Protais LUMBU 1 : Mes premiers pas (Titre 3)

Protais LUMBU 1 : Mes premiers pas (Titre 3)

25 Avr, 2014

 

Né le 22 avril 1948, Protais LUMBU MALOBA NDIBA vient d’écrire « Mes premiers pas », une autobiographie de six titres dans laquelle il décrit sa vie, de l’enfance jusqu’à la fin de ses études universitaires.

Papa-MAitre3

Titre 3 : Mes études à Elisabethville 

Chapitre 1er :Ma sixième moderne à l’Institut Saint Boniface

Paragraphe 1er :Mon voyage de Mahundu à Kolwezi,

N’ayant pas obtenu ma feuille de route à Mbulula, j’étais obligé de rejoindre Kongolo. Tôt le matin du 30 avril 1962, mon père me prit sur son vélo pour m’amener lui-même à Kongolo. Nous passâmes par Bigobo où ma grand mère me souhaita de très bonnes études et une grande protection de nos ancêtres.

Arrivés à Muhaba près de Mbulula, nous entendîmes le vrombissement d’un aéronef avant de le voir en position d’atterrissage.Curieux nous nous rendîmes à la plaine et arrivâmes lorsque l’avion s’était déjà posé. Il portait l’inscription  » Air katanga » et frappé aux couleurs verte, jaune et rouge et trois croisettes peintes en rose ; c’était un cargo.

Après le déchargement des marchandises, le chef de poste Simuko Gabriel se mit à citer les noms de passagers qui prendraient place.

Il annonca aussi que les élèves des écoles secondaires fermées devaient se rendre à Elisabethville où leurs directeurs les attendaient.

Mon père me présenta tout en ajoutant que je manquais une feuille de route. Le chef de poste inscrivit mon nom sur sa feuille et me pria de prendre place à bord de l’avion.

Mon père entra avec moi dans l’avion, choisit une place où je devais me mettre, mit son pouce droit sur mon front, me traça un signe de croix et enfin sortit en me souhaitant un bon voyage.

La porte futfermée et les manœuvres de décollage commencèrent. Je me demandais quelle chance j’avais eu d’éviter un long voyage à vélo et surtout les tracasseries des bureaucrates, lorsque quelqu’un me demanda de tenir aux cordes.

Je restai dans cette position durant une longue période puis tout à coup j’entendis une voix dire que nous étions arrivés. Je pensais que c’était à Elisabethville que le cargo nous avait amenés et fus stupéfait lorsqu’on me dit que nous étions à Kolwezi.

Dès la descente je fus frappé par le froid du vent qui soufflait et la non apparition du soleil. On aurait cru que c’était encore tôt le matin alors qu’il était déjà 15 heures.

Je ne savais où aller lorsque on demanda à tous les élèves venus de Kongolo d’attendre à la plaine jusqu’au moment où un véhicule allait venir les chercher.

Sous courant d’air froid nous attendîmes quelques bonnes minutes avant de nous embarquer dans une camionnette qui nous amena dans une école qui s’appelait collège Baudouin ou Jean XXIII au vu des matelas et literie portant ces inscriptions.

Un prêtre s’occupa de nous installer puis partit avec un collègue qui s’était improvisé capita afin qu’il nous apporte d’autres indications.

Le soir nous allâmes souper à la mission près de l’église située sur l’avenue Jacarandas, un bukari à la base de la farine de froment qui nous épata. Le prêtre blanc qui nous avait accueilli s’appelait Pascal. Il nous offrit même la bière Simba et s’intéressa à nos explications de la tragédie de Kongolo non pas seulement sur la vingtaine de prêtres blancs du Saint Esprit qui avaient été tués, mais aussiau sujet des sœurs noires violées et emportées vers Stanleville, des écoles fermées et le pont sur le fleuve qui avait été coupé.

Après le souper nous allâmes dormir, enfouis sous les chaudes couvertures pour maitriser le froid de Kolwezi.

Le lendemein chacun de nous reçut à l’heure du déjeuner, des mains du père Pascal, une somme de 100 Frs.

Dans une joie incomesurable nous avions envahi des magasins situés dans la proximité, qui étaient très achalendés, tenus exclusivement par les blancs et avions achetés des habits et tant d’autres articles qui nous intéressaient.

Au cours de toute la semaine que nous restâmes à Kolwezi nous improvisions des promenades vers la poste ou à travers la cité commerciale. Il arrivait que nous nous rencontrions avec certains de nos collègues qui nous avaient précédé et qui étaient déjà admis dans des écoles de Kolwezi comme, Marie Katumbwe qui étudiait à l’institut notre Dame.

Le 7 Mai 1962, le territoire de Kolwezi mit à notre disposition un camion qui nous avait pris dans l’après midi et traversa la ville de Jadotville la nuit. S’étant arrêté dans un village, il avait attendu sous un froid glacial la levée du jour avant d’atteindre la ville d’Elizabethville, dont l’entrée était contrôlée par les soldats de l’ONU.

Juste avant d’arriver à Elizabethville, la présence d’un char de combat imobilisé attira notre attention. On nous apprit qu’il était katangais et s’apprêtait d’arracher l’aéroport de la Luano aux soldats de l’ONU lorsque un avion Onusien  » Cambella » l’avait soummis à des bombardements tellement intenses qui le mirent hors combat pendant la guerre de septembre 1961.

Paragraphe 2 : L’accueil à l’archêveché d’Elisabethville par le père Roger Van Damme,

Le chauffeur nous déposa dans cette matinée de 8 mai1962 à l’archêveché. Heureusement nous y trouvâmes le père blanc, Roger Van Damme, ancien directeur de l’internat de Sola. Ce dernier s’occupa complètement de nous.

Il avait envoyé à la radio du Katanga des communiqués de recherche en faveur de ceux qui ne connaissaient pas exactement des adresses de résidences de leurs connaissances.

Au départ de Mbulula, je me mettais en tête que j’allais vivre à l’internat et fus surpris d’apprendre, que personne ne nous attendait pour ouvrir le collège Saint Joseph. Aucune structure d’accueil n’était préparée pour nous et que chacun devait se débrouiller.

Me rappelant que mon père m’avait remis un tas de lettres à remettre à ses frères et connaissances dont une était addressée à monsieur Adoniah Muyumba,je me décidai d’inviter ce dernier par la radio afin qu’il vienne me chercher.

Marié à la cousine de mon père, nommée Emediane Nzaina, fille du grand père Lukonzola,j’avais eu l’occasion de voir celle-ci chez mes parents à Mahundu à l’un de ses passages au village.

Ayant écouté mon avis de recherche à la radio, Monsieur Adoniah vint me chercher à l’archêveché où nous venions à peine de dîner et saisissant ma valise il me pria de marcher à ses côtés jusqu’à un bâtiment portant l’inscription « galeries Katangaises », où étaient stationnés des bus de transport en commun au Katanga en sigle« TCK » ,appellés aussi « cha cha cha « .

Nous embarquâmes dans un bus et n’y sortîmes que quand il me fit signe.

Après avoir trotté un peu nous étions arrivés à sa résidence, Rue Sofumuango n° 78 commune Kenia, dans un camp de Katanga mission, une station de l’église adventiste du 7ème jour.

Ma tante m’accueillit joyeusement, me demanda les nouvelles du village et m’invita à la table pour le dîner. Je ne tardai pas à faire connaissance avec sa fille Bardine qui était son enfant unique. Celle-ci n’allait pas encore à l’école.

Le soir, Athanase Lumbu et Prosper Mbayo respectivement mon grand frère et mon oncle maternel vinrent me voir. Venus à Elisabethville depuis le debut de l’année scolaire, ils étaient tous élèves dans un même établissement, « le collège Saint François de Sales »,enrhétorique et en poésie. Je m’étais entretenu avec eux de long en large sur notre famille au village et c’est tard dans la nuit qu’ils rentrèrent chez eux.

Une chambre à coucher avec une literie complète et une boite qui devait me servir pour le petit besoin me furent presentées. Je devais chaque matin vider le contenu à la toillette qui était à l’extérieur.

A l’archêveché, le père Van Damme nous avait fixé rendez-vous à sa chambre située à la paroisse Saint Jean dans l’enclos du collège Saint Boniface. Nous devions le rencontrer pour nous enquérir sur notre situation scolaire après les demarches qu’il devait effectuer.

Nous y étant rendu, nous apprîmes que l’Institut Saint Boniface avait accepté d’organiser une classe spéciale, pour nous permettre de conserver notre niveau, en attendant la réouverture des nos écoles dans le territoire de Kongolo.

Paragraphe 3 : Une classe spéciale,

Pour atteindre un nombre assez élevé d’inscrits pour cette classe spéciale, tous les élèves venus de Kongolo après les événements de Novembre et Decembre 1961 avaient été contactés pour peupler la nouvelle classe.

Nous étions une vingtaine d’élèves en provenance du collège Saint Joseph de Sola, de l’école normale de Lubunda, de l’institut technique agricole de Kaseya ou même du petit Séminaire de Kongolo.

Les noms de NestorBitotwa,Kabamba Swalaki,Prosper Masombo, Kahozi Martin, Ndubula Lazard, Denis Matimba, Augustin Sangwa, etc… comme collègues me reviennent.

Les professeurs Courouble, Debourse et le père Van Damme nous dispensaient respectivement les cours de Mathématique,Histoire et Français.

Je merendais à pied à l’école et étais très appliqué en classe. Alors que nous pensions que l’année scolaire allait être prolongée pour nous, le père Van Damme nous informa que nous devrions présenter à la fin Juin, les examens de fin d’année et que ceux qui réussiraient, pourraient se faire inscrire en 5ème moderne au sein du même Institut.

La dérogation des autorités scolaires de l’Institut Saint Boniface était exceptionnelle et qu’il fallait en profiter.Malgré mes 67% obtenus à ces examens je ne voulais pas faire les humanités modernes. Je quittais l’Institut Saint Boniface pour un établissement plus reputé qu’était le collège Saint François de Sales où étaient organisées les humanités anciennes.

Paragraphe 4 : Mon premier milieu citadin.

A la cité, je m’adaptais petit à petit à mon nouveau milieu. Athanase et Prosper m’avaient chacun invité à sa résidence.

Lorsque, j’avais appris la nouvelle du décès du bébé que j’avais laissé avec ma mère, des larmes chaudes coulèrent de mes yeux, ce jeune frère né, deux mois après la mort de mon grand père PILIPILI était parti dans l’au-delà à sa 2ème année d’existence. Athanase et Prosper étaient venus me consoler. Joseph Kilanga avait même amené un casier de bière Simba.

Les dimanches je me rendais à la messe à l’église Saint Benoit.

Le jour de Sabbat(samedi), je saluais les connaissances et les parents de mes tuteurs qui avaient l’habitude de passer à la maison après leur culte.

