Protais LUMBU 1 : Mes premiers pas (Titre 6)

Protais LUMBU 1 : Mes premiers pas (Titre 6)

1 Mai, 2014

Né le 22 avril 1948, Protais LUMBU MALOBA NDIBA vient d’écrire « Mes premiers pas », une autobiographie de six titres dans laquelle il décrit sa vie, de l’enfance jusqu’à la fin de ses études universitaires.
Papa-MAitre3
Titre 6 :Mes études à Kinshasa à l’Université Nationale du Zaïre/Campus de Kinshasa(1971-77).
 
Chapitre   1er : Ma première candidature.
 
Paragraphe 1er : L’attente à Lubumbashi de l’ouverture  de l’année académique,
Aussitôt après le retrait de mon certificat, j’ expédiai la photocopie à l’Université Lovanium de Kinshasa, d’où, Monsieur Placides Tshianga, Directeur du service des Inscriptions au Secrétariat Général du Campus me fut parvenir par son courrier daté du 28 octobre 1971, une attestation  d’inscription et un bulletin d’inscription  que je devais remplir et signer pour rendre mon inscription définitive.
Les mentions de ce bulletin démontraient le contrat d’adhésion que devait souscrire l’étudiant à son entrée à l’Université après la crise du 5 juin 1971 entre les Etudiants et l’Etat Parti.
L’attestation d’inscription comportait la teneur suivante :

UNIVERSITÉ NATIONALE DU CONGO
CAMPUS DE KINSHASA
SECRETAIRE GENERAL
REP. DEMOCRATIQUE DU CONGO (JNK)
ATTESTATION D’INSCRIPTION
Le  soussigné, PLEVOETS, Secrétaire Général du Campus Universitaire  de Kinshasa,  déclare et certifie  par la présente  que :Monsieur LUMBU MALOBA PROTAIS de Lubumbashi, né à Kayanza, le 22 avril 1948 est inscrit  comme étudiant régulier au Campus Universitaire de Kinshasa, pour l’année académique 1971-1972 en PREMIERE CANDIDATURE EN DROIT.

Fait à Kinshasa, le 14 octobre 1971

M. PLEVOETS
 Secrétaire Général du Campus.
 Le bulletin d’inscription était libellé quand à lui de la manière suivante :
 
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
MINISTERE DE L’EDUCATION  NATIONALE
UNIVERSITE NATIONALE DU CONGO
NOM DE L’ETABLISSEMENT
 
BULLETIN D’INSCRIPTION
 
A. IDENTITE
 
NOM ………………………MATRICULE……………………….
PRENOM………………… FILS DE ………………..NE A …………………..
LE …………………………CELIBATAIRE / MARIE A ……………………..
INSCRIT A LA FACULTE (SECTION ) DE ……………..ANNEE………….
ETUDES SECONDAIRES FAITES A ……………….DIPLOME NATURE……….
FONCTIONS DEJA EXERCEES…………….NATURE………………………
A ………………………..ANNEE…………..
 
B. ACTE D’ENGAGEMENT
 B.1.- Moi, ……………………………, je déclare par la signature du présent acte, souscrire librement et sans réserve aux idéaux de notre parti le M.P.R., consignés dans le Manifeste de la N’SELE.
 
B.2- Je m’engage sur mon honneur et dans la discipline du parti :

 à manifester mon adhésion totale et libre au MPR par l’observance stricte de toutes les directives émises par la hiérarchie du parti.
 à me soumettre aux directives et consignes du Comité JMPR de (nom de l’établissement)……………………
à respecter  en actes et en paroles,  toutes les autorités civiles, militaires et académiques.
à me conformer en actes et paroles au reglèment d’ordre  intérieur de …………………………
à  respecter et prendre soin des biens mis à ma disposition et à en supporter les  frais en cas de perte et dégât.
 
B.3 – Sans préjudice des peines prévues par la loi, tout manquement à chacun des points du présent  acte me vaut le renvoi définitif de : Campus de Kinshasa sur décision de Recteur.
Signé en âme et conscience.
Ce bulletin dûment rempli et retourné, je n’attendais que l’ouverture de l’année académique et mon départ pour Kinshasa.
A la maison presque tous les enfants sous garde avaient échoué aux examens de fin d’année et ayant quitté, ils étaient remplacés par d’autres. A la place d’Edmond, Etienne, Delphin, Baudouin, Albert, on avait des Laglousse, Bardine, Séraphine. Je continuai à m’occuper de leur instruction et leur éducation comme l’année antérieure et n’hésitai pas à sanctionner physiquement Julienne qui avait tenté de désobéir.
Souvent je rendais visite à Raphaêl à la commune Kenya mais aussi à Thérèse  Tshikwaka, la 3ème femme d’Athanase qui avait sa résidence à  Katuba.
Je me familiarisai avec Didace Sangwa qui venait régulièrement à la maison voir Anastasie. Des fois il nous amenait au Domaine marial  pour prier, après nous avoir faits membres de l’armée bleue.
Maman Béatrice, son mari et ses enfants vinrent aussi habiter à la maison. Ils venaient de Mwadingusha, village que j’avais connu par pur hasard, pour avoir  accompagné le chauffeur Kamalenga à Kapolowe acheter des poissons à revendre.  N’ayant rien trouvé nous  avions continué vers Mwadingusha sur l’initiative de papa Frédéric et  y passâmes la nuit suite à une panne de la toyota crown et ne retournions à Lubumbashi que la nuit suivante trouvant Athanase en colère.
 
Paragraphe 2 :   Ma  domiciliation à Kinshasa,
A l’annonce de l’ouverture de l’année académique et de l’évacuation des étudiants de l’UOC dont les facultés étaient transférées à Kinshasa, je fus tenté de prendre aussi l’avion C. 130, mais  les bousculades  et la bleusaille me dissuadèrent.
J’achetai un titre de transport de l’air congo. A la date retenue pour le voyage, Athanase et son amie Perpétue Kabangu m’accompagnèrent à l’aéroport de la Luano où j’embarquai dans un DC.10 pour débarquer à Kinshasa au début de la nuit.
Je  me décidai de rejoindre directement le campus de Kinshasa à bord d’une voiture taxi qui avait pris aussi trois autres étudiants.  Je n’avais pour guide que l’adresse mentionnée sur une enveloppe écrite par Véronique pour son frère ainé Arthur Mbongya, étudiant milicien de Louvanium.
La voiture taxi s’arrêta devant un bâtiment et à peine que mes collègues étaient descendus, ils étaient accueillis par des cris hostiles de « bleu, bleu ». Je descendis à mon tour et me renseignai  sur l’emplacement du home xxx vers lequel je me dirigeai  sans mes bagages et cherchai rapidement la chambre d’Arthur que je découvris. Il était présent et surpris il m’accueillit avec beaucoup de joie. Ensemble nous allâmes chercher  la valise restée devant le home x.
Arthur présentait encore ses examens de 2ème session dont le dernier était pour le lendemain. Il se dérangea pourtant à me faire visiter dès cette nuit, le plateau, où il m’offrit un verre de Simba. Plusieurs de mes connaissances rencontrées d s’enquéraient de mes nouvelles et ceux qui ne me connaissaient pas apprenaient  d’Arthur que je venais de l’UOC.
La nuit, je partageais le même  lit avec Arthur, qui, le lendemain  me trouva des bons pour les repas. Victime de quelques attaques de certains miliciens, je me mis à prendre mes repas en chambre et dès que j’avais découvert la maison de mon oncle Mbayo Prosper à Djelo Binza, je déménageai.
Mon oncle était encore célibataire. Conseiller au Secrétariat général de la JMPR, il habitait  à Djelo Binza avec son petit frère Muteba Sinyembo Théophile. Ce dernier en provenance de Kalemie, avait été inscrit en préparatoire à l’Institut Supérieur des Techniques Appliquées « ISTA ».
Un jeune domestique  préparait à manger et souvent nous accompagnions l’oncle Prosper dans des bars tels que Pelos, Gomes, Mamvu où il buvait régulièrement.
Dans le même quartier, résidaient Athanase Mpiana et Etienne Kahozi frères de tribu. Il y avait chez Etienne, son neveu Mecho Gaston que je connaissais depuis l’internat de Sola et Adrien Mulumbati, fraîchement licencié en Sciences politiques de l’Université Libre du Congo à Kisangani, en partance pour la France pour préparer son doctorat.
Je repartais de temps à autre  au Campus où l’arrivée des étudiants de l’ex UOC et de l’ex ULC continuait.  Outre le problème de logement qui se posait avec beaucoup d’acuité, le Secrétaire Général avait exigé la réinscription de tous les nouveaux venus. La confusion entre véritables bleus et poils venus d’autres campus était totale.
Ayant reçu le matricule 712760 et les cours ayant débuté, je me logeai en  compagnie de certains collègues dans la cave de home 10. En effet, la distance entre le Campus et Djelo Binza et le manque d’espoir en ma qualité d’étudiant de  Ière candidature à me faire loger au home XXX, réservé aux étudiants civils, avaient déterminé ma décision.
A plusieurs reprises, je fus menacé du délogement en faveur des étudiants miliciens  bisseurs mais je déjouais tous les  ordres soit en me présentant comme maquisard d’un milicien soit  carrément et simplement en déplaçant mon lit avant tout contrôle. Mes collègues qui paniquaient malgré mes appels à la résistance perdaient leur place.
A cette  occasion je reçus le surnom de Check  Mujibur Raman, Président Sécessionniste bengali qui résistait en ce temps contre l’Inde.
Les étudiants civils n’ayant accès qu’aux restaurants des homes XX et XXX, je me rendais matin, midi  et soir au restaurant du Home XX.
Les bousculades précédaient les entrées au restaurant et comme souvent je les  évitai, j’étais servi parmi les derniers. Parfois même soit on me disait que  » Biloko esili », il n’y a plus de nourriture soit alors, je recevais un contenu altéré.
Si  au début de l’année académique les assiettes et tout le couvert appartenaient au restaurant au fur et à mesure que l’année avançait, chaque étudiant devait amener son couvert.
Retenu pour le défilé du 24 novembre 1971, je reçus un abas-cost  bleu, manches courtes et passai devant la tribune érigée à la  place Braconnière ; penne de l’UOC à la tête. N’ayant pas remis l’uniforme, dix Zaïres furent retranchés de ma bourse.
La bourse qui était d’abord de 12 Zaïres en 1971 avait été portée à Z 17,00 en 1972 puis à Z 35,00. En 1974. Un bulletin de versement de l’Université Nationale/ Campus de Kinshasa  contenant toutes les opérations de retenues et complément était donné à chaque bénéficiaire. Le mien portait le numéro d’inscription : 242, 243, 241 ou 231. Parfois, je recevais plutôt toujours des œuvres estudiantines un bulletin de paie de l’informatique de la République démocratique du Congo dont mon numéro matricule était : 3020209, imputation  0012070015206, allocation de charge Z 13,000 en 1972 changé en matricule 6462641 H, imputation 001407015204, bourse  Z 35,000 en 1974.
Le jour de paie, je descendais à Lemba où au club Léopard, je buvais jusque tard en compagnie d’innombrables collègues. Les brouilles avec les êtres du sexe faible me firent rentrer un jour avec mon abas cost déchiré !
Sur le plan académique notre auditoire était peuplée de plus de deux cents étudiants dont certains noms sont :  Mbayo Maurice, Nyembo Nicostrate, Bertrand Kabedi, Kadima Mufuta, Kombo Paul, Makonga Numbi, Mukengeshay Prosper, Kabasele Nicolas, Tshisanga Dieudonnée, Feruzi Christian, Nawezi Hirdis, Pukuta Germaine, Bolye Odette, Kashemwa Stella, Kalenda Polycarpe, Yayawili Marcelline, Sentiery Micheline,  Kalala Madeleine, Lukamba Michel, Mende Lambert, Tumone Pierre, Ngalamulume , Musewu, Bikoko, Lusanga Prosper, Lumuna Jerôme, Ambago Firmin, Tshimanga Boniface, Tshimanga Pauni Joe, Akele, Eboma, Ekutsu, Kwazyamba, Lybia, Nkela, Ntela, Magonda, Kahuma Fidèles, Nyundo Olangi, Kounga Lelliot, Lusolo Kimwanga Robert, Lutundula Christophe, Batamba, Ara Muhindo, Ernest Bahati etc…
Si le gros d’étudiants venait droit des humanités, certains avaient passé par différentes propédeutiques, de la préparatoire de l’ENA où étaient des bisseurs.
Les cours avaient démarré en trombe et plus spécialement pour la Sociologie Générale donné par le professeur Guy Houchon, surnommé la  « Spécificité du Social ».
Si les professeurs Dethier et Lamy, deux anciens de la Faculté de Droit de l’UOC, enseignaient les deux introductions au droit privé et Droit coutumier, les autres cours  avaient comme titulaires des anciens de Lovanium ou des nouveaux Professeurs.
 
La répartition était la suivante :
Le processus Judiciaire par Léon Lobitch.
La psychologie par l’Abbé Malanda,
La logique par Iran Vartan,
Les institutions traditionnelles par Atiwiya,
La comptabilité par Kalala,
L’économie politique par Soumah,
L’anglais approfondi par Max Pierre,
et le français juridique par Mlle Costakis ou Me Nimy Patrick.
Notre auditoire était au rez de chaussé dans la salle de théâtre du bâtiment réservé auparavant à la faculté de Philosophie et Lettres. Les cours avaient lieu dans les avant comme dans les après midi. Certains jours dans les après midi, il y avait des travaux pratiques.
Aux examens partiels, l’examen oral de Sociologie Générale fit couler beaucoup d’encres et très peu d’éléments avaient réussis.
Pour éviter le bavardage de nos chambres, je traînais parfois jusqu’au delà de minuit dans l’amphithéâtre situé dans la cave et qui servait  d’auditoire à la Ière année de médecine malgré le froid intense de ses climatiseurs. Les étudiants avaient surnommé cette salle  » La Siberie ».

Paragraphe 3 : Surveillant du manège Boboto au Francyfair de la  JMPR à la Fikin,
Ayant été recommandé par mon oncle, je fus retenu par le quartier Général de la JMPR pour travailler à la foire pendant les vacances de Pâques à l’occasion de la Fancy Fair qui y avait été organisée.  Je dirigeai en compagnie de la caissière Ndaya le manège Boboto.
Ayant acheté à cette occasion des billets de Tombola, je fus malheureusement désillusionné lorsque après autant de travaux je ne fus pas payé et n’avais gagné aucun prix !
Regrettant de n’avoir pas bénéficié de l’influence de mon  oncle, je me reprochais d’avoir perdu beaucoup du temps précieux, qui devait me servir à la préparation des examens de fin d’année.
Protais-Lumbu5Paragraphe 4 : Mes grandes vacances 1972 à Djelo Binza,
Les examens  de la 1ère session causèrent de terribles ravages dans nos rangs. Quelques uns seulement réussirent. Plus de la moitié  des inscrits avaient été ajournés, d’autres étaient refusés. J’étais parmi les ajournés  et me remis au travail pour les cours de Professeurs Dethier, Atiwiya, Lobitch et Malanda.
J’avais  décidé de passer mes vacances à Djelo Binza chez mon oncle et grâce à la macrobourse, j’avais acheté un appareil enregistreur pour ma distraction.
Mon oncle entreprenait en compagnie de son chef une tournée à travers différentes régions.
Théophile, son petit frère, reçut un télégramme de Kalemie annonçant le décès de leur grand frère,  Cyprien ! Cette triste nouvelle nous secoua et bouleversa tout mon horaire d’études.
L’oncle Prosper qui nous avait trouvé en deuil décida de se rendre sur les lieux et seul  avec Théophile dormions dans le salon pendant quelques jours. C’est
à son retour à Kinshasa que nous connûmes que la mort était due par accident de train à Nyunzu.
Les circonstances de ce décès nous furent détaillées dans le procès verbal du constat dont la teneur suit :
 
a)     Procès verbal administratif,
L’an mil neuf cent soixante douze, le septième jour du mois d’Août. Nous Kandu Paul, Commissaire de zone à Nyunzu avons constaté l’accident mortel survenu à la personne du Directeur de l’école primaire catholique de Lwizi, citoyen, Sinyembo Muyumba de la date du 6 août 1972  vers 22 heures du  soir sur le rail du CFL et à 600m de la gare CFL Nyunzu vers Kalemie d’où venait le train marchandise.
 
CONSTAT :
Le cadavre était couché sur le ventre en dessous de la locomotive, sa jambe droite emputée à 7 cm de traverse droite, le corps était entre les deux traverses la tête vers la direction de la gare. La victime portait un pantalon noir et une montre sur son bras droit et un pull over césar rouge.  Ses doigts de la main gauche étaient également amprutés, quelques blessures sur le dos suite à la compression de la locomotive.
Sur place, l’OPJ a fouillé le cadavre et a trouvé dans ses poches de pantalon 1099 k, dans la poche de pull over on a trouvé 90 k et dans le maillot de bain 65,00 z. soit au total 76,60.00 Z.  Le corps  du défunt était en pleine forme, aucun signe de coup n’a été constaté, sa tête n’avait pas de plaie et gardait toute la chevelure, l’argent ainsi que le cadavre furent confiés au membre de la famille le Citoyen Kahozi Kavuya commis de la zone de Nyunzu qui habite en face du lieu d’accident. Après ce constat le machiniste du train marchandise n°232 a été autorisé de conduire le train à la gare.
 
b)    Procès verbal d’audition du comparant Muganza Sindano,
 Témoins : Muganza Sindano, Directeur de l’école primaire catholique à Nyunzu qui nous déclare ce qui suit :
 Q.  Pourriez-vous nous dire comment votre frère et collègue en même temps  a trouvé la mort ?
 R. – Après avoir pris un verre au bar Mungalo lui comme il avait déjà fait 2 jours ici il s’est excusé pour aller à la gare voir s’il y avait un train marchandise en provenance de Kalemie de façon qu’il puisse partir chez  lui à Luizi, ainsi je lui ai fait un pas de conduire et il était parti et moi j’étais parti avec ma concubine à la cité Campé, c’était vers 20 heures que nous nous sommes séparés avec mon collègue  et vers 23 heures j’avais entendu un type qui toquait la porte de la femme.  En sortant le policier Tchikizi que je connais bien venait de nous dire que mon collègue est mort sur la voie ferrée et nous étions allés ensemble où j’avais  trouvé mon frère mort.
 Q.- Quelle était exactement l’heure de votre séparation ?
R.- Depuis  20 heures 30’
 Q.- Ne l’aviez – vous pas laissé sur la voie attendre le train en face de là où Il a trouvé la mort ?
R- Non.
 Q- Que savez – vous de sa Vie ?
R.- Je sais qu’il venait de Kalemie où il était arrangé l’affaire grave de son foyer car sa belle sœur fut enceintée par son petit frère enseignant qui est  parti déjà pour Kinshasa, malgré ces bêtises de son cadet il fut obligé de payer 300 zaîres mais avec difficultés ils sont parvenus à tomber d’accord pour la somme de 160 Z. dont il avait payé cash 50 z. et le lendemain on devrait faire les cérémonies coutumières, mais lui au lieu d’attendre il avait quitté Kalemie à  pied jusqu’ à Makala où il avait pris le train marchandise.
 Q.- Vivait-il en bons termes avec Madame son épouse suite  à ces bêtises créées par son petit-frère ?
R.- Il y avait tentative de divorce mais on avait toujours conseillé.
 Q- Les parents de la fille ne menaçaient-ils pas le Directeur ?
R. – Il y avait un conflit comme je vous ai dit avant.
 Q- Ne vous avait-il pas dit quelque chose au cours de son séjour à ce qui concerne sa vie ?
R.- Il devait d’abord arriver chez- lui pour continuer mardi le 08 août 1972 pour Lubumbashi mais comme on est ami je ne peux dire en détail tout ce qu’on causait.
 Q-. N’était – il pas en cuite ce jour-là ?
R. – Non, il n’était pas en cuite, car il causait bien et avec toute idée, de dire quelque chose.
 Q-. Ne vous a-t-il pas dit qu’il va causer avec le machiniste avant que le train arrive à la gare pour être transporté ?
R- Il m’avait dit ça pendant la journée lorsque nous étions informés de l’arrivée du train marchandises et comme souvent les machinistes craignent le chef de gare, il faudrait voir le machiniste ailleurs pour s’arranger.
 Q- Ne vivait-il pas en conflit avec ses enseignants ?
R.- Je ne crois pas car lui travaille à Luizi et moi à Nyunzu, mais il vivait bien avec eux car c’était un homme juste et honnête.
 Q- Avez-vous autre chose à dire ?
R.- Je regrette seulement la mort de mon frère, j’espère que la justice pourrait punir l’auteur de sa mort.
 
