Protais Lumbu Maloba Ndiba se souvient des temps difficiles qu’il avait passés aux côtés de son aîné et collègue du groupe des 13 Parlementaires et Fondateurs de l’UDPS, Kyungu wa ku Mwanza (partie 5)

Protais Lumbu Maloba Ndiba se souvient des temps difficiles qu’il avait passés aux côtés de son aîné et collègue du groupe des 13 Parlementaires et Fondateurs de l’UDPS, Kyungu wa ku Mwanza (partie 5)

14 Sep, 2021

Chapitre 14. De mon intimidation par le pouvoir

Après avoir un soir rendu visite au fondateur Etienne Tshisekedi à sa résidence du boulevard de 30 juin, j’avais traversé cette avenue et me dirigeai vers l’avenue du 24 novembre losque je me fis interpeller par une personne qui avait un talky walkie dans ses mains, signe en ce moment d’être un agent de sécurité.

Ayant refusé de répondre à son appel et préoccupé à trouver une voiture taxi à la station proche de la Fina, je vis s’arrêter près de moi un véhicule Kombi duquel surgirent des malabars qui se saisirent de moi pendant que d’une voiture  quelqu’un donnait l’ordre qu’on m’amène sans me brutaliser.

Transporté dans l’enceinte de la parcelle de l’AND/avenue de la Justice, j’avais été reçu dans le bureau de quelqu’un qu’on appelait 05 et fus fouillé. Les documents qui se trouvaient dans ma mallette furent saisis dont une lettre adressée au Président Mobutu par les fondateurs qui  n’avait pas encore été remise. J’avais apporté cette lettre auprès du citoyen Tshisekedi sur ordre du Président Kibassa pour avoir son avis sur l’importance ou non de l’expédier après ce qui venait de se passer à l’occasion du passage des congressistes américains.

Cette lettre n’avait pas été expédiée à son temps malgré le fait que plusieurs fondateurs dont le doyen Ngalula en avait été rassurés.  Le temps s’était encore plus écoulé parce qu’elle avait été emportée par le fondateur Kyungu à Lubumbashi, le soir de la bastonnade de quelques fondateurs, cadres et combattants de l’UDPS à l’hôtel intercontinental.

Chapitre 15. De mon assignation à  résidence à Kayanza via Lubumbashi/ cachot de l’AND et cité GCM et  Kongolo,

La nuit vers deux heures du matin, j’entendis un bruit en provenance de la chambre qu’occupait mon visiteur Jean Mali ya Butoto. Celui-ci dialoguait avec quelques personnes qui se trouvaient sur la voie publique et qui lui demandaient d’ouvrir la grille.

Trouvant cela bizarre, je pris le livre et le cachai, car pour moi, les indicateurs du pouvoir devraient être informés de la présence de ce livre chez moi et qu’ils voulaient de nouveau m’arrêter.

A peine que j’étais rentré dans ma chambre, les soldats sautèrent de la clôture de la parcelle au balcon de la porte de ma chambre à l’étage qu’ils se mirent à forcer. Je criais à tue-tête pour alerter le quartier, que j’étais agressé par les bandits. Je demandai à ma famille de faire autant. Les soldats envahirent mes chambres qu’ils se mirent à perquisitionner avant de me demander de descendre au salon avec toute ma famille.

Après trois jours de siège de ma résidence par les soldats de la garde présidentielle, mes enfants furent amenés à l’aéroport de Ndjili pour prendre le Boeing se rendant à Lubumbashi.

Je fis ce jour connaissance avec le citoyen Bossassi qui avait été amené à ma résidence. Il prit avec moi-même et mon épouse le véhicule qui nous conduisit à l’aéroport de Ndolo.

A l’aéroport de Ndolo, je vis le Président Kibassa et son épouse mais aussi le professeur Lihau.

Il fut demandé aux citoyens Lihau et Bossassi de prendre place abord d’un petit porteur pendant qu’avec mon épouse, mon bébé, le Président Kibassa et son épouse avions occupé l’autre petit porteur.

