PROTAIS LUMBU 4 « Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ » (Chap. 1 à 11)

PROTAIS LUMBU 4 « Mon apport dans le Triomphe de la démocratie multipartiste’ » (Chap. 1 à 11)

27 Août, 2014

 

Introduction

Dans cet ouvrage autobiographique sont décrits en trente cinq chapitres des privations et sacrifices physiques, matériels et financiers endurés pour faire triompher de 1981 à 1990  d’abord des pratiques démocratiques au sein du MPR, Parti- Etat-Nation puis la démocratie multipartiste.

En effet, détenu auparavant avec mes douze collègues signataires de la lettre ouverte au Président Mobutu à la Cité de l’OUA et poursuivi par le  parquet près la Cour Suprême de Justice dans l’affaire Ministère public contre NGALULA et consort, l’action publique ayant été abandonnée au profit d’une amnistie, l’action disciplinaire exercée par le Comité Central du MPR aboutit par mon  assignation à résidence d’abord à Lubumbashi puis à Kongolo.

Après la levée de cette mesure administrative à la fin de l’année 1981, je  rejoignis Kinshasa via Lubumbashi.

Ayant retrouvé mes infortunés collègues à Kinshasa, je m’étais de nouveau réuni avec eux  et avions décidé de continuer notre lutte pour la démocratisation du pays dans le cadre d’un  second parti politique, que nous avions crée le 15 février 1982 et l’avions dénommé Union Pour la Démocratie et le Progrès Social en sigle « UDPS ».

Pour vulgariser ce nouveau parti, j’avais regagné la région du Shaba aux côtés du Président Kibassa où en compagnie de nos deux collègues Kyungu wa ku Mwanza et Lusanga Ngiele nous avions tenu des meetings à Lubumbashi, Likasi et Kipushi.

Arrêtés le soir du 8 mars 1982 par la région militaire, nous avions passé la nuit au cachot de T2 et avions été libérés le lendemain peu après que j’aie été personnellement torturé. Réarrêtés le 12 mars par le centre national de renseignements et intelligence (CNRI) et transférés à ses cachots de la direction générale à Kinshasa, nous avions été mis à la disposition du Parquet près la Cour de Surêté de l’Etat le 27 mars. Celui-ci  nous avait placés en détention préventive à la Prison Centrale de Makala en nous  accusant d’avoir ourdi un complot contre l’ordre public. Condamnés à 15 ans de servitude pénale principale, j’avais été  transféré  en juillet à la prison de Luiza via celle de Kananga et ne retrouvai ma liberté qu’à l’occasion de l’amnistie de mai 1983.

Rentré à Kinshasa pour m’y installer, j’avais rendu visite un jour d’octobre 1983  au fondateur Tshisekedi et avais été enlevé à la sortie de sa maison et placé en détention pendant près de deux semaines au cachot du CNRI, situé à ses bureaux de l’avenue de la justice près la Cour Suprême de la Justice. Libéré, je n’avais pas tardé en novembre 1983 à être détenu par la Brigade Spéciale Présidentielle (BSP) avec toute ma famille, dans ma résidence de la Commune de Lemba, avenue Lufira, n° 28 pour y être extrait quelques jours après  et être conduit moi-même, mon épouse et notre bébé à l’aéroport de Ndolo, mes autres enfants à l’aéroport de Njili pour rejoindre mon village d’origine de Kayanza où, j’avais été assigné à  résidence via Lubumbashi, Kongolo et Mbulula.

Je n’avais quitté Kayanza qu’à la veille du 25ème anniversaire de l’indépendance, parce que le Roi des Belges, Baudoin 1èr ayant été invité aux festivités, le Parlement belge avait exigé la libération des parlementaires. Du reste, dès le passage de Sa Saintété, le Pape Jean Paul II. En août 1985, les arrestations avaient recommencé et malgré mon retour dans ma collectivité d’origine, j’y avais été arrêté à Mbulula à la maison de mon père qui avait piqué une crise, le 14 novembre 1985, pour être tranféré au cachot du CNRI/Lubumbashi via Kongolo et Kalemie, malgré le décès de mon père intervenu le 16 novembre.  Ma libération ayant eu lieu en avril 1986, j’avais regagné mon village pour m’incliner à la tombe de mo père et y fus arrêté,  le 11 juillet 1986 et emporté à Kalemie pour y être détenu jusqu’au 4 janvier 1987 au  CNRI puis à la 13ème Brigade des FAZ, à son cachot de l’état major situé sous les escaliers de la résidence Isabella jusqu’au 20 mai 1987.

Cette dernière détention avait été entrecoupée par un séjour à Gbadolite via Lubumbashi et Mbujimay, où, en compagnie de mes collègues Ngalula, Tshisekedi, Kibassa, Lusanga et Kanana, nous avions eu des entretiens avec le Président Mobutu qui malheureusement n’ayant pas abouti selon ses souhaits, il avait été ordonné  notre retour  d’où nous étions venus et le renforcement de conditions de detention en ce qui me concernait.

A l’approche de la fête anniversaire du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR), j’avais écrit au Président Mobutu pour lui demander ma libération afin que je puisse m’occuper de mes devoirs envers ma famille, devoirs que je ne parvenais pas à remplir à cause de mon emprisonnement prolongé dû à ma volonté de remplir mon devoir envers le pays.

Evacué du cachot de l’état major de la 13ème Brigade des FAZ, le 20 mai 1987, j’avais atteint Gbadolite via Lubumbashi, Kinshasa, Kayanza et Kongolo et aux côtés de mes collègues Kibassa, Ngalula, Lusanga, Tshisekedi, Kanana, Bossasse, Mpindu Bwabwa et Birindwa nous nous étions entretenu avec le Président Mobutu qui était entouré de ses collaborateurs Nkema Lilo, Mpambia, Koyagialo, Banyaku et Katende pour confirmer la lettre signée à Lubumbashi le   juin 1987 par les fondateurs Kibassa, Ngalula, Tshisekedi et Mpindu Bwabwa contenant ce qu’on avait baptisé au nom des accords de Gbadolite.

La mise en pratique de ces accords avait divisé les fondateurs. Il s’en suivit des nominations de certains fondateurs en qualité de membres du Comité Central du MPR ou des dirigeants des entreprises publiques. Je devins quant à moi, Administrateur Délegué Général Adjoint à la Société Nationale d’Assurances, (SONAS). La volonté du pouvoir de ne plus reconnaitre les accords passés consacra le retour à la clandestinité de l’UDPS dont les activités avaient de plus en plus leur impact sur la population informée de la perestroïka et de l’exécution du couple Coecesku.  Le discours du Président Mobutu du 24 avril 1990  proclamant le multipartisme avait marqué le triomphe de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social.


 Chapitre 1er  De mon arrestation  et de ma détention à la cité de l’OUA,

 

M’étant présenté à la cité de l’OUA le 2 janvier 1981 pour être arrêté comme mes 5 collègues qui s’étaient constitués prisonniers, le ministère public qui avait commencé la poursuite dans l’affaire Ministère Public contre NGALULA et consort n’ordonna ma détention que le 6 janvier 1981. Le procès n’eut pour autant pas eu lieu, la Cour Suprême de Justice s’étant dessaisi. Ma libération n’intervint pas ce soir que mon épouse m’attendait tout simplement parce qu’en plus de la Commission de discipline du Comité Central du MPR qui m’avait entendu et pris des sanctions en mon encontre, le ministre des affaires intérieures m’avait assigné à résidence. Il en avait été de même de mes douze collègues.

En effet, le 2 janvier 1981, je m’étais présenté à la cité de l’OUA pour rejoindre mes collègues Ngalula, Tshisekedi, Makanda, Kanana  et Lusanga  qui y étaient détenus mais il m’avait été demandé de rentrer à la maison pour se présenter le lendemain avec les copies de la lettre ouverte que je détenais. Du 3 au 6 janvier,  le Procureur Général ANGELETE  me faisait garder les jours et  me laissait aller dormir chez moi les nuits. Le 7 janvier 1981,  je fus enfermé dans une chambre de la villa numéro 29. En effet,  après la levée de l’immunité par le Conseil Législatif, le Président de la République venait d’autoriser la poursuite de 13 parlementaires ayant apposé leur signature à la lettre ouverte lui adressée.

De ma chambre je pouvais apercevoir à travers les rideaux, dans la villa d’en face, mon collègue Kasala interné le même jour que moi. De temps à autre il me faisait des gesticulations dans lesquelles je ne percevais pas grande chose.

Il avait plu abondamment la nuit du 7 au 8 janvier 1981 et surtout il y avait beaucoup d’éclairs terrifiants et des foudres qui furent interprétés par certains, qu’il s’agissait des marabouts de Mobutu qui voulaient nous liquider mais qui malheureusement pour eux ils ne nous apercevaient pas.

Le Procureur Général angelete et l’Avocat Général Kuku Kiese  se chargèrent de l’instruction préjuridictionnelle. De temps à autre nous étions extraits de nos chambres pour être confrontés. Ce temps nous permettait de respirer l’air de l’extérieur des villas et parfois d’échanger rapidement quelques informations.

En dehors des collègues parlementaires, le secrétaire du collègue Tshisekedi, monsieur Belengenay  et ses deux enfants étaient aussi mis aux arrêts pour  soit disant distribution de tracts de Monsieur Tshisekedi. Je ne comprenais pas pourquoi l’affaire des tracts ayant trait à l’affaire du « Riz américain » dont la radio nationale avait annoncé le détournement par le collègue Tshisekedi devait être joint à ce problème de la lettre ouverte.

Le Président du Conseil Judiciaire Kengo wa Dondo se limitait à envoyer son questionnaire aux magistrats, par contre le Conseiller Spécial du Président de la République Monsieur SETI YALE  s’amenait régulièrement pour poser lui-même et particulièrement à Monsieur Tshisekedi certaines questions, raison pour laquelle les séances étaient parfois houleuses dès que le Collègue Thisekedi s’énervait.

 Le 5ème jour de notre détention régulière nous fûmes amenés à la Cour Suprême de Justice pour la régularisation de la détention. Nous nous retrouvâmes dans un même véhicule. Ce fut l’occasion pour nous recharger le moral par l’échange des informations.

L’instruction préjuridictionnelle terminée, nous fûmes invités à signer nos significations à comparaître en date du 21 janvier 1981 à la Cour Suprême de Justice.

En attendant cette date je fus visité par les délégués de la Croix Rouge Internationale dont un de ses membres affirmait venir droit de la Suisse où circulait l’information selon laquelle nous étions déjà tués.

Les bruits couraient que l’opinion internationale était tellement émue et faisait pression auprès du Président Mobutu afin qu’il ne nous tue pas, aussi étant la veille d’entrer en fonction du Président Reagen aux Etats-Unis, il était demandé à Mobutu qui avait un dossier noir auprès des démocrates à cause de violation des droits de l’homme de mieux commencer avec les Républicains.

Le règlement de ce problème posa certaines questions de droit qui devaient être résolus auparavant.

En effet, pour la Cour Suprême de Justice étant donné que nous étions déjà signifiés, la Cour était saisie et seule l’amnistie des actes poursuivis pouvait la dessaisir.

D’autre part étant donné qu’il était déjà fixé le jour de comparution, il nous avait été demandé de comparaître volontairement avant cette date afin que le ministère public informe la Cour de la décision d’abandon des poursuites, ce qui fut fait.

Contraint de ne pas nous mettre en accusation au pénal, le Président Mobutu nous fit poursuivre sur le plan de discipline au sein du parti en nous accusant de manquement grave.

Ce sont les sanctions du Comité Central qui devaient s’appliquer sur nous car les poursuites judiciaires étaient abandonnées.

Le Comité Central du MPR envoya à la Cité de l’OUA sa commission de discipline composée notamment des membres du Comité Central Nyembo Mwana Ngongo,  Kukabusu Nsona, Bomboko etc…

Cette commission nous entendit et même confronta certains parmi nous. Deux séances furent suffisantes pour qu’elle termine son travail.

 Malgré l’amnistie dont nous étions bénéficiaires le Comité Central nous avait déchu de notre mandat de commissaires du peuple et ôté nos droits politiques et civiques pendant cinq ans.

Informées   de la tournure qu’avaient pris les événements plusieurs personnes  voulaient venir nous visiter et pourquoi pas faire partie du cortège qu’allait nous faire sortir de notre prison.

Je reçus mon épouse toute contente en me revoyant.  Elle me dit que toutes les fois qu’elle voulait me rencontrer, l’accès à la cité de l’OUA lui était interdite et de ce fait avec des épouses de mes collègues elles passaient le gros de leur temps au corps de garde.

Alors que nous voulions sortir, un contre ordre vint nous en empêcher en nous disant que nos épouses pouvaient rentrer à la maison pour revenir le lendemain.

 

Dans la profondeur de la nuit, j’entendis des bruits bizarres et me réveillant j’écartai les rideaux de la fenêtre de la chambre. Je vis autour de la villa en face tout un attroupement des militaires. Il était peu après minuit, peut-être deux heures. Je sortis dehors et entendis la voix grave du collègue Tshisekedi qui disait « où voulez vous nous amener, nous ne partirons pas » c’est alors qu’on m’apprit que le Gouverneur Kisombe  s’était présenté avec un arrêté du ministre de l’intérieur nous reléguant dans nos régions d’origine et qu’il venait de se retirer laissant au Colonel et ses soldats la sale besogne.

A un moment donné la tension s’était apaisée parce qu’on devait consulter la hiérarchie c’est à dire le Président de la République puis peu après, beaucoup plus déterminés et usant même de la brutalité le Colonel revint à la charge. Le doyen Ngalula  se leva pour se diriger vers le véhicule. S’en était fini de la résistance ! Etienne disait  “ que voulez-vous que nous fassions, comme le doyen a cédé, nous sommes obligés tous à le faire. ” Il y avait en effet beaucoup de gens qui nous suppliaient de le faire pour éviter l’éventualité des brutalités qui seraient exercées à notre égard. Mon collègue Lusanga en goûta un peu de ces brutalités.

 

Chapitre 2. De  mon  assignation à résidence à Lubumbashi,

 

Assigné à résidence au chef lieu de ma région d’origine de Shaba, n’y ayant ni résidence, ni source de revenu, j’avais été logé par mon oncle paternel ILONDA A MBUNDU et avais confié la mission d’élever nos enfants et me secourir à mon épouse qui pour cela devait habiter à Kongolo pour exploiter notre maison qu’elle devait transformer en guesthouse. A peine que j’avais ouvert un cabinet d’avocat à Lubumbashi, le lieu de mon assignation de résidence devint Kongolo, le chef lieu de ma zone d’origine.

J’avais été placé dans le même véhicule avec messieurs Lusanga et Kyungu.  De la Cité de l’OUA, notre jeep emprunta les avenues du Camp Tshatshi avant de nous amener à l’aéroport de Ndjili. Nous fûmes embarqués dans un vol régulier d’air Zaïre en partance pour Lubumbashi, où, le Gouverneur MANDUNGU nous mit à la disposition du Redoc YOGO qui nous pria de nous loger nous-mêmes. Ce que je fis avant d’ouvrir mon cabinet d’avocat afin de survivre.

De l’aéroport de Luano à Lubumbashi, le Redoc Yogo nous cueillit dès la descente de l’avion pour nous amener au cabinet du commissaire de Région.

Le citoyen Mandungu Bula Nyati,  Commissaire de Région du Shaba ne nous laissa même pas nous asseoir dans son bureau. Il nous mit à la disposition du Redoc en nous disant que nous étions chez nous et que nous pouvions nous loger où nous voulions dans les limites de la ville de Lubumbashi. S’adressant plus particulièrement à l’honorable Kyungu, il lui dit de libérer la maison de la S.N.C.Z.

Du cabinet du Commissaire de Région, le Redoc Yogo nous amena à la résidence du collègue Kyungu tout en tentant chaque fois que je disais un mot de m’intimider de temps à autre et promettant de m’en faire voir de toutes les couleurs.

De la résidence du collègue Kyungu nous quittâmes avec Lusanga pour la résidence du citoyen SENGA MUBISHA, cousin de mon collègue. Nous y fûmes accueillis avec énormément de joie et deux poules blanches furent égorgées à notre honneur étant donné que nous venions d’échapper à la mort. Nous y passâmes la nuit pour quitter le lendemain afin de rejoindre à la zone Kamalondo la maison de Lusanga qui était occupée. Sa sœur Ebondo nous accueillit aussi avec beaucoup de joie. La nuit nous allâmes loger dans un petit hôtel proche du bureau de zone de Kamalondo.

Mon épouse me rejoignit à Lubumbashi en me disant qu’elle était partie avec les épouses d’autres collègues à la Cité de l’OUA pour nous prendre comme convenu la veille. Elles apprirent que nous n’y étions plus et que c’est auprès du Gouverneur de la ville, le citoyen Kisombe qu’elles avaient été renseignées de notre relégation.

Ayant décidé de me rejoindre, elle avait placé certains de nos biens chez mon oncle Prosper Sinyembo et chez Odéric Nyembo tandis que d’autres étaient restés à la maison même sous la garde d’Edmond Sangwa Abulugu !

Comme par le passé, elle logea chez ma sœur Elisabeth, mais cette fois-ci  comme je me trouvais en relégation à Lubumbashi, je devais avoir un logement à moi avec ma famille ! Je rencontrai mon oncle paternel Ilonda Ya Mbundu pour lui soumettre mon problème de logement et obtins son autorisation d’occuper dans la zone Kampemba sur l’avenue des Eucalyptus, sa villa qui était innoccupée.

Je quittais la zone de Kamalondo pour me loger  dans cette villa que mon oncle  était en voie de mettre en location. Le collègue Lusanga fit venir de Likasi  de son hôtel « DODO », quelques mobiliers ; dont un lit avec literie qu’il mit à ma disposition.

 Dans les environs de mon habitation était logé mon cousin André Pungu qui me fit parvenir une table et quelques chaises.

Une nouvelle vie venait de commencer. Il fallait par tous les moyens survivre et élever nos enfants. Après mûres réflexions, nous constatâmes avec mon épouse que nous étions dans l’obligation de nous séparer. Elle devait rejoindre Kongolo pour transformer notre maison en guest house et gérer le moulin.

De retour de Kongolo, elle m’amena le rapport selon lequel plusieurs personnes habitaient encore dans notre maison et qu’elle n’avait pas trouvé de l’argent parce que Jean Pierre avait pris une dette auprès du docteur Kahozi, argent qu’il devait m’amener à Kinshasa mais qu’il avait donné à Kamina chez Athanase afin que ce dernier me l’envoie à Kinshasa. Ce que ce dernier n’avait pas fait.

Nous avions alors décidé que mon épouse aille à Kolwezi prendre nos deux filles en bas âge avec lesquelles elle devait  rentrer à Kongolo pendant que notre aîné « Baby » qui venait de commencer ses études maternelles reste à Kolwezi chez mon oncle.

Porteur de mes correspondances enjoignant mes différents locataires dont la sous division de l’enseignement à déguerpir de notre immeuble, Marthe partit résider à Kongolo.

Mes collègues Kyungu et Lusanga me rendaient visite et comme ils étaient véhiculés, ils m’amenaient souvent à leurs résidences respectives. Je passais beaucoup de temps en compagnie de Lusanga à Kamalondo où il était parvenu à faire venir de Likasi le nécessaire pour son installation.

Deux fois par semaine, il nous était recommandé de nous présenter aux bureaux du Centre National de Documentation (CND) pour rencontrer le Redoc Yogo. A nos résidences étaient régulièrement envoyés des inspecteurs, tel que le citoyen Muzinga.

Le départ de mon épouse à Kongolo fit revoir la décision de mon oncle qui me fit partir de sa maison de l’avenue des Eucalyptus, louée à un agent de la Gécamines pour rejoindre son domicile où une chambre à l’annexe fut mise à ma disposition. Je n’avais plus de problème d’alimentation étant donné que les repas m’étaient servis par la maison.

Papa Symphorien était régulièrement en déplacement pour Kinshasa pour raison d’affaires. Son épouse Joséphine Bea Nyembo et sa fille aînée Générose veillèrent sur moi. Je ne sortais de la maison que quand  Lusanga venait me chercher.  Le reste du temps, je rédigeais mes mémoires, aidés par Emmanuel le fils de ma tante Béatrice ou Raymond le cousin de maman José.

Le séjour indéterminé à Lubumbashi me fit décider d’ouvrir un Cabinet d’avocat.

Pour cela j’adressai le 2 février 1981, au bâtonnier de Lubumbashi une demande d’inscription au Tableau des Avocats dont le contenu ci-dessous.

 

  Lubumbashi, le 2 février 1981. 
Objet : demande d’inscription au Tableau des Avocats.   Au citoyen Bâtonnier du Barreaude Lubumbashi de et à Lubumbashi 


                                                           Citoyen Bâtonnier,

 

Me trouvant à Lubumbashi depuis le 21 janvier 1981 suite à l’application de l’arrêté départemental numéro 0001/81 portant transfert de treize ex-commissaires du peuple dans leurs régions d’origine et interdiction aux intéressés de sortir des limites des chefs lieux des dites régions, je me vois obliger de postuler mon inscription au tableau des Avocats exerçant près la Cour d’Appel de Lubumbashi.

Admis depuis le 16/6/1978 au tableau des Avocats exerçant près la Cour d’Appel de Kinshasa (voir en annexe, le P.V. de prestation de serment d’avocat), l’arrêté sur mentionné me place dans l’obligation de transférer mon Cabinet de Kinshasa à Lubumbashi.

Dans l’attente d’une suite favorable, je vous prie, Citoyen Bâtonnier, d’accepter mes remerciements anticipés.

 

Maître LUMBU MALOBA  NDIBA.

 

J’obtins du cousin de collègue Lusanga, le Citoyen Nsenga, l’occupation de quelques locaux au sein de ses immeubles situés sur l’avenue Tabora en face de Renault. Après avoir passé une nouvelle couche de peinture aux murs, plusieurs connaissances me permirent de rassembler les meubles et les matériels. La poste mit à ma disposition la boite postale 2411, les imprimeries de Monsieur Lwambwa où je vis travailler la femme d’Edmond Mukangwa, Marthe, m’offrit les cartes de visites et les papiers en-tête.

Après avoir rencontré les responsables du Barreau de Lubumbashi à qui je remis mon dossier d’avocat, je fis quelques apparitions aux audiences et visitai certains magistrats anciens collègues de la faculté. Le pouvoir choisit, ce temps pour m’éloigner de Lubumbashi en me transférant à Kalemie.

 

Chapitre 3.  De mon assignation à résidence à Kongolo,

 

Il m’avait été indiqué lors de mon enlèvement à Lubumbashi à la maison de mon oncle que je partais à Kalemie, mais les circonstances atmosphériques furent que je me sois trouvé à Kongolo à la surprise générale. M’y étant installé après la notification par le Commissaire de sous région à ma grande satisfaction et celle de ma famille, je rédigeai mes mémoires, vulgarisai la lettre ouverte, reçus les visites, visitai moi-même mes parents, me fis nommer Préfet de l’école de mon village et enfin regagnai Kinshasa dès après la levée de la mesure d’assignation à résidence.

