE : Ce directeur est là ? Je peux le voir demain ?

PERE              : Non il est allé à Kalemie où il est appelé pour chercher une partie des subsides pour l’internat.

 COMPEUPLE : Alors, j’ai appris que vous cultivez et que vous avez ravitaillé Kongolo en farine ?

 PERE              : Oui. Vous voyez que Kongolo a connu une crise, la première dans l’histoire. La population a manqué la farine. Pourquoi, parce que la population a vendu tout à l’ONACER. On a rien stocké à Kongolo. On a tout acheminé. La population de la campagne était incapable de ravitailler la ville. Nous, heureusement qu’on avait un stock, nous avons ravitaillé la ville. Nous avons ainsi acheminé à Kongolo pour nourrir famille en famille, 90 tonnes de farine.

 COMPEUPLE : Où l’ONACER a-t-il acheminé ce maïs ? Achète-t-il avec les fonds de l’Etat ou des particuliers ?

DIRIGEANT : Il a acheminé au Kasaï et en grande partie avec la complicité de leurs frères commerçants du Kasaï.

 COMPEUPLE : Vous avez manqué de vigilance.

DIRIGEANT : Pas du tout, nous avons averti la sous-région.

 COMPEUPLE : Les agronomes visitent-ils souvent les champs ?

PERE              : Ils passent tout leur temps dans les bureaux, voilà c’est ce qui ne va pas. Ils devront rester tout le temps auprès des cultivateurs pour les encourager et leur donner des conseils.

 COMPEUPLE : La terre est bonne pour l’agriculture ? Il n’y a pas besoin d’engrais ?

PERE              : La terre est bonne, mais avec peu d’engrais, ce serait mieux. Les prix ne sont pas contrôlés. A Kongolo on ne contrôle pas les prix. Il y a certains sauts. Un autre prix à Kongolo, un autre à Kindu, mais l’usine est là même. Le pourcentage de gain, c’est 13% maintenant, à Kongolo il arrive à 40%. Mais si on aime le peuple, il faut que les pauvres ne souffrent pas trop. A Kongolo ce n’est qu’au marché, le marché de pauvres comme je l’appelle où on trouve quand même un équilibre. Ceci vient du fait qu’il n’y a pas beaucoup de grands commerçants bons. LUALABA et KIBWE SAKINA se voient seuls. Les prix ne tiennent pas compte du pourcentage de bénéfice. Les avances qu’on donnait aux enseignants, il faut voir, mon Commissaire du Peuple, comment ces jeunes gens vivent. Si ce n’étaient pas nous autres, certains d’entre eux allaient abandonner. Maintenant on demande les dossiers partout, Kinshasa, Lubumbashi, après Kalemie.

             Le Père HUGO me logea dans une chambre dont la fenêtre donnait à la route mais avant de dormir, je fis dactylographier le texte de ma conférence.

             Toute la nuit, j’évoquais mes souvenirs d’enfance à l’internat de Sola. Le matin, après avoir déjeuné avec le Père HUGO, nous rejoignîmes la foule rassemblée à la salle de réunions  sous les chants du groupe choc d’animation.

 

b)        LE RASSEMBLEMENT POPULAIRE

             Les Directeurs des écoles MUUNGANO, MAPATANO, le responsable du foyer, le dirigeant de la localité et le chef de localité LUFUANDO m’avaient accueilli. J’avais donné la main à certaines personnes dans la foule avant de m’installer. Le chef de collectivité ad intérim, le citoyen NGOY wa NGALULA, s’adressa à la population pour me présenter en ces termes avant de me céder la parole. (slogans) : Citoyennes, Citoyens, mes grands et petits-frères, vous vous demandez peut-être la raison de notre rassemblement ici, pourquoi tout ce tam-tam ? Nous faisons connaissance avec notre Commissaire du Peuple. Pourquoi le Président a instauré une nouvelle méthode de l’élection. Plus de tribalisme, fini le temps de politicaille…

COMPEUPLE : Je suis un ancien de Sola, c’est pour moi une grande joie de retrouver Sola après 15 ans.  A cause des troubles de l’indépendance, j’ai quitté ce lieu pour poursuivre mes études à Lubumbashi, Kamina, Kananga et Kinshasa. J’ai posé ma candidature dans notre Zone ave l’intention seulement de vous servir. Après la session, il nous a été recommandé de vivre auprès de nos électeurs, pour mieux connaître leur joie, leurs souffrances et leurs suggestions. N’ayez pas peur de venir me voir. (Applaudissements).

CHEF COL. : (Il présente un sac déchiré). C’est la population de N’kuvu qui ravitaille Kongolo, soyez fiers. Ce sac déchiré c’est vous-même qui voulez porter atteinte à votre réputation. Les pères ont fait leur barrage avec les sacs mais la population détruit ce barrage en arrachant ces sacs. Il faut préserver ce barrage pour permettre la réussite de leur travail de champ.

 MUKELENGE  KALUKULA : Nous sommes très contents, chef. Il faut savoir que nous avons toujours été en deuil, vous êtes là, vous allez pouvoir mettre fin à notre deuil. Nous vous dirons toutes nos difficultés sans rien vous cacher (Applaudissements).

Comme les élèves attendaient aussi, nous suspendions la réunion avec la population lui informant qu’une séance de travail aurait lieu après la visite des écoles et partîmes en visite.

 

c)      – MA VISITE DES ECOLES.

ECOLE D’APPLICATION

             Accueilli par le représentant de direction.

Je constatai que la classe de 6ème et 5ème avaient des fenêtres sans vitres alors que celles de 4ème et 3ème avaient des murs peints.

 

 L’INSTITUT NGONGO 

           Accueilli par Le préfet de discipline, le citoyen SANGWA MWAMBA.

 

COMPEUPLE : Il y a assez de matériels didactiques ?

DIRECTEUR : Pas assez.

                        1ère année B. (adresse du COMPEUPLE aux élèves)

                        2ème année A. (adresse du COMPEUPLE aux élèves)

                        2è anne B. (adresse du COMPEUPLE aux élèves).

 

L’ECOLE PRIMAIRE AMANI SOLA.

             Accueilli par le Directeur, le citoyen MANDOMBELE. Animation par le groupe d’animation de l’école. Présentation par le Directeur de l’école, adresse du Commissaire du Peuple. Visite des classes : 6ème, 5ème B, 5ème A, 4ème A, 3ème, 2ème, 1ère B, 1ère A.

 DIRECTEUR : Il y a l’accroissement des naissances, les écoles ne sont pas nombreuses. Manque des écoles secondaires. Nous manquons les écoles de carrières (orientation, technique). Nous vous demandons de multiplier les écoles et de dédoubler des classes car la population est très dense. Le bâtiment est prêt mais on n’a pas encore accordé l’ouverture d’autres classes.

Au point de vue développement : le moteur à eau ne fonctionne pas, on peut penser aussi à ça. C’est un problème à ne pas négliger.

 

L’INSTITUT NYOTA YA ASUBUI.

             L’accueil en animation en chansons hemba par les élèves de l’Institut NYOTA ya ASUBUI (184 élèves dont 134 filles et 50 garçons).

Le Directeur de l’internat nous fit voir 3 fûts d’huile, quelques sacs d’haricots, un magasin de bois et nous informa que les frais de pension s’élèvaient à 56,00 Zaïres par an. Nous visitâmes un dortoir à 27 lits, un magasin dans lequel les élèves entrent 2 fois par semaine, le réfectoire a 17 tables occupée chacune par 4 élèves, un dortoir à 22 lits (80 internes), un dortoir à 10 lits pour la 1ère année, un dortoir à 19 lits et un dortoir aux lits non occupés.

            Au bureau de l’Institut Nyota il n’y avait pas assez de matériel didactique. Une seule machine à coudre. Le préfet adressa un mot de bienvenu me souhaitant les vœux de nouvel an et beaucoup de succès dans ma carrière puis nous ayant offert un verre de bière simba, il nous présenta le corps professoral composé de

 MUGIMBA MUGEZI, KONGOLO MUAMBA, NYEMBO LANGA MUYUMBA, TAMBWE BULONGO, KIBAMBA wa LUHEMBWE, KITENGE NGAHUTU.

                  Prenant la parole en ces termes : Mes chers amis, le Préfet m’a déjà introduit ici, le programme est bien chargé, je devrais recevoir les enseignants ensemble mais l’occasion est là, je veux m’entretenir tout d’abord avec vous, j’aimerais mieux que nous causions à cœur ouvert. C’est de votre part que j’aurai plus des suggestions. Je débutai ainsi mon programme d’entretien avec différents corps,

 

d)    MON ENTRETIEN AVEC DIFFERENTS GROUPES DE PERSONNES

    MON ENTETIEN AVEC LES PROFESSEURS DE L’INSTITUT NYOTA  YA ASUBUI.

 PREFET : Merci beaucoup de nous accorder cette séance, en tant que chef d’établissement, je vous dirai que l’Institut Nyota compte 4 classes, il doit recevoir les élèves des écoles primaires de toute la zone, plus de 800 élèves, or il est prévu 35 élèves par classe. Nous sommes obligés de prendre plus. Le problème est le dédoublement de classes. Les instituts de Kongolo ont de places seulement pour les enfants de chez eux. La bibliothèque est aussi nécessaire. Il faut aussi construire pour avoir un bureau convenable, une salle de jeux, etc. Les internes ne sont pas bien protégés, nous désirons aussi une clôture durable pour mieux contrôler les sorties. Un problème aussi très crucial c’est la question de la source, les élèves puisent l’eau avec les villageoises. Ca crée les incidents très graves. Prévoir les installations de distribution d’eau, ça va empêcher les filles d’envahir la source. Il n’y aura plus d’incidents avec les villageois. Ceci m’amène à prévoir une douche (à construire). Les dortoirs sont insuffisants, il y a encore un dortoir que détiennent les sœurs. Il y a une sorte de méfiance. Il faut un autre dortoir et un réfectoire au cas où l’autre aura un dédoublement des classes.

DIRINTERNAT : Nous sommes soumis à acheter les aliments ailleurs, puis les filles qui tombent malades doivent aussi être transportées. On peut nous accorder un véhicule pour approvisionner l’internat, transporter les bois, maïs, vivres pour les internes, amener les malades à un grand hôpital (Kongolo).

 COMPEUPLE : La plupart de ces jeunes professeurs où sont-ils logés ?

PREFET : C’est aussi un grand problème. J’ai de professeurs qui n’ont pas de logement. Il faut un logement aussi pour les professeurs, même moi-même le Préfet. C’est un problème très important.

 COMPEUPLE : Le problème est qu’ils ne sont pas encore payés et cela  leur empêche de se loger convenablement.

PREFET : En tout cas, il n’y a même pas de logements, vous voyez ces jeunes vont continuer ils ne vont pas construire. Il faut des logements propres pour l’école.

 COMPEUPLE : Qu’en est il des structures d’accueil et les relations avec la population ?

PROF. : La population ne nous aime pas, il y a toujours de problèmes d’ailleurs depuis longtemps.

 DIRAMANI : Voyez que nous sommes dans une localité où il n’y a pas les gens qui ont étudié. Il y a une sorte de jalousie.

 COMPEUPLE : Quand je vous ai parlé de structures d’accueil, je faisais allusion aux relations avec la population, si elle vous accueille bien, vous donne des logements, voire même la nourriture. Et vous de votre part, vous devriez être des modèles. Faire de bonnes actions ainsi les plus jeunes vont vous suivre. Quand après votre réquisition vous rentrerez aux études  raconteez à ceux qui sont là-bas de mauvaises conditions dans lesquelles vous êtes ici, ils vont se décourager d’y venir.

PROF : Vous voyez, il n’y a pas longtemps qu’on a ramassé des lettres anonymes pleines d’injures.

 COMPEUPLE : Ne tenez pas compte de lettres anonymes, elles n’ont pas de valeur juridiquement. Je vous invite seulement à être courageux.

PROF. : Nous vivons dans une crainte perpétuelle. Quand une élève échoue, la faute incombe toujours aux professeurs, on injurie et quand vous passez quelque part on vous contrôle, tous les faits et gestes sont contrôlés. Ceci nous prouve que la population ne nous aime pas.

 COMPEUPLE : D’accord, vous, vous faites votre travail sans crainte, conduisez-vous comme des hommes dignes…

PREFET : Dire que la population est contre les professeurs c’est faux. Mais il y a quelques individus qui sont contre les professeurs. Vous savez vous-même, l’endroit où nous vivons, la conduite est dictée, quand on ne salue pas on est considéré comme un homme qui est contre eux. Or, mes professeurs viennent des petits centres où on n’a pas l’habitude de saluer tout le monde. Voilà les difficultés. Le milieu est très catholique, comme l’école  était dirigée par les Sœurs, on croit que ces jeunes gens et leur préfet laïc sont tous des fornicateurs. Vous voyez la population n’est pas contre les professeurs mais bien quelques milieux, quelques sujets.

 COMPEUPLE : Le Préfet vient de vous le dire, je vous demanderais d’être confiants. S’il y a quelque chose qui ne va pas, avertissez le Préfet et les autorités de la place qui ne manqueront pas de prendre les dispositions nécessaires.

DIRAMANI : Nous voulons bien développer ce centre, nous vous demandons de ne pas oublier, surtout, la jeunesse.

 COMPEUPLE : Je vous ai dit mes attributions. C’est difficile souvent pour moi d’oublier les problèmes de la jeunesse, ce n’est pas un problème étranger. Les derniers mots que j’ai à vous dire c’est vous remercier de ce verre que vous m’avez offert. Faites-moi des suggestions. Quand on me présente un problème et suggestions, ça me donne une voie.

Le Préfet me remit la note dont la teneur ci-dessous :


INSTITUT NYOTA YA ASUBUI DE SOLA

B.P. 6 – KONGOLO

CODE/4/12661

 

BESOINS DE L’INSTITUT NYOTA YA ASUBUI.