A la montée dans l’avion, mon épouse et celle de Kibassa se débrouillèrent pendant la fouille pour cacher le livre “ Mobutu, Incarnation du mal ”. Le frigo, quelques poulets, poissons et boissons que j’avais pris pour voyager avec ne furent pas embarqués dans l’avion ni remis à ma résidence. Il m’avait été dit qu’ils seraient transportés par le boeing mais ne nous rejoignirent plus jamais.

A notre arrivée à l’aéroport de Luano, le véhicule nous prit pour nous déposer au cachot de l’AND/Lubumbashi où nous fûmes rejoints par nos enfants. Le frigidaire et autres biens abandonnés à l’aéroport de Ndolo et qui devaient être expédiés par Boeing n’étaient pas là.

Le Commissaire Urbain Koyagialo nous rendit visite et promis le lendemain de s ‘occuper de notre voyage à la destination indiquée.

Le lendemain, les épouses de nos collègues Kyungu et Sambwa vinrent nous visiter et c’est en vain que nous attendions la visite de leurs maris.

Chapitre 17. De mon voyage à Kinshasa à l’occasion de la visite du roi des belges et la poursuite de la consolidation de l’UDPS,

Quelques jours avant le 30 juin 1985, le nouveau Commissaire de zone de Kongolo, le citoyen MUTSHIPAY KAMBULU vint à Kayanza. Le but de sa visite était de me prendre pour m’amener à Kongolo où un avion devait me conduire à  Kinshasa via Lubumbashi.

Le petit porteur dépêché à Kongolo me déposa à Lubumbashi où je fus logé à l’hôtel Mbabu non loin du Centre National de Recherches et intelligence. (CNRI)   Peu de temps après, le fondateur Frédéric Kibassa Maliba en provenance de Kyenge me rejoignit à cet hôtel.

C’est abord du jet de la Gécamines que le 29 juin 1985 nous nous rendîmes à Kinshasa tous les quatre fondateurs, à savoir Kibassa et moi-même Lumbu en provenance de nos villages respectifs de Kyenge et Kayanza et Kyungu et Lusanga que les services de sécurité avaient pris à leurs résidences respectives de Lubumbashi et de Likasi.

Je fus logé avec le collègue Kyungu à l’hôtel Phénix où je rencontrai aussi le collègue Kanana tandis que les citoyens Kibassa et Lusanga regagnèrent leurs domiciles respectifs

Après la fête anniversaire du 30 juin et le retour du Roi en Belgique, les fondateurs qui étaient encore dans l’opposition furent reçus au siège du CNRI, situé sur l’avenue de la Justice par l’Administrateur Général de la Sécurité Intérieure, le citoyen Ngbanda.

Etaient présents du côté de l’UDPS ; les fondateurs Ngalula, Makanda, Kibassa, Tshisekedi, Kanana, Lusanga et moi-même Lumbu.

Chargé par mes collègues de faire le procès-verbal de la réunion, je fus retenu à la sortie de la réunion par son directeur de cabinet qui n’était autre que le citoyen Eboma, mon ancien collègue à la faculté de droit, pour être dépouillé de toutes les notes que j’avais prises.

Au cours de cette réunion nous avions affiché notre détermination à continuer la lutte pour la démocratisation et avions fustigé le pouvoir de son comportement violent à notre égard.

Le collègue Kyungu ne participa pas à cette réunion tout en étant présent à Kinshasa. Il confirma par-là ses distances vis-à-vis de l’UDPS et obtint un traitement de faveur auprès du pouvoir.

N’ayant pas été en Belgique dans la suite présidentielle avec les collègues Dia, Kapita, Ngoy Mukendi et Kasala le doute planait encore à son sujet. Le pouvoir démontra à cette occasion à l’opinion tant nationale qu’internationale que le fondateur Kyungu n’était plus dans l’opposition

(Textes tirés de l’ouvrage Protais LUMBU IV ou de www.femmefortes.com )