Protais LUMBU 2 (suite Sous section 13: Paragraphe 8 La journée du 24 janvier 1976 à Mbulula.

Protais LUMBU 2 (suite Sous section 13: Paragraphe 8 La journée du 24 janvier 1976 à Mbulula.

25 Juin, 2014

Dans cet ouvrage aussi autobiographique que le précédent est retracé en cinq chapitres, la personnalisation de l’auteur en « yeux, oreilles et bouche de la population » tant pendant ses vacances parlementaires de décembre 1975 et janvier 1976, qu’en sa défense de la jeunesse lors de l’audience accordé par le Président de la République à la JMPR/CVK le 05/02/1976 et enfin en l’exigence avec ses collègues parlementaire du bon comportement des autorités des forces armées dans le district de Tanganyika.

Yeux, oreilles et bouche de la population de Tanganika (1975 – 1977)

Paragraphe 8 LA JOURNEE DU 24 JANVIER 1976 A MBULULA.

a) LE TELEGRAMME DE MON EPOUSE

Le 24 janvier 1976, avant de quitter ma chambre à la paroisse, un télégramme me fut remis par le curé et le lisant, je remarquais qu’il m’était envoyé de Kinshasa par mon épouse. Elle m’informait de l’accouchement d’un mort-né par la Citoyenne NYUNGU Anastasie, épouse de mon grand-frère Athanase à Kinshasa. Ma tristesse était grande car cette femme pour la première fois après 10 ans de mariage avait donné l’espoir à toute notre famille de donner naissance à un enfant et voilà que cet enfant était sans vie.

Après quelques temps de méditation je me décidais de continuer mon travail, la coutume n’autorisant pas la tenue de deuil pour le premier décès dans un foyer !

C’est par le cycle d’orientation MUUNGANO que je commençai, car en effet, toutes les fois que ma conférence avait été programmée, certaines circonstances ne m’avaient pas permis de la tenir.

b) MA VISITE DU CYCLE D’ORIENTATION MUUNGANO.

Le bureau n’est pas une salle destinée à cet usage, c’est une classe sans mobilier complet. Le Préfet, le secrétaire « son épouse » et un huissier étaient présents. Les classes manquent des tableaux et des bureaux.

-L’ENTRETIEN AVEC LE PREFET.

PREFET : L’école a des problèmes très sérieux, des déplacements sont supportés par moi-même (aller voir les succursales). Ma residence est une possession de l’ONAFITEX. Je demande qu’il y ait une convention entre l’ONAFITEX et l’Etat pour que cette maison reste pour le préfet. Les professeurs sont encore inconscients puis ils sont tous de D.6. Pour la 3ème il faut des qualifiés. La conduite de professeurs laisse à desirer, ils commettent des bêtises à la cité, ils se méconduisent. PALATA était venu, il avait vu comment nous travaillons. Certains professeurs ne préparant même pas leurs cours. A Makutano, ces jeunes gens travaillent plus sérieusement que les professeurs qui sont ici.

COMPEUPLE : Ceux de Makutano, vous ne les visitez pas souvent ?

PRFET : J’y passe quelque fois mais avec la peur de mulélistes, nous n’y restons pas longtemps. La question de frais de fonctionnement, les élèves ne paient pas l’argent nécessaire pour faire fonctionner convenablement l’établissement. C’est pourquoi nous demandons que le problème de frais de fonctionnement soit revu.

-LA VISITE DES CLASSES DE 1ère A et 2ème A, 2ème B.

COMPEUPLE : Il est un fait que je ne pouvais pas visiter la collectivité de Nyembo sans venir voir votre C.O. J’ai proposé de venir exposer ma conférence sur l’organisation de la JMPR. Dans les slogans, de tout à l’heure je vois que vous ne donnez pas le cours de civisme. Vous êtes dans la période des examens et moi j’ai ma tournée, on m’attend à Kayanza etc. Je sais que la jeunesse est l’avenir de demain. Je vous demande alors si à 17h00, je peux vous rencontrer ici.

Le préfet me remis une note dont le contenu ci-dessous :

C.O. MUUNGANO

MBULULA – B.P. 275

KONGOLO CODE 4 11889.

PREVISION EN TRAVAUX DE CONSTRUCTION ET CERTAINS PROBLEMES DE L’ETABLISSEMENT.

Le cycle d’orientation de Mbulula reçoit pratiquement des élèves sortant de sept écoles primaires des environs : Lengwe 2 sixièmes années Bigobo 2 6è années, Mbulula 2 sixèmes, Kayanza 2 sixièmes, Makutano 2 sixièmes, Zola 1 6è année.

En tout 12 sixièmes pour un seul C.O. (en général) de deux classes de première et deux classes de deuxième.

Ce C.O. n’a qu’un seul bâtiment de 50m sur 7,50 m qui compte cinq chambres de classes. Ces chambres sont actuellement occupées comme suit : quatre locaux servent de classe de deux premières et deux deuxièmes : la cinquième c’est le bureau de la préfecture.

Pour pouvoir recevoir suffisamment d’élèves qui viennent de ces différentes écoles primaires précitées, il faut agrandir le bâtiment scolaire. Il faudra également ouvrir l’année prochaine, une troisième et une quatrième cycle long (je demande la confirmation).

A. TRAVAUX PRIORITAIRES

1. Construction :

De 5 classes

D’un bâtiment : bureau de la préfecture, salle des professeurs,

Secrétariat, salle de dépôt du matériel didactique.

Annexe

Fabrication des pupitres, des chaises et tables pour professeurs en classe.

Maison d’habitation des enseignants : 10 maisons.

B. TRAVAUX SECONDAIRES

Entretien des locaux : peinture, réparation du mur, des fenêtres, des pupitres.

C. PROBLEMES SOCIAUX ET SPORT

Il nous faut un petit dispensaire à la disposition de nos élèves et nos professeurs.

Bibliothèque pour élèves et professeurs.

Nous demandons également l’équipement de multiples disciplines sportives.

N.B. : L’ouverture d’un internat pour l’année scolaire 76-77.

Fait à Mbulula, le 20 janvier 1976.

Le Préfet des Etudes,

Sé/BANZA MULUNDA.

Je recus aussi de Kayembe Mukalamusi et Mbayo Lunga les lettres dont le contenu suit :

c) LES LETTRES DE KAYEMBE MUKALAMUSI ET DE MBAYO L.

NOTE DE KAYEMBE MUKALAMUSI

COMMERCANT – B.P. 275 Mbulula, le 24 janvier 1976.

KONGOLO/MBULULA.

Citoyen Commissaire du Peuple,

Le quartier commercial a l’honneur de vouloir vous tracer un peu un tableau des difficultés présentes dans les activités commerciales de la collectivité. Le grand problème dont, ce domaine en souffre, c’est justement celui des taxes. Celles-ci constituent une véritable menace dans le secteur commercial. Disons que c’est devenu un fléau.

Pour sa parcelle seulement, un commerçant est infligé de payer obligatoirement 5,00 Zaîres son impôt personnel dû, revient à 7,60 Z, tandis que pour la Banque Commerciale de Kalemie, le versement s’élève à 35 Zaïres à 40 Zaïres affaire chronique, appelons-nous. A part cela, les poursuites s’exécutent souvent d’irraisoné. Pas très longtemps vous savez. Tous les commerçants furent obligés de faire sortir chacun de l’argent pour la construction d’un monument du MPR (d’ailleurs très important pour notre révolution) et d’un hôpital. En outre, l’achat d’un moteur pouvant faire remonter de l’eau jusqu’aux robinets. En guise du progrès, tous les commerçants s’acharnèrent de plus belle. Ceux-ci, plus imbéciles, qu’ils sont attendaient impatiemment. Cependant, cette espérance fut vaine. Aucune réalisation ne se fit établie en catimini, les affaires se furent déroulées entre les autorités de la place. Et que les soi-disants dirigeants de la collectivité de se ruer tout simplement sur la somme comme des carnassiers déchirant leurs proies.

Pour terminer, nous vous remercions infiniment, mais voici notre éditorial.

Sé/KAYEMBE MUKALAMUSI

Commerçant.

LA NOTE DE LUNGA MBAYO

LOC. MOMBWE.

Mombwe, le 24 janvier 1976.

Citoyen Commissaire du Peuple,

Cher frère,

Je vous écris pour vous informer des difficultés que je rencontre dans la famille. Je suis originaire de Mombwe, ma famille de Ngulungu Yumba depuis toujours j’ai ma parcelle que j’ai héritée de mes ancêtres ici à Mombwe.

Depuis des longues années mes ancêtres ont vécu ici à Mombwe, mais ils eurent l’occasion d’accueillir un de leurs frères en provenance de Sambi d’où il fuyait la guerre de Mambwe. Mes ancêtres ont protégé ce frère qui s’appelait MUGITA gwa SANGWA.

Après la guerre, ce frère est rentré avec toute sa famille chez-lui à Sambi (Kanguga) et c’était avant l’arrivée des Arabes au Congo. Quel est le problème qui se pose maintenant ?

En 1964, lors des guerres des Mulele, un frère en provenance de Mbulula avait fui vers Mombwe, il s’appelle POLI MUEHU et il est de cette famille de MUGITA gwa SANGWA. Ce frère nous l’avons bien reçu et nous lui avons donné tous les aliments possibles en le considérant comme notre visiteur. Quelques années après en 1966, ce frère avait commencé à réclamer cette parcelle comme étant sienne, Cette place il allait la considérer être sienne si ses ancêtres n’y avaient pas suivi quelqu’un. En ce moment, il y avait pourtant à cette parcelle des lions et des léopards, ses ancêtres vivaient et mangeaient alors chez qui ?

En 1971, intervient le décès de l’oncle paternel de ce frère. Le Citoyen POLI emporta le cadavre et l’amèna à l’endroit même qu’il réclamait pour l’enterrement en prétendant toujours que c’était sa parcelle. Moi-même je suis parti avec 2 enfants pour déterer le cadavre et se quereller avec eux. Mais quelques temps après, j’ai vu des policiers envoyés par le chef de collectivité qui m’ont demandé de laisser enterrer le cadavre à cet endroit, quitte à ce que je me représente à Mbulula pour comparaïtre avec mon adversaire.

J’ai accepté et nous sommes partis à Mbulula où on nous avait dit de rentrer parce qu’ils allaient nous convoquer.

En effet, quelques jours après, nous avons été convoqués. Nous avons comparu en 1971 et il ne restait que l’intervention du jugement. En 1973, ce frère fut autorisé par le chef de collectivité de construire au même endroit litigieux. Le chef de collectivité l’invita d’y faire comme il voulait au cas des troubles de notre part.

Je suis allé voir le chef de collectivité pour lui demander de qui cette personne a eu l’autorisation de construire à cet endroit. Le chef me demanda de quitter.

En 1973, cette famille avait abattu les palmiers et respectant les coutumes, j’ai laissé jusqu’au moment où les calebasses devaient commencer à recueillir le vin de palme. J’ai alors pris les calebasses contenant le vin et les amèna chez le chef de collectivité pour réclamer l’intervention du chef en ma faveur.

Je me suis présenté le même jour chez le chef de collectivité pour lui informer de cet événement. Le chef me répondit « qu’est-ce que je vous avais dit » Ne sachant quoi faire, je me suis alors présenté chez le chef de poste MUGANZA et lui donna toutes les informations. Ce dernier, se rendit à pied sur place où il vit la barrière et arrêta tous ces gens. Mais quelques instants après le chef de collectivité prétendait que le chef de poste n’avait pas l’autorisation d’intervenir tant que ce litige était encore à sa compétence, c’était le 9 janvier 1974. Je m’étais rendu compte alors que tout ce que faisait cette famille c’était avec l’autorisation du chef de collectivité.

En juin 1975 ce frère a commencé à cultiver dans mon champs et énervé j’avais écrit au chef de poste avec copie pour information à la zone et au chef de collectivité afin qu’ils interviennent en ma faveur contre cet homme qui m’arrache mes biens et qui me fait souffrir

Le 3 août 1975 le Commissaire de Zone arriva à Mbulula et nous convoqua. Mais je n’ai pas eu l’occasion de déposer parce que le chef de collectivité me l’interdit et dit au Commissaire de Zone que celui qui connaissait. C’était lui.

Le jugement intervint sans que je sois entendu et c’est en faveur de POLI. On me pria de payer 50 Zaïres d’amende et d’être mis en détention. Mon champ, tous ces produits, mes palmiers, mes cannes à sucre, mon coton et tous les autres fruits devaient revenir à POLI. Depuis ce jour, je souffre beaucoup. Moi originaire de Mombwe, je me vois arraché ma parcelle par un étranger fuyant la guerre vers chez-moi et cela parce que cet étranger est du clan Basamba comme chef de collectivité.