Je me souviens notamment de ma tante Suzanne avec son mari, papa Benjamin Matala, de la famille Festus Musengwa, son épouse Eudoxie et leurs enfants, Bérénice, Séraphin, David, Moïse tout et Kitoko,la famille Soket, la famille Feneasi Bigobo, la famille Enoc, la famille Jerôme Muyumba et leurs enfants Eliza et Marie.

Dans ce quartier protestant, lepasteur Musema Bergson tout comme son épouse maman Julienne étaient mes parents. En effet, c’est dans la famille du pasteur Musema qu’avait été héritée à Ilunga, mon arrière grande mère paternelle Mugalu tandis que maman Julienne était mugambele de la famille Nyembo ya Muteba du clan mbundu. Je m’entretenais avec leurs enfants Obedi et Uzziel et connaissais Margueritte, Baudouin, Marcelline, Laeli, Esrom et Nicolas. Je connaissais aussi l’enseignant Joshua Kirongozi, son épouse maman Sophie, leurs enfants Clothilde, Cécile, Uzziel, Jacques et Christophe ainsi que Charles Kiambe et Raymond Muyumba qui étaient sous leur garde.

Maman Emediane recevait régulièrement les familles de ses oncles Lugoma Evariste et Lugoma Faustin composées de leurs épouses Eugénie Tubyangalie et Hélène et leurs enfants Générose et Victor d’une part et Déogratias et Catherine d’autre part.

Je n’avais pas été seul sous la garde de ma tante et son mari, il y avait aussi, les neveux de son mari, Emile venu en catastrophe de Bigobo avec un bébé gardé à Kolwezi dont la maman était décédée et Felix.

Plusieurs familles et personnes avaient séjourné à la résidence de mon tuteur avant de s’insteller ailleurs ou de voyager, il en avait été ainsi des familles Mwehu Joseph, Katumbwe Nyembo Frédéric, Jacques, Cyprien et de l’adjudant Muyumba Wilson oudes enseignants Martin, Sixte et Symphorien.

Papa Mwehu Joseph était le petit frère direct de ma tante, il était venu de Léopoldville avec son épouse maman Madeleine Musifu et leurs deux enfants nommés Dieudonné Mboya et Déogratias Mwehu. Soldat de l’armée nationale congolaise, il avait béneficié du statut de gendarme katangais et devint speaker des informations en lingala à la radio katanga.

Je me rappelle toujours de la chute dont avait été victime son fils Déogratias alors que je le portais et surtout du calme qu’avait gardé maman Madeleine.

Papa Katumbwe Nyembo Fréderic était mari de ma tante paternelle Béatrice Pombo. Ils avaient séjourné à Kolwezi pour les soins médicaux avant de venir à Elizabethville en compagnie de leurs enfants Emmanuel, Géorgette et Charlotte. Enseignant, il ne tarda pas à commencer à travailler à l’éducation nationale en qualité de personnel assis.

Il m’avait offert une culotte tergal.

Jacques était soldat.Il était parent de mon tuteur. Son épouse originaire de Mahundu

Cyprien, était militaire katangais en provenance d’Albertville qui venait de tomber dans les mains des rebelles. Il était venu avec sa famille dont l’épouse était la nièce de mon tuteur ainsi que leurs enfants, parmi lesquels Sido et Alpho.

L’adjudant Muyumba Wilson était comptable de forces katangaises. Il venait en mission à Elisabethville, en provenance de Kongolo.

Pendant toutes les grandes vacances, je participais avec mes compagnons aux jeux, mais aussi je vendais de temps à autre des biscuits devant la salle de cinema du centre social.

P.-Lumbu1

Chapitre 2 : Ma sixième latine au collège saint François de sales.

Paragraphe 1er : La décision d’étudier au Collège,

Ayant pris la décision de fréquenter les humanités anciennes au collège Saint François de Sales, au lieu de passer en cinquième moderne à l’Institut Saint Boniface grâce à la dérogation exceptionnelle des autorités scolaires, je me présentai au concours d’admission. Le père directeur Steark m’ ayant informé de ma réussite me délivra l’attestation dont la teneur suit :

CONGO BELGE

Elisabethville, le19

COLLEGE ST-FRANCOIS DE SALES

Ecole Officielle pour garçons Européens

PP. Salésiens

B.P 296 – ELISABETHVILLE

B.B.A. 5007-C.Ch. Post. V.137

Attestation

No…….

Réponse au no……

Du…………19

OBJET :

Le soussigné, R.P. Sterck,directeur de la section préparatoire, déclare que Mr Lumbu Prothée

A réussi l’examen d’entrée et est admissible dans la Section des humanités.

Elisabethville le…24/7/…1962

 

Inscription à partir du 16 août.

Prière d’apporter :

1)Le certificat d’études primaires,

2)Les pièces d’identité,

3)Le minerval du 1er trimestre. (630Fr)

Je payai les 600 frs demandés pour le minerval et fus inscrit en 6ème latine. Le titulaire avait été, le père Albert Luppens, professeur de latin, histoire, religion et français, notre classe était peuplée de 40 élèves. Je retiens encore les noms de MulandaAndré, Assily Polycarpe, Musinge Allison, Mukumbi Jean, Kakumbi Pierre, Targa Antony, Lenelle Jacques, Meert Willy, Proot Louis,Blanpain Patrick, Postorino Mario, Picilli, Franco, Zeghers Jean Marie, Finkelstein Joseph, BinenePierre, Kambulu Zacharie, Kanyimbu Lambert, Mwanza Emile, Tchovu Benoit, Mutamba Jean, Sarternaer Jean, Goffart Jean Paul, Colin Jean Claude, Le brun Jean-Marc,Nestor Bitotwa, Roge Jacques, Kongolo AmourAugustin Sangwa, …etc..

Dans cette classe mixte noirs-blancs, la discipline était de rigueur.Tous les professeurs étaient menaçants.

Monsieur Klein, notre professeur de géometrie et arithmétique nous interrogeait presque chaque jour dès son entrée en classe. Monsieur Weert qui nous donnait la gymnastique corrigeait certaines erreurs par des giffles. Le père Bass nous dispensait l’anglais qui était notre deuxième langue. Les élèves Flammands étudiaient le nerlandais à la place de l’anglais. Messieurs Vossen et Lebrun nous apprenaient respectivement la géographie et les sciences naturelles.

Tout était dur dès le début. Le retard soit d’une minute n’était pas tolérée et la discussion n’était pas possible avec le père préfet, appelé communement  » le petit père » de son vrai nomle père Remeurs. Chaque élève devait avoir ses propres manuels scolaires. Les cahiers et les livres devaient être couverts et porter une étiquette. Tout manquement pouvait entraîner un renvoi ou un zéro comptant au total des points reçus au cours d’une période.

Le collège Saint François de Sales remplissait toutes les conditions pour ne recevoir que des élèves nantis .

Mes collègues Nestor et Augustin ayant compris cela à temps, s’en étaient allés continuer leurs études au collège saint Grégoire le grand à la Karavia.

Je répétais chaque soir mes leçons et faisais mes devoirs avant de dormir. Cela m’empêchait de participer aux jeux en compagnie de mes collègues de ma commune.

A la première période je réussis et aurais bien voulu réediter l’exploit à la deuxième période n’eut été l’incident Targa.

Targa occupait le même banc que moi. Il était en train de me raconter des histoires pendant la leçon de père Luppens. M’étant tourné vers lui, le professeur avait remarqué que nous ne suivions pas sa leçon. Il me demanda de sortir. J’avais d’abord hésité puis je lui avais dit que je neparlais pas, c’était plutôt Targa qui bavardait. Le père Luppens très fâché se lança comme une flèche,au fond de la classe pour fermer la porte puis il se dirigea vers moi.

Remarquant son intention, je montai sur le banc et me déplaçai d’un banc à un autre jusqu’au moment où j’avais pu atteindre la porte et sortis, à l’étonnement de tout le monde.Ce comportementme valut trois jours de renvoi et l’obtention de côte zéro à toutes les interrogations non faites.

Pendant les vacances de Noêl, alors que je m’apprêtais à revoir toutes les matières déjà vues, la guerre entre les gendarmes katangais et les forces des nations unies éclata.

Paragraphe 2 : La fin de la Sécession Katangaise,

Nous venions de fêter à peine la Noêl lorsque la nuit du 26 Décembre nous entendîmes les détonations de canons et de mortiers. Il n’y avait pas de doute possible, la deuxième guerre entre l’ONU et les forces katangaises venait d’éclater à Elisabethville. La première guerre avait eu lieu en septembre 1961 et avait occasionné l’occupation par l’ONU de l’aéroport de la Luano, de la commune Elisabeth communément appelée la ville et du camp militaire Massart.

A mon arrivée à Elisabethville en mai 1962, j’avais trouvé près de l’institut Saint Boniface à la hauteur de la route allant au tabacongo, une barrière de l’ONU dressée sur la route Munama à quelques mètres de celle des gendarmes katangais, il en était de même à la hauteur de l’école Don Bosco, à la rivière Kamalondo séparant les communes Elisabeth et Albert. Une manifestation des femmes katangaises qui avait tentéà déloger les ghurkas de là, s’était soldée par des femmes tuées par l’ONU.

Dès la première journée de la guerre, nous allâmes nous abriter à la commune Katuba. Maman Emédianne m’avait fait prendre des risques en m’envoyant sur l’avenue Mitwaba demander à papa Joseph d’autoriser le déplacement du véhicule qui était allé chercher sa famille.

Ayant longé la rue Sofumwango à l’aller et n’y ayant plus trouvé le véhicule, je suivis au retour l’avenue Kolwezi où j’entendais siffler les balles et m’avançais contre les murs. Je trouvai le véhicule sur l’avenue du marché et embarquai dès qu’il avait stoppé pour me prendre.

Nous ayant installé à Katuba II, la tante Emediane et sa famillechez Soket, je trouvai avec maman Madeleine, place aux côtés de la famille de ma tante Béatrice, chez un enseignant répondant au nom de Lambert.

Toute la nuit du 27 décembre, le calme semblait régner mais pendant la matinée du 28 décembre les détonations reprirent.

On nous informa que la commune Kenya était déjà tombée dans les mains des forces de l’ONU. Lorsqu’un obus tomba sur le terrain du foyer social à quelques mètres de notre cachette, nous nous enfuiâmes en brousse jusqu’au village Kanyaka.

. Ayant retourné à Elisabethville le soir, nous partîmes le lendemain abord d’un véhicule militaire amené par papa Joseph vers une destination inconnue.

Au cours de notre fuite à Kanyaka la veille, pour avoir vu un militaire aux côtés de sa famille alors qu’elle avait laissé son mari au front, maman Madeleine avait échangé des mots assez durs avec l’épouse de ce militaire. Celle-ci n’avait pas apprécié le commentaire fait en kinanyembo et qu’elle avait entendu,étant donné qu’elle était aussi une mwina nyembo

Cette maman nous la retouvâmes à Baya dans le local où nous avions logé.Elle avait toujours ses enfants dont une fille, je n’avais plus remarqué la présence de son mari à ses côtés.

