Protais LUMBU 1 : Mes premiers pas ( Titre 5)

Protais LUMBU 1 : Mes premiers pas ( Titre 5)

27 Avr, 2014

 

Né le 22 avril 1948, Protais LUMBU MALOBA NDIBA vient d’écrire « Mes premiers pas », une autobiographie de six titres dans laquelle il décrit sa vie, de l’enfance jusqu’à la fin de ses études universitaires.

Papa-MAitre3

Titre 5 : Mes études à Luluabourg à la propédeutique générale de l’université officielle du Congo « UOC ».  

 

Chapitre 1er : Mon inscription en  section ‘’sciences’’

Paragraphe 1er : De la constitution du dossier et mon option de la section « Sciences ».

           Pour être inscrit, il fallait déposer le dossier à l’apparitorat de l’Université Officielle du Congo et attendre la réponse.

           Parmi les pièces à introduire dans le dossier figurait le certificat d’aptitude physique, pour lequel les examinateurs nous recevaient nus en groupe, après s’être déshabillé et laissé  les habits dans la cellule. J’avais occasionné leur courroux en leur  demandant de nous ne nous dévêtir directement devant eux. Un certificat portant les mentions suivantes m’avait été délivré :

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

SERVICE PROVINCIAL DE L’HYGIENE

             BP. 896 Tél. 3512

                LUBUMBASHI.

               ———————–

CERTIFICAT D’APTITUDE PHYSIQUE.

                              Je soussigné Médecin Directeur des

Service d’Hygiène, certifie que le nommé LUMBU Protais…

Fils de LUMBU Martin et de NDIBA Modesta……………

Originaire du village de Kayanza…..Secteur……………….

Territoire ..Kongolo……………Province…Katanga………

Taille en millimètres…………..1578………………………

Poids en (Kilogramme et gramme)…..61…………………

Périmètre thoracique en (centimètres)…89………………..

Indice de pignet…………..7………………………………..

Est apte à  tous travaux,…(1)…………………………………

Causes d’inaptitudes autres que la faiblesse de constitution..

Etat de santé (affection dont il est attint)……Bon………..

Il est exempt des signes de maladies transmissibles et de troubles mentaux(1) Biffer les mentions intiles)

                                Fait à Lubumbashi, le 3 octobre 1969…

                   LE MEDECIN DIRECTEUR CHEF DE SERVICE

                                           Sceau

                                                Dr. D. DIEME

     L’apparitorat après examen de mon dossier m’avait fait parvenir une note autorisant mon inscription et l’attestation d’admissibilité libellées comme suit :

UNIVERSITE OFFICIELLE DU CONGO

            B.P.1825                    Lubumbashi, le 18/11/1969

        LUBUMBASHI

   APPARITORAT  CENTRAL

N/Réf. : 7/GPY/TB/1067/69

                                            Monsieur Protais    LUMBU

                                                C/o Athanase LUMBU

                                                 Secrétaire Urbain

                                                  BP 1049

                                                  LUBUMBASHI

Monsieur,

               Après examen du dossier que vous avez fait

Parvenir à l’apparitorat Central de l’Université Officielle du Congo, j’ai l’honneur de vous informer que vous êtes autorisé(e) à vous inscrire en PREUNIVERSITE POUR L’ANNEE ACADEMIQUE 1969-1970

                  Muni(e) de la présente lettre, veuillez vous présenter à la fonction publique ou à l’autorité territoriale de votre province qui vous délivrera les titres de voyage pour rejoindre Luluabourg.

                  En vue de faciliter cette démarche, je vous fais parvenir en annexe deux attestations d’admissibilité à l’Université.

                  Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.

                                 Pour le Secrétariat Général

                                   L’appariteur Central

                                        G.P.YAV

N.B. Pour les candidats résidant dans la ville de Kinshasa, ils doivent se présenter, pour obtenir leurs titres de voyage à la direction de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique au Ministère de l’Education Nationale, Building Administratif à Kin/Kalina.

UNIVERSITE OFFICIELLE

       DU CONGO

 A LUBUMBASHI

                ATTESTATION D’ADMISSIBILITE 479/69

            Le Secrétaire Général de l’        Université Officielle du Congo à Lubumbashi, certifie par la présente que, après examen de son dossier, Monsieur Protais LUMBU né(e)  à KAYANZA, le 22 Avril1948 est admissible en PREUNIVESITE POUR L’ANNEE ACADEMIQUE  1969-1970

…………………………………………………………………………………………………………………………..à l’Université Officielle du Congo.

                    La présente attestation est livrée en deux exemplaires pour obtenir le titre de voyage en vue de joindre Lubumbashi.

                           Fait à Lubumbashi le 18/11/1969

                             Pour le Secrétaire Général

                                  L’appariteur Central

                                         G.P. YAV

          Muni de la note autorisant l’inscription et de l’attestation d’admissibilité, je rejoignis Luluabourg par  train.

          A mon entrée dans le campus, je vis deux personnes qui m’appelèrent bleu. C’était sans conviction, le campus de Luluabourg n’ayant que des années préparatoires, il ne comprenait que des nouveaux étudiants, les « BLEU. »

          Mes interpellant étaient aussi bleus comme moi-même et venaient d’un local dans lequel plusieurs autres personnes étaient en train de manger, un restaurant.

         Voyant un local qui portait une inscription secrétariat, je m’y introduisis et exhibais à l’occupant  les attestations d’admissibilité que j’avais reçues à l’apparitorat de Lubumbashi. Le secrétaire s’occupa directement de mon logement en me demandant de monter avec lui à l’étage.