Le chef de collectivité m’a dit que si j’occasionnais des désordres, il me fera déplacer. Ce sont donc ces difficultés qui me font souffrir et qui peuvent occasionner de la rébellion dans la collectivité de Nyembo.

Sé/MBAYO LUNGA.

d) L’ACCUEIL A KAYANZA.

J’atteignis Kayanza le matin du 24 janvier 1976. La population m’attendait à l’entrée du village avec les danseurs Mbuli « Appolos » battant leur tam tam. Obligé de descendre du véhicule pour marcher à leurs côtés, les chansons de ma tante maternelle Sinyembo Abeya Eugénie et ma petite sœur Lumbu Mugalu Marie qui faisaient aussi partie de ma suite se joignirent à celles des femmes, hommes et enfants brandissant les rameaux et autres branches d’arbres le long de la route. C’est dans la paillotte du chef de localité que je fus installé à la chaise d’honneur. Mon grand père maternel SINYEMBO MUSONGELA MUKUNKUTU, chef de localité KALWAMBA m’y avait trouvé et m’avait présenté à l’ex Reine MUKUMBANE, Mutoe gwa Mbayo. Je me rendis d’abord à l’école pour libérer les élèves et les trouvai groupés dans la cour, chantant le « Tata ayei, nzala esili », papa est venu la faim est finie !

e) LA CONFERENCE EN L’INTENTION DES ELEVES.

Après avoir été présenté par le chef de poste aux élèves de l’école primaire UMOJA et du cycle d’orientation Yenge, je pris place dans une salle où je tiens à l’intention des élèves de la 6ème année primaire et de 1ère année du cycle d’orientation, ma conférence, dont le titre était toujours celui de l’historique et de l’organisation de la JMPR et me rendis enfin au rassemblement populaire au centre du village.

f) LE RASSEMBLEMENT POPULAIRE

Comme les militaires qui m’escortaient n’avaient pas permis lors de mon entrée à Kayanza, mon village d’origine et de naissance, que quelqu’un soit-il membre de ma famille ne m’embrasse ou ne me tende la main pour me saluer, je profitais cette fois-ci de l’occasion pour serrer la main de dizaines ou centaines des personnes avant de m’installer.

Le chef de poste intervint le premier pour me présenter :

CHEF DE POSTE : Nous mettons un accent sur la distinction avec laquelle la population de Kayanza reçoit le Commissaire du Peuple, vous êtes des vrais révolutionnaires. Nous recevons le Commissaire du Peuple dans le cadre de ses activités. Exposez-lui tous vos problèmes, toutes vos difficultés ainsi que vos suggestions, votre joie, etc. Dites-lui tout, sans crainte de se faire arrêter. Il fera alors un rapport à ce sujet qu’il soumettra aux autorités supérieures du pays qui décideront des mesures à prendre ou des solutions à donner. Ce n’est pas maintenant, ce n’est pas aujourd’hui même ici qu’il va décider telle ou telle mesure. Parlez donc clairement, mais dans la réalité des choses.

LUMBU KISIMBA : Moi je ne dis qu’une seule chose : nous fuyons les villages à cause de la pauvreté. On nous arrêté la nuit dans des maisons pour nous exiger de nous acquitter de l’impôt. On nous dévêtit même dans le cas où vous leur dites que vous n’avez pas d’argent. On vous tabasse. Quand il y a dispute entre deux personnes, on arrête les parents de celles-ci et toutes les chèvres du village. Les militaires nous font souffrir, il faut que cela cesse.

KINEME NYEMBO, Sec. JMPR/Localité Kayanza lit une lettre dont le contenu suit repriss ci-dessous.

Kayanza, le 24 janvier 1976

Au Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA,

Nous nous permettons de vous lire cette lettre pour vous exposer à travers elle nos difficultés. La raison principale de cette lettre étant la situation de la population de la localité de Kayanza.

Les militaires nous font trop souffrir comme si nous étions à l’époque de l’esclavagisme des Arabes Nous avons même l’impression que le gouvernement ne connaït pas que la population de Kayanza fait aussi partie de tout la population du Zaïre, voici les raisons :

a) Les militaires viennent la nuit encercler le village, arrêter les hommes dans les maisons sous prétexte de payer l’impôt. Arrêter les femmes et enfants des hommes qui ne se sont pas acquittés de leurs obligations. Les ligoter les bras au dos, les dévêtir, et les faire danser en public tels des rebelles.

b) Quand il y a dans le village quelqu’un qui n’a pas payer l’impôt, les militaires viennent se saisir des chèvres, canards et poules. Même les chèvres de la personne qui n’est pas en infraction ! Est-ce que les chèvres doivent-elles aussi payer l’impôt à l’Etat ?

c) On nous force les travaux d’entretien des routes. Quand vous vous y opposer, on vous tabasse, on vous arrête et on vous taxe des amendes arbitraires et ceux qui se livrent à ce genre d’opération, sont les commis de la collectivité et les militaires. Quand une personne dépassée livre bataille, on le traite d’assassin profiter d’arracher les chèvres à la population.

d) Les policiers de la collectivité n’existent plus que de nom. Quand vous voulez savoir plus long sur la sitution, on vous traite de rebelles et de tous les péchés du monde. C’est pour cela que la population de Kayanza se considère encore loin d’être indépendante

e) Quand quelqu’un ne veut pas se livrer aux travaux d’entretien des routes, dans le village les chèvres et autres canards, poules sont mal vus. Veuillez nous dire aujourd’hui avant votre retour si les militaires sont autorisés par le gouvernement pour se comporter de la sorte contre la population.

f) Nous pensons que pour avoir le courage de cultiver davantage et courageusement, il faut que les produits de nos champs soient vendus à temps parce que personne ne peut travailler sans manger. Mais c’est tout à fait le contraire ici dans la collectivité de Nyembo ou partout ailleurs dans la zone de Kongolo. La population est découragée à faire des hectares de champs, parce que les produits agricoles ne sont pas achetés à temps opportun ou ne sont achetés que l’année qui suit. C’est ainsi que les produits tels que coton, maïs, arachides et manioc ne sont pas vendus aux prix que nous souhaiterions parce que les acheteurs nous arrivent avec leurs prix et ce juste au moment où nous sommes très à court d’argent. Qu’est-ce que vous devez faire ? Eh bien dans ce cas vous n’avez pas à discuter le prix proposé par l’acheteur.

En ce qui concerne le problème de l’école, les difficultés sont aussi énormes, car nos enfants font tout, ils cultivent et quand les produits sont mis en vente, le fruit de cette vente ne fait que gonfler les poches du directeur sans tenir compte des enfants qui ont fourni leurs efforts Vraiment nous sommes fâchés ! ET en voici les raisons : l’année dernière l’ONAFITEX avait fixé à 10K le kilo de coton, mais lors des réceptions il en était tout autrement, 8 K le kilo sans compter les poids qui vous sont volés en plus par le peseur qui truque les pesons. Il n’y a pas lieu de discuter sur ce comportement sous peine de voir le marché arrêté et le réceptionnaire s’en aller. Que devons-nous faire ? Ce comportement des agents de l’ONAFITEX a beaucoup contribué au relâchement des cultivateurs qui ont refusé de recevoir les graines de coton pour des nouvelles semances dont la récolte ne sera guère achetée. Il en est de même en ce qui concernele maïs. Les prix avant la récolte sont fixés par l’Etat mais lorsqu’il faut vendre les produits ce sont les commerçants qui vous proposent les leurs qui sont inférieurs à ceux de l’Etat Que devons-nous faire ? Cultiver uniquement pour notre ventre ? Comment allons-nous payer l’impôt, payer le minerval de nos enfants ? L’indépendance signifie-elle que ceux qui sont riches doivent se moquer de la population pauvre ? Pourquoi l’Etat ne peut-il pas fixer les prix de nos produits en tenant compte de l’index de la vie chère ? La vie chère n’existe-t-elle pas pour tout le monde et à plus forte raison pour un cultivateur dont les moyens à gagner sont moindres ?

Depuis 1927, nous avons reçu un enseignant et depuis lors Kayanza a connu un progrès. Mais nos établissements scolaires doivent être tôlés ! C’est pour cela que nous sommes contents de vous recevoir dans notre localité de Kayanza, parce que nous avons l’espoir que quelques-uns de nos problèmes trouveront une solution.

VOICI NOS SOUHAITS ET NOS SUGGESTIONS

a) Qu’on nous envoie un médecin ici, car il y a trop de maladies ;

b) Nous demandons les tôles pour les constructions des écoles ici ;

c) Nous demandons l’installation d’une école supérieuere et faire tout pour que l’école de Yenge soit reconnue par le gouvernement ;

d) Il faut que vous vous souveniez de votre population, nous ne devons pas continuer à souffrir comme si nous n’avions pas des autorités à Kinshasa qui sont natives d’ici ;

e) Il faut aussi que les éléments de la JMPR cessent de nous faire souffrir, la devise du M.P.R. n’est-elle pas =SERVIR ? Comment alors ces éléments se mettent-ils à nous voler aussi comme des militaires. Si les gens que l’Etat nous envoie pour notre protection se mettent à nous faire souffrir, il faut que des mesures soient prises pour mettre fin à ces actes ;

f) Il nous faut du temps pour faire face aux multiples obligations civiques, l’Etat doit comprendre que si quelqu’un ne s’exécute pas, c’est parce qu’il n’a pas pu vendre ses produits et qu’on ne les lui a pas achetés parce qu’il proposait un autre prix à l’acheteur. Que fera alors une telle personne si elle doit payer du minerval pour sept enfants par exemple ?

g) Il faut que des solutions soient trouvées à nos problèmes pour que nous puissions, nous aussi, vivre comme toutes les autres populations du Zaïre.

C’est ainsi, Citoyen LUMBU MALOBA, nous vous demandons que vous fassiez vos efforts que ce rapport dont nous vous remettons parvienne aussi à vos autres frères qui sont originaires de Kayanza, dites-leur que votre père de Kayanza demande votre concours pour l’installation d’une école supérieure dans la localité de Kayanza. De même aussi il faut dire un mot sur l’achat de nos produits agricoles. Il faut que les achats se fassent aux prix officiels fixés par l’Etat et dans les normes d’un temps qui permettra la population de faire face à ses obligations civiques.

Sé/LWAMBA MUHEMEDI KAYANZA

Chef de localité.

NYEMBO KASAMBA (Cultivateur) : Remis une lettre dont le contenu suit :

Kayanza, le 24 janvier 1976.

Citoyen Commissaire du Peuple,

1°) Les difficultés entre les autorités du pays et la population. Que peut—on faire dans le cas où un habitant à un différend avec l’autorité du pays ? Parce que si vous essayez de vous plaindre, les autres autorités comme elles vont lui donner raison et vous jeter en prison. Pour exemple, à Kayanza, quelqu’un n’a pas payé son impôt, et on envoie des militaires la nuit arrêter la personne en question ainsi que toute la famille après les avoir fait sortir de la maison, les militaires reviennent dans la maison pour piller argent, habillement etc. Que peut-on faire en pareilles circonstances ?

Si vous vous défendez en tant que quelqu’un qui a aussi droit à la liberté, l’Etat vous accuse de rebelle, on vous déshabille, on vous fait marcher torse nue sur une distance de plus de 15 kilomètres et ce à pieds en vous traitant de muléliste !

Où pouvons-nous nous réfugier si les amendes aussi commencent de leur part à partir de 5 Zaïres à la localité, 10 Zaïres à la collectivité et jusque 100 Zaïres à la zone ? Que puis-je faire moi qui ne suis qu’un simple cultivateur ? J’ai à charge sept enfants, le champ ne m’a rapporté que 30 Zaïres avec lesquels je dois nourrir et habiller cette famille, me faire soigner à Kongolo, situé à 60 km de Kayanza, où il y a un docteur. Que ferai-je l’année prochaine puisque je n’aurais pas la force de continuer les travaux de champs, puisque je ne me suis pas fait soigner parce que Kongolo se trouve loin de Kayanza (60 km) et que les chèvres, canards et poules sont exterminés par les militaires ou vendus poura voir l’argent nécessaire à payer des amendes arbitraires sans quittance.

2°) Les difficultés entre les commerçants et les habitants. Tous les commerçants d’ici chez-nous sont ennemis du cultivateur parce que les prix des magasins coûtent toujours chers lors des marchés de coton. Une pièce qui, hier coütait 10 Zaïres coûtera 12 ou 13 Zaïres le jour de réception de coton graine. Les réceptionnaires nous volent non seulement l’argent mais aussi des poids en truquant les pesons. Quand les cultivateurs tentent de protester, les réceptionnaires menacent de faire arrêter le marché, et pour une seule personne, alors paniquée cette personne accepte le marché malgré elle.