 1°) Dédoublement des classes en commençant par la 1ère Normale (les bâtiments existant déjà).

2°) Construction d’un bâtiment pour abriter :

                        1)- bureau + secrétariat

                        2)- salle de jeux

                        3°- magasin.

3°) Construction d’une salle de bain pour cent filles internes.

4°) Pompe à eau pour alimenter l’internat en eau. Les sources existantes sont fréquentées par tout le monde. Il y a risque de conflit entre plus ou moins cent internes et la population déjà nombreuse à Sola.

5°) Des machines à coudre pour 150 filles qui fréquentent l’institut Nyota ya Asubui de Sola. Il n’y en a qu’une seule pour le moment.

6°) Des maisons pour sept professeurs et pour le Préfet des études Sola étant un centre rural des maisons à louer n’existent pas

7°) Un véhicule pour le transport des vivres, des bois de chauffage pour l’internat de l’Institut NYOTA ya Asubui de Sola.

8°) Une infirmerie pour l’internat de l’Institut Nyota ya Asubui de Sola.

 

                                                                       Fait à Sola, le 13 janvier 1976

                                                                   Pour le Conseil des  professeurs

                                                                   Sé/ILUNGA MWISHABONGO

                                                                               Préfet des études.

 

            Après la visite des écoles, je rentrais à la salle des réunions où la séance de travail devait avoir lieu.

 

 ENTRETIEN AVEC LES NOTABLES ET LES CHEFS DE LOCALITES.

 CHEF DE COL. : Introduction –Chef Lufuando souhaite la bienvenue au Commissaire du Peuple. Il offre une chèvre, une calebasse de Lumay-may. Nous demandons que vous écoutiez ce que les vieux vont vous exposer comme problème et d’être leur interprète pour qu’il puisse y avoir des solutions.

 COMPEUPLE : Le Chef de collectivité vous a déjà dit que je vous remercie de tous vos cadeaux. Je suis votre serviteur, la fois prochaine je ne mangerai que ce que vous-même vous mangez régulièrement. J’aimerais vous informer que je m’installerai prochainement à Kongolo pour mieux m’informer de vous

KAYEMBE M. : Citoyen Commissaire du Peuple, vous dites que vous êtes notre serviteur, ce n’est pas cela, vous, vous êtes notre Père, nous allons vous exposer une à une nos suggestions. (Il lit une lettre dans laquelle les idées maîtresses sont les suivantes) :

            « Citoyen CommPeuple, nous voulons avoir un docteur à Sola, car c’est un grand centre, un seul infirmier ne suffit pas. Notre école de Sola a donné naissance à Makutano, Mbulula, Kibangula, maintenant nous voulons que vous fassiez tous vos efforts pour que nous puissions avoir un cycle long.

Nous les cultivateurs nous souffrons beaucoup, nous commençons à cultiver le coton en octobre, mais nous souffrons beaucoup pour vendre nos produits vivriers, le prix est très élevé au magasin. Le prix ne fait que monter, qu’allons-nous faire ? Il manque des médicaments à notre dispensaire, veuillez demander cela pour nous. Cit. Commi. Peuple, faites vos efforts pour que nous puissions avoir des tracteurs, notre sol est très bon. J’aimerais vous demander aussi pourquoi nous chefs de localité nous ne sommes pas payés ? Pourquoi nous les cultivateurs nous n’avons pas de dirigeants ! Enfin, notre route était très bonne maintenant elle est en très mauvais état, pourquoi ne paie-t-on pas les cantonniers qui ont abandonné leur service en faveur d’autres ? »

BIENGE K. : (Cultivateur et dirigeant de localité KABWIBWA). La population pleure à cause d’assassinat, les gens s’entretuent, il faudrait que vous examiniez afin que celui qui tue soit aussi tué, qu’il soit pendu, tout comme celui qui vole trop ait la main droite coupée comme signe. Ensuite pour les écoles, nous avons de constructions abandonnées par les prêtres et on nous demande de payer le minerval pour nos enfants ? Où va cet argent ?

Et puis les enfants cultivent, on nous demande les uniformes, pourquoi tout cela ?

 KITENGE M. : (Ancien travailleur à la mission de 1920 à 1960) montrant une lettre. Cette lettre je l’ai eue chez les supérieurs qui ont informé Moba. On a mis au courant le Père Supérieur qui s’est adressé à Lubumbashi puis le Père supérieur me dit que je n’étais pas pensionné et pourtant j’ai travaillé pendant beaucoup d’années. Ceux qui ont commencé le travail après moi ont eu leurs allocations de retraités. Les prêtres disent que je ne leur avais donné qu’un livret or je leur ai donné 2 livrets encore, voici les lettres en question.

 CHEF DE COL : Comme les vieux ont dit qu’il faut un docteur ici, moi aussi je suis d’accord et je voudrais qu’il y ait même un docteur dans chaque collectivité, un spécialiste, puisqu’il y a beaucoup de variétés des maladies. En ce qui concerne les prix, les prix montent de plus en plus aux magasins à telle enseigne que les paysans voudraient vendre une racine de manioc à 10 makuta, mais moi je ne veux pas cela.

Cit. Commi Peuple, nous devons lutter pour que les prix baissent aux magasins, parce que quand nous allons fixer à 10 makuta une racine de manioc, ceux qui cultivent et ceux qui travaillent vont manger, alors ceux qui ne cultivent pas, ils vont mourir de faim. Si nous augmentons les prix c’est tous les articles où les prix qui vont hausser, la chèvre coûtera jusqu’à 20 Zaïres alors qu’ici chez-nous on réclame la chèvre pour dot et au cas où vous avez 5 enfants, comment vous allez les marier, parce que pour chaque enfant on réclamera 10 à 20 chèvres, quelle somme allez-vous dépenser pour vous les procurer ?

Aux magasins, une coupe revient à 25 zaïres, si quelqu’un veut acheter cette coupe et au cas où il vend une racine de manioc à 10 makuta, n’est-ce pas qu’il va vider tout son champ et rester affamé. Nous détruirons ainsi le pays Cit. ComPeuple. Il faudrait qu’on fasse baisser les prix aux magasins, c’est cela qui doit être notre lutte.  En ce qui concerne le minerval, les habitants doivent savoir que le Directeur souffre beaucoup, les champs scolaires sont détruits par leurs chèvres. Cit. Compeuple, on nous envoie des quittances pour le CPM et j’envoie les gens dans des villages pour faire acquitter la population de cet impôt, et voilà qu’on les chasse. A Lukongo, les gens du village ont dit buvons et puis tapons les envoyés du Chef alors que moi je n’aime pas les troubles.

Quand le Commissaire de Zone a fait un bouclage ici à Sola, les gens ont payé 118 Zaïres, moi je suis arrivé, je n’aime pas de bouclage. Les gens doivent payer à leur gré, j’ai enlevé des barrières qui existaient même pendant la journée pour que les gens commercialisent librement leurs produits et qu’ils aient de l’argent pour s’acquitter de leurs devoirs. Depuis que nous nous sommes entendus sur cela, vous pouvez demander aux chefs des localités, personne n’est venu payer l’impôt. Les gens se sont entretués à Kakunde, je suis allé arrêter les assassins et je les ai amenés à Kilubi, voilà que les gens des villages environnants, s’amènent la nuit à Kakunde voler divers objets. J’ai pourtant refusé de faire appel aux militaires parce que je voulais empêcher tout vol. Nous-mêmes les habitants au lieu d’avoir pitié de notre frère qui est décédé, nous voulons profiter du moment pour nous enrichir. Vous voyez que nous ne nous aimons pas. Nous nous détestons les uns des autres. En ce qui concerne le paiement des chefs de localités, jusqu’à présent il n’y a que des chefs des groupements qui sont payés mais il a été dit qu’il y aurait groupement des localités, ce sont des chefs de ces localités groupées qui seront créées, qui seront payés. Ici chez-nous il n’y a pas encore de groupement des localités. Comment allons-nous progresser si vous les chefs des localités vous interdisez à vos enfants de payer l’impôt ?

Vous voyez la collectivité de Nkuvu a nourri cette année Kongolo, le Curé de

Mbulula est aussi venu chercher de la farine ici, il en est de même de l’école de Kaseya. Voyez notre joie, nous devons fournir des efforts pour faire progresser notre collectivité, notre pays. Je pense, Citoyen Commissaire du Peuple, que les sages viennent de vous dire qu’ils souhaitent la création d’un cycle long ici et pourtant les professeurs vous ont dit que la population ne les aime pas. Professeurs et élèves doivent se connaître et collaborer, quand il y a un élève qui n’a pas compris une leçon, il doit poser une question à son professeur, mais vous la population, quand vous voyez un élève avec son professeur, vous vous posez la question, pourquoi cet enseignant est venu, etc. Les professeurs voulaient abandonner n’eut été le Commissaire du Peuple qui a tenu en ce jour une causerie morale à leur intention pour les apaiser. Ce sont des personnes. Ne leur faites pas manquer la paix. Qui va donner cours dans un cycle long ? Soyons intelligents pour faire progresser le pays.

Ces professeurs demandent des véhicules, ils demandent aussi des habitations et divers autres articles scolaires. Ce qui signifie qu’ils pensent au progrès du pays, laissez-les en paix. Si ces enseignants avec lesquels vous êtes sont mal traités, ils vont aller raconter cela à d’autres qui voudraient venir donner cours ici, qu’à Sola les gens ne sont pas gentils avec les professeurs et ceux-là ne vont plus venir ici.

 KALUKULA K. : (Répondant au chef). Vous dites que nous avons bien fait en réclamant un cycle long. Nous voulons bien que s’il y a désordre actuellement, il n’est pas issu de nous parents, il y a des  enfants qui sont bons à la maison comme à l’école mais il y en a d’autres qui sont mauvais. Le désordre vient des enfants eux-mêmes et non de nous les parents. Nous nous continuons à réclamer un cycle long.

 BUSANGU NY. : (Cultivateur). Citoyen Commipeuple, nous ne voulons accuser personne, nous ne parlons que de nos souffrances. Nous les paysans nous voyons que nous sommes encore dans l’esclavage, pour baisser le prix de nos produits c’est très facile mais lorsqu’il s’agit des commerçants, ça devient difficile, parce que les commerçants corrompent les supérieurs et peuvent ainsi augmenter les prix comme ils veulent. Et si vous avez un problème avec un commerçant, vous allez être arrêté. Nous ne sommes pas non plus contre des enseignants mais nous vous informons que les enfants cultivent beaucoup et cela nous étonne qu’ils payent aussi le minerval.

 CHEF DE COL : Je voudrais répondre à ce citoyen, c’est vrai que vous désirez que le Commpeuple prenne note de vos souhaits mais il doit examiner tous ces problèmes pour voir comment à son tour il va exposer vos problèmes. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il va décider de vous satisfaire. En ce qui concerne la hausse de prix, nous tenons à faire baisser les prix des magasins, nous nous avons pitié de vous car en ce qui concerne les travailleurs, ils peuvent toujours acheter un article au magasin. Il n’en sera pas le cas pour vous autres.

  PREFET ILUNGA : (Préfet de l’Institut Nyota ya Asubui). En ce qui concerne le minerval, c’est un problème important. Le Président de la République lui-même en a parlé. Vous avez entendu que les uniformes seront distribués par le Gouvernement. Autrefois, l’Etat faisait tout, il payait les enseignants, il donnait des craies et tous les articles scolaires, depuis un moment, le Gouvernement n’a pas pu le faire, la population a commencé à contribuer un peu et le gouvernement un peu. Après l’indépendance, notre pays a perdu beaucoup et devait tout reconstruire.

L’Etat a alors responsabilisé les parents pour payer eux-mêmes le minerval de leurs enfants.

En ce qui concerne les fruits des champs scolaires, vous devez savoir qu’une classe pour qu’elle fonctionne pendant une année, elle abesoin de 500 Z. Nous n’avons pas de subsides, nous avons même des dettes dans nos écoles. Mon école a besoin de 3000 Zaïres pour fonctionner. A l’école primaire par exemple, un établissement peut avoir dix classes, le directeur trop surchargé recrute un secrétaire qu’il devra payer grâce à la contribution des parents.

 UN NOTABLE : (S’adressant au Préfet). Si vous recrutez quelqu’un pour vous aider vous devez le payer vous-même avec votre salaire et non pas avec la contribution des parents.

PREFET : Ne pensez pas que notre travail est de nous asseoir seulement dans un bureau et puis apprenez que l’Etat n’accepte pas d’autres engagements.

 CHEF DE COL : Que celui qui a encore un problème l’expose.

KABEMBA Y. : (Cultivateur). Nous avons oublié de vous informer que nous pleurons beaucoup ici à Sola parce que nous avons une installation de distribution d’eau et qu’il nous manque un moteur. Nous vous disons aussi que dans des villes il y a des véhicules de l’Office des Routes, il faudrait qu’on nous envoie ne fût-ce qu’un véhicule pour qu’il nous serve au transport du sable et gravier ainsi nous autres dans le cadre de salongo nous allons entretenir les abords de la route.

 CHEF DE COL : Le commipeuple ne va plus rien dire aujourd’hui. Il est venu seulement pour s’informer, savoir tout ce qui se passe ici ainsi en ce qui concerne le problème des champs, des écoles, des routes, ainsi de suite, il va informer Kinshasa.

 KABEMBA Y. : (S’adressant au Chef de collectivité). Vous nous aviez dit que nous n’apportons pas à manger aux supérieurs, vous les agents de l’Etat vous avalez seulement les objets que nous vous donnons, les chèvres, des poules et vous ne donnez aucun jour de récompense aux chefs qui vous donnent cela. C’est pour cela que maintenant nous ne faisons qu’observer.