Je commençai à m’habituer à Lubumbashi lorsqu’à la fin du mois d’avril le service de sécurité m’embarqua un matin avec mes collègues Kyungu et Lusanga dans un boeing à destination de Kalemie. Celui-ci  me débarqua avec le citoyen Kyungu à Goma pour prendre un fokker devant faire escale à Kalemie. Ce fokker  nous laissa à Kongolo afin que nous regagnions Kalemie par train. A Kalemie, il m’avait été signifié mon assignation à résidence à Kongolo. Pendant mon séjour à Kongolo j’avais rédigé mes mémoires, vulgarisé la lettre ouverte, reçu des visiteurs dont ma petite sœur Hortense souffrante de maladie du sommeil qui décéda peu après et me fâcha contre mon frère Jean Pierre.  En compagnie d’Edmond Sangwa et Jeanne Yembeleni en provenance de Kinshasa, Chungu de mon oncle Mayani et Agathe Lumbu Bundi, je visitai mon village d’origine de Kayanza puis y rentra pour organiser le dédoublement de l’Institut Muungano de Mbulula. Je quittais Kayanza la veille de Noël pour Kongolo. La nouvelle de la levée de la mesure administrative d’assignation à résidence et mon invitation à rejoindre Kinshasa m’avaient été apportées.

En effet, il était presque 5 heures du matin lorsqu’on se mit à frapper à la grille de la maison de mon oncle Ilonda ya Mbundu, sise, avenue Sapinniers, au quartier Bel Air à Lubumbashi où je résidais. Mon collègue Kyungu qui était accompagné par les agents de service de documentation (AND) s’introduisit dans la parcelle pour me dire que nous devions prendre ce matin le Boeing d’air zaïre en partance pour Kalemie, notre sous région d’origine.

Je résistai énormément avant de céder, étant donné les efforts que je venais de fournir pour ouvrir à Lubumbashi un Cabinet d’avocat.

Mon collègue Lusanga devait prendre le même Boeing pour Mbuji Mayi d’où il allait être amené au chef lieu de sa sous région d’origine : Kabinda.

Le Boeing n’atterrit pas à Kalemie à cause des nuages. Il nous débarqua à Goma avant de continuer à Mbuji Mayi avec notre collègue Lusanga.

L’autorité sous régionale de Goma nous empêcha de quitter l’aéroport parce que nous devrions prendre à Goma un Fokker en partance de Kalemie via Kongolo. Pendant l’attente de l’heure du vol, le collègue Kyungu fumait ses cigares avec un air défiant tout le monde.

Embarqués dans le Fokker, on nous dit que les conditions atmosphériques étant mauvaises à Kalemie, le Fokker allait nous laisser à Kongolo et de Kongolo nous allions rejoindre Kalemie par train ou par route.

Tout le monde à Kongolo avait été surpris de nous y voir débarqués. Mis à la disposition du Commissaire de zone en attendant notre voyage à Kalemie. Je regagnais ma résidence en compagnie de mon collègue Kyungu à la très grande surprise et satisfaction de mon épouse et de membres de ma famille.

Au  passage du train des voyageurs de Kindu pour Kalemie, le Commissaire de zone Mupatsh nous enjoignit de nous rendre à Kalemie pour rencontrer le Commissaire sous régional. Ce dernier nous informa que nous étions relégués dans nos zones d’origines respectives soit à Kongolo pour moi-même et à Kabalo pour mon collègue Kyungu.

Repartis de Kalemie par train je descendis à Kabalo  résidence et accompagnai l’honorable Kyungu qui s’était fait loger à l’hôtel appartenant au citoyen Mayoyo avant de reprendre le train pour Kongolo

Mon accueil par la population était bon malgré les meetings tenus par le Commissaire de zone Mupatshi au cours  desquels il avait demandé à la population de me désavouer parce que j’avais injurié le Président Mobutu. Ma sœur Agathe et ses amies chantaient  « Si balisema Maloba baliisha kukata ndevu  na baliisha kumuuwa ». N’a-t-on pas dit que Maloba, on lui a coupé la barbe et qu’il a déjà été tué !  Plusieurs cadres étaient venus me saluer avec mon collègue Kyungu wa ku Mwanza et certains, tel que le révolutionnaire LIPU KANYOGE lui offrirent  des cadeaux  dont un canard.

Malgré la désignation de Kabalo, comme son lieu de bannissement, le collègue Kyungu venait de temps à autre à Kongolo. Il en était de même de son épouse, maman Gabrielline Muzinga que j’avais surnommé « Béton » pour m’avoir demandé si vraiment nous allions en finir avec Mobutu qui était un béton. Voyageant régulièrement de Lubumbashi à Kabalo via Kongolo et retour par avion pour réconforter son époux, c’est à notre résidence à Kongolo qu’elle transitait.

Mon bannissement à Kongolo avait été bien accueilli par mon épouse car j’allais me trouver à ses côtés.

M’ayant laissé à Lubumbashi pour rejoindre notre résidence à Kongolo, qu’elle devait transformer en guest house, c’est à elle que reposait la charge de nourrir la famille.

Plusieurs personnes qui habitaient notre immeuble l’avaient libéré. Il en était ainsi  du chef de sous division de l’enseignement primaire et secondaire, le citoyen Onokoko Tshinyamba, de mon frère Lumbu Delphin et sa famille et même de mes enfants de Kongolo dont Fiston, Modestine et Chantal avaient rejoint leur papa à Kamina. Bernadette avait déjà quitté la maison pour raison de maladie et alla habiter à Kolwezi chez son oncle paternel Théophile Sinyembo. Jeanne était rentrée chez ma belle-mère. Il y avait à la maison Martin et Jean-Pierre que je voyais rarement étant donné qu’ils passaient le gros de leur temps chez Gaston wa Aziza, où, ils avaient déplacé plusieurs biens de la maisondont les livres du centre culturel, dès l’annonce de la nouvelle de mon arrestation à Kinshasa.

Le guest house avait six chambres sur les dix qu’avaient la maison, les quatre autres étant restées au service de la famille. Les minoteries Tarica par ses agents Monga et Kabale occupait en permanence deux chambres, la banque commerciale du Zaïre (B.C.Z), une et la société nationale de chemins du fer du Zaïre (S.N.C.Z.) une. Le restaurant recevait parmi ses clients, les américains de « Peace corps ».

Gilbert dirigeait le moulin dont Bénezeth était le meunier principal

Mon travail principal à Kongolo avait été celui de rédiger mes mémoires, il avait été facilité par mon séjour dans ma propre résidence où  je savais résoudre les problèmes de logistique qui se posaient.

Papa Lipu avait mis à ma disposition son dactylographe très réputé à cause de sa dextérité et les amis qui travaillaient au projet Nord Shaba me procuraient des papiers et des carbones.

La machine à écrire que j’avais achetée à Paris en février 1979 montra sa grande utilité en me permettant de faire dactylographier le gros de mes mémoires de ma vie avant 1980.

J’avais eu aussi l’occasion de reproduire sur le stencil le contenu de la lettre ouverte, dont la reproduction avait été faite à plusieurs reprises portant à la dernière page la mention «lisez et faites lire la lettre ouverte ».

Ma mère vint me saluer à Kongolo quelques jours seulement après mon arrivée, il en était de même de maman Mathilde Katumbwe Luzinga qui m’avait apporté une chèvre.

Lors de la visite à Kongolo du citoyen Nkoy, Commissaire Sous Régional de Tanganika, ayant appris qu’il allait passer sa soirée au Café-zaïre, je m’organisai  avec les miens pour faire une apparition à ce lieu. Sans faire partie de la délégation recommandée, le protocole me laissa entrer. Je m’installai à mes frais rendant  incontournable notre contact. Le Commissaire de zone Mupatshi invita mon épouse à la piste pour exhiber avec elle quelques pas de danse. A ma sortie, j’invitai à dîner pour le lendemain le Commissaire Sous Régional qui ne vint pas.  

Je profitai du passage de l’ambassadeur des Etats Unis au Projet Nord Shaba de Kongolo(PNS),  financé par l’USAID,  pour lui adresser une note dénonçant les violations des droits de l’homme dont j’étais victime avec mes collègues tout simplement parce que nous avions rempli notre devoir politique d’informer le Président de la République de la malheureuse situation politique, économique et sociale qui frappait notre pays par sa volonté.

Connaissant des difficultés sur le plan alimentaire. Tout était rationalisé que je ne permis pas à Marie, ma petite sœur ayant sa résidence à Likasi venue passer quelques jours chez nous alors qu’elle était de passage à Mbulula chez nos parents de se servir tel qu’elle le souhaitait en compagnie d’une de ses amies. Je lui avais manifesté mon mécontentement en lui disant qu’étant en difficulté, j’attendais beaucoup d’aides de ma famille et que malheureusement je me sentais  abandonné !.

A la deuxième quinzaine du mois de juin, je me décidais à rendre visite à mes parents à Mbulula, Kayanza et Kalwamba. Agathe Lumbu et Jean-Pierre m’avaient accompagné.

A Mbulula, j’avais eu l’occasion de revoir mon père, son petit frère papa Sixte et leurs familles mais aussi les autres membres de famille tels que l’oncle Mayani et ses épouses, la grand-tante maternelle Mbombo et la cousine Nzaina.

De Mbulula, je me rendis à Kayanza avec mon beau-frère Edmond accompagné de sa cousine Jeanne, Jean-Pierre et Agathe mais aussi  Chungu, la fille de mon oncle Mayani, qui chantait. La famille de Kayanza nous accueillit avec beaucoup de joie et c’est dans la maison de Léandre que je fus logé. Chungu entonnait de temps à autre sa chanson préférée « Nda uli indu imulongea nisi Mobutu gunemene » ; rien ne se fera, même si Mobutu est dominant, et Edmond entrecoupait de temps à autre par « Tuamba twa ngasu twanema » les petites houes dominent.

Pendant mon séjour de Kayanza il y eut l’accouchement d’un mort né par Twikaze l’épouse de Kamulete et c’est à la maison de papa Kohozi que se groupa la famille en deuil.

Après Kayanza, je rendis visite à mes grands-parents maternels à Kalwamba. En dehors de Jean-Pierre et Agathe, mes cousins de Kayanza m’y avaient accompagné.

Ma visite de Kalwamba terminée, je revins à Kayanza puis à Mbulula avant de regagner Kongolo où je trouvais ma tante maternelle Eugénie en compagnie de sa fille ainée  Hortense venue aux soins médicaux à l’hôpital de Kongolo parcque souffrante de la maladie du sommeil.

 Son mari s’appelait Hadisi et il lui tenait compagnie à côté de ma tante maternelle Eugénie.

Je fus appelé une nuit précipitamment  au chevet de ma sœur qui était agonisante. Ma sœur Marthe me demanda qu’elle soit amenée chez monsieur l’abbé Mukulu Mwamba. Je n’acceptais pas personnellement d’y aller mais lui laissai la liberté de le faire.

Aidée par Martin, Marthe amena un matin Hortense chez l’abbé Mukulu Mwamba afin qu’il prie pour elle. Le soir elle décéda. Il y eut comme incident le fait que Martin et Jean-Pierre aient battu Hadisi, le mari de la défunte, ce qui occasionna que les notables Mbayo Moke et Nzuzi Mayowele vinrent me voir pour protester. La dépouille mortelle avait été amenée à ma maison et le lendemain matin par un véhicule du projet elle avait été transportée à Mbulula. Je fis mon deuil à Kongolo et fus frappé par la sollicitude des agents  kasaïens du projet nord shaba qui s’étaient arrangés à m’apporter un concours matériel.

A la fin de l’année scolaire Jean Pierre partis continuer ses études à Kamina, il continuait à garder contact avec Kongolo par correspondance. Une fois on m’amena une lettre qu’il avait envoyée à Jeanne. Cette lettre était remplie des injures à l’égard de mon épouse qui contrecarrait leurs relations et des promesses fermes de les perpétuer. Les relations entre mon frère Jean Pierre et ma belle sœur Jeanne empoisonnaient l’atmosphère de mon foyer et pour la première fois je venais de me rendre compte que les reproches de mon épouse étaient fondés.

J’écrivis à Athanase une longue lettre dans laquelle je me plaignais de ce comportement méprisant qui allait à l’encontre de nos coutumes et décris même l’épisode de maladie de Bernadette qui était persécutée à la maison par Jean Pierre au profit de Jeanne, tout simplement parce qu’elle repoussait ses avances. Athanase me répondit rapidement en m’affirmant qu’il allait prendre des mesures contre Jean Pierre.

A la rentrée scolaire de septembre 1981, les classes de cycle d’orientation de l’institut Muungano de Mbulula qui  étaient organisées à Kayanza n’avaient pas ouvert leurs portes. La raison principale avait été la non-affectation des professeurs. En effet ces classes fonctionnaient par mon arrangement avec le chef de sous division de Kongolo, le citoyen Onokoko Tshinyama qui y affectait à mes frais des unités enseignantes. Tant que j’étais Commissaire du Peuple cela se faisait sans problème mais à l’ouverture de la nouvelle année, le changement de mon statut avait été aggravé par la nomination d’un nouveau chef de sous division. Le précédent avait déserté Kongolo avec les salaires des enseignants  qu’il avait retirés à Lubumbashi. Le nouveau chef de sous division s’appelait Kazadi Mbayo, ancien Préfet de l’institut Mwamba. Je le connaissais aussi très bien.

L’institut Muungano avait été créé depuis 1964 lorsque le citoyen Benoît Tambwe était ministre de l’éducation nationale du gouvernement provincial du Nord Katanga. Pendant plusieurs années, il n’y était organisé que le cycle d’orientation. Quand les classes supérieures avaient été ouvertes un autre numéro matricule avait été aussi décerné  à telle enseigne qu’il y avait dès lors un Institut Muungano 1er  n’ayant que le cycle d’orientation et un institut Muungano II ayant des classes supérieures !

La confusion occasionnée par la réforme de l’enseignement secondaire recommandant la suppression des cycles d’orientation m’amena d’exiger au chef de sous division de conserver les deux instituts Muungano et de les organiser toutes en écoles secondaires complètes tout en déplaçant celui qui n’avait que le cycle d’orientation pour raison de viabilité à un autre lieu en l’occurrence à Kayanza où depuis deux ans, il y était ouverte deux classes.

 Afin de donner le plus de chances de réussite à ce projet, je lui recommandai de me nommer moi-même Préfet de l’institut qui allait se déplacer pour Kayanza et promis de l’organiser à mes frais et avec le concours de la population qui me faisait confiance.

Dès la réception de mon acte de nomination en qualité de Préfet, je fis ma mise en place du personnel scolaire que je présentais chez le chef de sous division pour l’envoi à la hiérarchie pour mécanisation. Je supportai les frais de transport par camion en faveur du personnel et lui accordai des avances sur salaire avant de rejoindre Kayanza.

A Mbulula, je me présentais au siège du cycle d’orientation et avec le Préfet de l’institut Muungano II y implanté, nous partageâmes en deux les manuels et matériels de l’ancien cycle d’orientation devenu Institut Muungano 1er ayant son siège à Kayanza. Quelques élèves transportèrent ces biens à Kayanza où nous nous présentions au comité des parents pour leur démontrer l’effectivité de l’organisation d’une école secondaire à Kayanza.

 

Le chef de localité mit à la disposition de l’école, un bâtiment de deux salles, construit auparavant pour abriter l’école maternelle conformément aux recommandations du MPR. Ce bâtiment se trouvait derrière son habitation.

Une vingtaine d’élèves fut inscrite par classe, ils étaient presque tous du sexe mâle sauf en 1 ère année où il y avait une fille.

Outre trois jeunes enseignants diplômés d’Etat, l’école avait un secrétaire et une sentinelle. Les habitants du village s’étaient occupés de leur logement et leur alimentation. Si Manjebele, de son vrai nom Kasongo  était logé chez Bagambele dans la maison de papa Félix, Ngoy l’était à Kilumba pendant que Tshenge était pris en charge par les bazila-nyoka.

L’école fonctionnait le matin de 8 h à 13 h. Les après-midi les élèves allaient au champ dans le cadre du travail manuel.

J’habitais dans ma famille plus particulièrement dans une chambre qui m’avait été accordée à Mbundu dans la maison de Léandre. Crispin Luzige m’avait accordé sa cuisine située à proximité du bâtiment de l’école pour y ouvrir mon bureau. De temps à autre, je contrôlais les leçons.

Pour avoir commencé les cours seulement en novembre, notre école n’était pas favorable d’accorder les vacances de Noël. Certaines circonstances m’obligèrent de regagner Kongolo la veille du jour de Noël et de ce fait permettre le repos pendant mon absence.

En effet, tout d’abord, j’appris que le chef de sous division  m’invitait pour me donner une information urgente. Après, je reçus le message de mon épouse me recommandant de regagner d’urgence Kongolo pour entrer en contact avec mon collègue Kyungu qui m’appelait de Kabalo. Enfin, la veille même du jour de Noël 1981, mon cousin Symphorien Kihembwe venant de Kongolo me dit que Kyungu m’attendait à la maison pour que nous regagnions d’urgence Kinshasa où nous étions attendus. Je me décidais ainsi de quitter Kayanza cet après-midi pour Kongolo.

De Kayanza, je m’arrêtais à Mbulula chez mes parents et les informai de l’évolution de la situation. Ils étaient très préoccupés ce soir là par la messe de minuit et je ne manquai pas à leur dire que dès que je trouverais un moyen de transport, je rejoindrais Kongolo. Ils étaient encore à la messe lorsque je pris place avec un des mes enseignants abord d’un véhicule de l’Estagrico Comme ce véhicule s’arrêtait régulièrement dans les villages, c’est le matin que nous arrivâmes à son terminus de Lumanisha. De Lumanisha nous rejoignîmes à pied le fleuve, où, nous prîmes une pirogue qui nous amena à la gare SNCZ de Kongolo. Un train des passagers s’y trouvait, à telle enseigne que nous semblions sortir du train.

A la maison, je ne trouvais pas Kyungu. Mon épouse ne me dit même pas qu’il y était de passage. Elle me mit au courant du message que ce dernier m’avait envoyé pour me mettre au courant de la levée de la mesure de  bannissement. En effet, lors de son séjour euro-américain, le Président Mobutu avait subi une forte pression de la communauté internationale qui l’avait obligé de libérer les treize parlementaires que nous étions. Ayant déjà quitté Kabalo pour Lubumbashi il m’instruisait de regagner Lubumbashi d’où nous partirions ensemble pour Kinshasa.

Du côté scolaire, le chef de sous division m’informa de la demande d’explication qu’il avait reçue du Commissaire de zone Mupatshi sur ordre de la hiérarchie, pour m’avoir nommé Préfet. Il était toutefois soulagé de la nouvelle de la levée de mon bannissement. De mon côté, je le remerciai beaucoup de m’avoir permis de réaliser mon projet d’implantation d’une école secondaire à Kayanza et surtout de son courage de m’avoir nommé Préfet alors qu’il connaissait très bien que j’avais d’énormes problèmes avec le pouvoir et que lui aussi pouvait être entraîné dans des graves difficultés. Je me décidai à regagner Kinshasa, toutefois, seulement après la fête du nouvel an.

Dès après la fête du nouvel an, je pris mon vol régulier d’air zaïre Kongolo- Lubumbashi. Je passai mon séjour lushois, partagé entre la maison de Kyungu et celle de mon oncle paternel Ilonda. Il était question qu’avec Kyungu et Lusanga, nous regagnions ensemble Kinshasa. Le jour du voyage Kyungu resta à Lubumbashi pendant qu’avec Lusanga, je rejoignais Kinshasa abord d’un vol régulier d’air zaïre.

 

Chapitre 4. De la  création du second parti  denommé Union pour la Démocratie et le Progrès Social en sigle « UDPS ».

 

De l’aéroport de Kinshasa  mon collègue Lusanga me suggéra de rejoindre sa résidence à Ngiringiri étant donné que la maison que j’occupais à ma Campagne, je l’avais perdu pendant mon bannissement en faveur d’un acheteur. Je me mis d’abord à rassembler les informations sur mes biens et les enfants que j’avais à la maison puis je régularisai ma situation au niveau de ma profession d’avocat et enfin je me mis à rencontrer mes collègues d’infortune avec lesquels je créai le second parti politique dénommé Union pour la Démocratie et le Progrès Social « UDPS » que je vulgarisai à Lubumbashi.

Ayant  eu la confirmation que mes collègues Commissaires du Peuple shabiens Ngoy Ingo et Kabongo Mwamba avaient secouru mes enfants sous garde restés à ma résidence de l’avenue de la Colline à Ma Campagne.

Que Ngoy Ingo avait pris en charge Véronique et Lucie et que Lucie resta étudier à l’Institut Supérieur du Commerce pendant que Véronique avait obtenu un billet d’avion  pour rejoindre Lubumbashi dès la fin de l’année solaire. Que Kabongo Mwamba avait logé et nourri Médard, considéré comme mon petit frère abandonné ! Pourtant à la veille de mon arrestation, j’avais bien dit à Médard de rejoindre sa famille qui existait bel et bien à Kinshasa.

Edmond m’avait déjà dit à Kongolo que lorsqu’ils avaient été chassés de la maison, lui, il avait pris des dispositions de repartir mes biens à des différents lieux. Il avait lui-même emporté l’armoire, un salon, des lits des enfants et autres biens chez sa cousine Jeanne, épouse du lieutenant Yembeleni. La voiture Fiat avait été abandonnée au garage de la maison.

Lorsque j’avais envoyé des gens chez Odéric pour me chercher les biens qui étaient entreposés chez lui par mon épouse, il me fut amené à la résidence de Lusanga, le lit, le matelas et le buffet. Il me fut rapporté que mon oncle Prosper Sinyembo avait retiré le salon et la salle à manger. Je ne retrouvais plus jamais tous les autres biens. Mon encadrement chez Lusanga était parfait. Son épouse, Marie Nkongolo se surpassait. Il m’est arrivé de recevoir les notables Joseph Kilanga, Benoît Tambwe et d’autres cadres hemba à cette maison. Matesso était le plus régulier. Dans les premiers temps Lusanga m’avait cédé une chambre de son 2e appartement, il m’accorda après le 3e appartement de son annexe qui était occupé auparavant par la maman de Charlotte, une sous logée. Logé lui-même dans une maison appartenant à Marthe Tshisekedi, mon ami Lusanga avait pris la décision de me sous loger et de me nourrir.

Sur le plan de ma profession d’avocat, j’entrai en contact avec le cabinet de Me Nyembo et Me Lukamba et sollicitai ma collaboration. Celle-ci fut acceptée. Il me fut prié de régulariser ma situation car la décision du Conseil de l’ordre du 23/01/1980 omettait provisoirement mon nom sur la liste des avocats stagiaires pour 1979-1980 pour raison de non-paiement de la cotisation. En effet, la décision stipulait « le conseil a arrêté le tableau de l’ordre et la liste des avocats stagiaires pour 1979-1980 et à cette occasion les avocats suivants sont omis provisoirement pour non-paiement de leur cotisation. »

Me Kamanda, Me Mbongi, Me Mbila, Me Nkuba, Me Tshiwewe, Me Kabengele-Nfiondu, Me Manata, Me Malolo, Me Tshibangu Tshiasu.