          Il n’y avait plus de place au rez de chaussée. Toutes les chambres avaient été occupées chacune par deux personnes. Une chambre d’en haut avait déjà reçu ses locataires mais la suivante était  à moitié occupée ; la chambre n°38. Il  m’y installa. Elle était la plus vaste de l’internat et une douche y était incluse.  Une grosse personne s’y trouvait déjà logée. Ce colocataire s’appelait Paul Ngandu. Il m’avait dit avoir fait  ses humanités à Kinshasa, mais  que sa famille vivait à Lubumbashi où son père travaillait à la banque du peuple.

          Après mon logement, le secrétaire, m’invita à prendre mon dîner.  A mon entrée au restaurant les occupants m’accueillirent par des cris, bleu, tout en frappant leur couteau et fourchette à leur assiette. Je les regardai  fixement. Le calme se rétablit. J’ai appris quelques jours après qu’ils s’étaient tûs parce que barbu et autoritaire, ils avaient cru avoir affaire à un professeur.

           Le restaurant était tenu par une dame blanche et ses mets étaient de qualité. Si la préuniversité officielle du Congo avait ouvert ses portes pour la première fois à Luluabourg, les bâtiments par contre abritaient régulièrement  depuis des années des internes.

          En effet, faisant partie du complexe Athénée Royal de Luluabourg,  des étudiants internes des humanités y étaient logés avant qu’ils ne soient occupés par la préuniversité de l’Université Libre du Congo qui venait d’être transférée à Mbandaka. Les meubles et le personnel appartenaient encore à l’U.L.C. et tout le monde à Luluabourg continuait à nous appeler  » des étudiants de l’U.L.C. »

        Le citoyen  Katshimuka était directeur de l’internat. Pasteur Protestant faisant partie du personnel de l’ULC, il n’avait pas encore rejoint  Kisangani comme plusieurs de ses collègues.

        Beaucoup  d’étudiants étaient venus de Kisangani où ils étaient inscrits par l’U.L.C, d’autres, de Kinshasa où ils avaient obtenus leur inscription auprès de la représentation de l’U.O.C.

        Très peu seulement venaient de Lubumbashi d’où plusieurs personnes continuaient à croire que la préuniversité de l’UOC resterait comme par le passé dans ses bâtiments situés sur l’avenue Shangungu à Lubumbashi.

         Des formulaires d’inscription qui m’avaient été présentés, il était question de faire le choix entre la section « Sciences » et la section « Lettres. »

Le directeur  avait quelques jours auparavant recommandé qu’il y ait plus d’inscrits en Sciences.

         Mon collègue Ngandu Paul qui avait fait des humanités scientifiques opta pour la section ‘’Sciences » et me convainquit de le faire aussi.  Disposé à orienter mes études vers la faculté de Médecine ou de Sciences, quelque chose en moi disait que faire les études en section « Lettres », serait refaire mes humanités. Autant apprendre quelque chose de nouveau ! Aussi, logés par section, au cas où j’allais choisir la section  » Lettres » je serais obligé de quitter la chambre n°38, réservée  à la section « Sciences » alors qu’avec Paul nous l’avions déjà aménagé si confortablement que chacun de nous possédait sa chambrette. Toutes ces raisons m’avaient poussé à opter pour la section « Sciences », où j’avais été inscrit dans la classe B.

         Comme collègues de classe, j’avais eu  :  Kayembe, Kalule Jean, Kapongo, Kalonji, Lumpiana Ferdinand, Gaston Kawaya, Basosila, Kunda Gaston, Akolo Marcel, Kalonji Mutanda, Kikudi Sébatien, Loota Jean Pierre etc…

         Des cours de Mathématique, Biologie, Chimie Anglais, Français, Géographie, Physique nous furent donnés respectivement par les Professeurs Kalala Constatin, Zengu Justin, Zola Emile, Luc, Mme Seve, Mukendi.etc…

         Au début, aucun cours ne semblait me surprendre. Les matières m’étaient familières. L’enseignement du Professeur Kalala en mathématique était déroutant. Il voulait le réserver  aux seuls étudiants aptes qui avaient déjà fait les humanités Scientifiques. Il fallait s’y appliquer au besoin mémoriser ses exercices pour les résoudre comme un automate.

         Le résultat aux examens partiels furent décevants pour plusieurs d’entre nous.  Le titulaire Kalala ne manqua pas de mots pour nous décourager.

         Les colonies des étudiants Boyomais et Kinois ayant été  agissantes, les étudiants en provenance de Lubumbashi malgré notre nombre négligeable nous organisâmes. Paul connu pourtant comme kinois, Prosper Kashaka, Mbumba Sylvain, Mbaya Valarien, Kasongo Ephrem, Zongwe Robert, Lumbu Maloba Protais avions été ses membres.

         Boursier d’Etat de montant mensuel de Zaïres 10,00.00 dans lesquels étaient retenus Z 0,52.00 de loyer et Z 4,20.00 de restaurant, il m’était remis Z 5,28 sous le numéro 69.

          Les loisirs étaient nombreux. Au début de l’année, je buvais chaque soirée à un débit de boisson appelé  ‘’Fonction publique », finalement je ne sortais que le samedi pour  ‘’Ilux Bar’’, une  boîte de Katoka qui était très réputée. Pour la circonstance je portais un costume. J’en avais  deux  usagés,  que je n’aimais pas mais par manque de mieux, je mettais l’un ou l’autre.

          Contrairement à Lubumbashi où facilement on pouvait se battre pour une femme, il n’en était pas le cas à Luluabourg où  elles étaient nombreuses et à la portée de qui voulait et en avait le moyen.