             Il était largement au-delà de midi et que normalement nous devrions regagner la mission pour dîner, mais les enseignants des écoles primaires et des instituts de la place nous attendaient pour la séance de travail que nous devrions avoir avec eux. Nous acceptions ainsi de sacrifier notre dîner et de continuer le travail.

 

MON ENTRETIEN AVEC LES ENSEIGNANTS DES ECOLES PRIMAIRES ET DES INSTITUTS DE LA PLACE.

 ECOLES  PRIMAIRES : Muungano, Amani, Mapatano, E.P. d’Application.

INSTITUTS:  Ngongo Ramazani, Nyota ya Asubui.

 COMPEUPLE : Chers frères, dans mon programme, j’ai mis une importance considérable à l’enseignement et cela à double titres d’abord parce que la jeunesse est l’avenir du pays, ensuite parce qu’au Conseil Législatif, je suis dans la sous-commission chargée de la jeunesse. C’est pour cela, afin que je sois en mesure de proposer des bonnes lois sur la jeunesse, j’ai trouvé bon d’avoir des contacts directs avec vous les éducateurs, tout comme avec les enfants eux-mêmes.

Demain je visiterai les écoles qui n’ont pas été visitées aujourd’hui et l’internat des garçons. J’aimerais aussi vous dire que je souhaite vous rencontrer souvent pour être informé par vous des problèmes du pays car les enseignants sont en général des courroies de transmission entre les habitants et les visiteurs. Je vous donne l’occasion de m’exposer tous vos problèmes.

 NGONGO K.K. : (Directeur de l’école Mapatano). Pour tout ce que vous venez de dire, Citoyen Commipeuple, tout d’abord nous vous remercions beaucoup pour votre arrivée. Depuis quelques années maintenant, nous avons gardé dans nos cœurs tous les problèmes, comme vous êtes venu nous éclairer nous sommes prêts à vous les exposer, mais nous hésitons beaucoup parce que depuis longtemps nous exposons nos problèmes sans résultats. Pour la situation actuelle, nous espérons qu’il y aura des solutions. Ici chez-nous, l’enfant commence à aller à l’école à l’âge de six ans et puis vient la puberté avec ses connaissances néfastes sur l’intelligence de l’enfant qui, de fois, n’avance plus alors à l’école. Enfin au-delà de quinze ans, l’enfant reprend son élan dans les études jusqu’au moment où il va atteindre l’université. Il ne faudrait donc pas qu’il y ait la limitation d’âge pour l’entrée des enfants dans des classes. Les enfants doivent être admis quel que soit l’âge, ensuite Sola est la fondation qui a formé beaucoup de personnes, nous voulons que cette fondation reste, c’est pour cela que nous réclamons un cycle long. Et pour que ce cycle long soit créé, il nécessitera la construction des habitations pour les professeurs tout comme la construction du bâtiment même devant l’abriter.

De toutes les façons en ce qui concerne les bâtiments, nous et les habitants nous pouvons nous entendre pour construire les murs, nous demanderons donc de nous venir en aide en ce qui concerne les tôles. En ce qui concerne l’école primaire Mapatano, dont je suis Directeur, nous avons deux autres centres  en dehors de Sola respectivement à Kakunde et à Munono. Nous voudrions que vous nous aidiez en nous donnant les tôles et le ciment (300 sacs), la chaux (100 sacs) et des scies qui nous permettront d’abattre nous-mêmes des arbres et fabriquer les bancs. Nous vous informons que nous avons une installation de distribution d’eau mais nous manquons le moteur, or, pour faciliter les travaux de construction, il nous faut de l’eau qu’on nous donne donc le moteur. En ce qui concerne les routes, ce n’est plus comme autrefois, les cantonniers sont révoqués cela signifie que dans l’indépendance on n’a pas besoin des routes ? Qu’on envoie du matériel et des hommes pour entretenir nos routes !

En ce qui concerne la santé, dans la zone de Kongolo, les gens meurent même pour une petite maladie, il n’y a qu’un seul médecin de surcroit un généraliste, sans équipement, radio etc. Deux médecins seraient nécessaires pour qu’ils puissent se relayer ou se remplacer.

Citoyen Commipeuple, nous les enseignants, nous sommes en conflit avec les parents sans qu’il y ait un juge et c’est au sujet du minerval des enfants qui est de 105 Z. par an. La Zone nous donne des timbres que nous remettons aux enfants qui ont payé le minerval et nous remettons l’argent aux supérieurs. Mais les parents n’ont pas confiance en nous. Ils disent que nous utilisons cet argent. S’il y avait des subsides comme pendant la période des réseaux d’enseignement nous n’allions pas avoir tant de difficultés. Pourquoi les subsides ne sont-elles plus accordées ? Parce qu’à cause de manque de subsides les enfants sont obligés de contribuer au fonctionnement de l’école par leur travail des champs et cela nous met en désaccord avec les parents. Comment allons-nous, nous procurer les matériels didactiques ? Nous avons déjà donné toutes les justifications possibles aux parents mais ils ne nous comprennent pas et même les chèvres de villages détruisent tous nos champs scolaires.

 LUBUKU M. : (Directeur Adjoint E.P. Mapatano). De ma part, j’ai l’impression que ce conflit dont vient de vous parler le Directeur est occasionné par la pauvreté des parents. Ils ne savent quoi faire surtout quand ils ont de nombreux enfants à l’âge de scolarité par exemple dix, où est-ce que les parents auront de l’argent pour s’acheter des habits, pourquoi le taux de minerval est le même comme à Lubumbashi et Kinshasa où les gens ont beaucoup d’argent ?

 AMANI K. : (Enseignant 6è année E.P. Mapatano). Nous voyons que les paysans ont d’énormes difficultés. Leur coton n’est pas facilement acheté et s’il est acheté, c’est avec cet argent qu’ils doivent s’acheter des habits, payer l’impôt, payer le minerval de leurs enfants et pourtant le prix d’un kilo de coton reste le même. Il faudrait qu’on hausse le prix de kilo. Les paysans gardent aussi les mêmes houes, ils ne savent quoi faire et pourtant ce sont eux la fondation du pays.

 SENGA K. : (Professeur cycle d’orientation Ngongo Ramazani). J’aimerais parler aussi des paysans. On a dit que l’agriculture est la priorité des priorités alors qu’elle est négligée. Pourquoi les paysans n’ont-ils pas un syndicat ? Pourquoi n’y-a-t-il personne pour s’occuper d’eux réellement ?  ONAFITEX achète avec retard leur coton. ONACER a acheté tout le maïs qu’il a d’ailleurs envoyé ailleurs et qu’à Kongolo règne la famine. Il manque des animateurs agricoles qui peuvent savoir ce qui manque chez les paysans et les encourager.

L’agriculture devra être mécanisée, qu’il y ait des tracteurs que la collectivité pourrait louer, qu’on fasse un programme pour la formation accélérée des jeunes afin qu’ils puissent s’adapter au rythme actuel. Qu’on encadre les jeunes.

 CHEF DE COL : Je réponds au nom du Commipeuple, ne répétons pas ce qui a déjà été dit.

 KAHENGA  M. : (Enseignant E.P. Mapatano). Citoyen Commipeuple ?Je suis très content de vous voir et aimerais savoir aujourd’hui les organes du pays. Si le Bureau Politique prend les décisions à quoi sert le conseil exécutif ? Qu’est-ce que l’école Makanda Kabobi parce que je ne sais pas expliquer cela à mes élèves ?

 CHEF DE COL : Nous devons parler clairement, sans avaler des mots.

ENSEIGNANTS : Il n’y en a pas.

COMPEUPLE : Je réponds d’abord à l’enseignant. Vous savez qu’il existe un cours de civisme et qu’il y a une constitution et vous me posez une question sur un organe aussi important que le conseil exécutif. Cela m’étonne. Vous avez déjà défini le bureau politique et pourtant c’est le conseil exécutif qui existe depuis longtemps, le mot exécutif vous dit déjà beaucoup, il s’agit donc d’un organe qui met en application, un organe qui exécute les mesures prises, le programme de l’Etat.  J’aimerais vous informer qu’à part le bureau politique et le conseil exécutif, il existe aussi le conseil législatif dont le rôle est de légiférer et dont en tant que Commissaire du Peuple je suis membre et le conseil judiciaire qui a le rôle de dire le droit. Je vous demanderais de lire davantage de continuer votre formation car un enseignant doit évoluer avec le temps. En ce qui concerne l’école MAKANDA KABOBI, c’est une école du Parti pour former les cadres, le Président-Fondateur lui-même le définit comme une école de la vie. Citoyens Enseignants, au cas où vous remarquez les failles sur tel problème vous devez me le dire, me faire des suggestions, car l’Etat c’est l’administrateur et vous les administrés.

 KITENGE M. : (Cycle d’orientation Ngongo Ramazani). La jeunesse progresse selon moi, mais il y a des obstacles. Ces obstacles ne sont pas encore arrivés ici.

Mais, il y a un début de commencement. L’enseignant a un grand travail, rester debout du matin jusqu’à midi, préparer les leçons et corriger les devoirs à la maison jusqu’à minuit, donc un travail différent de celui de bureau. Sola est un centre très important, mais nous manquons des gradués etc. La faute vient de nous les enseignants, nous fuyons l’enseignement et c’est parce que ce travail est négligé. J’ai dit plus haut les obstacles, les obstacles existent dans les grands centres, nous sommes très mal payés, un enseignant touche le 20, le 10 du mois prochain il n’a plus rien. Il ne reste qu’une seule chose à faire c’est de demander à chaque enfant 20 makuta, il n’a donc plus de conscience professionnelle et cela parce que la carrière de l’enseignant est négligée.

 NGONGO NG. : (Ecole primaire MAPATANO, 5è A). Ici à Sola, la jeunesse est délaissée en ce qui concerne la culture, il n’y a pas une bibliothèque dans laquelle les enfants peuvent se cultiver pendant le temps de loisirs. Les enfants sont très enfermés ce qui occasionne leur différence avec les enfants d’autres milieux, il n’y a pas de dirigeants pour les sports, il n’y a pas d’installations sportives, il n’y a même pas de matériels, s’il y avait tout cela, moi je dirigerai le tout.

 KAHENGA K. : (E.P. Mapatano, 2ème A). J’aimerais poser une question parce que j’ai appris naguère qu’on exploitait le minerai à Mugimbi (Coll. de Muhona) à Kilunga (Coll. de Mambwe) et à Kalenga (Coll. Nkuvu) du côté de Lubumbashi, de telles exploitations sont faites très facilement pourquoi pas ici chez-nous ?

 PREFET NYOTA : Ce problème regarde l’économie, à Kalenga il y avait de la cassitérite mais ce minerai était en petite quantité c’est pour cela qu’on avait abandonné, à Kingulungu par exemple on a trouvé quelque chose et un signe a été placé et si on a des garanties une société pourrait naître pour débuter l’exploitation.

 KAHENGA K. : Nous voudrions que les ingénieurs viennent nous visiter un peu.

DIRAMANI : Une société s’enquiert d’abord de la quantité des minerais.

PUA K.          : (E.P. MAPATANO 1è B.). Beaucoup de choses sont déjà dites, le Commissaire du Peuple dit qu’il aime être informé sur la jeunesse, j’aimerais qu’il nous communique aussi sa pensée s’il y a quelque chose que nous ne connaissons pas ou s’il y a un projet à ce sujet.

 NYOTA MUKWE : (Président du foyer social). Lisant une lettre : Ce dont nous demandons, nous du foyer social, nous étions 20 auparavant, mais nous ne sommes plus que quinze. Notre nombre dimunie progressivement.

Pourquoi ce nombre diminue-t-il ? Nous vous le disons :

1°) Il nous manque des matériels pour le foyer. S’il nous manque du matériel pour le foyer, comment pouvons-nous progresser ?

2°) J’ai mis à la disposition du foyer (mes biens propres) :

a)     6 m de tissus

b)     6 fils à tricoter

c)     1 paire de ciseaux

d)     6 m drill blanc pour les poches.

3°) Pour les travaux de couture, nous n’avons qu’une seule machine.

4°) Nous avions deux monitrices qui nous ont aidées toute une année entière sans être payées.

5°) Nous avons déjà exposé nos difficultés aux autorités qui étaient de passage ici. Mais nous attendons toujours des solutions à nos problèmes.

6°) Maintenant puisque vous êtes là, nous vous demandons de l’aide pour ce foyer pour le progrès de la femme zaïroise.

 

                                                                       NYOTA MUKWE HAYA

                                                                Président du Foyer,  Sola 13.01.76.

 

SENGA T. : (Cycle d’Orientation NGONGO). Avant à l’UNAZA, chaque campus avait toutes les facultés. N’y a-t-il pas moyen qu’on revienne à cette situation ?

PREFET NYOTA : En effet, cela occasionne beaucoup de difficultés. Il y a beaucoup d’enfants et cela fait qu’il ait des encombrements qui freinent beaucoup d’étudiants d’entrer dans les facultés de leur choix.

KANYONGA Z. : (Directeur de l’internat NGONGO°. Je voudrais développer encore l’idée du Directeur en ce qui concerne la demande d’avoir un cycle complet de 6 ans ici. En disant qu’il n’y aurait pas que des enfants de Sola, alors que notre internat qui a quelques lits n’a pas de matelas.

PREFET NYOTA : Même les lits qu’il y a c’est pour le cycle d’orientation. En cas de création de cycle long ici, ces lits seront insuffisants, il faudra donc construire, acheter d’autres lits et de matelas. L’Etat doit améliorer cette situation pour qu’on atteigne convenablement l’Objectif 80.

BARUKU NG. : (E.P. MAPATANO 2è B.). Je vous rappelle que vous n’oubliez pas des anciens enseignants, notre travail est immense. L’âge de retraite doit être celui de 20 ans de service. Qu’on nous envoie aussi des médailles en guise de souvenir car nous qui faisons longtemps dans ce service c’est par sacrifice ! Nos collègues qui ont abandonné l’enseignement pour faire un autre travail, sont devenus très riches.