Avec le peu qu’il gagne, le cultivateur est exposé à beaucoup de problèmes. Les militaires et les commis de la collectivité viendront certainement la nuit encercler sa maison pour réclamer le payement de l’impôt, ou seulement voler la population.

Un autre problème est que depuis 1927, l’année à laquelle est arrivé à Kayanza pour la première fois un enseignant, il n’y a jamais eu des écoles qui sont tôlées. Il manque des pupitres, alors qu’à Kayanza sont sortis des éléments qui sont des autorités supérieures du pays aujourd’hui mais qui ne pensent pas à améliorer la situation de leur localité ! Il y a 50 ans que les écoles de Kayanza restent dans leur état primitif laissé par le colonialiste !

En 1969, la population a construit avec l’aide de ses propres revenus, une école de 12 classes en demandant seulement au gouvernement de nous venir en aide avec les tôles. Il manque d’entente entre les parents et les enseignants parce que les champs cultivés par les enfants sont le bénéfice des directeurs d’école seulement. Tout ce que les enfants récoltent, le coton, le maïs, les arachides, le manioc sont vendus au profit des directeurs des écoles, qui achètent soi-disant des seaux pour l’école mais les emporte le jour de leur départ prétendant que ce sont les biens de leurs proches.

Nous concluons ainsi que les autorités du gouvernement vivent au détriment de la popuation paysanne. Les commerçants s’arrangent avec eux pour que nos produits soient vendus meilleur marché sans tenir compte des efforts fournis par le cultivateur pour parvenir à ce résultat.

Les directeurs des écoles emploient nos enfants pour faire les travaux de l’agriculture plutôt que l’instruction. Quand un enfant manque même un cahier il se voit refouler alors que le gain des efforts qu’il a fournis pour cultiver est emporté par le directeur d’école.

C’est ainsi que nous traduisons inversement la phrase du père de notre révolution authentique zaïroise : LES RICHES, CE SONT LES PAUVRES D’UN AUTRE PAYS QUI NOURRISSENT LES RICHES D’UN AUTRE PAYS.

C’était la voix de la population de Kayanza

Représentée par un autre pauvre ;

Sé/NYEMBO KASAMBA ILUNGA.

Dans son exposé, le citoyen NYEMBO a aussi soumis un quatrième point ci-dessous qui ne figurait pas dans sa lettre :

4°) On nous appelle aujourd’hui muléliste parce que nous avons combattu ces rebelles et après les avoir refoulés, nous avons saisi leurs armes, que nous avons gardées. Les autorités militaires ont su que nous détenions les armes et ont commencé à nous les arracher, mais au lieu de les prendre tranquillement, elles nous font frapper, nous ligoter, nous taxer 50 Zaïres et nous mettre en détention

NDUBA MUKALA wa NYEMBO (Enseignant) : Dans la collectivité de Nyembo, il n’y a plus de convocation, il ne reste plus que de mandat d’amener et le secrétaire de collectivité s’arrange pour amasser tout cet argent. Le problème foncier se pose avec beaucoup d’acuité (palmeraie), tant chez le chef de collectivité que chez le Commissaire de zone chargé de justice, on vous demande de l’argent et si vous les corrompez, ils envoient directement les policiers pour arrêter la partie adverse et cela sans vous avoir entendu et jugé.

Le Zaïre appartient-il maintenant uniquement aux riches et nous les pauvrres où irons-nous ? Les autorités interdisent la corruption mais elles sont les premières à se faire corrompre. A quand la fin de la corruption ?

KILONDA KISILI : (Cultivateur). Citoyen Commissaire du Peuple, nous vous remercions d’être venu et nous demander nos suggestions. On nous a donné l’indépendance et nous avons accepté, mais nous cultivons et nous devenons les esclaves de vous qui dirigez le pays. Nous vous entretenons les routes, nous construisons des maisons publiques sans être payés.Cela occasionnera un jour la rébellion parce qu’on nous traite commes des bêtes. Les commerçants haussent les prix comme ils veulent. Mais nous quand nous fixons les prix de nos produits vivriers on nous arrête. Cultiver c’est un tavail difficile, veuillez nous envoyer des tracteurs. Le hangar de coton doit être en tôles car nous sommes fatigués de refaire la paille. Il ne faudrait pas non plus qu’on arrête un papa pour l’infraction commise par son enfant. Enfin, je vous informe que j’ai dix enfants et je ne suis pas toujours exempté pour l’impôt.

KABOBA MAHIBWE : (Cultivateur et pensionné C.F.L.). Les problèmes que vous posez sont réels, et si vous apprenez que quelqu’un est décédé, cela est vrai, c’est pour le genre de problème que nous vous exposons. Dans les collectivité de N’kuvu ou de Muhona les gens sont bien traités, mais ici dans la collectivité de Nyembo nous ne sommes pas indépendants. Nous fuyons toujours en brousse ici à Kayanza. Pour une faute commise par un individu, on sanctionne tout le monde et cela est bien ? Je pense que pour les problèmes que nous vous avons exposés jusqu’à présent, nous serons arrêtés et frappés pour cela.

MUGILA KITOKO : (Cultivateur). Je suis ici pour nos difficultés. Les blancs nous ont laissés avec les bureaux de différentes compétences, localité, collectivité, zone, S/Région, etc. On nous fait payer maintenant des amendes de la compétence de zone au niveau de collectivité ou localité. Les litiges de la compétence de tribunal S/Région sont tranchés par le tribunal de localité. Les autorités nous envoient des militaires et à cause de l’influence d’elles en 1973 deux camions des militaires sont arrivés ici à Kayanza. On a volé nos chèvres et tous nos biens dans nos maisons et pourtant la personne impliquée n’avait pas commis une faute. On lui avait exigé une quittance parce qu’il avait connu un décès chez-lui. Ici à Kayanza, pour un dépouillement de deuil, il faut une quittance. Le parquet a été alerté mais il a renvoyé l’affaire ici.

NYEMBO SAKANIA : (Cultivateur). Voici une anecdote. Vous avez trois enfants, et l’un d’eux vous amène 50 centimes, vous lui demandez de remettre ces centimes là où il les avait ramassés. Si vous acceptez, un autre jour il vous amènera 5 kuta. Donc le vol provient de vous les autorités. Les vols dans la zone de Kongolo proviennent des autorités de la zone parce que si le chef de collectivité MULOKO agit mal, les autorités de la zone devaient le lui reprocher.

MUHUNGU KAZINGUVU : (Dirigeant JMPR/Localité Kayanza). Je pose une question en ce qui concerne le minerval, autrefois, pendant la période coloniale, nous étudions avec des livres et les cahiers de l’Etat parce que nos parents payaient l’impôt. Maintenant, nous sommes indépendants, nous payons toujours l’impôt, pourquoi nous fait-on payer le minerval ? L’école c’est pour vous l’Etat, nous nous construisons nous-mêmes les établissements scolaires, nous achetons les livres et les cahiers, où vont les minervals ? Nous demandons que si l’Etat peut nous faire payer le minerval, qu’il construise lui-même les bâtiments scolaires.

NYEMBO KIPETE : (Cultivateur). Je vous demande l’argent que vous émettez il y a des monnaies qui ne sont pas opérationnelles tels que les Sengi. Et maintenant si nous employons comme boutons de nos habits, n’allez-vous pas venir nous arrêter ?

COMPEUPLE : Depuis que je suis arrivé, je n’ai plus de voix. Je parle trois, quatre, cinq fois par jour. Je suis les yeux, les oreilles et la bouche de la population. J’ai fait mes visites partout. Pour tout ce que vous venez de me donner comme informations, vous démontrez que réellement vous êtes vigilents. Mon secrétaire particulier prend note de toutes vos doléances et vos suggestions. Je serai votre interprète à tous les niveaux, mais je vous demande de prier pour moi afin que j’aie le courage d’exposer réellement tous vos problèmes à tous les niveaux. En ce qui concerne le vol de vos chèvres, je n’avais pas eu de telles doléances à Lubunda, Yambula et N’kuvu mais plutôt dans la collectivité de Mambwe et dans les autres villages déjà visités dans la collectivité de Nyembo. Vous dites que ce sont les militaires qui extorquent vos chèvres et vos biens. A Kasawa où je me suis trouvé avec le capitaine commandant les troupes au front, j’ai demandé au capitaine en présence des plaignants le pourquoi de ce comportement des militaires ? Ce dernier m’a répondu que c’était pour la première fois qu’il enregistrait de telles plaintes. Je suis arrivé moi-même à Massanza où je me suis plaint devant les mililitaires et à eux de me répondre que la population lui donnait elle-même les chèvres. A Kangunga, j’ai été alors informé que même les éléments de la JMPR et des policiers accompagnaient les militaires dans ces missions d’extorsion. A Mbulula, on m’a dit autant. Je donnerai la parole aux différents représentants qui font partie de ma suite pour qu’ils vous répondent eux-mêmes à ce sujet.

DIRIGEANT ADJT/JMPR : (JMPR/ZONE). Le problème des éléments de la JMPR qui vous extorquent les chèvres, en concours avec les policiers et les militaires, nous en avons été informés partout. La JMPR ne devra pas être composé de mauvais éléments (voleurs) mais c’est plutôt une famille dans laquelle des mauvais enfants vivent à côté des bons. Nous leurs chefs hiérarchiques, nous ne les envoyons pas pour vous voler, et les malfaiteurs sont toujours punis exemplairement. Nous devons être vigilents, car on trouve dans la JMPR des éléments qui sont voleurs depuis leur enfance, mais leurs chefs se comportent d’une façon irreprochable.

COMPEUPLE : Vous avez entendu vous-mêmes. Ces voleurs ne sont pas envoyés par leurs chefs. Maintenant le délégué de chef de collectivité va vous dire lui-même si les policiers de la collectivité sont envoyés par leurs chefs pour venir vous voler et vous maltraiter.

TWITE : D’abord il nous faut savoir que nous avons des obligations vis-à-vis de l’Etat en ce qui concerne la C.P.M. Tout homme adulte non exempté, doit s’acquitter de cette obligation civique. Nous n’avons jamais envoyé les policiers ni les militaires pour vous extorquer poules etc. ou pour vous dévêtir. Soyez vigilents, chaque fois que l’on veut vous confronter avec les accusés vous avouez que vous avez remis vous-mêmes volontairement les chèvres etc.

COMPEUPLE : Vous avez entendu vous-mêmes. Est-ce vrai ou fautx ?

SECRETAIRE : (Secrétaire du Compeuple). Je pense que vous avez entendu tout ce que le Commissaire du Peuple vous avait dit. C’est quelqu’un qui vous défend beaucoup et ayant entendu parler partout de l’extorsion de vos chèvres, il a été se plaindre jusqu’à Lengwe chez le colonel. Il n’a pas hésité de lui dire que la population est normalement patiente et lorsqu’elle est dépassée, il est très difficile de la retenir …

COMPEUPLE : Il est vrai que j’ai contacté le colonel au sujet de l’extorsion de vos chèvres par les militaires mais celui-ci m’a répondu que ce n’était pas vrai. Vous savez tous que la personne qui n’aime pas la paix, sème le désordre et quand il y a du désordre, il manque du travail et la justice également. Le désordre est donc provoqué par les mulélistes qui se trouvent à Rossa. La population de Mambwe est mobilisée et est prête à combattre l’ennemi, nous devons les aider.

En plus de cela, il y a des gens qui, pour avoir raison ou pour faire arrêter quelqu’un vont la nuit chez le chef avec des chèvres, cela n’est pas bien aussi. Il faut chaque fois qu’il y a un problème, on tente de trouver une solution à partir d’ici.

KABOBA MAHIBWE : Nous avons dans cette localité notre chef qui est le chef Kayanza.

COMPEUPLE : Je remercie toute la population de son accueil.

g) LE DINER CHEZ L’ENSEIGNANT MARCEL KATUMBWE.

De cette place publique, je me rendis chez les enseignants où j’étais invité pour dîner, et c’est dans la maison du citoyen KATUMBWE ex-Marcel que je m’installais et me mis à accorder les audiences.

h) L’ACCORD DES AUDIENCES

– A MA FAMILLE MBUNDU

Je ne pouvais pas me rendre à la résidence de citoyen MBUNDU Kalunga, chef de mon clan, par manque de temps, ce qui entraîna aux membres de ma famille élargie (les bagambele) de venir me voir là où je m’étais installé. Papa Mbundu (Simon) me posa le problème du retrait de l’extrait de jugement pour l’affaire des palmeraies KINGA C/Kaulu. En effet, outre deux chèvres et 8 Zaïres qui avaient été donnés au chef de collectivité, ce dernier réclamait encore 25 Zaïres.