Donc acte,
Le  Comparant,             Le Commissaire de Zone,
 
 MUGANZA  Sindano         KANDU Puati.
 
c)   Procès verbal  d’audition de la Déclarante Mauwa,
 Comparaît la Citoyenne Mauwa, résident Quartier Kapulo, qui nous déclare ce qui suit :
 Q- Reconnaissez-vous avoir  bu avec deux Directeurs des écoles le dimanche 6 août 1972 ?
R- Oui, j’ai bu avec eux.
 Q- Qui  vous a invité pour aller boire ?
R.- C’est le citoyen Directeur de l’école Muganza qui m’avait invitée.
 Q-  Quelles sont les relations entre vous et Muganza ?
R – Il  est mon amant depuis longtemps.
 Q.- Mais ce jour là n’étiez-vous pas en cuite ?
R. – J’avais beaucoup bu mais je n’étais pas en cuite.
 Q.- A combien étiez-vous au moment de la sortie ?
R. Nous tous trois avec le défunt mais en dehors de bar, le défunt nous avait dit au revoir et était parti à la gare attendre le train marchandise pour l’amener à Luizi
Nous deux nous étions partis pour Campé où le policier nous avait trouvés endormis nous dire que l’autre directeur de l’école venait de trouver la mort sur la voie ferrée. Nous nous sommes rendus sur le lieu d’accident avec tristesse.
 Q- Avant d’aller au campé n’aviez-vous pas laissé le Directeur attendre le train sur la voie ferrée, celui qui venait de Kalemie.
R – Non.
 Q- Ne vous  avait-il pas dit qu’il va s’arranger avec le machiniste avant que le train arrive à la gare ?
R- Je ne sais pas s’il avait dit à son frère et collègue.
 Q. – Ce défunt au moment où vous dansiez avec lui n’était- il pas en cuite ?
R.-  Il a bu  mais je n’ai pas remarqué son ivresse.
 Q- Combien de fois avez-vous bu avec le même jour ?
R. Une seule fois et ils étaient venus me chercher depuis 17 heures chez-moi pour aller boire au bar Mungalo jusqu’ à l’heure de séparation.
 Q – Dépuis  quand avez-vous vu ce défunt ?
R.- Moi je ne le connais pas.
 Q- Avez-vous autre chose à dire ?
R.- Non.
Donc acte,
 
La Déclarante,                           Le Commissaire de zone.
 
MAUWA                                                          KANDU  PUATI
 
RENSEIGNEMENTS:
Aucun signe ou indice qui prouve que la victime aurait été sommée par les bandits. La victime a perdu sa vie aux heures qu’on circulait encore. En plus il n’était pas dépouillé de ce qu’il avait sur son propre corps,  argent, montre, etc.. Faut-il encore ajouter que le cadavre a été trouvé mort presque en face de l’habitation d’un membre de sa famille, le Citoyen Kahozi Kavuya à 20 m  donc de la maison de ce dernier. S’il s’agissait d’un assassinat, les habitants de la cité en face de laquelle l’accident a eu lieu auraient été alertés par les cris.
Un autre élément qui dément la déclaration du machiniste selon laquelle  le défunt avait été tué puis étendu sur la voie ferrée, est le fait que sur cet endroit la locomotive roule à une faible vitesse  s’étant approchée de la gare ( 500m). Si comme le machiniste le prétend que le défunt avait été tué avant d’être écrasé, pourquoi en apercevant le cadavre de loin, ne s’était-il pas arrêté?  La voie étant du reste droite jusqu’à la Gare.
Nous supposons plutôt que le défunt avait été écrasé après  avoir causé avec le machiniste qui se trouvait du côté droit de la locomotive, c’est-à dire celui qui était en service au moment de l’accident, celui-ci l’avait convié d’aller contacter l’autre machiniste se trouvant de l’autre côté qui devait faire la relève au départ de la gare de Nyunzu.
C’est donc au moment de la traversée, la locomotive étant en position de démarrer que la victime fut écrasée.
 
LE COMMISSAIRE DE ZONE
KANDU PUATI
 


Paragraphe 5 :     Ma réussite à la 2ème session,
Pour renforcer sa situation matérielle, oncle Prosper avait acheté quelques articles de traite à  vendre au marché mais l’emploi de tout le bénéfice puis du capital fit arrêter cette activité.
Entretemps la date du début des examens de la 2ème session avait approché. Mes contacts avec Arthur pour occuper sa chambre au plateau afin de mieux me préparer ayant abouti, je quittai la résidence de mon oncle pour remonter au Campus au home VI. J’étudiais jour et nuit et ne sortais que pour manger au restaurant.
Les examens de la 2ème session furent aussi difficiles, mais le dur travail de préparation me fit éviter des écueils et m’avait conduit à la réussite.
 Des amis m’ayant invité  pour fêter  l’événement, je refusai car réussir en Ière année n’était pas quelque chose d’extraordinaire mais plutôt un devoir qui m’approchait de mon objectif.
 
Chapitre 2 :   Mon deuxième  graduat.
 
Paragraphe 1er :   Frappé par la différence du taux de la bourse,
Je ne tardai pas à récupérer le lit n° 1010 à côté de l’étudiant Mbaya Tita de 1ère Licence en Droit et  Makonga Sakombia Mukengeshayi de mon auditoire,  dans les caves du home X comme l’année passée. Notre situation était devenue très réglementée car nous versions le loyer auprès du  gestionnaire du home.
L’année ne débuta pas poutant sous un bon signe suite au changement du taux de la bourse entre étudiants de sciences humaines et ceux de sciences positives.
Alors que je devais toucher 17 zaïres, me collègues de la médecine touchaient 35  zaïres.
Nous devions fréquenter poutant le même restaurant où le coût mensuel dépassait 17 Z.
Placé dans l’incapacité de manger au restaurant, je m’organisai en groupe avec  des amis et me mis à préparer mes repas dans la chambre « la Jocol ». J’achètai ainsi la plaque électrique, le riz, les  poissons salés, les boîtes de sardines, la boîte du lait nido et parfois de la farine et des bitekuteku. A tour de rôle avec les amis on préparait à manger.
Pour acheter les syllabus, les livres, les papiers duplicateurs ou des bics, le concours extérieur devint nécessaire. Je recourais ainsi de temps à autre auprès de mon oncle.
A l’auditoire, le corps professoral se zaïrianisait et rajeunissait suite au départ de plusieurs européens.
 La répartition  de la matière se présenta de la manière suivante :
 
1)     Droit Constitutionnel par Lihau
2)     Droit Civil partim personnes par Lusangu Sasa
3)     Droit Civil Partim Biens par Dethier
4)     Droit  Judiciaire : Organisation et Compétence Judiciaire par Kisaka Kia Ngoy
5)     Introduction au Droit administratif par Onema
6)     Droit  Pénal par Kalombo Mbanga
7)     Histoire des Idées et faits juridiques, politiques et sociaux par Mampuya
8)     Introduction à la Science politique par Kayemba Ntamba
9)     Introduction au Droit Civil partim Obligations par Kalongo Mbikay
10)Législation  Sociale et commerciale par Mlle Daranas
11) Anthropologie culturelle par Crine.
 
Aux Cours ex Cathedra dispensés avec maîtrise l’année antérieure par les  professeurs E.Lamy, R. Dethier et Guy Houchon, s’étaient substitués des tâtonnements, des dictées ou même l’absentéisme des jeunes Professeurs zaîrois. La terminologie graduat se substitua à la candidature.
Cette situation  attisa la discussion sur l’inutilité du prolongement de graduat en trois ans au lieu de deux.
Nous étions presque cent cinquante étudiants dans notre auditoire, situé au premier niveau du bâtiment, non loin de la porte d’entrée du côté du commissariat et trafic.
Les relations dans l’auditoire se renforçaient de plus en plus. Des collègues avaient comme noms : Mokuba Lenga Lenga, Tchizanga Mutshipangu, Mukengeshayi Makonga Sakombia,  Musewu Solotchi, Kabedi Mpema Ngosa, Nyembo Amumba, Mbayo Muhiya, Naweji, Liwoke, Bolye Nonkwa, Nkela, Ntela, Omari Lea Sisi, Kabasele, Kabasele wa Kabasele, Kunga, Kinenge Bokadi, Mende Omalanga, Ekutsu, Akele, Kwazyamba, Ebondo, Nyundo Olangi, Lybia, Mbwetchangol, Magonda, Feruzi, Tulibaki. Olela, Shakira, Benoite etc…
Se retrouvèrent dans cette même auditoire,  Tchey Irund, Kachil, Mulumba, Atumisi et Mwema, miliciens de l’ex UOC en provenance du Centre militaire de Kitona où ils avaient été gardés depuis leur enrôlement à Lubumbashi, suite aux événements du 18 mai 1971 à Lovanium.
Avant la fin de l’année civile 1972, Athanase vint à Kinshasa. Il avait quitté Lubumbashi où quelques mois auparavant, il était terrorisé par Monsieur Bolamba Bourgmestre de la commune de Lubumbashi. Je me rendais le visiter régulièrement sur Bangamelo à Lemba où il résidait chez Monsieur  Kilanga  Kufi.
 
Paragraphe 2 : Bagarre au Bal   des étudiants au parc de la révolution,
Peu  après les vacances de Noël, il fut organisé au parc de la  Révolution, à l’occasion de la journée Universitaire, un bal animé par l’ochestre Sosoliso et les Madjesi. Les bus ayant été mis à la disposition des étudiants, le Campus s’était vidé. La bière ayant été servie à gogo,  ennivrés, la casse des bouteilles commença, au motif qu’il ne  fallait pas permettre aux autorités académiques de  détourner le reste du fonds alloué à organiser ce bal.
Mon collègue Mukengeshay ayant lancé une bouteille qui alla se casser près  d’un milicien. Ce dernier s’avança vers moi, m’accusant d’être auteur et m’administra quelques coups de poings avant que je ne me sois expliqué. Voulant riposter, certains miliciens m’empêchèrent et  amenèrent leur collègue à l’extérieur. Très énérvé, je le poursuivis et engageai la bataille  à tout son groupe.
Vers 2 heures,  m’embarquant dans le bus je regagnais ma chambre au Campus.
Le lendemain, je remarquai que mon œil droit était enflé et mes lèvres meurtries. Je cherchais alors à me battre encore contre mes agresseurs dont l’un  résidait au home VIII et était finaliste à la faculté d’agronomie. L’ayant  suivi à sa chambre, Il me présenta  ses lunnettes dont  les verres avaient été cassés et m’informa qu’il avait déjà alerté le colonel Nzuzi de ce qu’avait fait ma bande la veille et que je serais convoqué incessament.  Nous nous séparâmes sans nous battre.
Il ne se passa pas beaucoup de jours après cet incident qu’Athanase se  rendit à Boma où il venait d’être engagé  comme Secrétaire Urbain de la nouvelle ville, dirigée par le 1er Bourgmestre Djoho Taheta, ancien 1er Bourgmestre adjoint à Lubumbashi.

 Paragraphe 3 :   Mes vacances de Pâques à Boma,
Pendant les vacances de Pâques, après  avoir informé par téléphone Athanase de mon intention de le rejoindre à Boma, je pris le train à la gare de la zone de Kinshasa vers 7 heures. Arrivé à Matadi  vers 17 heures, je pris une vedette qui me débarqua à Boma vers 20 heures.
Je ne connaissais personne au port où le français était très peu usité et me rendis à l’hôtel Excelsior. M’adressant à un européen, ce dernier se présenta comme  Directeur d’école à Seke Banza et se chargea de m’accompagner à la maison d’Athanase où je  trouvais une femme.
A son retour à la maison, Athanase me présenta à cette femme, qui s’appelait Hélène Mavungu.
Durant mon séjour, je visitais des endroits historiques de Boma tels que le Baobab de Stanley, la première église mais aussi en compagnie d’Athanase  je me rendis de temps à autre à Kiveva à la résidence de l’oncle d’Hélène.
Le jour de mon retour à Kinshasa, en compagnie d’Athanase et des Commissaires de sous-région assistants Matalani et Ungu, j’avais visité le centre de  Lemba où j’avais bû et m’étais amusé au risque de rater  la vedette à Boma.
Ayant embarqué dans le train à Matadi à 7 heures, il était 19 heures quand à la gare de Matete je  debarquai et m’amenai au Campus plein de la fraicheur pour affronter le troisième trimestre et les examens de fin d’année.
 
Paragraphe 4 :    Ma correspondance avec ma fiancée,
Voulant me rassurer de la  continuation de nos liens avec Marthe Sagali, je lui écrivis le 04 avril 1973, une lettre à l’adresse de l’Ecole Normale Nyota ya Asubui  BP. 6 à Sola / Kongolo. La réponse ne tarda pas à venir, raison pour laquelle, je fixai l’officialisation de nos fiançailles pour les grandes vacances. Le contenu de ma lettre du 4 avril 1973 et celle du 18 juin était la suivante.
 
a)     Ma lettre du 4 avril 1973,
Mont Amba le 04 avril 1973
 
EXP . LUMBU MALOBA NDIBA
UNAZA/ Campus de Kinshasa
Home 10/1012
B.P. 799
Kinshasa
 
Sagali, ma chère bien aimée,
 Me voilà finalement t’écrire, sais tu pourquoi ?  Eh bien, c’est pour t’annoncer que je viendrai sûrement et certainement à Kayanza pendant  les grandes vacances prochaines !
Tu t’imagines sans doute déjà notre alliance. Eh bien, oui, notre union doit naître car nous nous sommes promis de nous marier. C’est dépuis 1966 que nous nous envions et cela a trop duré. Nous  voilà maintenant, grands, instruits, éduqués, capables de nous aimer réellement. Nous voilà devenus mûrs. Il est donc grand temps de rendre officielle nos fiançailles, et nous ferons cela les grandes vancaces prochaines.
Sagali, je t’aime et toi tu m’aimes. Reçois donc mon baiser.
 
Ton cher bien aimé            LUMBU MALOBA NDIBA.
 
 
b)         Ma lettre du 18 juin 1973,
 
. Mont Amba le 18 juin 1973
 
Chère fiançée.
 
Il n’y a pas longtemps depuis que j’ai commencé à t’écrire, mais me voici déjà à ma troisième lettre, c’est à dire donc que l’estime et  l’affection que j’ai pour toi est incommesurable.
Ta charmante lettre du 1er juin 1973 m’a beaucoup secoué. Elle était succulente et me fait encore rêver. Vraiment j’ai pu découvrir que trois ans de séparation c’est déjà quelque chose d’énorme.
 
Chère fiancée,
C’est seulement vers le 15 août 1973 que j’arriverai à Kayanza et d’ici là, je pense que tu t’arrangeras déjà complètement avec tous les tiens et les tiennes. J’ai été content d’apprendre dans ta lettre que  tes propres parents n’attendent que ma présentation !
Alors que tu as peut être commencé tes examens de fin d’année ce 18 juin, je suis sûr que tu recevras ma  lettre qu’après la fin de tes examens et à l’attente de la proclamation ! Tu pourrais continuer de m’écrire à l’adresse de l’Université parce que c’est seulement le 31 juillet 1973 que nos vacances commenceront.
Je prépare ces semaines ma première session qui débute le 2 juillet, mais en pleine période de  blocus j’ai à présenter mon examen de législation sociale et commerciale le 21/06/ et celui de droit  civil partim biens le 29  prochain.  Je n’ai donc pas à m’étendre et sacrifier trop de temps car ce temps me sert à préparer notre avenir et le bonheur de notre foyer. Comme par hasard je suis juste en ce temps en train d’étudier mon cours de Droit Civil  » Partim Personnes’’, c’est un cours qui traite abondamment de mariage et de la filiation !  Les paragraphes sur les rapports de la hiérarchie, les droits et devoirs des époux ainsi que celui des devoirs envers les enfants m’intéressent le plus et attirent toute mon attention. C’est comme si nous  étions déjà mariés, Marthe ! Prépares toi aussi très serieusement. Car dans la  vie de mariage il n y a pas seulement le  bonheur, il y a aussi des difficultés énormes et je t’assure que nous ne surmonterons toutes ces difficultés que si  nous nous aimons sincèrement. Que si chacun se sacrifie pour l’autre et surtout que si  grâce à notre  bonne préparation et notre maturité d’esprit nous parvenions à nous comprendre et nous excuser souvent.
Es tu d’accord ! Seras tu prête à te sacrifier ?
Je me pose les mêmes questions et mon cœur est plein d’affection.
Je t’embrasse avant de te dire aurevoir et à nous revoir pendant les grandes vacances.
 
Ton fiancé Lumbu Maloba Ndiba
 
Paragraphe 5 :   Mes grandes vacances à Boma,    
Aux examens de la 1ère session alors que mon examen oral de droit constitutionnel avait été sanctionné par 7/10, je fus toutes fois ajourné partiellement pour insuffisance des points en droit pénal, et en droit  judiciaire : organisation et compétence judiciaire.
En effet, en  droit pénal, au cours de l’examen oral je m’étais disputé avec le professeur Kalombo  Mbanga. C’est  de nouveau à Boma où en juillet, Véronique et ses trois enfants Fiston, Eulalie et Sango venaient  de rejoindre Athanase que je répartis pour mes vacances.
Le train me prit cette fois- ci  à la gare de Matete où Mbayo m’avait accompagné avec mes innombrables colis. Comme  en avril, le soir je me trouvais à Matadi d’où je pris la vedette pour Boma. J’abandonnai un de mes sacs contenant notamment mon képi de l’Université Lovanuim que je n’avais  pas pu emporter à temps à la vedette.
Du port de Boma je m’étais dirigé directement sur l’avenue Panzu où je trouvais Athanase à la maison en compagnie de son épouse et les enfants.
Boma préparait l’arrivée du Président Mobutu et l’animation  était à l’affiche. Athanase tout comme Véronique partaient régulièrement à la répétition de danses et chansons.
C’est à la plaine située à  la dizaine de mètres de la résidence d’Athanase que le Président Mobutu et sa suite atterrirent. Toutes les notabilités de Matadi avec à leur tête le commissaire de Région  Nzuzi wa Mbombo l’attendaient.
Le cortège se dirigea au Stade où devait se tenir la séance d’animation.  Tout Boma était obligé de participer. Je ne m’y rendis pas et  m’enfermai dans la maison. Je trouvais  drôle qu’après avoir été à la plaine que j’aille au Stade chanter et danser sous un  soleil ardent et plus drôle encore,  l’obligation faite aux personnes étrangères au groupe d’animation de participer aux danses ! L’enjeu pour les autorités régionales était de danser mieux que les animateurs du Shaba tant vantés.
A la maison en discutant avec Athanase sur la politique du Pays. Je lui informai de ma désolation de constater  l’humiliation de l’homme zaïrois à cause de cette obligation de danser malgré soi.
De temps à autre Athanase m’amenait à Kiveva où  Hélène logeait chez son oncle. Nous y buvions le vin de  palme et rentrions tard à la maison après avoir visité quelques dancings club, tels que « chez Sylla ».
Les occasions de discussions  se multipliaient et insistant  à l’égard de la Société Zaroise  sur la nécessité de son changement par tous les moyens, je lui informai de mon désir de me porter candidat aux élections pour devenir Secrétaire dirigeant de la JMPR/ Campus Universitaire de Kinshasa.
La journée, je préparais mes examens de 2ème session à la bibliothèque ou à la maison. J’étais déterminé  d’épater le professeur Kalombo Mbanga et au besoin le Jury qui pourrait être organisé pour la  circontance. Aussi,  je rédigeai et fis dactylographier mon paper dont le titre était  » le Système Social des Bena Nyembo est-il matrilinéaire ou patrilinéaire » ?
 
Paragraphe 6 :    Des graves informations sur la santé  de mon père,
Il ne se passa pas beaucoup de jours après mon retour de Boma, quand je fus informé grâce à une lettre de ma petite sœur Marie que mon père avait été copieusement battu par les  policiers du chef de la collectivité-chefferie des Bena Nyembo, Monsieur Muloko Wilson à Mbulula. Très malade il avait été amené à Kasongo pour les soins. Des détails étaient contenus dans  une lettre antérieure que m’avait amenée l’Abbée Kissimba concluait-elle. Celui-ci m’informa qu’il avait remis cette lettre à mon oncle Théophile. Ayant trouvé ce dernier, il ne retrouva pas ma lettre.
Très ému, je ne réalisai  pas comment Théophile ne s’était pas tracassé à m’envoyer  cette lettre à Boma et surtout pourqoui  ne l’avait-il  pas gardée en bon père de famille ? Lors d’un autre passage à sa maison, je me disputai avec son épouse. Ayant  pris position en faveur de celle-ci, la rupture de nos relations intervint!
Ayant informé Athanase de cette triste nouvelle, il m’envoya des mots d’encouragement alors que j’avais réceptionné la lettre de Papa Prophile dans laquelle il m’avait indiqué que lors de mon  séjour à Boma, Athanase était bel et bien au courant de cet événement mais qu’il n’avait pas voulu m’en informer pour  me permettre de mieux préparer mes examens.
Fils aîné, j’avais trouvé anormale qu’on m’ait caché des informations sur l’état de santé de mon père. Des fois je pleurais. Effrayé par la nouvelle, j’étais aussi scandalisé par le comportement de mes si proches parents.
 