          Mbaya Valérien  était mon ami avec lequel je me rendais au cinéma. J’étais à ses côtés lorsque la nouvelle du décès de son père lui était parvenue.

Invité à l’école de formation des officiers « EFO » par un soldat de mon éthnie, il m’y avait accompagné. Après le dîner nous avions visité le camp et la maison dans laquelle était logé le soldat Mobutu.

           Ayant été attaqué par une  forte fièvre, j’avais été envoyé par le pasteur Katchimuka au dispensaire protestant. Toutes les analyses de sang et de selles avaient aboutis à un résultat négatif alors que la maladie s’aggravait et m’avait mis dans l’impossibilité d’étudier. Je  me présentai alors à mes frais aux cliniques, où l’examen du sang avait établi indiqué que je souffrais du paludisme.

           Ma fréquentation aux cliniques me fit découvrir  une charmante élève du collège Saint Louis que j’avais même visiter chez ses parents à Katoka en compagnie de mon collègue Robert Zongwe alias Razon.  L’idylle ne dura pas, parce qu’elle était interne et déjà fiancée à un Lovaniard.

Paragraphe 2 : La crise au sein de la JMPR.

          A l’approche du congrès ordinaire du M.P.R, la direction nous enjoignit l’ordre d’élire parmi nous un secrétaire dirigeant qu’allait former un comité de la JMPR.  Les candidatures avaient été nombreuses.

          Mon collègue de chambre, Monsieur Paul  Ngandu fut élu secrétaire dirigeant tandis que ses concurrents Paul Maliani, Jean Marie Kalombo, etc… avaient été retenus en qualité de membres du comité. Nombreux furent des problèmes qui se posèrent au cours de l’année pour lesquels  je  prodiguai des conseils à mon voisin.

          Le non payement à temps de la bourse suscita des remous qui avaient failli plonger le campus dans la grève. Le secrétaire dirigeant  ayant pris la défense du directeur Tchimbalanga  Constatin, il fut soupçonné d’avoir été corrompu. J’avais opté  pour le camp des étudiants et  ne  parlais  plus à mon voisin. Toutes les causeries morales organisées à l’ intention des étudiants avaient  été vaines.

          Le gouverneur Ntikala Ibole Muludiki calma la situation en convoquant  le comité de la JMPR dont  les membres étaient entre eux à couteaux-tirés et alloua à la pré- université, un forfait, qui lui avait permis de payer la bourse.

           Aux examens de la première session quelques élèves seulement de notre section réussirent, certains avaient été refusés et je fus  dans le groupe des élèves ajournés.

               Avant la proclamation, on avait accueilli à l’aéroport,  le Président de la République et le Roi  Baudouin Ier, quelques jours seulement, apès la nouvelle du décès de l’ancien Ier Ministre Moïse Tchombe à Alger. Plusieurs commentaires désobligeants sur Tchombe et le Katanga avaient été formulés  au campus par les ressortissants de Léopoldville, alors que je m’efforçai de défendre le Katanga.

Paragraphe 3 :   Mes grandes vacances à Mahundu,

           N’ayant pas rencontré mes parents depuis la fin de mes humanités, j’avais décidé d’aller passer les grandes vacances avec eux et avait demandé pour cela que le billet de transport me soit établi pour Kalemie, l’aéroport qui était le plus proche de Mahundu.

          A la livraison de billets d’avion, je reçus un billet pour Kalemie via Lubumbashi. C’est en compagnie de mes collègues Lushois que j’effectuai par Fokker ce voyage via Lubumbashi où je devais attendre la correspondance.

          En attendant, je m’installai comme à l’accoutumée chez Athanase qui s’apprêtait de déménager de la rue Kafuira de la commune Kenya pour le quartier Bel- Air sur l’avenue des Iris.

.           C’est avec Razon que nous avions repris  le Fokker pour Kalemie. Athanase m’avait accompagné  à l’aéroport aux côtés de sa nouvelle conquête qu’était Therèse Tchikwakwa.  La même hôtesse que sur le trajet Luluabourg-Lubumbash iavait veillé  agréablement sur nous.

          A Kalemie un véhicule d’Air Zaïre m’avait pris à l’aéroport pour me déposer au bureau d’escale. Je me demandais sur l’éventuel lieu de mon séjour quand je vis longer le boulevard sur une vespa, mon cousin Kihembwe Symphorien, Sergent comptable. Il m’amena  à  la cité Kapulo où il résidait avec sa 2ème épouse nommée Cathérine, pendant que Marie sa 1ère épouse résidait dans le camp militaire de Kongolo.

          Le lendemain avec mon attestation de transport j’achètai un billet de Ière classe du train pour le trajet Kalemie-Lumanisha. Symphorien  m’avait fait visiter des bars de cette ville lacustre que je  visitais pour la toute première fois.

          Le jour du voyage, abord du train, écusson de l’Université Officielle du Congo à la poche de ma veste, je m’entretenais avec assurance  avec Monsieur Mwana Mbaba Jean, nouvellement gradué en Math- Physique à l’école normale moyenne de Boma.

          Alors que  je faisais les cent pas à la gare de Kabalo, je me rencontrais  avec mon oncle Cyprien, directeur depuis plus d’une année à l’école primaire de Luizi. Il avait  à ses côtés sa belle sœur Josephine avec laquelle il voyageait pour Lubumbashi. Je lui avais donné des informations au sujet de mes études. Il en était très ravi à notre séparation.

          Quittant le train à Lumanisha, je logeai chez Chekanabo Mugalu, la nièce de mon père qui était  domiciliée à Katala. Je passai deux nuits chez elle avant de regagner Mbulula et Mahundu.