Avant d’atteindre Baya, une frayeur nous avait saisi à Kayberg où nous avions croisé des mercenaires blancs que nous avions crû être des soldats de l’ONU.

Nous n’avions séjourné qu’une nuit à Baya car le lendemain matin nous nous embarquâmes dans des véhicules qui nous avaient déposés à Munama.

Mama Madeleine pour ne pas s’éloigner de papa Joseph qui était resté à Elisabethville n’avait pas continué vers le sud avec nous. Je me collai à la famille de ma tante Béatrice. Le long de route je vis de nombreux soldats katangais en déroute marchant à pied, fusil en bandoulière. Nous passâmes à Munama la nuit à la belle étoile, car tous les hangars étaient pleins du monde.

Ayant vu des véhicules qui se dirigeaient encore plus au sud, nous y embarquâmes pour y sortir là où ils s’étaient arrêtés à Tchinsenda où nous avions été exposés à la pluie sans possibilité de nous abriter.

Comme les bruits les plus persistants affirmaient que l’ONU nous pourchassait, nous rejoignîmes Mokambo le jour de nouvel an. Nous nous logeâmes dans un local commercial avec d’autres familles de déplacés.

A Mukambo, nous recevions chaque jour la ration constituée de la farine de maïs et un carton contenant divers articles tels que le riz, les biscuits, les allumettes, les boîtes de conserve etc…

Certains autorités katangaises tels que les ministres Munongo Godefroid et Kilonda Sylverste y étaient visibles.

En compagnie de certains collègues, il m’arrivait de suivre des pistes qui nous introduisaient dans le territoire nord Rhodésien, où j’achètais avec des pièces ramassées, des gâteaux.

Les gendarmes katangais étaient nombreux. ils réceptionnaient diverses armes pour reconquérir Elisabethville. Le ministre Munongo rassurait les uns et les autres. Ce souhait ne se réalisa malheureusement pas avec l’arrivée du président Tchombe qui déclara qu’il ne voulait plus que le sang katangais continue à couler et que nous devrions nous attendre à l’arrivée des troupes de l’ONU incessament pendant que lui allait se réunir avec ses ministres à Kolwezi.

Pris de peur, à l’annonce de l’arrivée des soldats de l’ONU, nous franchissâmes la frontière et pénétrâmes dans le territoire rhodésien mais, nous ne fûmes pas permis d’aller loin de la frontière, d’où notre retour au pays pour nous installer à la douane.

Plusieurs gendarmes katangais s’étaient debarassés de leur fusil en le donnant à la douane rhodésienne ou encore en l’enfuyant sous la terre.

Des troupes de l’ONU arrivèrent enfin à Mokambo. Elles ne commirent pas autant des brutalités comme nous nous attendions. Elles étaient composées essentiellemnt des soldats éthiopiens et indiens.

Certains déplacés commencèrent à regagner Elisabethville. Ce fut le cas de mon oncle Prosper qui voulait partir avec moi étant donné que les nouvelles qui nous étaient parvenues, affirmaient que les cours avaient normalement repris au collège Saint François de Sales après les vacances de Noêl. Papa Frédéric n’ayant pas été pour le retour, j’étais resté avec sa famille.

Un jour, plusieurs bus de transport en commun au Katanga vinrent chercher les déplacés qui étaient encore à Mokambo. Papa Frédéric ne voulait pas que nous les prenions mais se rendant compte que presque tout le monde s’embarquait nous fûmes autant. Ces bus avaient emprunté la route macadamisée rhodésienne de Mokambo-Mufulira-Bancroff pour reprendre le territoire national à Tshisenda et rejoindre Elisabethville la nuit du 13 janvier 1963.

Sortant du bus, pendant notre marche à pied vers la maison, nous avions été contrôlés par l’ONU.

Le lendemain je rentrai chez ma tante Emediane qui m’avait dit s’être réfugiée seulement à Kafubu. Les Balubakat et les Kasaiens n’ayant pas fui Elisabethville,se moquaient de fuyards en les menaçant de les faire repartir à Kanyaka.

Le 14 janvier 1963, dans un message adressé depuis Kolwezi, le président Tchombe annonça la fin de la sécession katangaise et revint à Elisabethville comme Président de la Province du Katanga selon les accords du plan Thant.

Le gouvernement central de Léopoldville avait envoyé à Elisabethville, monsieur Joseph Iléo, nommé pour la circonstance, ministre résidant au Katanga.

Les soldats de l’armée nationale congolaise commencèrent à déferler à Elisabethville et petit à petit ils avaient remplaçé ceux de l’ONU pour la garde des immeubles stratégiques où la patrouille à travers la ville.

Leur acceptation par la population posa beaucoup de problèmes à telle enseigne que les incidents eurent lieu par-ci par-là.

A la banque nationale un soldat avait abattu un blanc israélien parce qu’il avait refusé de respecter l’ordre qui lui avait été donné de ne pas marcher surle trottoir. Cet incident avait occasionné un arrêt de travail de 48 heures par tous les blancs d’Elisabethville.

Il y avait eu aussi diverses batailles rangées dans la commune Kenya appelée commune rouge entre soldats congolais et civils katangais dont l’une d’elles quiavait éclatée au bar de Jacob sur l’avenue du marchése solda par la mort du jeune Nyembo.

Après la sécession, les gendarmes katangais étaient partis nombreux en Angola ou en Rhodésie, d’autres continuaient à se signaler à Kasenga et d’autres encore redevenus civils étaient régulièrement dénoncés par les femmes libres kasaïennes et étaient arrêtés.

A la résidence présidentielle, les gardeskatangais avaient continué leur service jusqu’à se faire encercler, arrêter et tranférer à Léopoldville par l’ONU. J’avais personnellement vu les véhicules de l’ONU transportant ces soldats alors que je me trouvais au terrain Don Bosco dans le cadre de concours d’athlètisme organisé par le collège sur son terrain de l’avenue Saïo. Mwemedi de Mahundu était l’un des gardes arrêtés.

Le Président Tchombe n’avait pas été arrêté, seloncertaines informations, il serait parti par un tunnel reliant la résidence à la cathédrale et ne se manifesta qu’à Kipushi où il avait pris son avion pour l’Espagne endéclarant, »qu’il se retirait momentanément de la politique ».

Paragraphe 3 : Ma réusssite après repêchage,

Mon retour tardif après les vacances de Noêl n’occasionna aucune sanction.

Mon application fut comme par le passé remarquable tout comme mon intégration, cependant le cas Zeghers-Kanyimbu Lambert me revolta totalement. Eneffet, le congolais Kanyimbu s’était disputé avec son collègue belge Zeghers dans la matinée. Voilà que dans l’après midi avant que nous entrions en classe, Monsieur Zeghers, père du collègue et enseignant à l’école primaire Saint François de Sales vint aupréau du collège, interpeller et giffler Kanyimbu, l’adversaire de son fils. J’avais contesté vigoureusement contre un tel comportement auprès du père titulaire quiporta l’information aupère Préfet.

Aux examens semestriels, j’avais eu 48,73%et étais classé 22/30 mais après correction de certaines erreurs découvertes au calcul des points qui m’étaient attribués aux travauxjournaliers, mon pourcentage monta à 50,5 %.

Plusieurs de mes collègues avaient été chassés après les examens de1er semestre et au 2eme semestre nous n’étions que dix huit qui avaient réussi parmi lesquels, une dizaine dont moi-même était soumise aux examens de passage. J’avais eu 57,31 pourcent etme classai à la 11ème place sur 26 élèves. Au total général de l’année, j’étais 16/26 avec 53,2 pourcent

J’avais préparé le latin et le français au détriment detout le temps de loisirs car pour peu que j’essayais d’en jouir,mon oncle Prosper me réprimandait.

Les efforts que j’avais fournis n’étaient pas vains parce que j’avaissatisfait à mes examens de repêchage et fus admis en 5ème gréco- latine.

Paragraphe 4 :Le séjour de mon père à Elisabethville,

Au cours des grandes vacances, les enseignants de Mbulula vinrent à Elisabethville réclamer leur salaire qu’ils n’avaient plus touché depuis la fin de la sécession katangaise. Mon père ainsi que son petit frèrepapa Sixte étaient parmi ces enseignants. Nousallâmes les accueillir à la gare. Ils avaientlogé au katanga mission avec leur collègue Symphorien Ngoy et se rendaient régulièrement chez leur petite sœur Béatrice sur Welegelege, n° 101.

Au cours d’une réunion de famille chez ma tante Béatrice, je posais mes problèmes, dont celui d’avoir un vélo, cardepuis le troisième trimestre les bus scolaires avaient été suprimés et qu’ il fallait rejoindre le collège à pied. La réponse avait été negative, ce qui m’irrita.

C’est aussi pendant ces grandes vacances qu’Athanase confirma ses fiançailles avec Anastasie. Les parents s’étaient présentés à la belle famille pour doter. Ma tante Béatrice et maman Madeleine furent heureuses de constater que la fiancée d’Athanase était juste la fille de la famille hemba avec laquelle on avait échangé pendant la guerre de Noêl 1962 des propos discourtois sur la piste menant au village Kaniaka, avant de loger avec elle dans un même localà Baya. La cousine Margueritte dont la maison était proche de celle de cette belle famille avait joué le rôle d’intermédiaire entre les deux familles.

Après avoir touché leur traitement cumulé, les enseignants de Mbulula organisèrent leur retour qui se fit dans la tristesse pour papa Sixte. En effet, ayant consigné son argent chez mama Emédiane, il lui avait été répondu au momentoù il voulait le retirer qu’il avait été volé, ce qui avait occasionné d’abord le refroidissement des relations entre ma tante Emediane et Athanase puis la rupture.

Tenant compte d’autres incidents survenus auparavent, je partis loger chez maman Béatrice où j’avais rencontré aussi sous sa garde Sangwa Mayaliwa fils de Mazuri, le neveu de mon grand père Lumbu Pilipili.

P.-Lumbu2

Chapitre 3 : Ma cinquième Greco- Latine

Paragraphe 1er :La regression de mes conditions de vie,

Demes collègues avec lesquels j’étais passé en 5ème gréco-latine,je retiens encore certains noms tels que ceux de Mussinge Allisson, Mulanda André, Assily Policarpe, Kambulu Zacharie, Lennelle Jacques, Meert Willy,Saternerre, Jean Mutamba, Blampain Patrick. Nous rencontrâmes comme doubleurs, Baudry, Grimard, Kabangu Martin, Lennelle Pierre, Ilunga Pascal, Martini, Kafuti Paul, Tchiswaka Télésphore et comme élèves venus d’autres étabissements, Mussenge François.

Le professeur Klein devint professeur titulaire. Cet allemand était toujours aussi dur que l’année passée et d’aucuns nous racontaient que pendant la guerre il avait été victime de vol par les soldats de l’ONU. Il se plaignait régulièrement de la conduite de ces soldats et nous affirmait qu’il avait porté plainte au Tribunal International .