Paragraphe 7 : Mon admission en 1ère licence,
A l’Université  je fus logé au Ière  étage de l’aile 2 du home 10, dans une même chambre que Nimy Malonda, étudiant de Ière Licence en droit originaire de Boma. Je me rendais régulièrement au plateau au home VI où était logé Nyembo  Nicostrate et discutions ensemble sur les cours à présenter à la 2ème session.
Je présentais les examens, me confiant à la Vierge Marie et à la Sainte Rita, à la manière des membres des l’armée bleue.  Le jour de mon examen oral du droit civil  » Partim » personnes, je reçus peu avant  que je ne me rende au bureau du Professeur, mon cousin Etienne Kitungwa,  qui venait de Lubumbashi pour Boma, chez Athanase. Je lui donnais des indications possibles pour mieux atteindre sa destination.
Le jour de délibération, nombreux furent ajournés et notamment le groupe des étudiants qui se disaient Kinois. J’avais réussi à terminer mon graduat et la première licence m’avait  ouvert ses portes ! Ma joie était grande, car je me sentais prêt à m’engager à la vie sociale et politique du campus, jusqu’à marquer ma présence !   N’avais-je pas promis à mes collègues dès la première année de candidature qu’en licence j’allais  diriger le campus et revendiquer d’innombrables réformes ?
 
Chapitre 3 : Ma première licence ( 1973 – 1974)
 
Paragraphe 1er : Sur le plan académique,
Notre auditoire était située au 2ème étage, pratiquement au dessus de celle du 2ème graduat. Le  nombre d’étudiants était réduit, moins d’une centaine, parmi lesquels : Kinkwela Adje et autres anciens étudiants de Lovanium detenus lors de la manifestation du 4 juin 1969, Mokuba, Nkela, Mende, Akele , Ngalamulume, Kadima, Mukengeshay , Nyembo, Mbayo, Ebondo, Kalambay, Kabedi, Kabasele, Kegbya, Kashemwa, Bolye, Kwazyamba, Ekutsu, Libya,  Eboma, Katalay, Feruzi, Omari, Kombo, Kobongoma, Tshashala, Kazadi, Yangala, Tshizanga, Kinenge. Isekemanga, Nyundo Olangi, Bahati Midago, Husseni, Kapalay, Mbwetchangol, Shakira, Mputu Pende, etc…
Au vu de la répartition des matières et les titulaires des cours nous nous disions tous que l’année était dure et qu’il fallait travailler. Sûrement on allait acquérir à l’issue de ces cours une sérieuse formation  en droit. Des professeurs européens côtoyaient des zaîrois ayant déjà prouvé leur maîtrise.
La répartition des cours était établie de la manière suivante :

Droit civil, obligations par Kalongo Mbikay
Droit international Public par Nguya Ndila Malengama
Droit Administratif par Kabange Ntabala
Procédure Pénale par Bayona Ba Meya
Procédure Civile par Dethier
Sûretés par Du Brul
Droit Civil, personne par Lusangu Sasa
Méthodes de Sciences Sociales par  De Block.
 Entrés à l’avant dernière année de droit, on avait droit au logement. J’occupais la chambre n° 3623 au deuxième étage de l’aile 4 au home XXX. Kabasele Nicolas était mon colocataire.

Paragraphe 2 : Mon mandat de Secrétaire Dirigeant,
L’année académique avait à peine commencée que se posa le problème de renouvellement des dirigeants du Comité JMPR-Campus. Les conditions pour postuler un poste furent énumérées et les ayant remplies, je me présentais aussi comme candidat, d’abord au niveau de mon auditoire qui était constitué en cellule et disputai le 5 novembre 1973 le suffrage de mes collègues aux concurrents Kinenge Bokadi, Husseni bin Husseni et Ebondo Kalo.
 
Le résultat du scrutin fut le suivant :
1)- LUMBU MALOBA NDIBA (56 voix ) cinquante-six voix
2)- KINENGE (30 voix) trente voix
3)- EBONDO (7 voix) sept voix
4)- HUSSENI (6 voix) six voix
Abstentions : (6 voix) six voix.
 
Je venais donc d’être élu dirigeant cellulaire et formais mon bureau de la manière suivante :
 
LUMBU MALOBA NDIBA : Dirigeant
KINENGE BOKADI           : Dirigeant Adjoint
EBONDO KALO : Secrétaire.

Ayant remporté cette élection, tous mes collègues me souhaitèrent une bonne chance pour poursuivre ma lutte et déjà, ils me pointaient dirigeant de la faculté.
Je me présentai candidat dirigeant au niveau de la faculté de Droit. Ne pouvaient élire au niveau de la faculté, que seuls les membres des bureaux cellulaires, raison pour laquelle j’entrepris la démarche de rencontrer ces délégués.
Si mon concurrent Kinenge au niveau des élections cellulaires avait préparé dans des autres cellules des candidats qui avaient gagné les élections, il n’avait pas été pareil des miens. Comble de tout, l’élu de la 2ème année de graduat s’apprêtait aussi à se faire élire dirigeant de la faculté. Il diminuait ainsi ma chance d’être présent aux élections du Secrétaire Dirigeant.
D’âpres discussions au niveau de l’interprétation du texte électoral au cours de la nuit préélectorale ne me furent pas entendre par le Citoyen Kakosa Simba qui fut mon concurrent.  En outre, Makonga Numbi membre cellulaire du  2ème graduat sur qui je comptais beaucoup brilla par son absence et  qu’un seul représentant de la 2ème licence au lieu de trois se présenta.
La campagne se poursuivit jusqu’à l’ouverture du scrutin et après le vote le résultat était le suivant :
1) LUMBU MALOBA NDIBA (5 voix) cinq voix
2)KAKOSA SIMBA (2 voix) deux voix.

Elu, ce 6 novembre, dirigeant sous-sectionnaire, je composais le bureau facultaire de la manière suivante :
LUMBU MALOBA NDIBA : Dirigeant
KAKOSA SIMBA : Dirigeant Adjoint
KINENGE BOKADI : Secrétaire.

Dirigeant facultaire, je remplissais ainsi toutes les conditions pour me faire élire le lendemain Dirigeant du Campus.
Tous mes concurrents à la cellule et à la sous-section m’avaient prêté main forte. Une propagande de grande envergure à laquelle  tous les étudiants de mon auditoire avaient donné leur apport se déclencha.
L’espoir d’avoir un secrétaire dirigeant capable de comprendre les problèmes et les défendre avait été le leitmotiv et plus particulièrement pour ceux de mon auditoire, il fallait refuser l’augmentation d’une année de cours et le discuter au niveau supérieur.
Dans mon programme d’action se trouvait en bonne position,  la lutte contre le taux discriminatoire de la bourse et l’amélioration des conditions matérielles des étudiants, ce qui poussa  les étudiants des facultés de sciences humaines, mécontents de toucher 17 zaïres au lieu de 35 zaïres comme les autres à soutenir ma candidature.
L’examen fait la soirée par mon état major au sujet de mes concurrents, démontra que seul le représentant de la faculté de médecine KALONJI MUKEBA faisait le poids devant moi. Il fallait travailler dur pour diminuer son influence au sein des facultés des sciences positives.
Des rencontres avec Kapiko de sciences, Mukanya Tshimbau de la Polytechnique, Kolela de l’Institut Supérieur de l’Enseignement Médical et des délégués de l’Ecole d’Infirmières eurent lieu jusqu’à quelques minutes avant le scrutin.
Je rencontrais moi-même mon concurrent, à qui j’avais demandé à se liguer à moi et devant son refus, je lui annonçais qu’il serait mon adjoint malgré sa détermination.
Il était 11 heures, quand la salle des Promotions rassembla des délégués facultaires. Sous l’animation occasionnelle dirigée par Omari Lea  Sisi, j’entrais dans la salle juste avant le scrutin.
Le dépouillement se fit dans une autre salle et on laissa au Vice-Recteur le privilège de proclamer l’élu. Celui-ci s’étant fait trop attendre, la radio trottoir se mit à annoncer ma victoire écrasante.
Je regagnais les homes, objet de curiosité de tous les étudiants et des félicitations de tous mes collègues.
Au cours de l’après-midi, la nouvelle de ma victoire se confirma pendant que comme prévu Kalonji Mukeba avait enlevé la deuxième place.
Je prononçai un mot de remerciement aux étudiants de 1ère licence et de 2ème licence en droit à la fin du cours commun de la Procédure civile et les priai d’être  mes conseillers.
Ma chambre devint dès lors un cabinet, car il était désormais bondé de postulants de postes. Je reçus d’innombrables lettres de félicitations et de demande d’un poste parmi lesquelles celles de Isekemanga Nkeka, Kegbya Yogo Dongo, Kinenge Bokadi, Mende Omalanga, Kachill Mwin-a-Ntembu et Omari lea Sisi de 1ère licence droit, Kisangani Emizet qui souhaitait pour la faculté des sciences économiques et commerciales occuper le poste de culture et loisirs, donner le poste  des affaires sociales à Nzogu et si possible leur céder le poste de l’information ou des affaires académiques. Katsomwenga Tshinyama et Tshibalabala de 1ère licence Théologie catholique, Kimbulu Kasenda ka Ikoka de 1ère licence administration des entreprises, Bagayamukwe wa Lwimbo de 1ère licence en Démographie, Nkondi Nsenga, Kalombo Mazombo Bomba Bahonga et Deleme Mokpangu de 3ème médecine, Mandevu Man Ellidjhab bin Abeli de 2ème graduat Droit, Gigandu. G. Gingama de 1ère licence Théologie protestante, Kolela wa Tshimanga de l’ISTM.
Le groupe shabien tout comme les anciens du Collège St. François de Sales, représentés par Asili, Mulumba et Mulamba posèrent aussi respectivement quelques problèmes.
Le 9 novembre 1973, je reçus une note de Kalonji dont le contenu suit :
Citoyen Dirigeant LUMBU,
            Je suis parti chez toi deux fois, malheureusement tu étais absent !
Le dirigeant sortant et son adjoint tiennent à ce qu’on leur présente le Comité au plus tard demain !
C’est ainsi que je t’attends chez-moi.
Tu viens à n’importe quelle heure pour que l’on puisse voir qui devons-nous prendre dans notre Comité.
                                                           A bientôt.
                                                                       Ton Adjoint
                                                           Sé/KALONJI MUKEBA.

Pendant le week-end, je me retirai à Djelo-Binza  et constituai l’équipe  reprenant les noms ci-dessous,  que je  présentai aux autorités académiques par ma note du 10 novembre 1973 :
 
1.- Dirigeant Sectionnaire titulaire, Cit. LUMBU MALOBA NDIBA Droit/Shaba
2.- Dirigeant Sectionnaire Adjoint, Cit. KALONJI MUKEBA Médecine/K. OR.
3.- Commissaire aux Aff. Académiques, Cit. KINENGE BOKADI Droit/B.Z.
4.- Commissaire Adjoint Aff. Académiques, Cit. MAKONGA NUMBI Droit/Shaba.
5.- Commissaire  aux Aff. Sociales, Cit. KABASELE MULUMBA Droit/.K. OR.
6.- Commissaire Adjoint Aff. Sociales, L’Abbé KILUNGA S. F. Econ./Bandundu
7.- Commissaire aux Finances, Révérend GIGANDU GINGANA, Théol. Prot/Bandundu
8.- Commissaire Adj. Aux Finances, Cne NKONDI NSENGA, Médecine/B.Z.
9.- Commissaire à l’Orientation, Cit. MONGELO MAYO, Economie/Equateur
10. Commissaire Adj. A l’Orientation Cit. BATAMBA Droit/H.Z.
11. Commissaire Adj. A l’Orientation Cit. OMARI, Droit/Kivu
12. Commissaire aux TPDN, Cit. NAWEZI a TSHITEMB, Droit/Shaba
13. Commissaire Adj. Aux TPDN, Cit. KATSOMUENGA, Théol. Cath/K. Occ.
14. Commissaire Adj. Aux TPDN, Cit. KOLELA, ISTM/K. Or.
15. Commissaire aux Sports, Culture et Loisirs, Cit. BAGAYAMUKWE Econ. et Comm./Kivu
16. Commissaire Adj. Aux Sports, Cult. Cit. KISANGANI, Ec. Et Com/H.Z.
17. Commissaire Adjoint aux Loisirs, Cit. MENDE OMALANGA, Droit/K. Or.
18. Commissaire Adjoint à la Culture, Cit. DELEME MOKPONGO, Médecine/Eq.

Le Vice-Recteur LOKWA ILWALOMA allant à l’encontre des préscrits du Règlement Intérieur de la JMPR dans une note qu’il m’avait fait parvenir nomma comme Secrétaires dirigeants adjoints, deux miliciens dont un devait s’occuper de la brigade disciplinaire. Il écarta l’élu Kalonji Mukeba pour la simple raison qu’il était du Kasaï alors que j’étais du Shaba, soit deux Régions sœurs !  Quant aux autres membres, il les permuta  ou les écarta.
Mon état major dont Mende tint le secrétariat, tout en acceptant certains ordres du Vice-Recteur, contesta celui d’élever deux miliciens non élus au poste de secrétaires dirigeants adjoints au détriment de l’élu et titulaire de droit de ce poste.
Je retouchai l’équipe et informai au Vice Recteur par  ma note du 15 novembre 1973, la composition suivante :

1.- Dirigeant Sectionnaire Titulaire, Cit. LUMBU MALOBA NDIBA, Droit/Shaba
Dirigeant Sectionnaire Adjoint, Cit KALONJI MUKEBA Médecine/K. Or.
2.- Commissaire Aff. Académiques, Cit. KINENGE BOKADI , Droit/B.Z.
Commissaire Adj. Aff. Ac., Cit. MAKONGA NUMBI, Droit/Shaba
3.- Commissaire aux Aff. Sociales, Cit. KABASELE MULUMBA, Droit/K. Or.
Commissaire Adjoint Aff. Sociales, Cit. KILUNGA SODIDIA FILA Ec./Bandundu.
4.- Commissaire aux Finances, Cne NKODI SENGA, Médecine/B.Z.
Commissaire Adjoint aux Fin. Rév. GIGANDU Théol. Pr./Bandundu
5.- Commissaire à l’Orientation MONGELO MAYO Ec  /Equateur
Commissaire Adjoint à l’Orient. OMARI LEYA Droit/Kivu
6.- Commissaire au TPDN, NAWEZ-a-TSHITEMB Droit./Shaba
Commissaire Adjoint au TPDN, KATSHOMWENGA Théol. Cath./K. Occ.
7.- Commissaire aux Sports, Loisirs et Culture, Cit. BAGAYAMUKWE Economie/Kivu
Adjoint aux Sports              Cit. KISANGANI  Economie/H.Z.
Adjoint aux Loisirs                Cit. MENDE OMALANGA Droit/K. Or.

Cette fois-ci au lieu de répondre par écrit, le Vice-Recteur invita toute mon équipe au Sénat (salle de réunions du Campus). Dans un ton autoritaire il nous communiqua qu’il maintenait sa décision d’écarter l’élu Kalonji au poste de Secrétaire dirigeant adjoint et confia ce poste à l’ancien commandant des miliciens KALISA RUTI.  En ce qui concerne la nommination du  deuxième Secrétaire dirigeant adjoint, qui allait se charger de la brigade disciplinaire, il nous permit de prendre la personne de notre choix.

– Les points de vue de mes collaborateurs,
J’observai ce jour le comportement de mes collaborateurs et remarquai que certains parmi eux étaient très peureux. Lorsque le Vice-Recteur parlait ils tremblaient. En intervenant ils semblaient démontrer qu’ils partageaient le point de vue du Vice-Recteur. Le problème de la solidarité de mon équipe s’étant posé, expressément je demandais à chacun d’eux de me faire parvenir par écrit son point de vue.

A titre d’exemple, celui du citoyen Katshomwenga était le suivant :
Mon Secrétaire Dirigeant,
Votre humble  Collaborateur de demain veut vous proposer ce qui suit :
Pour nous, la chose était claire. Nous voulions suivre à la lettre l’esprit du statut. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes imposés dès le début. Mais à présent, il faut voir les choses d’un autre œil. En effet, le Vice-Recteur reste l’autorité suprême du parti sur le campus. Pour le moment, il a encore un certain pouvoir d’annuler, s’il le veut, notre Comité. Et je crois que nous autres membres dudit Comité, nous serons exposés devant des ennuis sans nom. Le Vice-Recteur lui-même l’a dit très clairement.
Pour notre bien, je te prie de faire comprendre la situation à Kalonji et d’accepter l’un des deux candidats te proposés par le Vice-Recteur.  Il s’agit du Citoyen Kalisa. A la place de Tshamala, tu fais monter le Citoyen Mongelo comme 2ème Dirigeant Adjoint, étant donné que ce dernier était aussi milicien et se trouve dans la brigade disciplinaire, il deviendra ipso facto commandant de la Brigade. Kalonji sera alors chargé des affaires académiques à la place de Mongelo.
Comme tu le remarques, la proposition du vice-Recteur n’influence en rien la composition de ton Comité qui garde les mêmes personnes. Il n’y a que la tête qui a été quelque peu modifiée

Ton Commissaire Adjoint aux TP.D.N.
Sé/KATSHOMWENGA TSHINYAMA.

Le point de vue général ayant été pour l’acceptation des propositions du vice-Recteur, j’écartais de mon équipe ou dégradais les plus peureux et dès le lendemain le 16 novembre 1973, je présentais au Vice-Recteur qui l’agréa, une équipe où Kalisa Ruti, me recommandé, était le premier Secrétaire Dirigeant Adjoint. Le poste des affaires académiques ayant la préséance sur les autres, je l’accordais à l’élu déchu, et recouru au service de Miamiaku Mayundo, un ancien collègue à la préuniversité de Luluabourg qui était ancien milicien, pour diriger la brigade et écrivis alors au Dirigeant National pour lui présenter mon équipe, la lettre dont la teneur suit :

Kinshasa XI, le 16 novembre 1973.

Au Citoyen Dirigeant National Chargé de la Jeunesse Estudiantine
B.P. 330
–   KINSHASA/KALAMU.

Concerne : Composition du Comité.

Citoyen Dirigeant National,

Me conformant au règlement d’ordre intérieur de la JMPR Estudiantine, j’ai l’honneur de vous présenter l’équipe sectionnaire de la JMPR/Campus de Kinshasa pour l’année académique 1973-1974.

1.- Secrétaire Dirigeant Sectionnaire : le Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA
Premier Adjoint   : le Citoyen KALISA
Deuxième Adjoint Commandant       :
Brigade Disciplinaire             : le CitoyenMAYONDO MIAMIAKU
2. Commissaire aux Affaires Aca :le CitoyenKAL ONDJI MUKEBA
«        Adjoint     le Citoyen MAKONGA NUMBI
3.- Commissaire aux Aff. Socialle Citoyen KABASELE MULUMBA
«         Adjoint    : le Citoyen Abbé KILUNGA SODIDIAFILA
4.- Commissaire aux Finances   :la Citoyenne NKODI NSENGA
«              Adjoint     «    le Citoyen GIGANDU GINGANA.
5.- Commissaire à l’Orientation le Citoyen MONGELO MAYA
«            Adjoint        le Citoyen KINENGEBOKADI
6.- Commissaire au X T.P.D.N le Citoyen NAWEZI à TSHITEMBU«   Adjoint         le Citoyen NTAMBWE KANINDA
7.- Commissaire aux Spole Citoyen BAGAYAMUKWE
«   Adjoint aux Sport: le Citoyen KISANGANI
«  Adjoint aux Loisirs et Culturele Citoyen MENDE OMALANGA.

Je vous prie d’agréer, Citoyen Dirigeant National, l’assurance de mes sentiments patriotiques et révolutionnaires.

LE DIRIGEANT SECTIONNAIRE DE LA JMPR CAMPUS DE KINSHASA,
Sé/LUMBU MALOBA NDIBA.