CHEF DE COL : Vous avez beaucoup de sujets très nécessaires, voyez comment le commissaire du Peuple n’a même pas mangé parce qu’il tenait à vous entendre. Sola c’est l’endroit où le Commissaire du Peuple avait fait ses études et il voit lui-même que Sola est en régression. En attendant ce que nous venons de demander, protégeons d’abord ce que nous avons. Si vous êtes enseignant à l’école primaire AMANI, par exemple et que vous voyez qu’il y a une école où ça ne va pas, va donner conseils à vos collègues.

Travaillons dans la collaboration. Parce que j’ai vu qu’à POFU, KATEA, on avait réclamé une 6ème année et cette classe avait été accordée mais après quelques jours, il y a eu des foudres, la sorcellerie entre enseignants à l’école. Finalement tout le monde a fui. Il ne reste plus que deux classes. Je vous demande d’abandonner l’hypocrisie. Nous étions ici avec des paysans et nous avons abordé divers sujets maintenant parmi vous certains ont parlé en faveur des paysans. N’allez pas leur dire que nous avons parlé pour vous, que nous avons parlé pour le Directeur. C’est très mauvais. Le Commissaire du Peuple prend en considération vos doléances. Il ne peut pas décider aujourd’hui même ce sera ceci, ce n’est pas cela. Aujourd’hui, il a enregistré, il va examiner avant d’exposer à ses supérieurs et s’il y a possibilité après nous obtiendrons les résultats.

COMPEUPLE : Si j’ai un mot à vous dire, c’est vous remercier. J’insiste beaucoup sur la collaboration qui doit exister entre vous comme Papa NGONGO l’a souligné, il paraît que la population est prête à prêter son concours pour la reconstruction de Sola, il ne faut pas toujours attendre de l’Etat. Il faut d’abord faire vous-même ce dont vous êtes capables. Car avec la crise actuelle, si nous voulons tout recevoir de l’Etat, nous risquons de ne pas avancer.

             Il était fort tard quand nous avions clôturé notre travail de ce jour, et très fatigués mais beaucoup informés, nous regagnions notre  résidence où le Père HUGO nous servit rapidement un verre de simba pour nous rafraîchir. C’est dans cette atmosphère que nous avons attendu le souper et dès après le souper nous allâmes au lit.


b) MA VISITE A KANKUNDE MWANA KITENGE

             La journée du 14 janvier 1976 était réservée officiellement à la population du long de la route Kankunde Mwana Kitenge. Nous ajoutâmes aussi certains points qui normalement devaient être exécutés la veille. C’est le cas de la conférence à l’intention de la jeunesse que nous tînmes respectivement au C.O. NGONGO RAMAZANI et à l’Institut NYOTA YA ASUBUI.

 

            Il était 9 heures 15’ quand nous arrivâmes à Kankunde Mwana Kitenge.

La population était parsemée à telle enseigne que le Chef de collectivité s’en prit au Dirigeant de la JMPR à qu’il reprocha de n’avoir pas rassemblé les gens mais le Dirigeant se défendit :

 DIRIGEANT : Oui, nous avons averti tout le monde et toute la population est là, les  autres que vous voyez sont des visiteurs.

 

a)  MON ENTRETIEN AVEC LA POPULATION DE KANKUNDE MWANA  KITENGE.

 CHEF DE COL a.i : Le Chef de localité dit que toute la population n’est pas encore sur place, devons-nous attendre ou entamer les travaux ?

POPULATION : Nous pouvons entamer les travaux, le train n’attend pas, ce  sont les voyageurs qui attendent le train.

 CHEF DE COL : Comme je vous l’avais promis, nous sommes aujourd’hui le 14 janvier 1976, et je vous présente le Citoyen Commissaire du Peuple (Applaudissements). Qu’est venu faire le CommiPeuple ? La méthode actuelle d’élection se diffère de l’ancienne, plus de corruption, plus de politicaille. Il y a eu sept Commissaires du Peuple pour la S/Région du Tanganika mais le Commipeuple ci-présent a été désigné pour la Zone de Kongolo. Actuellement c’est le M.P.R. seul qui nous désigne des personnes capables de travailler pour l’intérêt du pays. C’est la raison pour laquelle vous le voyez ici, il vient donc connaître vos difficultés et votre joie. Dites-lui tout sans crainte d’être arrêté. Son programme est chargé, il a commencé à Lubunda, aux Baluba et aux Basonge, il est ici aujourd’hui, il sera aussi au Mambwe, Nyembo, etc. Je profite de cette occasion, Citoyennes, Citoyens, pour vous demander de nous remettre les anciennes cartes et achetez les nouvelles cartes pour Citoyens. Payez l’impôt. Travaillons la main dans la main, ne renvoyez pas les agents que j’envoie chez-vous pour vous demander de vous acquitter de vos obligations civiques.

 COMPEUPLE : Chers frères, je m’étonne que depuis mon arrivée, je lis une tristesse sur vos visages, vos visages sont renfrognés. Je vous transmets les salutations du Père de la Nation. Comme vient de vous le dire le Chef de collectivité, nous avons été envoyés chez-vous pour que nous fassions connaissance. Notre travail consiste à être votre bouche, vos oreilles et vos yeux.

Ditez-nous vos problèmes ainsi que vos suggestions pour le développement de notre Pays tout entier.

CHEF DE COL : Comme le Commipeuple vient encore de vous l’affirmer, vous pouvez lui dire tous vos problèmes sans aucune crainte.

DIRIGEANT DE LOC.KAKUNDE M.K. : Citoyen Commissaire, nous vous remercions de tout cœur pour votre arrivée dans notre Collectivité. Nous remercions aussi le guide pour la paix réinstaurée dans notre localité ainsi que dans notre collectivité toute entière dans ces jours.

Les assassins et les tueurs ne sont pas punis, nous ne sommes plus capables d’envoyer nos enfants à l’école à cause du minerval dont nous sommes incapables de payer. Les produits de nos champs ne sont pas vendus à temps, le transport est difficile à cause du mauvais état de routes, etc., les prix des articles au magasin sont trop élevés à telle enseigne qu’il nous est impossible de nous procurer un article du magasin malgré la multitude de nos champs.

 COMPEUPLE : Chers frères, comme je constate que vos visages passent de la tristesse à la joie, je voudrais demander une chose : Avez-vous beaucoup de champs ?

POPULATION : Oui, nous avons beaucoup de champs et nous avons semé diverses plantes.

CULT. (KIBONGE) : Nous sommes contents des difficultés que vient de vous exposer le Dirigeant. L’Etat nous demande beaucoup des taxes par rapport aux revenus de nos champs. Nous devons payer l’impôt pour faire constater le décès, pour remplir les formalités du mariage. Il faut payer pour l’inscription d’une nouvelle naissance, nous devons payer le minerval de nos enfants, nous devons non seulement nous habiller nous-mêmes, mais habiller aussi la femme, les enfants, les nourrir etc. Les champs ne nous rapportent pas beaucoup pour faire face à tous ces besoins, il faudrait que l’Etat prévoie une différence d’obligations civiques entre une personne qui habite le centre et une personne dont le travail principal au village est l’agriculture.

KALALA W.M. MEDECIN IND. : Nous demandons un grand hôpital et un médecin à Sola, les sœurs pourront donner leur coup de main. Il y a trop de maladies impossibles à soigner à cause du manque d’un médecin. Nous demandons donc un hôpital pour l’intérêt général des Bahemba.

BARUANI K. CHEFLOC. KINGULUNGU : Je suis ici au grand hasard, le chef de collectivité ne m’écrit pas pour un évenement aussi important. Comme nous y sommes, j’ai un problème à exposer au sujet des statuettes dans notre collectivité de N’kuvu, y a-t-il personne autorisé à acheter les statuettes ? Le chef de Munono m’a envoyé des policiers pour chercher des statuettes. Ce sont des voleurs qui viennent voler nos statuettes.

LUMANIZA MWA.CULT. KANKUNDE : Je viens aussi exposer un problème. Notre chef de collectivité est ici, s’il est injurié c’est vous le Commipeuple qui l’êtes, nous ne pouvons pas refuser de nous acquitter de nos obligations civiques, mais si quelqu’un n’a pas de moyens ou qu’il ne veut pas du tout payer et s’en fuit en brousse appartient-il au chef de le chercher ?

 CHEF DE COL : Le Commipeuple m’autorise de parler à sa place, il vous remercie beaucoup pour tout ce que vous venez de lui exposer. Il félicite le militantisme de la population de Kankunde. Il prend bonne note de tous les problèmes que vous avez exposés, il rédigera des rapports au Gouvernement Central. Vous avez demandé pourquoi le prix de coton était de 7 K. ici alors qu’il est de 10 K., ailleurs. Le Commipeuple fera tout son possible pour que vos plaintes parviennent aux autorités. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il va y avoir des tracteurs à Sola ou des routes, il va d’abord amener des rapports et ces rapports seront examinés avant qu’on n’envoie quoique ce soit. Faisons l’espoir comme le Président de la République commence à nous envoyer des Commipeuples dans les collectivités pour connaître nos difficultés. Je suis moi-même du côté des habitants comme le Sengi ne sert plus à rien dans le pays, si ça n’a plus de valeur il faut qu’on les écartent, en ce qui concerne l’inscription des enfants au registre de l’état civil ; c’est vrai il faut payer et même dans les coutumes de la collectivité de N’kuvu, si votre femme décède vous payerez des chèvres, quant à nous les chefs, si vous épousez une femme et que vous voulez l’inscrire au registre de l’état civil pour qu’elle soit connue et pour que les gens la craignent, je dois vous demander de l’argent afin que moi-même je la connaisse. Parce que si vous attrapiez cette femme en flagrant délit d’adultère, vous arriverez chez-moi et que je remarquerai que cette femme a été présentée, je demanderai au complice d’adultère de vous payer. En tout cas, vous ne manquerez pas 100 K pour faire inscrire une femme au registre de l’état civil. Faites-le pour que l’Etat la connaisse. Enfin nous vous disons au revoir.

CHEF DE LOC KANKUNDE : J’ai un rapport, Citoyen Chef de collectivité, j’arriverai vous voir au bureau, parce que je ne connais pas qui vous a dit que MUGEYA est chef de collectivité, ensuite en ce qui concerne les assassinats, quand quelqu’un tue un autre sans motif et qu’il vous corrompt en vous donnant 20 chèvres vous ne l’arrêtez pas, cela nous attriste beaucoup. Les assassinats ne vont pas finir, nous allons chercher des chèvres pour que nous puissions tuer nos collègues et venir enfin vous corrompre.

 CHEF DE COL. : Cet acte d’assassinat est un mauvais signe, ce n’est pas du tout bien. Il est demandé que lorsque quelqu’un tue un autre, nous l’arrêtons dans notre prison de collectivité, nous avisons Kongolo et Kalemie et demandons à ce que ce tueur soit pendu dans la localité de son crime.

COMPEUPLE : J’aurais bien voulu en ce qui concerne ma première tournée que j’entende seulement et note vos doléances et puis rentrer, mais vous m’avez parlé trop clairement  et cela m’oblige de vous répondre.

Dans notre pays, il y avait beaucoup de désordre de 1960 à 1965 mais le Président de la République a remis la paix. Il a fait un programme pour le pays et il a des collaborateurs. Malheureusement parmi ces collaborateurs il y en a qui ne travaillent pas réellement pour le progrès du pays. Ils travaillent pour leur intérêt individuel et cela détruit le pays. Je vous demande de vous réveiller parce que de tels collaborateurs sont nombreux. Je vous demande de les dénoncer, nous n’allons pas hésiter à écarter de tels individus.

             Informé de cadeaux qui m’ont été offerts, j’ai annoncé au chef de collectivité mon refus mais il me convainquit de les prendre car refuser ces cadeaux donnerait une mauvaise impression.

 COMPEUPLE : Je vous remercie vivement pour les cadeaux que vous m’avez offerts, je les accepte et je ne puis refuser ce que vous me présentez pour manger ; (il s’agit de deux chèvres, cinq poules et quelques racines de manioc).

 Ce qui me frappait le plus était de remarquer que cette population qui avait des visages renfrognés à notre arrivée était finalement détendue et même agîtée. Venait-elle de se refouler et avoir enfin une conscience tranquille, me demandais-je enfin ! Quittant la population, je fus conduit à la cour de l’école de la place que je visitais.

 

b)       MA VISITE DE L’ECOLE PRIMAIRE MAPATANO/N’KANKUNDE.

 –         Animation par les élèves ;

–         Un établissement de 5 classes, murs en briques à daubes, toit en tôles avec portes, sans fenêtres aux ouvertures. Les salles de classes n’ont pas de pavement cimenté tandis que les bancs sont faits en planches d’arbres).

–         (Un établissement de deux salles de classes, murs et toit en paille. Les élèves s’assoient sur les branches d’arbres, le pavé n’est pas cimenté.

–         Un autre établissement dans les mêmes conditions. Classe de 1ère année.

 COMPEUPLE : Je suis très content de vos chansons d’animation que vous m’avez fait entendre. Cela prouve à suffisance que le M.P.R. est partout, à Kinshasa comme à N’kankunde. C’est notre devoir de mettre en pratique les prescriptions du Manifeste de la N’Sele.

             Parti de N’KANKUNDE MWANA KITENGE pour rejoindre la localité LUFUANDO (Sola) où les élèves m’attendaient pour la conférence, je fus arrêté à N’kankunde Kilosa où la population m’implora de l’entendre.

 

Paragraphe 3.  LES DOLEANCES DE LA POPULATION DE N’KANKUNDE  MWANA KILOSA.

 DIRIGEANT PYANA M. : Citoyen Commissaire du Peuple, je suis représentant du Chef de localité, nous sommes un peu contents de votre arrivée ici chez-nous. Nous regrettons surtout du fait que l’assassinat a eu lieu dans notre localité. Comme vous le constatez vous-même, il n’y a plus d’habitants dans cette localité, ils ont tous fui la tuerie et l’assassinat, c’est ici la base de ces opérations.