 

Les avocats stagiaires ci-après :

 

Me Kaossa, Me Pondja, Me Kande, Me Lafortune, Me Musole, Me Kibelushi, Me Kaka, Me Emungania, Me Kombo, Me Lumbu, Me Nyembo, Me Milopo, Me Moupondo.

 

La lecture de cette décision me fit adresser le 26 janvier 1982, la note cab/0032/LMN/NS/82 dont le contenu ci-dessous auprès du Secrétaire de l’Ordre.

 

CAB/0032/LMN/NS/82                                            Cotisation 

Kinshasa, le 26 janvier 1982.

 

  Maître Kisimba NgoySecrétaire de l’ordre  

 

Mon cher confrère,

 

Je vous prie de trouver en annexe la somme de deux cent zaïres représentant ma cotisation pour l’année en cours.

 

Je vous en souhaite bonne réception et vous prie de me croire.

 

Votre bien dévoué.

Lumbu Maloba Ndiba.

 

En guise de réponse, je réceptionnais la quittance n° 138 du 27/01/1982 avec mention pour cotisation pour l’année judiciaire 1980-1981, signé Kissimba Ngoy.

 

Rassuré pour ma profession, je me tournai sur mes collègues de la politique afin de tirer ensemble une conclusion sur notre nouvelle situation.

De temps à autre, j’avais eu l’occasion de recevoir un peu d’argent qui me servit à acheter un poste de radio et quelques petits articles. Je ne connaissais pas les vrais donateurs mais comme on me le donnait souvent au cours des rencontres avec les autres fondateurs, je me disais que c’était la réponse à nos souhaits. En effet, avant la signature de la lettre ouverte, parmi les observations émises, nous soulignions souvent le fait que nous étions exposés à l’arrestation ou même à la mort et que nos épouses et nos enfants n’auraient personne pour s’en occuper ! Il y avait des fondateurs comme Ngalula et Makanda qui affirmaient que des mécènes étaient prêts à nous apporter le secours nécessaire. L’expérience de notre séjour sous la mesure de l’assignation à résidence en état d’abandon me faisait réfléchir et parfois me rendait nerveux.

 Les amis du Kasaï oriental se faisaient recevoir dans beaucoup de manifestations et nous étions régulièrement invités. L’honorable Kibassa et le professeur Dikonda qui avaient été sanctionnés comme nous avaient complètement intégré notre groupe.

En effet, le membre du Bureau Politique et du Comité Central Kibassa Maliba avait été déchu du Comité Central et Bureau Politique et assigné à résidence à Kinshasa parce qu’il soutenait le contenu de la lettre ouverte et avait accuelli à l’aéroport de Ndjili un des treize parlementaires en la personne du Commissaire du Peuple Kyungu wa-ku-Mwanza et l’avait accompagné à la Cité de l’OUA.

Le professeur Dikonda wa Lumanisha avait quand à lui accordé un interview à un journaliste étranger au sujet de la lettre ouverte et s’était fait arrêter et detenir au cachot de l’agence nationale de la documentation.

Invités au Département des Affaires Politiques et Décentralisation, nous nous étions tous rendus et fûmes reçus par le Vice Premier Commissaire d’Etat et Commissaire d’Etat aux Affaires Politiques et Décentralisation, le citoyen  Vunduawe-Te-Pemako qui était assisté du Conseiller diplomatique du chef de l’Etat, le citoyen Ngbanda.

Le citoyen Vunduawe nous souhaita la bienvenue et émis ces considérations sur certains parmi nous tels que «  sur le citoyen Ngalula qui devrait se consacrer à ses mémoires, le citoyen Tshisekedi son aîné juriste,  le citoyen Dikonda son collègue professeur et de moi-même qu’il avait connu comme étudiant à la faculté de droit du campus de Kinshasa.  Que malgré quelques différends qui nous avaient opposés à la faculté, il n’avait pas empêché mon obtention de diplôme de Licence en Droit. Il était au courant que nous avions créé un parti politique dénommé Union Démocratique Pour le Progrès Social. En bref, il était disposé de collaborer avec nous…..etc. De notre part nous lui avions demandé de recevoir un autre jour notre délégation qui allait lui apporter nos considérations sur ce qu’il nous avait dit. Il accepta et ce fut le début des négociations. Il eut à recevoir d’abord la délegation composée de Kibassa, Ngalula, Makanda et Tshisekedi puis Tshisekedi et Kibassa et parfois il invitait Tshisekedi à sa résidence.

Pour avoir été informé du danger d’une nouvelle arrestation qui nous menaçait à cause de notre persistance à réclamer le respect des droits de l’homme et la liberté de créer un second parti politique au Zaïre. Un de nous, le citoyen Makanda demanda des garanties auprès de nos interlocuteurs avant d’amener des documents quelconques qu’on disait être attendus par pour servir de preuve en vue de notre arrestation. Le citoyen Vunduawe accorda toutes les garanties possibles d’exhiber n’importe quel document sans avoir la crainte d’être inquiétés.

C’est chez Joseph Ngalula, notre doyen, que nous nous rencontrions pour réfléchir ensemble et récolter les informations ! «  Cette fois-ci », ne cessait-t-il de me dire, « grâce à l’ordinateur m’envoyé par Marie Claire, nous garderons mieux et imprimerons à l’aise nos documents », ça ne sera plus comme du temps de la lettre ouverte, où le stencil avait été saisi ! La délégation qui se faisait recevoir par le citoyen Vunduawe nous faisait des comptes rendus. Il s’avérait de plus en plus que la création d’un deuxième parti politique devait être acquise par la lutte et non comme un cadeau.

Le groupe évalua l’importance des sacrifices qu’il fallait de nouveau supporter en se dressant contre l’ordre public existant. La majorité décida la poursuite de la lutte déjà commencée et pour laquelle nous avions déjà perdu notre mandat et enduré le bannissement. Le professeur Dikonda et moi-même avions été désignés pour proposer une note par laquelle nous devrions informer notre décision de créer un deuxième parti politique. Je fis mieux connaissance à cette occasion de la personnalité du professeur Dikonda qui était un homme qui se méfiait terriblement de tout, conséquence certaine de la torture qu’il venait de connaître et de son internement au CNPP (Centre neuro psycho pathologique)

Nous nous inspirâmes principalement de la déclaration universelle des droits de l’homme. Tous nous avions soutenu que le monopartisme proclamé par notre constitution allait à l’encontre de la déclaration universelle des droits de l’homme à laquelle pourtant le pays avait souscrit. Nous avions constaté que la constitution de 1967 proclamait en son article 4, l’existence de deux partis politiques. Le texte avait été adopté et soumis à la signature de douze parlementaires revenus à Kinshasa. Le 13 e parlementaire, signataire de la lettre ouverte, le citoyen Mbombo Lona n’étant pas revenu, le citoyen Kibassa était un élu au bureau politique signa avec les douze commissaires du peuple. Le professeur Dikonda qui n’était pas un élu, ne signa pas cette lettre. Il s’était réservé la charge de défendre les treize élus lorsqu’ils seront arrêtés. Ci-dessous, le contenu de cette lettre :

 

Kinshasa, le 15 février 1982.

 

Au Citoyen Président de la République du Zaïre

A Kinshasa.

 

Citoyen Président de la République,

 

Maintenant que nous sommes libérés, nous avons l’honneur de vous écrire la présente lettre.

D’emblée, nous nous permettons de vous rappeler :

Notre demande d’audience du 28 décembre 1980 qui accompagnait notre lettre ouverte du 1er novembre 1980, ayant provoqué notre arrestation.

Notre lettre du 5 mai 1981, qui exprima ce souci de dialogue contenu dans la dite lettre ouverte ;

Tant d’autres démarches faites pour obtenir, mais en vain, un entretien en vue de vous expliquer de vive voix le contenu de notre lettre-ouverte, qui n’est autre chose qu’une analyse socio-politique et économique de la situation du pays, une expression de la volonté populaire étouffée, de l’opinion de la classe politique et de toute l’élite intellectuelle du pays.

Devant cette absence totale de dialogue, pourtant préconisé par le manifeste de la Nsele.

Nous basant sur la déclaration universelle des droits de l’homme qui :

Proclame « la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables de fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. »

Constate que la « méconnaissance et les mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révolte la conscience de l’humanité, et que l’avènement d’un monde dont les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme. »

Considère « qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression. »

Considère que « dans la charte, les peuples des Nations-unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine … et qu’ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer des meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande. »

Constate que « les Etats membres se sont engagés à assurer en coopération avec l’organisation des Nations unies, le respect universel et effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales. »

Attendu que « la Déclaration universelle des droits de l’homme reconnaît à toute personne ou à tout groupe les libertés de pensée, de conscience, de religion, d’expression et d’opinion y compris les libertés de changer de conviction et de manifester sa conviction, seul ou en commun tant en public qu’en privé. »

Considérant que l’expression de toutes les libertés reconnues même par la constitution zaïroise implique, aux termes de l’article 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme « le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions, et celui de chercher, de recevoir et de répondre, sans considération des frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »

Vu que le régime du 24 novembre 1965, en dépit du fait que l’Etat zaïrois est membre de l’organisation des Nations Unies, viole consciemment la déclaration universelle des droits de l’homme pourtant invoquée dans la constitution dont il ne respecte que les seules dispositions favorables à assurer sa pérennité.

Etant donné « qu’aucune disposition de la déclaration universelle des droits de l’homme ne peut être interprétée comme impliquant pour un Etat, un gouvernement ou un individu, un droit quelconque de se livrer à une activité ou d’accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés. » ( Art. 30)

Apôtres de la non violence, déterminés à épargner au peuple des sacrifices supplémentaires et à éviter l’effusion de sang ;

Nous fondant sur l’article 30 de la déclaration universelle des droits de l’homme qui réconnaît à toute personne « la liberté de réunion et d’association pacifique », et qui précise que nul ne peut être obligé de faire partie d’une association.

Vu tout ce qui précède :

Nous avons décidé, avec des millions de zaïrois que nous représentons, de créer un parti politique et vous demandons une rencontre pour harmoniser les points de vue sur les prochaines élections.

En vous en remerciant d’avance, nous vous prions d’agréer, citoyen Président de la République l’assurance de notre très haute considération.

 

 

Kibassa Maliba                    Ngalula Mpanda-Njila          Dia Onken-A- Mbel

Commissaire Politique élu Commissaire du peuple          Commissaire du peuple

 

Kyungu Wa Ku Mwanza    Kasala Kalamba Kabuadi       Ngoy   Moukendy

Commissaire du peuple      Commissaire du peuple          Commissaire du peuple

 

Lumbu Maloba Ndiba         Lusanga Ngiele                       Kapita  Shabangi

Commissaire du peuple      Commissaire du peuple           Commissaire du peuple

 

Tshisekedi wa Mulumba                                         Kanana Tshiongo a Minanga 

Commissaire du peuple                                           Commissaire du peuple

 

Makanda Mpinga Shambuyi                                   Biringanine Mugaruka

Commissaire du peuple                                           Commissaire du peuple 

 

 

En vue d’agrandir le cercle, en dehors de parlementaires, il fut décidé de rencontrer aussi les non parlementaires et c’est à la résidence du citoyen Mbwankiem que cet événement eut lieu.

 

C’est aux côtés de Kibassa, Dikonda, Ngalula, Makanda, Tshisekedi que j’avais eu l’honneur  de  rencontrer  Lihau, Mbwakiem, Kishwe, Mayamba, Mwefi etc sur l’avenue de la Source non loin de la résidence du doyen Ngalula

Après s’être entendu sur la nécessité de notre démarche, nous discutâmes sur le nom à donner au nouveau parti. Si avec les parlementaires, on s’était déjà entendu chez Ngalula sur la dénomination UNION DEMOCRATIQUE POUR LE PROGRES SOCIAL, la dénomination finalement adoptée chez Mbwankiem fut UNION POUR LA DEMOCRATIE ET LE PROGRES SOCIAL et cela après l’intervention du Professeur Lihau. Les membres présents devaient signer l’acte constitutif. Il fut décidé que le document serait gardé chez le fondateur Tshisekedi dont l’accès à la résidence était plus facile à cause de son emplacement à Gombe mais aussi tenant compte de son carnet d’adresses ! D’autres personnes pouvaient aussi s’y rendre pour apposer leur signature. N Il fut obtenu ici que seuls les parlementaires signent la lettre et que les professeurs Lihau, Dikonda et moi-même fûmes chargés de rédiger les Statuts

Avec le professeur Dikonda, nous nous rendions à Binza IPN à la résidence du professeur Lihau.  Je m’étais rendu compte que comme le professeur Dikonda, il était aussi très méfiant. Ayant entendu un vrombissement du moteur dans sa parcelle, il nous avait enfermé dans une pièce jusqu’au moment de sa séparation avec son visiteur qui n’était autre que le professeur Djelo Empenge.     Pour l’adoption, il fut décidé que les fondateurs parlementaires se rendent à la résidence de leur collègue Dia. A entendre Makanda, il fallait absolument que le collègue Dia soit rassuré afin qu’il continue à faire confiance à la lutte que nous menions ensemble. C’est auprès de lui qu’il avait été decidé que soient gardés les 30.000 zaïres (trente mille) qu’un cousin du fondateur Makanda avait accordé au parti. Ce don calma un peu les critiques selon lesquelles les mécènes dont on nous rabattait les oreilles à la signature de la lettre ouverte n’existaient pas et que par conséquent nous exposions d’une manière téméraire nos familles.

Après l’adoption des statuts, je fus chargé du suivi de la dactylographie qui se fit à l’annexe de la résidence du citoyen Tshisekedi qui pour la circonstance mit une de ses voitures à ma disposition.

Tenant compte du fait que le citoyen Kibassa venait du Comité Central et de Bureau politique, organe plus élevé, nous décidâmes de lui confier la présidence du parti. En fait, le stratège Makanda me disait que cela allait écarter la lutte d’influence qui petit à petit semblait faire jour en opposant  le citoyen Ngalula  au citoyen Tshisekedi. Depuis ce jour le lieu de la tenue de nos réunions se transporta à la résidence du Président Kibassa à Limete résidentielle coin Boulevard Lumumba et la 12ème rue.

C’est par une réception chez le fondateur Tshisekedi que se clôtura les travaux de la création du parti et le début de sa vulgarisation. Elle marquait aussi la fin de mon séjour à Kinshasa.

En effet, le fondateur Kyungu wa ku Mwanza qui était venu à Kinshasa pour un bref séjour pendant lequel il avait apposé sa signature à la lettre de la création du parti et le fondateur Lusanga avaient regagné le Shaba. Comme je devais  rejoindre ma famille à Kongolo, il fut entendu que je voyage ensemble avec le Président Kibassa pour une mission de vulgarisation du parti au Shaba. Ce dernier prit les précautions d’informer le Vice Premier Commissaire d’Etat Vunduawe.

 

 

 

Chapitre 5. De la vulgarisation  de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social « udps »  second  parti politique,

 

Mon voyage à Lubumbashi aux cotés du Président Kibassa avait eu lieu le 28 février 1982 et dès ce jour, le travail de vulgarisation de l’UDPS avait commencé à la résidence du collègue Kyungu wa ku Mwanza pour se poursuivre à divers autres endroits de Lubumbashi, Likasi et Kipushi malgré son interruption à cause de notre arrestation le 8 mars par la région militaire, notre réarrestation  et transfért à Kinshasa par le centre national de recherche et invistigation le 12 mars 1982.

En effet, c’était tôt le matin du 28 février1982 que nous nous étions présentés avec le Président Kibassa Maliba à l’aéroport de Ndjili et restâmes dans la voiture pendant que le citoyen Mwamba Dunia s’occupait des formalités de voyage. A l’heure du départ nous prîmes place dans le first du DC 10 d’air Zaïre.

A l’aéroport de Luano à Lubumbashi, un groupe de gens dirigé par le collègue Kyungu et le citoyen Sambwa Dianda, directeur à la SNCZ et cousin du Président Kibassa nous accueillit. Une Mercedes blanche fut mise à la disposition du Président. Je pris place abord d’une autre voiture et le cortège s’ébranla jusqu’à la résidence du collègue Kyungu.

Après le dîner, des informations au sujet du second  parti avaient été livrées par le Président Kibassa aux personnalités qui se trouvaient aux côtés du citoyen  Kyungu telles que la la citoyenne Meta, les citoyens Sambwe et Kayembe Mitonga.  A cette occasion le Président provincial  de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, le collègue Kyungu déchira publiquement le Manifeste de la NSELE, pour demontrer la cassure totale entre l’UDPS avec le MPR.

De la résidence du Président Féderal sur l’avenue Kasaï dans la zone de Lubumbashi, le citoyen Sambwe Dianda nous pria de rejoindre la zone de Kamalondo où nous devrions livrer notre message au bar « Las Vegas » appartenant au citoyen Mumba Kileya.  Il y avait beaucoup de monde dans ce bar et j’y avais reconnu Valentin, une ancienne connaissance de l’institut saint François d’Assise de Luabo-lèz-Kamina et fils du gouverneur honoraire du Nord Katanga, Ndala Kambola. A nos côtés, il y avait le membre du Comité Central  Kishiba, qui s’éclipsa pendant l’adresse du Président. Celui-ci avait annonçé à la population la création du second parti politique. Il me passa par après la parole, après m’avoir présenté. Je m’attardai à expliquer la dénomination UDPS et ses objectifs. Le soir, je partis au Bel air, où je logeai chez mon oncle Ilonda absent lui-même de Lubumbashi.

Invité à une réception organisée par « maman Meta », Commissaire de zone honoraire et suppléante Commissaire du peuple à sa résidence dans la zone de Lubumbashi. Très acquise au message de changement, elle avait invité pour entendre le message de Kinshasa, l’élite kasaïenne de Lubumbashi parmi laquelle on pouvait apercevoir son mari Bob Mudiayi, le Dr Tchowa de service de réanimation à la Gécamines, les citoyens Kanku Kolela, Kalenga Mbombo etc…. La discussion avait été très animée et la bière avait coulé à flot.

Directeur de la SNCZ et cousin du président Kibassa, le citoyen Sambwa Dianda, l’homme qui se chargeait de la logistique nous reçut chez lui au Golf pour un dîner intime que nous prîmes après avoir suivi à sa vidéo quelques films à caractère politique.

De Lubumbashi, nous nous déplacâmes pour Likasi, où, le collègue Lusanga nous avait invité. Nous nous y étions rendu tous les trois toujours en bénéficiant de la logistique du citoyen Sambwe Dianda. A l’hôtel Dodo appartenant à notre collègue Lusanga, nous avions pris parole devant une foule qui nous attendait. Après le collègue Lusanga qui nous avait présenté, le Président Kibassa avait décrit le déroulement des négociations tandis que le Président fédéral Kyungu wa ku Mwanza fit la critique du MPR et des souffrances du peuple Katangais et prenant la parole le dernier j’expliquai la dénomination UDPS et ses objectifs.

 La nuit, nous allâmes dormir à la villa d’un parent du Président Kibassa, le citoyen Muta Mutaba. J’avais rendu visite à ma sœur à sa résidence et avais eu l’occasion d’échanger à l’hôtel Dodo avec une vieille connaissance de l’école primaire à Sola, le citoyen KITENGE BIN MAKENGO.

Au retour de Likasi, ayant pris place dans le véhicule Peugeot 504 appartenant au citoyen Nsenga, cousin du collègue Lusanga, nous avions aperçu quelques véhicules des militaires vers Luisha dans une position qui nous fit penser que nous étions suivis.

A Lubumbashi, nous avions poursuivi la campagne de la vulgarisation du second parti en prenant parole régulièrement tous les quatre fondateurs dont le Président national se chargeait de la partie négociations, le Président provincial et le collègue Lusanga de la critique de la vie quotidienne et enfin je donnai le contenu de l’UDPS. Ainsi  après avoir tenu le meeting dans le bar «  Mexico », nous avions été reçus à dîner par le Président de la Sampa, le citoyen KABULE DIMITRI à la partie résidence de son immeuble situé à la route Munama. Le gros poisson Sampa qui avait donné le nom à la mutuelle bemba nous avait été présenté à cette occasion. Dans l’assistance j’avais le plaisir de reconnaitre le Commissaire du peuple Kashoba Mwenda Msiri.

Le citoyen Kyungu nous avait amené aussi à la résidence ducitoyen Fataki, située sur l’avenue Basilique près après l’avenue de la digue sans pour autant que nous y ayions tenu un meeting.

Nous tînmes poutant un meeting au bar «  Six Sapins » de la zone Kenia, situé au coin des avenues Kolwezi et Kasaï. Il nous avait été dit par  le fondateur Kyungu que nous allions y rencontrer particulièrement des étudiants de l’Université de Lubumbashi et effectivement c’était un géologue en la personne de KASONGO NUMBI qui en était le responsable.

De la Kasapa un groupe d’étudiants parmi lequel un ancien Professeur de l’Institur Mwamba à Kongolo, le citoyen  Mbilinyama était venu  rencontrer les fondateurs à la résidence du Président Kyungu.

Ayant rendu visite au Directeur Administratif de la Gécamines, Seul le Président Kibassa expliqua en long et en large au citoyen Kasongo, du bien fondé de la création du second parti. Par ses regards, je le trouvais très méfiant et froid à l’appel.

Maman Agathe Mulimbi, veuve Kasongo et Présidente des femmes commerçantes du Shaba fit organiser deux rencontres auxquelles elle avait invité les fondateurs respectivement dans la zone Katuba sous la responsabilité de la citoyenne Mangabu Fwamba et à la zone Kampemba chez ses parents.

A la zone Katuba, la citoyenne Mangabu avait invité à la rencontre, le Commissaire de zone de Katuba, le citoyen Mutonj Mayand tandis qu’ au Bel air, ce fut plus particulièrement les mamans qui reçurent le message de l’UDPS.  L’épouse de mon oncle paternel Ilonda, maman Nyembo Bea José faisait partie de l’assistance.

C’est dans la soirée du 7 mars 1982 qu’avait lieu « le meeting de la zone Ruashi ». Il y avait plus de gens que d’habitude parce que les lushois qui étaient prudents d’abord s ‘étaient rendu compte que nous croyions nous mêmes au message que nous leur adressions ; message qu’ils soutenaient totalement. Notre retard ce jour là au lieu de rassemblement était dû au fait que le Redoc Yogo de l’AND était venu lui-même à la résidence du fondateur Kyungu, où, nous nous trouvions pour lui demander de ne pas nous rendre à Ruashi alors que nous y étions déjà attendus. Celui-ci repondit négativement et ensemble nous partîmes nous adresser à cette population qui nous avait écoutés  dans un silence religieux. Nous avions finis de parler alors qu’elle était toujours là nous admirant ! Comme nous avions un autre meeting à tenir à Katuba/Kananga, nous convainquîmes la foule de nous laisser partir.

Les véhicules étaient nombreux et c’est en cortège que nous quittâmes Ruashi,  les fondateurs Freddy et Gaby dans la Mercedes blanche, moi-même et François dans la Peugeot blanche. A la sortie de la Ruashi vers l’hôtel Mubindu, nous remarquâmes des signes bizarres émis par un véhicule.