           Par courtoisie, je continuais à attendre mon prédécesseur à qui j’avais envoyé une note pour l’inviter à se préparer à la remise et reprise de me faire signe. Malheureusement ce dernier ferma tous les bureaux et résidait hors du campus.
D’aucuns m’informèrent qu’il souhaitait la poursuite de la crise entre le Vice-Recteur et moi et s’attendait à mon déchargement.
Je trouvais les autorités académiques pour me plaindre. Le 20 novembre 1973 le Secrétaire Général Administratif Mpase Nselenge Mpeti ordonna que la porte de l’appartement 633 soit forcée et qu’un procès-verbal de constat soit établi.
Lésé, le Citoyen MFUMU GIZANGA, ancien Secrétaire Dirigeant se plaignit. Une réunion fut convoquée au Secrétariat Général Administratif à l’issue de laquelle, la remise et reprise en bonne et due forme entre le comité sortant et le mien eut lieu.
Prenant la parole, le Citoyen Mpase, Secrétaire Administratif avait introduit cette réunion en ces termes :
‘’Quand on n’a pas encore quitté une maison il ne faut pas y faire caca. Ainsi j’aimerais que la remise-reprise se fasse dans des conditions normales. Bien entendu j’ai autorisé de forcer la porte et de changer la serrure, mais tout cela je laisse tomber. Alors vous pouvez procéder ainsi pour cette remise-reprise. Inventorier tout ce que vous trouvez dans le bureau. Vous faites donc le constat de tout ce que vous trouvez  et éventuellement comparer tout cela à ce qu’avait été  reçu au départ.
Si la comparaison est impossible ne cherchez pas du… De toute façon mettez au point la situation financière, les cotisations du parti, ce que les bars et autres activités ont apporté. Ainsi vous verrez ce qui a été dépensé et ce qui reste et éventuellement justifier les dépenses.
Vous verrez ainsi tout ce qui est dans le bureau et dans la caisse. Je crois que c’est tout’’.
Logé dans l’appartement 833 où le salon, le bureau et la table de réunions étaient installés dans un même local, je travaillais continuellement pendant plus de quinze heures chaque jour, à telle enseigne que le Secrétaire Général Administratif m’avait invité à éviter un surménage éventuel.
Plusieurs de mes collaborateurs, dont le 1er Secrétaire Dirigeant Adjoint KALISA RUTI et le Commissaire Adjoint aux Loisirs et Culture MENDE OMALANGA travaillaient autant à mes côtés.

.Le Programme d’action,

Le 27 novembre 1973, dans la salle des Promotions archicomble, le Dirigeant National de la  J.M.P.R. chargé de la jeunesse estudiantine, le Citoyen MUKUNA wa MPUTU vint installer mon comité.
Après le mot du vice-Recteur et l’adresse du Dirigeant National, je prononçais un discours fort applaudi qui annonçait le programme d’action de mon Comité avec accent particulier sur les  aspects politiques et sociaux qui ne devaient pas être dissociés tant en affaires académiques et sociales que sur l’orientation :
‘’Les deux aspects de notre mission, à savoir l’encadrement politique et l’action syndicale ne sont pas, à notre avis aussi radicalement opposés qu’on pourrait le croire. La plupart de contestations découlaient en effet surtout de la mauvaise foi de certains responsables, qui, au niveau de l’exécution, ne se sont pas toujours conformés aux prescriptions légales. Or, ce défaut de militantisme que la J.M.P.R. est appelée de dénoncer par son action syndicale constitue un mauvais exemple que l’on ne peut tolérer pour un encadrement politique correct. Dans le même ordre d’idées, le manque d’informations régulières et de dialogue permanent a souvent été cause de bien de malentendus et devra être jugulé grâce à nos efforts’’.

Pour les affaires Académiques
‘’ Nous souhaiterions que la représentation des étudiants aux conseils facultaires, déjà effective dans certaines facultés le soit dans toutes les autres pour associer l’étudiant militant aux problèmes qui se posent par et pour lui, et éventuellement à leurs solutions. Cela conformément à une des préoccupations essentielles de Manifeste de la Nsele qui est de  préparer les jeunes à leurs responsabilités futures.
Le bureau sectionnaire s’élèvera contre toutes les improvisations et laisser-aller qui pourraient voir le jour au sein de nos facultés. Il n’est pas admissible que les programmes de cours soient improvisés au début de l’année académique. La dénomination des années d’études comme le nombre de celle-ci doivent reposer sur les assises juridiques’’.

Quant aux affaires sociales
‘’ Insister sur le minimum vital « qui confère à l’étudiant un minimum de dignité et une disponibilité pour la rentabilisation de son temps s’avère impérieux. »
C’est pourquoi, tout en portant l’accent sur les devoirs de l’étudiant, d’une part, nous n’oublierons pas d’insister sur ses droits, car l’étudiant est le début, la fin, voire la raison d’être de notre institution.
En effet quelle serait la fierté de la faculté, du campus ou du pays si l’étudiant embourbé dans ses problèmes d’ordre matériel, n’était plus en mesure de s’acquitter de son devoir d’Etat ? Aussi trouvons-nous tout à fait logique que les conditions sociales de l’étudiant soit la préoccupation de tous, non pour le brimer ou le faire taire mais plutôt pour le servir et lui apprendre à servir afin que formé dans cette enceinte il puisse à son tour devenir un formateur consciencieux et responsable dont le pays a si grandement besoin.’’

En ce qui  concerne l’orientation
‘’ Il faut que la jeunesse estudiantine prenne conscience du rôle qu’elle est appelée à jouer dans le Zaïre de demain. Son aptitude à occuper les postes de responsabilité rend son apport très nécessaire et ses suggestions constructives sur la vie nationale, nous en sommes sûrs, seront retenues.
Nous proposons la tenue de conférences débats entre les étudiants et autorités afin de dissiper la sous information et le manque de participation à l’organisation et à la gestion de la chose publique, car nous sommes convaincus, que la carence d’information est à la base de l’inertie et de la léthargie qui ont érigé leur siège sur ce campus. C’est pourquoi, le bureau sectionnaire espère qu’en collaboration avec les autorités, un effort sérieux sera déployé dans ce domaine.’’
L’Acte de ma nomination dont la teneur suit me fut remis :

MOUVEMENT POPULAIRE DE LA REVOLUTION
DEPARTEMENT DELA JEUNESSE ET DES SPORTS
DIRECTION NATIONALE DE LA JEUNESSE ESTUDIANTINE
B.P. 3302
KINSHASA/GOMBE.

ACTE DE NOMINATION
MATRICULE : G./G.A/JMPR/001/74.-
Conformément aux décisions du Bureau Politique du M.P.R. du 12 juin 1969 concernant la Jeunesse Estudiantine, telles qu’exécutées par nous suivant nos circulaires n°s 26, 27, 28, 29, 30, 49, 52 et 346.
Le Département de la Jeunesse et des Sports nomme pour l’année académique 1973-1974 :
Le Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA, en qualité de Dirigeant Sectionnaire titulaire et Commandant de la Brigade Disciplinaire Estudiantine Section de la J.M.P.R/Campus Universitaire de Kinshasa, à dater du 19 novembre 1973.
Toutes les autorités militaires et civiles sont priées d’apporter toute leur assistance au porteur du présent acte.

Fait à Kinshasa, le 19 novembre 1973.

LE DIRIGEANT NATIONAL        LE COMMISSAIRE
CHARGE DE LA                         D’ETAT CHARGE DE LA   JEUNESSE                             JEUNESSE ET DES SPORTS
ESTUDIANTINE
Sé/MUKUNAWAMPUTU   Sé/SAMPASSA KAWETAMI
SHABANI.                             MILOMBE

           Aussitôt après notre discours, l’un de nos vœux fut exaucé par la décision du Président-Fondateur d’uniformiser le taux de la bourse.
Trouvant le Dirigeant National nous lui annoncions notre désir d’organiser une marche de joie à travers la ville, tant les étudiants de sciences humaines étaient contents, mais méfiant il n’accepta pas.
           Le Secrétaire sectionnaire chargé des Affaires académiques élabora un tableau reprenant les noms de tous les dirigeants des Comités sous sectionnaires et cellulaires de toutes les facultés et départements, il en avait été de même du Secrétaire sectionnaire chargé des Affaires sociales en ce qui concerne les homes et ailes.
Vint le discours du Président-Fondateur du 30 novembre 1973 en ce qui concerne les mesures de zaïrianisation.
Cette fois-ci, le Dirigeant National convoqua les différentes sections de la J.M.P.R. estudiantines à l’Institut Supérieur de Commerce où après avoir élaboré un message de félicitations à l’adresse du Président-Fondateur, il fut décidé l’organisation de la marche de soutien pour le 5 décembre 1973, dont l’itinéraire était- Place de la Gare-Mont Ngaliema.
Nous informâmes les autorités académiques du Campus de l’organisation de cette marche. Seules les facultés de sciences humaines furent permises principalement à y assister. Quant à l’itinéraire le coin avenue Batetela-Boulevard du 30 Juin fut préféré.
Le Secrétaire Général à la JMPR, le Citoyen SAMPASA KAWETA MILOMBE patronna lui-même la marche. Une grande partie de nos étudiants étaient acheminés par bus sur l’avenue Batetela. Je rejoignis à la place de la gare avec un certain nombre d’étudiants, le Secrétaire Général qui nous attendait.
Au Mont Ngaliema, c’est au théâtre de la verdure que nous fûmes installés et après un discours explicatif prononcé par le Dirigeant National sur le pourquoi de cette marche, eut lieu la présentation à tous les étudiants, des différents bureaux sectionnaires de la JMPR/ Campus et Instituts Supérieurs de Kinshasa.
C’est sous des applaudissements frénétiques qu’en tenue civile, alors que tous nos collègues étaient en tenue de la J.M.P.R. que le Comité du Campus de Kinshasa se présenta, à pas de course et levant les mains en haut.
Des véhicules des brasseries transportant  des boissons  pénétrèrent au Mont Ngaliema et la bière chaude fut distribuée aux étudiants, qui, enivrés quelques temps après, se donnèrent à cœur joie au cassage des bouteilles. Des bouteilles pleines de bière virent leur quantité déversée ou parfois répandue aux visages des collègues. Heureusement, les  bus se présentèrent et commencèrent à évacuer les étudiants.
Tout à coup, les gardes présidentiels se mêlèrent. Il fallait évacuer tout le monde du théâtre de la verdure car des insanités étaient prononcées par certains à l’égard du Régime.
Le Dirigeant National chargé de la jeunesse estudiantine, lui-même, donna quelques coups à quelques incorrigibles. Les cachots du Mont Ngaliema furent ouverts et  accueillirent certains malchanceux après qu’ils aient été tabassés. Une joute oratoire m’opposa à un moment en ma qualité de dirigeant à un groupe d’agents de l’ordre qui voulait m’expulser aussi de la clôture, alors que vigilant, je  tenais à constater les dégâts éventuels, jusqu’à la sortie du dernier étudiant.
Au campus, la méfiance des autorités académiques à mon égard était perceptible depuis que le bureau sectionnaire de la JMPR avait commencé à réclamer des réformes profondes à différents niveaux.
En effet, depuis l’imposition puis la monopolisation de la JMPR estudiantine au Campus, la gestion ne lui avait pas été pleinement confiée, ainsi, après avoir supprimé toutes les associations gérées en dehors de la JMPR, le bureau  avait repris une à une, des œuvres estudiantines, toutes les attributions naguère détenues par l’UGC, l’UGL et différentes associations estudiantines et demandait la gestion de cinéma malgré la résistance constatée, telle que le démontre la note dont la teneur suit :.

Kinshasa XI, le 14/12/

COMITE SECTIONNAIRE

J.M.P.R.
CAMPUS DE KINSHASA
N° JMPR/CUK/LMN/0015/1973.

Concerne : Les événements de la Soirée du jeudi 13 Décembre 1973     

Au citoyen Président Sectionnaire du MPR et Vice Recteur du  Campus Universitaire de Kinshasa A KINSHASAXI.-

Citoyen Président Sectionnaire,
Vous vous souviendrez certainement des mesures sages que vous avez été amené à prendre envers certains éléments incontrôlés du personnel des Œuvres Estudiantines. Dans ce contexte, le défunt Centre Culturel nous revenait et pour assurer la permanence du service, le personnel technique (opérateur, balayeurs, dactylos…) était laissé en place.
Or, une deuxième fois en moins de 7 jours, le Bureau Sectionnaire vient d’être victime d’une manœuvre de sabotage qui vient remettre en question tous nos efforts pour l’implantation de la JMPR au sein de la Communauté Estudiantine.
En effet, hier à 14 heures, devant le Citoyen Mpase, Secrétaire Général Administratif du Campus, le Directeur Mubuisi, ancien patron du Centre Culturel apaisait nos craintes : « l’opérateur du film sera là, nous dit-il, je l’ai averti ».
Quelle ne fut alors notre consternation de constater que notre  technicien brillait par son absence alors que, confiants en la parole du Directeur des Œuvres Sociales, nous n’avions pris aucune disposition à cet effet !
Une fois de plus, nous avons eu à essuyer le mécontentement généralisé des Etudiants trop longtemps bafoués.
Il ressort de tous ces faits que certains fonctionnaires nostalgiques veulent étouffer la JMPR, l’initiative des étudiants ayant toujours été pour eux de valeur nulle. C’est là une attitude réactionnaire que vous avez toujours dénoncé et que le Bureau Sectionnaire de la JMPR/Campus se décide à combattre.
C’est pourquoi le Bureau Sectionnaire vient auprès de vous pour requérir des sanctions sévères à l’endroit des responsables de cet acte incivique et de ceux qui les ont couverts. Plus particulièrement, nous demandons que ceux-ci puissent supporter le prix de leur acte (location du film pour une journée).
Car nous avons préféré garder ce film pour une projection gratuite ce vendredi 14 décembre 1973.
Veuillez agréer, Citoyen Président Sectionnaire, l’expression de nos sentiments patriotiques et révolutionnaires.

POUR LE BUREAU SECTIONNAIRE DE LA JMPR/CAMPUS
LE SECRETAIRE DIRIGEANT,
 Sé/LUMBU MALOBA NDIBA.

c.c. : Œuvres Estudiantines.

        Ayant ainsi touché un terrain où la gestion financière était confuse et que les bénéficiaires se recrutaient parmi les hautes autorités du Campus,  d’innombrables menaces furent proférées à termes non voilés à mon endroit.
Les autorités académiques pour diminuer mon influence toujours grandissante malgré la présence de leur élément Kalisa Ruti, imposé Secrétaire Dirigeant Adjoint, tentèrent de m’entraîner sur un terrain tribal en dressant certains étudiants, à qu’ils faisaient signer expressément des documents réclamant des droits fictifs ; ce fut le cas pour des brigadiers expulsés.
J’ai eu à maintes reprises personnellement l’occasion de protester contre de tels actes auprès de leurs auteurs.
Le bureau réforma la brigade disciplinaire estudiantine étant donné qu’il en avait énormément besoin pour maintenir la discipline et sauvegarder les acquis.
Certains Commissaires sectionnaires furent mécontents parce qu’ils avaient constaté que l’influence du Secrétaire Dirigeant Adjoint devenait grandissante. Il venait de constituer un Bureau d’Etudes ne contenant que des éléments originaires de l’Equateur, ce Bureau d’Etudes était dangereux pour le Comité, parce que son objet selon eux était de se substituer à eux puis de m’asphyxier par après !
Le constat de mes collègues s’avera fondé tant à l’occasion de la visite de la jeunesse roumaine, qu’à celle du Président de la République au Campus.

Nous avions reçu du Quartier Général de la JMPR, sa lettre datant du 14/12/1993 annonçant l’arrivée d’une délégation importante de la jeunesse roumaine, qui allait visiter  le campus le jeudi 21/12/93 de 11h à 15h00.
Obligés d’assister à leur accueil au beach Ngobila, respectant la résolution prise dans une de nos réunions, nous n’avions pas portés  la tenue de la JMPR parce que nous estimions que le Quartier Général devrait trouver une tenue spéciale pour la jeunesse estudiantine, la traditionnelle étant considérée comme celle des bandits !
Le Quartier Général nous ayant prié de respecter son mot d’ordre au nom de la discipline du Parti, le bureau était rentré au Campus mettre cette tenue. Le premier secrétaire dirigeant adjoint qui avait continué à s’opposer de la porter ne s’était pas rendu au beach Ngobila.

Le lendemain matin, le citoyen Kalisa Ruti avait porté la tenue de la JMPR et après un tour des facultés avec la délégation roumaine, nous nous rendîmes au club des résidents pour un déjeuner.
Dans l’allocution que j’avais prononcé, j’avais tracé la situation du Campus et en plein déjeuner mon adjoint  parla de la jeunesse angolaise au Campus.
Nous mangions encore quand un émissaire vint nous informer que le Président-Fondateur allait arriver au Campus,  raison pour laquelle les autorités académiques n’étaient pas parmi nous. Nous comprîmes tous, que notre collègue Kalisa Ruti était informé de cet événement, raison pour laquelle il avait porté l’uniforme de la JMPR.
Lorsque, nous séparant de la délégation roumaine nous rejoignions la salle des promotions, elle était déjà ceinturée par les éléments de service de sécurité et des gardes présidentiels.  L’entrée  n’ayant été autorisée qu’aux étudiants porteurs de la tenue de la JMPR, je compris pleinement que les autorités académiques du campus avaient préparé cet événement avec mon adjoint   Kalisa Ruti.
Je distribuai à tous les dirigeants des facultés et de homes le stock de tenues que je gardais en chambre.
Malgré tout, quelques- uns se firent barrer la porte à l’entrée par les gorilles présidentiels, ce qui fit intervenir le citoyen Mukuna wa Mputu, Dirigeant National chargé de la Jeunesse  Estudiantine en faveur des Etudiants membres du Comité JMPR.
Je me demandais la raison pour laquelle les autorités académiques ne nous avaient pas informés de l’arrivée du Président-Fondateur, ni associés à son accueil et d’un coup, je me décidai de m’imposer devant le service du protocole en ma qualité de Secrétaire dirigeant.
L’hélicoptère présidentiel atterrit près du bâtiment administratif et le Président-Fondateur s’avança vers la salle des Promotions.
En montant les marches, les étudiants massés dans les alentours criaient. Le Président demanda ce que les étudiants disaient. Quelqu’un à ses côtés lui répondit qu’ils disaient « MOBUTU, MOBUTU ». La déformation étant flagrante, je retorquai que les étudiants disaient « BOURSE, BOURSE ». Le Président haussa la tête.
A la porte, le Président entra dans la salle. Je  m’introduisais aussi lorsqu’une personne  m’empêcha de continuer et ferma la porte alors que je lui signifiai que Dirigeant du Campus visité, je ne pouvais pas manquer à cette manifestation. Comme il ne bronchait pas, je poussai avec force la porte, clé à la main en criant ! Vous ne savez pas  que je détiens la clé de cette porte ?
Cette personne m’arracha de force la clé et m’ordonna de ne plus bouger alors que j’étais déjà dans la salle. L’hymne national ayant retenti, je restai fixe à la porte.
Le Président croyant s’adresser aux Etudiants dans une salle comble prit la parole en regrettant comment au cours d’une conférence tenue par le Commissaire d’Etat aux Affaires Etrangères ; le Citoyen Nguz A Karl I Bond à la salle du Parti, un étudiant voulant s’enquérir de l’application des mesures de zaïrianisation, il avait dit devant les étrangers « comment on allait se partager le butin ».
Le Président-Fondateur se remit à la disposition des Etudiants pour que toutes les questions à n’importe quel sujet lui soient posées !
La salle était pleine de cadres du MPR, des Compagnons de la Révolution, les membres du Bureau Politique, les Commissaires du Peuple, les Commissaires d’Etat et toutes les personnes généralement invitées par le protocole d’Etat !
Les quelques étudiants entrés dans la salle qui étaient des dirigeants sectionnaires des Instituts et des dirigeants sous sectionnaires du campus étaient perchés au balcon et non préparés à intervenir.
Comme certains de nos brigadiers se trouvaient dans la salle, l’un d’eux prit la parole suivi d’un professeur, biologiste, qui alerta le Président d’énormes difficultés matérielles dans lesquelles étaient plongés les étudiants.
Le premier Secrétaire Dirigeant Adjoint remarquant que les problèmes abordés par ce professeur étaient de nature à mettre les autorités académiques en difficultés prit la parole en priant au professeur de ne pas se mêler aux problèmes des étudiants. Il avait remercié le Président-Fondateur d’avoir uniformisé le taux de la bourse puis aborda les problèmes d’ordre général.
Quant au Secrétaire Dirigeant de l’I.P.N. à qui la parole fut aussi accordée, il commença par annoncer qu’il rêvait, car pour la première fois il participait aux secrets d’Etat, puis il demanda que les cours comme celui de logique ne soient pas la cause de non admission de l’étudiant en classe supérieure en cas de non-réussite.
Le Commissaire d’Etat à l’Education Nationale, le Citoyen MABOLIA alors que ne s’étaient écoulées qu’à peine trente minutes arrêta la séance, dit-il pour permettre au Président d’aller se reposer tellement qu’il avait des charges multiples.
L’hymne national fut entonné et ce fut la ruée à l’extérieur.
Je restais à la place où j’étais obligé de ne pas bouger, les larmes me coulant des yeux et certain d’avoir été victime d’un complot.
A ma sortie de la salle les étudiants me réclamaient le compte rendu de la rencontre. Je ne dis mot et m’enfermai dans ma chambre.
A la séance cinématographique de ce soir les étudiants refusèrent de payer et mécontents ils exigeaient la démission du Comité.
Mes collaborateurs me trouvèrent et m’exigèrent de me prononcer devant les Etudiants car les esprits étaient très surchauffés.
Pourquoi n’avais-je pas pris la parole devant le Président-Fondateur alors qu’ils attendaient tout de moi ? Pourquoi avais-je laissé parler le premier Secrétaire dirigeant adjoint ?
Le dîner auquel j’avais pris part à midi en compagnie de la délégation roumaine fut considéré comme une corruption ! Le vice-Recteur m’avait corrompu pour acheter mon silence ! Scandaient-ils !
Lorsque les étudiants apprirent de conditions difficiles dans lesquelles j’étais placé par le service de sécurité, ils se surchauffèrent encore plus en dénonçant le complot, ils réclamèrent alors l’éviction du premier Secrétaire dirigeant adjoint qui consciemment pour défendre les intérêts de ses protecteurs avait trahi les étudiants.
J’hésitai pour me prononcer mais la pression était  grande. Tous les Commissaires qui supportaient mal la présence de Kalisa dans le Comité et l’influence qu’il commençait à avoir sur moi, profitèrent pour lui régler les comptes. Je signais la lettre de suspension et convoquai l’assemblée générale le lendemain au centre culturel où ma proposition fut entérinée.
Les démarches pour l’obtention de la confirmation de notre décision auprès du Dirigeant National aboutirent sans tarder par la note dont le contenu suit :

Kinshasa, le

DEPARTMENT D’ETAT A LA JEUNESSE
ET AUX SPORTS
DIRECTION NATIONALE DE LA JEUNESSE ESTUDIANTINE
B.P. 3302 KINSHASA/GOMBE.