         A Mahundu je touvai ma mère avec un bébé auquel avait été donné les noms de famille  et  prénom   de mon oncle paternel, son homonyme : LUMBU ILUNGA Sixte.

         Mes parents  préparaient la fête de fin d’études à l’école ménagère de Lumono demes petites soeurs Marie et Louise. Cette fête devait se derouler à Bigobo. Toute la famille de Mahundu s’y était rendue. Quelques personnes avaient repandu la nouvelle selon laquelle, il s’agissait de mon mariage avec Demétrie, la fille de l’enseignant Emile Munyama.

Paragraphe  4 : La mutation de mon père à Kayanza,

          Au cours de ces vacances, ma famille devait rejoindre  Kayanza, le nouveau poste de mon père. Je me chargeais de trouver un véhicule à Mbulula, où, me trouvant en compagnie de Nyembo Raphaël, étudiant en médecine à l’UOC, au bar de Robert  Mulefu, j’avais négocié avec un blanc, appelé Baxi. Ce dernier de passage à Lengwe m’avait rassuré qu’il arriverait à Mahundu  prendre ma famille. Ma consternation avait été grande lorsque le soir ce transpoteur sans mes parents rentra à Mbulula, refusant même de s’arrêter là où il m’avait laissé.

          L’ayant trouvé au magasin de Mbavu, je lui fis des remarques acerbes. Son collaborateur Mbavu prit sa défense et se mit à m’injurier, ce qui irrita  Raphaêl qui le gifla, malgré leur lien familial.

          Je passai la nuit en compagnie de Raphaël chez Sindani ya Mayundo Lagala et continuai à chercher un véhicule, jusqu’à en trouver.

            Donat Mbayo était à mes  côtés et m’aida à Mahundu à tout le travail de chargement.  Le véhicule atteignit Kayanza via Bigobo où ma grande mère Mutoe qui résidait chez papa Sixte y avait embarqué.

            A Kayanza, nous partageâmes la même maison avec papa Marc et  maman Eulalie qui avaient leur enfant Martin Maloba.

           Donat me tint compagnie quelques jours  avant son retour à Mbulula, après s’être  fait photographié avec moi et Honoré au terrain de football. Ma famille avait aussi pris plusieurs poses.

            Pendant mon séjour à Kayanza j’avais reçu dans la maison de ma grande mère Fatayako, ma fiançée Marthe Sagali qui venait de terminer ses études primaires et qui s’apprêtait d’aller à l’internat de Sola pour y poursuivre ses études à l’école normale Nyota ya Asubui. J’avais examiné avec elle d’une manière précise le problème de nos fiançailles et lui avait donné le symbole à présenter à  ses parents.  Elle m’avait prié de ne pas révéler cela de peur que son père ne l’empêcha à poursuivre ses études, l’officialisation de nos fiançailles devant intervenir plus tard.

            Devant aller continuer ses études à Baudouinville, ma petite sœur Elisabeth Lumbu Kabeya avait quitté Kayanza en compagnie de mon oncle Théophile Muteba qui donnait cours dans une école secondaire de Kalemie.

Paragraphe 5 : La  poursuite de mes vacances à Lubumbashi,

           A mon retour à Lubumbashi, je voyageai avec  ma petite sœur Marthe Lumbu Sango qui devait commencer ses études secondaires, mais aussi ma grande  mère Mwayuma Mutoe qui tenait à y rencontrer son fils cadet Prophil Lumbu Sango, militaire au camp Vangu avec lequel elle s’était séparé depuis  avant l’indépendance en 1958.

       Il faisait encore sombre au moment où  j’avais  quitté Kayanza pour Mbulula en compagnie de Marie et Marthe. La grande mère avait précédé en marchant la nuit et que c’est à l’entrée de Mbulula que nous l’avions trouvée.

            Margueritte, Joséphine, Louise et Démétrie s’étaient jointes à Marie pour nous tenir compagnie au barza du magasin de Muyumba gwa Ngoy ya Yogo où nous attendions le véhicule.  Ayant invitée Démétrie à mes côtés, elle n’accepta pas, ce qui me poussa à lui signifier la rupture de nos relations.

            Un véhicule qui se présenta  tard dans la soirée,  nous  déposa à  Kongolo où nous passâmes  la nuit dans une maison abandonnée, à l’attente du train courrier. Nous apprîmes que l’oncle Théophile et Elizabeth,  qui nous avaient précédés avaient pris le bateau pour trouver le train à Kalemie.

            Ayant quitté  Kongolo pour Kabalo, nous nous y installâmes à l’attente de la correspondance pour Kamina.  Donat m’aidait à encadrer ma grande mère. Mon assurance abord du train à cause de ma qualité d’étudiant d’Université me faisait jouir le statut d’un colonel.

          Le voyage dura quelques jours. A Lubumbashi, je conduisis ma grande  mère et Marthe à la résidence d’Athanase située cette fois-ci au quartier Bel air.

          Athanase n’était pas à la maison, ses deux épouses non plus. On nous informa qu’après une chaude dispute entre-elles la veille, il leur avait été demandé de rejoindre chacune ses parents. Véronique revint la première.

          Edmond, Etienne, Albert, Gubert, Stephane, Baudouin, Delphin, Emmanuel, Marthe et Julienne étaient des enfants qui habitaient à la maison.

          Suite à ses absences à la maison,  je me chargeais  de l’instruction et de l’éducation des enfants en collaborant avec Anastasie et Véronique. L’obligation de parler français à la maison était instaurée autant que le temps d’étude et le manquement était sanctionné par le devoir de conjuguer par écrit des verbes aux divers temps.

         Entre temps, Athanase ouvrit une boutique d’alimentation qui occupait juste ma chambre. J’en devins responsable.