– A L’ONCLE MATERNEL DE MON EPOUSE

Après la famille Mbundu, je m’entretiens avec l’enseignant KIHUNA KATAGWA, oncle maternel de mon épouse qui me remit une lettre dont le contenu ci-dessous qu’il soutenait par des commentaires :

Kayanza, le 21 janvier 1976.

Citoyen Commissaire du Peuple,

C’est avec mille inquiétudes que j’ai l’honneur de vous exposer clairement les difficultés de ma situation menacée par les citoyens MULONGO KAYOMBO dirécole IMARA BIGOBO et PALATA S/Divisionnaire à Kalemie.

Avant tout, je tiens à vous rappeler que je m’appelle KIHUNA KATAGWA, enseignant, n° matricule 6-137206 N, oncle de votre épouse NGUNDA SAGALI (ex-Marthe), je donne mes cours en sixième année dans votre localité de Kayanza

1°) En remontant l’histoire, vous connaissez très bien que votre épouse qui est ma propre nièce finit par donner ses cours à M ulula tout en résidant chez votre papa, alors que moi j’étais muté pour Bigobo. La cause était bien connue : il s’agissait des manœuvres de Mulongo qui s’est vu échouer en désirant s’approprier votre épouse comme sa concubine. Nos mutations se justifiaient par une pure vengeance.

2°) Vient ensuite l’histoire du bureau brûlé à Bigobo. Je crois que papa LUMBU KICHWANYOKA vous a tout déjà mis au courant.

Personnellement, une fois que Mulongo était désigné à Bigobo pour exercer ses fonctions du dirécole, j’étais obligé de demander ma mutation au directeur MUYUMBA KITUTA qui restait sur place à cette époque ? Car il m’était difficile de travailler avec un ennemi pareil. Des demandes de transfert furent rédigées par KITUTA à la S/Division de Kalemie aux dates très avancées, le 15 juin 1975. La S/D n’a pas répondu à temps tandis que Mulongo me menaçait de me faire marcher par des poursuites pleines de haine. En constatant ce danger, Kituta me pria de regagner Kayanza en date du 8 septembre 1975 après l’accord avec son homologue Mulongo. Celui-ci rejeta après quelques jours l’accord conclu, il voulait me maltraiter et ne voulait point me relâcher de ses mains pour se venger davantage.

Ainsi, il réalisa ses idées d’un Satan, d’un assassin. Dans ses rapports de mise en place, il paraït qu’il m’a considéré comme un déserteur alors que je donnais déjà cours ici à Kayanza. Il déclara ouvertement comme quoi à partir du mois de novembre, je serai privé de mon salaire par la Sous-Division de Kalemie. J’ai prévenu ces manœuvres au citoyen KUFI KILANGA qui possède deux lettres dans lesquelles je lui ai prié d’affecter mon nom au plus vite possible en faveur de l’école UMOJA-KAYANZA code 212627.

Qu’arrive-t-il ?

PALATA étant en complot avec Mulongo Kayombo, vient de bloquer ma somme des mois de novembre, décembre, janvier et je ne sais pas quand ça va se limiter. Vers le 17 novembre 1975, déjà le directeur Muyumba Kituta avait envoyé une mise en place où mon nom est figuré certainement.

Pourquoi Palata retient-il mes makuta alors qu’une mise en place lui est déjà parvenue ? Alors que je ne suis pas un déserteur. Je travaille. Faut-il obliger les deux ennemis de se trouver nez à nez, de travailler ensemble ? N’y a-t-il plus au Zaïre les transferts, mutations et permutations? Pourquoi Palata ne veut-il pas reconnaître ma permutation ? Suis-je esclave de Mulongo ? Y a-t-il encore d’esclaves dans notre République ?

Citoyen Commissaire du Peuple, le but de ma lettre, remplie de mots tristes, est celui-ci :

Il faut être convaincu que Mulongo a atteint son objectif de vengeance totale :

1°) il me tue en faisant souffrir ma femme et mes quatre enfants, pour une cause qui le condamne : « Marthe votre épouse devrait être sa concubine. Quant à lui, je ne devrais pas encourager ma nièce de riposter à ses bêtises. Pour avoir une côte très bonne, faut-il échanger ses sœurs et nièces ? Ce qui ne s’est jamais fait et ne se fera jamais dans notre collectivité Nyembo. Mulongo est coupable en me faisant souffrir pour rien. Je suis fier d’avoir sauvé la virginité de votre chère épouse. Il est inhumain que je sois puni pour cette cause digne de félicitations ».

2°) Par conséquent, je vous prie mille fois d’intervenir à ce problème lequel j’ai pleinement raison. En passant par Kalemie n’oubliez pas de vous informer de ma situation chez Palata. Vous pourriez voir si mes bulletins de paie des mois de novembre, décembre et janvier sont à Kalemie ou pas. Je sais très bien que Kinshasa n’est pas au courant de ce qu’on me prive de mon salaire. Pourquoi Palata veut-il voler ma somme ? Suis-je un déserteur ? En arrivant à Kinshasa, vous pourriez sans oublier de passer à la direction générale de l’Education Nationale régulariser ma situation afin que mon nom soit affecté au bulletin de paie de l’école UMOJA-KAYANZA code 212627 et que tout mon salaire me soit remboursé.

J’ai envie de me voir vis-à-vis avec vous. Papa Lumbu Kichwanyoka ainsi que toute votre famille sont au courant de tout ce que je viens de vous relater.

Prière de sauver la situation de votre beau oncle ; votre épouse pourrait vous demander à ma place. Veuillez agréer, Citoyen Commissaire du Peuple, l’expression de sentiments de votre bel oncle.

Sé/KIHUNA KATAGWA

Enseignant de la 6ème à Kayanza.

– AU CITOYEN KILONDA MWEMA

Je reçus le citoyen KILONDA MWEMA qui m’informa qu’il était malade depuis décembre 1972 et amené à l’hôpital de Kongolo, il avait été opéré. Rentré au village, il avait été arrêté par le chef de collectivité pour n’avoir pas payé l’impôt et craignant de rester longtemps en détention où il devait être forcé à faire des travaux manuels, il avait accepté de payer l’impôt malgré son état de malade. S’etant plaint auprès du Commissaire de zone celui-ci lui avait répondu que cela était de la compétence du chef de collectivité. Toutefois, le docteur lui avait donné une note l’exemptant de payer l’impôt.

– AU CITOYEN KALUNGA KILEBELA

Le Citoyen KALUNGA KILEBELA, ancien capita vendeur de MBAYO MANGWIDI m’informa quant à lui de la manière dont il avait été frappé par les militaires qui l’avaient fortement ligoté à telle enseigne qu’un de ses doigts se fractura, son dos également et qu’amené à Kalemie le substitut lui avait informé que les dommages et intérêts devaient lui être versés ! Jusqu’alors, il n’avait encore rien reçu et par suite de ces fractures, il devient incapable de cultiver.

Les enseignants m’invitèrent enfin de m’entretenir avec eux.

i) LES ENTRETIENS

-AVEC LES ENSEIGNANTS.

COMPEUPLE : Partout où je passe, je m’entretiens avec les enseignants parce que ces gens connaissent plus et ont des suggestions. Vous êtes les encadreurs de cette jeunesse. C’est à vous qu’incombe la tâche de mieux éduquer la population.

ENSEIGNANT : Pour commencer nous vous présentons cette chèvre pour la visite que vous avez bien voulu accorder aux enseignants. Comme vous l’a dit la population, nous n’avons pas un bâtiment pour nous permettre de suivre bien le programme national car les jours de pluies, nous devons quitter ces bâtiments étant donné que les toits suintent. La plupart des élèves ont des chiques aux pieds, même les enseignants. Nous comprenons bien les difficultés de la population, les maisons que nous avons sont en paille, elles nécessitent de réparations fréquentes, ce phénomène étant devenu chronique, indispose les habitants. Il nous manque de manuels didactiques.

COMPEUPLE : Les villageois constatent la mauvaise gestion de l’argent provenant de produits agricoles, qu’en ditez vous ?

ENSEIGNANT : L’argent de minerval est versé à la zone. L’argent de champ nous ne savons pas où va cet argent, comme le directeur est nouveau, il n’a rien rencontré, celui qui est parti ayant tout emporté.

COMPEUPLE : N’y a-t-il pas eu de remise et reprise ?

ENSEIGNANT : Normalement, on fait la remise et reprise, mais cette fois-ci elle n’a pas eu lieu, le directeur partant a emporté même tout ce qui se trouvait dans le bureau.

Notre situation est de plus négligée. Le gouvernement ne nous paie pas bien. Quand vous établissez le dossier, extrait de mariage ou de naissance, on ne nous paie pas du tout. Quant au prix, nous sommes écrasés par les commerçants et les cultivateurs, chacun hausse le prix à sa façon. Il y a l’impôt, on nous retire chaque mois un montant. Pourquoi n’y a-t-il pas un montant fixe ? Puis l’argent (nos salaires) il y a un directeur qui est chargé d’aller à Kalemie mais qui doit nous retrancher 20 K pour chaque enseignant. N’y a-t-il pas moyen de nous donner un comptable d’Etat ?

CHEF DE POSTE : Il y avait eu de fraudes, de cas très malheureux, il y a eu de vol avec le comptable de l’Etat, c’est pourquoi pour de raisons de régularité, on a désigné ce directeur.

COMPEUPLE : C’est un problème qui se trouve à votre niveau.

LUGOMA : Du côté de Kundu, il n’y a pas une école primaire complète. Les policiers de Muloko étaient à Kalwamba, ils ont pris la chèvre d’une maman et l’égorger sans raison. La maman a porté plainte, mais celle-ci reste sans effet jusqu’à ce jour.

LUHEMBWE : Les militaires ont voulu un jour s’emparer des fûts d’huile d’un commerçant, ce commerçant a refusé et s’y était opposé énergiquement à telle enseigne qu’il fut tabassé. Parti chez le chef pour se plaindre, il s’est vu infliger une amende de 40 zaïres.

NDUBA : Les chefs de collectivité sont vieux en général, ne connaissant pas le rythme actuel, le Commissaire de Zone assistant GOOPOS se permettait de venir voler les chèvres dans les villages sans passer par le chef de collectivité. Les gens ont peur parce que ces gens qui dirigent peuvent les arrêter et leur causer toutes les difficultés possibles.

LUGOMA : On m’a incarcéré un jour quand le chef avait demandé de nettoyer la route et construire le W.C. Mais une pauvre femme n’a pas du tout arrangé son W.C., on lui a demandé qu’elle aille faire voir où elle va à la selle.

FAMBA MUTOMBO : Pour notre école secondaire, nous sommes dans une situation très sombre, nous n’avons pas d’établissement, l’école n’est pas encore connue. Nous demandons qu’elle soit connue. C’est une succursale de Yenge.

– AVEC UNE DELEGATION D’ELEVES.

ILUNGA (2è C.O.) : Le bâtiment de notre école primaire n’a jamais été renové, il est sans portes, sans fenêtres, toit en paille. Nous avons de chiques aux pieds et quand il pleut, il n’y a pas cours à cause du toit qui suinte.

COMPEUPLE : Vos parents ne veulent-ils pas contribuer à la construction des bâtiments ?

ELEVES : Ils sont fatigués, il faut renconstruire chaque année, d’ailleurs la table sur laquelle vous avez tenu la conférence n’est pas du tout présentable. Nous n’avons pas de manuels de civisme ni d’éducation politique. Le cycle d’orientation n’a pas de bâtiment. Nous avons construit un hangar entièrement en paille et quand il pleut, c’est la même situation, il faut fuir et retourner à la maison, nous n’avons pas de bancs convenables.

COMPEUPLE : Vous devez d’abord travailler vous-mêmes, donner l’exemple, faire vos efforts pour que vous puissiez étudier dans un minimum de meilleures conditions. L’Etat vous aidera certainement par la suite.

– AVEC LE GROUPE DE DANSEURS MBULI « APPOLO ».

Je m’entretins aussi avec le groupe de Bambuli « Appolo » composé des citoyens : MWAMBA TAMBWE, MWAMBA MANANASI, NGOY KAMONA, MBWIZYA LUMBU, NGOY MUYUMBA, AGOMBA AMULI, MWAMBA MWEHU, KAHAFU MWAMBA, ILUNGA LUZIGE, NGOI KIBUMBU, NGULIMBA MBEYA, NGULIMBA POTEZ, MUKOBO MASHANGAO et MBWIZYA SUNGULA qui me remirent une lettre dont le contenu suit :

Citoyen Commissaire du Peuple,

Nous sommes très contents que vous soyez venu nous rendre visite pour connaître nos difficultés et nos problèmes.

Nous souffrons beaucoup lors de nos voyages à l’occasion de vos invitations parce que nous n’avons pas un représentant. Nous avons reçu la tenue de la JMPR et maintenant nous sommes forcés par les militaires de payer l’impôt. Le chef de collectivité ne nous paie pas.