Avant l’entrée du tunnel, à la hauteur du camp SNCZ/Saint Guillaume, une camionnette Peugeot avec bâche bien fermée rentra à toute allure dans la voie réservée pour le sens inverse et bloqua la route. Immédiatement des militaires sortirent de ce véhicule et commencèrent à tirer.

J’entendis Kyungu qui gueulait en disant « Pourquoi vous tirez en haut au lieu de tirer sur moi. »  D’autres militaires se mirent à arracher les clés des contacts aux conducteurs, ce qui occasionna une certaine panique et la fuite de certains sympathisants. Je me présentais comme avocat et demandai sèchement en vertu de quoi, ils avaient arrêté notre cortège. Un ordre d’arrestation du citoyen Kibassa nous fut présenté. Les militaires demandèrent au Président Kibassa d’aller avec eux. Par solidarité nous exigeâmes de ne pas être séparés de lui. C’est à la région militaire que nous fûmes amenés et accueillis dans une grande brutalité par des militaires menaçants. Ils nous disaient que nous allions être fusillés cette nuit là même.

 

 Chapitre 6. De mon arrestation, ma détention et la première goutte du sang versé par l’UDPS.

 

Nous passâmes quelques heures à la région militaire avant d’être acheminés au T 2, cachots très célèbres à Lubumbashi  où on torture les detenus et même les tuer.

Le Président Kibassa fut amené à une cellule individuelle alors que moi-même,  les fondateurs Kyungu et Lusanga fûmes introduits dans une cellule collective, où, nous avons rencontré quatre détenus. Kyungu ne tarda pas à s’endormir et même à ronfler alors qu’avec Lusanga nous réfléchissions sur ce qui venait de nous arriver.

Le matin, les militaires avaient pris un à un  les quatre codétenus pour les fouetter d’abord puis  leur demander de cogner au mur jusqu’à ce que le sang commence à couler et enfin un soldat nommé LUAMBA qui se disait sergent originaire de Bandundu, celui-la même qui la nuit avait tiré lors de notre arrestation alors qu’il était sous les ordres de SENGI qui disait être un adjudant chef m’interpella en disant, “ vous le barbu, c’est votre tour maintenant. Vous aviez trop parlé hier.” Il me pria de sortir de la cellule ce que je refusais. Il ordonna alors aux autres détenus de sortir de cette cellule. Les collègues Kyungu et Lusanga par solidarité à moi refusèrent de s’exécuter.

Entretemps un capitaine s’appellant KOSSINGO entra dans la cellule. Je lui expliquai que j’étais objet de menaces par les militaires qui voulaient me torturer et porter ainsi atteinte à mon intégrité physique alors que j’étais Commissaire du peuple et Avocat. Le capitaine ne répondit pas. Quelques minutes seulement après sa sortie du cachot, les militaires s’y introduisirent pour me faire sortir de force tout en me frappant. Je me débattis et échangai des coups avec eux, jusqu’à ce qu’ils aient emporté sur moi à cause de leur nombre et m’aient amené hors de la cellule. Ils me ligotèrent aux poings et aux pieds avec leurs cordelettes et se mirent à frapper tout mon corps pendant qu’un d’eux m’étouffait. Je pleurais de toute ma voix pour alerter tout le milieu environnant et me faire entendre par mes collègues. Un des soldats n’assènait ses coups de poings que dans mes yeux.

A un moment donné, ils me délièrent de leurs cordelettes et me placèrent seul dans une cellule où le sergent Lwamba m’apporta de l’eau pour me laver. Il ne se passa pas beaucoup de minutes quand ils vinrent me prendre pour m’amener dans un bureau où je trouvais le Président Kibassa entrain de parler de ma torture au Général Yoka Essale. Le capitaine Kossingo présentait au Général un soldat vêtu en civil en justifiant que je m’étais attaqué à lui et avais déchiré sa tenue militaire, raison pour laquelle ses collègues s’étaient pris à moi.

Le Général Yoka qui s’était écrié en me voyant « il est abîmé comme çà ? », dit avoir causé avec le Gouverneur qui lui avait dit de n’avoir reçu aucun ordre de nous arrêter et que par conséquent nous devrions être relâchés. Le Capitaine Kossingo voulait absolument verbaliser le Président Kibassa pendant que le Général insistait sur la libération qui devait être immédiate. Libérés, plusieurs militaires vinrent nous saluer à notre sortie. Personnellement je ne répondais pas, j’avais des blessures partout et mes yeux étaient pleins de sang.

Je vis à la sortie ma cousine Générose Ilonda qui était avec l’épouse Kyungu et ensemble avec mes collègues, nous nous arrêtâmes à la résidence du citoyen Sambwa ou un repas nous avait été préparé.

Rentré à la maison au Bel air, je gardais le lit, le 9 et 10 mars 1982 pendant que mes collègues s’étaient rendus à Kipushi et continuaient à sensibiliser la population à adhérer à l’UDPS, à telle enseigne que les bruits s’étaient répandus dans tout Lubumbashi qu’un meeting allait être organisé à la place de la poste avant notre retour à Kinshasa.

Je n’allais pas quant à moi retourner à Kinshasa mais plutôt poursuivre  mon voyage à Kongolo pour rejoindre mon épouse et mes enfants.

Le soir du 11 mars 1982, je passai à la résidence du citoyen ILUNGA BINENE afin de rejoindre mes collègues avec lesquels je devais répondre à une invitation qui nous avait été adressée par les enfants KOMICHELO. J’arrivai un peu en retard car ils partaient déjà pour une autre invitation à la résidence de PUNGU MULENDA Gustave, un cadre de Gécamines, cousin du Président Kibassa chez qui nous devrions entrer en contact avec les dirigeants de la communauté de Kivu. J’appris la-bas que de Kinshasa un message était venu de nos collègues fondateurs pour la poursuite des négociations et que Freddy avait refusé de prendre place abord d’un avion qui lui était présenté préférant prendre le vol régulier. Peu après minuit, il se chuchotait entre nous qu’un message par lequel l’ordre était donné pour que le Président Kibassa soit acheminé à Kinshasa par le jet de la Gécamines était capté à Lubumbashi et que toutes les dispositions étaient déjà prises.

Le succès immense obtenu en un rien du temps au Shaba dans le cadre de la vulgarisation de l’UDPS tel qu’il avait été rapporté par la presse internationale dont l’associated press, avait effrayé le Pouvoir qui prit des mesures d’éloignement à l’encontre de nos interlocuteurs du pouvoir qui avaient accepté de négocier avec nous. Le citoyen Vunduawe perdit son poste de Vice Premier Commissaire d’Etat et Commissaire d’Etat aux Affaires Politiques et Décentralisation et fut accusé dans l’affaire des débits d’office pendant que le Conseiller diplomatique Ngbanda avait été nommé ambassadeur à Tel Aviv.

En outre, le Président Mobutu fut un meeting dans lequel, il rejetta la création du second parti politique  et imposa le monopartisme par les slogans «  Parti bo,  moko ; Mama bo, moko ; Tata bo, moko ; Bokonzi bo, moko » qui furent cités à la radio et à la télévision avant les informations.


Chapitre 7. De mon arrestation, ma détention et mon transfert à kinshasa par l’Agence Nationale de  Documentation/ Lubumbashi,

 

Rentré à la maison, j’arrangeai ma valise et informai la famille de l’évolution de la situation. Les doutes étaient énormes sur ma possibilité d’atteindre le lundi, jour où je devais prendre mon vol pour Kongolo.

Peu avant cinq heures du matin, on frappa à la grille et quelques minutes après ma José m’annonca qu’on était venu me chercher. En effet je vis les soldats  avec mon collègue Kyungu. Me sachant bientôt en état d’arrestation, j’écrivis rapidement une note à mon épouse dans laquelle je lui expliquai ce qui m’était arrivé et lui demandai de s’occuper des enfants au lieu de se tracasser sur mon sort. Je laissai aussi à ma José un peu d’argent pour mon épouse et une pièce de wax hollandais que je lui avais acheté à Kinshasa.

Me présentant enfin devant les soldats, l’agent de l’AND me mit dans le véhicule qui nous conduisit droit au cachot de l’AND/Lubumbashi. Le soldat qui m’accueillit me brutalisa dans ses manières de faire la fouille corporelle pendant que Kyungu protestait.

Je vis les filles Kamichelo qui s’empressèrent de nous dire qu’elles étaient là pour un autre motif et que jamais nous ne devions parler de notre soirée chez elles. Peu de temps après Lusanga fut aussi amené.

Vers huit heures, maman Gabrielline Kyungu vint avec le thé. La nouvelle de notre transfert à Kinshasa par le régulier d’air Zaïre et de l’expédition tôt le matin par petit porteur du Président Kibassa circulait On nous apprit que la région militaire arrêtait aussi nos sympathisants dont le citoyen Kyungu Mukanke, le neveu de Kibassa et entretemps le citoyen Sambwa fut aussi introduit dans notre cachot.

Peu après midi, le véhicule nous amena à l’aéroport de Luano où nous fûmes embarqués dans le DC 10 d’air zaïre.

 A Kinshasa, nous fûmes cueillis dès les escaliers de l’avion et placés dans une jeep. Les gendarmes mobiles nous amenèrent au quartier général de l’AND à Gombe, Avenue de 3 Z, où nous fûmes accueillis par un lieutenant qui nous mit dans trois cellules collectives différentes. Le Président Kibassa était déjà là,  à la cellule de femmes.

La cellule n° 3 dans laquelle j’étais placé était  moins grande que les autres. Pleine à craquer, le chef de cellule me montra un matelas que je devais partager avec un métis qu’on disait être parent de Seti. Ordre me fut donné pour que je me présente et m’explique devant les codétenus, de ce dont j’étais accusé. Le chef de cellule jouait lui-même le rôle de Procureur Général.

Les codétenus m’avaient écouté avec beaucoup d’admiration et me vouèrent du respect inconditionnel. Enfermés du dehors par le chef de poste, un vase servait à contenir nos besoins, grands et petits. Il faisait tellement chaud que nous n’avions sur nous que les sous culottes.

Le matin, les portes furent ouvertes pour nous permettre d’aller à la toilette et prendre bain. Tout était collectif à telle enseigne qu’il fallait faire vite pour laisser la place aux autres. Nous nous lavions dans les WC en piétinant  parfois les matières fécales qui se répandaient

Quelques minutes seulement nous étaient accordées pour prendre un peu d’air hors de la cellule. Je me mettais en contact avec mes collègues Lusanga et Kyungu. Le Président Kibassa ayant été gardé du côté de cellules des femmes pour y accéder, il fallait donner de l’argent aux surveillants. Kyungu le faisait souvent.

Deux jours après notre arrestation, le collègue Lusanga m’informa à notre rencontre matinale qu’il y avait un docteur qui venait d’être arrêté et qui se disait être de l’UDPS.

Nous décidâmes de le rencontrer. Il nous dit qu’il s’appelait BIRINDWA et que c’est à la résidence du citoyen Tshisekedi qu’il avait été arrêté après l’avoir rencontré et qu’à cette occasion, le document de recueil des signatures d’adhésion à l’UDPS qui lui avait été remis avait été saisi. Nous apprîmes ainsi que Tshisekedi était placé sous résidence surveillée.

Ce nouveau venu était plein d’initiatives. Il nous suggéra de ne pas perdre le temps et de profiter de ce temps où nous étions ensemble pour organiser le parti. Il griffonna sur un papier à faire sortir une proposition de la composition du Comité exécutif.

Marié à une italienne, il recevait régulièrement de son épouse des aliments qu’il prenait seul étant donné qu’il ne mangeait pas les nourritures zaïroises que nous recevions des épouses de nos collègues. C’est aussi auprès de nos collègues que nous avions reçus des matelas, draps, pyjamas et autres nécessaires.

En retournant les ustensiles de son épouse, Birindwa y avait mis une note. Cette correspondance fut saisie et ses propositions de la composition du comité furent considérées comme le projet de gouvernement. Il lui était demandé d’aller signer ce document versé dans son dossier pendant qu’il s‘acharnait à expliquer que ce n’était pas son problème individuel et qu’il s’agissait des propositions qui avaient été faites par tout le groupe UDPS se trouvant au cachot. Malgré quelques méfiances que nous avions à son égard, nous étions cependant obligés de garder contact avec lui à cause de sa sympathie vis-à-vis de nous.

Dans la même cellule que Birindwa il y avait un autre docteur, aussi sympathique que lui qui s’appelait Nawej Kandolo.

Avant qu’une semaine ne s’écoula le fondateur Tshisekedi fut amené à l’AND. Le lieutenant lui désigna son bureau pour passer la nuit pendant que les journées il restait dehors.

Extraits un jour de cachots, nous avions été amenés au bureau de l’AND, situé sur l’avenue de la Justice près du bureau de la zone de Gombe, où, nous avions été entendus séparément par une commission composée de citoyens Atenda, Pelendo, Bolozi, Ngbanda et Habarugira.

Plusieurs questions m’avaient été posées autour de notre séjour à Lubumbashi. Je répondis sans gêne surtout au sujet des informations que nous avions eu au sujet des tueries au T 2 et des cadavres jettés dans un trou sur la route de Kasumbalesa.

Certains parmi nous avaient été reçus à plusieurs reprises par la commission pour raison de confrontation.

Suite à mon état de santé, le citoyen Atenda avait donné les ordres nécessaires pour mon examen par un ophtalmologue, étant donné que mes yeux continuaient à saigner depuis ma torture du 8 mars au cachot du T2 à Lubumbashi.

Je ne fus pas autorisé d’être examiné en dehors du cachot de l’AND, c’était plutôt un médecin qui vint me consulter. Une partie des médicaments prescrits m’avaient été livrés et quelques piqûres d’antibiotiques m’avaient été injectées. Je ne finis cependant pas la cure parce qu’il m’avait été dit peu après qu’il n’y avait plus des produits pharmaceutique et qu’’il fallait attendre qu’on m’en fournisse d’autres, ce qui n’avait pas été fait.

Lorsque la commission finit de rédiger son rapport, nous fûmes de nouveau amenés à l’avenue de la Justice pour signer les procès verbaux. Le matin du 27 mars 1982, nous fûmes extraits du cachot de l’AND pour la prison de Makala via la Cour de Sûrété de l’Etat, situé sur l’avenue du 24 novembre, face au camp militaire Kokolo.

 

Chapitre 8. De ma detention à la prison centrale de   Makala pour l’affaire Ministère Public contre Kibassa et consort

 

Ma detention préventive à Makala avait été marqué pa les conditions de detention au pavillon 8, le deroulement de l’instruction préjuridictionnelle, l’internement  au pavillon 8 des sympathisants de l’UDPS arrêtés au Shaba et d’autres fondateurs, la comparution à la Cour de Sûreté de l’Etat et la condamnation.

Extraits du cachot de l’AND/Gombe le 27 mars 1982, nous avions comparu tous les cinq devant les avocats généraux près la Cour de sûreté de l’Etat qui avaient signés les mandats de dépôt avant notre internement à la prison centrale de Makala. Pour éviter les curieux le véhicule qui nous avait transportés entra dans le camp Kokolo pour ressortir à une autre issue plus loin.

A Makala, le directeur de la prison et ses collaborateurs nous accueillirent dans leurs bureaux où nous remplîmes les formalités nécessaires avant de nous conduire au pavillon 8 où nous fûmes placés au rez de chaussée chacun dans sa cellule équipée du lit sans matelas. Il y avait d’autres détenus tant au rez de chaussé qu’à l’étage. Je me servis du matelas et draps que j’avais reçus à l’AND auprès de nos collègues.

Les mois d’avril, mai et une partie du mois de juin avaient servi à l’instruction préjuridictionnelle. Entre temps au Shaba les enquêtes préliminaires se poursuivaient et plusieurs sympathisants furent placés en état d’arrestation.

Si nous les quatre fondateurs arrêtés à Lubumbashi et transférés à Kinshasa l’avaient été à cause des meetings tenus, il avait été reproché au fondateur Tshisekedi, d’avoir détenu les documents constitutifs d’un parti politique non constitutionnel saisis dans les mains de son visiteur Birindwa.

L’instruction préjuridictionnelle s’était déroulée à la prison centrale de Makala, il en avait été aussi de la confirmation de la détention préventive.

Je comparaissais personnellement auprès de l’Avocat Général Paluku dans cette affaire Ministère Public contre Kibassa Maliba et consort. Ce dernier au-delà de ses interrogations sur mon emploi du temps au Shaba, s’attardait sur le contenu de mes déclarations et notamment sur le sens que je donnais à la phrase   “ Le MPR est comme un moteur grippé ” que j’avais prononcée pendant les meetings.

M’ayant demandé de signer le procès verbal à la fin de l’instruction, je remarquais qu’il n’avait pas fait allusion à mes déclarations concernant les négociations qui avaient eu lieu avec les représentants du Pouvoir. Ayant réfusé de signer ce procès verbal parce que ne contenant pas certaines de mes déclarations que je jugeais capitales, iI s’irrita et me menaça avant de me laisser partir. M’ayant convoqué un autre jour pour la confrontation avec certains sympathisants venus du Shaba, il corrigea le procès verbal selon mon souhait et cette fois- là, J’acceptai de le signer.

Aussitôt que nous étions déplacés de l’AND/Gombe pour la prison centrale de Makala, nous y avions été remplacés par les sympathisants arrêtés à Lubumbashi qui après nous avaient rejoints à Makala. Ils étaient venus par groupe. Le premier groupe était composé de citoyennes et citoyens Meta Mutombo Mudiay, Mangabu Fwamba, Sambwa Dianda, Kyungu Mukanke, Fataki, Mumba Kileya, Kasongo Numbi, Kabule Dimitri, Kabalu Kalenga, Kayembe Mitonga, Pungu Mulenda Fabrizi, Mulanda, Mutombo, Tshipama, Kyoni, Tshiala en provenance de Lubumbashi, le deuxième groupe comprenait les citoyens Muta Mutaba, Musaka, Galao, Kitenge-bin-Makengo, Katompa, Katempa Mulume de Likasi et Kipushi enfin, nous avions été rejoints par des personnes que nous trouvions suspectes pouvant être des indicateurs, qu’étaient Prosper Kalonji et  Kitule Lumbwe.

Alors qu’avant nous avions occupé le hall du pavillon 8 et les autres détenus l’étage, l’arrivée de nos sympathisants du Shaba nous fit occuper entièrement le pavillon 8. Tous les prisonniers de conditions aisées qui y étaient détenus furent envoyés dans les autres pavillons. Le gouverneur du pavillon, le major Bakende avec lequel nous commencions à avoir beaucoup de démêlées  parce que nos sources de l’extérieur avaient annoncé qu’il était chargé d’empoisonner le collègue Tshisekedi s’en alla aussi. Il fut remplacé en qualité de gouverneur par Kyoni Kya Mukende.

Il ne resta au pavillon 8, en dehors des membres de l’UDPS que les membres de MNUR/Mbeka dont monsieur Kambu était à couteaux tirés avec  un papa qui avait ses deux enfants : Ceux-ci étaient déjà condamnés à 2 ans de spp pour avoir créé un parti politique.

Toute l’alimentation reposait entièrement sur nous-mêmes. La direction de la prison avait mis à notre disposition quelques détenus du droit commun condamnés à longue durée pour s’occuper de la propreté de nos locaux et toilettes mais aussi pour préparer nos aliments. Le déjeuner était préparé dans la prison ; mais le repas du midi venait entièrement de l’extérieur.

Mon épouse n’ayant pas été à Kinshasa, c’est l’épouse du collègue Ngalula, la maman Georgette Ntota Laba qui m’amenait chaque jour le repas. Elle me demandait aussi regulièrement mon état de besoin.

Je reçus une fois, Louise, la fille de papa Benoît Tambwe et une autre fois la combattante Yuba… Je recevais de l’extérieur les produits pharmaceutiques que je demandais pour soigner mes yeux. De temps à autre, je me rendais au dispensaire de la prison que la Croix Rouge s’efforçait d’entretenir.

C’est entre midi et quinze heures que nous recevions les repas de nos visiteurs et en groupe nous nous mettions à table.

Les dimanches, nous assistions à la messe organisée dans notre pavillon avant de nous présenter auprès des visiteurs.

Lorsque nos sympathisants de Lubumbashi furent amenés et que plusieurs n’avaient pas de familles à Kinshasa, nos collègues à l’extérieur s’organisèrent pour nous envoyer plus d’aliments et plus de personnes pour nous visiter.

L’eau potable venait aussi de l’extérieur. L’épouse du collègue Tshisekedi amenait en même temps que l’eau, de la bière que nous appelions “ la penta sauvage.” Quelques fois de l’intérieur on envoyait des surveillants ou des militaires nous chercher la penta. Elle coûtait alors le double voir le triple de son prix normal à cause de payement des taxes de douane. L’argent envoyé était détourné souvent.

Je passai le plus de temps possible le matin en train de lire les livres et revues amenés par les visiteurs ou les religieuses et j’écoutais les informations et différents programme à la radio. Les après midi je jouais au dame, au jeu de 6 ou même au ping pong. Les soirs nous réfléchissions ensemble sur nos conditions et analysions les différentes informations recueillies. Nous prenions les décisions d’organisation que nous rédigions et formions nos sympathisants avant de nous livrer à la penta.

 

 

De la prison notre organisation permit la rédaction d’un journal qu’on faisait imprimer et diffuser à l’extérieur.

En prenant directement des décisions en prison nous voulions ainsi éviter tout blocage au niveau de l’implantation du parti qui pourrait être occasionné par la réduction au silence des fondateurs libres mais matraqués par le pouvoir.

De la prison, le voyage du professeur Dikonda pour l’Europe où il devait aller s’occuper du parti fut décidé. Le collègue Tshisekedi supporta le financement du billet pendant que la fille du doyen Ngalula s’appelant Marie Claire s’occupa de son installation.

Le pouvoir soupçonna les fondateurs Makanda et Ngalula de continuer à implanter le parti. Il arrêta d’abord Makanda qui s’estima heureux de nous rejoindre, étant donné qu’il se trouvait plus en insécurité à l’extérieur. Quelques jours après, le doyen Ngalula nous rejoignit. Il fut accueilli dans une grande joie à telle enseigne que le collègue Makanda demanda pourquoi il n’en était pas ainsi à son arrestation. Je pense quant à moi que la raison était que plusieurs sympathisants kasaïens arrêtés à Lubumbashi étaient de l’obédience de Ngalula. Le voyant en prison, ils se sont tranquillisés en se disant qu’ils ne s’étaient pas trompés en suivant les fondateurs katangais.

Lors de la coupe du monde, le collègue Makanda fit enter un post téléviseur qui nous permit de suivre les différents matches.

 

Chapitre 9.  De la comparution devant la  cour de la surete  de l’Etat,

 

La comparution devant la Cour de la Sûreté de l’Etat eut lieu le 19 juin 1982 mais pour  raison de non saisi de certains fondateurs et de l’absence des avocats, elle avait été remise au 28 juin 1982, journée pendant laquelle la brutalité de la garde présidentielle sur le public et les avocats empêcha le deroulement régulier du procès.

En effet, la Cour de Sûreté de l‘Etat fit parvenir des citations à comparaître à tous les signataires de la lettre d’information de la création du second parti politique se trouvant dans la prison comme en dehors.