De 46 habitants, il ne reste plus que 12 depuis les derniers événements.

MATANGA R. : C’est-à-dire, Citoyen Commipeuple, que nous sommes très contents de votre visite ici chez-nous, ça nous permet de vous dire de vive voix tous nos problèmes. La personne qui a été assassinée au cours des derniers événements est mon petit-frère. Des gens sont venus la chercher ici pour aller boire et là, ils l’ont tué. Pourquoi tout cela ? Parce qu’ils savent qu’ils ne seront ni poursuivis ni punis.

 COMPEUPLE : Quel différend y avait-il entre votre famille et la famille des personnes qui ont tué votre frère ? N’y avait-il aucun conflit entre ces personnes qui sont venues le chercher pour aller boire et lui-même ?

 MATANGA : Rien de tout cela, nous sommes d’ailleurs des frères.

CHEF DE COL         : Vous dites que vous regrettez parce que votre localité n’est plus peuplée comme auparavant, mais par contre vous ditez que vous ne voulez pas que ceux qui ont fuit le village ne reviennent, qu’est-ce que vous voulez au juste ? Que ceux qui ont tué ne reviennent plus ou que ceux qui ont aussi fui mais qui n’y sont pour rien ne reviennent ?

 MATANGA : Non, seulement ceux qui ont tué, les autres peuvent revenir. Mais avant qu’ils reviennent, il faut que je sois affirmé que les assassins ont été châtiés.

 CHEF DE COL. : S’adressant à la population, ce que nous vous demandons c’est de ne pas voler le maïs de ceux qui sont absents parce que cela est grave, et puis il ne faudrait pas empêcher le retour au village des membres de la famille de l’assassin car même à Lubumbashi ou ailleurs de temps à autre il y a de troubles, on arrête les assassins mais on laisse leurs membres de famille. Est-ce que vous voulez à 6 rester dans ce village ?

 MWELWA M. : Oui.

CHEF DE COL. : Comme l’enquête continue et que nous vous avions dit que le jugement interviendra quand même, vous devez garder le calme.

MWELWA M. : De toutes les façons, TSHOMBE, KABALO, ou quelqu’un d’autre de cette famille ne doit pas venir dans ce village. Sinon il y aura de troubles. Ces gens ne pourraient venir que quand les assassins seront détenus ou tués.

 CHEF DE COL. : Mais ne volez pas le maïs.

MWELWA : Pendant la période de deuil, tous ceux qui sont là doivent se nourrir de ce maïs.

 COMPEUPLE : Vous voyez nous sommes dans un pays organisé où il y a des organes qui font des travaux différents : il y a un bureau politique qui prend des décisions, un conseil législatif qui légifère, un conseil exécutif qui exécute mais il y a aussi un conseil judiciaire qui dit le droit. Ainsi, qui que ce soit ne peut pas se juger lui-même.

Le Commissaire de Zone et le Chef de collectivité ont tout fait pour que les militaires ne viennent pas semer du désordre ici, maintenant ils mènent leurs enquêtes. Même si MAWAZO a commis des torts à leur détriment  ils ne pouvaient pas eux-mêmes le sanctionner. Ils ont mal fait en le tuant. Je suivrai ce problème pour connaître son issue mais ce que je vous demande c’est de laisser rentrer dans le village vos autres frères qui ont fui car ils doivent contribuer à épanouir votre village.

 CHEF DE COL. : Huit personnes sont déjà détenues dans la prison de collectivité.

KATONTOKA : Moi, je ne connais personne qui a participé à cet assassinat, parce que j’étais absent. Ils n’ont qu’à se citer eux-mêmes, que les neuf accusés soient détenus et l’assassin soit châtié exemplairement. Nous sommes tous frères du même sang, même père et même mère. Nous avons seulement appris qu’il y a eu meurtre et ne savons pas comment vous avez jugé l’affaire. Si vous vous êtes arrangés pour le retour des autres, il faut qu’ils rentrent.

 CHEF DE COL. : Vous voulez qu’ils rentrent ou qu’ils ne rentrent pas ?

KATONTOKA : Il faut qu’ils renternt dans le village.

KUMWANGA L. : Ce que vient d’exposer ici Citoyen KATONTOKA est vrai. Nous sommes frères d’une même famille NYEMBO GULU. Nous sommes tous issus d’une seule personne et regrettons que nous nous soyons entretués nous-mêmes, que les gens fuient le village. Maintenant il est question que les membres de famille auteurs de troubles ne rentrent pas encore au village, il faut attendre que nous ayons la preuve selon laquelle les coupables ont été punis. Les membres de famille éprouvée sont encore en colère, le retour des autres occasionnera d’autres troubles et le sang va couler à nouveau.

 DIRIGEANT : Remercie la population au nom du Commissaire du Peuple pour les cadeaux qu’elle lui a offert : une chèvre et quelques racines de manioc.

 

 RETOUR A SOLA DANS  LA MEDITATION

             Je n’ajoutais rien au mot du Dirigeant. L’information selon laquelle certains assassins pourtant amenés en détention à Kalemie regagnaient sans tarder la collectivité me choqua. Il y avait un doute sur le rôle de nos tribunaux suspectés de complicités.  Grâce à la corruption, toute infraction pouvait être commise sans être sanctionnée.

             Le chauffeur accélera pour me permettre d’atteindre Sola avant la sortie de cours des élèves. Qu’il était beau de longer Kasanga, village où pendant mon enfance je rejoignais régulièrement dans le cadre de promenades ou de bonnes œuvres en ma qualité de Xaveri. N’y venais-je pas régulièrement aider les vieux Jean KILULA et KANDEKE à puiser l’eau ou entetenir leur maison ? Qu’il était frappant de constater que la population avait entretenu sa route de Sola à Kankunde Mwana Kitenge pour permettre à mon véhicule de les atteindre.

Je méditais encore lorsque la vue de la mission se présenta.

Les jeunes m’attendaient à leurs écoles respectives car je devais les visiter.

 

 Paragraphe 4.   LA POURSUITE DE MON SEJOUR A SOLA.

 

a)       MA VISITE DES ECOLES.

 L’heure de sortie de cours avait déjà sonné mais les élèves nous attendaient encore et je visitai d’abord l’école primaire MAPATANO et l’Internat de l’Institut NGONGO RAMAZANI non visités la veille, avant de rejoindre la salle où je tins la conférence.

 

LA VISITE DE L’ECOLE PRIMAIRE MAPATANO.

             Le Directeur m’accueillit à son bureau où il me relata les conditions dans lesquelles un vol avait eu lieu.

 COMPEUPLE : Ce sont les originaires de la collectivité qui avaient volé ?

DIRECTEUR : Oui, ce sont des originaires, actuellement ils sont arrêtés à Kibangula.

CHEF COL. : Ils étaient arrêtés chez-moi, il y a un policier qui les a laissés partir, j’ai révoqué ce policier.

 DIRECTEUR : (Présentation du Commissaire du Peuple aux élèves).

                                   SEANCE D’ANIMATION.

 

DIRECTEUR : Cit. Comipeuple ? Les élèves et les enseignants sont tous contents de votre arrivée. Ils voudraient que vous visitiez les écoles.

COMPEUPLE : JMPR Oyé ! Chers petits frères, je me rends compte que la Jeunesse est très forte, vous m’attendez depuis très longtemps sans vous fatiguer, nous ne reculons pas non plus quand il y a un travail, il faut travailler dur.  Je reste convaincu qu’après vos études, vous serez des personnes capables de supporter la faim comme vous venez de le faire aujourd’hui. Je visiterai vos classes, pour que je me rende compte de l’état dans lequel elles se trouvent.

 PREMIER BATIMENT : (2ème  A ; 2ème  B, 1ère  A, & 1ère  C)

DEUXIEME BATIMENT : (3è B, 2è C ; 2è B, 6è A, 4è A ; 4è B) bâtiment au moins en bon état.

TROISIEME BATIMENT : (Un magasin de produits agricoles de l’école). 5è B, 5è A, 3è A..

 

LA VISITE DE L’INTERNAT DU C.O. NGONGO RAMAZANI :

 COMPEUPLE : Il y a combien d’internes ?

DIRECTEUR : 17 (réfectoire sans  plafond, salle de jeux sans  plafond, dortoir avec lits en toile ; 17, le bureau du Directeur internat.

COMPEUPLE : Les élèves internes payent combien par an ?

DIRECTEUR : 45 zaïres par trimestre.

 

b)    LA CONFERENCE EN L INTENION DES ELEVES

 LA CONFERENCE A L’INTENTION DES ELEVES DE C.O. ET DE 6è PRIMAIRE CHEZ LES GARÇONS.

             Je tins une conférence en l’intention des élèves de cycle d’orientation NGONGO R., le thème était « L’Histoire de la J.M.P.R. ».

Après la conférence s’ouvrit le débat.

 

INTERVENANTS AU DEBAT

 SENGA M. : 2ème C.O.  B Ngongo Ramazani : Pourriez-vous nous laisser ce livre ?

COMPEUPLE : Vous me donnerez votre adresse, dès que je serai à Kinshasa, je vous l’enverrai.

 MWAMBA T.  : (2è B. Ngongo Ramazani). Que contient le Manifeste de la N’Sele?

COMPEUPLE : Tout le programme du M.P.R. (explication de quelques grands chap.)

MUBWABWA T. : (E.C.A. NYOTA). Se plaint du fonctionnement de l’école.

COMPEUPLE : Je suis les yeux, la bouche et les oreilles de la population. Je prends bonne note.

 KAYEMBE M. : (6è E.P. MAPATANO). Nous regrettons beaucoup nous de primaire, nous payons pour le minerval 43 K par trimestre. On dit que les shabiens sont plus riches que ceux du Kivu. Encore il y a les gens qui gagnent beaucoup, les cultivateurs 20 zaïres par an. Nous n’avons pas des houes. Il faut nous envoyer des houes et machettes.

 

COMPEUPLE : J’irai soumettre votre doléance.

PONDA S. : (2ème B). Pourriez-vous aller demander aux autorités de l’éducation d’augmenter à l’Institut NGONGO un cycle long ? Car nos parents étant pauvres nous ne pouvons pas aller étudier ailleurs.

 TENGA Y. : (E.P. NYOTA).Hier vous avez visité l’école d’application NYOTA. Cette école fonctionne dans les installations de l’Institut NGONGO RAMAZANI, loin de l’Institut-mère, comment voyez-vous l’avenir de cette école ?

 

LA CONFERENCE EN L INTENTION DE FILLES DU CCP NYOTA YA ASUBUI

             Dès la fin du débat chez les garçons, je rejoignis les filles de CCP NYOTA YA ASUBUI pour les entretenir du même sujet. Elles étaient cependant moins actives, ce qui nous poussa parfois à poser nous-mêmes de questions au lieu de nous limiter à répondre.

 

INTERVENANTS

 KAPONDA K. : (3ème) : Quelle est la grande décision prise au Congrès de mai 1970 ?

COMPEUPLE : Institutionnalisation du M.P.R.

MUMBA B. : (4è C.C.P.) : Citoyen Compeuple, pourriez-vous nous dire le but de l’I.M.K. ?

 COMPEUPLE : I.M.K. est une école de la vie, (un développement bref), c’est une école qui forme les cadres du parti.

 LUBOYA M. : (3è C.C.P.) : Comment s’appelle le Directeur de l’I.M.K. ?

COMPEUPLE : C’est le Citoyen MPINGA KASENDA.

MUTEBA SH.  (4è C.C.P.) : L’Institut M.K. est attaché à quel organe du parti ?

 COMPEUPLE : Il est attaché au Bureau Politique.

FEZA M. : (4è C.C.P.) : Notre école, quand une élève est malade on manque même des aspirines. N’est-il pas possible qu’on nous envoie une infirmerie (avec infirmier qualifié) ?

 COMPEUPLE : Je prends bonne note.

ELEVE : Le Commipeuple se trouve dans quel organe ?

COMPEUPLE : Conseil Législatif.

ELEVES : Quel est le rôle du Commipeuple ?

COMPEUPLE : Légiférer, donner les doléances du peuple au Conseil Exécutif. Notre rôle est de rassembler les doléances du peuple, aller les étudier et légiférer, donner les lois au Conseil Exécutif.

 ELEVES : qui sont dans le Conseil Exécutif ?

COMPEUPLE : Le Président, les Commissaires d’Etat.

MOMA R. : (Professeur) : Quelle est la différence entre institutionnalisation et radicalisation ?

 COMPEUPLE : Institutionnalisation, institutionnaliser le M.P.R. c’est de faire du M.P.R. une institution, une institution politique du pays. La radicalisation c’est plutôt l’affermissement (prendre racines).

 MUKALAY M. : (4è C.C.P.) : Dans notre internat aussi bien que dans nos écoles, nous n’avons pas des moyens pour  nous cultiver, ni journal, ni radio.

 PREFET : Dans un rapport que j’ai donné au Commipeuple, j’ai mentionné ce point là, construire une salle de jeux où on peut mettre une bibliothèque.       

 A Kalemie, j’ai discuté avec MUGANGA ex-Commipeuple et d’autres personnes, la plupart était pour un poste. Mais vous ne pouvez pas demander le poste de radio à un cadre aussi supérieur, il suffit d’une organisation au sein de l’école. Quant aux journaux, j’ai bien de journaux mais comme il n’y a pas une salle je les garde moi-même. Celui qui voudrait en lire, peut demander.

 NYEMBO PROF. : Citoyen Commipeuple, vous avez parlé de la création du Comité Makanda Kabobi et de l’Institut Makanda Kabobi. Quelle est la différence ?