Nous avons été à Kinshasa où vous nous aviez d’ailleurs aussi vus vous-même, après avoir été arrêtés comme des bêtes et forcés d’abandonner nos enfants et nos femmes, nous n’avons eu chacun que 20 Zaïres. Comment pouvons-nous résoudre nos problèmes des maisons avec 20 Zaïres ? Nous vous implorons d’être notre interprète à Kalemie ? Lubumbashi et Kinshasa. A la Zone tout comme à la poste, on confisque les lettres en provenane des pays étrangers parce qu’on pense comme nous avons déjà été à Kinshasa, nous sommes rentrés avec beaucoup d’argent alors que nous n’avons rien eu.

Veuillez agréer, nos désirs et nous espérons beaucoup sur vous.

Le Président Choc culturel Bamboul « Appolo »

Sé/TUMBU NGUNDA.

j) LA NOTE DE L’ASSOCIATION SPORTIVE DE KAYANZA

L’Association Sportive de Kayanza me fit parvenir aussi sa note dont la teneur suit :

Kayanza, le 24 janvier 1976.

Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA,

Notre village est plein de jeunes amateurs de football. Ils sont plus de 50. Lorsque nous fournissons beaucoup d’efforts, nous arrivons à être champion de tout le Buhemba.

Mais par manque d’un sérieux représentant, il nous arrive de reculer.

Nous aimons beaucoup le football mais nous manquons souvent l’argent pour acheter le ballon, nous vous demandons d’aller nous acheter un ballon parce que nous aimons bien le football et connaissons jouer.

Nous vous demandons aussi un jeu de maillots pour les joueurs parce que nous avons souvent eu honte de jouer sans maillots. Nous aimerions obtenir des cartes pour sportifs et surtout une documentation nécessaire sur le règlement du football moderne.

Tels sont les souhaits des jeunes gens de Kayanza.

Le Secrétaire, Le Président de l’Association,

Sé/NYEMBO KASAMBA. Sé/ TAMBWE TSHUBULA MALEKANI.

RETOUR A MBULULA

Il était 22 heures lorsque nous rentrâmes à Mbulula. Le lendemain, le 25 janvier 1976 était programmé pour notre retour à Kongolo. Deux escales respectivement à Kasanga (groupement de Baluba) et à Ilunga (groupement de Honga) devaient avoir lieu. Mais comme nous n’avions pas eu encore l’occasion de tenir une séance de travail avec les autorités de la collectivité, nous consacrâmes notre matinée pour cela.

Paragraphe 9 LA SEANCE D’EVALUATION AVEC LES AUTORITES DE LA COLLECTIVITE DES BENA-NYEMBO A MBULULA.

Je permettais à mon secrétaire particulier de prendre la parole à ma place à cause de difficulté vocale.

SEC. PART. : J’ai l’impression que certains ne sont pas encore dans la salle, tel le secrétaire permanent du M.P.R.

CHEF DE COLL. : Il est malade.

SEC. PART. : Le secrétaire permanent du M.P.R. n’est pas venu dans cette collectivité pour voler les biens de la population, c’est un contre-révolutionnaire, ce sont de tels gens qui salissent l’honneur du M.P.R. du Président MOBUTU. On lui donne une petite responsabilité, et voilà qu’il veut déranger la population.

Le M.P.R. = SERVIR et non se SERVIR. Vous confisquez le vélo de la population sans l’avis du propriétaire. Cela n’est pas bien, il faudrait, au cas où vous auriez besoin de vélo, que la collectivité achète elle-même ses vélos. On réquisitionne normalement pour un intérêt général et non pour l’intérêt particulier alors que vous savez bien que ce vélo va servir au transport des biens volés pour son propre intérêt. Vous émettez vos mandats et ce pour arrêter un particulier, jamais ils doivent servir pour arracher les biens de tout le monde. Dans certains cas, les policiers prétendent avoir été chargés par le chef de collectivité d’arracher les biens de la population alors que peut-être le chef ne les avait pas envoyés pour faire cela. Si c’est parce qu’ils sont impayés que les policiers font cela autant qu’ils réclament leur salaire auprès du chef de collectivité et non pas s’en prendre sur la population. La collectivité de Nyembo est très riche que même à Kongolo on ne manque pas de nous le signifier. Si vous n’administrez pas bien, vos administrés finiront par fuir la collectivité, ce n’est pas par la violence que vous devez administrer.

Et vous les greffiers du tribunal, tout comme vous les juges, il est tout à fait anormal que vous réclamiez des biens, des chèvres, à ceux là que vous avez déjà jugés. Cela n’est pas sérieux,. Le taux de taxation doit dépendre de gravité de l’infraction. Il est tout à fait anormal que vous exigiez de vos plaignants et de défendeurs des montants exhorbitants ou des chèvres et par après, après avoir constaté que vous devenez lié de 2 côtés vous n’avez plus le courage de prononcer la sentence. La population n’est esclave de personne. Il n’y a pas de grands et de petits citoyens. On vous donne une responsabilité et vous vous conduisez mal cela n’est pas bien

Quant à vous secrétaire de l’Etat civil, vous vendez des cartes mais vous n’y apposez pas les timbres et plus encore vous vendez ces cartes d’identité à un prix plus élevé qu’il n’est prévu. Le chef de collectivité est régulièrement trompé non pas seulement par ses collaborateurs mais aussi par ses supérieurs de la zone. On a même trompé une fois le chef en augmentant le nombre de zéros.

COMPEUPLE : Le jour où je suis arrivé, personne n’a voulu m’accueillir et pourtant depuis toujours ici chez-nous les autorités étaient accueillies à la hauteur de la montagne Mbombosumba. Ils étaient même transportés en tipoy. Si je suis venu c’est plus pour votre intérêt car le rapport que m’exige le Conseil Législatif, je pourrais l’élaborer de Kalemie ou de Kongolo. J’ai constaté que tout ce que vous ne parvenez pas à réaliser dans cette collectiité, c’est à cause de vos chefs de collectivité. Vous êtes le n° 1 de la collectivité, le responsable de la mort de KIGUMBA, mort de………et des côtes brisées de KICHWANYOKA etc. Si le secrétaire duMPR était ici, j’aillais l’emporter avec moi, dites-lui qu’il cesse ses actes anti-révolutionnaires, car une fois recommencée, je me constituerai plaignant et je l’accuserai n’importe où.

L’Etat demande à ce que tout le monde paye son impôt, c’est un devoir de tout citoyen, mais s’il y a quelqu’un qui se soustrait de ce devoir, il faudrait le sanctionner en tenant compte des lois et règlements en vigueur dans notre pays. Personne n’a la permission de faire tout ce qu’il veut. J’ai des rapports au sujet de chacun de vous tous ici, mais je vous mets en garde ; celui qui continuera à travailler dans le sens contraire aux idéaux du Mouvement Populaire de la Révolution, c’est un anti-révolutionnaire et il aura affaire à moi. Le secrétaire du MPR s’il était ici, j’allais lui montrer toutes les preuves, dates et mois, de toutes les bévues qu’il a commises…

CHEF DE COLL. : Je vous remercie beaucoup, Citoyen Commissaire du Peuple, vous pouvez connaître beaucoup des choses, mais je pense que maintenant que vous partez, les accusations vont vous poursuivre et au prochain voyage, vous direz que vous ne ferez pas votre tournée de ce côté-ci. On vient de m’informer aujourd’hui que deux personnes détiennent deux chèvres en brousse. J’ai envoyé deux policiers et ils ont répondu qu’ils souhaiteraient que tous les éléments du camp de police de la collectivité se déplacent pour les arrêter, ces personnes ont même montré leur canif. Ensuite, à Kayanza, il y a eu des troubles c’était à l’occasion d’une fête, j’avais envoyé un policier selon les règlements du pays pour savoir s’ils avaient une quittance. Ils ont chassé ce policier, j’ai envoyé deux autres policiers, ceux-là ont été gravement frappés et moi-même j’avais été attaqué. J’ai alors envoyé un policier à Kongolo, pour informer les autorités de la zone, celles-ci ont dépêché des militaires qui sont venus arracher des chèvres et beaucoup de biens de la population. Que pouvais-je faire ? C’est la zone qui sème du désordre. En plus, les militaires se rendent dans les localités sans mon autorisation. A Ilunga, le même cas s’est déjà produit. Quand les militaires viennent sous prétexte qu’il y a des fusils à Nyembo, je ne suis pas informé.

COMPEUPLE : Mais vous savez quand même que lorsque les militaires se rendent dans les villages sous ce prétexte (fusils etc.), ils arrachent des chèvres ?

CHEF DE COLL. : Quand ils s’y rendent, ils ne me disent rien, mais à leur retour, la population se plaint toujours de cette extorsion des chèvres et autres biens.

CHEF DE POSTE : Il y a encore un autre problème que je souhaiterais que vous éclaircissiez la population c’est celui des candidatures de chef de collectivité, il y a une partie de la population qui croit que je suis venu ici pour remplacer le chef actuel, et cela sème aussi du désordre à tel point qu’il y a deux camps dans la collectivité et l’impossibilité de gouverner.

CHEF DE COLL. : Il y a toujours un seul chef de collectivité qui n’est pas assisté d’un adjoint. Si vous m’amenez un chef de collectivité adjoint ici à Nyembo, alors dans ce cas, c’est moi qui céderais la place à l’autre.

COMPEUPLE : (S’adressant au Secrétaire du M.P.R.). C’est votre arrivée maintenant ? Vous êtes accusé d’avoir fait bouger la collectivité de Nyembo. Vous ne travaillez pas en collaboration avec le chef de collectivité, or le M.P.R. oblige l’unité de commandement. Dans une collectivité, c’est le chef de collectivité qui commande –mais malheureusement, vous, vous avez créé votre branche et avec l’aide des militaires vous vous êtes consacré à voler la population.

SHINDANO : (Secrét. Permanent du MPR). En ce qui concerne les fusils, je ne peux rien faire de moi-même. Je suis dans l’exécutif et je reçois les ordres. Le jour où les militaires sont arrivés ici, ils étaient en possession d’un ordre de mission émanant de l’Adjudant S.2 et destiné au chef de collectivité. Ces militaires m’avaient cherché et je leur ai réclamé leur ordre de mission et je les raccompagnai, nous avons été chez le chef de collectivité pour lui présenter l’ordre de mission. Lorsque nous sommes arrivés à Ilunga, nous avons arrêté MBULUKU et WILSON qui nous ont donné 2 fusils, Moser, puis ils nous ont remis 7 chèvres, nous ne leur avions pas demandé. Les militaires étaient sous ordre d’un sergent. Toutes ces chèvres avaient été prises par les militaires. On a mangé une chèvre sur place, lorsque nous sommes arrivés chez le gendre de WILSON, il nous avait offert aussi une chèvre. Nous avons ensuite reçu des gendarmes pour chercher un fusil à Kayanza. Quand ils sont arrivés chez-moi, j’ai informé le chef de collectivité qui m’avait dit qu’il connaissait cette nouvelle, les fusils étaient chez le chef de poste, et je les ai pris.

COMPEUPLE : Lorsqu’on vous donne toutes ces chèvres, vous ne vous rendez pas compte que c’est de la corruption qu’on vous fait ?

SHINDANO : Oui, c’est ça la corruption. En ce qui concerne le problème de Nyanga, il ne s’agissait pas de 37 chèvres. Le chef avait envoyé les gens pour faire payer le C.P.M.

DIRIGEANT /J.M.P.R. : Cette affaire consistait en ceci, les collecteurs étaient partis et avaient dit qu’ils étaient accompagnés du dirigeant mais en cours de route, je me suis croisé avec eux et m’ont informé qu’on ne voulait pas payer l’impôt. Quand je suis arrivé dans le village, j’ai constaté que cela était vrai, ils ne voulaient pas payer (deux à deux). Je suis arrivé à 14 heures et à 18 heures, j’ai vu qu’ils avaient amenés…

SANGWA KIONGOLA : (Collecteur). J’ai fait appeler un citoyen qui n’avait pas payé son impôt depuis 1969 et lui demandais de s’acquitter. Après la vérification, nous avons découvert plus de 6 personnes qui n’avaient pas payé d’impôt depuis 1969. Nous avons mis l’un d’eux aux arrêts. Celui-ci nous demande l’autorisation d’aller manger, et nous la lui accordions. Mais quand j’ai envoyé quelqu’un pour l’appeler, ce dernier protesta et une bataille s’engagea au cours de laquelle nous avons été obligés de nous enfuir. Je portais l’affaire à la connaissance de mes supérieurs qui envoyèrent des policiers…

SHINDANO : Il y avait 12 chèvres et non 6 chèvres.

DIRIGEANT : Le chef de collectivité se trouvait dans un village voisin, à Lunga.