De tous nos sympathisants, seuls quelques-uns uns qui avaient été considérés comme  complices furent concernés pendant que les autres avaient  été libérés parce qu’ils avaient nié d’avoir rencontré les signataires de la lettre d’information au Président Mobutu en leur qualité de fondateurs d’un parti politique mais plutôt en qualité d’élus et leaders.

Pendant que les sympathisants non libérés étaient inquiets, au niveau des fondateurs nous gardions notre calme et la détermination d’aller jusqu’au bout, nous préoccupant seulement à encourager ceux qui étaient retenus même si certains comme Kabule Dimitri étaient inconsolables.

Plusieurs membres libérés se constituèrent en nos informateurs et  regaillardis par l’atmosphère qu’ils avaient trouvée auprès des adhérents kinois, ils contribuèrent à préparer la journée de l’audience du 19 juin 1982.

Tôt le matin du 19 juin 1982, il nous avait été rapporté à la prison qu’ une effervescence régnait autour de l’Assanef à l’occasion de notre comparution et cela tant du côté du pouvoir que du côté de l’opposition.

Extraits de la prison, nous fûmes transportés par un bus qui était escorté par les véhicules qui sonnaient leur sirène. Le long de l’avenue du 24 novembre certaines personnes levaient leur bras en montrant deux doigts non pas pour chanter la victoire mais pour se réclamer du 2è parti politique.

A l’Assanef même, l’atmosphère était de grand jour. Les gens chantaient et dansaient à notre honneur. Lorsque la Cour fut son entrée et que le greffier se mit à nous appeler nominalement en énumérant nos identités, c’est par la clameur qu’il était répondu. Je me souviens de l’hystérie qu’avait envahie la salle  au moment où on avait cité le nom de Tshisekedi. La chanson religieuse, Dieu vous a choisi « Nzambe aponi yo », était chantée en choeur!  Le Professeur Lihau avait aussi été cité, mais en qualité de témoin.

De Makala, nous nous étions déjà entendus que nous ne comparaîtrions pas tant que nos avocats étrangers ne seraient pas autorisés de nous assister. Un texte que j’étais chargé de lire avait même été confectionné. Certains avocats nationaux acceptèrent de nous défendre, ce fut le cas pour mon cas de Me Nyembo et de Me Mukendi.

Si Maître Nyembo Amumba avait été désigné par moi-même et qu’il venait me voir à la prison, Me Mukendi wa Mulumba quant à lui était prêt à le faire en sa qualité de bâtonnier du Barreau de Kinshasa auprès d’un’avocat de son barreau.

Défilant à la barre chacun de nous exigea la présence des avocats étrangers et de représentants des organisations des droits de l’homme. J’exigeai quant à moi l’octroi de visa à Me Jules Chomé que j’avais dit, être mon avocat..

 

En fin de compte nous obtînmes la remise pour le 28 juin 1982 et quittâmes l’Assanef triomphalement.

De la Belgique, deux avocats accoururent à notre défense et vinrent nous voir à la prison. Ils s’appelaient Me Robert Charles GOFFIN et Me Eric VERGAUWEN. Nous nous entretenions avec eux dans la joie et l’un d’eux nous photographia en catimini. Toutes les dispositions étaient prises pour leur séjour dans la dignité dans notre pays. Le fondateur Tshisekedi avait mis à leur disposition pour leur transport sa voiture de marque « Jaguar ».

 A l’extérieur de la prison, ces avocats devaient être en contact avec des épouses notamment de nos collègues Ngalula, Lusanga, Kibassa, Makanda, Tshisekedi et Birindwa mais aussi avec nos collègues prévenus libres qu’étaient Dia, Kapita, Kanana, Ngoy Mukendi, Kasala et Biringanine.

En ce qui concerne  l’audience du 28 juin 1982 contrairement au 19 juin, c’est vers midi seulement que le bus vint nous chercher à la prison et au lieu des gendarmes mobiles, l’entrée de la prison était infestée par des bérêts verts de la garde présidentielle. L’escorte même était intimidante. Au lieu de pénétrer à l’Assanef par l’entrée normale, l’autobus suivit une voie secondaire.

A la descente du bus qui nous avait amenés jusqu’à la porte d’entrée de la salle, nous n’entrâmes pas dans la salle à la vue de la garde présidentielle qui chargeait la foule venue manifester son soutien à notre démarche politique. Ci et là, les gens étaient battus et escortés vers les lieux de détention et c’est malgré le passage en ce moment du cortège de Kirk Patrick, la représentante des Etats Unis à l’ONU. Le cas de mama Tshika, petite sœur de Tshisekedi me frappa le plus. Elle était arrêtée et dépouillée de certains de ses habits.

Le Collègue Tshisekedi dit qu’il n’allait plus entrer dans la salle et personne de nous ne dit le contraire, même pas Birindwa concidéré encore comme complice.

Une forte pression fut exercée sur nous par le Commissaire d’Etat à la justice, le citoyen Mananga et même par nos avocats pour nous faire entrer dans la salle.

Aux menaces de Mananga de nous punir d’une manière exemplaire en nous condamnant et nous exécuter directement au cas où nous n’entrions pas dans la salle, nous ne cédâmes pas.

 A nos avocats nationaux, le citoyenTshisekedi dit expressément à Me Mukendi de ne plus rien entreprendre et aux Avocats expatriés, il les fit comprendre “ que le problème n’était que politique et non juridique. De toutes les façons, il n’y avait rien de droit.” Conclut-il !

 La salle était bondée des agents de sécurité armés, alors que nos familles n’avaient pas droit d’y entrer ! Quelque chose était à l’avance préparée et il ne fallait pas servir de complice.

L’audience fut ouverte alors qu’en compagnie des fondateurs Kibassa, Kyungu, Ngalula, Lusanga, Tshisekedi et Makanda nous étions toujours debouts en dehors de la salle. Le fondateur Kapita, les citoyennes et citoyens Meta, Mangabu, Kabule, Sambwe, Katompa, se présentèrent à la barre en qualité de prévenus pendant que le professeur Lihau le fit en qualité de témoin.

Nous restâmes debout devant la salle d’audience pendant toute la journée. Le Procureur Général près de la Cour de Sûreté de l’Etat, le citoyen Tshilumba était remplacé ce jour par le Procureur Général de la République Bokuma ! Le siège était expressément modifié. Le même jour fut requis à nos charges : 15 ans de Servitude Penale Principale.

Le collègue Anaclet Makanda qui causait avec sa fille Françoise à mes côtés, s’entendait dire par celle-ci. “ Papa vous ne sortirez de la prison qu’en 1997 ? Ainsi donc vous n’assisterez pas à mon mariage ? ” Nous avions ri à gorges déployées.

Il faisait déjà noir quand il nous fut demandé de prendre place abord de l’autobus pour rentrer à Makala. Des gens accoururent vers nous. Nous nous apercevions qu’ils continuaient à être bastonnés. Même les épouses et les enfants des fondateurs étaient attaqués. Quelqu’un nous dit que la jaguar réservée aux avocats était enlevée et comme ils étaient de nationalité belge, les avocats s’étaient repliés auprès de leur ambassade.

Nos collègues jusque là prévenus libres étaient aussi obligés de prendre place abord de l’autobus pour être détenus avec nous. Il nous avait été demandé de nous représenter à l’Assanef le jeudi premier juillet dix neuf cent quatre vingt deux pour le jugement mais dès ce jour nous décidâmes de ne pas nous y rendre.

Le lendemain, l’atmosphère était morne à la prison. Les nouvelles qui nous parvenaient de plus en plus étaient celles de détention dans les cachots de Bolozi de membres de nos familles y compris des épouses. Certaines personnes qui avaient échappé à l’arrestation se présentaient avec leurs blessures et ne cessaient de dire que si nous étions entrés dans la salle, nous serions assassinés. Il y aurait des désordres expressément entretenues pour permettre notre liquidation dans la confusion. Dieu merci, car en refusant d’entrer dans la salle, le plan du dictateur était déjoué.

Nos collègues qui venaient de nous rejoindre à la prison furent vite intégrés à notre vie. Au cours d’une réunion du collège des fondateurs nous cooptâmes les citoyens Birindwa, Sambwa et Bossassi en qualité de fondateurs. Le dernier coopté n’était pas avec nous en prison mais il nous informait à temps sur les intentions du pouvoir. Ainsi par lui, nous avions appris bien avant que pour ne pas nous permettre de nous inspirer de la constitution pour créer un 2è parti politique, il était décidé par le Comité Central que le MPR n’était plus un parti politique mais plutôt un Parti- Etat-nation.

Etant donné qu’il nous était rapporté que dès le jugement nous serions dispersés à travers la République et que pour Tshisekedi, le citoyen Bolamba déclarait qu’il serait escorté par lui à la prison de Belingo, le collège des fondateurs procèda à la nomination de ceux qui allaient s’occuper du parti pendant notre absence.

Les familles  envoyèrent de l’extérieur les trousseaux de voyage. Mes collègues Ngalula, Tshisekedi, Kibassa, Makanda, Lusanga reçurent des malles entières dans lesquelles ils arrangeaient habits, appareils électroménagers, boîtes de conserve etc. Je recourus personnellement auprès du doyen Ngalula pour lui demander de partager avec moi son trousseau. Il me donna une bouteille thermos, quelques assiettes et même quelques habits !


Chapitre 10. De ma condamnation et mon transfert a la prison de Luiza via la prison

 

Comme prévu, le jour du jugement, on vint nous chercher à la prison mais tous nous refusions de nous rendre à l’Assanef. La Cour de Sûreté de l’Etat siégeant en matière répressive en premier et dernier ressort avait rendu l’arrêt  RMP 3833  RP 2322  Audience Publique du jeudi premier juillet dix neuf cent quatre vingt deux dont la teneur suit :.

Elle dit établie à la charge des prévenus Kibassa, Ngalula, Dia, Kyungu, Lumbu, Kasala, Ngoy Mukendi, Lusanga, Kapita, Tshisekedi, Kanana, Makanda et Biringanine, l’infraction du complot mise à leur charge et les condamna de ce chef à 15 ans de spp chacun.

Dit aussi établie à la charge du prévenu Birindwa, l’infraction de recel mis à sa charge et le condamna de ce chef à 5 ans de spp.

Dit également établie à la charge des prévenus Sambwe Dianda, Meta Mutombo, Mangabu Fwamba et Kabule Bin Kawanga, l’infraction mise à leur charge, condamne le prévenu Sambwe Dianda à 24 mois de spp, condamne le prévenu Kabule Bin Kawanga à une peine de 12 mois de spp.

Les deux mamans, Meta et Mangabu condamnées à 12 mois de spp mais avec sursis de deux ans quittèrent la prison le même jour.

Les faits mis à charge de Katompa n’étant pas établis, il avait été libéré aussi le jour du jugement.

 

 

LA COUR DE SURETE DE L’ETAT EN MATIERE REPRESSIVE EN PREMIER ET DERNIER RESSORT A RENDU L’ARRET SUIVANT :

 

R.M.P. 3833.                                                                     R.P. 2322

 

AUDIENCE PUBLIQUE DU JEUDI PREMIER JUILLET DIX NEUF CENT QUATRE VINGT DEUX

 

EN CAUSE :

LE MINISTERE PUBLIC

 

CONTRE :

 KIBASSA MALIBA, fils de KIBASSA MALIBA et de MATUMPA NSELA, né à Lubumbashi le 28 décembre 1939, originaire de la zone de Kasenga, sous-région du Haut Shaba, Région du Shaba, marié à KUNDA, père de 6 enfants, résidant à Kinshasa- Limete, Boulevard Lumumba n° 617, en détention préventive à la prison centrale de Makala.

NGALULA MPANDAJILA, fils de Tshilolo et Mupoy, né à Lusambo le 12 décembre 1928, originaire de Lupatapata, zone de Lupatapata, sous région de Tshilenge, Région du Kasaï oriental, résidant à Kinshasa-Ngaliema, rue Allée Verte n° 1, en détention préventive à la prison centrale de Makala.

DIA ONKEN-A-MBEL, né à Mikumbi en 1930, fils de YHOUK OKOUL et de NDENDOM, sous region du Kwilu, Région de Bandundu, marié à BIBIKABONGO SIM, père de 7 enfants, residant à Kinshasa-Gombe, avenue Mfumu n° 158, prévenu libre.

KYUNGU-WA-KUMWANZA, fils de MUPOY et de KIBANA, né à Ankoro le 24 octobre 1938, originaire d’Ankoro, zone de Manono, sous région de Tanganika, marié à MUZINGA et père de 11 enfants, résidant sur l’avenue Kalemie, Building Meroure, appartement D 2, zone de la Gombe, en détention préventive.

KASALA KALAMBA KABWADI, fils de KALAMBA et de KAPINGA, né le 18 décembre 1948 à Kalamba Kabwadi, zone de Tshikapa, sous-région du Kasaï, Région du Kasaï occidental, marié à WADIMUENA MBUYI et père de 3 enfants, résidant à la zone de Kinshasa, avenue Kato n° 111, prévenu libre.

 

  R.M.P. 3833.                                                                               – deuxième feuillet – R.P. 2322

 

N’GOYI-MOUKENDY MOUSHALA PANDY, fils de MUKENDI (dcd) et de BATUPAPA (dcd), né à Kinshsa, le 29 novembre 1942, marié à TSHISALU MUKUNA (décédée le 23 avril 1979 à Kananga) remarié à LONGO LATAMBUE et père de 20 enfants, localité Tshisambi, collectivité Mulunda, zone de Kananga, sous-région de Kananga, Région du Kasaï occidental, en liberté provisoire

LUMBU MALOBA NDIBA, né le 22 avril 1948 à Kayanza, marié et père de 4 enfants, fils de LUMBU KITCHWANYOKA (ev) et de NDIBA SINYEMBO, originaire de la localité Kayanza, collectivité BENA NYEMBO, zone de Kongolo, sous-région de Tanganyika, Région du Shaba, résidant à Kongolo au n° 144, avenue Martyrs, en détention préventive.

LUSANGA NGIELE, fils de NGIEL (dcd) er de NYONGANI (ev), né à Kabinda le 4 mars 1946, originaire de Kabwe Kakiele, zone de Lubao, sous-région de Kabinda, Région du Kasaï oriental, marié à MANSAKA et père de 11 enfants, résidant sur l’avenue Kasa-vubu n° 57, Kinshasa Ngiringiri, en détention préventive.

KAPITA SHABANGI, fils de KAPITA BWENDELE (ev) et de KALUMBA MUJINGA (ev), né à Mayi-munene, le 21 novembre 1944, originaire de Tshikapa, zone de Tshikapa, sous-région de Kasaï, Région du Kasaï occidental, marié à KONGOLO LUKADI et père de 3 enfants, résidant sur l ‘avenue Mampeza n° 156, zone de Ngaliema, en liberté provisoire.

TSHISEKEDI WA MULUMBA, fils de MULUMBA et de KABENA, né à Kananga, le 14 décembre 1932, originaire de la localité Bakwa Ntombolo, collectivité  Kabeya Kamwanga, zone de Kabeya Kamwanga, sous-région de Tshilenge, Région du Kasaï oriental, en détention préventive.

KANANA TSHIONGO A MINANGA, fils de KAMANGA NSADI et de KAMWANGA MAMULEJA, né le 13 juin 1936 à Bakwanga, originaire de Mbuji-Mayi, zone de Dibindi, sous-région de Mbuji-Mayi, Région du Kasaï oriental, marié à TSHIAPU NTUMBA et père de 18 enfants, résidant sur l’aveue de Lubilanji n° 12, zone de Dibindi à Mbuji-Mayi, en liberté provisoire.

MAKANDA MPINGA SHAMBUYI,  fils de MULAMBA et de NGOMBA,  né à Bena Tshimanga en 1930, originaire de Lukalaba, zone de Tshilenge, sous-région de Tshilenge, Région du Kasaï oriental, marié à KANIEBA et père de 15 enfants, résidant à Kinshasa Ngaliema, avenue Nioki n° 522, en détention préventive.

 

   R.M.P. 3833.                                                 –  troisième feuillet –                         R.P. 2322.

BIRINGANINE MUGARUKA, fils de MUGARUKA et RULEMBU, marié à NZINGIRE SHALISHALI et père de 14 enfants, originaire de la collectivité Ngweshe (Walungu), zone de Walungu, sous-région du Sud Kivu, Région du Kivu, résidant sur avenue Belaki n° 29 à Bandalungwa/Moulaert à Kinshasa.

SAMBWE DIENDA, né à Lubumbashi, le 17 janvier 1944, fils de Sambwe et de Ngoie, originaire de Sambwe, zone de Mituaba, sous-région du Haut-Shaba, marié à NUMBI KASONGO et père de 7 enfants, directeur à la S.N.C.Z., résidant à Lubumbashi, route du Golf n° 42, en détention préventive.

META MUTOMBO, fille de SENGA et de MBOMBO, née à Lubumbashi, le 10 octobre 1941, originaire de Bakwa Kalonji, zone de Katanda, sous-région de Tshilenge, mariée à MUTOMBO MUDIAY et mère de 5 enfants résidant à Lubumbashi, avenue Mama Yemo n° 2441, en détention préventive.

KABULE BIN KAWANGA, fils de NANAYOTIS TALALIAS et de SALIMA KAWANGA, né à Kapolowe le 23 août 1936, originaire de Katanga, zone de Kambove, sous-région du Haut-Shaba, Région du Shaba, marié à KASWETI NGOBEL et père de 8 enfants, résidant sur route Munama, bloc 1079, zone de Kampemba à Lubumbashi, en détention préventive.

KATOMPA NKOKA SABWA, né à Miabi, le 11 novembre 1939, fils de KALUMBA et de NGOYA, originaire de Mpukulu, zone de Miabi, sous-région de Tshilenge, Région du Kasaï oriental, divorcé , résidant à Likasi, avenue Upemba n° 69, en détention préventive.

MANGABU FWAMBA, fille de FWAMBA LUFULUABO et de MUNYEMBA, née le 15 mars 1949, originaire de Bena Kabongo, zone de Dibindi, sous-région de Tshilenge, Région du Kasaï oriental, divorcée et mère de 6 enfants, résidant à Lubumbashi, zone de Katuba, avenue Basundi n° 11, en détention préventive.

BIRINDWA-ci -BIRHASHWIRWA, fils de NACHALUBWE et de MWAMPUNGA, originaire de Mwegerere, collectivité de Ngweshe, zone de Walungu, sous-région du Sud-Kivu, Région du Kivu, marié à BARICHELLI et père de 2 enfants, résidant à Kinshasa-Gombe, avenue des trois Z. n° 65, en détention préventive.

 

 R.M.P. 3833.                                      – quatrième feuillet –                    R.P.2322.

 

 PREVENUS DE  :              “ Pour les 13 premiers prévenus.

 Avoir formé un complot dans le but de détruire ou de changer le régime constitutionnel, en l’espèce, avoir à Kinshasa, en février 1982, en février, sans préjudice de date plus exacte, de concert, arrêté la résolution d’agir pour changer le régime constitutionnel actuellement en vigueur en République du Zaïre, avec cette circonstance aggravante que pour préparer l’exécution de leur résolution, les comploteurs ont créé un parti politique et ont commencé à recruter des adhérents à ce parti ; fait prévu et puni par les articles 195, 196, al. 1 et 213 du code pénal tel que modifié à ce jour.

 

Pour le prévenu KYUNGU-WA-KU-MWANZA seul

 

Avoir, par paroles, manifeste de l’aversion ou de la haine tribale ou régionale, en l’espèce, avoir à Lubumbashi, en mars 1982, sans préjudice de date plus pécise, lors d’un rassemblement populaire, déclaré que le Mouvement Populaire de la Révolution n’est composé que des voleurs et que les kinois achetent des avions avec des fonds provenant des richesses du Shaba ; fait prévu et puni par l’article 1er de l’ordonnance-loi n° 66/342 relative à la répression du racisme et du tribalisme.

 

Pour le prévenu SAMBWE  DIENDA

Avoir aidé ou assisté les auteurs d’une infraction dans les faits qui sont préparé l’exécution de cette infraction, en l’espèce, avoir à Lubumbashi, du 28 février au 11 mars 1982, mis sa voiture et ses services à la disposition du prévenu Kibassa Maliba pour faciliter les déplacements de ce dernier dans sa tournée de propagande en faveur du complot ; fait prévu et puni par les articles 22, 23, 195, 196 et 213 du code pénal.

 

Pour la prévenue META MUTOMBO

Avoir fourni sans contrainte et en connaissance de leurs intentions, un lieu de réunion aux auteurs d’une infraction contre la sûreté de l’Etat, en l’espèce, avoir à Lubumbashi, le 28 février 1982, reçu en sa résidence, pour qu’ils y traitent de leurs parti politique, les prévenus Kibassa, Kyungu, Lumbu et Lusanga ; faitprévu et puni par les articles 22, 23, 195, 196, 213 et 216 du code pénal.

 

Pour le prévenu KABULE bin KAWANGA

Avoir fourni sans contrainte et en connaissance de leurs intentions, un lieu, de réunion aux auteurs d’une infraction contre la sûreté de l’Etat, en l’espèce, avoir à Lubumbashi, le 13 mars 1982, mis son bar MEXICO à la disposition des prevenus KIBASSA, KYUNGU, LUMBU, et LUSANGA pour qu’ils entretiennent la population de leur parti politique ; fait prévu et puni par les articles 22, 23, 195, 213 et 216 du code pénal.

R.M.P. 3833.                                                                         – cinqième feuillet –        R.P. 2322.

 

Pour la prévenue MANGABU FWAMBA

Avoir fourni sans contrainte et en connaissance de leurs intentions, un lieu de réunion aux auteurs d’une infraction contre la sûreté de l’Etat, en l’espèce, avoir à Lubumbashi en mars 1982,mis sa résidence à la disposition des prévenus KIBASSA, KYUNGU, LUMBU et LUSANGA pour qu’ils y traitent de leur parti politique ; Fait prévu et puni par les articles 22, 23, 195, 196, 213 et 216 du code pénal.

 

Pour le prévenu KATOMPA NKOKA SABWA

Avoir aidé ou assisté les auteurs d’une infraction dans les faits qui ont préparé l’execution de cette infraction, en l’espèce, avoir à Likasi, le 7 mars 1982, lors du rassemblement populaire organisé par les prévenus KIBASSA, LUSANGA, KYUNGU et LUMBU, poussé des cris :  “Vive l’U.D.P.S. /Vive l’U.D.P.S. ”, fait prévu et puni par les articles 22, 23, 195, 196 et 213 du code pénal.

 

Pour BIRINDWA-CI-DIRHASHWIRWA

Avoir tenté de soustraire des documents de nature à faciliter la découverte des preuves d’une infraction contre la surêté de l’Etat, en l’espèce, avoir à Kinshasa, le 13 mars 1982, tenté de retirer du domicile du prévenu TSHISEKEDI pour les amener ailleurs, les documents décrits au dossier, la résolution de commettre cette infraction ayant été manifestée par le fait que ces documents avaient été chargé dans la voiture du prévenu, lequel n’a pu les emporter que par des circonstances indépendantes de sa volonté, en l’occurrence, l’arrivée des agents de l’ordre qui l’ont arrêté ; fait prévu et puni par les articles 4, 195, 196, 213 et 217 du code pénal.