 COMPEUPLE : Le comité c’est un ensemble d’hommes dirigé par quelqu’un. MAKANDA KABOBI dirigeait ce comité là, c’est pourquoi on l’appelait Comité M.K., I.M.K., c’est une école. Pour honorer la mémoire du combattant MAKANDA KABOBI qui est mort, on a donc donné à cette école le nom de MAKANDA KABOBI. Cet Institut selon les propres mots du Président, est une école de la vie.

KASONGO B.M. 3è C.C.P. : Comme venait de dire Cit. Dirigeant, on ne peut pas mettre un élève ou une élève à la tête d’animation au lieu du Préfet. En effet, un élève dirigeait l’animation.

 DIRIGEANT B.M.Adj. JMPR/Zone : Oui, c’est le Préfet d’abord qui est le premier animateur jusqu’à présent, vous continuez comme dans le passé en attendant les instructions déjà à la zone.

 COMPEUPLE : Maintenant, je vous quitte, je remercie l’organisation et la discipline qui a  regné durant tout mon exposé.

              A mon départ, un memorandum me fut remis :

 

MEMORANDUM DE L’INSTITUT NYOTA YA ASUBUI.

 INSTITUT NYOTA YA ASUBUI

B.P. 6 – SOLA (KONGOLO).

  « MEMORANDUM »

 Objet : DOLEANCES DE LA JMPR I.N.A.S.

 

                                                           Au Citoyen Commissaire du Peule de

                                                                  la Circonscription électorale de

                                                                 Tanganika

                                                                 de et à  KALEMIE.-

 

                        L’Institut NYOTA YA ASUBUI demanderait l’infirmerie de l’école, l’éclairage de l’école, des robinets.

Un Préfet de discipline est un pédagogue : qui dit pédagogue c’est-à-dire qui se comporte en tout. Alors un préfet de discipline peut injurier les élèves publiquement ? Quel sera alors les conséquences de ces injures auprès des élèves ?

                        Nous attendons avec grande impatience, la réalisation de tous les cas énumérés dans notre demande.

                                                            Fait à Sola, le 14 janvier 1976.

                                   Les Elèves de l’Institut NYOTA YA ASUBUI-SOLA.

             Après la conférence à l’Institut NYOTA YA ASUBUI, je visitai le foyer où je trouvais rassemblées les citoyennes.

             La Présidente du foyer social la Citoyenne NYOTA m’exposa de nouveau les difficultés du foyer.

 

 LA VISITE DU FOYER DE SOLA, LE 14/01/1975.

 

            La Cit. NYOTA me présenta ses collègues : MWAMINI POMBO, MUKEMWENDO KUNGWA, FATUMA LUZINGA, MANGAZA KITENGE, KIHUNA MALUVU, NYOTA MUKWAHAYA, KISINDE KILUMBU, MUTOKE MUKEMWENDO.

 NYOTA         : Il nous manque de fournitures du foyer, il n’y a pas d’aiguilles à tricoter. Lorsqu’ils allaient prendre de mesures, les prêtres n’ont pas voulu qu’on agrandisse le bâtiment.

 COMPEUPLE : Qu’est-ce qu’il y avait dans ce bâtiment comme instruments de travail ?

NYOTA         : Non il n’y avait rien, nous n’avons même pas de machine, nous faisons tous nos travaux à la main. Nous éprouvons aussi des difficultés pour donner cours aux femmes qui ne savent pas lire. Nous n’avons pas d’enseignants, mais l’année dernière il y avait des enseignants qui nous aidaient, après leur travail, le matin, ils venaient nous donner cours le soir. Maintenant ils ne viennent  plus.

CHEF DE COL. : Cette situation est née depuis que les pères qui supervisaient ce foyer ne s’en occupent plus. La collectivité peut engager des enseignants qui seront payés par elle pour donner cours au foyer.

 COMPEUPLE : Maman ? Vous pouvez me dire autres choses dont vous avez besoin pour le progrès du foyer !

CHEF DE COL. : Moi je suis un nouveau chef, je suis pour le progrès de la femme zaïroise et nous allons construire le foyer. Pour le moment, vous allez avoir cours à l’école maternelle le soir. Votre état de besoin doit être adressé à la Collectivité, et je vous fournirai ce dont vous aurez demandé.

MUKEMWENDO KUNGWA : Nous sommes très contentes de ce que le Chef vient de promettre au Foyer pour son développement et son progrès. Il était temps qu’on pense à nous aider parce que nous nous  avons  tant souffert pour nous développer sans aucune aide.

             Du foyer social, nous rentrâmes à la Paroisse où nous dinâmes avant de nous reposer.

 

 d)        MA VISITE DE COURTOISIE AU COUVENT DES SOEURS

             Le soir nous partîmes rendre une visite de courtoisie chez les sœurs qui nous l’avaient d’ailleurs demandé.

             Avec elles, nous discutâmes du développement du pays mais aussi de la vie courante, un verre de la bière à la main.

             Maman Elisabeth (Sœur Edmond) qui était entourée de la Sœur MWANGAZA (ma cousine Joséphine Charlotte Tambwe) et deux autres sœurs blanches donna ordre afin que toutes les postulantes vinnent me saluer.  Elles étaient une dizaine et je ne manquais pas de tenir à leur intention une causerie morale dans laquelle je démontrai que la religion n’était pas incompatible à la politique. Les sœurs de Sola par leurs champs venaient de prouver qu’elles se préoccupaient énormément du développement de notre  pays, ce dont les hommes politiques aussi poursuivent. M’adressant plus spécialement aux religieuses africaines je leur signifiai qu’elles étaient de membres à part entière du M.P.R. et leurs œuvres sociales étaient si bénéfiques à notre population que je leur remerciai beaucoup.

             Maman Elisabeth, la mère supérieure m’informa qu’elle tentait une expérience d’apostolat rural de village en village et c’est pour cela qu’elle avait ouvert un petit couvent à Mbulula et à Kayanza.

             A la question sur la santé des filles qui venaient à Sola pour être baptisées, elle m’apprit qu’elles étaient en très bonne santé par rapport à leur état dans leur village Elles mangeaient très bien parfois la viande de porc et surtout qu’elles recevaient les vermicides grâce auxquelles elles n’ont plus d’innombrables vers intestinaux qui leur faisaient maigrir dans leur village.

             Du couvent des Sœurs, je me rendis, toujours avec ma suite, chez le Préfet de l’Institut NYOTA ya Asubui répondre à son invitation.

 

e)       MA SOIREE A LA RESIDENCE DU PREFET.

             Le Préfet m’entretint de son collaborateur, le préfet de discipline LUKONGA.

 PREFET : Il commençait d’abord d’opposer les filles aux garçons. Il n’a pas réussi. Il a encore essayé d’opposer les classes 4è et 2è, la 2è étant beaucoup plus avancée que la 4è, conflit entre les classes. Il a échoué. C’est alors qu’il m’a opposé à mon Directeur de l’école primaire d’application qui est maintenant absent depuis sans que je le sache.

                         Maintenant il est là, je fais tout pour arranger la situation, maintenir le moral des enfants et des professeurs.

 COMPEUPLE : Et hier, était-il là ?

PREFET : Non, ces deux jours il n’arrive pas à l’école.

COMPEUPLE : Il se méfie même de nous ?

 

            C’est tard que nous rejoignîmes la paroisse, contents de nous détendre après deux journées très chargées ! Quel ne fut mon étonnement en rencontrant trois filles de l’internat qui étaient mes parentes en train de m’attendre. Elles tenaient coûte que coûte à me parler de leur internat.

 

f)   MON ENTRETIEN AVEC MES COUSINES DE L’INSTITUT NYOTA.

       YA ASUBUI (Pombo Kahozi, Lumbu Bundi et Katumbwe Malanga).

 

POMBO : Notre actuel Préfet n’arrive même pas à l’école. Il met seulement ses frères qui ont remplacé les autres ouvriers. C’est LUKONGA qui est un bon qui fait tout le travail du bureau, le Citoyen ILUNGA ne vient même pas au travail, il boit toute la journée.

COMPEUPLE : LUKONGA est un contre-révolutionnaire, je ne l’ai vu nulle part depuis que je me trouve ici et pourtant il se trouve bel et bien ici à Sola.

 POMBO : Ne chassez pas ce Préfet de discipline, c’est lui qui reçoit nos parents, c’est lui qui vient régulièrement à l’école, alors que le Préfet des études ILUNGA ne donne même pas ses cours. Un jour alors qu’il venait de Kalemie sans que nous le sachions, nous autres, nous sommes allées accompagner une collègue à l’hôpital. Nous avons rencontré quelqu’un en cours de route sans que nous sachions qui il était, mais il y a eu beaucoup de problèmes. Ce quelqu’un était le Préfet, il nous a demandé pourquoi nous étions aussi nombreuses pour accompagner une seule personne. Pour lui, nous venions d’autre part, il nous a même demandé de ne plus rentrer à l’internat, nous disant que nous étions depuis lors à la charge du Directeur de l’Internat. Alors nous sommes parties chez le Chef de collectivité.

COMPEUPLE : Qu’y a-t-il au juste ? Vous avez été envoyées par quelqu’un pour venir me voir ?

 

POMBO         : Non, seulement mes collègues ont eu peur. Nous mangeons chaque jour du Sombe midi et soir.

 

             Je mis fin à cette causerie et demandai à mes cousines de rentrer à l’internat.

 

g)      AVOIR TROUVE DEUX LETTRES DANS MA CHAMBRE

             Entrant dans ma chambre, je trouvai deux lettres sur la table, elles émanaient  de deux filles et leur contenu était le suivant :


Citoyen Commissaire du Peuple,

 « Pourriez-vous nous excuser de perdre votre temps. Notre idée principale est de vous présenter les difficultés qui endommagent notre internat. En ce qui concerne la nourriture, nous vous disons que c’est très regrettable, du fait que nous avons versé une grande somme, mais nous mangeons mal, chaque jour il nous faut manger du Sombe et rarement les frétins. Nous souffrons pas mal dans cet internat.

A force de manger très mal, maintenant chaque fille est obligée de chercher, elle-même soit les feuilles de taro et autres feuilles qu’on ne connaît même pas les noms ; soit on gaspille de l’argent pour aheter les frétins, donc on trouve toutes sortes de débrouillardise pour manger et bien vivre. D’ailleurs nous sommes encore des élèves, comment pouvons-nous continuer avec les études dans cette situation ? Quand on n’a pas mangé, on ne sait pas suivre les cours en classe alors qu’elle est notre devise ici à l’internat de Sola. C’est comme il faut c’est d’étudier ; d’où viendra cette force d’étudier ? « C’est manger comme il faut ». Nous disons ; si vous veniez le soir pour voir comment les filles se dérangent partout pour chercher à manger. Vous ne pouvez même pas croire que nous sommes à l’internat, mais plutôt un lieu là où on trouve les enfants, chacun à sa petite maison et il prépare ce qu’il lui semble beau.

« L’heure fixée pour la nourriture est tout à fait bizard. Imaginez-vous, la nourriture préparée à 9 heures ou 10 h 20’ sera mangée vers 12h50’. Pourriez-vous admettre cela. Nous savons qu’à l’internat nous ne devons pas manger comme chez nous et comme nous ne sommes plus dans l’époque coloniale où nous souffrions comme les ânes et les moutons, mais plutôt dans les mains de nos frères zaïrois. Il faut que la nourriture soit variée.

« En voyant cette vie pratique qui s’écoule, nous constatons que nos chers pauvres parents ont semé les graines de maïs sur la pierre. Quelle sera la récolte ?

« Eh bien, nous croyons vous quitter pour le moment. Nous vous souhaitons bon courage et bon travail. »

 

                                                                       Sé/SOLA.

 

                                                                                   Sola, le 14 janvier 1976.

 

            Citoyen Commissaire du Peuple,

            En votre qualité de cadre supérieur du pays, et avec une grande tristesse, je me permets de vous écrire cette lettre pour vous faire-part de ma vie ici.

            Je suis une élève, fille d’un ancien Capitaine du bateau qui est déjà décédé. Je suis restée entre les mains de son grand frère qui contribue à mes besoins par ses revenus de champs. Je dois encore la somme de 8 Zaïres pour le minerval, je n’ai pas d’habits, on ne mange qu’à 18 heures pour toute une journée.

            C’est en raison de toutes ces difficultés que je me suis dit qu’il était bon que je recourre à vous en vous demandant secours car je sais très bien que vous êtes originaires d’ici, que nous sommes tous zaïrois et que nous sommes les enfants d’un seul Dieu.

            Autant donc demander plutôt que voler, j’espère avoir de l’aide de votre part.

            Par ailleurs, acceptez que je vous demande aussi une faveur : je vous saurais gré de garder secret le contenu de la présente lettre. Ne dites à personne que je vous ai demandé de l’aide. Si vous êtes en mesure de m’aider, je vous prie de remettre l’objet de votre aide entre les mains du Père HUGO. Je passerai le prendre chez-lui, vous êtes déjà assez dérangé comme ça avec cette lettre, il ne faudrait pas que je vienne encore vous importuner en personne alors que vous êtes occupé à recevoir.

            Merci, veuillez à mes pensées.

                                                                                  Sé/CHUKIZA MUGALU.

             Le 15 janvier 1976, mon programme prévoyait mon séjour à MUNONO, chef-lieu de la collectivité du même nom où je devais tenir un rassemblement populaire et rentrer le lendemain à Kilubi d’où, le 17 juillet, je devais regagner Makutano, chef-lieu de la collectivité de MAMBWE en passant par KATEBA et YENGA.

             A Sola avant mon départ pour Munono, j’accordais des audiences tôt le matin avant de répondre à l’invitation du Père HUGO de visiter la concession des religieux.

 

h)     LES AUDIENCES ACCORDEES A CERTAINES PERSONNES.

 L’AUDIENCE ACCORDEE AUX Citoyens LUBUKU MWAMBA, KAHENGA KONGOLO  et PUA KASONGO respectivement Directeur Adjoint et Enseignants à l’E.P. MAPATANO.