Les pères d’Hoose, Préfet et Picron nous donnaient respectivement le cours de latin et de grec, celui d’histoire et celui de religion. Le père Van Hut enseignait le françaisdont l’orthographe m’était très difficile à telle enseigne que chaque lundi je n’y obtenais pas la moitié tandis que Messieurs Colbaek, Joris, Jocquey, Weert et Lenoir s’étaient occupés de la géographie, l’anglais, les sciences, la gymnastique et le dessin.

Pour me rendre à l’école, je me réveillais très tôt le matin et prenais un bain très froid malgré la fraîcheur du climat, de peur d’être humilié par le professeur Weert au cours de la leçon de gymnastique.

C’est avec mon ami Victor Chungu que nous relions la commune Kenia au collège où nous devions nous présenter avant 7 h 30’ et cela à pied. Nous n’avions pas de montre et étions alertés par les sirènes de l’Union Minière du Haut Katanga « UMHK » ou par celles de compagnie de chemin de fer du Bas Congo au Katanga « BCK ».

L’année était mauvaise ; aux tracas occasionnés par la suppression des bus scolaires, s’était ajoutée la vie chère causée par la dévaluation monétaire avec l’apparition des billets du Conseil monétaire. La farine blanche avait cédé sa placeà la farine jaune. Les poules en boîtevenaient de marquer leur présence, bref, la misère congolaise se substituait à la joie katangaise. Beaucoup de familles ne tenaient plus au coût de vie et la nôtre ne fit pas excéption. Nous commencions à manger difficilement et je manquais les manuels scolaires.

Athanase était à sa deuxièmeannée à l’Université d’Etat du Katanga redevenue Université officielle du Congo,et s’attela à alléger mes souffrances.

Il m’invitait au restaurant « chez Angelina » pour y prendre un pain et une tasse du lait à midi au lieu d’attendre affamé les cours de l’après midi. Il me donnait de l’argent pour me permettre de prendre de temps en temps le bus ou acheter les cahiers, mais la somme étaitinsuffisante compte tenu des exigences du collège.

J’étais souvent renvoyé pour manque de l’un ou l’autre manuel, cahier ou matériel ! Il m’était arrivé de frapper un jour mon collègue Lennelle Jacques en plein cours de dessin, tout simplement parce que fâché de ses moqueriespour mon manque de la couleur à eau qui devait être employée alors que le professeur m’interdisait de me servir de celle de mon voisin.Je n’avais ni boîte d’aquarelle, nipinceaux, ni compas sophistiqués. A la fin de la leçon, il avait ramasséles feuilles et m’avait côté zero ! Lenelle rit aux éclats et me répéta les reproches du professeur, ce que je n’avais pas toléré et le renversaisans menagement. Cette attitude me valut des réprimandes de la part du professeur et du préfet.

Je connus une cascade de renvois. L’irrégularité de matériels scolaires me conduisit à l’irrégularité aux cours. D’une période à l’autre, ma moyenne dégringolait et fit écrire par le professeur Klein dans mon journal à mon tuteur de me retirer du collège et me placer dans une école professionnelle.

Aux examens du premiersemestrej’avais échoué avec 43,4 pourcent.

Paragraphe 2 : Mon premier voyage par train,

Pendant les vacances de Pâques, je partis avec Lumbu Lumande à Kolwezi où travaillaient les oncles paternels Joseph Mwehu et Symphorien Kilonda. Papa Joseph s’était installé à Kolwezi depuis la fin de la sécession comme enseignant avant de devenir chef de bureau principal au ministère provincial de l’agriculture de la nouvelle province de Lualaba. Papa Symphorien était par contre à Kolwezi depuis avant l’indépendance où il servait dans la police avant de devenir pompier.

Ayant pris le train courrier à Elisabethvilleun soir, c’est tôt le matin que nous rejoignîmes Kolwezi. En route à chaque gare nous descendions du train et neremontions qu’au signaldu départ emportant parfois quelques articles en vente.

Lorsqu’on se croisait avec un autre train courrier on s’injuriait avec les passagers de l’autre train.C’était pour moi la toute première fois de prendre un train.

A Kolwezi, c’est chez papa Joseph que nous avions logés, juste à côté de l’école Notre Dame de Fatima à Manika et nous rendions souvent visite à papa Symphorien.

Kolwezi vivait à l’ère de Diur Dominique, Président provincial de Lualaba, surnommé « Saint Nicolas » parce qu’il distribuait de l’argent. A chacun de ses passages à la cité, il autorisait aussi aux gens de manger tout ce qu’ils rencontraient au marché ou de boire dans les boîtes de leur choix, quitte aux propriétaires d’introduire leur réclamation à la présidence où ils se faisaient dédommagés.

J’ai eu l’honneur d’assister un jour au meeting du Président Diur au cours duquelil ventait les richesses de la province de Lualaba et de la transformation future de la ville de Kolwezi suite aux accords qu’il venait de passer avec les étrangers pour l’exploitation des minerais.

A la veille de notre retour à Elizabethville, je reçus de papa Symporien un imperméable.

Le voyage de retour était aussi agité et c’est dans l’allégresse que nous rejoignîmes notre résidence où la tante Béatrice écouta les péripéties de notre séjour à Kolwezi.

A Elisabethville nous avions accueilli maman Thèrese, qui s’était présentée être la femme de papa Prophile. Elle venait de Stanleyville, ville qui venait de tomber dans les mains des Mulelistes. Elle avait dit avoir laissé papa Prophile au front. De temps à autre des bruits couraientsur sa mort éventuelle.

Maman Thérèse avait un enfant qui s’appelait « Augustin Lumbu Pilipili » et était à terme. Elle donna naissance à une fille qui reçut le prénom d’ Albertine et le nom de Mwayuma comme ma grande mère présente à Elisabethville, chez sa fille cadette Béatrice Lumbu Pombo.

Paragraphe 3 :Les Batailles dans le quartier et dans la commune Kenia,

L’après Pâques fut marqué par d’innombrables batailles dans notre commune et notre quartier ce dont nous relatons ci-dessous quelques unes.

Avec Lumbu Lumande, nous passions la nuit dans la chambre de la tante Emediane sur l’avenue Manono, où elle résidait après son divorce avec papa Adoniah. Absented’Elisabethville, elle nous avait chargé de garder sa chambre.

Nous passions toute la journée au 101 rue walegelegen et c’est après le souper que nous rejoignions notre logis.

Plusieurs fois nous passions d’abord sur l’avenue Bukama où nous lisions chez notre ami Célestin Lumbu le quotidien du soir « la voix du Katanga ».Les nouvelles sportives étaient celles qui nous intéressaient et une discussion entre les supporters de Saint Eloi Lupopo et ceux de Tout Puissant Englebert s’engageait. Un soir, nous n’ avions pas trouvé Célestin mais plutôt un groupe de filles qui dansaient et les ayant provoqués, une réaction brutale nous avait été réservée.

Voulant les démontrer ce dont nous étions capables nous rentrions à la maison où je me vêtis comme une fille et revenions sur le lieu. Les filles nous admirèrent avant de réagir en poussant des cris hostiles, qui firent venir leurs frères qui nous mirent en fuite.

Le lendemain ayant découvert notre maison elles se mirent à défiler devant elle,chantant et dansant pour nous ridiculiser. Cette situation dura beaucoup de jours et comme elles nous proféraient aussi des injures, tous les voisins s’aperçurent qu’un différend nous opposait.Le défi nous était lancé et il fallait le relever par tous les moyens.

De retour de l’école un mercredi midi, j’entrai à la douche lorsque j’entendis des bruits marquant le passage de nos adversaires.Informé, alors que je me lavai encore, dès ma sortie de la douche je me dirigeai vers le groupe et gifflai la fille qui parlait le plus jusqu’au moment où elle avait prit la fuite. Jefis autant avec l’autre.

Toute la famille se mit à attendre la réaction qui ne tarda pas. En effet, un groupe de jeunes gens vint à notre rencontre. Un ancien collègue du Collège demandait à Elise de lui désigner celui qui l’avait battue.

Placésface à face nous ne comprenions pas tous les deux.Je ne savais pas que Tchovu était le grand frère d’Elise et lui ne s’imaginait pasque je pouvais être son éventuel adversaire. Nous nous tendions la main à l’étonnement detous et la bataille à laquelle tout le monde s’attendait n’eûtpas lieu. Tchovu calma les membres de sa famillee et ils rentrèrent malgré le mécontentement de la fille qui se tourna vers ses amis.

Alors qu’il se rendait au dispensaire, Sangwa Mayaliwa fut attaqué par un groupe de garçons qui étaient en compagnie d’Elise et Kabambi. Il n’avait eula vie sauve que grâce à notre frère Fidèle Sangwa qui l’avait apperçu.

Alertés, tous les miens allèrent à la poursuite de ce groupe, battirent ses membres et arrachèrent leur matériel de combat, montre et autres articles. La bataille s’étantpoursuivi le soir, tous ceuxqui s’étaient échappés pendant la journée furent aussi très sévèrement corrigés. Le sang coulait de leurs blessures et leurs habits avaient été réduits en lambeaux.

Au cours de cette bataille, je fus personnellement arrêté à la hauteur du marché et conduit au commissariat de la police.

Papa Fréderic me fit libérer après payement d’une amende.

Depuis lors, nous nous opposions régulièrement aux différents groupes de jeunes gens réputés de la commune rouge. Notre rénommée s’imposait petit à petit et se confirma après une bataille contre une famille kasaîenne et contre les policiers.

En effet, Nous vendions des arachides tout en faisant une publicité qui attirait un grand nombre de clients, « kalanga, ayugu, arachides, tumbele » tel était le cri que nous lançions entrecoupé parfois par le blocage d’une cliente à qui nous implorions d’acheter. Ayant bloqué une fille qui s’était mise à nous proférer des injures, ce qui ne nous avait pas plû et voulant réagir on m’avait prier de rentrer à la maison.

Je n’avais pas encore passé un quart d’heure lorsque je vis Lumbu Lumande rentrer portant une chemise déchirée. Il m’informa que la dispute avait continué après mon départ et qu’elle avait dégéneré en bataillecar la jeune fille dont les membres de famille vendaient aussi au marché s’était fait aider par tous ceux-ci.

Tout à coup nous entendîmes des clameurs derrière notre maison. Les assaillants avançaient et s’affairaient tous autour d’un des nôtres dont le sang coulait de la tête et la chemise complètement déchirée ! Cette vue nous effraya. Nous voulions nous enfermer dans la maison, mais craignant qu’elle ne soit détruite, nous prîmes le matériel de combat que nous avions eu l’occasion de confisquer d’autres fois.

Nous nous mîmes à frapper tout le monde dont des grosses mamans qui criaient trop. La douleur que leur causa ces morceaux de chaines suspendus aux bâtons fit stopper leurprogression. Croyant trouver leur salut dans la fuite quand la victoire changeait de camp, nos assaillants allèrent s’enfermer dans leur maison que nous nous mîmes à saccager.