         En tant que Boutiquier, chaque fois que j’exprimais le besoin,  un moyen de locomotion était mis à ma disposition pour aller acheter à la  laiterie coopérative Katangaise du lait, divers articles à la maison Hasson et Frères et du pain à la route Munama. La boisson Tembo et Simba venait de l’hôtel de ville, grâce au quota lui décerné à cause de sa fonction de Secrétaire Urbain.

          Plusieurs policiers logés au camp préfabriqué venaient boire à la boutique en compagnie de leurs épouses et parfois de leurs enfants, ce qui me fit faire des remarques à la mineure Karoline.

 La veille des journées de paie,  j’acceptais de prêter la boisson. Le jour de paie, la demande était si forte que nos deux frigidaires ne suffisaient pas.

         Je préparais mes examens de la 2ème session avec beaucoup de détermination d’abord à la maison puis à la Kasapa où j’avais obtenu une chambre au bloc IX.

En effet, ces examens devaient avoir lieu pour les étudiants de la préuniversité de Luluabourg à  Lubumbashi.

         Razon mais aussi Gaspard Ilunga, étudiant en Ière candidature à la faculté de Psycho-Péda et ancien  collègue des humanités étaient mes compagnons du lieu.

        Au restaurant  quelques collègues  devinrent des cibles aisées de poils.  J’étais matériellement à l’aise parce qu’Athanase m’avait accordé tous les moyens nécessaires. Il m’arrivait  aussi de rentrer à la maison où je pouvais boire la bière Simba ou Tembo.

       C’est au complexe de Shangungu, remis à la pré polytechnique que nous passâmes nos examens. Des bus nous y amenaient chaque matin. Mon examen de chimie se termina par une grave dispute qui m’opposa au professeur Zola Emile.

           Je fus ajourné et plongé dans un grave désespoir, car non pas seulement  j’avais perdu toute une année, mais aussi parce que les portes de l’Université m’étaient fermées et mes rêves effondrés.

        Je me réalisai comment des anciens collègues d’humanités me distançaient de deux ans et contestais même certains parmi eux que je ne trouvais pas plus intélligents que moi.

        Je pleurais parfois des nuits entières.  Ma grand-mère aussi consternée tentait d’alléger ma crise. Elle m’entourait  d’affection et m’assurait de mes réussites prochaines.

Chapitre 2 : Ma réinscription  en section ‘’lettres’’

Paragraphe 1er :  Les démarches effectuées,

          Je n’abandonnai pas mon désir de continuer les études et contestant mon ajournement,  je sollicitai à connaître  mes résultats branche par branche. Le directeur général  me donna  son appréciation  générale en affirmant que j’avais réussi brillamment dans des branches littéraires, mais ayant échoué en chimie et en mathématique alors que j’étais en section Sciences, le Jury ne m’avait pas admis.

            J’adressai le 5 novembre 1970, au  Directeur Général de la préuniversité une demande d’inscription en section « LETTRES » dont la teneur suit :

LUMBU MALOBA Protais                                  Lubumbashi ,le 5/11/1970 

C/° LUMBU Athanase     

Hôtel  de Ville

LUBUMBASHI

                                                          

Objet :Demande d’inscr-

          Iption en section

A Monsieur le Directeur

  de la Préuniversité.

          ‘’Lettres’’

             En ce jour de la rentrée académique à l’Université

Officielle du Congo, le désir de poursuivre mes études jusqu’à les achever me saisit.

             Ajourné doublement l’année passée en section ‘’Sciences’’, j’aimerais bien maintenant servir un jour notre

Patrie à partir des connaissances acquises dans les facultés des  « Sciences Humaines ».

               Toutes les démarches pour l’obtention d’une bourse quelconque m’amènent déjà vers une issue sûre.

              Veuillez recevoir, Monsieur le Directeur, mes salutations distinguées.

                            LUMBU MALOBA Protais

 

              Cette lettre demeura sans réponse.

                             Secrétaire Urbain mais aussi ancien étudiant de l’UOC, Athanase connaissait parfaitement monsieur Ngoma  Ferdinand, Recteur de l’Université, il accepta de le rencontrer pour lui poser directement mon problème.

            Monsieur le Recteur nous reçut le 22 décembre  1970 et très compréhensif, il accepta de me recommander auprès du directeur de la préuniversité par sa lettre n° I /FN/AY/3680/70 dont le contenu suit :

RECTORATI/FN/AY/3680/70  Lubumbashi, le 22 décembre 1970 
 A Monsieur Constantin  TCHIMBALANGA  Directeur de  la Pré UniversitéB.P. 720A LULUABOURG.

 Monsieur le Directeur,

 

           Je vous envoie l’étudiant Protais LUMBU  MALOBA pour une inscription à la section lettres.

 

          Vous voulez bien l’inscrire même comme un étudiant externe.

         Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de mes sentiments distingués.

                                               Le Recteur

                                              F. NGOMA

          Je ne rejoignis cependant pas directement Luluabourg par manque  d’argent, pour supporter mes frais de voyage et d’études.

          La fin de l’année civile intervint alors que  mes cousins Stanis et Cyprien en provenance de Mbulula se trouvaient logés chez Athanase. Ils partaient assister aux cours dont la réussite aux épreuves leur donnerait  accès au grade de directeur d’école primaire.

          Nous fêtâmes avec eux le saint Sylvestre en rinçant      l’œil au concours de Miss Katanga remporté par Mademoiselle Thérèse Mwaba au Théâtre de la ville.

          La fête se poursuivit à  la maison. Le tourne-disque tonna toute la nuit alors que nous  ingurgitions  l’alcool et dansions.