 LUBUKU : Nous voudrions vous exposer cette fois-ci nos difficultés au sujet de nos salaires malgré le fait que nous nous sommes déjà plaints auprès de nos supérieurs. Je suis commissionné Directeur depuis 1970 et cette même année j’ai fait des épreuves et j’ai eu un brévet de Directeur-Adjoint.

En 1972, j’étais agréé par Lubumbashi, entériné par Kinshasa en 1974. Avec quelques amis, nous ne sommes pas encore payés comme Directeur Adjoint (il montre quelques lettres…). C’est pour cela que j’étais convaincu que Kalemie et Lubumbashi ont déjà accompli leurs obligations, consistant au transfert de nos dossiers à Kinshasa, comme Kinshasa est très éloigné, il se peut qu’il n’y ait encore rien qui soit fait jusqu’à présent. Les collègues avec lesquels j’étais commissioné à la même période, sont toujours commissionnés et non agréés depuis des années, cela nous étonne beaucoup.

 PUA    : Au cours de l’audience que vous nous avez accordée avant hier, nous avons été attristés de la réponse du Chef de la collectivité selon laquelle il fallait d’abord trouver une solution au sujet de l’école normale avant de parler du cycle long et des autres écoles. Nous voulons des écoles bien sûr mais ce n’est pas pour cela que nous devons manquer un cycle long.

 LUBUKU : En ce qui concerne les écoles mêmes, il y a trois centres  importants : Sola, Munono, Kankunde, cycle complet E.P. à peu près 45 enseignants. J’aimerais que ce cycle soit scindé en trois écoles qui doit avoir chacune une codification.

Nous le demandons à vous qui êtes ici présent, malgré vos multiples tâches, que vous fassiez tout ce qui est en votre pouvoir ou confier l’étude de ce problème au Citoyen KILANGA.

 

L’AUDIENCE ACCORDEE AU  DE L’ECOLE PRIMAIRE MAPATANO, le  Citoyen NGONGO.

 

DIRECTEUR : Pendant notre séance, la population a oublié beaucoup de choses à vous soumettre. Elle a fini par me contacter. Tous les habitants sont d’accords que l’actuel chef a.i. le citoyen NGOY, reste à la tête de la collectivité de N’kuvu. Depuis son arrivée, on ne nous arrache plus nos propriétés. Nous ne voulons pas du tout de l’ancien Chef KAYEMBE, il ne faut plus  jamais qu’il revienne au N’kuvu, jamais !

Nous voulons d’abord rester sous l’autorité du Citoyen NGOY wa NGALULA. KAYEMBE se comportait très mal, il ne respectait nullement les biens de la population de N’kuvu voire ceux de MAMBWE, MUNONO, il nous mettait souvent en conflit avec nos frères des autres collectivités. Il a déjà été suspendu trois fois de suite à cause de son comportement, et chaque fois qu’il est au parquet à Kalemie, il utilise les biens de la population pour corrompre les autorités judiciaires du parquet qui le réinvestissent. Nous vous demandons de faire en sorte que ceux qui sont corrompus par lui, lui trouvent un autre poste plutôt que de le renvoyer ici.

 

L’AUDIENCE ACCORDEE au Citoyen KALUKULA, Chef de localité.

 KALUKULA : (Montrant ses projets de ferme). Je demande à ce que le Gouvernement m’accorde un crédit qui me permettra de mettre au point ce projet.

COMPEUPLE : Combien de fonds avez-vous pour démarrer ?

KALUKULA : 80 Zaïres.

COMPEUPLE : Vous avez des champs, qu’avez-vous  planté ?

KALUKULA : Je n’ai encore rien planté, je suis encore au stade du labour.

COMPEUPLE : C’est très bien. Mais je vous demande de faire un effort, que vous fassiez un travail remarquable. Plantez. Les autorités s’appercevront de vos efforts et avec notre concours elles pourront vous accorder le crédit dont vous avez besoin pour améliorer votre travail.

KALUKULA : Je vous en remercie.

 

 L’audience accordée au Citoyen MULOKO MUAMBA.

 

MWAMBA M. : C’est une chance de vous avoir  contacté, parce que lorsque vous êtes arrivé, j’étais absent, je me trouvais dans mes champs situés à 20 kms d’ici. Mais j’aimerais vous dire tout de suite que l’Etat ne s’occupe pas du tout des cultivateurs. Auparavant, il y avait du progrès car nous étions aidés par les tracteurs. Le coton n’est pas acheté en temps normal, nos enfants ne peuvent pas aller à l’école par manque du minerval occasionné par les retards d’achat de nos produits agricoles.

Quand le coton est acheté, les réceptionnaires truquent les balances et nous volent des poids. Il en est de même pour ceux qui nous achètent le maïs, un sac de maïs qui aurait dû normalement peser plus de 100, ne pèse parfois que 80 kgs. Nous citons nommément à ce propos les Ets. KIBWE SAKINA.

Nous nous demandons également pourquoi la commission des Etats-Unis qui est arrivée à Kongolo et dans d’autres collectivités, n’a pu visiter notre collectivité également.

COMPEUPLE : A part votre champ, y a-t-il d’autres personnes qui ont cultivé de grands champs ?

MWAMBA : Moi, j’ai cultivé 4 hectares dans lesquels j’ai planté le sorgho et surtout le maïs.

COMPEUPLE : Pouvez-vous me dire qui a fait en sorte que cette Commission n’ait pas accepté de visiter votre collectivité ?

MWAMBA : C’est ce que nous ne savons pas, mais pensons qu’il doit s’agir de ces autorités qui les ont conduits et les ingénieurs de l’ONACER.

DIRIGEANT JMPR/Zone C’est vrai, ces individus sont contre le progrès de certains  cultivateurs, ils les ont cachés et ne sont venus que pour leursfrères.

 COMPEUPLE : Vous ignorez également les prix fixés par l’Etat pour l’achat de vos produits agricoles

MWAMBA : Non, mais les acheteurs nous proposent leurs prix. Nous ne pouvons qu’accepter ne sachant où aller vendre mieux nos produits. Et puis, en ce qui concerne notre collectivité, nous avions l’impression d’être esclaves pendant le règne du chef KAYEMBE. Ce dernier désappropriait la population, les habitants ne vivaient plus en paix à cause de son mauvais comportement. Mais nous ne sommes pas du tout d’accord pour le retour de l’ancien chef KAYEMBE. Il n’est pas un vrai chef. Toute la population vivait très mal à l’aise pendant son règne, nous étions ses esclaves. Il y a justice pour tout le monde, mais ce n’est pas le cas ici, quand un individu commet une infraction, il est puni, mais quand un chef de collectivité commet une infraction il est appelé au parquet, il corrompt et il est réinstallé dans ses fonctions.

 

i)     MA VISITE DE LA CONCESSION DES RELIGIEUX

 

MA VISITE DU DISPENSAIRE

 

            Mwisho Mulimbiyi et Kasongo Mugalu sont les deux infirmiers  rencontrés à l’entrée du dispensaire.

SALLE DE CONSULTATION : Une table de consultation, une armoire remplie des médicaments, une table avec quelques flacons (un équipement plus ou moins bien).

SŒUR            : Depuis que KAYEMBE était chef, je n’ai eu que des ennuis, il nous a obligés même d’abandonner. Heureusement Kongolo nous a repris. Maintenant, comme nous avons un nouveau chef, la paix est revenue. Moi je cède la place aux infirmiers ici dans le dispensaire. Je vais à la maternité

COMPEUPLE : Est-ce que les infirmiers reçoivent-ils régulièrement leur salaire de l’Etat ?

SŒUR            : Les infirmiers ne sont pas payés par l’Etat mais par les revenus de ce petit dispensaire. Il y a un auto-financement. J’ai lutté, les deux infirmiers seront payés par l’Etat.

COMPEUPLE : Quels sont les médicaments que vous donnez le plus et le prix ?

SŒUR            : Oui, on donne 2 nivaquines par jour à un malade de la place mais ceux qui viennent de loin, 20 nivaquines mais ils se sont livrés à un commerce.

COMPEUPLE : Y a-t-il de l’eau dans le dispensaire ?

SŒUR            : Voilà depuis, le traditionnel problème ! Nous n’avons toujours pas de l’eau dans le dispensaire.

COMPEUPLE : Quelles sont les maladies très fréquentes ici ?

SŒUR            : La tuberculose surtout, malaria, verminoses. Les gens ne vont pas au W.C. ils se débarassent en brousse d’où le billharziose, l’ankylostome. Grâce à FOPEDRA pour les lépreux on trouve leur médicament.

COMPEUPLE : Ils ont un camp ?

SŒUR            : Non, ils sont dans leurs maisons. On trouve de famille de lépreux à Munono, Malungu, surtout. Il faut aussi un examen pour les enseignants pour détecter les lépreux (attestation d’aptitude physique). On a des nouveaux cas de lèpre, car il y a de gens qui ne se font pas soigner. Pour les avoir, nous allons en brousse dans les villages et comme ça, ils viennent dans la foule (par honte) et on les soigne. A TIMPA, il y a un petit dispensaire de l’Etat. A Kulula, il y a aussi un dispensaire qui n’est pas de l’Etat mais j’ai demandé au médecin de l’agréer. Actuellement il vit au compte de ses consultations. L’infirmier est très bien.

 

SALLE D’ATTENTE :

Quelques bancs, 2è salle de soins de plaies.

COMPEUPLE : Est-ce que le dispensaire est ancien ?

SŒUR            : Oui ? Mais on a renouvellé l’équipement, portes, fenêtres, armoires, etc.

            Un petit bureau.

COMPEUPLE : C’est ici que vous gardez les fiches des malades ?

SŒUR            : Oui. Un petit laboratoire : très propre, un peu équipé, une salle d’hospitalisation ; 10 lits, matelas en pailles. Conséquence il y a des punaises, il faut toutefois renouveller. Nous n’avons pas eu le temps de mieux réparer à cause de KAYEMBE

COMPEUPLE : Il n’y a pas d’électricité ici ?

SŒUR            : Non, à cause de câble, nous étions dans l’impossibilité de le faire. Puis, les subsides qu’on nous a promis, il paraît que cet argent était destiné pour tous les dispensaires de la zone (j’ai les papiers). Cet argent était dépensé pour l’hôpital de Kongolo seulement.

 

UNE PETITE PHARMACIE :

                 Avec un petit stock de médicaments.

COMPEUPLE : Ce dispensaire, c’est le dispensaire qui concurrence Kongolo déjà ?

SŒUR            : Il faut quand même un assistant médical, s’il n’y a pas un médecin,  vous savez c’est difficile. Moi je vieillis déjà depuis 1953 à Kibangula au Zaïre. Nous essayons de mettre nos connaissances à la disposition de la population.

 

SALLE D’HOSPITALISATION :

                8 lits, un ancien dispensaire qui appartient à la mission : on y a mit les orphelins.

SŒUR            : Je ne suis à Sola que depuis 1960, avec l’interruption due aux événements, j’y suis revenue encore en 1966 et j’y reste. Il y a les malades qui n’ont pas d’argent, on leur donne gratuitement les médicaments. On a aussi trouvé cinq petites maisons où restent les vieux malades, les tuberculeux et un lépreux. Un W.C. qui sert de douche, deux petites maisons (4 chambres) en pailles, propres, une maison est occupée par deux tuberculeux.

                 Faites quelque chose pour nous, empêchez la vente irrégulière de médicaments dans les villages m’avait supplié la sœur !.

 

LE PERSONNEL :

               La main-d’œuvre pour l’entretien du dispensaire et  les alentours.


MA VISITE DE L’ORPHELINAT

             Une salle pour faire le lait. Les orphelins sont gardés par une maman chacun soit 5 mamans.

SŒUR            : C’est malheureux, les femmes viennent pour la consultation mais à l’accouchement elles ne viennent pas, les conséquences sont des accidents parfois  mortels à l’accouchement.

Deux chambres, propres, une avec 3 lits, l’autre 2 lits (matelas avec les herbes dedans). Une autre chambre avec deux lits. Fin.

 Il y avait des difficultés pour ce dispensaire.

COMPEUPLE : Lesquelles ?

SŒUR            : L’ancien chef KAYEMBE voulait que le dispensaire soit la propriété de la collectivité mais la zone s’est opposée.

 

MA VISITE DE LA MATERNITE

             23 mamans. Salle d’attente, une infirmerie, 1ère salle (avec 9 lits) moyenne de naissance 2 par jour. Après la naissance, les mamans sont gardées pendant 5 jours. La salle des naissances est bien équipée avec deux lits d’attente dans l’antichambre. La 2ème salle (avec 9 lits), 3ème salle (avec 2 lits) pour les prématurés.

 

COMPEUPLE : Il y a plus de filles ou des garçons ?

SŒUR            : Il y a un équilibre.

COMPEUPLE : L’équipement est le même ou avez-vous encore rééquipé après les événements ?

SŒUR : Nous n’avons pas eu le temps de mieux réparer à cause de   KAYEMBE

.COMPEUPLE : Il n’y a pas d’électricité ici ?

SŒUR            : Non, à cause de câbles.

Une annexe de trois chambres : une pour les mamans qui attendent la délivrance, une autre pour leur provision et enfin une pour les mamans enceintes malades.

 Il y a de  mamans en provenance de Mbulula, Mambwe, Nonge. Celles de Timpa sont très régulières et elles viennent ici pour se délivrer.

Ce n’est pas mal pour un centre comme Sola.

COMPEUPLE : C’est quand même intéressant, par rapport à d’autres hôpitaux du pays, votre dispensaire est très bien équipé.