Transmis copie pour information
-Citoyen Directeur du Bureau Politique  du M.P.R. KINSHASA
-Citoyen Commissaire d’Etat aux Affaires Politiques et chargé de la Coordination des Activités du MPR à KIN/GOMBE
– Citoyen Commissaire d’Etat chargé de la Jeunesse et des Sports à KIN/KALAMU
– Citoyen Vice-Recteur du Campus Universitaire de Kinshasa/LEMBA

CONCERNE : Suspension de votre adjoint KALISA RUTI

Au Citoyen DirigeantSectionnaire de La JMPR/ Campus de Kinshasa à KINSHASA/LEMBA.-

Citoyen Dirigeant Sectionnaire,

Votre lettre n° JMPR/CUK/LMN/016MOW/73 du 22 décembre 1973 relative au préjudice grave que le Citoyen KALISA RUTI a porté à toute la JMPR a retenu toute notre attention et nous vous félicitons sincèrement pour ce courage révolutionnaire dont vous avez fait preuve.
Après une analyse profonde de la situation nous avons constaté que le préjudice porté aux intérêts de la JMPR par le Citoyen KALISA est irréparable à courte échéance et prenons ainsi acte de la mesure disciplinaire que nous confirmons pour une durée indéterminée.
Le Vice-Recteur qui nous lit en copie est chargé de récupérer tous les signes distinctifs qu’il détient, à savoir l’acte de nomination et les tenues.
Nous vous prions par la même occasion d’informer largement votre communauté sur la gravité du comportement du précité qui perd en même temps le droit d’accéder aux postes de direction au sein de la JMPR pendant la durée de toutes ses études.
Veuillez agréer, Citoyen Dirigeant Sectionnaire, l’expression de mes sentiments révolutionnaires et patriotiques.

LE DIRIGEANT NATIONAL CHARGE DE LA JEUNESSEESTUDIANTINE,
Sé/MUKUNA WA MPUTU SHABANI.

Excluant Kalisa de notre comité nous réhabilitâmes Kalonji Mukeba à la satisfaction générale des étudiants
Je retouchais, compte tenu de certaines appréciations, mon équipe de la manière suivante :

1.- Dirigeant Sectionnaire Titulaire : LUMBU MALOBA NDIBA
2.- Premier Dirigeant Sectionnaire Adjoint : KALONJI MUKEBA
3.- 2è Dirigeant Sect. Adj. Chargé de la B.D.E. : MIAMIAKU MAYUNDO
4.- Commissaire aux Affaires Académiques : BAGAYAMUKWE WA LWIMBO
5.- Commissaire aux Affaires Sociales : NAWEZI A TSHITEMB
6.- Commissaire aux Finances : NKODI NSENGA
7.- Commissaire à l’Orientation : MONGELO MAYA
8.- Commissaire au T.P.D.N. : KABASELE wa MULUMBA
9.- Commissaire aux Sports, Culture et Loisirs : MENDE OMALANGA
10. Commissaire Adj. Aux Aff. Académiques : MAKONGA NUMBI
11. Commissaire Adj. Aux Aff. Sociales : KILUNGA SODIA FILA
12. Commissaire Adj. Aux Finances : NTAMBWE KADINDA
13. 1er Commissaire Adj. à l’Orientation : KINENGE BOKADI et
14. 2è Commissaire Adj. à l’Orientation : LUFUNGULA BAKENGA
15. Commissaire Adjoint au TPDN : GIGANDU GINGANA
16. commissaire Adjoint aux Sports : KISANGANI EMIZET
17. Commissaire Adj. aux Loisirs et Culture : DELEME MOKPONGU.

C’est au cours d’une séance cinématographique que j’annonçais ce changement à la grande satisfaction des étudiants. D’autre part, la lettre du Dirigeant National chargé de la Jeunesse Estudiantine sur la révocation de Kalisa Ruti et le télex que nous avions envoyé au Président-Fondateur pour lui informer que ce n’était pas devant les étudiants qu’il s’était adressé mais plutôt devant les cadres du Parti, que les étudiants n’étaient pas autorisés d’entrer dans la salle des promotions et que le Comité JMPR/ Campus l’invitait de venir cette fois-ci s’adresser aux Etudiants. Ces documents furent affichés aux valves des différents homes.
Les étudiants furent apaisés mais les autorités académiques levèrent leur bouclier.

Paragraphe 3 : Les menaces  et  mon renvoi du Campus,
Le boycottage des relations entre les autorités académiques et le bureau sectionnaire de la JMPR s’accentua. Je reçus personnellement d’abord une lettre du Secrétaire général administratif  Mpase me menaçant du renvoi du Campus puis une copie pour information de  la lettre du Vice-Recteur Lokwa Ilwaloma adressée au Dirigeant National Chargé de la Jeunesse Estudiantine dont le contenu ci-dessous :

Kinshasa, le 6 janvier 1974

UNIVERSITE NATIONALE DU ZAIRE
CAMPUS DE KINSHASA
CABINET DU VICE-RECTEUR
B.P. 127 KINSHASA XI                         Tél. 30.123/19 lignes
REPUBLIQUE DU ZAIRE

Réf. : VR/LI/OL64/DSB

Objet : Considération sur le Secrétaire Dirigeant Sectionnaire de la JMPR Campus de Kinshasa.

Au Citoyen Dirigeant National chargé de la Jeunesse Estudiantine, Quartier Général de la JMPR KINSHASA/KALAMU.

Citoyen Dirigeant National,

Je viens par la présente vous informer de la situation qui prévaut sur le Campus suite à la décision de suspension du Secrétaire Dirigeant titulaire (cfr. Décision n° JMPR/S.D/LMN/015/73) et à la confirmation de cette mesure disciplinaire par le Dirigeant National chargé de la Jeunesse Estudiantine (cfr. Décision n° BR/DNJE/JMPR/0457/73).
Il convient à ces propos d’interpréter correctement les articles 21 alinéa 3° ; 79 1° ; 88 ; 91 ; et 92 du règlement d’ordre intérieur de la JMPR/Estudiantine lesquels n’ont pas été respectés par ceux qui ont pris lesdites mesures.
En effet, le Bureau de l’Assemblée Générale Sectionnaire n’a jamais siégé pour statuer sur la défaillance du Secrétaire Dirigeant Adjoint conformément à l’article 21 alinéa 3, lequel article stipule en son alinéa 3 : « Le Bureau siège pour juger de la défaillance d’un membre des bureaux sectionnaires, sous sectionnaires, cellulaires ou sous cellulaires, afin d’éclairer le Secrétariat chargé de la Jeunesse Estudiantine, qui seul est habilité à prononcer la destitution ou la révocation après avis du bureau sectionnaire. »
L’article 79 alinéa 1° dont le Secrétaire Dirigeant s’est inspiré pour décider de la suspension ne lui reconnaît aucune compétence en cette matière.
Même le Bureau Sectionnaire qui s’est réuni pour examiner la question n’a pas valablement siégé, certains membres du Bureau Sectionnaire présents sur le Campus ayant été expressément évités, et, comme par hasard, ne s’étant réunis  que les Commissaires Originaires des Régions de Shaba et de deux Kasaï.
Aussi, faut-il mentionner que les mesures n’ont pas été régulièrement signifiées à l’intéressé, le Secrétaire-dirigeant Adjoint ayant toujours été informé par voie d’affiche.
Par ailleurs, on peut regretter le fait que le Dirigeant National ait confirmé une mesure qui ne cadre pas avec l’esprit des statuts de la JMPR/Estudiantine et dont la compétence revient, conformément à l’article 89 alinéa 1 C, au Commissaire d’Etat chargé de la Jeunesse et Sports.
Le Dirigeant National aurait pu avoir la délicatesse d’informer les intéressés de la délégation éventuelle des pouvoirs qui lui aurait été conférés par l’autorité compétente.
En outre, l’on constate que l’article n° 89 n° 3 n’a pas été respecté. La suspension pour un délai indéterminé requise par le Secrétaire Dirigeant et confirmée par le Dirigeant National semble régie par un document dont nous n’avons pas connaissance.
En considérant de ce qui précède, on peut conclure que les décisions prises ne sont pas conformes au règlement d’ordre intérieur de la JMPR et que par conséquent ne devraient logiquement produire aucun effet.
Tout ceci a été soulevé pour démontrer à ceux qui veulent du juridisme qu’il y a moyen de réfuter les arguments soulevés par le Citoyen LUMBU, Secrétaire Dirigeant. Cependant, je n’ai pas intérêt à maintenir son Adjoint, lorsque, par erreur, sciemment ou légitimement, il est limogé de son poste et confirmé par vos soins.
Je confirme, toutefois, la teneur de la lettre adressée par le Secrétaire Général Administratif et Vice-Président Sectionnaire en date du 3 janvier 1974 au Secrétaire Dirigeant et vous ferai connaître prochainement la position que je compte prendre au sujet de l’état général des relations JMPR/Autorités Académiques du Campus de Kinshasa.
Veuillez agréer, Citoyen Dirigeant National, l’expression de mes sentiments révolutionnaires et patriotiques.

LE VICE-RECTEUR
Sé/MAITRE LOKWA ILWALOMA
PRESIDENT-SECTIONNAIRE DU M.P.R./CAMPUS

 c.c. : – Au Commissaire d’Etat Chargé de la Jeunesse et Sports
– Au Secrétaire Dirigeant de la JMPR/Campus

Exhaussant mon souhait du 30 décembre 1973, le Vice-Recteur accepta que soit organisé à l’occasion de la journée universitaire un bal comme en 1972. L’orchestre Zaiko Langa langa  fut invité pour agrémenter la soirée et la JMPR fut chargée de s’occuper de l’organisation matérielle.
Nous mobilisâmes tous nos brigadiers pour la circonstance et priant à chaque étudiant d’amener sa chaise nous préparâmes les chaises de la JMPR, du restaurant et de quelques auditoires des facultés de droit et sciences économiques et commerciales pour les invités. Le terrain de tennis fut choisi et aménagé. La fourniture de la boisson avait été à la charge des œuvres estudiantines et les assurances nous avaient été données selon lesquelles, chaque étudiant pourrait consommer deux bouteilles au moins.
A l’arrivée des autorités académiques, l’orchestre invité n’était pas encore là, à telle enseigne qu’on était sur le point d’aller faire appel à un autre. Le mécontentement était général à l’apparition des musiciens de Zaïko Langa langa!
L’hymne national fut entonné mais certains étudiants s’amusèrent à le déformer, ce qui provoqua la colère du Vice-Recteur qui faillit partir avec les siens n’eut été les excuses que nous avions présentées au nom des étudiants.
L’installation des instruments musicaux fut d’abord défectueuse ce qui irrita les étudiants.
Au lancement du premier tube, le Vice-Recteur n’accepta pas d’ouvrir la piste et invité à le faire, je déléguai à mon tour le premier Secrétaire adjoint Kalonji Mukeba.
Après m’être assuré que l’installation des micros devenait passable, je prononçais un mot d’invitation aux étudiants de passer une bonne fête, mais je fis allusion aux difficultés de la section JMPR et priai à tout le monde de serrer les rangs !
Une heure ne s’était pas encore écoulée que les désordres venaient de commencer, « l’opération de cassage de bouteilles ». Nos brigadiers intervinrent avec violence tabassant sérieusement tous les suspects pendant que les autorités académiques vidaient les lieux.
Nzogu, le dirigeant sous sectionnaire de la faculté des Sciences Economiques et Commerciales se présenta devant moi, le visage couvert de sang ! le motif est qu’il avait été battu copieusement par les brigadiers sans motif selon lui-même.
J’ordonnai qu’on le conduise aux Cliniques et personnellement, je commençai à participer au contrôle. Le nombre de brigadiers se mit à décroître sans doute parce que logés à proximité, dès qu’ils avaient envie de danser, ils partaient mettre la tenue civile et rentraient se trémousser !
Les Commandants Miamiaku et Kapiteni n’en pouvaient rien et les étudiants se donnaient à cœur joie à leur opération. C’est tard que nous nous couchâmes et lorsque le lendemain je dénombrai le nombre de bouteilles cassées, elles étaient plus d’une centaine !
         Les menaces des autorités académiques en mon egard avaient atteint leur paroxysme lors des journées de réflexion,
En effet, le quartier général de la JMPR avait recommandé la tenue des journées de réflexion. Elles devaient se dérouler au Campus du 14 au 16 incluses.
Le soir du 13 janvier 1974 avec mes collaborateurs nous examinâmes le problème de la participation du Comité Sectionnaire de la JMPR à ces assises.
Je fus personnellement retenu à présenter notre programme d’action le premier jour, pendant que les Commissaires Nawezi et Mende devraient faire autant les jours suivants. D’autres membres furent répartis au Comité de rédaction ou de synthèse des résolutions.
La salle des Promotions ne pouvant pas contenir tous les étudiants, seuls ceux de la faculté de Médecine et Pharmacie, de l’Institut Supérieur de Techniques Médicales et de l’Ecole d’Infirmières furent invités à assister le premier jour.
Le premier orateur de la journée du 14 janvier 1974 a été le Vice-Recteur, suivi des professeurs Lofo et Malu et enfin fut mon tour. Dans une salle déjà agitée, comme midi avait déjà sonné, je présentai le programme d’action du Comité et ses réalisations, discours qui était entrecoupé des chaleureux applaudissements.
          A la fin de mon discours, le Vice-Recteur crut bon de rectifier malheureusement à tort certains éléments de mon exposé.

L’après-midi était réservé aux débats et le Vice-Recteur revint encore à parler de mon discours, soulignant que la revue Mayele ou l’abonnement des bus pour les étudiants mariés que nous avions mis à notre actif, étaient ses œuvres. Le premier dirigeant adjoint Kalondji soutirant de nos dossiers les exhiba au public, les notes démontrant les démarches du Commissaire à l’Orientation Mongelo au sujet de la revue et la facture que l’O.T.C.Z. nous avait présentée après notre contact avec ses dirigeants.
Les huées fusèrent de partout et ridiculisé, le vice-Recteur donna ordre à mon adjoint de s’asseoir et à moi qui voulait aussi intervenir, il m’empêcha de parler en s’écriant, Citoyen Lumbu c’est quand même moi le Vice-Recteur n’est-ce pas ?
Au Citoyen administrateur au Budget, le Citoyen GIZARO MUHOZA à qui les étudiants prièrent de s’expliquer sur la méthode défectueuse de gestion que nous avions dénoncée, l’occasion de parler  lui manqua, car à chacune de ses phrases, les étudiants imitaient sa petite voix.
Le soir, je me réunis avec les membres du bureau pour faire le point du jour et préparer comme prévu le collègue Nawezi, qui devait prononcer le même discours le lendemain. Ce dernier paniqua et se déclara non en mesure de le faire. Le premier Secrétaire dirigeant adjoint se porta volontaire.
Je me trouvais encore en chambre le matin du 15 janvier 1974 lorsque le service du Vice-Recteur me pria de me présenter d’urgence au bureau de ce dernier. Je sentis que quelque chose se tramait contre moi et entrant dans la salle, je remarquais que le premier Secrétaire dirigeant adjoint était aussi invité.
S’adressant à nous devant tous les membres du Comité directeur composé des Citoyens Mpase, Gisaro et le chanoine Maurice Plaevots  Secrétaire Général Académique, le Vice-Recteur Lokwa nous pria de ne plus exposer notre programme d’action.
Une discussion chaude m’opposa à lui et très énervé, il mit fin à la réunion en nous expulsant de la salle.
Rentré au home, je me préparai à regagner la salle des Promotions lorsque le service du Vice-Recteur m’apporta la note de mon renvoi  dont le contenu suit :

Kinshasa, le 17/01/1974

UNIVERSITE NATIONALE DU ZAIRE
CAMPUS DE KINSHASA
CABINET DU VICE-RECTEUR.

N/Réf. VR/LI/0338/KAM

OBJET : NOTIFICATION.

Au Citoyen LUMBU MALOBA
Etudiant à la Faculté de Droit
B.P. 204
KINSHASA/XI.

Citoyen
Par la présente, j’ai le regret de vous notifier la décision prise à votre égard par le Comité Directeur réuni en séance extraordinaire ce lundi 14 janvier à 18 heures.
Vous êtes donc prié de quitter le Campus de Kinshasa dès réception de la présente notification.
Vous voudrez bien déposer votre adresse provisoire en République du Zaïre au Secrétariat Général Académique afin que nous puissions éventuellement vous contacter au cas où la mesure de suspension prise à votre égard serait levée.
Veuillez agréer, Citoyen, l’assurance de mes sentiments dévoués.

LE VICE-RECTEUR
Sé/MAITRELOKWA ILWALOMA.

c.i. : -Au Commissaire d’Etat à l’Education Nationale
-A Monseigneur le Recteur de l’UNAZA.

Kinshasa, le

UNIVERSITE NATIONALE DU ZAIRE
CAMPUS DE KINSHASA
CABINET DU VICE-RECTEUR

DECISION N° 001/01/1974

LE COMITE DIRECTEUR DU CAMPUS DE KINSHASA
 
Après avoir analysé la situation créée au Campus de Kinshasa par les dernières prises de positions du Citoyen LUMBU notamment devant les étudiants de la Faculté de médecine et de pharmacie et de l’Institut Supérieur d’Enseignement Paramédical.
Considérant que le comportement scandaleux du Citoyen LUMBU devant ces mêmes étudiants lors de la première journée de réflexion est de nature à remettre en cause tous les acquis de la révolution notamment la discipline, l’ordre et le respect dû à l’autorité.
Attendu en effet que le Citoyen LUMBU, au lieu de présenter le programme d’action de la JMPR tel qu’il est prescrit dans la lettre du Commissaire d’Etat à la Jeunesse et Sports n° 2100/1012/73 du 10 décembre 1973 relative à l’organisation des journées de réflexion, s’est évertué à dénigrer les méthodes de gestion des autorités académiques qu’il qualifie de paternalistes et colonialistes, alors que celles-ci sont élaborées à partir du Département de l’Education Nationale et de celui des Finances.
Attendu qu’à cause du comportement du Citoyen LUMBU, la première journée de réflexion a failli ruiner et tourner dérision tous les espoirs des autorités politiques.
Attendu que par des réunions tant clandestines que publiques, le Citoyen LUMBU excite ses condisciples à la désobéissance et l’indiscipline et ne cesse de critiquer les autorités académiques et politiques auxquelles il attribue la cause des difficultés des étudiants au point de vue transport, logement, alimentation, etc… prétendant par ailleurs que ces autorités étouffent la jeunesse montante et que celle-ci fera entendre sa voix par tous les moyens.
Attendu que le comportement de l’étudiant LUMBU depuis son élection au poste de Secrétaire Dirigeant de la J.M.P.R. a fait l’objet d’un long rapport adressé au Citoyen Commissaire d’Etat chargé de la Jeunesse et des Sports en date du 05 janvier 1974.
Vu ce qui précède, l’étudiant entendu par le Comité Directeur réuni en date du 15 janvier 1974 à 8 heures conformément à l’article 52 in fine de l’Ordonnance-Loi n° 72/002 du 12 janvier 1972 créant l’Université Nationale du Zaïre.