            Julienne se distingua. Le disque « Eulalie » qui avait animé à l’occasion de la sortie de la maternité de Véronique lors de la naissance de son deuxième enfant Eulalie, enlèva la palme.

          Au cours de la deuxième quinzaine du mois de janvier, Athanase me remit l’argent nécessaire pour me permettre de voyager.

         Je rassemblai  mes bagages parmi lesquels  quelques articles de la boutique tels que, le savon, les boîtes de sardines, etc… N’étant pas boursier, les assurances de recevoir régulièrement de l’argent à Luluabourg me furent données par Athanase  qui disait à qui voulait l’entendre, que  » Protais étudiera cette année avec ma bourse ».

             Quelques moments avant le départ, assis sur le lit de ma grande mère, j’entendais ses encouragements et acceptais  ses bénédictions. S’étant levé pour m’accompagner, à la vue d’Anastasie dehors de la maison, elle déclara » Mwajyobe gwayenenge wa kusindila » Que  votre femme (belle sœur) aille alors vous accompagner. Ce que celle-cit fit jusqu’à l’arrêt de bus.

           Tous les enfants étaient encore aux cours de l’après  midi et Athanase était au service.

           J’embarquai dans le train, ma valise à côté de mon carton. A la descente du train à Luluabourg, malgré le poids, je transportai moi- même mes bagages jusqu’au campus pré universitaire.

Paragraphe 2 : Etudiant non boursier et externe,

         M’étant présenté le lendemain à la direction, le Directeur de la préuniversité, monsieur Tchimbalanga Constantin dit d’abord qu’il n’y avait plus de place , puis m’obligea de reprendre en section Sciences. A mon insistance du respect de l’esprit de la lettre du Recteur qui m’avait recommandé, il répondit évasivement qu’il allait informer le Recteur de manque de place. Enfin, il se décida de m’envoyer chez son adjoint, Monsieur Musoni Fidèles à qu’il demanda de s’occuper de mon cas mais sans me mettre dans le groupe des étudiants  boursiers et internes.

           Le Directeur Adjoint de la Pré université et Directeur des  études me demanda de payer les frais d’inscription en qualité d’étudiant régulier et me delivra le reçu n° 013.  Ce qui me permit d’assister dès  le 28/01/1971 aux cours.

Le 3 février 1971 je reçus ma carte d’étudiant qui portait respectivement les n°356 et 228 pour le matricule et pour le rôle.

           Non boursier et non logé au campus, je devais me chercher un logement à la cité, que j’obtins  grâce au concours de mon collègue de l’année antérieure, Lukanga Gilbert.

             Je n’avais ni lit, ni table et employais les blocs ciment comme mobilier. Les  tôles de ma chambre étaient trouées et suintaient non pas seulement quand il pleuvait mais aussi le matin quand elles se refroidissaient.

          Mon bailleur s’appelait Balkuni. Sa maison était située dans le quartier Kelekele non loin du marché et de l’école normale moyenne.

         Je réussis cependant à obtenir l’autorisation de prendre mes repas au restaurant de la Pré université avec les étudiants internes moyennant des redevances. Je me levai tôt le  matin afin de revoir mes cours dans les locaux de la Préuniversité avant  d’entrer en classe.

Paragraphe 3 : Embourbé dans des difficultés de tout genre,

         Ayant utilisé tout l’argent dont j’étais muni, j’avais été embourbé dans des difficultés d’ordre matériel et financier. Toutes les lettres que j’envoyais chez Athanase pour obtenir  l’aide promise n’avaient pas de suite. Au bord de découragement, je lui relatais le 3/3/1971, mon état d’âme dans les termes suivants :

EXP.LUMBU MALOBA Protais

U.O.C./ Luluabourg

B.P. 720

Luluabourg.

                                Luluabourg, le 03 mars 1971

         Cher Grand frère,

         Les deuils successifs qui       ont frappé la famille

Ainsi que vos innombrables préoccupations dans le service public vous ont certainement enlevé les quelques minutes  que vous pouviez vous accorder pour penser au problème de ceux qui vous sont éloignés.

         Telle une âme de purgatoire attendant impatiemment la miséricorde divine, tel, je suis dans ce Kele kele désert.

          Vous vous souvenez encore peut être que c’était le 25 janvier 1971 que je vous ai  quitté pour venir participer une fois de plus à ce carnage dans lequel les survivants trouvent accès aux  » ALMA MATER ».

          Billet de voyage, rôle, restauration, loyer, cours, tout fut à prélever dans les deux mille makuta me remis quelques jours avant  le départ. Ceinture bien serrée, j’atteignis le 28 février, mais depuis lors, la situation m’est devenue intenable. Je manque même les biens primaires !

           Sans cet homme qui a crée le mot « espoir », je me demande qui serai-je devenu. Grâce à cet homme, je m’imagine comment dans seize semaines, je  quitterai ce lieu et  c’est cela qui me fait vivre.

           Le déterminisme assure cet heureux départ.

En effet, présent aux  cours, 11 jours seulement, avant les épreuves partielles, seule la langue de Voltaire, dont la question : parlez de la littérature baroque me fut indomptable et un neuf sur vingt sanctionna la partie. Shakespeare, Mahomet, Mendel, Wegner ne furent pour moi que passe temps.

Mais, vous rendez-vous compte, cher Grand Frère, que si vos innombrables responsabilités vous dépouillent toujours les quelques minutes que vous pouviez consacrer à songer à mes problèmes, mon espoir restera vain.

          Comment voulez vous qu’un ventre creux affronte courageusement toutes ces difficultés ?

Ma lettre du février ne vous est-elle pas parvenue ?