 

MA VISITE DES CHAMPS DE LUFUANDO

 Père HUGO : Une rizerie de 4 ha.   C’était un marécage. On a enlevé les arbres, retourner la terre et on a transplanté le riz. Une culture irriguée. On a pu travailler avec des houes. 12 travailleurs saisonniers payés par jour. Si on avait le personnel le long de Lufando, on aurait des rizeries à haut rendement. Nous volons de nos propres efforts. Un grand champ de maïs (5 ha.), arachides, manioc, soja où les sœurs zaïroises travaillent durement. Il faut que la population comprenne que c’est nécessaire de retourner la terre.

SŒUR            : Les filles de l’internat se servent gratuitement, elles ne payent pas. Le reste c’est nous-mêmes avec les produits de notre travail.

 Constat d’ source F.B.I. (Fond du bien être), un champ pour les cannes à sucre.

COMPEUPLE  s’adressant à la soeur: Faites-vous aussi l’animation ?

SŒUR            : Oui, nous composons beaucoup de chansons révolutionnaires.

 Constat d’un champ de tournesol.

 SŒUR :          Une plante qui sert à la fabrication d’huile.

 MA VISITE DU DORTOIR, REFECTOIRE, CUISINE, DEPOT

 DORTOIR :

          Sans lits, les filles dorment par terre sur les nattes

 

REFECTOIRE :

          Bien entretenu.

 

CUISINE :

Sœur : Les enfants mangent abondamment et bien.

 

DEPOT DES PRODUITS :

         Constat de maïs, haricots, riz, une machine pour décortiquer le maïs et un moulin, une machine pour décortiquer le riz, une blanchisseuse, une réserve d’arachides, de sacs, etc.

 PERE  : Le travail qui n’est pas seulement pour la vie des sœurs mais la population entière.

Constat d’un réservoir d’eau alimenté par l’eau de puits, un dortoir avec 34 lits et matelas.

PERE : Ce réservoir permet aux enfants de ne pas chercher l’eau à la rivière. Constat d’un dortoir pour aspirantes (17 lits).

PERE : Les sœurs vendent le sel à 12 K le verre, au marché on vend à 20 K le verre. Constat des variétés : Ngandajika, soja, jua, une grande réserve de tuyaux pour la distribution d’eau.

 MON CONSTAT de moutons, une porcherie, une basse-cour, un classier des ânes.

 COMPEUPLE : Avez-vous de médicaments contre les verminoses ?

SŒUR            : Non.

COMPEUPLE : Combien d’espèces de porcs avez-vous ?

SŒURS          : Deux : museaux longs et museaux courts.

 

MA VISITE DES CHAMPS DE KASANGA

 

            Après Lufuando, nous allâmes visiter les champs de Kasanga pour les pères ; maïs, sodja, manioc (trois hectares).

 

PERE HUGO : (Se plaint du manque de carburant).

 COMPEUPLE : Pouvez-vous énumérer les instruments de travail que vous possédez ?

PERE HUGO : Un petit moteur, les charrues, les ânes pour sarcler, ils aident aussi pour le travail lourd, le binasse. A la ferme il y a une décortiqueuse d’arachides, celle de maïs, la vaneuse pour nettoyer les maïs, le moulin.

 COMPEUPLE : Quelle est la puissance de chacun de vos moteurs ?

PERE HUGO : 45 chevaux électriques et moulin. Un moulin 25 chevaux. Camion 25 Ch., Land Rover 25Ch. Pompe à eau 8 ch. Lister 12 Ch.

 COMPEUPLE : L’ignorance de vos activités n’est-elle pas la cause dela non délivraison du carburant ?

PERE HUGO : A ma connaissance, il n’y a personne qui connaît mais Citoyen NYEMBO MWANA NGONGO nous aidait.

 COMPEUPLE : ça va, je le vois souvent à Kinshasa, sa grande direction est Lubumbashi. Je lui parlerai pour qu’il aille aranger ce problème, dès que je le verrai à Kinshasa.

PERE HUGO : Maïs, riz, sont plantés suivant une méthode espagnole ; 8-25 riz, 5-25 moyenne, 6,5 par ha. Les chinois n’arrivent pas à ce résultat. Je ferai avec ce champ, 3 récoltes par an. L’égoïsme est à la base de tout échec de coopérative. Si les gens s’unissaient pour travailler ensemble, le pays allait avancer à pas de loup. ASAMBA responsable de l’école primaire de MUNONO est aussi un homme digne. On a décidé d’accorder un quota de carburant dans le cadre agricole aux diocèses.

A Likasi, ils ont 6 hectolitres, à Lubudi aussi, ils ont eu un wagon de carburant. 17 wagons Gécamines, 13 pour la minoterie Kakontwe. Pétro-Zaïre a la préférence pour la Gécamines, etc. mais pour l’agriculture aussi. De nouveau, ils distribuent, nous n’avons pas encore reçu. Nous risquons d’arrêter nos travaux à cause de manque du carburant. Le diocèse de Kongolo a priorité pour l’agriculture. Un wagon de mazout a été envoyé sur ordre du Directeur de Pétro-Zaïre. Lubudi qui a eu la première fois a déjà eu pour la deuxième fois. Dans quelques jours si ce mazout n’arrive pas, on ferme les moulins !).

 

CONSTATATION : maïs, arachides, sodja (2 récoltes par an) 30 hectares, riz, maïs, manioc (une fois) 20 ha-50ha/an.


             A la paroisse, les prêtres acceptèrent de me vendre quelques litres de carburant afin que je puisse poursuivre ma tournée.

              Nous n’étions que le 15 alors que la date prévue pour mon arrivée à Makutano était le 17, soit deux jours après. Je me décidai de rentrer d’abord à Kongolo et la visite du champ de parti de Kilubi fut avancée à ce 15 janvier.

 

Paragraphe 5.  MON SEJOUR A KILUBI.

 

a)  MA VISITE DU CHAMP DU PARTI

 CHEF DE COL. : Le champ du Parti mesure 500 m x 50 m. On va y planter le maïs, le coton. Nous pouvons bien faire de grands champs mais nous ne sommes pas équipés, on allait encadrer les jeunes convenablement mais  on travaille à la houe  COMPEUPLE : Cherchez un tracteur à la mission.

 

b)    L’EVALUATION DE MON SEJOUR DANS LA COLLECTIVITE.

 COMPEUPLE : En principe, c’est bien. L’appréciation est bonne. Il faut mettre un accent sur la vigilance. L’avenir du pays dépend de nous la jeunesse. Les routes d’intérêt général ne doivent pas être négligées. Les jeunes qui sont dans les villages doivent être  encadrés. Tout est bon, il faut des causeries morales. Les prêtres sont très malins, ils encadrent les autorités mais avec les pauvres frères, ils adoptent une autre conduite. Le champ du Parti, il faut le sarcler et voire même demander le tracteur aux prêtres. Ils ne peuvent pas refuser car c’est le tracteur de l’Etat.

CHEF DE COL. : Je vous remercie beaucoup. Ne refusez pas cette offre que je vous donne. Et pour le travail qu’on m’a donné avec le concours de mes collaborateurs je ferai tout.

 COMPEUPLE : Je voulais dire au revoir à madame aussi et vous remercie pour votre offre (une chèvre).

 

c)       MA RENCONTRE AVEC LE CITOYEN KABAMBA SWALAKI

             Je vis à Kilubi, le Citoyen KABAMBA SWALAKI, un de mes anciens collègues de classe et fils du feu chef de collectivité Albert KAYEMBE. Il me remit une note dont le contenu ci dessous :

 

KABAMBA SWALAKI

GREFFIER DE LA COLLECTIVITE

DES BA- N’KUVU

KILUBI.                                                    Kilubi, le 15 janvier 1976.

 

                                                                       Au Citoyen Commissaire du Peuple

                                                                       A  SOLA (LUFUANDO).

 

            Citoyen Commissaire du Peuple,

             Je vous souhaite tout d’abord la bienvenue dans notre collectivité de Ba-N’kuvu.

            Je vous informe qu’auparavant cette collectivité fut dans  des difficultés immenses, mais que maintenant la paix est réinstaurée et les travaux des champs ont repris normalement partout.

            En ce qui concerne l’assassinat, cela provient surtout d’adultère, ivresse et aussi pourles problèmes des forêts, ainsi  que la limitation des palmeraies.

            Je vous demande aussi de faire en sorte que l’Etat pense à la famille du feu KAYEMBE mort dans ce travail après 20 ans de service de Chef de collectivité et 3 ans comme Commissaire du Peuple à Kamina, dans l’ancienne province du Nord-Katanga. Etant donné que mon père a rendu de bons services à l’Etat, je voudrais occuper les mêmes fonctions que mon père, étant donné que ce dernier a laissé une nombreuse famille composée de 32 enfants.

            Pour terminer, daigner recevoir et étudier la demande de votre serviteur. Je vous souhaite une longévité dans votre carrière et que la Divine Providence vous protège dans l’exercice de vos fonctions.

                                                                                 Votre Serviteur,

                                                           Sé/KABAMBA SWALAKI-wa-KAYEMBE.

 

Sous Section 1O. L’ETAT DE ROUTE M’EMPECHE D’ATTEINDRE LA POPULATION DU SECTEUR DE MUNONO. 

 

            Après la visite de la concession des religieux, où, le Père HUGO me mit au courant non pas seulement de leur manque du carburant mais aussi du conflit entre la mission et les habitants de KASANGA  au sujet de la délimitation des terres, mon chauffeur conduisit le Land Rover vers Munono. Le Chef Ad intérim de la collectivité de N’kuvu, le Citoyen NGOY wa NGALULA se décida de m’accompagner.

             Nous dépassâmes la localité de MIFUTU avec beaucoup de joie car la route était entretenue mais au delà de Mifutu la route céda la place à une piste. La visibilité devenant nulle, comme notre véhicule se perdait dansles hautes herbes, nous nous mîmes à lutter contre les trous et malheureusement nous fîmes vaincus. Craignant de connaître un accident qui pourrait mettre un terme à la tournée, je décidai alors que nous nous approchions de NEMBA de rebrousser chemin. Le chef de collectivité de N’kuvu très courroucé, ordonna à notre arrivée à Mifutu, l’arrestation du vieux chef de collectivité qui n’avait pas suivi son mot d’ordre  l’invitant à faire entretenir la route.

 

. MON RETOUR A KONGOLO

             Je laissai une chèvre au chef de collectivité ad intérim avant de quitter Sola plein de bonne impression sur la qualité de l’accueil et du travail. Nous arrivâmes à Kongolo le soir et j’ordonnai au chauffeur de passer d’abord chez le Commissaire de Zone titulaire chez qui je laissai aussi une chèvre pendant que ma suite se distribuait les poules.

 

Sous Section 11. L’ATTENTE A KONGOLO DE LA DATE DU VOYAGE  POUR MAKUTANO.

 

a)     MON ENTRETIEN AVEC LE COMMISSAIRE DE ZONE TITULAIRE

             Le 16 janvier 1976, j’analysais avec le Commissaire de Zone la situation vécue pendant mon voyage dans les collectivités de Yambula et de Nkuvu lorsque sur nos entrefaites arriva le Citoyen LUKONGA, préfet de disipline de l’institut Nyota ya Asubui de Sola, celui-là que je n’avais pas eu l’occasion de rencontrer à Sola, même à sa maison et qui était présenté par le préfet des études comme destabilisateur de l’école.

 

b)    MON ENTRETIEN AVEC LE CITOYEN LUKONGA, PREFET DE  DISCIPLINE DE L’INSTITUT NYOTA ya ASUBUI.

 COMPEUPLE : J’étais à Sola et durant mon séjour de trois jours, je n’ai pas pu te voir, même pas à l’école ou à la maison alors que tes supérieurs ne t’avaient donné aucune autorisation pour t’absenter.

LUKONGA : Ce n’est  pas un sabotage si je n’ai pas pu vous voir c’est parce que je suis dépassé par les affaires familiales.

Comme vous êtes allé me voir sur place, à la maison à Sola. J’ai jugé bien de vous poursuivre.

(S’adressant au Secrétaire particulier) : je m’excuse de ne pas aller le voir quand il était à Sola. Avant hier j’ai reçu la nouvelle que papa est  malade. Comme je n’avais rien, je devrais venir ici pour arranger le problème. Empêché, je n’ai pas pu rentrer à temps.

 COMPEUPLE : Mais le jour où j’ai tenu le meeting, tu étais à un hm de moi, sans venir me voir ? J’ai noté que tu étais un contre-révolutionnaire, il est temps pour notre pays de nous débarrasser de tels gens. En passant à un hm, tu ne voulais pas me voir. A la séance du travail et à la conférence tu étais absent.

LUKONGA : je consens pour tout ça, je m’expliquerai, il m’a dit que j’étais à un hectomètre, c’est à ce moment qu’on est venu me dire la nouvelle. Je devrais tout de suite réparer ma mobylette et j’étais sale pour me présenter devant vous.

 COMPEUPLE : Qui est malade ? Il y a quand même le congé de circonstance, tu quittes l’école sans informer les supérieurs ?

LUKONGA : Vous voyez que je suis dans la région, j’ai des difficultés, je suis obligé de servir les frères.

 COMPEUPLE : Est-ce que c’est parce que tu travailles dans la région que tu te permets tout ?

LUKONGA : J’étais absent pendant un seul jour.

COMPEUPLE : Ce n’est pas vrai, je suis resté trois jours, j’ai constaté que tu avais fait plus d’un jour d’absence.

 LUKONGA : je demande beaucoup d’excuses, car après tout, je n’ai pas à discuter avec vous. Je m’excuse, vous êtes allé me voir, la conscience m’a frappé et je n’ai pas voulu rester là, car une grande personnalité comme vous aller me chercher à la maison …

 COMZONE : Vous voyez que dans le service, on ne sait pas se justifier directement, il a constaté, il doit même vous injurier et vous menacer même publiquement. Vous, vous n’avez qu’à vous limiter aux excuses. Il y a des manquements, dans la vie on n’est pas parfait.

 A suivre