« La vie ne m’a pas fait de cadeaux »

« La vie ne m’a pas fait de cadeaux »

28 Oct, 2013

Rebecca Ayoko, ex-top modèle« La vie ne m’a pas fait de cadeau » Mannequin et ex-top modèle du couturier Yves Saint-Laurent, Rebecca Ayoko revient sur sa vie marquée par des souffrances, mais aussi par la lumière des podiums. Le livre autobiographique qu’elle vient de publier (1) est un témoignage poignant sur la dureté de la condition humaine et une leçon de vie.

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Quel effet cela vous fait-il d’avoir été l’égérie d’Yves Saint Laurent ?

Que du bonheur parce que ce n’était pas gagné d’avance, même si j’ai toujours eu cette envie d’aller au-delà, plus loin, et que j’ai une âme d’artiste. Je pense que ça vient de mon père qui était artiste et qui aimait beaucoup les photos et les belles fringues

Vous avez connu des moments de gloire, mais aussi des périodes très difficiles dans votre parcours et vous avez éprouvé le besoin de raconter tout cela dans un livre. Pourquoi ?

Je n’ai pas eu d’enfance moi ! Le seul meilleur souvenir que j’en garde, c’est quand j’avais mon papa et ma maman. Après, c’était fini. Et ces moments de joie ont fait place à la souffrance.

J’ai été enfant esclave, battue tout le temps, ce que tout enfant ne mérite pas. On peut corriger un enfant, lui donner une petite fessée, mais le battre jusqu’au sang, c’est

Inacceptable. Et moi j’ai connu cette vie-là. Comme si cela ne suffisait pas, j’ai été violée et suis tombée enceinte suite à cet acte barbare.

Malgré tout, vous avez surmonté toutes ces épreuves. D’où puisiez-vous cette force pour rebondir ?

Elle vient de Dieu ! On dit qu’un enfant qui souffre se fait tout seul, alors, je me suis faite toute seule. J’ai appris la dureté de la vie qui ne m’a pas fait de cadeau. Il fallait me battre pour la survie et dans la survie, on devient plus fort.

Quel message souhaitez-vous faire passer à travers votre livre ?

Je veux que chacun découvre ce qu’il a envie d’y découvrir et qu’il juge lui-même de la

Teneur du message qui parcourt mon œuvre. Le livre est nominé pour le prix de l’Héroïne

Madame Figaro ; c’est déjà un grand honneur pour moi et quelque part, c’est aussi Une revanche sur la vie (rires).

Quel grand souvenir vous reste t-il de votre parcours de mannequin?

Mon plus grand souvenir, c’est évidemment la période de ma carrière chez Yves Saint-Laurent parce que c’était le maitre des maitres ; quelqu’un d’une grande douceur et qui portait beaucoup d’amour pour les autres. Durant toutes les années que j’ai passés avec lui, je ne l’ai jamais entendu crier ou s’énerver. Il m’montré qu’on peut être grand sans se prendre la tête. Il y a aussi tous les autres couturiers qui m’on habillée, aimée, soutenue et qui m’ont apportée leurs connaissances. Et je peux dire que j’en ai appris pas mal.

Vous avez connu la gloire et la déchéance. Pour vous aujourd’hui, c’est quoi la morale de l’histoire ?

Tout simplement que la vie nous réserve tout le temps des surprises. Il faut faire attention

là où on pose ses pieds. Il faut absolument se protéger et être bien entouré. La vie est une leçon.

Quelle est la chose la plus difficile dans le métier de mannequin ?

C’est un métier éphémère ; aujourd’hui vous êtes au top niveau, on vous aime, on vous

adule et puis demain, vous tombez dans l’anonymat et on vous oublie. Et ça, c’est dur à vivre ! Mais c’est cela, la vie d’un artiste: traité comme un prince ou une reine un jour, et le lendemain, on vous oublie quand on ne vous brûle pas. Je crois que tout être humain en souffrirait, mais pour un artiste, la souffrance est deux fois plus. C’est donc un monde cruel.

Pensez-vous être oubliée aujourd’hui ?

Aujourd’hui non, mais il fut un temps, oui. Voilà ce qui se passe, dans ce monde de la Fashion, on vous sollicite et puis tout d’un coup, tout peut s’arrêter et c’est la descente

Vertigineuse. J’ai connu la traversée du désert et j’en ai souffert. Vous pleurez, vous

Avez mal, vous faites des cauchemars. Mais aujourd’hui, je fais la promotion de mon

livre. Il y a des gens du cinéma qui sont intéressés par mon histoire, donc j’ai actuellement

pas mal de rendez-vous à Paris avec des gens qui veulent faire de mon autobiographie

Un film.

Vous restez toujours dans la lumière….

(Rires) Souhaitez moi d’avancer, pas comme un avion mais lentement et surement vers la lumière.

(1) Quand les étoiles deviennent noires – Des rues d’Abidjan

aux podiums d’Yves Saint Laurent ; Editions Jean-

Claude Gawsewitch, 288 pages, 19,90 euros

 

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