COMPEUPLE : Ces chèvres vous ont-t-elles été données ou les avez-vous prises de force ?

DIRIGEANT : Nous les avons arrachées de force à la population.

SHINDANO : Nous avons, d’après ce que vient de vous dire le dirigeant, rendu des chèvres des personnes qui n’étaient pour rien dans cette affaire, mais nous avons gardé les chèvres des personnes coupables. Toutes ces chèvres avaient été emportées par les militaires, moi je n’ai profité que des chèvres qu’ils ont tué chez-moi.

COMPEUPLE : Je laisse le problème des chèvres et de la corruption. En ce qui concerne les candidatures, comment pouvez-vous donner la justification selon laquelle c’est la partie qui soutient le candidat opposé au chef qui est contre moi ?

CHEF DE POSTE : C’est le chef de collectivité qui m’a fait ce rapport en m’informant que ceux qui vivent sous les palmiers, n’ont pas voulu se présenter au rassemblement.

CHEF DE COL. : Oui, ceux-là ont fait une réunion dans laquelle ils ont affirmé que le Commissaire du Peuple allait installer un autre chef de collectivité qu’ils supportent.

COMPEUPLE : Vous dites le contraire, parce que s’ils s’attendaient à cela, ils allaient m’accueillir en triomphe, comment, vous qui avez fait le programme de mon séjour tout comme les Banganga (danseurs) vous n’avez pas été au lieu de rassemblement ?

CHEF DE COLL. : Lorsque les danseurs (Banganga) s’habillent, cela dure longtemps et puis quand j’étais allé vous voir à la mission, vous dormiez encore.

COMPEUPLE : A part le problème sur la mobilisation, avez-vous d’autres problèmes ?

CHEF DE POSTE : Moi, je suis encore nouveau.

CHEF DE COLL. : J’étais un jour à Lunga, le dirigeant est venu m’informer qu’on avait amené 12 chèvres, le lendemain matin, j’appris qu’il s’agissait de 35 chèvres.

J’ai alors convoqué le chef de localité de Nyanga, qui me dit qu’en effeton avait extorqué les chèvres dans son village mais qu’on lui avait remis les siennes. Compte tenu de la gravité de ce problème, le dirigeant a réclamé qu’une personne de Nyanga aille comparaître avec lui à la zone. Un militaire m’avait aussi dit qu’il s’était croisé avec les jeunes gens de Mbulula qui amenaient des chèvres…

COMPEUPLE : Je me suis attaqué tout au long de cette séance de travail à ceux qui avaient des dossiers très lourds. Les autres, je les ai épargnés. Cela ne signifie pas qu’ils sont très innoncents. Ce que nous vous recommandons c’est de bien travailler. Veuillez vous corriger pour mieux travailler. Citoyen chef de collectivité, j’aimerais savoir avant mon départ ce que signifie votre phrase selon laquelle qu’après mon départ les accusations vont me suivre !

CHEF COLL. : Vous voyez, à cause des réunions qu’ils ont tenues lorsque vous êtes arrivé, ils ont été absents au rassemblement cela occasionne les reproches qu’on me fait de n’avoir pas réussi la mobilisation. C’est pour cela je les arrêterai.

COMPEUPLE : Ça c’est une erreur. A la tribune, il n’y avait que quinze personnes lorsque je m’étais présenté, ce qui veut dire que ceux qui sont de votre côté, non plus n’ont pas été au rassemblement. N’arrêtez donc personne. Je vous remercie beaucoup de l’accueil que j’ai connu pendant mon séjour dans votre collectivité.

YUMA KWALIMBA : (Brigadier Police Collectivité). Nous les policiers, nous travaillons assez bien malgré que nous ne sommes pas payés. En 1969, nous n’avons pas été payés toute l’année.

TWITE : On paie bien la CPM, mais votre paiement dépend selon ce que le chef de collectivité a dit, de votre travail. Si les supérieurs prennent les mesures de bouclage avec le concours des gendarmes, vous voyez que cela démontrerait que vous ne travaillez pas bien. Puis vous dites que les policiers lorsqu’ils sont envoyés dans les villages, ils extorquent des poules, c’est vrai, il y en a qui font cela, d’ailleurs un jour il avait fait arrêter un policier qui avait agi de la sorte.

COMPEUPLE : Cela est vrai, il y a des mauvais mais il y a aussi beaucoup des bons, il faudra dénoncer les mauvais.

YUMA KWALIMBA : La collectivité dont nous sommes originaires est pleine de menteurs. La vérité est moindre par rapport au mensonge. Nous avons été dans le Nord de la collectivité de Nyembo (Kapalay) et nous avons été menacés. Aussi à Kayanza, une personne s’appelant MUKALAMUSI avait appelé les policiers et avait désigné une chèvre d’autrui comme si elle était sienne. Plus encore, les militaires avaient été à Kigumba et dans les villages environnants de Say pour attraper des chèvres.

Le dirigeant est venu informer que 15 chèvres et beaucoup de poules avaient été ramenées, mais lorsque le chef de collectivité avait fait ses efforts pour inviter des militaires dénoncés, la population qui se plaignait a de nouveau affirmé qu’elle avait elle-même donné ses biens aux militaires. Récupérer les fusils gardés par la population civile n’est pas mauvais, mais extorquer par cette occasion les chèvres et les biens d’autrui, c’est mauvais.

Ce qui est grave est que ceux qui sont volés, lorsque le chef de collectivité les invite, ils nient alors d’avoir été volés.

En ce qui concerne l’argent pour les mandats, c’est les policiers envoyés qui prennent cet argent.

COMPEUPLE : Vous n’avez plus de convocation à telle enseigne que vous ne lancez que des mandats maintenant ?

CHEF DE COLL. : Il y a de mandats mais la convocation continue à exister, d’ailleurs, il faut quatre convocations avant d’envoyer un mandat. Mais certaines personnes, lorsqu’elles ont un litige qui les oppose à quelqu’un d’autre, elles versent directement l’argent des mandats, à ce moment, nous lançons le mandat.

BUNDI MUKIMBI Wa NYEMBO : (Juge). Citoyen Commissaire du Peuple, nous vous remercions beaucoup nous les juges, nous avons aussi quelque chose à vous dire. Vous aviez dit que nous faisons payer les amendes aux deux parties. En effet, il y a différentes sortes de jugement, c’est quand cela concerne les palmiers que nous réclamons de chaque partie une chèvre, après le jugement qui intervint ordinairement devant le capita, nous remettons à ce dernier une chèvre.

En plus, nous n’avons pas de salaires nous autres juges, nous avons conclu même que notre travail était un travail conventionnel, qui ne prévoyait pas des allocations pour épouses ni pour enfants.

CHEF POSTE : Cela dépend aussi de votre rendement et nous allons tout arrang-er.

BITUMBA wa BITUMBA : (Greffier du tribunal principal). La plupart des litiges que nous avons ici, sont ceux se rapportant aux problèmes des palmeraies. Pour de tels cas, nous prendrons le capita d’un autre village pour assister au jugement du litige des palmeraies dans un autre village. En plus le tribunal de zone est saisi parfois d’un litige d’ici et s’en occupe sans demander l’avis de la collectivité ou copie du jugement déjà rendu. Tout cela à cause de la corruption faite directement auprès du tribunal de zone.

COMPEUPLE : Ce genre de problèmes n’existe que dans la collectivité de Nyembo et non pas ailleurs dans d’autres collectivités.

BITUMBA wa BITUMBA : C’est à cause des parties elles-mêmes, lorsqu’elles constatent que le jugement à intervenir sera rendu en sa défaveur, elle n’attendra même pas le prononcé de la sentence avant de saisir la zone.

CHEF DE COLL. : Nous avons beaucoup de problèmes dans notre collectivité. Le différend avec votre père, est un problème délicat. Nous avons tenté de résoudre ce problème avec le chef de poste en présence de l’Abbé SIMON. Le vélo de votre père est gardé chez le chef de psote, mais j’étais très étonné d’apprendre que l’enseignant a refusé de recevoir ce vélo mais qu’il réclamait un vélo neuf. Il n’y a jamais rien eu entre nous qui puissions nous opposer l’un contre l’autre. Comme vous êtes ici aujourd’hui, je vous le demande en votre qualité de notre fils à nous, je vous demande de résoudre ce problème qui existe entre votre père et moi.

COMPEUPLE : Ce problème vous pouvez l’arranger vous-mêmes, parce que moi je suis préoccupé par mon travail de bouche, oreilles et yeux de toute la population.

Après cette séance de travail, je me rendis chez mes parents où je rassemblais mes objets et en compagnie de ma suite, je quittais Mbulula pour Kasanga que nous atteignîmes dans les heures de l’après-midi de ce 25/01/1976 puis je devais regagner Ilunga, une autre étape prévue dans mon programme pour cette journée. Nous nous apprêtions de prendre la route de Ilunga, lorsque la population de Mwana Ngoy barra le passage et nous obligea de descendre de notre véhicule pour nous diriger à la place qu’elle nous avait préparée.

Paragraphe 10. MA VISITE A MWANA NGOY, GROUPEMENT DE HONGA.

a) LE RASSEMBLEMENT POPULAIRE.

Accueil par le Chef de localité. Les mamans chantent et les élèves chantent un chant d’accueil et les chants révolutionnaires.

DIRIGEANT : Je vous présente le Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA, Commissaire du Peuple. Nous sommes en route à ILunga où il est attendu, il est votre bouche, vos yeux et vos oreilles. Dites-lui vos problèmes sans aucune crainte

COMPEUPLE : Je suis très content, je ne pensais pas que je rencontrerais ici ce que vouvenez de faire.

COMEPUPLE : Nous sommes très contnts, je ne pensais pas que je serais ici comme vous venez de le faire.

MWANANGOY SANGWA : Nous sommes très contents aussi nous-mêmes de votre visite ici chez-nous.

Nousr regrettons beaucoup nous les capitas nous travaillons beaucoup et faisons beaucoup de choses, faire entretenir les routes, faire cultiver les champs du Parti, accueillir les autorités, mais nous ne sommes pas payés. En plus, le chef MULOKO nous extorque nos chèvres et quand vous voulez protester on vous frappe et peut-être même on vous arrête. Nous sommes esclaves après avoir acquis l’indépendance de notre pays ? Quand vous allez vous plaindre auprès du Commissaire de Zone, vous ne serez même pas écouté. Le coton n’est pas acheté à temps normal. Nous n’avons pas d’agronomes lorsque nous cultivons mais le jour des marchés, ils apparaissent de tout côté, que devons-nous faire ?

COMPEUPLE : Partout où je suis passé, on m’a raconté le problème d’extorsion des chèvres par les militaires, mais vous n’êtes pas vigilants vous-mêmes. Les chefs hiérarchiques des militaires m’ont affirmé qu’en aucun cas ils n’avaient été contactés par la population à ce sujet. La population n’a jamais dénoncé ces éléments. Soyez vigilants, c’est la seule chose que je puis vous demander.

MWANA NGOY SANGWA : Moi, je n’ai pas dit que les policiers ou les militaires m’ont volé mes chèvres, mais le chef Muloko en personne. Le jour où il est venu arrêter le citoyen SHINDANO MWANANGOY, je lui ai dit qu’il était un voleur. Quand il arrive dans le village, on lui prépare une nourriture digne de son rang, poules etc… Mais le chef se permet maintenant d’entrer dans les maisons, arracher les chèvres, farine et nous arrêter. Nous n’avons été relâchés qu’à la hauteur de Mugomba.

LWINDI : (Enseignant). Nous travaillons sans que nous soyons payés des mois et des mois. Les articles du magasin coûtent très cher et nos revenus sont moindres, ils ne nous permettent pas de nous procurer ces articles ; nous sommes devenus presque des esclaves de ceux qui travaillent.

MAUWA SANGWA : Est-ce qu’une femme n’a pas le droit d’élever les chèvres ? Le chef est venu attraper mes chèvres, quand mon beau-père a voulu intervenir, il avait été arrêté, cela est aussi bien ?

b) LA LETTRE DU DIRIGEANT DE LA LOCALITE BASONGO

Une lettre dont le contenu est repris ci-dessous m’avait été remise par le dirigeant de la localité Basongo :

Basongo, le 25 janvier 1976.