 Vu la fixation de la cause à l’audience publique du 19 juin 1982 suivant l’ordonnance du Président de cette juridiction en date du 10 juin 1982 ;

 Vu les citations à comparaître à cette audience, données aux prévenus : KIBASSA MALIBA, NGALULA MPANDAJILA, DIA ONKEN-A-MBEL, KYUNGU WA KU MWANZA, LUMBU MALOBA, LUSANGA NGIELE, TSHISEKEDI WA MULUMBA, MAKANDA MPINGA SHAMBUYI, BIRINGANINE MUGARUKA, SAMBWE DIENDA, META MUTOMBO, KABULE BIN KAWANGA, KATOMPA NKOKA SABWA, MANGABO FWAMBA, BIRINDWA- CI-BIRHASHWIRWA, et KASALA KALAMBA KABWADI par exploit du greffier MUTEBA NGOIE daté du 10 juin 1982 ;

 Vu les citations à témoin à comparaître à cette même audience données aux témoins MULENDA NKALA, KATEMPA MULUME, KYUNGU MUKANGE, FATAKI KABAMBA, KASONGO MWIYUMBI, TSHIALA KALENGA, MUMBA-KILEYAT, KASONGO NUMBI, MUTOMBO MUADIA, TSHIPAMA KAZADI, KITENGE BIN MALENGO, MUTABA MUTA, MUSAKA MWELA, LWABA DIBU, KALONJI NKASHAMA et LIHAU EBUA par exploits séparés respectivement de greffier MUTEBA et Huissier MAKWIZLANDI en date du 14 et 16 juin 1982.

R.M.P. 3833.                                                           – sixième feuillet –                    R.P.  2322.

 

Vu l’appel de la cause à l’ audience à laquelle les prévenus KIBASSA MALIBA, NGALULA MPANDANJILA, DIA ONKEN-A-MBIEL, KYUNGU WA KU MWANZA, LUMBU MALOBA, LUSANGA NGIELE, TSHISEKEDI WA MULUMBA, MAKANDA MPINGA SHAMBUYI, BIRINGANINE MUNGARUKA, SAMBWE  DIENDA, META MUTOMBO, KABULE BIN KAWANGA, KATOMPA NKOKA-SABWA, MANGABU FUAMBA, BIRINDWA-CI-BIRHASHWIRWA, KASALA KALAMBA KABWADI, comparaissent sur citations régulières, tandis que BIRINGANINE ne comparaît pas ni personne pour lui bien que régulièrement cité ;

Les prévenus KAPITA ET KANANA atteints par des citations irrégulières en date des 12 juin et 15 juin 1982, ne comparaissent pas ni personne pour eux.

Quant au prévenu NGOY MUKENDI, celui-ci ne comparait pas ni personne pour lui, n’ayant pas été atteint par une citation ;

Vu le renvoi de la cause à l’audience publique du 28 juin 1982 pour permettre aux prévenus de se faire assister de leurs conseils étrangers et au greffier de citer les prévenus KANANA, KAPITA, NGOY et BIRINGANINE ;

Vu les citations à comparaitre à cette audience données aux prévenus Kapita, Kanana, Ngoy et Biringanine par exploits de l’huissier Makwizalandi en date du 19 juin 1982 ;

Vu l’appel de la cause à cette audience à laquelle les prévenus Meta, Kabule, Sambwe, Mangabu et Katompa comparaissent, assistés de leurs conseils Maîtres Kankonde, Lubamba, Muitabay, Museu et Nyembo, tous avocats près la cour d’appel de Kinshasa, tandis que les prévenus Kibassa, Ngalula, Dia, Kyungu, Kasala, Ngoy, Lumbu, Lusanga, Kapita, Tshisekedi, Kanana, Makanda ne comparaissent pas bien que se trouvant à la porte de la salle d’audience, refusent de se présenter à la barre alors que la remise était contradictoire ;

Vu l’instuction de la cause à cette audience ;

Oui le témoin Lihau en ses dépositions ;

Oui le Ministère public représenté par le citoyen Bokuma Etike, Procureur Général de la République en son réquisitoire tandant en ce qu’il plaise à la cour de :

 déclarer la prévention de complot qualifié établi à charge des prévenus Kibassa Maliba, Ngalula Mpandanjila, Tshisekedi Wa Mulumba, Makanda Mpinga Shambuy, Kyungu wa Ku Mwanza, Lumbu Maloba, Lusanga Ngiele, Dia Onken a Mbel, BIRINGANINE Mugaruka, Kasala Kalamba Kabwadi, Kapita Shabani, Ngoyi Moukendi, Kanana Tshiondo à Minanga ;

Condamner chacun à 15 ans de servitude pénale pincipale ;

déclarer les prévenus Sambwe Dienda, Meta Mutombo, Kabule-Bin-Kawanga, Katompa Nkoka Sabwa, Mangabu Fwamba et Birindwa-c-Birhashwirwa, complice du complot qualifié ;

La Cour appréciera le taux de la peine ;

Déclarer Birindwa-ci-Birhashwirwa coupabe de recel et constater que cette infraction entre en concours idéal avec celle de complice dans le complot ;

Déclarer établie l’infraction d’excitation à la haine tribale ou régionale dans le chef du prévenu KYUNGU-WA-KUMWANZA et constater que cette infraction entre en concours idéal avec celle de complot ;

 

R.M.P. 3833.                                                               – septième feuillet –                   R.P. 2322.

Prononcer l’arrestation immédiate des prévenus DIA ONKEN AMBEL, KASALA KALAMBA KABWADI, KANANA TSHIONGO A MINANGA, NGOY MOUKENDI et BIRINGANINE MUGARUKA ;

Condamner tous les prévenus aux frais d’instance ;

Prononcer la déchéance du droit de vote et d’éligibilité pour une durée de cinq ans après expirations de leurs peines à l’égard des prévenus SAMBWE DIENDA, KABULE-BIN-KAWANGA, META MUTOMBO, MANGABU FWAMBA, BIRINDWA-CI-BIRHASHWIRWA et KATOMPA NKOKA SABWA ;

Constater que les prévenus suivants ont été déjà déchus de leur droit de vote et d’éligibilté par les décisions d’Etat n° 001 et 002 respectivement du                                                                                 à savoir : NGALULA MPANDANJILA, TSHISEKEDI WA MULUMBA, MAKANDA MPINGA SHAMBUYI, KYUNGU-WA-KUMWANZA, LUMBU MALOBA, DIA ONKEN AMBEL, LUSANGA NGIELE ; KASALA KALAMBA KABWADI, NGOY MOUKENDI, KAPITA SHABANGI, KANANA TSHIONGO A MINANGA, BIRINGANINE MUGARUKA et KIBASSA MALIBA ;

Prononcer la disjonction de la cause en ce qui concerne le prévenu BIRINGANINE MUGARUKA.

Oui, les prévenus : META, KABULE, SAMBWE, KATOMPA et MANGABU, en leurs dires et moyens de défense présentés tant par eux mêmes que par leurs conseils respectifs ;

Après quoi, la cour déclare les débats clos ; prend la cause en délibéré pour rendre son arrêt à l’audience publique de ce jour :

                                                       

 

A  R  R  E  T

 Les prévenus KIBASSA MALIBA, NGALULA MPANDANJILA, TSHISEKEDI WA MULUMBA, KYUNGU WA KUMWANZA, KASALA KALAMBA, NGOYI MOUKENDI, LUMBU MALOBA, LUSANGA NGIELE, KAPITA SHABANGI, KANANA TSHIONGO, MAKANDA MPINGA, DIA ONKEN A MBEL ET BIRINGANINE MWAGARUKA, sont poursuivis en qualité de co-auteurs, pour avoir dans les circonstances de lieu et de temps reprises dans la citation formé un complot dans le but de détruire ou de changer le régime constitutionnel établi ;

Le prévenu KYUNGU est poursuivi, en outre, pour avoir par paroles, manifesté de l’aversion ou de la haine tribale ou régionale ;

Quant au prévenu BIRINDWA il est poursuivi, pour avoir tenté de soustraire des documents de nature à faciliter la découverte des preuves d’une infraction contre la sûreté de l’Etat ;

Afin, les prévenus META, KABULE, KATOMPA ET MANGABU sont accusés en qualité de complices, pour avoir fourni aux prévenus poursuivis du chef d’infraction contre la sûreté de l’Etat un lieu de réunion, tandis que le prévenu SAMBWE est poursuivi également en qualité de complice, pour avoir mis à la disposition desdits prévenus un véhicule pour leur faciliter les déplacements dans leur tournée de sensibilisation de masses pour leur deuxième parti politique ;


R.MP. 3833.                                                – huitième feuillet –             R.P. 2322.

A l’appel de la cause, seuls les prévenus SAMBWE, META, MANGABU, KATOMPA et KABULE comparaissent en personne assistés de leurs conseils ; tandis que les autres prévenus, bien que régulièrement cités, ne comparaissent pas ;

 Enfin le prévenu BIRINGANINE ne comparait pas nonobstant, la citation régulière. La saisine de la cour est donc régulière à l’égard de tous les prévenus.

 

 I. F A I T S

 Il ressort des éléments du dossier de la cause et des débats à l’audience que pour avoir à la date du 1er novembre 1980 commis un manquement grave à la discipline du Parti, les treize premiers prévenus alors élus du peuple furent déchus de leur mandat et frappés des mesures de privation de leurs droits civique et politique par la commission permanente de discipline du comité central du Mouvement Populaire de la Révolution ;

Outre ces sanctions, les prévenus furent également astreints à s’éloigner de la Capitale et à résider dans leurs milieux d’origine ;

 Au courant du mois de décembre 1981, les prévenus furent autorisés à s’installer dans les milieux de leur choix à la suite de la levée des mesures d’assignation à résidence qui avaient été prise à leur égard. C’est alors qu’ils se retrouvèrent tous à Kinshasa au courant du mois de janvier 1982.

 Pendant leur séjour dans la capitale, les prévenus se réunirent à plusieurs reprises pour reflechir sur la situation du Pays. Au courant de l’une de ces réunins, ils aboutirent à la conclusion que la perte de leur mandat signifie leur exclusion du Mouvement Populaire de la Révolution  et qu’il fallait en conséquence trouver un autre cadre politique dans lequel ils pouvaient exprimer les vœux de leurs électeurs qu’ils croyaient encore représenter.

C’est pour ce motif que les prévenus décidèrent de commun accord de créer un second parti politique opposé au Mouvement Populaire de la Révolution, ayant pour objectif d’instaurer un ordre nouveau et dénommé  “ UNION POUR LA DEMOCRATIE ET LE PROGRES SOCIAL ” en abrégé “ U.D.P.S. ”.

Pendant que les prévenus étaient entrain de discuter les modalités pratiques de la mise en œuvre de leur parti, ils furent invités le 17 février 1982 par le Vice-Premier Commissaire d’Etat qui était informé par les services de sécurité de toutes les réunions tenues soit au domicile de NGALULA, soit à celui de TSHISEKEDI soit encore à celui de KIBASSA.

A cette date, le vice-Premier Commissaire d’Etat communique aux prévenus que l’Autorité politique était au courant de toutes leurs réunions tenues au sujet de la création d’un second parti politique. Il ajouta, qu’il possède même leur projet de société ainsi que leur statut. Il leur rappela le caractère anti-


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 constitutionnel de leur entreprise et qu’étant déchus de leurs droits civiques et politiques, ils ne pouvaient se livrer à aucune activité poitique. Il leur déclara qu’au lieu de les arrêter, l’Autorité politique préferait les approcher pour les mettre en garde et les dissuader de poursuivre leur dessein anticonstitutionnel.

Après avoir remercié le Vice-Premier Commissaire d’Etat, le porte-parole du groupe, le prévenu KIBASSA MALIBA, répondit qu’il allait se concerter avec les autres membres pour donner une suite à la communication qui venait de leur être faite.

Conformément à cette promesse, le prévenu KIBASSA MALIBA revint au Cabinet du Vice-Premier Commissaire d’Etat à la date du 20 février 1982 accompagné notamment de coprévenus NGALULA, TSHISEKEDI pour donner la réponse promise.

Pour toute réponse, les prévenus remirent au représentant de l’Autorité une lettre destinée au Président de la République par laquelle ils l’informaient de l’existance de leur parti politique et lui demandaient une rencontre en vue d’harmoniser leurs points de vue sur la prochaines élections. Un appel à l’ordre leur fait à cette occasion par cette Autorité qui insista sur le caractère anticonstitutionnel de leur entreprise, et leur réitera le contenu de sa communication du 17 février 1982.

Inquiétés par leur propre acte et surtout par le fait de se sentir étroitement surveillés par les éléments de la sécurité nationale, le prévenu KIBASSA et quelques membrtes de son groupe rentrèrent au Cabinet du Vice-Premier Commissaire d’Etat aux fins de tenter d’obtenir une nouvelle rencontre. Ce dernier s’étant rendu à un deuil dans la Région de l’Equateur, les prévenus furent reçus par le Conseiller diplomatique du Président de la République auprès de qui ils posèrent la question de la sincèrité des intentions du pouvoir.

Après avoir assuré au groupe qu’il ne sera pas inquiété dans sa liberté d’aller et de venir, le représentant de l’autorité insista de nouveau sur le respect de la constitution et leur conseilla de mettre leur projet de côté et d’entamer plutôt les démarches en vue d’obtenir le recouvrement de leurs droits civiques et politiques.

Au lieu de se conformer à toutes ces directives répétées par le Représentant de l’Autorité au cours de toutes les trois rencontres, les prévenus se mirent à sensibiliser une partie de l’opinion autour de la création du deuxième parti politique.

C’est ainsi qu’à leur arrivée à Lubumbashi en date du 28 février, les prévenus KIBASSA et LUMBU, dont l’objet du voyage au Shaba était d’ordre familial, transformèrent leur séjour en une véritable randonnée politique à travers les zones de Lubumbashi et Likasi.

 En effet, accueillis à l‘aéroport International de la Luano par  le prévenu KYUNGU wa ku MWANZA, les prévenus KIBASSA et LUMBU se rendirent au domicile de leur hôte en vue de préparer


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 ensemble un plan de sensibilisation des populations du Shaba sur le dauxième parti politique. Réjoins par le prévenu LUSANGA qui demeure à Likasi, le groupe décida des’adresser aux masses pendant la période allant du 28 février au 12 mars 1982 dans les bars “ LAS VEGAS ”, “ MEXICO ”, “ KIBOLIA ” à Lubumbashi, “ DODO ” à Likasi ainsi qu’aux domiciles de certains sympathisants notamment META et MANGABU.

Tous les déplacements à cet effet, furent assurés par le prévenu SAMBWE qui mit sa voiture à la disposition des prévenus durant tout leur séjour au Shaba.

A toutes les rencontres, les prévenus KIBASSA, KYUNGU, LUMBU et LUSANGA invitèrent la population à adhérer massivement à leur parti “ U.D.P.S.”,  ils prononcèrent à cette occasion un réquisitoire sévère à l’égard du Mouvemet Populaire de la Révolution et de son chef qu’ils rendirent responsables de tous les maux dont souffre le pays et promirent à la population l’avènement d’un ordre nouveau, la fin de la pénurie et le commencement de l’abondance, la fin de la misère et le commencement du bonheur, c’est-à-dire la fin de l’esclavage et le commencement de la liberté.

Dans le même ordre d’idées, le prévenu KYUNGU dont les critiques à l’égard du Parti M.P.R. ont été les plus acerbes accusa les kinois d’acheter les avions avec la richesse provenant de la Région du Shaba au moment où la population locale croupit dans la misère.

Pendant le séjour du prévenu KIBASSA et sa suite au Shaba, les autres coprévenus notamment TSHISEKEDI et NGALULA demeurés à Kinshasa amorcèrent aussi la campagne de sensibilisation sur l’existance de leur deuxième parti chacun dans son cercle d’amis.

Dans cette optique NGALULA contacta le citoyen LIHAU pour lui demander de réflechir sur les éléments pouvant composer les statuts du nouveau Parti et le prévenu TSHISEKEDI à son tour contacta le coprévenu BIRINDWA.

 Quant au prévenu KYUNGU, il résulte des éléments de l’enquête qu’après la levée des mesures d’assignation à résidence qui lui ont été inflgées par la commission de discipline du Comité Central, ce prévenu regagna Kinshasa où il se retrouva avec ses collègues anciens parlementaires ainsi qu’avec le prévenu KIBASSA MALIBA.

 Après un bref séjour dans la Capitale, ce prévenu se rendit à Lubumbashi lieu de son principal établissement.

 Après un mois de séjour dans cette ville, il fut réjoint par le prévenu KIBASSA et LUMBU à la date du 28 février 1982. A partir de cette date de concert avec KIBASSA MALIBA, LUMBU et LUSANGA, le prévenu KYUNGU effectua une randonnée politique à travers les zones urbaines de Lubumbashi et de Likasi. C’est au cours de cette randonnée que le prévenu articula  comme dit plus haut les critique acerbes à l’endroit du Mouvement Populaire de la Révolution et son Chef.  

Outre ces critiques, le prévenu tint publiquement les propos de nature à entretenir une certaine tension entre tribus ou régions. C’est ainsi qu’au cours d’un meeting tenu au bar “ MEXICO ”,

 

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 le prévenu KYUNGU déclara publiquement que l’argent du Shaba est toujours transféré à Kinshasa et que les Kinois payent des avions avec cet argent alors que la population locale croupit dans la misère.

 En ce qui concerne le prévenu BIRINDWA, il convient de noter qu’à la date du 13 mars 1982, le prévenu fut surpris et arrêté au moment où il tentait de sortir du domicile du prévenu TSHISEKEDI. Lors de cette arrestation, il fut trouvé dans sa voiture un certain nombre des documents jugés séditieux notamment la lettre adressée au Président de la République et se rapportant à la création du deuxième Parti politique, la lettre que les prévenus TSHISEKEDI, NGALULA, KANANA, et MAKANDA avaient écrite pendant leur séjour à Kisangani adressée également au Président de la République par laquelle ils avaient demandé une rencontre, un document intitulé “ Un deuxième parti zaïrois ” dans lequel BIRINDWA décrit son projet de société conçu par lui et enfin une note à l’intention du Vice-Premier Commissaire d’Etat signée de la main de KIBASSA MALIBA (cote 1 à 40 ).

Interrogé au cours de l’instruction préparatoire sur les raisons de sa présence au domicile de TSHISEKEDI le prévenu déclare s’y  être rendu en vue de discuter avec ce dernier des termes d’une lettre qui devait être envoyée au Président de la République pour lui demander la liberation de KIBASSA et celle de trois autres personnes arrêtées avec ce dernier à Lubumbashi. En ce qui concerne l’origine des documents trouvés entre ses mains, le prévenu soutient que ceux-ci lui appartiennent et n’ont pas été retirés du domicile de TSHISEKEDI.

Pour ce qui est des personne SAMBWE DIANDA, META, MANGABU et KABULE, il y a lieu de signaler que peu après la réception qui a été organisée en l’honneur du prévenu KIBASSA MALIBA par le coprévenu KYUNGU à Lubumbashi, le prévenu KIBASSA se rendit au bar “ LAS VEGAS ” où de concert avec LUMBU et KYUNGU il a annoncé aux populations réunies à cette occasion l’existence d’un deuxième parti politique dénommé “ l’U.D.P.S. ” après avoir fait un requisitoire sévère à l’égard du Mouvement Populaire de la Révolution et de son chef.

S’agissant d’un meeting qui a été tenu par un ancien Commissaire politique élu de la ville de Lubumbashi et compte tenu du caractère particulièrement subversif des critiques qui ont été articulées à l’égard du Parti, la nouvelle de l’arrivée de KIBASSA et des propos qu’il tenait se répandit rapidement à travers la ville.

C’est dans ces conditions que la prévenue META qui avait d’ailleurs rencontré KIBASSA au domicile de KYUNGU ainsi que les prévenus KABULE et MANGABU furent informés de cette nouvelle.

Spontanément, ces prévenus invitèrent KIBASSA et son groupe à tour de rôle dans le cadre prétendument familial ou amical.

Au cours de toutes ces réceptions organisées dans les domiciles de ces trois prévenus, KIBASSA continua à faire des déclarations politiques au sujet du deuxième parti.

 

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 Pour ce qui a trait au prévenu SAMBWE, il échet de relever que lors de l’arrivée de KIBASSA MALIBA à Lubumbashi, ce prévenu se rendit à l’aéroport en vue de l’accueillir. De l’aéroport, ils se dirigèrent chez KYUNGU où une reception était déjà apprêtée en l’honneur de KIBASSA.

Après cette réception, le prévenu SAMBWE mit sa voiture à la disposition du prévenu KIBASSA et de son groupe pour leurs déplacements à travers les zones urbaines de Lubumbashi et Likasi.

Enfin quant au prévenu KATOMPA, il résulte des procès-verbaux de l’O.P.J. instrumentant qu’au cours d’un meeting populaire tenu par KIBASSA, LUMBU, KYUNGU et LUSANGA au bar DODO à Likasi, ce prévenu qui est au service du prévenu LUSANGA en qualité de Barman se trouvait dans la foule des curieux venus entendre les déclarations politiques de leurs anciens élus. Pendant que ces derniers informèrent le public de l’existence d’un deuxième parti politique dénommé U.D.P.S. et invitaient la population à adhérer massivement à ce parti, le prévenu KATOMPA poussa des cris “ Vive l’U.D.P.S., vive l’U.D.P.S. ”.

A la suite de ce comportement incivique, le prévenu fut arrêté et traduit en justice.

 

II. EN DROIT.

1. – Quant aux treize premiers prévenus

Les faits tels qu’exposés ci-dessus tombant sous le coup des dispositions des articles 195, 196 al. 1 et 213 du code pénal livre second prévoyant et réprimant l’infraction du complot formé dans le but de changer ou de détruire le régime constitutionnel établi.

En effet, aux termes de ces dispositions légales, le complot suppose la réunion des éléments suivants :

1.- une résolution d’agir ;

2.- cette résolution doit avoir été arrêtée par deux ou plusieurs personnes ;

3.- Cette résolution doit avoir pour but de détruire ou de changer le régime constitutionnel par des moyens autres que les procédés constitutionnels et parlementaires.

En l’espèce, il est constant que les prévenus après concertation, ont adressé au Président de la République à la date du 15 février 1982 une lettre par laquelle ils l’informaient de ‘existence d’un secod parti politique et lui demandaient une rencontre en vue d’harmoniser leur point de vue sur le prochaines élections.

 

Loin d’être un simple vœu, les termes mêmes de cette lettre dénotent la volonté positive et bien arrêtée des prévenus de créer un second parti politique. Ceci se trouve corroboré par le fait qu’après l’expédition de cette lettre, les prévenus se sont évertués aussi bien à Kinshasa qu’à Lubumbashi. Ce qui confirme que les prévenus avaient déjà créé

 

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 leur parti ; d’ailleurs, il résulte de leurs propres aveux faits au cours de l’instruction préparatoire que le projet de statut était déjà élaboré par une sous-commission de rédaction composée de TSHISEKEDI et LUMBU.