DECIDE :

1)     Le Citoyen LUMBU est suspendu et perd le droit de fréquenter les cours au Campus Universitaire de Kinshasa pour une durée de six mois à dater de la notification de la présente décision ;
2)      Perd par voie de conséquence son droit au logement et tous les avantages afférents à sa qualité d’étudiant à la Faculté de Droit de l’UNAZA, notamment celui de fréquenter la bibliothèque de la Faculté et le droit à la bourse d’Etat ;
Le Doyen de la Faculté de Droit, le Directeur des Œuvres Estudiantines et le Directeur des Bourses sont chargés chacun en ce qui le concerne, d’exécuter la présente qui sort ses effets à la date de sa signature.

Fait à Kinshasa, le 14 janvier 1974.

POUR LE COMITE DIRECTEUR
Sé/Maître LOKWA ILWALOMA
Vice-Recteur et Président du Comité Directeur

Cette lettre datait du 17 janvier  1974 alors que c’est le 15 janvier qu’elle m’avait été remise, je compris que les autorités académiques avaient été pressées de me la remettre ce jour alors qu’elles avaient prévu de le faire après les trois journées de réflexion.
A la salle des Promotions, le siège de l’orateur de la JMPR était enlevé à la tribune et y faisant mon entrée en compagnie de mes collaborateurs, des acclamations des étudiants des facultés de Droit et des Sciences Economiques fusèrent de partout.
Jugeant bon d’informer le Quartier Général de cette mesure grave prise à mon endroit, je quittai le Campus pour rencontrer le Dirigeant National. A la vue de la Mercedes du Vice-Recteur au Quartier Général, je réalisai qu’il voulait rencontrer le Commissaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports.
Le Campus était en effervescence toute la journée, et le lendemain alors que le chargé des Œuvres Estudiantines m’avait invité de procéder à la remise et reprise avec mon adjoint, j’avais failli le faire passer au tabac lorsqu’il s’échappa.
Dans l’après-midi, des émissaires du Quartier Général de la JMPR prétendant que le Secrétaire Général de la JMPR voulait me recevoir, vinrent me chercher au Campus. Je m’y rendis avec plusieurs de mes collaborateurs. Trente minutes ne s’étaient pas écoulées lorsque le Commissaire Mende resté pour chercher certains documents se présenta portant dans les mains des bris de ma porte qui était forcée et refermée avec une autre serrure. L’accès au Campus devenait strictement interdit pour moi, dit-il.
Le Dirigeant National m’invita de ne plus rentrer au Campus car le danger était éventuel. Il pria à mes collaborateurs de tout faire pour apaiser les étudiants. C’est dans le calme que se résoud mieux les problèmes. Pas d’agitation possible insista-t-il. Nous promîmes au Dirigeant National de tout faire pour calmer les étudiants qui s’apprêtaient à organiser une marche.
Je commençai la vie de maquis et adressais ma lettre d’adieu intitulée « Les lendemains de la révolution déclenchée par la JMPR », dont le contenu suit :

Kinshasa, le 18 janvier 1974

OBJET : Les lendemains de la Révolution déclenchée par la J.M.P.R.

Transmis copie pour information aux :

– Citoyen Président de la République à  KINSHASA.
– Citoyen Directeur du Bureau Politique du M.P.R.  à  KINSHASA.
– Citoyen Commissaire d’Etat aux Affaires Politiques  à  KINSHASA.
– Citoyen Commissaire d’Etat à l’Education Nationale à KINSHASA.
– Citoyen Commissaire d’Etat Chargé de la Jeunesse Estudiantine à  KINSHASA.

Citoyen Dirigeant National Chargé de la Jeunesse Estudiantine à  KINSHASA.

Citoyen Dirigeant National,

Je suis victime d’une cause que j’ai crû juste et que je continuerai à croire qu’elle est juste. C’est la voie tracée par le M.P.R. fondé par le Président MOBUTU SESE SEKO.
Pour cette cause il faut un engagement total de la jeunesse estudiantine car comme nous l’a dit le Guide « c’est parmi nos étudiants que sortiront les Commissaires d’Etat, les Commissaires du Peuple et autres cadres de relève ».
C’est ainsi que pour ce faire moi en tant que Dirigeant, j’ai étudié une procédure et après l’analyse, je m’étais rendu compte que pour amener les étudiants dans un engagement toujours plus profond, il fallait disposer les structures mentales en les libérant de certaines préoccupations qui les tiraillaient.
Mon Comité a demandé en novembre passé l’organisation d’une marche de soutien pour le Guide. Mon Comité a réussi à organiser les conférences débats entre étudiants et professeurs pour que la sous-information soit jugulée et que par le dialogue certains problèmes trouvent leur solution. Mon Comité a réussi à faire abonner les étudiants mariés de Lemba aux bus O.T.C.Z.  Mon Comité a pris en mains la gestion de cinéma et remarquant après les calculs que les bénéfices étaient énormes il réduisait les prix. Pour les bars, la skol qui coûtait jusqu’alors 12 K. fut vendue à 10 K. comme dans plusieurs bars de la cité, comme partout dans ce genre des débits.
Mon Comité a pris la gestion des activités culturelles en ses mains et ce conformément aux décisions du Bureau Politique du 12 juin 1969. Depuis lors la JMPR venait de redorer son blason et avec le dernier séminaire mon Comité comptant à l’orienter de façon à arrêter dans les résolutions les modalités pratiques d’engagement dans la voie de la révolution tracée par le Guide.
Voilà, Citoyen Dirigeant National, chargé de la Jeunesse Estudiantine, que les autorités académiques refusent à mon comité le droit de participer activement aux travaux et cela contrairement aux instructions du Quartier Général de la JMPR.
Réduit au silence pendant toutes ces journées de réflexion, je me vois aujourd’hui sanctionné sur le plan académique pour les faits politiques qui sont justement dans la ligne préconisée par le MPR.
Citoyen Dirigeant National chargé de la Jeunesse Estudiantine, cette lettre est peut être mon testament, car pour ma famille qui espérait en moi, l’avenir se trouve à jamais brisé parce que j’ai commis le seul péché : celui d’avoir dit « Oui à MOBUTU » dans la pensée, dans les paroles et dans l’action.
J’ai donné ordre aux membres de mon Comité de ne pas alarmer les étudiants parce que comme ils savent parfaitement ce que nous faisons pour le Parti, la mesure dont je suis victime risque de les refroidir à jamais et si jamais les étudiants se refroidissent ça sera la pire des peines de ma vie.
J’ai, malgré tout, foi dans le MPR malgré mon sacrifice, les idéaux de la Jeunesse du MPR triompheront sur les susceptibilités de certains responsables académiques du Campus.

Vive le MPR et son Président-Fondateur
Vive la Jeunesse Estudiantine du MPR.

Sé/LUMBU MALOBA NDIBA
Dirigeant Sectionnaire de la JMPR Campus de Kinshasa.

Entre-temps au Campus, le Vice-Recteur convoqua le 19 janvier 1974, une réunion combinée JMPR-Comité Directeur élargi dont l’ordre du jour était « les récentes mesures académiques prises à l’encontre de l’étudiant LUMBU, Secrétaire Dirigeant de la J.M.P.R. ».
Le Citoyen Bakenga Lufungulo,Commissaire adjoint à l’orientation nous avait fait parvenir le procès verbal dont l’extrait ci-dessous :
«  Le Vice-Recteur, sur un ton de tonnerre, nous a exposé les motifs qui ont amené le Comité Directeur à prendre des mesures académiques assez extrêmes. Le Citoyen Vice-Recteur a, dans ce contexte, retracé l’historique du Comité LUMBU en insistant sur le fait que dès le début, l’attitude du Secrétaire Dirigeant envers les autorités académiques, montrait à suffisance qu’il ne voulait pas collaborer. En effet, disait le Vice-Recteur, lors de la composition de l’équipe Sectionnaire, le Comité Directeur avait proposé certains étudiants au Citoyen Lumbu, compte tenu de la représentativité de chaque Région, mais ce dernier s’y opposa. Parmi les étudiants, l’on peut citer Kalisa qui était fin des fins accepté.
Et le Vice-Recteur de continuer en disant que les lettres du Dirigeant Sectionnaire adressées au Comité Directeur ; notamment au Secrétaire Général Administiratif dénotaient d’une attitude grossière et que même si on est du Comité on doit respecter les autorités académiques.
En revenant sur le cas Kalisa, le Vice-Recteur a laissé entendre que les mesures prises à son endroit étaient excessives et a brossé un peu les circonstances qui ont entraîné la révocation de Kalisa. Il a enchaîné en évoquant le principe de l’Unité de commandement du M.P.R. et que si des fois la J.M.P.R. recourt au Quartier Général c’est pour faciliter certains problèmes mais la J.M.P.R. dépend, de part ce principe, du M.P.R./CAMPUS.
Et c’est à l’occasion des journées de réflexion que tout a éclaté publiquement. En effet, au programme, figuraient quatre orateurs dont un membre du Comité Sectionnaire chaque jour pour présenter le programme d’action de la JMPR et rien que cela et non pas se mettre à commenter et à se lancer dans des analyses mal à propos disait le Vice-Recteur.
En effet, dit-il, le premier jour, le Secrétaire Dirigeant avait présenté son programme d’action mais alors de manière à énerver toutes les autorités académiques. C’est ainsi que le Comité Directeur réuni avait décidé que le Comité JMPR ne prendrait plus parole. Et le lendemain soit mardi, le 15 janvier à 8 heures, le Secrétaire Dirigeant et son Adjoint furent convoqués pour leur dire qu’ils n’allaient plus présenter leur programme d’action comme prévu.
C’est alors que le Secrétaire Dirigeant répliqua en disant que ce n’est pas en étouffant la jeunesse montante qu’on la forme et qu’elle fera entendre sa voix par tous les moyens. D’où le Vice-Recteur, fâché l’a bouté à la porte et a pris des mesures académiques et l’on s’en foutait de sa qualité de Secrétaire Dirigeant de la J.M.P.R. et aucune autorité ne peut casser la mesure, a déclaré le Vice-Recteur ».
C’est chez mon oncle Prosper que je devais normalement résider pendant cette période, mais nos relations étant connues ; ça serait m’exposer au cas où j’étais recherché. Plus encore il manquait un endroit où me loger car nouvellement marié, sa belle-sœur occupait l’unique chambre disponible.
Hamsini, le voisin de mon oncle  m’accorda sa chambre libre et me nourrissait. Les soirées, je le faisais sortir à l’hôtel Caïman pour siroter un verre de Tembo. Nous y fîmes connaissance à une jeune servante lushoise, Seya.

Protais-Lumbu22
Je continuais à me rendre de temps à autre au Quartier Général où la Direction de la Jeunesse Estudiantine était occupée à élaborer un dossier de ma défense en l’intention du Commissaire d’Etat à la Jeunesse.
Celui-ci devait s’expliquer devant une Commission ad hoc composée aussi des Commissaires d’Etat à l’Education Nationale et les autorités du Campus sous la présidence du Commissaire d’Etat  aux Affaires Politiques.
La Coordinatrice Nationale de la JMPR estudiantine, la Citoyenne N’LANDU KAVIDI attristée par le sort qui m’avait frappé et constatant que je n’avais plus qu’une seule tenue, toutes les autres ayant été enfermées dans l’appartement n° 833 me remit 10 zaïres. Cette somme me servit à acheter un pantalon. Elle m’implora de présenter mes excuses au Vice-Recteur afin que je puisse rentrer au Campus mais je refusais catégoriquement.
Le Dirigeant National chargé de la Jeunesse Estudiantine ne cessait de m’assurer de la victoire prochaine ou alors cesser lui-même ses fonctions.
Quant à mes collègues Kalonji et Mende ils me rencontraient régulièrement, m’apportant même de l’argent de poche afin que je puisse garder mon moral haut.
Plusieurs fois, ils m’invitaient au restaurant de l’hôtel « Amitié ».
Un dimanche alors que le Commissaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports voulait recevoir tous les membres de mon Comité, le compte rendu de leur réunion du 19 janvier me fut relaté et riant, je demandais si l’espion du Vice-Recteur n’était pas Mongelo.
Ce dernier s’énerva et emporté, il fit échouer la tenue de la réunion. Retournés au Campus, le bureau sectionnaire  l’avait écarté du comité.
Des fois, pour me rencontrer avec Kalonji, Mende et parfois Nawezi, je logeais à Lemba chez mes amis Eleuthère et Paulin. Comme la  maison ne leur appartenait pas, un jour, je me vis signifier par Paulin que le service de sécurité étant à ma recherche, le propriétaire  risquait de connaître des difficultés en tant que receleur et m’invitait de ne plus repasser.
A l’occasion de la lecture des résolutions retenues par les étudiants du Campus et tous les instituts supérieurs, le Quartier Général de la JMPR avait organisé une manifestation au Stade du 24 Novembre. Pour la circonstance je portais ma tenue de Commandant de la Brigade disciplinaire estudiantine.
Le Directeur du Bureau Politique, le Citoyen MADRANDELE TANZI était déjà à la tribune entouré de tous les invités, dont les autorités académiques du Campus lorsque dans ma tenue de commandant de brigade disciplinaire j’avais fait mon entrée au Stade. Des acclamations fusèrent de partout, sans doute par les étudiants du Campus venus  nombreux à cette manifestation où ils s’attendaient à ma réhabilitation.
Le Commissaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports en lisant les résolutions était entrecoupé par les acclamations des étudiants sensibles aux points évoqués sans complaisance en ce qui concerne les relations J.M.P.R./Autorités académiques.
Pendant le coctail, j’échangeais mes salutations avec les autorités académiques du Campus. Reçu quelques jours après, par le Commissaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports, nous rapellant de cette journée, le Citoyen Mafuta son proche collaborateur  dit avoir entendu le Secrétaire Général Administratif du Campus, le Citoyen Mpase, s’écrier à un moment : « nous verrons » alors que le Commissaire d’Etat lisait les résolutions.
Au Campus, la situation continua à se dégrader.
Je  rencontrais Mende au bureau du Dirigeant National en train de déposer une lettre !
Lorsque quelques minutes après, j’appris que la lettre déposée était celle de « démission du Comité J.M.P.R. », dont la teneur suit, je regrettais énormément.

COMITE SECTIONNAIRE DE LA JMPR
CAMPUS UNIVERSITAIRE DE KINSHASA          Kinshasa, le

Transmis copie pour information aux :
 – Citoyen Directeur du Bureau Politique du M.P.R. à KINSHASA/GOMBE.
– Citoyen Commissaire d’Etat Chargé des Affaires Politiques et de la Coordination des Activités du Parti à KINSHASA/GOMBE.
– Citoyen Commissaire d’Etat Chargé de la Jeunesse et des Sports à KINSHASA/KALAMU.

Avec l’assurance de nos sentiments des plus dévoués.

Objet : Démission du Bureau Sectionnaire JMPR Campus de Kinshasa.  

Au Citoyen Dirigeant National de la Jeunesse Estudiantine du M.P.R.
A  KINSHASA/KALAMU.

Citoyen Dirigeant National,
Nous avons pris, par la présente, la liberté de vous transmettre la position du Bureau Sectionnaire sur les derniers événements de la Section dont objet ci-dessus.
Vous n’êtes certainement pas sans savoir, Citoyen Dirigeant National, la suite malheureuse des journées de réflexion organisées par le Département d’Etat à la Jeunesse et aux Sports sur le Mont Amba. Point n’est besoin d’y revenir. Une seule chose cependant a retenu notre attention : notre engagement total et sans conditions dans l’action de la jeunesse du Parti est incompatible avec l’idée que nos autorités académiques se font de l’Université Zaïroise et de l’Etudiant.
Nous avons encore frais en tête les propos du Citoyen Vice-Recteur qui est en même temps Président Sectionnaire  du MPR/Campus expliquant la suspension académique du Secrétaire Dirigeant LUMBU MALOBA : « le Comité Directeur du Campus n’a pas pu tolérer un tel langage de la part d’un étudiant », ou encore empêchant le Dirigeant de prendre la parole lors des journées de réflexion : « quel que soit le rang qu’on occupe dans la JMPR, on reste ETUDIANT » (c’est nous qui soulignons). Et cela devant plus d’un millier de nos militants !
Nous avons longuement médité sur le cas de notre collègue LUMBU MALOBA, suspendu des cours  pour avoir été dans la Direction de la JMPR/CAMPUS (car, quoique l’on dise, le Citoyen LUMBU n’eut certes jamais donné sa fameuse conférence  démagogique » en tant que simple étudiant et n’eut jamais été convoqué par le Comité Directeur pour y tenir le langage qu’on lui reproche).
Nous avons enregistré, avec beaucoup de regrets, l’attitude combien décourageante de plusieurs membres du Comité MPR du Campus qui au lieu de calmer le vice-Recteur dans sa colère et demander, en bons aînés, un élargissement pour l’Etudiant LUMBU l’excitaient visiblement davantage.
Nous avons aussi assisté à un boycottage de nos relations avec les autorités académiques qui préféraient trop souvent traiter avec quelques-uns seulement d’entre nous remettant parfois en cause le principe même de la hiérarchie au sein du PARTI.
Tout cela, Citoyen Dirigeant National, nous a amené à nous poser une série de questions.
Où donc est la sécurité pour les responsables estudiantins de la JMPR qui, pour un oui ou un non émis dans le cadre spécifique de leur mission, se voient frappés de mesures illégales allant jusqu’à porter préjudice à leur avenir ?
Où est notre protection si aucun de nos aînés n’essaye même pas de calmer les autres dans les moments de crises dont les résultats ne tiennent souvent qu’au seul rapport des forces en présence ?
Quel est le sens du règlement d’Ordre Intérieur de la JMPR si, chaque fois, il est abrogé de fait par l’autorité académique au nom de la « situation particulière » du Campus Universitaire de Kinshasa ?
Voilà pourquoi, Citoyen Dirigeant National, angoissés par toutes ces questions sans réponse, nous avons préféré nous retirer un peu de la brèche d’abord pour éviter une épreuve de force inutile au pays et ensuite pour notre propre sécurité. La Jeunesse MPR du Campus Universitaire de Kinshasa peut toutefois être sûre de notre participation militante en tant que membres actifs.
Avec nos regrets les plus amers, nous vous prions d’agréer, Citoyen Dirigeant National, l’expression de nos sentiments patriotiques et révolutionnaires.

Kinshasa XI, le 29 janvier 1974.
Pour le Comité Sectionnaire de la
J.M.P.R.Campus Universitaire de Kinshasa

Sé/KALONDJI MUKEBA
Dirigeant Sectionnaire a.i.

Paragraphe 4 : La reprise de mes études à l’Université, Conditionnée par la perte de mon mandat,
Mes collaborateurs, par solidarité avec moi avaient jugé bon de démissionner. Tout le monde ne s’occupait plus que de ma réintégration au Campus pour poursuivre mes études même si je n’avais pas la qualité de Dirigeant !
Le 5 février 1974, une réunion de la Commission ad hoc au niveau du Conseil exécutif ayant regroupé les Commissaires d’Etat aux Affaires Politiques, à l’éducation nationale et  à la Jeunesse et Sports eut lieu et à entendre le compte rendu qui m’avait été fait, le Commissaire d’Etat aux Affaires Politiques, le  Citoyen KITHIMA bin RAMAZANI, qui avait présidé pencha pour la coupure de la poire en deux, pour satisfaire tous les côtés.
Il avait été  décidé ma réintégration au Campus comme étudiant seulement. Je pleurais beaucoup ce jour là quand le Commissaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports me demanda de surcroît de rédiger une lettre de demande d’excuse au Vice Recteur, ce que je refusai !
Deux jours après,  le Commissaire d’Etat m’invita de nouveau et me pria de prendre une feuille pour prendre note des phrases qu’il m’avait  dictées qu’il me pria d’envoyer au Campus pour être en ordre avec la procédure prévue pour ma réintégration à l’Université le 5 mars1974.
Le Dirigeant National mit les phrases qui m’avaient été dictées sous forme d’une lettre qu’il avait fait dactylographier, me demanda de signer et se chargea de son expédition dont le contenu suit.

Kinshasa, le 7 février 1974.
Transmis copie pour information au :
– Citoyen Dirigeant National chargé de la Jeunesse Estudiantine à  KINSHASA.