Lorsque des policiers arrivèrent. Ils s’attaquèrent à nous brutalement ce que Sangwa ne supporta pas. Il mit par terre l’agent de l’ordre qui le bousculait. Au même moment Juvénal arracha le fusil d’un autre et Lumbu Lumande porta un képi qu’il avait confisqué. La débandade élit domicile dans les rangs de policiers sous les acclamations de la foule des curieux.

Quand un autre groupe de policiers s’avança vers nous, fusils braqués à notre direction, Juvénal leur pointa le sien, ce qui leur fit disparaître dans la nature. C’est alors que nous apprîmes qu’un renfort était demandé au camp militaire et que par prudence nous préférâmes nous rendre nous-mêmes à la permanence de la police.

Nous suivâmes la rue walegelegen sous les regards admirateurs de la population qui nous appelait « Mulele », pour avoir mis en déroute les policiers. Le commisaire de police n’en revint pas lorsque nous nous présentions devant lui avec le fusil.

Après toutes nos explications, il décida de nous mettre au cachot pendant que nous protestions et voulûmes nous rebeller. Il nous fit comprendre le bien fondé de sa décision. De la même tribu que nous, des bobards risquaient d’être exploités en cas de notre insoumission.

Nos adversaires furent aussi recherchés et arrêtés. L’interrogatoire commença dès la nuit. Pour éviter notre réaction collective, nous avions été placés dans des cellules différentes, dès que nous avions commencé à détruire la porte du cachot dans lequel nous étions tous détenus.

Le lendemain matin, je fus libéré avec Lumbu Lumande après que papa Frédéric ait payé les amendes. Juvénal et Sangwa furent amenés à la kasapa en détention préventive pour  » rébellion ». Ils rentrèrent à la cité après un internement de presque un mois.

La dislocation de la bande à quatre intervint avec le départ de Lumbu Lumande pour Kolwezi.

A la fin de l’année scolaire, je n’avais pas passé de classe mais plutôt autorisé à doubler. En effet, classé 22e/23 avec 43,4 pourcent au premier semestre, j’obtins 48 pourcent au deuxième semestre et 45,74 au total general.

Paragraphe 4 : Boutonnier puis vendeur de l’hebdomadaire  » JUMA »,

Boutonnier chez Monsieur Capelluto pendant les grandes vacances, ce commerçant n’avait pas voulu fixer mon salaire à 100frs par jour comme pour les autres travailleurs mais plutôt à 66frs. Sous le froid de la saison sèche, je travaillais de 7 h 30’ à 17h. au barza de son magasin situé sur l’avenue Moëro. Après une dispute m’ayant opposé à son épouse à cause de la différence du taux de salaire, le contratfut résolu. Je partis au grand regret du tailleur Cyprien qui avait soutenu mes prises de position face à nos patrons.

C’est pendant cette période que Tchombé retourna au payset fut chargé par le Président Kasavubu à former legouvernement congolais de salut public. De boutonnier je devins vendeur de l’hebdomadaire « juma » que je retirais sur l’avenue Albert auprès de Monsieur Kahozi Prosper pour l’écouler dans les bars disseminés à travers les communes Albert et Kenia.

J’appris à supporter les humiliations surtout des femmes libres qui après avoir retenu un numéro pendant longtemps me le remettait en m’injuriant au cas où j’exprimais mon mécontentement.

Je fus aussi humilié lorsqu’alors que j’avais touché ma commission à l’hebdomadaire « JUMA », certains s’étaient fait de l’argent que j’avais, l’idée que je l’avais soutiré de la poche du manteau de mon grand père Lukonzola qui était venu nous rendre visite. Ayant mis à un clou son manteau pour aller prendre bain, il avait constaté au retour la perte de son argent !Qui avait pris cet argent ? Etait-il mangé par les termites ? Ne cessait-il de s’écrier.

Chapitre 3 : Ma reprise de la cinquième greco-latine

Paragraphe 1er : Les conditions de vie relativement bonnes,

A l’ouverture de l’année scolaire, je reprenais les études en 5ème année gréco-latine. Deux autres collègues reprenaient aussi la classe.Il s’agissait de Kambulu Zacharie et de Jean Sartenaer. Nous venions d’être rejoints par les Blaise Mwilambwe, Gérard Banza, Gaza Frédéric, Blanpain Bernard, Lenelle Marc, Loubris, Derché, Pelliza Franco, Zeghers, Kalunga Stanislas, Kasala Lucien, Kayembe Charles, Alain. etc…Messieurs de Greef, Colbaeck, Jocquey , Weert, Le Noir, Le Brun, Les pères Picron, Remeurs et Basse, nous donnaient respectivement les cours de français, géographie, physique, gymnastique, dessin, math, grec, histoire, anglais. L’année semblait relativement facile tant par les conditions de travail dans lesquelles j’étais soumises que par les répétitions des matières déjà étudiées.

Le professeur de français était notre titulaire et contrairement au père Vanhutt il nous dispensait de l’orthographe, ma bête noire. Monsieur Le Brun ne nous interrogeait pas quant à lui quotidiennement comme le faisait Mr. Klein. Le père Picron par contre était très généreux dans son enseignement du grec.

Athanase, m’avait obtenu l’autorisation de prendre chaque matin avec les étudiants, le véhicule de l’ONU à la hauteur des résidencesestudiantines situées au Cuivre- zinc. Le soir, je regagnais la commune rouge à pied à côté de mon collègue Chungu Victor, élève en 5ème moderne. Les rayons solaires, les averses, la faim, la fatigue ne venaient pas à notre bout et ne nous détournaient pas de notre objectif d’apprivoiser le savoir.

En janvier 1965, en sa qualité d’étudiant marié, Athanase obtint un logement au quartier Bel-Air, sur l’avenue Crevilleas et m’y invita d’y résider. J’y avais rencontréson épouse Brigitte qui se déplaça temporairement la veille du mariage civil d’Athanase avec Anastasie Nyungu, le 6 février 1965.

Célébré à la commune Elisabeth, ce mariage avait été fêté à la résidence de Joseph Kilanga situéé près de la gare centrale.J’avais remarqué la présence de mon oncle Prosper et de Dieudonné Kahozi, étudiants à l’UOC. Il y avait aussi l’agronome Willibrod Muyumba et la fille du Premier Bourgmestre du moment qui avait beaucoup dansé aux côtés d’autres filles.

De Crevilleas, nous avions déménagé sur l’avenue Savonniers au 1825 bis où contrairementà la maison antérieure, seule notre famille y vivait. Edmond, Julienne, Baudouin, petits frères d’Anastasie vinrent habiter avec nous.

Le climat était bon. Athanase n’admettait cependant pas contrairement à nos coutumes, des blagues ou des jeux entre moi et son épouse sous peine des fortes réprimandes et humiliations.

Pour faire face à ses énormes responsabilités de mari et tuteur d’une famille nombreuse, Il se mit à effectuer le stage à la compagnie de chemin de fer du Bas Congo au Katanga « BCK ».

Aux examens semestriels, j’obtins 63,80 pourcent et avait été classé 10/23.

En classe, je passai pour meneur. Même mon collègue français, Derché, alors réputé tête dure, ne pouvait me concurrencer. Je connus pourtant un défi que m’avait lancéGaza Frédéric, voisin de banc qui m’avait invité au combat.Absent de la plaine Don Bosco où il voulait se mesurer à moi, il cria à la vitoire !

Je partais et rentrais du collège par bus de l’Univérsité. En effet, enfant sous garde d’un étudiant, une carte de transport m’avait été octroyée. Je rentrais même à midi à la maison pour dîner avant le cours de l’après-midi.

Un jouraprès avoir dîné, j’attendais encore à la maison avant de me présenter à la station de bus, lorsque j’avais entendu le vrombissement du moteur. Julienne et sa sœur Anastasie s’étant écrié  » Protais bus, » de peur de le rater, comme la porte du salon était fermée, au lieu de sortir par la porte de la cuisine que je trouvais éloignée, je tentai de sauter par la fenêtre. Dommage, mon pied gauche avait heurté une vitre à la hauteur du genou.

Le choc était si important que le verre se fracassa, ouvrant une profonde blessure dans ma chair. Anastasie accourut vers moi et me traîna vers la cuisine où elle m’administra les premiers soins. Je me rendais le lendemain au dispensaire de l’Université pour recevoir des soins appropriés. Il me fut signifié, qu’enfant sous garde d’un étudiant je ne pouvais pas me faire soigner à ce dispensaire. N’ayant pas eu la patience d’attendre de longues files des hôpitauxde l’Etat, je choisis de continuer à me faire soigner à la maison.

Cet accident m’empêcha de participer au concours d’athlétisme. Pourtant toutema classe fondait ses espoirs sur moi, commel’année antérieure j’avais obtenu une médaille en bronze.Je n’allais plus contribuer grâce à mes points à éléver la moyenne de ma classe.

Le manque d’une attestation médicale, malgré la vue de ma bande ne convainquit pas Mr Weert àme dispenser de la gymnastique. Incompris, je criais à l’injustice et même à la discrimination, car s’agissantdes élèves blancs, la réaction de ce professeur n’était jamais semblable. Je refusai à me soumettre à ses recommandations de faire la gymnastique avec ma plaie saignante. A la période il me côta 0/40.

Brigitte nous revint à lamaison, après qu’elle ait donné naissance à une fille en mai 1965. Le prénom de Chantal lui avait été donné et le nom de Mwayuma, comme notre grande mère. Matumba était le jeune frère de Brigitte qui vint vivre avec elle pour garder le bébé, pendant que Kolomoni et Tundu passaientde temps à autre.J’avais accompagné Athanase auprès des parents de Brigitte qui habitaient aussi au quartier Bel air, au-delà de l’avenue de Plaine entre l’avenue Sapinniers et le camp Massart pour déposer la dot de Brigitte.

Nous vécûmes aussi à la maison pendant une période avec un ami d’enfance d’Athanase qui s’appelait Protais. Il était avec son épouse nommée Appoloniaqui avait accouché un enfant qui décéda peu après sa naissance à la clinique de BCK et son petit frère Joseph. De temps à autre son oncle Eustache qui habitait à la commune Kenia venait le visiter.Mon homonyme m’intriguait beaucoup par ses achats de lapins et œufs !

Paragraphe 2 :Supporter de Saint Eloi Lupopo,

J’étais obligé à la maison à demander toujours une autorisation chaque fois que je devais sortir.Supporter de Saint Eloi Lupopo, j’assistai à tous ses matches et chaque foisqu’il y avait un match important, j’assistais aussi aux entraînements.Edmondle petit frère d’Anastasie me suivait souvent !

Au retour à la maison on me refusait le souper et quand Saint Eloi perdait je manquai moi même l’appétit. En cas de victoire surtout contre Englebert, je participais au défilé à travers la commune Albert et la commune Kenya avant de rentrer à la maison parfois avec des habits déchirés dans des combats.