Cette résolution a été arrêté par l’ensemble de trieze prévenus ainsi que cela ressort de la lettre signée par eux et adressée au Président de la République.

Le but recherché par les prévenus ressort clairement de la définition même du Parti politique qui est une organisation collective ayant pour but la conquête et l’exercice du pouvoir.

Aux termes de l’article 32 de la Constitution, en République du Zaïre, il n’existe qu’une seule institution le “ Mouvement Populaire de la Révolution ”.

L’article 33 dit que le Mouvement Populaire de la Révolution est la Nation Zaïroise organisée politiquement et l’article 9 ajoute que le Pouvoir émane du peuple qui l’exerce par le Président du Mouvement Populaire de la Révolution, Président de la République, par les autres organes du Mouvement Populaire de la Révolution ou par voie de référendum. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice.

Suivant ces dispositions légales, le Mouvement Populaire de la Révolution n’est pas une simple organisation politique regroupant en son sein les citoyens zaïrois mais une institution de l’Etat faisant partie de la subsistance même de l’Etat.

En créant un autre parti politique et en préconisant l’instauration d’un autre système constitutionnel, les prévenus ont incontestablement visé le bouleversement total des structures politiques actuelles.

En effet, l’existence d’un deuxième parti politique à coté du Mouvement Populaire de la Révolution aurait pour conséquence que le Conseil Législatif cesserait d’être un organe du Mouvement Populaire de la Révolution et que le Président du Mouvement Populaire de la Révolution cesserait d’être de droit Président de la République. Bien plus, le Mouvement Populaire de la Révolution lui-même cesserait d’être la Nation Zaïroise organisée politiquement.

Pour opérer un changement de la forme actuelle de l’Etat la seule voie à laquelle il faut recourir est celle prévue par l’article 116 de la constitution qui stipule que l’initiative de la révision de la constitution appartient concurremment au Président du Mouvement Populaire de la Révolution et à la moitié des membres du Conseil Législatif, après avis du Congrès ou du Comité Central.

Au lieu de recourir à cette voie, les prévenus ont préféré ignorer la loi et mettre l’autorité devant un fait accompli alors qu’en tant qu’anciens Commissaires du peuple, ils disposaient d’un forum qui leur permettait d’amorcer des réformes préconisées.

 

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 Les dépositions du professeur LIHAU, spécialiste en droit constitutionnel, qui avait été consulté par les prévenus et entendu tant au cours de l’instruction préjuridictionnelle qu’aux débats à l’audience sont édifiantes à cet égard. Dans ses dépositions, celui-ci affirme avoir dit aux prévenus que “ La démarche normale aurait dû consister à envoyer une pétition au Président Fondateur signée par un certain nombre des membres non pas pour créer un parti mais plutôt pour demander qu’on autorise la création d’un parti. Avant cela, il fallait que les 13 entament un processus en vue de recouvrer les droits politiques et civiles ”.

C’est vainement que pour se disculper, les prévenus allèguent que le fait qu’en dépit de la création par eux d’un deuxième parti politique, les autoriés aient entamé le dialogue, démontre le caractère non criminel de leur entreprise.

En effet, contrairement à ces allégations, l’autorité n’a jamais affiché une attitude de dialogue à leur égard. Au contraire, le représentant de l’autorité les a approchés pour les mettre en garde et les dissuader de continuer la poursuite de leur entreprise anticonstitutionnelle.

Par ailleurs, les prévenus n’ont jamais prouvé avoir engagé un dialogue avec l’autorité politique sur ce point mais reconnaissent cependant l’injonction qui leur a été faite de cesser toute entreprise au sujet du deuxième parti étant donné le caractère anticonstitutionnel de leur acte.

Ainsi tous les éléments constitutifs de l’infraction de complot sont réunis dans le chef des treize prévenus.

 

2. – Quant au prévenu KYUNGU

Outre l’infraction de complot, il lui est reproché le fait d’avoir par parole manifesté de l’aversion régionale ou tribale ; en l’occurrence avoir, déclaré lors d’un rassemblement populaire que les kinois achètent des avions avec les fonds provenant des richesses du Shaba ; faits reprimés par l’article 1er de l’ordonnance-loi n° 066/342 relative à la répression du racisme et du tribalisme.

Tout au long de l’instruction préparatoire, le prévenu n’a cessé de nier les faits à lui reprochés. Toutefois les dépositions des témoins SAMBWE, KABULE et NGPY MANGO sont édifiantes à ce sujet (cote 26 et 126).

La politique du Gouvernement dans ce domaine est d’assurer un dévéloppement harmonieux du pays dans une entente commune de toutes les tribus et régions composant le Zaïre. Il ne faut donc pas que les personnes malintentionnées ou irréfléchies puissent impunément compromettre cette politique en suscitant entre les groupes éthniques des querelles dont les conséquences peuvent être désastreuses.

En tenant des propos repris ci-dessus, le prévenu KYUNGU a démontré son extrême hostilité, son antipathie à l’égard des populations autres que celles originaires de la région du Shaba. Ce faisant, il s’est rendu coupable de l’infraction de tribalisme ou de régionalisme mise à sa charge.

 

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 3. – Quant au prévenu BIRINDWA

Accusé d’avoir tenté de soustraire des documents de nature à faciliter la découverte des preuves de l’infraction de complot contre la sureté de l’Etat, le prévenu BIRINDWA nie les faits mis à sa charge faisant valoir que la documentation trouvée entre ses mains lui appartenaient et qu’elle n’a pas été retirée du domicile de TSHISEKEDI.

La Cour dit que cette allégation n’est pas fondée. En effet, tous les 13 prévenus signataires de la lettre relative à la création du deuxième parti politique ont affirmé que BIRINDWA ne faisait pas partie de leur groupe et qu’il n’a assisté à aucune de leurs réunions.

Le prévenu KIBASSA a même spécifié “ qu’il ne l’a jamais rencontré et qu’il l’a vu pour la premire fois à la maison d’arrêt prenant les airs de quelqu’un qui est entrain d’être intérrogé.”  Eu égard à ce qui précède, la cour se doit de se demander comment le prévenu BIRINDWA est-il entré en possession de la documentation sur  lui saisie si ce n’est par le canal du coprévenu TSHISEKEDI qui la lui avait remise dans son domicile afin d’empêcher la découverte des preuves de l’infraction.

Il échet, en conséquence, de dire établie en fait et en droit l’infracrtion de tantative de soustraction des documents de nature à faciliter des preuves de l’infraction de complot mise à la charge du prévenu TSHISEKEDI d’autant plus que, ni celui-ci ni lui-même BIRINDWA n’ont jamais produit la lettre de demande de mise en liberté du prévenu KIBASSA qui aurait été à la base de leur rencontre.

 

4. – Quant aux prévenus SAMBWE DIANDA, META MUTOMBO, KABULE bin KAWANGA et  MANGABO  FWAMBA.

Ces prévenus sont poursuivis sur base de l’article 216 du code pénal livre II qui stipule : “ Outre les personnes désignées à l’article 22 sera puni comme complice quiconque, autre que l’auteur ou le complice ; fournira sans contrainte et en connaissance de leurs intentions, subsides, moyens d’existence, logement, lieu de retraite ou de réunion aux auteurs d’infraction contre la sûreté de l’Etat.”

 Pour faire obstacle aux poursuites engagées à leur charge, ces prévenus invoquent par voie de leurs Conseils l’exception de l’irrecevabilité tirée de  “ l’obscuri libelli. ”  Ils allèguent à cet effet, que l’infraction pour laquelle ils sont poursuivis n’est pas clairement définie sur la citation en ce sens qu’ils n’arrivent pas à distinguer s’il leur est reproché le fait d’avoir aidé ou assisté les auteurs de l’infraction du complot dans les faits qui ont préparé l’exécution de cette infraction ou au contraire la prévention mise à leur charge ne se rapporte qu’aux prescrits de l’article 216 du code pénal livre second qui a érigé en une infraction distincte le fait de donner un lieu de réunion


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 ou de faciliter le transport aux auteurs de l’infaction contre la sûreté de l’Etat.

La Cour dit que l’exception soulevée n’est pas fondée. En effet, aucune obscurité n’apparaît dans le libellé de la citation d’autant plus que celui-ci porte sur l’article 216 du code pénal livre II qui a érigé en infraction distincte le fait  qui a donné lieu aux poursuites engagées contre les prévenus.

 Toujours dans le même ordre d’idée, les prévenus ont soulevé une deuxième exception tirée de l’illégalité de la présence du Procureur général de la République au siège faisant valoir qu’aux termes de l’ordonnance-loi n°82-020 du 31 mars 1982 portant code de l’organisation et de la compétence judiciaire, le Procureur général de la République ne peut sièger comme Ministère public qu’au niveau de la Cour suprême de justice.

 La Cour dit que cette exception est aussi non fondée. En effet suivant l’ordonnance-loi n° 82-020 bis du 31 mars 1982 modifiant et completant l’ordonnance-loi n° 82-020 du 31 mars 1982 portant code de l’organisation et de la compétence judiciaires, le Procureur Général de la République peut, sur injonction du Commissaire d’Etat à la Justice requérir et soutenir l’action publique devant tous les cours et tribunaux et à tous les niveaux.

 En ce qui concerne la prévention, il convient de rappeler que les prévenus META, MUTOMBO, MANGABO et KABULE sont poursuivis pour avoir donné un lieu de réunion aux prévenus KIBASSA, KYUNGU, LUMBU et LUSANGA auteurs d’une infaction contre la sûreté de l’Etat.

Aux termes de cette disposition légale, les éléments constitutifs de cette infaction sont les suivants :

1) le fait matériel d’avoir donné un lieu de réunion ;

2) l’avoir donné sans contrainte ;

3) la connaisance des infractions de l’auteur ou des auteurs de l’infaction contre   la sûreté de l’Etat.

En l’espèce, il est constant que les trois prévenus susnommés ont mis à la disposition des conjurés soit leurs domiciles soit leur bar sans contrainte aucune.

Il est hors de doute que les prévenus connaissaient les intentions réelles du prévenu KIBASSA MALIBA et de son groupe qui, avant de tenir des meetings dans les ndroits mis à leur disposition, s’étaient déjà employé à sensibiliser la masse autour de l’existence de leur parti au bar LAS-VEGAS et ailleurs. Etant donné qu’il s’agissait des meetings tenus par un ancien commissaire politique élu et compte tenu du caractère particulièrement subversif des critiques articulées à l’endroit du Mouvement Populaire de la Révolution et de son Chef, la nouvelle de l’arrivée de KIBASSA répandue à travers la ville de Lubumbashi et des propos qu’il tenait n’a pu être ignoré des prévenus.

 Il échet donc de conclure que les prétentions des prévenus selon lesquelles KIBASSA avait été invité dans le cadre familial ou amical n’est qu’un moyen de défense fragile.

R.M.P. 3833.                                                                         – dix-septième feuillet –   R.P. 2322.

 

5. – Quant au prévenu SAMBWE.

Le prévenu SAMBWE est accusé pour avoir mis à la disposition des prévenus KIBASSA, LUMBU et KYUNGU, un véhicule pour leur faciliter les déplacements dans leur tournée de sensibilisation de masse pour leur deuxième parti.

 Il ressort des aveux même du prévenu que depuis le 28 février 1982, date d’arrivée de KIBASSA MALIBA à Lubumbashi, sa voiture mercèdes a été mise à la disposition de ce dernier pour lui faciliter les déplacements tant à Lubumbashi qu’à Likasi. Bien plus, le prévenu a été présent à toutes les rencontres organisées par KIBASSA et ses acolytes.

 De ce fait, il a donc pu, étant donné sa formation, émettre un jugement sur la nature des propos tenues par les inclupés. Eu égard au caractère particulièrement évident et subversif des propos dont il a été témoin, le prévenu aurait pu prendre à temps ses distances à l’égard des inculpés. Au lieu de se comporter ainsi, SAMBWE a préféré suivre KIBASSA partout où il a été, démontrent ainsi sa perversité criminelle.

 Pour se disculper, le prévenu SAMBWE prétend qu’étant donné que les autorités locales n’ont élevé aucune protestation contre les agissements des inculpés il a estimé que ceux-ci étaient autorisés à faire ce qu’ils ont fait.

 Les allégations du prévenu ne résistent pas à la critique. En effet, le fait pour les autorités de Lubumbashi de laisser la liberté d’action aux inculpés pour voir où ils allaient aboutir, ne peut être interprêté comme une approbation de leurs agissements.

 Loin de constituer un stimulant, le silence des autorités locales du Shaba à, justement, permis de voir à quel niveau les inculpés étaient arrivés dans les actes préparatoires de leur entreprise coupable ; le prévenu SAMBWE qui est agent de cadre à la S.N.C.Z. et qui de surcroit est  universitaire a pu facilement saisir cette attitude de l’autorité locale. Il s’ensuit que le prévenu ne peut invoquer l’ignorance du caractère délictuel des agissements de son cousin KIBASSA pour être déchargé des poursuites exercées contre lui.

 Dans son dernier moyen, la défense soutient que le prévenu n’ayant pas été poursuivi sur base de l’article 216 du code pénal livre II, doit être renvoyé des fins de poursuites étant donné qu’il est impossible que le prévenu qui se trouvait à Lubumbashi au momet de la commission de l’infraction de complot qui est un crime instantané ait fourni une assistance quelconque pour permettre la réalisation de cette infaction perpetrée à Kinshasa.

 Il est de jurisprudence que la citation saisit la juridiction représsive des faits qu’elle énonce, du moment que cette énonciation est suffisante pour que les droits de la défense ne soient pas lésés ( Léo, 7 octobre 1941, RJCB. P. 23.)

 

R.M.P. 3833.                                                                     – dix-huitième feuillet –      R.P. 2322.

 En l’espèce, bien que la citation à prévenu ne fasse pas état de l’article 216 du code pénal livre II, reste sans équivoque l’intention de l’organe de la loi de saisir la Cour de céans de ‘ensemble des faits y relatés. Le prévenu SAMBWE n’a d’ailleurs pu se méprendre sur les faits lui reprochés et a été à même de préparer sa défense. Il s’ensuit que ce moyen est irrélevant.

 

6. – Quant au prévenu KATOMPA.

 Le prévenu KATOMPA est également accusé, en qualité de complice, d’avoir à Likasi entre le 9 et le 20 mars 1982, poussé dans différents débits de boisson des cris “ U.D.P.S. Oyée ! Faits prévus et sanctionné par les articles 22, 23, 195, 196, et 213 du code pénal Livre II ;

Il appert du rapport du service de sécurité de Likasi versé au dossier de la cause que depuis le dernier séjour du groupe KIBASSA à Likasi, le prévenu KATOMPA n’a cessé de crier à qui voulait l’entendre “U.D.P.S.  Oyée ! U.D.P.S.  Oyée  ” affichant ainsi un comportement incivique et anti-révolutionnaire (côte 297 à 300).

Aux termes de l’article 22 du code pénal livre premier sont complice d’une infraction ceux qui, en connaissance de cause ont prêté à sa perpétration une aide utile. Cette même disposition détermine les modes de complicité punissable ; ce sont le fait de donner des instructions pour la perpetration de l’infraction, de fournir les armes ou autres moyens, sachant qu’ils devaient servir à l’infraction, le fait d’héberger habituellement une catégorie des malfaiteurs. Cette énumération est limitative.

Il en découle que ne peut être condamné pour complicité à l’infraction celui qui se borne à pousser les cris tels que ceux qui ont été poussés par le prévenu.

Eu égard à ce qui précède, il échet de dire non établie à suffisance de droit cette prévention de complicité au complot et d’en acquiter le prévenu et le renvoyer des fins de poursuites sans frais.

Quant à la peine à infliger aux treize prévenus ainsi qu’au prévenu BIRINDWA

Il est impérieux, dans l’application du taux de la peine de tenir compte de l’attitude de rébellion caractérisée affichée par les prévenus à l’égard de l’autorité publique et du fait que par leur absence comme par leur silence, ils ont fait obstruction au cours normal de la justice ; il n’y a donc pas lieu de retenir les circonstances atténuantes en leur faveur.

 

R.M.P. 3833.                                                                  – dix neuvième feuillet –    R.P. 2322.

 Quant aux prévenus META, MANGABU, SAMBWE et KABULE

Dans la fixation du taux de la peine, il échet de tenir compte de très larges circonstances atténuantes relevées en faveur des prévenus et tirées de leur répentir de l’absence d’antécédents judiciaires dans leur chef et du fait qu’ils sont pères et mères de familles nombreuses.

Quant à la qualification de l’arrêt.

Dans son réquisitoire devant la cour, le Ministère public a estimé que l’arrêt à intervenir doit être déclaré contradictoire à l’égard des prévenus KIBASSA, NGALULA, DIA, LUMBU, KYUNGU, KASALA, NGOY MOUKENDI, LUSANGA, KAPITA, TSHISEKEDI, KANANA, MAKANDA et BIRINDWA étant donné que le refus de se défendre soit après avoir répondu à une citation, soit lorsque le prévenu détenu est amené de force ne justifie pas du défaut.

La Cour estime fondée l’opinion du Ministère public. En effet, il est de doctrine que ce qui doit dominer le procès pénal c’est le droit de la défense, qu’il ne faut pas confondre cependant avec la faculté de faire obstruction à l’administration de la justice.

“ L’institution du defaut a été maintenue en droit zaïrois pour permettre aux parties qui n’auraient pas été touchées par la citation ou qui auraient été empêchées de se rendre à l’audience à laquelle elles étaient citées, de présenter leur défense dans une procédure d’opposition ultérieure.

Le défaut du prévenu a été organisé essentiellement aux fins de sauvegarder les droits de la défense au cas où la citation ne serait pas parvenue à la connaissance du prévenu ou bien au cas où le prévenu aurait été empêché de se rendre à l’audience pour laquelle il a été cité. Cette  “ignorance et cet empêchement ” ne doivent cependant être présumés de droit que lorsque le prévenu est absent ”.

Il n’en sera cependant pas ainsi pour le prévenu BIRINGANINE qui bien que régulièrement cité n’a été ni présent ni représenté à l’audience de la Cour.

 

C’EST POURQUOI

          La Cour,

Statuant contradictoirement à l’égard des prévenus KIBASSA MALIBA, NGALULA, DIA, KYUNGU, KASALA, NGOY MOUKENDI, LUMBU, LUSANGA, KAPITA, TSHISEKEDI, KANANA, MAKANDA, BIRINDWA, SAMBWE, META, KABULE, MANGABU et KATOMPA et par défaut de  BIRINGANINE ;

 

R.M.P. 3833.                                                                        – vingtième feuillet –       R.P. 2322.

 Vu le code de l’organisation et de la compétence judiciaires ;

Vu le Code de procédure pénale ;

Vu le Code pénal dans ses articles 22, 23, 295, 196, 213 et 216 ;

 Oui le Ministère public représenté par le citoyen BOKUMA ETIKE, Procureur Général de la République dans son réquisitoire ;

Dit établie à la charge des prévenus KIBASSA, NGALULA, DIA, KYUNGU, LUMBU, KASALA, NGOY MOUKENDI, LUSANGA, KAPITA, TSHISEKEDI, KANANA, MAKANDA et BIRINGANINE  l’infraction de complot mise à leur charge et les condamne de ce chef à 15 ans de servitude pénale principale chacun.

Dit établie à la charge du prévenu KYUNGU, l’infraction de manifestation de l’aversion de la haine tribale ou régionale dit que cette infraction entre en concours idéal avec celle du complot en raison de l’unité d’intention et que la peine y attachée sera absorbée par la peine la plus forte, c’est-à-dire celle de 15 ans de servitude pénale principale ;

Dit établie à la charge du prévenu BIRINDWA, l’infraction de recel mis à sa charge et le condamne de ce chef à 5 ans de servitude pénale principale ;

Dit également établie à la charge des prévenus SAMBWE DIANDA, META MUTOMBO, MANGABU  FWAMBA et KABULE bin KAWANGA l’infraction mise à leur charge ;

Condamne les prévenus META MUTOMBO et MANGABU à 12 mois de Servitude pénale principale ;

Dit qu’il sera sursis à l’exécution de la peine pendant un délai de deux ans prenant cours à la date du présent arrêt ;

Condamne le prévenu SAMBWE DIANDA à 24 mois de servitude pénale principale ;

Condamne le prévenu KABULE bin KAWANGA à une peine de 12 mois de servitude pénale principale ;

Constate que les treize premiers ont déjà été déchus de tous leurs droits politiques et civiques ;

Dit non établie dans le chef du prévenu KATOMPA les faits mis à sa charge, l’en acquitte et le renvoie de fins de poursuites ;

 

R.M.P. 3833.                                                                     – vingt-unième feuillet       R.P. 2322.

 Condamne tous les prévenus sauf KATOMPA, chacun à 1/19ième des frais, taxés à la somme de ………………………… Zaïres ;

 Fixe à 7 jours la durée de la C.P.C. à subir en cas de non paiement dans le délai légal ;

 Met 1/19ième des frais à la charge du Trésor ;

 Ainsi arrêté et prononcé à l’audience publique du 1er juillet 1982 à laquelle siégeaient les citoyens : MATONDO BWENTA, Premier Président ; IKOLO OKITO, Président et LUNYANGU KANKU Conseiller ; en présence de BOKUMA ETIKE, Procureur Général de la République et avec le concours du citoyen NGANKOY NESE MAKASSA, Greffier du siège.

 

LE CONSEILLER                     LE PREMEIR PRESIDENT                         LE PRESIDENT

LUNYANGU KANKU             MATONDO BWENTA                                IKOLO  OKITO

 

                                                                              

                                                  LE GREFFIER DU SIEGE

                                                               NGANKOY NESE MAKASSA.

 

                                                              POUR COPIE CERTIFIEE CONFORME

                                                                      KINSHASA, LE 15 JUILLET 1992.

                                                                                  = KALOMBO BUDIMBWA =

                                                                                                 DIRECTEUR.

                                                                                                          Signé

 

 

Les citoyens Birindwa et Sambwa qui avaient été adoptés fondateurs s’intégrèrent complètement à notre groupe. De temps à autre cependant on pouvait apercevoir un peu de tristesse chez Sambwa. Haut cadre de la SNCZ, il devait rentrer en Europe à cette période là pour raisons de soins médicaux. En plus il risquait de perdre son emploi sans contrepartie ! Le groupe l’élèva aux fonctions de gouverneur de pavillon 8, en remplacement de citoye Kyoni.

L’homme qui était tout malheureux et maudissait le Président Kibassa était le Président de Sampa, citoyen Kabule : commerçant de son état et sans famille à Kinshasa. Il disait s’être vu condamné avec les politiciens auprès desquels il n’était pas sûr de tirer un quelconque bénéfice.

La préparation de colis en vue de notre éloignement de Kinshasa se poursuivit. On nous fit parvenir des biens et même de l’argent en prison par les personnes de bonne volonté. J’achetai personnellement un post de radio et une mousse facile à transporter.

Les bruits de notre dispersion à travers les différentes prisons de la République étaient fondés et notre préparation à cette séparation s’était justifiée. En effet, une semaine après le jugement nous fûmes informés de différents centres qui devraient nous accueillir.

