Bebito

Bebito

23 Août, 2013

Chungu Sagali Jodina Grâce élève de la 4ème année primaire au Collège Mater Vitae vient d’écrire un livre intitulé « Bebito » son ami d’enfance parti pour Lubumbashi. Ce choc de séparation la bouleverse et lui pousse d’exprimer ses sentiments d’amertume.

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Préface

Ma chère petite Jodina,

Comment ! Ô combien puis-je m’empêcher après lecture de ton Bebito, de poser en termes de préface, une légère et douce pensée qui témoigne de mon affection filiale.

 

Comme toi, je te dis «  Il était une fois une jolie et belle fille, ma kooko, qui s’appelle Jodina ». Ce qui m’a frappé à la lecture de Bebito, c’est d’abord ton génie créateur qui livre et délivre ton tendre cœur. Mais qui pleure ? Et pourquoi elle pleure ?

Je comprends : c’est le départ et l’absence de Bebito qui t’agace. Mais, soudainement, voici qu’à la fin, Jodina et Bebito apparaissent resplendissants de gaité.

Poétesse, tu commences à le devenir Salut! Jodina, sois attentive dans la vie.

Koko Kambayi Bwatshia

bebito

Il était une fois, un beau garçon qui s’appelle BEBITO. Il habitait avec moi. Ce petit garçon était très beau. Arrivé un matin, à cinq heures à peu près, sa maman nous informe qu’ils voyagent pour Lubumbashi. Ce petit garçon avait 4 ans. Il avait quitté Kinshasa un dimanche le vingt trois septembre deux mille douze et faisait une publicité à la télé. Mais malheureusement on s’est séparé. Nous espérons nous revoir toujours. C’est mon ami d’enfance. Je le prenais comme un frère, je me promenais avec lui, je l’aimais beaucoup.

A son absence, j’entonnais seule dans mon coin ce cantique :

« Un matin j’ai rencontré

Un beau papillon léger.

Il était de toutes les couleurs

Et joli comme le soleil

Il était blanc comme le ciel

Et joli comme le soleil

Et tout blanc comme une neige du matin

Ce papillon bleu, ce papillon blanc ».

 

Un jour, je l’ai appelé au téléphone :

Allo ! Bebito, comment tu vas ?

Je vais bien

Qu’est-ce que tu fais ?

Je joue

Avec qui ?

Avec Denisia, cette fille n’a pas de cheveux, elle a seulement la tête.

 

J’ai éclaté de rire et puis j’ai coupé. Lorsque je suis en classe, je l’oublie quand même ; mais une fois à la maison, je pense à lui. Quelque soit celui qui viendra, il ne peut jamais remplacer Bebito. Même LOURDE, une amie de 9 ans ne pourra pas jouer comme lui.

Avec Bebito, même si j’invente un jeu il joue exactement comme il faut. Lui aussi crée ses idées. Aucun membre de ma famille ne peut l’égaler.

Qui ne peut pas avoir mal au cœur lorsque son meilleur ami voyage ?

Bebito préférait chanter avec moi ce cantique mais moi j’aimais la danse, les poèmes et lire à voix haute.

Bebito aimait jouer à la police avec un bâton, et moi, le rôle de grande sœur entrain de chercher le boulot, et j’en trouvais. Parfois il s’amusait avec son arme de jouet.

Certains jours, ma sœur Merdine causait bien avec lui. Souvent, lorsque je suis seule, l’idée du cantique habituel me passe par la tête, et me rappelle directement Bebito. C’est normal : « les bonnes choses ne durent pas ». Il faut le savoir, son départ m’avait bouleversé. Trois jours plustard, j’étais assise sous l’arbre et j’ai eu l’idée d’écrire ce roman.

Il y avait des moments que je demandais à mon père de me raconter des histoires :

Papa Chouga, pourquoi les nègres souffrent et sont pauvres ?

C’est eux-mêmes, c’est leur faute Comment ça ?

Mais oui ! ils ne veulent pas travailler, ni étudier

Qui t’a dit ça ?

