Immigration : Rama Yade regrette que Hollande soit « resté au niveau des symboles »

Immigration : Rama Yade regrette que Hollande soit « resté au niveau des symboles »

19 Déc, 2014

L’ex-ministre a jugé « important » que François Hollande ait inauguré lundi la Cité de l’immigration, ce que Nicolas Sarkozy n’avait pas fait.

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L’ex-ministre Rama Yade a jugé « important » que François Hollande ait inauguré lundi la Cité de l’immigration, ce que Nicolas Sarkozy n’avait pas fait, mais a regretté qu’il soit resté « au niveau des symboles, de l’histoire, de la poésie ». « C’était important de le faire. Je regrette que le président et le gouvernement (précédents, NDLR) ne l’aient pas fait, on se rappelle dans quelles circonstances. Je me rappelle aussi qu’un jour en conseil des ministres, entre ministres d’origine étrangère, on se disait que ce serait bien que l’on propose ensemble au président Sarkozy de l’inaugurer. Mais cela n’a pas marché, et je le regrette », a expliqué sur RFI Rama Yade, née à Dakar au Sénégal.

« Je trouve que dans le contexte explosif que nous vivons aujourd’hui, c’est méritoire que le président de la République aborde le sujet sous l’angle de la lutte contre les préjugés. Maintenant, cela ne suffit pas. Le pays attend des actions concrètes, des réponses collectives et le président est resté au niveau des symboles, de l’histoire, de la poésie », a poursuivi l’ex-secrétaire d’État aux Droits de l’homme. « J’attends que le président de la République ait des mots aussi forts que ceux qu’a eus le pape sur les migrants. La Méditerranée est devenue un cimetière. (…) C’est une honte pour l’Europe et cela appelle une réponse forte et une seule : le développement dans les pays d’origine, la stabilité politique dans ces pays-là », a-t-elle prôné.

Pour Rama Yade, il y a « les immigrés qui sont en France, qui rasent les murs, qui travaillent, ne cherchent qu’à travailler et rien d’autre pour envoyer de l’argent chez eux et ceux-là ne posent pas de problème parce qu’ils occupent des emplois que personne ne veut occuper en France ». Il y a par ailleurs « ceux qui donnent lieu à une crispation : ce sont leurs enfants. Des Français. Des gens qui ne repartiront nulle part, qui sont les enfants non désirés de la France et pour lesquels se pose la question de l’intégration économique, politique, sociale, culturelle. Et c’est là-dessus que l’on attend des réponses de la part de François Hollande », a analysé Mme Yade, qui veut « des réponses fortes sur la rénovation urbaine, l’échec scolaire, la laïcité ». « Sur l’application de la laïcité, la France, pendant vingt ans, a fermé les yeux sur certaines pratiques issues de certaines vagues migratoires et aujourd’hui elle paie le prix fort », a-t-elle regretté.

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