Etienne Tshisekedi devrait réellement être emprisonné à Belingo dans le Bandundu. Kasala, dans la même région de Bandundu mais à Feshi. Kanana, Kibassa, Ngalula, Makanda, Kapita furent envoyés respectivement pour les trois premiers à la prison d’Osio dans le Haut Zaïre et à Djungu et  Dungu pour Makanda et Kapita. Dia Onken fut envoyé à la prison de Buluo au Shaba et moi-même à la prison de Luiza au Kasaï occidental.

Ngoy,  Mukendi et Lusanga éaient allés au Bas Zaïre à Luzumu, tandis que Kabule, Sambwe et Birindwa étaient gardés à la prison centrale de Makala.

Je fis le constat qu’il avait fallu une tournée au Shaba pour que l’UDPS existe, autrement il serait un mort né comme l’avaient été le MNC/KIWEWA, le MNUR de MBEKA ou d’autres partis qui avaient été crées par les citoyens KAPWASA, MBWAKIEM ou LIHAU en vertu de l’article 4 de la Constitution de 1967. En effet, à Kinshasa, les intimidations de la police politique obligeaient aux forces politiques autres que le MPR, à ne se produire que dans la clandestinité et voilà que la vulgarisation de l’UDPS au Shaba par ses quatre fondateurs qu’étaient un de deux Commissaire Politique élus au Shaba et membre du Comité Central, le citoyen KIBASSA MALIBA et les Commissaires du Peuple KYUNGU wa ku MWANZA, élu de la ville de Lubumbashi, LUSANGA NGIELE, élu de la ville de Likasi et moi-même LUMBU MALOBA NDIBA, élu de district de Tanganika avait été une surprise pour le pouvoir et un débarras de la peur pour la population.

L’arrestation au Shaba et le transfert à Kinshasa qui s’en suivit, d’abord de quatre fondateurs, puis des parents de ces fondateurs, des femmes, de certains cadres du MPR, des commerçants, des cadres des sociétés, des universitaires et autres sympathisants, puis de neuf autres fondateurs à Kinshasa et enfin la poursuite et la condamnation de tous les fondateurs et leurs complices et leur transfert dans diverses prisons du Pays avait été un FAIT SOCIAL qui avait consacré l’existence de fait de l’UDPS.

 Extrait le 8 juillet de la prison centrale de Makala, je m’étais trouvé avec plusieurs de mes collègues dans le véhicule qui nous avait amenés à l’aéroport. Il n’y avait pas d’escorte avec sirène et l’atmosphère était morne.

A l’aéroport de Ndjili, seuls les collègues en partance pour Kisangani furent embarqués dans un avion spécial pendant que le collègue Dia et moi-même fûmes amenés à bord d’une jeep qui nous avait conduit d’abord à l’aéroport de Ndolo puis nous ramena à la prison de Makala pour nous reprendre le lendemain.

A Ndolo, j’avais été embarqué dans un petit porteur qui m’amena à Kananga. L’adjudant Bomalo et le sergent Sido de troupes mobiles m’avaient escorté jusqu’à l’aéroport de Kananga.

 Le Procureur Général près la Cour d’Appel de Kananga m’accueillit lui-même à l’aéroport et m’amena à la prison centrale de Kananga.

Le directeur de la prison me logea dans un local où il y avait un seul détenu. Il consigna ma malle sans m’avoir mis au courant. Au moment où je m’apprêtais à prendre mon repas, je cherchai ma malle pour y retirer les boites de conserve mais hélas, j’appris que la malle était consignée au bureau du directeur et que ce dernier n’était pas là.

Le lendemain, je pris soin d’informer la famille de mon collègue Ngoy Mukendi de ma présence à Kananga. Sa petite sœur et son épouse vinrent me voir et se chargèrent dès ce jour de mon alimentation. La petite sœur de maman Modestine Mukendi vint ainsi chaque jour m’apporter le repas.

Un incident survint lorsque j’exigeai ma malle auprès du directeur et qu’il ne voulait pas me la donner. Je conclus qu’il était chargé de la lâche mission de m’assassiner en refusant de me permettre de retirer la nourriture que j’avais dans ma malle alors qu’il n’était pas capable de me nourrir. Pris de peur il s’adressa à sa hiérarchie qui l’autorisa de me remettre la malle et de m’informer de mon voyage pour Luiza. Le jour même, un détenu décéda par suite de manque de nourriture.

Le seul dimanche que j’avais passé à la prison de Kananga, j’assistai avec les codétenus à une messe célébrée par l’évêque de Kole, Mgr Kibundu et profitai à remettre à ce dernier un message phonique adressé à mon épouse auprès du diocèse de Kongolo.

L’après midi du 13 juillet 1982, le Procureur Général près la Cour d’Appel de Kananga, le chef de division de justice, citoyen Minga et le greffier près la Cour d’Appel de Kananga m’embarquèrent dans un véhicule 4 x 4 pour m’amener à Luiza. Ils furent quelques achats en ma faveur à la zone de Ndesha. En cours de route, le Procureur Général brisait de temps à autre le silence en me posant certaines questions !

C’est la nuit que nous arrivâmes à Luiza. Le Procureur Général me confiant au directeur de la prison me plaça lui-même dans un local de la prison où était logé avant moi l’ancien commissaire d’Etat à l’agriculture, le citoyen Tepa Tondele.

 

Chapitre 11. Mon emprisonnement à Luiza/Kamay et ma libération à l’occasion de l’Amnistie.

 

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Mon emprisonnement à Luiza avait été marqué par mon exigence du respect de mes droits et conditions de detention, l’installation de mon épouse et mes enfants, le soutien du diocèse, du docteur Bongeli, des infirmières suissesses et du directeur adjoint de la prison, le citoyen Mutombo, les visites du gérant du guest house, de ma petite sœur Marie, du pasteur Tshimanga et de la Croix Rouge Internationale, ma correspondance avec les Organisations de Droits de l’homme,   et enfin ma libération.

Luiza est le chef lieu de la zone du même nom dans la région du Kasaï occidental. Peuplé des tribus Kete, Lulua, Basilanmpasu, Luiza est limitrophe de la zone de Kapanga se trouvant au Shaba.

Par route Luiza est à 200 km de Kananga. La ligne messagerie automobile de Sankuru « M.A.S. » Kananga-Kapanga était opérationnelle.

Une dizaine de condamnés  de Kanaga à longue durée y étaient internés  et occupaient un pavillon, l’autre étant reservé aux condamnés du tribunal de zone, du tribunal de la police et même de la police politique.

La cellule qui m’était attribué se trouvait du côté des pavillons des condamnés à courte durée ; c’est-à-dire des originaires de la zone de Luiza.

Si les condamnés à longue durée étaient tous des hommes adultes, les autres détenus étaient un mélange des hommes et femmes de divers âges. Ils étaient astreints à des travaux manuels en prison ou hors de la prison. La nuit, ils dormaient tous près de la cheminée de la cuisine autour du feu et sous la surveillance de deux gendarmes. Leur nombre dépassait rarement la dizaine.

Aussitôt arrivé à la prison, j’avais réclamé le respect strict de mes droits en tant que prisonnier politique, dont notamment : le droit à une alimentation, le droit à la visite familiale, le droit aux soins et santé, le droit d’assister à la messe et le droit à la correspondance.

Le directeur de la prison s’occupait lui-même de mon alimentation qui était différente de celle des autres prisonniers. J’avais appris que la délégation qui m’avait accompagné avait donné de l’argent au directeur afin qu’il puisse faire face à mes besoins.

Cette subvention n’ayant pas été régulière, il arrivait des moments où je me querellais avec le directeur de la prison : un vieil asthmatique réputé par sa méchanceté qui s’appelait Tshiamala Mukala Mubemba.

Je réclamais la viande et le riz comme plat principal. Deux codétenus étaient régulièrement mis à ma disposition pour s’occuper de la cuisine et autres travaux ménagers, tel qu’aller à la source me chercher de l’eau.

Je demandai au diocèse de Luiza de repercuter le message que j’avai donné à l’évêque de Kole lors de mon séjour à la prison de Kananga au diocèse de Kongolo pour inviter mon épouse à me rejoindre.  

En effet, lors de mon arrestation en mars 1982 à Lubumbashi, j’avais demandé à mon épouse de s’occuper de nos enfants au lieu de me rejoindre. Maintenant que j’étais condamné à longue durée, j’exigeai sa présence à mes côtés, d’autant plus qu’à mon départ de Kinshasa, je remarquai que toutes les épouses de mes collègues se préparaient à les suivre partout où ils seraient déportés.

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Une semaine ne s’était pas encore passée, quand je fus extrait de la prison pour le bureau du Commissaire de zone où je rencontrais mon épouse qui avait dans ses bras notre enfant Pichou. Elle n’avait pas reçu mon message phonique et  ne venait pas de Kongolo mais plutôt de Kinshasa, où, elle s’était rendue.

Elle avait pris la décision de me rejoindre lorsque la radio avait annoncé la nouvelle de ma condamnation à 15 ans de spp.

Partie de Kongolo pour Kinshasa, elle avait rencontré mon avocat, Me Nyembo, qui l’avait amené à la prison centrale de Makala d’où elle avait appris de collègues Birindwe et Sambwa que j’étais déporté à Luiza. Ayant rencontré les épouses de mes collègues qui faisaient les démarches auprès du pouvoir afin d’être autorisées de visiter leurs époux et ayant obtenu cette autorisation, elle s’était décidé à me rejoindre à Luiza via Kananga.

A Kananga, la famille du collègue Ngoy Moukendi mit le pasteur Tshimanga à sa disposition. Ce dernier chargea un jeune homme à l’accompagner à Luiza à bord d’un véhicule M.A.S.  Présentée à Luiza auprès du dirigeant de la JMPR, le citoyen Kaway, ce dernier la présenta chez le Commissaire de zone.

Je demandai au Commissaire de zone auquel mon épouse avait exhibé toutes ces autorisations de me visiter à faciliter son installation et à veiller à sa protection. Après quelques jours mon épouse repartit à Kongolo à la recherche de nos enfants avec lesquels près d’un mois après elle revint à Luiza en compagnie de mon petit frère Joseph et son petit frère Pacifique. Ces deux derniers avaient la mission de l’assister.

Mon épouse ne tarda pas à trouver un logement auprès d’un commerçant de Luiza nommé Muyaka. Nos petits frères et nos enfants furent inscrits dans les écoles où ils devaient aussi faire leur apprentissage de Tshiluba !

Ma fille surnommée maman apprit même le Kisalampasu et le Kiluala. Au début, mon épouse m’amenait chaque jour le repas de midi mais après, je m’entendis avec elle afin que nos petits frères la secourent quelques jours de la semaine.

Chaque dimanche mes enfants venaient me visiter dès le matin et leur maman faisait ce jour la cuisine à la prison et ensemble nous mangions en famille !

Le directeur de prison profita un jour de l’information qu’il avait eu d’une dispute entre moi et elle pour supprimer son droit de me visiter. Il avait fallu une intervention du diocèse faite par l’abbé Binene qui avait amené lui-même mon épouse à la porte de la prison pour que le directeur Tshamala cède.

Etant de la religion catholique romaine, j’exigeai ma participation à la messe. Un prêtre expatrié s’appelant “ Tatu Jean ” venait de temps à autre célébrer la messe à la prison. Il fut peu après empêché par la police politique au profit de l’abbé Kalamba. Ce dernier venait chaque samedi et après la messe il s’entretenait avec moi. Un jour il m’avait apporté un livre sur la condamnation du Zaïre au Tribunal international de Rotterdam avec un mot d’encouragement de son père spirituel, monsieur l’abbé Mulumba, petit frère de mon collègue Tshisekedi.

Après lecture je remis ce livre à cet abbé qui m’avait dit qu’il devait le remettre à l’expéditeur, malheureusement j’appris de l’expéditeur qu’il ne l’avait pas réceptionné.

Je connus un dimanche la visite du vicaire Mgr Pius de Mbuji Mayi qui célébra une messe à l’intention des prisonniers. A son départ il écrivit dans la Bible que m’avait offerte Etienne Tshisekedi lors de notre séparation à la prison centrale de Makala, quelques versets qu’il me recommanda de lire.

Mon épouse et mes enfants bénéficiaient du soutien tant matériel que moral du diocèse de Luiza. Pour entrer en contact avec le gérant de notre guest house à Kongolo, c’est le citoyen Tshibangu qui transmettait les messages par la phonie de diocèse.

Notre hôtel de Kongolo créditait notre compte au diocèse de  Kongolo; Mon épouse retirait des liquidités au diocèse de Luiza. Celle-ci entrait en contact avec le diocèse de  Kongolo. La caisse centrale de la procure des missions à la paroisse Sainte Anne de Kinshasa régularisait les écritures comptables.

L’abbé Binene, économe du diocèse de Luiza avançait à mon épouse de l’argent chaque fois qu’elle en avait besoin.

La zone de Luiza était équipée d’un hôpital général dans le chef lieu même de la zone et d’un centre hospitalier important à Maswika.

L’hôpital général était tenu par le Docteur Bongeli mais le diocèse faisait les démarches pour l’avoir sous sa gestion.

Le diocèse animait des petits centres ruraux de santé par un personnel expatrié composé des demoiselles suissesses Monique, Monica et Ottilia Egger.

Le Docteur Bongeli, était un ancien du campus de Kinshasa. Il avait étudié à la faculté de médecine au moment où je faisais le droit. Il me connaissait parfaitement bien et me rappelait les hauts faits posés pendant les années 73 – 74  par mon comité en faveur des étudiants.

Me connaissant très révolutionnaire et soutenant lui-même la lutte pour le changement, il ne manquait pas à discuter avec moi sur divers sujets politiques. Je profitai de lui parler du martyr des fondateurs de l’UDPS et de leur détermination pour faire respecter les droits de l’homme, l’acceptation du pluralisme bref pour l’application de la démocratie multipartiste au Zaïre.

Le Directeur de la prison refusa un jour au docteur d’entrer à la prison. Ce dernier s’imposa et insista sur le fait qu’il avait lui aussi le devoir de remplir ses obligations de médecin en soignant les malades sans tenir compte de leur tendance politique.

Attaqué plus souvent par la malaria, le docteur me soignait et me donnait gratuitement les médicaments. Un jour m’ayant administré la quinine mon corps réagit. Il s’étonna beaucoup car selon lui normalement la réaction se fait contre d’autres dérivées telles que le flavoquine, nivaquine, chloroquine … et non à la quinine même. Il inscrivit sur ma fiche médicale : “ réagit à tout traitement à la quinine ”. J’étais soigné depuis lors normalement au fansidar.

Des fois le docteur m’obligeait de le rejoindre à l’hôpital pour passer certains examens pour lesquels il ne pouvait pas apporter avec lui les appareils à la prison. C’est chaque fois à contrecœur que le directeur de la prison me laissait sortir après avoir pris d’énormes précautions.

Je ne manquais pas à lui dire que si je me trouvais en prison, c’est parce que je le voulais moi-même, en sachant que seul le sacrifice de certaines personnes pourrait délivrer le peuple zaïrois. Je ne pouvais donc pas fuir de la prison. Le long de route de l’hôpital, plusieurs personnes accouraient vers moi pour me saluer et me contempler.

Le gendarme qui m’escortait lors de mes sorties recevait souvent des cadeaux de personnes qui voulaient m’entendre dire quelque chose. De fois, je profitais sur la route de retour pour visiter ma famille.

Monique, Monica et Ottilia étaient les trois demoiselles suissesses qui me visitaient à la prison. Elles venaient souvent les vendredis après midi.

Je  ne m’empêchais pas à leur offrir du nescafé lorsque je m’entretenais avec elles. Elles me parlaient de leurs occupations au Zaïre mais aussi de leur pays. Je leur entretenais longuement de la nécessité de la lutte pour le changement, lutte que je menais avec mes collègues dans l’objectif de permettre le développement de notre pays.

Il arrivait des fois qu’elles étaient empêchées de me voir. Le Commissaire de zone se plaignait du fait qu’elles me visitaient trop alors que jamais il ne les voyait chez lui. Ces demoiselles étaient accompagnées de temps à autre par les infirmières zaïroises telle que la citoyenne José Mbombo Kansel.

Le docteur Bongeli et les infirmières suissesses Monica Sherer et Ottilia visitaient aussi mon épouse et nos enfants. Ils leur apportaient le soutien nécessaire tant matériel que moral.

Ottilia Egger ne manquait pas souvent à me dire que “ mon épouse était une mine d’or.”

Par le canal du sous directeur de la prison, le citoyen Mutombo, je fis connaissance des enseignements de Branham qu’il m’amenait sur cassettes ou par des brochures. Ce responsable m’apporta un soutien moral remarquable. Lors d’un de ses voyages à Kinshasa, il rencontra la famille Lusanga à qu’il remit ma note recomandant la vente de notre lit et de nous apporter le produit de vente. Ce qu’il fit à notre grande satisfaction.

 


 

 

Le citoyen Ilunga Mukubu, gérant de notre guest house à Kongolo avait effectué le déplacement de Kongolo pour Luiza pour nous visiter et nous apporter des liquidités. Il en avait été aussi ainsi de ma petite sœur Marie qui de Likasi avait reçu une aide de la part de l’hôtel Dodo de la famille Lusanga pour me l’apporter.

Pendant les paies mensuelles des enseignants, un recommandé de mon collègue Ngoy Mukendi à m’assister s’appelant  pasteur Tshimanga, comptable subordonné m’entourait de toute sa sollicitude pendant ses séjours à Luiza. Il m’apportait quelques cadeaux. Le directeur de la prison finit par l’interdire de me visiter jusqu’à le menacer d’emprisonnement. Il en avait été de même de nombreux curieux du milieu intellectuel.

Je connus enfin la visite de la Croix rouge Internationale. Cette visite avait connu un impact certain car, il avait été dépêché à cette occasion à la prison de Luiza plusieurs responsables de la magistrature, police politique et de services pénitentiaires tant du chef lieu de région du Kasai Occidental que de la sous région de Tshimbulu.

La veille de cette visite une personne qui se disait être le chef hiérarchique du directeur Tshamala mais en réalité un inspecteur de l’AND vint de Tshimbulu me rencontrer pour s’informer de mes soucis. Il fit changer mon lit en bambou et nettoyer le mur de mon local. Il s’intéressa aussi à ma nourriture par la fourniture du riz et farine. Le lendemain un envoyé de CICR Génève était venu me rencontrer.

Il avait amené avec lui des médicaments et couvertures qu’il offrit à l’hôpital général. Après la visite de la prison, il demanda d’avoir un entretien avec moi sans la présence de témoin. Cela gêna beaucoup la police politique qui plaça son agent de zone derrière la porte. Le délégué de CICR protesta énergiquement et moi-même je réagis autant. Mon visiteur fit don à ma famille de quelques médicaments, couvertures et un peu d’argent avant de reprendre son petit porteur.

Après le passage du représentant de la croix rouge, mes conditions de détention étaient renforcées. En dehors de mon épouse, d’autres visiteurs n’étaient plus autorisés tout comme  toute sortie de la prison pour l’hôpital.

Le prêtre et les demoiselles expatriées étaient menacés par la police politique. Ces suissesses avaient été soupçonnées d’avoir été mes intermédiaires avec le siège de la croix rouge internationale à Genève qui avait ordonné cette mission à la prison centrale de Luiza.

Le Directeur de la prison et même sa hiérarchie entreprirent des démarches auprès du pouvoir afin de m’éloigner de limites du Shaba et de frontières angolaises.

Ils avancaient comme argument qu’il était très difficile de me contrôler étant donné que j’étais originaire du Shaba, que la zone de Luiza était limitrophe du Shaba et que les gendarmes étaient en grande partie originaires du Shaba.

Les bruits qui couraient sur le séjour de l’exilé Nguz-a-Karl-Ibond à Kapanga en passant par l’Angola et la zone de Luiza avaient fait prendre la décision de mon transfert pour Dekese.

En attendant ce déplacement, il me fut proposé de rejoindre le pavillon des condamnés à longue durée. J’exigeais  un mot du Procureur Général qui m’avait lui-même placé dans la cellule que j’occupais.

Je n’irais cependant pas à la prison de Dekese parce que dans son discours du 20 mai 1983, le Président Mobutu amnistia les prisonniers politiques et principalement les fondateurs de l’UDPS.

En dehors de ma correspondance au siège de la croix rouge internationale qui avait engendré la mission à la prison ; j’adressais diverses autres notes aux organisations internationales de droit de l’homme. D’autre part au nom de l’amnistie internationale, le directeur de la prison recevait beaucoup de copies des lettres envoyées au Président Mobutu pour exiger ma libération.

Il y avait en Angleterre, France, Belgique, Allemagne et Suisse des sections qui se préoccupaient de mon cas. Les lettres de Mme Pat Irving  Hampshire, Mr. Vallée, Mme Jacqueline Cuignon, Irmigard Wolter, Nollen Monika me parvinrent d’une manière que je considérais miraculeuse étant donné que la police politique saisissait la grande partie.

A l’occasion du port de son habit de maréchal, le 20 mai 1983, le Président Mobutu réagissant aux pressions internationales  proposa une loi d’amnistie. Dès le lendemain le 21 mai 1983, le parlement vota cette loi qui fut promulgué sans tarder.

Lorsque j’entendis à la presse internationale la nouvelle de ma libération, je remerciai le SEIGNEUR. Comme une traînée de poudre la nouvelle se répandit ! Mon épouse vint me rencontrer. Les épouses des militaires qui habitaient dans un camp à proximité de la prison se joignirent à elle. Elles manifestèrent leur joie, en exigeant ma sortie immédiate de la prison.

Le Directeur de la prison s’opposa  parce qu’il attendait que sa hiérarchie lui fasse un message exprès. Celui-ci vint après toute une semaine de tiraillements entre lui et moi. Il envisageait de me faire prendre directement de la prison pour m’amener à Kananga, alors que mon épouse vivait depuis presque une année à Luiza. Personnellement je tenais à remercier de vive voix les différentes connaissances qui avaient assisté ma famille.

A ma sortie de la prison, le Directeur me livra la fiche de libération dont le contenu suit :

Prison de LUIZA

 

FICHE DE LIBERATION

 

Le nommé LUMBU MALOBA RMP n° 3805  RE n° 58/82, condamné le 13-3-82 par le tribunal Cour de SURETE de l’ETAT de Kinshasa à 15 ans de SPP du chef de Atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat et offense                                                                  

A   —      de SPS et a      —          de CPL   est libéré ce jour par Amnistie générale du 19-5-1983.

Voir message officiel de Kananga du 24-5-83

 

Luiza, le 25-5-1983

 

Le gardien de la prison de Luiza

        Mod. 113-11 TSHIAMALA-MUKALA-MUBEMBA

 

Signé.         


Une manifestation de joie m’accompagna de la prison jusqu’à la résidence de mon épouse. Les femmes et les jeunes brandissaient des rameaux et chantaient. A la réception d’adieux qu’organisa mon épouse plusieurs personnalités de la place étaient  présentes.

Avant de quitter Luiza nous fûmes reçus par M. Tshibangu du diocèse et le Dr Bongeli. Nous chargeâmes Mr. Tshibangu de veiller sur nos jeunes frères Lumbu Sinyembo Joseph  et Ngunda Pacifique restés à Luiza pour terminer l’année scolaire.

A Suivre