Citoyen Commissaire du Peuple,

1°) Nous ne savons pas pourquoi nous devons payer une taxe à chaque naissance et à chaque décès ;

2°) Nous ne voulons plus cultiver le coton et la raison en est la suivante : avant la récolte ou la mise en vente, on nous propose le prix de 10 K. Le kilo mais lors des réceptions. Le coton est acheté à 5 K, le kilo et on enlève automatiquement 3 kilos de l’emballage. Avant que le coton soit acheté, il faut fournir une chèvre à l’agent réceptionnaire. Avec le retard occasionné dans l’achat du coton, nos enfants qui étudient dans des écoles supérieures sont chassés parcequ’incapables de payer le mineral, leurs parents n’ont pas de l’argent ;

3°) Le chef de collectivité ordonne à la population de cultiver le coton et le maïs, l’impôt ne tient pas compte de familles nombreuses (composée de 10 enfants par exemple), et les produits que nous cultivons sont vendus dans les conditions que le chef connaït très bien mais dont il reste sans réaction ? Nous demandons que les collecteurs consultent le barême avant d’appliquer le taux de la C.P.M.

4°) Nous vous souhaitons une longue vie, ainsi qu’un bon retour.

Sé/Dirigeant de la localité Basongo.

De Mwana-Ngoy, alors qu’une partie de ma suite réclamait notre retour à Kongolo sans passer par Ilunga à cause de la nuit qui commençait, je m’imposai et exigeais au chauffeur de nous conduire à Ilunga où nous arrivâmes à la tombée du jour. La route était bien entretenue et la population de tout le groupement Honga m’attendait.

Paragraphe 11 MA VISITE A ILUNGA, CHEF LIEU DU GROUPEMENT DE HONGA.

a) LE RASSEMBLEMENT POPULAIRE

Accueil très chaleureux par la population d’Ilunga.

Animation par les danseurs « Mbuli » et par le groupe choc de Yenge.

DIRIGEANT DE LA JMPR/ZONE: Le Commissaire du Peuple est arrivé ici à Ilunga et nous sommes très contents de votre accueil. Nous savons que vous avez beaucoup attendu, mais vous ne vous êtes pas découragés, nous avons été empêchés par les travaux à Mbulula, Kasanga, Mwanangoy et ailleurs. J’étais moi-même déjà très fatigué mais le Commissaire du Peuple a insisté de vous voir avant de regagner Kinshasa. Exposez-lui vos problèmes sans crainte, il est votre bouche, yeux et oreilles.

-LES INTERVENTIONS :

ENSEIGNANT : Remettant une lettre dont le contenu esr repris ci dessous :

Ilunga, le 25 janvier 1976.

Transmis copie pour information :

-Au citoyen Chef de Collectivité de Bena-

Nyembo et ses membres tous ;

-Au Citoyen Commissaire de Zone ;

Au Citoyen Commissaire du Peuple

Citoyen Commissaire du Peuple,

Suite à votre tournée politique, d’enthousiasme et d’amitié dans notre pays et notamment dans notre groupement de Bena-Honga, nous remercions cette journée chaleureuse, qui nous permet de vous accueillir et de vous susciter toute la situation concernant les activités de notre groupemement.

Attendu que, dès nos ancêtres, le groupement de Bana-Honga se dirigeait en franche collaboration avec nos confrères de Bana-Nyembo, et que les fonctions exercées temporairement par le chef de groupement de Bana-Honga, ne sont pas prises en considération. Et que l’Etat ne le satisfait guère.

Moi, le chef de groupement Ilunga, avec tous les membres soumis au Mouvement Populaire de la Révolution, nous prions bravement de compter sur ce faible et dynamique groupement, souffrant, rétrogradé vivement dans notre pays le « ZAIRE ».

Vu que les activités scolaires, par manque de pouvoir du groupement, l’enseignement n’y existait pas, nos jeunes enfants n’étaient jamais éduqués.

Ce qui est normal pour les nouvelles institutions scolaires, peuvent être supportées par le gouvernement ou par un capitaliste financier qui peuvent subventionner une école privée comme la nôtre appelée : Ecole Primaire d’Application YENGE, constituée par les personnes suivantes : MUYUMBA KABEMBE, Préfet des études de l’Institut Yenge, MUYUMBA KITUTA, Directeur de l’école primaire, UMOJA de Kayanza et Directeur de lécole primaire d’application Yenge de Ilunga , SANGWA HATARI, enseignant responsable de l’école primaire à Ilunga, ALIMASI-MUYOLOLO, enseignant, secrétaire et animateur principal de la JMPR Yenge et enseignants suivants : PUNGU, MIHALI, MUYUMBA, FATHUMA, RAMAZANI.

Nous aimerions par votre faveur et bonne volonté Citoyen Commissaire du Peuple, de faciliter la tâche de l’éducation de nos jeunes enfants. Attendu que –des souffrances énormes donc : physiquement et matériellement de notrte corps, sans être soignés dans notre domaine, et que la distance qui sépare les habitants du groupmement aux dispensaires pour y être examiné hygièniquement et que l’autorisation d’institution des dispensaires ruraux ou des salles d’accouchements maternels, ne sont pas permis à tous les individus par l’Etat pour que nous y soyions soignés.

Nous vous insistons humblement, Citoyen Commissaire du Peuple, de parlementer dans votre bureau et aussi dans votre rapport au Conseil du Peuple à Kin sur ces trois sujets principaux, que nous vous supplions avec une grande courtoisie.

VIVE LE PRESIDENT DU ZAIRE, MOBUTU SESE SEKO ;

VIVE NOTRE COMMISSAIRE DU PEUPLE, CITOYEN LUMBU MALOBA NDIBA ;

VIVE LE MOUVEMENT POPULAIRE DE LA REVOLUTION. Merci.

MUYELA GWA NUMBI : (Remettant unelettre). Nous chefs de localité du groupement Bena-Nyembo, nous disons ce 25 janvier ici à Ilunga au Citoyen Commissaire du Peuple LUMBU MALOBA NDIBA, les difficultés pour notre pays, sont les suivantes : L’indépendance est pour les autorités et les souffrances pour les paysans. On nous empêche de voir les autorités pour leur informer de nos souffrances. C’est une chance pour nous de vous recevoir vous-même aujourd’hui ici chez-nous.

a) Pour arriver chez une autorité, il faut corrompre et c’est pour cela que pour donner à chaque intermédiaire avant d’arriver chez une autorité même s’il vous exige beaucoup d’argent, que même si vous en possédez, vous ne parvenez pas à le voir. Même si elle voudrait bien recueillir les doléances. Qu’est-ce que c’est la corruption ?

b) Le chef de collectivité MULOKO pour juger les problèmes fonciers (palmeraies) ou même de disputes de la population, il réclame d’abord des chèvres et 5 Zaïres chez le plaignant tout comme chez le défendeur ; le litige continuera et l’année suivante on exigera encore de l’argent aux parties intéressées.

c) Si vous allez à la Zone, vous verrez bientôt des camions et des jeeps remplis des militaires qui viendront prendre dans les villages des dizaines de chèvres, de canards, des poules et divers autres biens de la population et pour cela à cause de deux ou une seule personne seulement qui sont en infraction ; et c’est là un véritable jugement qui amènera la paix chez-nous ? Parce que quelqu’un qui corrompt même s’il a tort, le gouvernement accepte de faire souffrir la personne qui a raison. Nous nous demandons si cette personne est indépendante ou si elle est dans l’esclavagisme qui dépasse celui-là même des Arabes. Cela pousse la population vers la rébellion ou bien pour craindre le gouvernement.

Le travail des militaires n’est-il pas d’aller à la guerre ? Et de rester dans les camps, aujourd’hui les éléments des F.A.Z. tout comme de la Gendarmerie et le chef de collectivité, leur travail est de faire tout ce qu’ils veulent dans le pays est-ce qu’à Kinshasa, vous n’êtes pas informé de cela ?

d) Le salaire des services de l’Etat dans notre zone donne l’impression d’être payé par les paysans, on dirait donc que la vie de ces agents de l’Etat est à charge des paysans. Le paiement de l’impôt, mariage, naissance, décès, les amendes etc., comme les billets d’enrôlement pour élection qui a été taxé chez-nous pour un likuta par billet, alors que celui qui sera voté ne pensera pas à nous, tout est taxé chez-nous. L’école,l’hôpital, les ponts, un prix normal pour le coton, rien n’est fait chez-nous.

Plus encore on réclame au chef de localité des chèvres, des poules, des cantines de l’huile pour nourrir les soldats alors qu’ils ne sont pas à la guerre, est-ce vrai que dans leur service ils ne sont pas payés ?

Et qu’est-ce qu’on paie au capita de localité, mieux à la fin de l’année, sa richesse (récompense consiste à le faire souffrir).

e) Quand une personne est en infraction, on vient s’acharner aux chèvres, poules et canards, et puis au vu de tout cela et paniquée, la population fuit en brousse et dont parmi elle les femmes enceintes, est-ce cela l’indépendance ici chez-nous ?

f) Fusils

Tous les fusils des gendarmes katangais qui étaient à Mbulula avaient été saisis par l’O.N.U. en 1962, les fusils laissés par les mulélistes sur le champ de bataille avaient aussi été récupérés par nos militaires en 1964, nous continuons à souffrir à cause de ces fusils, les gens détiennent des reçus justifiant qu’ils ont remis des fusils de guerre, mais ils sont accusés faussement et quand les militaires viennent les arrêter, ils exigent 15 ou 30 chèvres avec une somme d’argent allant de 80 à 100 Z. ; sans compter les poules et les canards. Voici pour preuve un reçu que détient le Citoyen NUMBI (ex-Sébastien) mais malgré cela, ils affirment que je détiens un MORTIER, qu’elle est leur pensée ?

Sé/MUYELA GWA NUMBI.

MUGALIGILWA NKULU WA NYEMBO : Nous sommes loin de Kongolo, de Sola et de Mbulula et de Makutano, nous mourrons avec nos enfants par manque des soins médicaux. Nous souhaitons qu’il ait un dispensaire ici. En ce qui concerne les routes, où sont partis les cantonniers ? Si vous n’avez pas participé à l’entretien des routes, on arrête même vos enfants. On n’achète pas notre coton à temps, et quand on doit l’acheter on réclame d’abord une chèvre, à quoi sert l’indépendance, nous souffrons beaucoup avec l’entretien des routes sans que nous soyons payés, les militaires nous dérangent beaucoup, soyez notre interprète à Kinshasa. On nous arrache nos biens.

MUYUMBA SANDUKU : (Localité Kabemba). Le temps des belges est différent du temps actuel, ils nous ont amené l’impôt et nous le payons même dans la vieillesse comment c’est possible ? Nous payons le minerval, nous payons l’impôt, à l’hôpital, nous payons aussi, où va tout cet argent ? Les riches ne se rendent même plus compte qu’il existe une justice contre eux, parce que même si un pauvre a raison, c’est toujours le riche qui triommphe à cause de l’argent. Les articles du magasin coûtent très chers, quand nous autres nous voulons hausser les prix de nos produits agricoles, nous sommes poursuivis. Quand nous avons amené le poisson au marché de Mbulula, ce poisson avait été saisi, et nous sommes sûrs qu’en vous disant toutes ces vérités nous nous exposons à beaucoup de difficultés après votre départ.

KITENGE MWANA VITA BINYUMBU : J’ai une question à poser : Le Citoyen ILUNGA KATONGOLA était parvenu au grade de Chef de collectivité comme le chef Muloko. Maintenant la nomination d’une personne au trône de chef de collectivité, ne tient plus compte de la descendance familiale. Son salaire avait été confisqué par les gens de mauvaise volonté et actuellement pour être chef de collectivité, il suffit de se présenter à la zone muni d’une certaine somme d’argent et quelques chèvres.

Est-ce bien cela ? (remettant une lettre dont le contenu repris ci-dessous).

Ilunga, le 25 janvier 1976.

Citoyen Commissaire du Peuple,

Soyez le bienvenu à Ilunga.

Si je vous écris cette lettre, c’est pour vous exposer mes problèmes pesonnels et les difficultés que j’éprouve.

1°) Honorable citoyen, pourquoi d’autres Groupements sont-ils indépendants plus que notre Groupement de Honga ? Nous sommes encore considérés comme des esclaves. Nous n’avons pas un tribunal secondaire ici dans notre Groupement.

2°) Le Citoyen ILUNGA KATONGOLA est ancien chef de collectivité comme MULOKO, mais par mauvaise volonté des autorités, il a été destitué sans qu’il ait pu toucher son salaire.

3°° Actuellement, pour passer chef de collectivité, il suffit de remettre 100 Zaïres au Commissaire de zone avec un troupeau de chèvres, cela est un vol. Parce que quand l’ancien chef avant sa mort avait désigné le fils de son frère aîné comme successeur mais malgré tout, à cause de la corruption, tout cela n’a pas été respecté. Les notables pour un chef se trouvent ici dans la collectivité mais pas à Kongolo.

4°) Nous ne sommes pas en paix ici chez -nous, les éléments du MPR font tout autre chose que le travail pour lequel ils sont ici. Arrestation arbitraire, extorsion de chèvres, des canards, de poules, argent etc. tout cela n’est pas le travail d’un élément du M.P.R., c’est du vol.