Je vois et je lis dans des livres

Est-ce que ton Prof. KAMBAYI BUATSHIA te donne des livres ?

Oui, il en a beaucoup

Beaucoup vraiment ?

Bien sûr !

Alors, raconte-moi une histoire !

Ok, Après la conférence de Berlin en mille huit cent quatre vingt cinq, les blancs sont arrivés en Afrique et se sont partagé l’Afrique comme on se partage un gâteau d’anniversaire. Ils nous ont colonisés. Le Roi Léopold II a pris toute la RDC. La chicotte sur les fesses était réservée aux paresseux et aux têtus. C’était dur ! trop dur !

Papa, cesse maintenant de me raconter, je vais écrire à ton prof.

 

 

Dimanche, le 29/04/2012

 

Bonjour Cher KAMBAYI BUATSHIA

C’était juste pour vous informer que Papa Chouga m’a raconté la politique de nègres que vous lui avez dite de me raconter

Je vous dis merci, merci beaucoup. C’était une belle histoire.

Jodina Grâce

 

 

 

La suite à ma lettre n’a pas tardée

 

Bonjour ma chère Jodina Grâce,

J’aurais aimé que tu sois à ma place pour comprendre et connaître l’intensité de la joie qui a inondé mon cœur au

moment où j’ai lu ta charmante et filiale petite lettre du dimanche 29/04/2012.

J’aurais aimé t’écrire moi-même, mais, hélas ! Ma main est sous plâtre. C’est pourquoi cette écriture ressemble bien à celle de ton papa Chouga. Je te dis déjà que tu es une femme d’avenir. Tiens bon ! Tiens bon ! Que Dieu te bénisse et te comble de joie dans le respect de toute ta famille.

Papa Koko J. KAMBAYI BUATSHIA

 

J’étais très contente d’avoir reçu rapidement la réponse à ma lettre.

Un vendredi à treize  heures, je dormais, j’avais sommeil. Bebito a téléphoné, maman Bijou m’a réveillé. J’étais profondément endormi mais dès que ça coupé, je me suis réveillée. Lorsqu’elle m’a dit que Bebito avait appelé, j’ai commencé à pleurer. J’avais deux cent cinquante francs dans mon tiroir et je suis allée acheter le crédit. J’ai causé avec Bebito :

Allo ! Bonjour Bebito

Bonjour

Vas-tu rentrer quel jour ?

Demain, quand on va rentrer on va t’appeler, comment va papa Chouga et tonton Jacques ?

Ils vont bien,

Aurevoir Bebito ! je vais te rappeler un autre jour

Et la communication fut interrompue.

Ensuite, je suis allée en chambre, j’ai vu sur le lit quelques cahiers de ya Merdine quand elle fut en terminal. Juste à côté, j’ai vu son long cahier de critique historique où elle a copié sur la première page un poème intéressant qui m’avait beaucoup plu et que j’ai mémorisé :

 

« L’aube et le crépuscule

C’est moi

En solitaire je fais ma vie

 Passant mon temps à provoquer :

Soleil, Air, Eau, et Terre

 Poète sans le savoir ni le vouloir

Matin et soir

Attentif aux échos

Disant au monde : réveille-toi ! La nuit a pris fin »

 

Après lecture de ce poème, j’ai compris que j’étais poétesse sans l’avoir su.

J’invite tous mes amis à travers le monde entier, de se mettre au travail. Ils sont aussi poètes, mais, hélas ! Ils ne le savent pas.

                         Bebito !

Mon papillon bleu, mon papillon blanc

                       Certes, tu es parti ! Mais  un jour, je te reverrai…

 

CHUNGU  SAGALI   Jodina Grâce est née à kinshasa, le 21 septembre 2003. elle est originaire de la province du Katanga en RDC.

 

Actuellement elle est élève en 4 ème année primaire au Collège Mater Vitae à Kinshasa.

Elle aime la lecture, les poèmes, la danse, le théâtre et le Karaté.

 

Ses ambitions: Devenir poètesse et suivre les traces littéraires de Simone de Beauvoir