J’attendais tous ces jours en vain un mandat et me demande déjà si je serai présent à la fournaise du juin prochain.

          A toute la famille je présente mes condoléances de tous ces cas qui ont ému plus qu’un.

                                              Protais

          Cette lettre resta aussi sans suite et la direction du restaurant tenue cette année par monsieur Gaston Makolo me somma par la lettre dont le contenu suit de payer mes dettes. Ce qui compliqua davantage ma situation.

22 avril 1971

Réf. N° 29/MKG/……………./015/H/71

              C.I. à Monsieur  Tshimbau  Victor

                        Comptable de la Préuniversité

             Monsieur Lumbu Maloba Protais               Etudiant à la Préuniversité de l’UOC

                                              Luluabourg

             A Monsieur le Directeur de la

                         Préuniversité de L’UOC

                                               Luluabourg.

Monsieur le Directeur,

Il y a plus de 21 jours pendant lesquels monsieur Lumbu Maloba Protais, Etudiant non boursier à la Préuniversité de l’UOC. mange au restaurant de la Préuniversité de l’U OC. sans avoir payé les frais de restauration et ce, à partir du 1er avril 1971 jusqu’à ce jour.

Le montant qu’il doit verser au service de comptabilité pour ses repas s’élève comme suit :

           –   22 grands déjeuners à  Z. 0,07 x 22 = Z.1,54

            –  22 soupers                Z. 0,04 x 22 = Z.0,88

            TOTAL A PAYER                                    Z.2,42

Etant donné que le retard dans le paiement de frais de restauration causé par  monsieur Lumbu Maloba Protais peut-être l’objet de beaucoup de critiques de la part des Etudiants boursiers auxquels les frais de restauration sont retirés à la source, je vous prie, Monsieur le Directeur, de bien vouloir rappeler Monsieur Lumbu Maloba qui me lit en copie, de s’acquitter d’urgence de cette dette, faute de quoi, des mesures graves seront prises à son endroit.

Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de ma considération très distinguée.

                                   Le responsable du home  des étudiants

                                               G. MAKOLO KALALA

          Ayant trouvé le Directeur Général, je lui avais expliqué la malheureuse situation dans laquelle je me trouvais et lui priais de patienter pour le paiement  à la direction du restaurant  de la dette dont j’étais redevable.

          Entre- temps, mon bailleur ayant aussi remarqué que je me trouvais dans des difficultés commença à m’inviter à ses dîners et soupers.

          Je dormais difficilement, car mes nuits étaient agitées par d’innombrables méditations sur l’abandon dont j’avais été victime.

         Une lettre me parvint cependant un jour dont l’expéditrice qui m’avait demandé de ne pas accuser réception prit soin de glisser sous l’enveloppe dix zaïres qui m’avaient permis d’apurer mes dettes de ce moment-là, ce dont je remerciai  beaucoup le Bon Dieu.

Paragraphe 4 : Ma détermination d’entreprendre mes études universitaires à Kinshasa,

          Je connus cette année, Monsieur Katende comme titulaire et professeur de français et Messieurs Kalenga, Zengu Justin, Mukendi et Kazadi Tshilembekana comme professeurs  respectivement  d’histoire, Biologie, Géographie et Mathématiques.

          Mes résultats aux épreuves partielles m’assuraient de ma réussite au Jury.

En  français, un entretien que je devais tenir à mes collègues sur Arthur Rimbaud me fut surnommé, le révolutionnaire  » Arthur Rimbaud ».

           Je ne cessai d’informer mes collègues de mon désir de continuer mes études à l’université Lovanium, placée près des autorités politiques nationales pour que toute action menée ait facilement un écho et qu’il était du devoir des jeunes de contribuer à révolutionner la société dans l’un ou l’autre domaine, comme « Athur Rimbaud’’ avait révolutionné  la littérature française.

           Feruzi,  Abdelazzis, Lufulo Jacqueline, Bile Josephine, Kalambay Stanislas étaient des collègues de classe que je connaissais  mieux, cependant au niveau du campus, je connaissais davantage d’étudiants.

           En effet, cette année académique, la deuxième de l’existence de la Préuniversité de l’UOC à Luluabourg avait recruté essentiellement au siège de l’UOC. Il y avait donc beaucoup d’étudiants venus de Lubumbashi.

          J’adressai à Lovanium une demande d’inscription dont le contenu ci-dessous :

EXP : LUMBU Protais                                                              Luluabourg, le20avril1971

Etudiantà la Pré université

          B.P. 720

          Luluabourg.

Objet :Demande d’inscription.

                                            Monsieur le Secrétaire,

              L’année académique s’approchant à sa fin, je me vois obliger d’introduire déjà ma candidature auprès de votre université pour l’année prochaine.

J’ai réussi à vos examens de juin 1969 et vous m’aviez recommandé d’entrer en propédeutique, sciences humaines. D’ici deux mois je décrocherai mon certificat au Jury Universitaire ici à Luluabourg où je suis étudiant en section « Lettres ». Je vous prierai de m’envoyer les formulaires et si possible de me communiquer d’après mes résultats aux examens d’orientation de juin 1969 pour quelle faculté suis – je  plus apte.

                                        LUMBU Protais

Je reçus une  réponse  rassurante dans les termes ci-dessous :

                                                                Kinshasa, le 3 mai 1971

SU/AM/290/JMN.

 

                                  Au Citoyen LUMBU PROTAIS

                                   ETUDIANT A L’UNIVERSITE

                                            OFFICIELLE DU CONGO

                                                                              B.P. 720

                                                                           LULUABOURG.