Objet : Eponge sur le passé.   

Au Citoyen Président Sectionnaire du MPR et Vice-Recteur du Campus Universitaire de Kinshasa à KINSHASA XI.

Citoyen Président Sectionnaire,
Voici bientôt un mois que je me trouve exclu du Campus Universitaire de Kinshasa pour les raisons que vous connaissez.

Cet exil involontaire m’a donné l’occasion de méditer profondément sur tous les événements qui vous ont amené à prendre à mon endroit des sanctions extrêmement sévères. Dans mes méditations je suis arrivé à établir la distinction suivante :
1°) En tant qu’étudiant, j’ai toujours été régulier et respectueux de mes engagements académiques ;
2°) En tant que dirigeant sectionnaire de la JMPR/Estudiantine j’ai toujours été animé du désir de servir avec dévouement la communauté estudiantine qui m’avait élu et dans cet ordre d’idées, j’ai posé certains actes qui malheureusement ont été jugés subversifs et susceptibles de compromettre l’autorité académique. Si réellement ces actes ont été subversifs j’en appelle à votre compréhension pour que cela figure désormais dans le domaine du passé.
Je vous demande donc, Citoyen Président Sectionnaire, de passer l’éponge sur ce passé et de croire dans la sincérité de mes sentiments les plus déférents.

Sé/LUMBU MALOBA NDIBA.

Le Dirigeant National me pria par après d’aller au Campus chercher l’autorisation de ma réintégration. Le jour où je fis mon entrée au Campus, plusieurs étudiants m’accueillirent avec beaucoup de joie, mais les autorités académiques m’informèrent qu’ils m’écriraient à l’adresse du Quartier Général.
Je demandais de récupérer mes biens enfermés au Campus depuis le début du litige et l’ordre suivant de me satisfaire fut donné.

DOE/MML/1.189/LM/74 Kinshasa, le 23 février 1974.

Note au Citoyen MANGBWATA
Commandant de la Gendarmerie
Universitaire-Campus Universitaire
De Kinshasa.

Je vous saurais gré de bien vouloir accompagner le Citoyen LUMBU MALOBA dans la chambre  n° 833, home 8 afin de lui permettre de récupérer ses effets personnels qui y sont restés.
Ces effets ayant fait l’objet d’un P.V. de constat de votre part, je trouve indispensable que vous puissiez l’assister jusqu’au bout, c’est-à-dire du moment où il s’introduira dans la chambre jusqu’au moment où il en sortira.
Sincère collaboration.

Sé/MUBUISI MAGUNZ LOLA
Directeur des Œuvres Estudiantines.

C.I. : – Au Citoyen MPASE NSELENGE MPETI,
Secrétaire Général Administratif ;
– Au Citoyen MULAMBA
Responsable des Homes 1 à 8.

Athanase venait de quitter Boma pour travailler à l’Office National de Bois nouvellement créé. Sa famille le rejoignis sans tarder, je trouvais une chambre chez-lui et déménageai.
C’est dans cette maison que j’amenai mes biens récupérés du Campus. Athanase allégea même mes difficultés financières et lorsque les autorités académiques me signifièrent officiellement par les notes ci-dessous de ma réintégration au Campus, mon moral était au zénith.

VR/LI/MNM/0729/MF     Kinshasa, le 6 mars 1974

Au Citoyen NGUYA NDILA,
Doyen de la Faculté de Droit
B.P. 204
KINSHASA XI.

Citoyen Doyen,
Les autorités politiques de la Ville ayant déjà réglé le petit conflit de la JMPR/CAMPUS de Kinshasa par la dissolution du Comité LUMBU, le Comité Directeur a décidé de lever à partir du 15 mars 1974, la mesure de suspension qui frappait cet étudiant.La présente constitue donc une autorisation pour le Citoyen LUMBU de suivre les cours et de présenter les examens de la présente année académique.
Veuillez agréer, Citoyen Doyen, l’expression de mes sentiments dévoués.

 Sé/Maître LOKWA ILWALOMA

Vice-Recteur du Campus Universitaire de Kinshasa.

c.c. : – Au Citoyen Commissaire d’Etat aux Affaires Politiques.
– Au Citoyen Commissaire d’Etat à l’Education Nationale
– Au Citoyen Commissaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports
– Au Citoyen LUMBU
C/° Quartier Général de la JMPR.

UNIVERSITÉ NATIONALE DU ZAIRE
CAMPUS DE KINSHASA
CABINET DU VICE-RECTEUR
Kinshasa, le 7 mars 1974.

Transmis copie pour information aux :
– Citoyen Commissaire d’Etat aux Affaires Politiques ;
– Citoyen Commissaire d’Etat àl’Education Nationale ;
– Citoyen Commissaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports.

Au Citoyen LUMBU MALOBA
C/° Quartier Général de la JMPR A  KINSHASA.

Citoyen,
En réponse à votre lettre du 7 février 1974 par laquelle vous sollicitez du comité Sectionnaire qu’il « passe l’éponge sur le passé », je vous notifie en annexe la décision du Comité Directeur prise après la réunion du 5 février 1974 tenue au Cabinet du Commissaire d’Etat aux Affaires Politiques.
Je suis cependant désolé de constater que vous vous êtes déjà compromis en déclarant à qui veut l’entendre que le Commissaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports aurait imposé aux autorités académiques votre reprise des cours le 15 mars 1974.
Par ailleurs, lors de vos récents passages au Campus, bien que l’accès de celui-ci vous ait été interdit, vous en avez profité pour questionner les étudiants sur ce qu’ils pensaient des mesures prises par le Comité Directeur à votre endroit.
Moi-même, je vous ai d’ailleurs surpris à la hauteur du TLM en compagnie de votre équipe composée de MENDE, KALONJI, et sillonnant le Campus dans toutes les directions pour vous faire admirer par les étudiants !
Pourtant, à plus d’une fois, avant votre suspension, vous avez été reçu en mon Cabinet et des conseils vous ont été donnés.
Je n’exclus évidemment pas la possibilité d’un revirement spectaculaire un jour lointain peut-être mais un jour quand même. Mais en attendant, je suis malheureusement obligé de constater que l’ensemble des faits énumérés plus haut démontrent que malgré la mesure de suspension prise par le Comité Directeur, vous n’avez pas encore compris, et vous n’êtes même pas disposé à comprendre ce que l’Université exige d’un étudiant.
Toutefois, le rôle de l’autorité académique n’étant pas de briser la carrière académique des étudiants, et bien que votre lettre du 7/2/1974 soit loin d’être considérée comme une lette d’excuse, condition sine qua non fixée par le Commissaire d’Etat aux Affaires Politiques, le comité Directeur a décidé de ramener le délai de suspension de six à deux mois. Vous reprendrez donc les cours à partir du 16 mars 1974.

En outre, compte tenu de votre comportement et afin de limiter votre présence au Campus exclusivement aux besoins que requiert l’assistance aux cours, vous serez externe jusqu’à nouvel ordre.
Vous êtes enfin mis en garde sur le fait qu’à l’avenir, le Comité Directeur n’hésitera pas à vous mettre définitivement hors du Campus si vous recommencez soit seul, soit en groupe les actes subversifs ou de discrédit qui ont entraîné des mesures que vous connaissez.
Agréer, Citoyen, l’expression de mes sentiments distingués.

Sé/Le vice-Recteur
Maître LOKWA ILWALOMA

Athanase me convainquit de le remercier par courtoisie, ce que je fis par ma note dont la teneur ci-dessous.

Kinshasa, le 7 mars 1974.
Au Citoyen Vice-Recteur du Campus Universitaire de Kinshasa.

Citoyen Vice-Recteur,
Je viens de recevoir votre lettre du 7 mars 1974 par laquelle vous m’informez de la réduction du délai de suspension dont j’ai été frappé et m’autorisez à reprendre les cours le 16 mars prochain.
Cette mesure de clémence très humanitaire ne peut me laisser indifférent. Aussi ai-je tenu à vous adresser ma présente dans le seul but de vous en remercier.
Je vous promets de m’occuper à 100% de mes études qui connaissent déjà un certain vide préjudiciable.
Veuillez donc, Citoyen Vice-Recteur, croire en l’assurance de ma parfaite considération.

Sé/LUMBU MALOBA.

Le 16 mars 1974, je reprenais mes études au Campus et décidé, je revoyais avec minutie mon horaire d’études, mais les vacances de Pâques intervinrent et le Quartier Général m’invita pour participer à l’organisation du 2ème Fancy Fair en qualité d’Inspecteur Général. Mende et Kalonji étaient de la partie aussi.
Au Campus malgré quelques incidents, les autorités académiques avaient fait former un nouveau Comité de la JMPR. Pour le Quartier Général, la reconnaissance de ce Comité par lui n’interviendra jamais, le Campus devra compter sur lui-même. Ce n’était malheureusement pas l’avis du Commissaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports, car un incident survint à la Foire de Kinshasa  lorsque le Commissaire d’Etat reçut  les différentes sections de la JMPR  pendant la 2ème Fancy-Fair de la JMPR.
Le nouveau Comité du Campus se présenta alors que nous avions été informés auparavant que le Campus n’était pas invité.
Ayant quitté mon bureau pour me pointer aussi à l’assistance en compagnie de Kalondji Mukeba et Mende, il se remarqua l’existence de deux Comités de la JMPR/Campus, et plus connu, tous les honneurs furent présentés à moi.
L’éclipse que venait de connaître le nouveau Comité fit l’objet des commentaires divers qui obligèrent le citoyen Sampasa de faire publiquement des reproches au Dirigeant National.  Je me réalisais pleinement de la divergence de point de vue qui existait entre le Commissaire d’Etat et le Dirigeant National sur le problème JMPR/Campus et regagnai mon bureau.
Quelques minutes après, je fus rejoint par  mon oncle le Citoyen Sinyembo, Conseiller du Dirigeant National qui m’informa de la gravité du problème que je venais de créer en abandonnant mon poste pour me pointer à l’assistance !
Sans me faire prier, je quittais définitivement le parc d’attraction où était organisé le Fancy-Fair tout en  retenant qu’en politique la courtoisie et l’hypocrisie se côtoyent, on ne vous dit jamais non, on vous laisse moisir jusqu’au moment où, vous  vous apercevrez de l’impossibilité de la réalisation de votre souhait.


Mon absence prolongée aux cours et aux travaux pratiques de novembre 1973 à mars1974 ne plut pas à certains professeurs. D’autre part, mon état d’étudiant externe me désavantageait énormement. Je rentrais tard à la maison, exténué après d’innombrables luttes que j’effectuais pour attraper un bus et pour parcourir  à pied certaines longues distances.
Je pris la précaution de me faire établir une attestation d’inscription dont la photocopie ci-dessous :
  
Protais-Lumbu25  
Malgré mon application, je ne maîtrisais pas certains cours volumineux et fus ajourné totalement aux examens de la première session.

Paragraphe 5 : Mon acquisition d’une ferme à Kolwezi,
Devenu  Secrétaire de cabinet au Département de l’Agriculture, mon frère Athanase, m’apporta une lettre d’attribution pour la  ferme BONEN située à Kolwezi dans la région  du Shaba dont la teneur suit :

LNS                                            Kinshasa, le 10 juillet 1974
REPUBLIQUE DU ZAIRE
DEPARTEMENT DE L’AGRICULTURE
CABINET DU COMMISSAIRE D’ETAT
B.P. 8722 Tél. 31144-3115
N° 02101/CAB/AGRI/74
Objet : ATTRIBUTION FERME BONEN
A KOLWEZI/SHABA

TRANSMIS COPIE POUR INFORMATION AUX :
– Citoyen Commissaire de Région du Shaba à LUBUMBASHI

– Citoyen Directeur Général de l’OfficeNational du Développement de l’Elevage A  KINSHASA.

 Au Citoyen MALOBA
B.P.249
KINSHASA/NDOLO.-
Citoyen,
En application des mesures économiques du 20 novembre 1973, j’ai l’honneur de vous informer au nom du Conseil Exécutif que l’entreprise agricole  suivante vous a été attribuée :
– Ferme BONEN à KOLWEZI – Région du SHABA.
A cet égard, vous êtes prié de prendre contact avec l’Office National du Développement de l’Elevage pour procéder à l’inventaire et à la remise et reprise.

Par ailleurs, je vous prie de noter ce qui suit :
1° Tout le personnel zaïrois doit rester en place et j’insiste particulièrement sur le paiement régulier des salaires ;
2° Quant au personnel dit « expatrié » il vous est loisible de le maintenir si vous le souhaitez.

Veuillez agréer, Citoyen, l’assurance de ma considération distinguée.

LE COMMISSAIRE D’ETAT A L’AGRICULTURE  Sé/KAYINGA ONSI N’DAL.

Dès l’obtention de cette lettre d’attribution, je m’efforçai à réunir les moyens nécessaires pour regagner Kolwezi.
Informé que cette ferme a fait l’objet d’une double attribution, la mienne étant antérieure, je gardais toujours le moral haut.
Le 6 août 1974, après plusieurs démarches, j’obtenais de l’Office National de Développement de l’Elevage la lettre dont la teneur suit :
OFFICE NATIONAL DE DEVELOPPEMENT
DE L’ELEVAGE (O.N.D.E.)
DIRECTION GENERALE

N/Réf. CAB/DG/811/74
Kinshasa, le 6 août 1974.

Au Citoyen Commissaire Sous-Régional de KOLWEZI  à KOLWEZI/SHABA.

Citoyen Commissaire Sous-Régional,

Nous avons l’avantage de vous informer que suite à la lettre d’attribution n° 02101/CAB/AGRI/74 du 10 juillet 1974 du Commissaire d’Etat à l’Agriculture la ferme BONEN à Kolwezi au Shaba vient d’être attribuée au Citoyen MALOBA  B.P. 249  à KINSHASA/N’dolo.
Veuillez agréer, Citoyen Commissaire Sous-Régional, l’assurance de notre considération distinguée.

POUR LE DIRECTEUR GENERAL, empêché,
Sé/LE CHEF DE SERVICE ADMINISTRATIF,
MATANDA MWIDILA.

c.c. : – Cit. MALOBA
B.P. 249
KINSHASA/NDOLO.

          Après avoir rempli toutes les formalités, je quittai Kinshasa en compagnie d’Antoine Kasama et Thadée Kasama, beaux-frères d’Athanase, à bord d’un DC 8 pour Lubumbashi. Antoine avait été désigné par Athanase pour gérer à Kamina la scierie dont  il était acquéreur.
J’amenais avec moi un billet d’avion  qu’Athanase avait envoyé à Anastasie pour lui permettre de rejoindre Kinshasa après deux ans de séparation. J’arrangeai à Lubumbashi à la Commune Katuba à la résidence de Binazili en compagnie de papa Prophile et papa Marc le cas Anastasie avant d’aller à Kolwezi avec Albert.
Arrivés le soir, nous logeâmes au bar hôtel Maniema de la cité Manika. J’apprêtai mon dossier pour rencontrer le lendemain le Commissaire Sous-Régional.
Habillé en smoking, je me rendis en compagnie d’Albert à l’hôtel de Ville de Kolwezi où je remplis un billet d’audience pour voir le Commissaire Sous-Régional Assistant chargé des Affaires Economiques.
A ma vue, le Citoyen Mpambu, Commissaire Sous-Régional Assistant s’exclamant en ces termes : « c’est parce que vous venez de Kinshasa que vous n’êtes pas en abacost »et me pria de me changer avant de me recevoir.
Je pris mon taxi et rentrai à l’hôtel où portant un abacost je regagnai l’hôtel de Ville ; où, je me fus informé que le dossier ayant trait à cette ferme se trouvait plutôt à la Sous-Région de Lualaba.
Le siège de la Sous-Région de Lualaba, officiellement à Dilolo se trouvait encore heureusement à Kolwezi près du Lycée Jean XXIII. Je m’y rendis et j’insistai pour me faire recevoir. L’Agronome Sous-Régional me reçut le premier et m’invita de repasser le lendemain pour rencontrer le Commissaire Sous-Régional Assistant absent à ce moment.
Le lendemain, le Commissaire Sous-Régional Assistant de Lualaba, chargé des Affaires Economiques me reçut. Il m’informa que la ferme m’attribuée était déjà acquise par un autre qui d’ailleurs était Commissaire du Peuple et s’appelait Mutombo Tchibay. Je connaissais cela depuis Kinshasa et m’étais préparé en conséquence en amenant sur le lieu une note circulaire du Commissaire d’Etat dont la teneur suit préconisant la procédure à suivre en cas d’une double attribution.

MMS – REPUBLIQUE DU ZAIRE
DEPARTEMENT DE L’AGRICULTURE
CABINET DU COMMISSAIRE D’ETATKinshasa, le 25 juillet 1974
B.P. 8722 – Tél. 31144 – 31157
N° 02385/CAB/AGRI/74.

Aux Citoyens Commissaires de Régions et Commissaire Urbain de KINSHASA (TOUS)

Citoyens Commissaires des Régions et Urbain,
J’ai l’honneur de porter à votre connaissance qu’à la suite de certaines informations erronées obtenues des Régions ou des candidats acquéreurs, il y a eu des cas de doubles attributions de certaines entreprises agricoles zaïrianisées.
Au cas où des cas semblables se présentaient, il y a lieu de considérer la première attribution comme la seule valable.
Cette procédure nous épargnera une perte de temps à trancher des conflits éventuels entre différents acquéreurs.

LE COMMISSAIRE D’ETAT A L’AGRICULTURE  Sé/KAYINGA ONSI N’DAL

Kinshasa, le 1er Août 1974.
Copie conforme à l’original
LE DIRECTEUR DE CABINET ADJOINT  Sé/TSHAMAKYA KISUBA

.Après la lecture de cette note, le Commissaire Sous-Régional réexamina ma lettre d’attribution qui était antérieure à celle de mon concurrent d’un jour seulement. Il essaya toutefois de nier l’authenticité de la note circulaire qu’il n’avait pas encore reçue, ce qui me poussa à lui exhiber aussi le communiqué du Comité Régional du MPR/SHABA dont le contenu suit qu’il était sensé connaître.

– Le Communiqué  du Comité Régional  du MPR/SHABA,
 
KLM – MOUVEMENT POPULAIRE DE LA REVOLUTION
COMITE REGIONAL DU SHABA
CABINET DU COMMISSAIRE.
 
C O M M U N I Q U E
Le Comité Régional du MPR/SHABA a tenu du 11 au 13 juin 1974, sa réunion mensuelle  sous la présidence du Citoyen DUGA KUGBE-TORO, Commissaire de Région.
La situation politique, économique, administrative et socio-culturelle de la Région était à l’ordre du jour. Le Comité Régional du MPR/SHABA a consacré la majeure partie de son temps à l’examen de la situation économique de la Région du Shaba après la publication des mesures du 30 novembre 1973. A l’issue  des travaux, des décisions importantes ont été rendues publiques.

En matière de double attribution
Le Comité Régional du MPR/SHABA a eu à déplorer plusieurs conflits provoqués par un cafouillage au Département du Commerce. En attendant l’intervention de la Région auprès du Chef de ce Département, le Comité Régional du MPR/SHABA confirme sa position première en cas de double attribution à savoir : « le premier détenteur de la lettre d’attribution reste acquéreur de l’unité concernée ».
Je m’exclamai alors que s’il ne voulait pas respecter le texte réglementaire je partais pour faire-part à Kinshasa de cette situation et sortant de son bureau, mon interlocuteur me fit rentrer. Il ordonna à l’Agronome Sous-régional adjoint qui était présent d’informer le Vétérinaire sous-régional qui était gérant de ladite ferme de procéder à la remise et reprise avec moi.
Je me précipitai d’informer le Vétérinaire Sous-régional de la décision. Le lendemain à bord de la camionnette Mercedes de la ferme nous nous rendîmes à trois à la ferme. La visite terminée, le Vétérinaire pris trois porcs qu’il considérait être comme le prix du travail qu’il avait effectué et établissions  le procès-verbal de remise et reprise comme suit :

REPUBLIQUE DU ZAIRE
REGION DU SHABA
SOUS REGION DU LUALABA
FERME KATEBE-KOLWEZI

 Le Procès Verbal de l’inventaire de Remise et Reprise de la Ferme (EX-BONEN AUGUSTIN KOLWEZI),
L’an mil neuf cent soixante quatorze, le quatorzième jour du mois d’août entre le Citoyen LUMBU MALOBA NDIBA, nouvel acquéreur de ladite Ferme d’une  part et le Citoyen KASONGO YENGA, Vétérinaire sous-régional de Kolwezi ancien cogérant d’autre part ; avons procédé à l’inventaire de remise et reprise des objets de ladite Ferme en présence du Citoyen KONGOLO KILUNDU Agronome Sous-Régional du Lualaba, Délégué de l’Autorité, dont détail ci-dessous :
1°) BETAIL        Truies   7 + 2 + 10 + 4 + 11       =   34                           Porcelets          20 + 54 + 27                 =   111  
                  Verrats                                             4
Total                     149

VOLAILLES
Dindons     =       1
Dinde       =          1
Coqs         =       2
Canards      =        2
Pintades         =        2
Pigeons         =       16
Lapins        =       20

2°) MATERIELS DURABLES
Balance     =     1
Chariot     =    1 + 2
Moulins            =        2
Balancier                                  =        2
Brouettes                                 =        4
Fil barbelé        =     1  rouleau
Concasseur              =
Tracteur + accessoires  =   1
Camionnette      =     1
Groupe électric +    =      1
Pompe à eau       =        2
Bureau     =        1
Frigo à gaz       =        1

Fait à Kolwezi, le 14 AOÜT 1974.