Il m’était arrivé un jour au stade Leopold II, de descendre sur le terrain pour destabiliser en le frappant, le goal keeper Itala de l’équipe de la Banque qui avait trop résisté. J’avais en effet, profité de la joie au marquage du premier but et quand les policiers m’avaient poursuivi, les autres supporters de Saint Eloi leurs avaient fait barrage en me permettant de m’enfoncer dans la foule. Zeke, Mulele « assassin », Major Kamulembe, Sozinyu, Robinson Mutombo et plus tard Docta Jaeck étaient mes idoles.

Aux examens de deuxième semestre j’obtins 57,14 pourcent et eus un total général de 60,64 en me classant 13/24 avec obligation de repêcher en français et en géographie.

Je passai ainsi toutes les vacances en train de préparer mes examens.

C’est rarement que je me rendais à Kenya ou à Katuba visiter ma tante et mon oncle Cyprien qui venait de s’installer à Elisabethville et donnait cours à l’école primaire Saint Boniface.

Ma bonne préparation me permit de réussir avec mon collègue Stanislas Kalunga avec lequel, je visitai notre professeur de français, Monsieur de Greef et d’être admis en 4ème gréco- latine.

Chapitre 4 : Ma quatrième Greco- Latine

Paragraphe 1er :Du quartier Belaïr à la commune Kenia et Katuba,

En passant en 4ème gréco-latine, ma joie était débordante car je me disais avoir commencé des affaires sérieuses. Richard et Germain frères de notre voisin, l’étudiant polythéchnicien Célestin Lukusa, achetèrent mes livres de la 5ème année. Cela me procura de l’argent de poche que j’employais pour mesentrées au stade Léopold II.

De mes livres de 4ème année  » De Bello Gallico »était celui que j’avais acheté le premier. J’étais très interressé d’être informé de conquêtes de César. L’allemand devint la 3ème langue parlée à étudier après le français et l’anglais, «le latin et le grec étant des langues mortes ». C’était ensemble avec les élèves de la 5ème moderne que nous avions le cours d’allemand.

Je retrouvai cette année Tshiswaka Télésphore qui reprenait la 4ème , aussi le père Van Hutt revint comme professeur de français. Le père Doux notre titulairenous enseignait le latin pendant que Messieurs Le Brun, Jocquey, Orion et Weert nous donnaient respectivement les cours de mathématiques, physiques, chimie, histoire et gymnastique.

Athanase ne s’étant pas présenté aux examens de la 1ère, comme de la 2ème session, l’Université lui retira la bourse et le pria de quitter la maison.

Nous allâmes habiter à la commune Kenya chez notre tante Béatrice où nous trouvâmes énormement du monde. Aucunechambre n’étant pas libre nous tous qui étions venus du Bel Airpassions la nuit au salon où les punaises nous visitaient.

Ecarté aussi de BCK, Athanase n’était pas capable de sécourir les visités. La détérioration de mes conditions matérielles étaient sans pareille. Je quittai chaque matin la maison avec espoir de manger là où je me rendais.

J’avais retrouvé à la résidence de ma tante, Sangwa Mayaliwa qui servait au bar d’Henriette au coin des avenues Bukama et Lubudi et j’allais régulièrement le visiter le soir.

Un jour je le trouvai en train de discuter avec un client qui n’hésita pas de lui cracher au visage avant de le saisir au collet et déchirer le tricot d’Edmond qu’il portait ce soir. Cette scène m’attrista et faisant semblant de demnder ce qui se passait, je saisis l’agresseur et lui assènai un coup de poing au visage qui le renvoya à la renverse. Avec mon pied je lui écrasai le visage. Ses amis vinrent à son secours. Les trouvant nombreux je me sauvai à pas de course vers l’avenue Bukama.

M’ayant suivi, nous nous engageâmes dans une course de fond lorsque remarquant qu’ils allaient m’ attrapper,je sautai du macadam à la brodure de la route.Mon poursuivant direct prit de vitesse alla s’écrouler devant moi. Je m’arrêtai et lui administrai des coups de pied jusqu’au moment où s’approchèrent du lieu ses collègues quis’occupèrent de lui au lieu de me poursuivre.

Ayant touvé à la maison tout le monde déjà endormi,je plaçais sous une autre chemise, unehacheet rentrai au bar où je rencontrai les agents de l’ordre en train d’arrêter ces mauvais clients.

Des difficultés matérielles rencontrées à cette nouvellehabitation ne me permettaient pas de préparer mes leçons. Il était déjà annoncé que cette année les examens semestriels allaient avoir lieu en décembre.Je manquai les cahiers, le bic, l’argent pour payer mon bus ou le pétrole pour la lampetempête et même de la nourriture. C’en était trop.Mon oncle Cyprien vint un jour se plaindre auprès d’Athanase de ce qu’il avait appelé  » mon abandon ». Je quittai la commune Kenia pour le rejoindre à la commune Katuba à sa résidencesituée sur Lulonge n°78.

On parlait pendant ce temps de la prise de pouvoir par le Haut commandement Militaire dont leur chef, Joseph Désiré Mobutu devint le Président de la République Démocratique du Congo. Juste avant cet événement mon oncle Prosper Sinyembo Kitoko, alias PROSKI avait quitté l’Université Officielle du Congo à Elisabethville où il venait d’épuiser ses sessions pour étudier à Léopoldville.

Paragraphe 2 : Mon combat contre Tonon,

A l’école une bataille contre Tonon au parc Albert me fit renvoyer pendant toute une semaine. Elle occasionna mon affirmation au collège et une sympathie remarquable de mes collègues.

En effet,Tonon venu de l’Afrique du Sud était costaud, grand fumeur de cigarettes et très arrogant. Dès son arrivée, il tenait à s’imposer non pas seulement sur nous ses collègues mais aussisur les professeurs. Tout le monde le craignait et il en était conscient. Sans courtoisie il abordait en classe divers sujets dans lesquels le noir était ridiculisé.

Un jour pendant que le père Van Hutt donnait sa leçon, une discussion surgit à nos bancs de derrière sur« le retour aux arbres des noirs en cas de départ des blancs ». Je soutenais le contraire pendant que dans une insolence incroyable Tonon récoltait des sourires mêmes de collègues noirs !

Le père Van Hutt intervint et ordonna un silence sous peine de se faire exclure et avoir un zéro. Tonon ne se tut pas.Le père non plus ne le sanctionnait pas. Je décidai de rattraper mon retard en arguments lorsque mon exclusion avait été annoncée. Protestant contre ce que j’avais appelé la discrimination raciale,le père ordonna aussi à Tonon de sortir. Ce dernier contesta et promit de me corriger au parc après les cours.

A la récréation du soir la nouvelle du combat qui allait m’opposer à Tonon se répandit. Tout le monde souhaitait d’y assister. Au rassemblement du soir sous le préau oùnous adressions nos prières et nos chants à Don Bosco et Dominique Saveio avant de nous séparer, Tonon se plaça derrière moi pour éviter ma fuite éventuelle. Au départ du collège, Tonon se colla derrière moi.

A tous ceux qui lui imploraient la pitié à mon égard, mon silence signifiant la demande d’excuse, il refusa catégoriquement.Fabrizi agrémentait l’événement en me comparant à  » Scipio l’africain’’pendant que Tonon recevait le surnom d’ »Hannibal ».

Dans la foule qui nous suivait,quelques petis blancsse distinguèrent à inviter leur frère à m’administrer des sérieux coups à ma guele qui pourrait désormais se taire. Mon silence était de marbre et je continuai à marcher comme à l’accoutumée à côté de Victor Chungu. Effrayé par la corpulence de Tonon, Victor me suppliait à détaler. Lorsque par l’avenue Wangermée nous arrivions à l’entrée du parcAlbert, Tonon m’invita d’y entrer.

Ne voulant pas m’arrêter, il me prit par le bras et me tira si violemment que je faillis tomber.Les cris de ses admirateurs l’encouragèrent.

Cet acte me révolta et confiant ma malette à Victor, je lui affirmais que j’allais me battre, mais qu’il devait nous séparer au cas où j’étais perdant.Je me mis à déclarerque « le Congo était indépendant depuis cinq ans et qu’en aucune façon je ne pouvais supporter à ce qu’il me ridiculise à cause de mon pays ».

Tonon s’avança vers moi et voulait me tenir par une prise de Judo. Plus rapide, je fonçais vers lui dans un corps à corps, le tint fortement puis le souleva avant de le renverser par terre. Je lui donnai. Une clameur fendit l’air. Personne n’osait nous séparer. Je lui assènai des coups de poings à la figure.

Monsieur Lenoir qui de sa voiture suivait, vint. Il gronda les grands élèves pour leur passivité. Je ne cessai de vanter ma victoire pendant que Tonon, des habits portant des traces de la terre et la bouche saignant me regardait essoufflé.

Un agent de l’ordre arriva et le professeur Lenoir nousmit à sa disposition. Je rassurais l’assistance de l’issue heureuse à mon égard que prendrait cette histoire à la permanence centrale. Suivis par une foule, nous traversâmes le parc, en nous croisant avec les filles de Sacré cœur, plongées dans l’admiration en s’imaginant la scène de David et Goliath de la Sainte Bible.

A la permenance, le commissaire de la police nous reçut dès notre arrivée. Je lui parlais le premier sur le favoritisme entretenu au collège en faveur des blancsen général, avant d’aborder le cas typique de Tonon quidéclarait que les policiers congolais étaient incapables de l’arrêter.

A une question du Commissaire de police lui adressée, Tonon répondit arrogament en s’exclamant si la constitution congolaise l’autorisait à l’arrêter. Je profitais de l’occasion pour insister du comportement scandaleux de Tonon.

Fâché, le Commissaire de police appela un policier à qui il ordonna à conduire Tonon au cachot et me pria de partir à la maison pour repasser le lendemain à 9 heures.

Victor m’attendait dehors et ensemble nous partîmes sous emotion.

Le lendemain au collège, tout le monde parlait de l’événement de la veille et c’est avec beaucoup d’admiration que sur la cour ou dans la classe j’étais abordé. Cependant le père Préfet ne l’entendait pas de cette oreille. Lorsque je lui avais demandé l’autorisation d’aller à la permenance, je remarquais que quelque chose se tramait contre moi.

A la permenance, le commissaire de police m’informa dans quelles circonstances les parents de Tonon avaient exigé mon internement au cachot et qu’il s’était opposé. Il avait déjà libérémon adversaire et me permit de rentrer à l’école.

Le soir, au bureau du père préfet, après un échange des mots durs, une enveloppe me fut remise à l’adresse de mon tuteur. Par cette note j’étais renvoyé du collège pour deux semaines ; deux semaines durant lesquelles des zéros m’avaient été collés à toutes les interrogations. C’était trop ! Après le terme de la sanction, je réintégrai le collège et appris que Tonon avait été aussi renvoyé mais pour une semaine.

Paragraphe 3 : Mon renvoi du collège,

C’est chez mon oncle Cyprien que je préparais mes exames semestriels. D’orès et déjà, j’avais constaté que ma moyenne aux travaux journaliers était basse pour n’avoir pas participé aux interrogations pendant deux semaines entières.