5°) Je suis sculpteur, quand mon travail me rapporte un peu de sous, j’achète des petites choses que je mets ensuite en vente à la population, mais tantôt passe le M.P.R. qui vous demande le permis de commerce, la J.M.P.R. le registre de commerce, mais pour des articles que j’ai achetés à 80 Zaïres et que je revends à la population, il me faut avoir tous ces papiers tout cela est aussi un vol flagrant.

Je n’ai plus d’autres problèmes à vous exposer. Je vous remercie beaucoup.

Sé/KITENGE MWANAVITA BINYUMBU.

NYANGA KASSASA

Je suis très content aujourd’hui, parce que depuis l’indépendance, je n’ai jamais vu le Commissaire de zone, ou le chef de poste nous arriver ici. Nous autres, nous nous sommes toujours administré nous-mêmes et c’est à cause du désordre qu’on a annexé à la collectivité de Nyembo. Je voudrais que vous arrangiez maintenant les statuts de notre collectivité.

NGOY KIHOMBA : Nous souffrons au sujet du tribunal secondaire, Ilunga était un chef de collectivité, il est devenu par après un chef de groupement et aujourd’hui, il n’est qu’un simple chef de localité ; Ilunga touchait un salaire mais aujourd’hui il ne reçoit rien. Les chefs KASANGA, KAHAMBO et KIBELE assistent aux réunions à la zone mais ILUNGA quand il s’y rend, il est chassé. Nous ne sommes pas payés alors que nous faisons tout pour accueillir les autorités, les nourrir. Le jour où nous sommes arrêtés pour l’impôt, on nous ridiculise. Les militaires nous dérangent beaucoup et lorsqu’ils arrivent, quand nous leur réclamons leur ordre de mission, ils nous frappent et nous devenons l’objet des moqueries.

Nous ne savons quoi faire ! Nous savons que le gouvernement tire sa force de la population et vice-versa. Les prix s’élèvent de plus en plus dans les magasins, mais nous faisons l’impossible pour baisser les prix des articles des paysans aux marchés alors que ceux-ci fixent leurs prix pour avoir l’occasion d’acheter aux magasins. Comment alors aucun effort n’est fait pour baisser les prix des magasins ? Nous ne nous aimons pas les uns les autres. Vous constatez vous-même qu’aucun représentant de la collectivité de Nyembo n’est venu ici avec vous pour entendre nos difficultés alors que nous sommes un groupement de Nyembo.

En ce qui concerne le problème des fusils ; l’adjudant S2 arrive ici et au lieu de s’occuper seulement de fusils, il extorque nos chèvres, nos canards et d’autres biens même quand ils appartiennent à un innoncent. En ce qui concerne le bouclage, j’ai failli être arrêté parce que non avisé, je m’y étais opposé. Il est vrai qu’il y a des gens qui ne veulent pas payer l’impôt, cela est honteux, la population est devenue orgueilleuse.

HADISI LUMBU MWANAKASONGO : (Kambale hana miguu, miguu yake ni maji). Moi je me suis battu encore contre la collectivité de Nyembo, c’est à cause des jalousies qu’on a demandé à ILUNGA de travailler avec la collectivité de Nyembo. Il n’y a aucun dossier qui démontre que nous faisons partie de la collectivité de Nyembo.

C’est pour cela que nous vous demandons que comme le chef de collectivité ne veut pas travailler avec moi qu’on se sépare.

DIRIGEANT ADJT/JMPR/Zone : Je pense que personne n’a un autre mot à ajouter et il n’y a aucune chose qui aura une solution aujourd’hui même parce que le Commissaire du Peuple, n’est que la bouche, les yeux et les oreilles, il a enregistré toutes vos doléances et sera votre interprète à Kinshasa, cela où l’on décidera de ce qu’il pourra être fait.

KIHONGA LAGILWA : C’est sous menace d’un fusil que nous remettons aux militaires les chèvres, poules, canards et argent. Quand on vous arrête, vous êtes frappé à mort avant même d’être entendu par leur colonel. Le chef KAYUMBA aussi nous extorque aussi beaucoup de chèvres et des poules. Nous ne voulons plus dépendre de Mbulula, comme ça le chef MULOKO ne pourra plus venir nous déranger, il faut que nous ayons notre dispensaire ainsi que d’autres services qui font que nous dépendons de Mbulula. (Remettant une lettre dont le contenu suit).

Kihonga, le 25janvier 1976.

Citoyen Commissaire du Peuple,

Nous vous remercions beaucoup pour votre arrivée ici chez nous. Nous vous exposons nos difficultés :

1°) Dans notre République du Zaïre, les uns vivent avec bonheur mais les autres sans aucun bonheur, nous cultivateurs surtout, au mois de juin prochain la collectivité nous enverra les collecteurs pour l’impôt, or notre richesse est constituée par les chèvres, canards, poules et que tout cela est extorqué par les militaires, cela veut dire que vous avez autorisé les militaires à s’approprier des biens de la population sans que la population réagisse ? Pourquoi place-t-on les militaires dans une collectivité dont il n’y a pas de troubles ?

2°) Les produits vivriers coûtent tellement moins chers par rapport aux articles du magasin.

3°) Nous payons l’impôt et des amendes diverses, où va cet argent ? Nous payons nous-mêmes des médicaments pour nous faire soigner et cela sans aucun dispensaire, où est le progrès rural ? Nous demandons la baisse des prix des articles des magasins ;

4°° Les enfants des cultivateurs qui vont à l’école payent 7 Zaïres pour le minerval, mais en plus de cela nous devons leur acheter cahiers, livres, bics, etc. Mais que fait-on de l’argent perçu pour le minerval ? Le cultivateur qui a 4 enfants, combien devra-t-il payer pour le minerval ? Nous demandons de faire des efforts pour qu’il y ait des humanités complètes à Mbulula parce que nos enfants vont très loin pour chercher des écoles.

5°) Nous les gens de Honga, nous devenons comme une femme qui n’a pas de mari, notre chef Ilunga était autrefois reconnu, à cause du désordre entre nous-mêmes, on nous a annexé à Mbulula, collectivité de Nyembo, maintenant ses collègues chefs de groupement comme KASANGA et KIBELE sont payés alors qu’ils n’ont pas une population dépassant 1.000 personnes, ILUNGA qui a plus de 6.000 personnes, n’est pas payé, cela signifie-t-il que nous les Bena Honga sommes restés esclaves au Zaïre ?

S’il n’est plus chef de collectivité de Bena Honga, nous voudrions qu’il soit payé comme chef de groupement. Depuis le 20 juin 1960, avant l’indépendance, il y avait une distinction entre les Honga et les Nyembo et le chef de collectivité de Nyembo était LUBEMBA Lambert tandis que l’administrateur du territoire s’appelait TOUSSAINT. Comme vous êtes venu, nous demandons de faire arranger ce problème entre Nyembo et Honga compte tenu de la promesse faite par les Blancs. De 1960 à 1970, Ilunga touchait de l’argent mais maintenant depuis 5 ans, il ne touche plus, et c’est pour quelle raison ?

On a pris les gens maintenant on prend aussi l’argent ? Nous demandons de faire arranger ce problème afin qu’il touche son salaire impayé de 5 ans et cela pour qu’il puisse profiter d’innombrables richesses qui quittent notre collectivité. Nous souhaitons la réponse à nos doléances.

6°) Nous voudrions que ce désordre occasionné par le vol de nos chèvres, de nos canards et de nos poules trouve leur terme du fait que vous verrez la personne qui envoie ses soldats.

Comme vous êtes arrivé aujourd’hui, veuillez résoudre nos problèmes en ce qui concerne les difficultés occasionnées par les militaires, de hausser les prix de notre coton et des produits vivriers, de faire construire des dispensaires.

Enfin, ici chez-nous, les commerçants fixent librement les prix de leurs articles une pièce revient à 15 Z et nous les paysans nous sommes incapables de trouver cette somme. Nous manquons divers articles ici chez-nous au Shaba, tels que le sel, le pétrole, les machettes, le tracteurs ; nous vous demandons d’installer les cantonniers parce qu’on nous oblige d’entretenir les routes jusqu’au moment où nous devons faire la culture de nos champs. Depuis l’indépendance, nous n’avons jamais vu une autorité qui invite les capita des villages pour avoir leurs rapports on restera dire que voilà il est en train de réveiller les siens. Nous les paysans, nous ne sommes pas indépendants, nous somes dans l’obscurité. On ne nous donne jamais l’occasion de causer avec les autorités en provenance de Kinshasa. Vive le Commissaire du Peuple, vive le Chef de collectivité de Nyembo et vive le Chef de Groupement de Honga.

Sé/Chef de Localité Kihonga LAGILWA.

COMPEUPLE : Nous devons nous organiser et combattre nous-mêmes les rebelles à Rossa.

MWANA KASONGO : Nous autres, nous pouvons marquer notre accord mais il n’y aura personne qui se souviendra de nos familles.

MBULUKU LUVOGO : J’ai été convoqué à Mbulula, au moment où je leur remettais la lettre. On m’exigea de remettre le fusil, j’ai payé 10 Zaïres en attendant que je remette le fusil, en route quand j’amenais le fusil, je me suis rencontré avec le citoyen MBEYA à qui je remettais 30 Zaïres après il me dit que cet argent était insuffisant, il me réclama des chèvres, on a même attrapé les chèvres de WILSON, 7 chèvres en tout, et puis j’ai donné moi-même 5 chèvres plus les 5 autres remises antérieurement, cela faisait au total 10 chèvres. Quand j’ai réclamé ma libération, on me l’a refusée en m’exigeant de payer 10 Zaïres encore, j’ai encore payé 30 Zaïres en même temps que le citoyen Wilson. Le citoyen Kayumba a emporté toutes mes chèvres, il y a une de ces chèvres à Kunguru, une à Kilonda, soit au total 16 chèvres+113 Zaïres. Dans les localités, les militaires s’emparent aussi des statuettes pour lesquelles ils n’ont pas d’ordre de mission.

KIHONGA : Le coton est acheté à 8 K, le kilo après avoir truqué les balances qui indiquent un poids inférieur au poids réel. Nous devons remettre parfois une chèvre avant qu’on achète le coton, même quand le coton est trié, on vous fait toujours de complications pour pouvoir vous l’acheter comme le coton 2ème qualité.

COMPEUPLE : Il y a trop de mauvaises personnes parmi les agents réceptionnaires, c’est pourquoi vous devez être vigilants. Est-ce que vous vous plaignez devant les autorités ?

KIHONGA : Lorsqu’on les accuse chez leurs supérieurs, on les change et ils ne peuvent plus acheter le coton dans votre village. A propos de la vigilence, nous sommes vigilents, mais comment voulez-vous faire lorsque ce sont les supérieurs qui sont autour de cette situation ?

Nous avons beaucoup de choses à vous dire, mais nous vous demandons de trouver d’abord une solution au problème d’école parce que nous n’avons pas d’école ici chez-nous. Les enseignants ne sont pas payés depuis qu’ils sont venus ici.

LETTRE DE TAMBWE KILAURI

J’avais enfin reçu la lettre du citoyen Tambwe Kilaure dont le contenu est repris ci-dessous :

Ilunga, le 24 janviuer 1976.

Citoyen Commissaire du Peuple,

Nous autres habitants de Honga, nous sommes allés à Mbulula dans le but de combattre les mulélistes avec nos arcs et nos flèches, nous les avons chassés et saisis leurs armes, parmi lesquelles moi j’ai ramassé un fusil.

Maintenant, on m’envoie un mandat comme quoi je détiens illégalement un fusil avant même de me demander tout simplement de remettre cette arme qui n’était pas de chasse mais de guerre On me demanda de payer 8 chèvres, 50 Zaïres sans compter les canards et les poules. Pourquoi m’a-t-on fait payer tout cela ? Ai-je tué quelqu’un avec ce fusil, l’ai-je utilisé ? Maintenant on me fait payer tout cela, est-ce bien ?

C’est tout ce que j’avais à vous dire au sujet de nos difficultés ici dans le Groupement de Honga.

Sé/TAMBWE KILAURI.

RETOUR A KONGOLO

Vingt deux heures avaient déjà sonnées lorsque nous nous apprêtions à quitter Ilunga pour Kongolo. C’est alors que les notables se décidèrent de m’informer d’un événement triste qui venait de frapper en ce jour le groupement de Honga. En effet, alors que pendant toute la journée la population était mobilisée pour m’attendre, dans sa maison, le chef de groupement ILUNGA BISIKIJA, malade depuis quelques jours s’éteignait.

Comme d’après la coutume, la nouvelle ne devrait pas être annoncée si tôt. Je fus le premier à en être informé compte tenu de mon rang.

La population d’Ilunga m’offrit une chèvre.

C’est à minuit que j’avais regagné Kongolo.