Le nouvel acquéreur                 Le Cogérant (sortant)
(signé) KASONGO YENGA
(signé)LUMBU MALOBA NDIBA.
LE DELEGUE DE L’AUTORITE
(signé)   KONGOLO KILUNDU (Agronome Sous-Régional).

A ma question de savoir s’il y avait un compte en banque pour la ferme, on me répondit par la négative.
            Parti de Kolwezi pour Lubumbashi où je devais assister le 17 août 1974 au voyage de ma belle-sœur Anastasie pour Kinshasa, je confiai la gestion de la ferme à un de mes vieux amis d’enfance, Monsieur Donat Mbayo Nizi que j’avais trouvé à Kolwezi et demandai à mon frère Lumbu Albert-Dieudonné de le seconder.
De Lubumbashi, j’avais voyagé pour Kayanza avant de regagner Kinshasa où je pris contact avec certains milieux pour me faciliter l’octroi d’un crédit à la Banque comme ils n’étaient pas favorables à me prêter de l’argent.

Paragraphe 6 : Mon recours sans suite à mon  ajournement à la 2ème session,
                 Le combat de boxe Mohamed Ali- Foreman devant avoir lieu à Kinshasa, même  les homes des étudiants avaient été réservés aux visiteurs. Je ne pouvais donc pas trouver un logement au Campus pour mieux préparer les examens de la deuxième session comme les années antérieures.
Pendant les examens il fallait se réveiller très tôt pour couvrir la distance entre Ngaliema/ Ma Campagne où je résidais et le Campus pour ne pas se faire exclure de la salle à cause du retard.Tous les efforts fournis demeurèrent vains car à la délibération je ne fus pas autorisé de passer de classe.
J’introduisis un recours au Secrétaire Général Académique, le Citoyen Mpase ancien Secrétaire Général Administratif dans les termes ci-après :

LUMBUMALO
  B.P. 240
KINSHASA XI           Kinshasa, le 1er octobre 1974.
 
 
TRANSMIS COPLE POUR INFORMATION
 
Au Citoyen Président Sectionnaire et Vice – Recteur du Campus de Kinshasa
Au  Citoyen Doyen de la Faculté de Droit  A Kinshasa.
 
              Citoyen Secrétaire Général Académique,
               A la Faculté de Droit où j’étais en première Licence l’année  écoulée, la délibération ainsi que la proclamation ont déjà eu lieu. Presque tous mes collègues ont passé dans  la classe supérieure et tout seul avec mes cinquantes pourcent,  j’ai été ajourné avec ceux qui n’ont même pas présenté leurs examens ou bien qui ont présenté leurs examens mais sans parvenir à s’approcher de cinquante pourcent.  Bien sûr que les antécédents de ma vie politique antérieure ont été pour beaucoup. Certains professeurs comme Lusangu et Kabange ont forcé ma chute en me donnant des côtes imaginaires ne  s’adaptant pas du tout avec mon travail et mes exposés. Ajourné total à la première session, j’ai réalisé un progrès très sensible pour combler tous mes trous à la deuxième session mais hélas ! Le Jury n’a pas remarqué cela.
 
            Citoyen Secrétaire Général.
            Vous vous souviendrez encore certainement de l’année agitée que j’ai connu, d’autres croient que mon échec n’est purement et simplement que l’œuvre du Comité Directeur qui, pour des raisons politiques minimes me sanctionne académiquement. A l’heure où je vous écris la mort est  dans l’âme de tous les membres de ma famille car pour eux, mon avenir est à jamais brisé. Jamais je ne pourrais plus prétendre à passer un jour de classe si je persiste à rester au Campus de Kinshasa. Et  tout cela parce que j’ai commis le péché d’être un militant.
 
            Citoyen Secrétaire Général,
             Pour notre parti qui a encore besoin de son implantation totale dans notre CAMPUS, je vous demanderais de revoir mon  problème. Où bien qu’on me permette de représenter devant un Jury, toutes ces branches où on pretend que je n’ai pas réussi, ce qui est tout à fait possible étant donné qu’à la Faculté de médecine cette pratique est en cours. Ou bien alors qu’on me laisse passer même à l’essai dans la classe supérieure.
 
          Dans l’attente d’une suite favorable, je vous prie de vouloir bien agréer, citoyen Secrétaire Général Académique, l’expression de ma très haute considération.

                                    Sé/ LUMBU MALOBA NDIBA,
                                   Secrétaire Dirigeant Honoraire  de la JMPR CampusUniversitaire de Kinshasa.

      
            Ma lettre au Secrétaire Général Académique resta sans suite  malgré l’annonce verbale qu’il  m’avait  fait de l’avoir reçue et d’être encore en train de l’examiner.
           Si le vice Recteur qui avait reçu la copie de mon recours m’assura qu’une bourse me sera certainement accordée pour refaire l’année en cas de non satisfaction à ma demande, le  Doyen, m’invita au calme car selon lui, je pouvais certainement passer, mais mon année académique avait été trop agitée et irrégulière.
          Les bisseurs ne voyant leur situation régularisée qu’en janvier, je me décidais de repartir pour Kolwezi examiner cette fois-ci minutieusement le dossier de la ferme.
        Avant de quitter je demandais au Secrétaire Académique de la Faculté de Droit, une Attestation  de fréquentation de l’année antérieure, qui me fut délivrée dans les termes ci-dessous :
 
UNIVERSITE NATIONALE DU ZAIRE
CAMPUS DE KINSHASA
FACULTE DE DROIT
 
B.P. 204 – KIN/ XI.
 
ATTESTATION DE FREQUENTATION
 
Je sousigné,  NDESHYO RURIHOSE, Professeur et Secrétaire Académique de la Faculté de Droit à l’Université Nationale du Zaîre, Campus de Kinshasa, atteste par la présente que le Citoyen LUMBU MALOBA  a été inscrit comme étudiant régulier en Première Licence en Droit au cours de l’année Académique 1973-1974.
 
La présente Attestation lui est délivrée à toutes fins utiles.
 

Fait à Kinshasa, le 14 novembre 1974.
Professeur NDESHYO RURIHOSE
Secrétaire Académique de la Faculté de Droit.

 
Paragraphe 7 : La relance des activités de la Ferme,
Après toutes les démarches effectuées sans succès afin de passer de classe, je quittais Kinshasa  et trouvai à la Banque Commerciale de Lubumbashi son gérant André PUNGU qui me recommanda auprès de son collègue de Kolwezi pour procéder à l’ouverture d’un compte sans trop de difficultés.
Lorsque j’arrivai à Kolwezi, dès la première fois que je me rendis  à la résidence de Kazadi de Ngoy, Inspecteur de l’Enseignement Gécamines, Zone Ouest et ancien collègue des humanités à Luabo, je rencontrai le gérant de la Banque Commerciale, le citoyen Lumbu Irund à qui j’avais soumis mon problème et fus invité chez lui pour envisager ce qui était possible.
Les formalités de parainage ayant été exclues, il me fallait obtenir un montant de 300 (TROIS CENTS) Zaïres que mon oncle Nyembo Kikono Albert, Sous-divisionnaire à l’Enseignement à Kolwezi me prêta.
La Banque Commerciale me décerna pour mon compte le n° 539.071.
Ayant entrepris le travail de constituer le dossier de demande de crédit, j’exigeai au bureau de la Sous-Région du Lualaba, l’inventaire détaillé de la ferme dressé lors de la remise et reprise entre l’Etat et Mr. BONEN et c’est malgré la contestation du nouveau Commissaire S/Régional Assistant qui m’affirmait  avoir ouvert un dossier sur ce cas de double attribution  et qu’il attendait la suite.
J’eus l’occasion de savoir que le véritable créateur de la ferme était Monsieur Joseph Boonen, Contremaître à la Metalkat qui était en voie d’être pensionné. C’est entièrement avec le matériel de la Société qu’il avait pu réaliser son projet dès 1971. C’est pourtant son fils Augustin Boonen,Professeur à l’école professionnelle de Kolwezi qui avait signé comme propriétaire plusieurs documents dont ceux de la remise et reprise.
En ce qui concerne son comportement, Monsieur Joseph Boonen à entendre ceux qui avaient eu l’occasion de le côtoyer, est restée une personne de bonne volonté, très aimable. A mon absence il avait invité mon gérant Mbayo Nizi pour lui remettre un moteur neuf qu’il venait de réceptionner après la zaïrianisation et qui devait servir à tourner la pompe à eau.
Les travailleurs de la ferme que j’avaisrencontrés et notamment Kalonzo, Mutonda, Nsinga et Ungaji, affirmaient que Monsieur Joseph Boonen venait d’abord à la plage de Katebe où il avait un bungalow  danslequel il restait pendant le week-end. Remarquant que l’endroit était propice il y avait crée une ferme puis  rassemblait petit à petit le matériel qui devait lui servir à construire sa maison résidentielle, car il voulait passer ses derniers jours à la ferme.
Beaucoup de travaux d’extension de la ferme  avaient en effet été arrêtés, c’est le cas d’une minoterie qui avait été montée  jusqu’au niveau des silos et dont une grande partie du matériel était resté stocké à la ferme.
Monsieur Augustin Boonen quant à lui, était un jeune homme violent. Lors de l’application des mesures de zaïrianisation, il avait piqué une crise de colère à telle enseigne qu’il voulait détruire beaucoup de choses. Il avait tenté d’emporter la camionnette Mercedes, après  l’avoir sérieusement endommagée, mais son père lui avait exigé de la remettre à la Commission de contrôle en lui expliquant qu’il avait déjà constitué un dossier à l’intention de l’Ambassade et  qu’il serait dédommagé pour tout le travail accompli.
Je tentais de rencontrer Monsieur Joseph Boonen mais  ne vis que sa fille qui m’apprit que son père et son frère étaient rentrés en Europe. Ils avaient souhaité énormément faire connaissance avec l’acquéreur de la ferme mais ils n’avaient vu que le gérant. La jeune femme me passa l’adresse de son père en Belgique : Boonen Joseph – 67 Hamsestunneg.
Tous les renseignements ayant été rassemblés, je déposai mon dossier de demande de crédit en annexe de la lettre dont la teneur suit :

«  LUMBU MALOBA NDIBA
ELEVAGE DE KATEBEKolwezi, le 20 décembre 1974.
B.P. 98 – KOLWEZI

Monsieur le Directeur de la Banque Commerciale du Zaïre Siège de Lubumbashi de et à LUBUMBASHI.

Monsieur le Directeur,

CONCERNE : Demande d’un crédit
De  Z. 3.500.

Secrétaire Dirigeant de la JMPR/Campus Univesitaire de Kinshasa, l’année académique  écoulée, le Conseil Exécutif National, dans l’application des mesures du 30 novembre 1973 m’attribua une  ferme.
Cette attribution cadre entièrement avec la volonté du Guide, lui qui a toujours dit que la jeunesse zaïroise n’a  pas à se comparer à la jeunesse de pays occidentaux car elle est appelée dans un avenir bref à occuper des  fonctions importantes pour la bonne marche du pays.
Ne devenais-je pas le 14 août 1974 le plus jeune fermier Zaïrois et peut-être l’un des plus  jeunes du monde ?
Cela pourrait paraître étonnant dans les vieux pays mais ici au Zaïre par la volonté de notre  Président ce qui est impossible ailleurs est rendu possible.
La ferme que j’ai acquise est encore au niveau d’extension.
Commencée en 1971, l’ancien propriétaire poursuivait encore son programme d’investissement. Ce qui fait que  contrairement aux autres acquéreurs, moi, je n’ai pas trouvé un compte en banque ni des produits réalisables  dans l’immédiat. Cependant, je souligne que l’infrastructure que j’ai rencontrée non pas seulement qu’elle est  moderne mais aussi est imposante.
Le gérant de la Banque Commerciale du Zaïre, Succursale de Kolwezi, n’a-t-il pas été convaincu de l’avenir  prometteur de ma ferme après y avoir effectué une visite ?

Monsieur le Directeur,

Il n’y a pas longtemps depuis que je suis parti du banc de l’école, où pourrai-je obtenir le  fonds de roulement nécessaire qui m’amènera à posséder après un montant pour achever le plain  d’investissement de mon prédécesseur ?
Je réponds moi-même à la question, en recourant à la Banque, qui, en m’octroyant un crédit  de trois mille cinq cents zaïres me permettra de réaliser mon programme de 1975 (voir en annexe le plan  détaillé Prévision Recettes et Dépenses).
En effet, grâce à ce crédit, j’investirai en janvier tant en agriculture qu’en élevage proprement  dit et tiendrai le coup pendant les trois mois de la période morte. En avril, je mettrai en fonction mes deux  moulins étant donné que nous serons en pleine période sèche.
Dès mai, je commencerai à rembourser le crédit de la Banque et en juillet je financerai le coût  d’acquisition d’un immeuble qui abritera une boucherie en août et qui, agrandie, abritera une boutique  d’alimentation en septembre.
Le clou d’investissement tel que l’a d’ail- leurs reconnu l’ancien propriétaire est la construction  d‘une minoterie. Pour les travaux qui restent, je ne pourrais être en mesure de les financer qu’à partir du mois  d’octobre.
En décembre, je terminerai à rembourser le crédit à la banque et les travaux d’achèvement de  construction de la minoterie toucheront à leur fin.

Monsieur le Directeur,

Mon programme de 1975 qui paraît peut-être ambitieux ne l’est pas du tout quand on possède  des moyens.
La question que pose souvent la Banque avant d’accorder un crédit est de savoir si le client  peut avoir une garantie. Je soutiens, tout  comme pourra d’ailleurs aussi soutenir le gérant de la succursale que  je possède des garanties en immobilisés, en réalisables comme en expérience de mon agent vétérinaire et mon mécanicien, le tout est couronné par ma grande volonté de réussir.
Dans l’attente d’une suite favorable, je ne peux m’empêcher, Monsieur le Directeur, de vous  remercier d’avance.

Sé/LUMBU MALOBA NDIBA,
LE FERMIER.

Mes relations avec mon ami Mbayo Nizi, qui gérait la ferme avaient été interrompues dès le lendemain de mon retour à Kolwezi.
En effet, je lui avais reproché le manque des justifications écrites, des très mauvaises relations avec les membres de ma famille élargie, l’emploi abusif du véhicule occasionnant des dépenses énormes, le décès de certaines bêtes à cause de la négligence  et le licenciement du personnel de la ferme laissé par l’ancien propriétaire dont  Mutonda  et  Ungaji Justin, le chauffeur.
Après avoir acheté quelques ustensils de cuisine, j’étais moi-même domicilié à la ferme d’où je vivais avec Albert et dirigeai les travaux personnellement.
Lorsque le gérant de la Banque Commerciale m’infor- ma que mon dossier était transféré à Lubumbashi au Siège, je quittais Kolwezi pour Lubumbashi afin de le défendre et c’était la veille du nouvel an.
Je résidais chez papa Marc malgré les conditions fort difficiles dans lesquelles il se trouvait, (c’est en effet Raphaël qui le supportait complètement).
Après la fête du Nouvel An, mon dossier fut effectivement examiné par le staff dirigeant de la Banque Commerciale, mais la réponse fut négative. Le gérant de Kolwezi fut permis de ne m’accorder que le crédit caisse.
Entre temps à Lubumbashi, j’avais pris contact avec mon cousin Mumba Mwamba Victor, mécanicien à l’Afrima qui m’avait suggéré de venir travailler à Kolwezi.
Je proposai en effet de mettre un collège de gérants à la ferme, composé d’un mécanicien et d’un vétérinaire. Je m’attendais de regagner Kolwezi directement en compagnie de Victor mais il me convainquit qu’il suivrait sans tarder dès qu’il aura l’occasion d’abandonner pour un motif quelconque  l’Afrima.
C’est avec Christophe Mwila et Jean-Pierre Lumbu Pungu que je quittai Lubumbashi pour Kolwezi, les deux précités voulant y passer leurs vacances.

A Kolwezi, je logeai chez mon ami Kazadi, avenue Lusanga n° 283, avant d’embarquer dans ma camionnette pour la ferme.
Christophe qui avait un appareil photographique prit beaucoup des poses de la ferme.
Mumba Mwamba arriva et commença le travail ; mais à peine venu il m’annonça  son retour à Lubumbashi pour aller arranger certains problèmes et notamment celui de la voiture d’Athanase qu’il comptait ramener à la ferme après l’avoir récupérée du garage et cela nécessitait de ma part à lui avancer un fond.
Je trouvais mieux de voyager avec lui pour me rendre compte de la véracité de ce sujet. Ma surprise avait été grande lorsque je constatais que trois jours après notre arrivée à Lubumbashi, la voiture ne lui était pas encore cédée malgré la somme d’argent dont il était muni. Je suivis de près cette situ- tion et constatai qu’un litige sérieux l’opposait au mécanicien qui prétendait avoir acheté cette voiture.
La carte rose était invisible et je trouvai une autre après des sérieuses démarches menées auprès de la Brigade Spéciale des Recherches (B.S.R.S.).
Les démarches administratives terminées, nous fûmes aussi quelques travaux mécaniques avant de quitter Lubumbashi un après-midi. Hélas, nous n’atteignîmes même pas Likasi.  Une panne nous avait cloué à Lukuni et craignant les bandits nous rentrâmes en poussant la voiture jusqu’au camp militaire de Kimbembe.
Après une nuit passée dans la voiture à l’entrée du camp militaire de Kimbembe, nous repartîmes vers Likasi croyant que les réparations faites étaient bonnes.
Après  dix kilomètres la voiture Ford Fairlain, six cylindres à l’aspect extérieur neuf, frappé d’une bande blanche se  remit à tomber en panne tous les deux kilo- mètres jusqu’au moment où nous trouvant qu’il était inutile de forcer nous la poussâmes à côté d’une hutte de Shilatembo et prîmes un véhicule pour Likasi.
N’ayant pas rencontré des véhicules de trans- port de passagers pour Kolwezi nous nous embarquâmes dans le train courrier à destination de Dilolo et  n’arri- vâmes à Kolwezi que le lendemain vers 15 heures, après avoir enduré d’énormes souffrances dans les seules voitures de troisième classe ayant composé la rame.
La Banque Commerciale m’accordait déjà le crédit caisse mais il m’était demandé de verser toute recette de produits de vente afin que le mouvement du compte soit étudié. J’insistais auprès de mon gérant sur le strict respect de ces recommandations de la Banque.
Le Gérant de la Banque occasionna une rencontre entre moi et le Citoyen Sambumba, Acquéreur de la ferme Gentil et Commissaire du Peuple du lieu. Celui-ci  visita ma ferme et à cette occasion  amèna dans son camion des aliments pour les porcs. Nous causâmes sur le futur du Conseil Législatif et de ma candidature éventuelle.
Le Gérant  me présenta aussi au Président de l’Aneza du lieu, le citoyen Mbunji Mulol dont plusieurs de mes frères de Kolwezi disaient être mauvais et à se méfier.
Les dimanches, je connaissais des visites de mes oncles paternel et maternel Kilonda Symphorien et Nyembo Kikono Albert mais aussi celles de Kazadi qui venaient s’y reposer sous l’air frais.
J’avais engagé un vétérinaire nommé Kabulo et l’élèvage de poules et de lapins aux côtés de porcs commençait à s’affirmer. En outre, choux, céleris, concombres et poiraux étaient plantés et une boutique contenant pétrole, farine de maîs et divers articles appréciés par la population environnante était ouverte.
Tout aspirait à une bonne réussite lorsque je réceptionnai la note de Nicostrate Nyembo m’invitant à regagner Kinshasa pour la reprise de mes études étant donné que j’avais été réinscrit.
Entretemps la radio nationale s’étant mis  à informer que le dépôt de candidatures allait avoir lieu, je quittai un après midi la ferme pour  prendre à la plaine de Kolwezi un fokker à destination de Kinshasa  emportant dans mes bagages, poissons frais, poiraux et viande du porcelet.

A suivre