A la proclammation, l’habitude du collège était que le cité se mette debout. Non pas seulement lorsque dans la salle de cinéma, le père directeur avait cité mon nom, je ne me levai pas mais aussi après qu’il ait cité 47,41% , je claquai mon fauteil et sortis sous les regards hagards des élèves et professeurs. Jamais dans l’existence du collège, un tel comportement n’avait été enregistré.

A la remise des bulletins dehors, mon titulaire se précipita de me donner le mien sans suivre l’ordre. Je quittai le collège tout fâché.Fâché à l’idée que le collège avait forcé mon échec, pour justifier mon renvoi définitif !

Je portais à la connaissance de ma famille ces mauvais résultats. A la commune Kenya une dispute s’engagea entre moi et papa Frédéric qui me critiquait d’avoir quitté sa maison pour aller vivre chezmon oncle en vue de réussir mieux aux examens et voilà que j’avais échoué. Humilié, je répondis avec insolence, raison pour laquelle il voulait me giffler, n’eût été l’interposition de Rogatien Munganga.

Athanase s’était réinscrit à l’Université et avait été relogé au coin des avenues Savonniers et Acacias. Avec ses épouses il avait regagné le quartier Bel air. Je le rejoignispas etpassai chez lui le jour de nouvel an 1966 avant de regagner la commune Katuba le lendemain. Lui ayant informé de mes résultats, il ne réagit

A la rentrée scolaire, dès mon arrivée à la cour du collège, on m’informa que le père Préfet m’invitait à son bureau.M’y etant rendu il me remit une enveloppe qu’il m’avait prié de remettre à mon tuteur. L’ayant ouvert,je lis les phrases suivantes contenues dans une note.  » Nous vous assurons Athanase que s’était plus pour vous que pour lui que nous l’avions gardé encore au collège et pour nous éviter d’avoir plus de problèmes nous vous demandons de le retirer du collège… »

J’étais donc définitivement renvoyé du collège en pleine année scolaire ! Je remisla note à Athanase dont le contenu suit :

COLLEGE ST. FRANCOIS DE SALES.

Ecole Officielle

B.P.296 ELISABETHVILLE-Tel.5301

B.B.A.5007-B. du C. 818122

Ch. Post.V. 187-Socob. 473

Elisabethville, le 5/1/1965

Athanase,

L’année commence à peine et je me vois déjà obligé de me plaindre de Protais.

Le jour de la proclamation des résultats (le mercredi 22 décembre) Protais a d’abord déjà refusé de se lever à l’appel de son nom. Pourtant j’ai assez insisté sur cette forme de politesse. Ensuite quand il a entendu so nom

‘’LUMBU Protais’’ 48 /il a claqué son fauteuil et sans dire quelque chose il a quitté la salle où la proclamation a eu lieu.

Nous aurons toujours des difficultés aves Protais ; il se croît continuellement persécuté. Il n’y a pas moyen de travailler dans un climar pareil. C’est pour cela que je vous demande de le retirer du Collège et de le placer ailleurs ; il y a d’autres établissements , dont l’esprit convient probablement mieux à Athanase.

Je vous ai déjà dit que « si nous ne l’avons pas encore renvoyé, c’est plus pour vous que pour lui. Mais je crois que cette fois-ci nous ne pouvons pas aller plus loin.

Athanase, j’espère que vous comprendrez les difficultés que nous éprouvons avec Protais et surtout les difficultés, plus grandes encore à éviter.

Nos meilleures amitiés

Signé

Le 11/1/1966, je retirais le certificat de frequentation dont mentions suivantes :

Collège St-François de Sales

Ecole Officielle.PP Salésiens

Elisabethville

 

CERTIFICAT DE FREQUENTATION

No 1388

Je soussigné REUMERS Paul-Henri

Préfet des Etudes du Collège Saint-François de Sales à Elisabethville, certifie que

Monsieur LUMBU Protais

Né à Kayanza le 22/04/1948

A suivi, dans l’établissement dont la direction m’est confiée, les cours

De Ive latine(de 12 septembre au 5 janvier1966)

durant l’année scolaire 1965-1966

Etquesaconduiteaété

Elisabethville,le 11/1/1966

Le directeur,

Remeurs P.H. Signature

Sceau du Collège

Ce certificat est délivré uniquement pour renseignement

Paragraphe 4 : Les démarches pour réintegrer le collège, s’insrire à une autre école et la recherche d’un emploi,

Ayant regagné la nouvelle résidence d’Athanase au quartier Bel Air quoique la vie ait continué à être difficile sur le plan d’alimentation, l’idée de mener quelques démarches pour rentrer au collège me vint.

Je me présentai au ministère provincial de l’éducation tenu en ce moment par Kibassa Maliba Frédéric.Je fus reçu par son attaché, Sampasa Godefroid.Ce dernier étudiait àl’Université officielle du Congo. Il me connaissait par l’intermédiaire d’Athanase et de Prosper étudiants comme lui à l’Université Officielle du Congo.

Après lui avoir exposé toutes les difficultés que j’avais connues au collège, Sampasa me donna une note que je devais aller présenter au père Préfet. Ce dernier refusa de la recevoir. Ayant apporté cette information au ministère, monsieur Sampassa décida de se rendre lui même au collège. Je restai à l’extérieur quand ilentra discuter de mon problème au bureau du père Préfet.

A sa sortie, souriant, il me pria de rejoindre son bureau où il m’exposa brièvement des inquiétudes du collège pour mon retour, sur le plan discipline et autorité.

L’attaché du Ministre m’affirma que selon lui, de ce qu’il avait entendu parler de la situation passée, il n’était pas convenable que je rentre au collège car les professeurs allaient certainement m’en vouloir. Une recomandation me sera donnée pour une autre école et qu’il fallait passer prochainement la chercher.

Comme toutes les fois que je me présentais pour retirer la recomandation je ne le rencontrais plus, Je décidai de voir le Président provincial Munongo Godefroid. Le service de protocole à la vue de ma demande d’audience me pria de rencontrer plutôt la direction de l’enseignement.

Je vis beaucoup de responsables à qui je récitais toutela situation du collège y compris des injustices qui frisent à la discrimination, mais personne ne prit la décision. Ils remettaient chaque fois au lendemain l’envoi au collège d’une note qu’ils m’affirmaient avoir déjà composée. Fatigué, j’ abandonnai le problème du collège pour me tourner à d’autres horizons.

L’annéescolaire 1965-1966 était à jamais perdue pour moi. A l’institut Saint Boniface à l’athénéoù je m’étais présenté, la réponse avait été négative ! le temps étant sérieusement écoulé, il fallait attendre le mois de mai pour se battre à se faire inscrire pour l’année scolaire suivante.

Entre temps, chercher un travail m’intéressa.

Tous les matins je me présentais au bureau de l’Inspection du travailà la cellule de reclassement. Un jour je reçus une note de recommandation pour la librairie Schilz. Plein d’espoir je m’y présentai croyant qu’une note de recomandation était un ordre ! Lorsque le responsable me répondit après la lecture de ma note qu’il n’y avait pas de place vacante, je déchantais.

Paragraphe 5 : Mon retour au toit paternel,

Habits rapiécés, souliers déchiquétés, je suspendis toute démarche au départ d’Athanase avec son épouse Anastasie pour Luluabourg etrestai garder sa maison.

Alors qu’il m’avait assuré de m’achèter ou de me donner quelques habits à son retour,au lieu de deux semaines de vacances de Pâques,Athanase prolongea son séjour.Quelques uns de ses collègues de l’Université croyant à sa désertion avaient tenté d’occuper la maison mais je m’y opposais fermement.

Pour manger, je me rendais chez Raphaêlqui résidaitmaintenant au Bel Air dans une maison abandonnée sur l’avenue des Irisdans laquelle habitaient d’abord papa Mabruki et maman Tubyangalie avant qu’ils aillent habiter au-delà du camp préfabriqué.

Fervent croyant postolo, papa Mabruki profitait de mes visites chez lui pour m’évangeliser. Il m’avait prêté même sa bible pour une longue période. Je visitais aussima tanteBéatrice dont la famille avait quitté la commune Kenya pour s’installer dans un annexe au Bel Air à côté d’un bar dénommé  » Petit Lasso ». Papa Frédéric avait vendusa maison de Kenya ! Ma grande mère paternelle et Sangwa étaient avec eux. Ce dernier servait au bar petit Lasso.

Finalement mes souliers déchiquetés ne pouvant plus être portés, l’idée de rejoindre mes parents au village me vint.

La veille du jour programmé pour mon départ, Athanase regagna Elisabethville. Il ne m’avait rien amené, d’où le maintien de mon voyage malgré son opposition et les efforts physiques fournis par le policier Kilauli pour m’en empêcher

N’ayant acheté que le billet d’une partie du trajet à couvrir par manque d’argent suffisant soit Elisabethville-Kamina,je devaispar tous les moyens trouver une solutionpour le reste du parcours.

Je simulai avoir été volé et avais occasionné la pitié du chef train qui me connaissait ainsi que celle de certains pasagers. Le chef train m’accorda le billet pour le reste du tronçon soit Kamina- Kongolo, pendant que des personnes de bonne volonté cotisèrent une somme qu’ils m’avaient remise pour mes autres besoins.

A Kamina il avait fallu quitter la locomotive électrique pour prendre une locomotive à vapeur. Sur le tronçon du chemin de fer Kamina-Kabalo,le train BCK ayant son terminus à Kabongo, je l’avais quitté pourprendre celui du chemin de fer des grands lacs « CFL » après une longue attente.

A Kabalo j’avais rencontrépapa Medard Mugogwade Mahundu avec lequel j’avais voyagé pour Kongolo. Le pont de Lualaba coupé en 1962 n’étant pas encore opérationnel, le train s’arrêtaà la gare de Lumanisha. Medard m’avait remit son vélo afin de faciliter mon transport.

Lorsque j’atteignis Mwana Ngoy, il était déjà tard dans la soirée, raison pour laquelle je me présentais chez l’enseignant de la place pour passer la nuit à sa maison. Cet enseignant se trouvait êtreun originaire de Kayanza, papa VenanceKazyumba que je connaissais bien mais qui n’avait pas sa famille sur place.

Le lendemain pédalant tant bien que mal après avoir perdu l’habitude, j’avais atteint dans la matinée le village Mbulula.

Après avoir échangé avec Génévieve alias « Veva », petite sœur d’Appoline, épouse de mon oncle Cyprien,je logeais chez l’enseignant Stanis où je rencontrai ma petite sœur Louise qui avait repris les études en 6ème primaire. Ellerésidait à Lyuba dans sa famille maternelle.

De Mbulula je partis à Mahundu via Bigobo, où, j’expliquai de long et en large à mes parents, les raisons de mon déplacement au cours de l’année scolaire.

En effet, depuis 1962, c’était pour la première fois que j’y rentrais. Ma mère avait donné naissance respectivement en 1963 et 1965 à mes deux petite frères.