Citoyen,

Nous accusons réception de votre lettre du 20 avril 1971 relative à votre admission à l’Université à Lovanium pour l’année Académique 1971-1972.

Par la présente, nous avons le plaisir de vous signaler que votre candidature pourra être examinée favorablement, mais à condition que vous réussissez à la fin de cette année en propédeutique à l’Université officielle du Congo.

Sous ce pli, veuillez trouver tous les documents relatifs à l’inscription. Nous vous demandons de bien vouloir nous les retourner dûment remplis, datés et signés accompagnés de quatre photos passeport.

Vous voudriez bien nous faire parvenir, dès la fin de l’épreuve du  Jury Universitaire, une photocopie de votre certificat  du Jury Universitaire.

Dans l’attente de vos nouvelles nous vous prions de croire, citoyen, en l’expression de nos sentiments dévoués.

                                    P.I. TSHIANGA,

                                   Directeur du Service des Inscriptions

                                   Au Secrétariat Général de  l’Université.

          Les examens de fin d’année furent précédés d’un incident  grave occasionné suite à la décision de fermeture de l’Université de Lovanium.

         Il eut d’abord à Luluabourg l’organisation d’une marche pacifique le 4 juin 1971 du campus à la cathédrale Saint Clement. Le prêtre refusa de célébrer la messe que les étudiants avaient demandée en souvenir des massacres du 4 juin 1969 à Lovanuim, puis à l’écoute de la décision politique d’enrôlement dans l’armée des étudiants de Lovanium parce qu’ayant manifesté aussi le 4 juin 1971. Certains étudiants de la préuniversité cassèrent des portraits du Président de la République.

          Quelques arrestations furent opérées empestant ainsi l’atmosphère d’étude.

Paragraphe 5 : Ma réussite devant le Jury,

          Comme  l’année antérieure, les membres de jury vinrent de Lubumbashi, Kisangani et Kinshasa. La fête de clôture de l’année académique eut lieu avant la proclamation. J’appris ce soir que j’avais obtenu mon certificat et avais bû jusqu’à maculer mon abas-cos.

           Le lendemain, je contactai Monsieur YUMA André de l’UOC, venu en mission de contrôle à Luluabourg pour lui exposer mes difficultés d’ordre financier qui n’allaient pas me permettre de rentrer à Lubumbashi. Ce dernier très affecté par mon résultat et mon appartenance à la même tribu accepta de supporter mon titre de voyage de retour par train.

          Le  tâtonnement dans la nouvelle dénomination de l’UOC suite à la décision du bureau politique supprimant les trois Universités retarda aussi la proclamation des résultats.

                     Mon contrat de loyer ayant expiré à la fin juin, je manquai une habitation  et implorai aux autorités académiques auprès desquelles j’avais aussi des dettes de me laisser partir quitte à récupérer  mon certificat au rectorat à Lubumbashi après le payement du montant réclamé.

          Mon bailleur, très compréhensif, me laissa aussi partir, se contentant de  me donner les noms de ses enfants se trouvant à Lubumbashi auprès desquels je verserais le montant  dû, équivalent à trois mois de loyer.

          Je pris mon train et eus l’honneur de partager la même chambre que Monsieur Kazadi Tshilembekana, mon professeur de mathématiques. Le  voyage de retour fut agréable, je ne pensais qu’aux peines endurées au cours de l’année et au succès que je venais d’obtenir.

Paragraphe 6 : L’attente à Lubumbashi de la confirmation de mon inscription.

          A l’arrivée du train dans la gare de Lubumbashi, saisissant mon colis, je descendis et me dirigeai chez Athanase au Bel- Air. Je ne retrouvai plus ma grande  mère, décédée depuis un mois. Athanase  m’amena aux cimetières de Sapins où je m’inclinai devant la tombe. Tous les récits sur les circonstances de sa mort me furent contés.

          En effet, alors qu’Athanase avait exigé à Julienne et Marthe de préparer du thé le matin et qu’elles ne s’étaient  pas exécutées, il s’était mis à gronder. La grand mère ayant intervenu  tout énervée,  avait connu une brusque montée de tension.

          Amenée à la Clinique Reine Elisabeth, elle  passa de l’hyper tension à l’hypotension et rendit l’âme.

Ses fils Marc, Sixte et sa petite fille Mugalu Chekanabo se trouvaient à ce moment à Lubumbashi où elle était elle-même venue pour rencontrer son fils cadet, le soldat Lumbu Sango Prophil.

            Dès que j’avais appris que Fidèle Musoni, Directeur des Etudes de la Préuniversité se trouvait à Lubumbashi,  j’informai Athanase. Nous nous rendîmes au Building administratif retirer mon certificat, délivré le 5 juillet 1971 à Luluabourg et portant les mentions suivantes :

Ministère de l’Education Nationale – Certificat N°202/71 jury Universitaire. Epreuve d’admission à l’Université.

            Nous, Président, secrétaire et membres du Jury Universitaire siégeant à Luluabourg, certifions que LUMBU MALOBA Protais, né à Kayanza le 22 avril 1948, a suivi régulièrement pendant l’année 1970-1971 les cours de l’année Préuniversitaire section « Lettres » de l’Université Officielle du Congo.

A subi avec succès une épreuve portant sur les matières suivantes :

1)le français, 2) l’anglais, 3) l’anglais approfondi, 4) l’histoire, 5) la biologie, 6) la culture africaine, 7) la mathématique, 8) la géographie.

A réussi en outre une épreuve portant sur :

En foi de quoi, nous lui délivrons le présent certificat de réussite de l’épreuve d’admission à l’Université, prévue à l’article 10 de l’ordonnance  Loi n° 67/140 du 18 mars 1967.

Lumbu-Protais15