Si en 1963, le nom et le prénom de l’enfant décédé en1962 avaient été repris, en 1965 au prénom Joseph avait été joint le nom SINYEMBO, de mon grand père maternel.

J’avais aussi trouvé que ma petite soeur Marieavait reprisses études suspendues en 5ème en1961 à cause de la

fermeture de l’internat de Sola. Elle était en 6ème à Bigobo où venait d’être ouverte cette classe. Eudoxie étudiait aussi à Bigobo en 5ème tandis qu’Elisabeth et Marthe étaient respectivement en 4ème et 2ème à Mahundu.

Marie et Eudoxie avait chacune un vélo, pour se rendre à l’école.

Après quelques semaines chez mes parents, j’entrepris des déplacements qui me permirent de visiter d’autres membres de ma famille jointe dont papa Sixte à Bigobo avec sa famille composée de son épouse Maman Valériane et ses enfants Delphin, Ida, Jeanne, Sixte, Marc, Ghislain, mais aussi Baudouin de papa Marc, Séraphine et Agathe de papa Prophil, Marcel de Muyomba Masahani et Jeanne fille de Bertha, première épouse de l’oncle Polydore.

Je trouvais à Bigobo comme Directeur de l’école primaire, mon cousin Cyprien Kahozi qui avait son épouse Rose, son enfant Flavien, ses frères Espérant Kitumaini, Emery Hadisi et Léon, sa sœur Sikumbuke et sa belle sœur Marthe Sagali.

De Bigobo je me rendis à Mbulula chez mon couusin Stanislas qui avait son épouse Hortense et ses enfants Remy et Clothilde, Je vis dada Furahisha, mon oncle maternel Mayani qui avait son épouse Tubione et ses enfants Matulizo et Babu Ngulu.

De Mbulula je regagnaiKayanza où je trouvai Ma grande tante Fatayako et son mari Andalama, papa Marc revenu enfin de la province de Kivu où il travaillait à CFL à Malela. Il était venu avec une autre épouse, mama Sakina qui avait rencontré à Kayanza mama Eulalie avec mes frères Dieudonné Albert, Marc et Jean Pierre.

J’avais visité aussi toute la famille Mbundu, représentée depuis le décès de mon grand père Pilipili par le grand père Lukonzola qui avait ses épouses grande mère Sinanduku et grande mère Kibata et son enfant, papa Kachoma Kalunga qui avait son épouse Nzaina.

Il y avait aussi tous les enfants du grand père Kahinga qu’étaient, les papas Mwemedi, Simon,Mwehu, Kahozi, Sunzu et tante Nyota. Si Papa Mwemedi Muganza avaitNgungwa et Faila comme épouses, ses frères étaient respectivement mariés à Chungu ya Makili,Bimuloko Muneme, Tubyangalie Muhiya et Nzaina.

Leurs enfants présents à Kayanza étaient notamment Léandre Stahili et Aliyabo de papa Mwemeli, Pacifique et Jeunesse de papa Simon Kalunga, Godefroid Pataule, Michel, Vertonsi, Muyumba, Bienvenu et Olivier de papa Mwehu, Jamais, Nepa, Amnaso, Sinanduku, Kamulete de papa Kahozi et Mbayo Esperant, Bienfait, Alunga, Kichele, Abezya et Nyota de papa Sunzu.

J’avais rencontré aussi les enfants du grand père Nyembo ya Muteba qu’étaient papa Félix, son épouse Faila et ses enfants Fransiska,Benezeth,Prosper, Sidonia, Nicolas, Bénoît, Donatien Pilipili, papa Charles, son épouse Faila et ses jumelles Kaya et Chungu, papa Ngeleza, grand père Lunyasi et son enfant sous garde papa Faustin Ambogobogo et enfin grand père Abula Mbwijya et son enfant, papa Tengeneza.

D’autres parents tels que Papa Mbuya ya Kilamb etses épouses Nzaina et Nonga tout comme papa Kamulete ya Ngoi Aozi, son épouse maman Cheusi et leurs enfants Sungura, Musifu et Yahuli avaient partagé quelques temps avec moi.

De Kayanza, je partis visiter mes grands parents maternels Musongela Sinyembo et Mazuya Tcheusi à Kalwamba et trouvai mon oncle Adalbert avec son épouse Fesa mais aussi Mwayuma la fille de ma grande mère Mbombo.

Je m’entretenais souvent avec Abwishe, la fille de maman Sagali avec laquelle on se disait, fiancées, pendant que tous les autres affirmaient que nous étions du même clan de Bagambele.

De Kalwamba je me rendis d’abord chez ma sœur Silivie de papa Marc à Bilotwa, puis chez ma tante maternelle Joséphine MagangaAnzilani à Zimba où elle était mariée dans la famille des parents de ma grande mère paternelle, et enfin chez papa Kiberiti à Lubinga.

De retour à Kayanzaje suivis le sentier qui me conduisit à Kangunga chez ma cousine Salima de papa Simon, à Sambichez ma cousine Polenade papa Mwemeli avant de me rendre à Mbulula où je rencontrais ma cousine Furahisha de papa Mbuya.

Je me dirigai enfin à Luhonga chez ma tante maternelle Silivie et mes oncles maternels Kilyato et Fimbo fils de mon arrière grande mère Nyengwa, grande sœur de mon arrière grande mère Bahati Ngulu.

En rentrant à Mahundu je voulaispasser par la piste Mbulula-Kahongo-Mahundu mais je m’égarais avant Kahongo et m’étonnais de me trouver à Kasenga sur la route Mbulula-Bigobo.

Je restai encore quelques jours à Mahundu avant de repartir pour Elisabethville lorsque,j’entendis parler à la radio du complot de Pentecôte et de la pendaisondu dernier premier ministre du Président Kasavubu, Monsieur Evariste Kimba et ses ministres Alexandre Mahamba, Emmanuel Bamba et Jerôme Anany.

Ayant eu suffisament d’argent pour me permettre de trouver une place dans un internat quelconque, je partis à Lumanisha attendre mon train de retour.Une place me fut accordée abord d’une auto dresine et de Kabalo je voyageais à côté du conseiller Provincial Mabaka Joseph. Nous trainâmes quelques heures à Kabongo avant de prendre le train BCK allant à Kamina où j’avais eu la chance de trouver une correspondance en partance pour Elisabethville. Dans une voiture de 3è classede ce temps là, je m’allongeais dans mon lit jusqu’à ma destination.

A Lubumbashi je résidais chez mon oncle Cyprien. On m’apprit qu’Athanase était parti à Kamina en compagnie de son épouse tenter de décrocher une bourse qui lui permettrait de continuer ses études Universitaires en Europe. La maison dans laquelle je l’avais laissé était déjà occupée.

Mon oncle s’informait beaucoup de la politique et achètait un journal chaque matin. Fervent lecteur des actualités je me lèvai très tôtpour me rendre à la maisoncommunale acheter le quotidien  » la dépêche du Katanga » son journal préferé.

Dans les soirées, comme les élèves passaient leurs examens de fin d’année, je l’aidai à totaliser les points. Théophile Muteba, son jeune frère, marié depuis plus d’une année à Vumilia Yogo vivait à la même résidenceet poursuivait ses études à l’école technique agricole de Katuba.

L’épouse de mon oncle venait de mettre au monde un 3ème enfant, nommé Albert. Ses deux premiers enfants s’appelaient, Bernadette et Ivonne.

L’atmosphère était bonne et je mangeais à ma faim. Le jour, je jouais au football pendant que le soir je contais aux jeunes des environs. Cela me rapprocha des jeunes garçons et filles, tels que Marie,Tchanda, Kavuda, Ngoi, Dieudonné Ndjibu, Venant, Jeanne etc… Mon cri  » Lumbu gwabo » devint populaire.

Dès le début des grandes vacances, mon oncle se rendit au village d’où il rentra en compagnie de grand père maternel et de ma tante maternelle Vumilia.

Pour éviter un mauvais emploi de l’argent que j’avais eu de mes parents, je l’avais verséà la caisse d’épargne. J’avais décidé de ne le retirer que le jour où je trouverais une place dans un établissement scolaire.

Un jour à la gare centrale, le policier Kilauli m’informa qu’il avait vu Athanase. Je ne fis aucun effort pour le rencontrer et je rentrai à la maison. A peine arrivé, Athanase me rejoignit et protesta de l’attitude que j’avais affichée. Le lendemain il repassa pour m’apprendre qu’il avait perdu son portefeuille et qu’il avait besoin d’une somme pouvant lui permettre de payer les frais de transport du véhicule qui allait amener la famille Kilanga à l’aéroport. J’acceptai de retirer cette sommeà la caisse d’épargne malgré l’interdiction que je m’étais faite.

Paragraphe 6 : Mes démarches pour l’inscription dans une école,

Pour m’inscrire, je me présentai d’abord à l’Athénée de Jadotville d’où j’avais reçu les formulaires. Jacques de Kanunuqui m’avait hébergé à Jadotville m’y avait accompagné à la direction mais on ne m’inscrit pas.

Je me présentai ensuite sans succès à un concours à l’Athènée de Katuba et enfin je tentai à l’Institut d’enseignement médical « IEM ».

A l’Institut d’EnseignementMédical. On m’obligea de présenter une attestation par laquelle ma province d’origine acceptait de me verser une bourse.

Cette condition me fit voyager au chef lieu de ma province d’origine du Nord Katanga qu’était devenu Kamina depuis l’occupation de Kalemie par les rebelles mulelistes.J’y avaisrencontré Athanase et son épouse Anastasie qui habitaient chez Joseph Kilanga alors que je m’étais installé chez Nestor Tchomba.

Athanase était devenu Secrétaire particulier du Ministre Provincial de l’Education, Son Excellence Monsieur Tambwe Benoît. Connaissant l’objet de mon séjour à Kamina il m’obtint du ministère de la Santé, l’attestation recherchée dont la teneur suit :

Ma.M/NGH.t.

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

PROVINCE DU NORD-KATANGA

DEPARTEMENT DE LA SANTE PUBLIQUE

C A B I N E T

ATTESTATION No 5 POUR CANDIDATS BOURSIERS

Je soussigné Henri NDALA KAMBOLA Gouverneur et Membre du Gouvernement Chargé de la Santé Publique pour le Nord-Katanga, atteste par la présente que le Nommé LUMBU Protais Fils de Lumbu Martin et de Ndiba Modesta Du village de Kayanza Province du Nord-Katanga est bénéficiaire de la bourse d’études que la Province accorde à la Direction de l’Institut d’Enseignement Médical à LUBUMBASHI Durant quatre ans.

Fait à Kamina, le 1 septembre 1966

LE MEMBRE DU GOUVERNEMENT

PROVINCIAL CHARGE DE LA SANTE

PUBLIQUE

Henri NDALA KAMBOLA

Gouverneur du Nord-Katanga.

Sceau et signature

Je profitai de m’informer sur les différents Instituts de Kamina et principalement de ceux qui possèdaient un internat. L’Institut Saint François d’Assise de Luabo à 55 Kms de Kamina fut le plus cité.